Le nom de la localité est attesté sous les formesRostrenen en 1248,Rostraenen en 1254,Rostrenen en 1262, 1267 et en 1269,Rostraenen en 1270 et en 1285,Rostrenain en 1294,Rostrenen 1296,Rostrainen en 1317,Rostraenein vers 1330,Rosdrenen en 1368,Rostrenen en 1535 et en 1536[1].
Le nom de la commune vient des mots bretons « roz » (tertre) et « draenen » (ronces)[1]. Rostrenen (Rostrenenn enbreton) signifie donc « la colline (ou le tertre) des ronces ».
La légende raconte qu'une statue en bois de laVierge a été trouvée dans un buisson de ronces. Cette statue est exposée dans l'église de Rostrenen. Elle est montrée en plein air, lors de la procession du15 août. Les pèlerins, s'éclairant avec une bougie, se donnent rendez-vous vers 20 heures, devant l'église et montent en chantant sur la colline du Miniou (près de l'observatoire météorologique) autour d'un grand feu de bois. Cepèlerinage est l'un des plus fréquentés en Bretagne.
Rostrenen se prononce /rosse-treu-nain/ (toujours en phonétique « française »).
En breton,Rostrenenn se prononce /rosse-traine/ (phonétique française et non internationale) : la finale est probablement tombée au cours du Moyen Âge paramuïssement sous l'influence du fortaccent tonique breton mais comme souvent pour les noms de lieux bretons, l'administration française a conservé une graphie archaïque datant du Moyen Âge (cf le célèbre Henaff prononcé /Henañ/ mais dont l'état-civil conserve l'usage dudigrammeff utilisé par lesBretons auMoyen Âge pour noter la nasalisation d'une voyelle).
Rostrenen est située dans la partie occidentale de la péninsule bretonne, à l'intérieur des terres (enArgoat), loin des côtes et des grands centres urbains, dans une région appelée communément leKreiz Breizh. Rostrenen est ainsi situé à vol d'oiseau à 50 km au sud-ouest deSaint-Brieuc, à 54 km au nord de Lorient, à 64 km au nord-est deQuimper et à 122 km à l'ouest deRennes. Elle fait partie sur le plan historique de la partie cornouaillaise desCôtes-d'Armor : elle faisait, sous l'ancien régime, partie de l'évêché deCornouaille. Plus localement, Rostrenen est la ville principale dupays Fisel, un pays traditionnel qui doit son nom à la célèbredanse.
LaRN 164 traverse la commune et contourne par le nord l'agglomération principale. La commune renferme plusieurs bois : bois de Kerbescond, bois de Coat ar Forn et totalise359ha de bois pour une superficie totale de3 217ha[2]. La colline deMiniou Braz, située au sud du bourg, culmine à 262 mètres d'altitude et constitue le plus haut sommet de la commune. Le sud de la commune correspond au territoire de l'ancienne commune deBonen que celle-ci a annexé en 1970. La commune est traversée dans sa partie sud selon un axe Est-Ouest par lecanal de Nantes à Brest.
Legraniteporphyroïde de Rostrenen, dit « à dents de cheval », doit sa particularité auxfeldspaths riches en inclusions, en particulier debiotite, qu'il contient, qui se présentent sous la forme de mégacristaux de 10 à 15 cm[3]. De bons affleurements sont visibles à Keriou, Porspine, Sainte-Christine, Kerroc'h (le nom signifie « village des rochers » enbreton), etc.[4].
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie desclimats de la France qui compte alors huit grands types de climats enFrance métropolitaine[5]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie parMétéo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[6].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour lesprécipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000[5]
Cumuls annuels de précipitation[Note 3] : 1 148 mm
Nombre de jours de précipitation en janvier : 16,2 j
Nombre de jours de précipitation en juillet : 8,4 j
Avec lechangement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par ladirection générale de l'Énergie et du Climat[9] complétée par des études régionales[10] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Lastation météorologique de Météo-France installée sur la commune et mise en service en 1954 permet de connaître l'évolution des indicateurs météorologiques[11]. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Rostrenen bénéficie d'un climat tempéré de typeocéanique dégradé. Rostrenen détient le record de France de l'insolation annuelle la plus faible avec seulement 1 243 h enregistrées en 1958[12].
Canal de Nantes à Brest : écluse de Pont-Auffret (écluse n°152) dans la commune de Rostrenen, à la limite de celle deGlomel.
Le Canal de Nantes à Brest vu depuis l'écluse de Kerisloyet (écluse n° 154), communes de Rostrenen (à droite, avec le chemin de halage) et de Glomel (à gauche).
LeCanal de Nantes à Brest juste en amont de l'écluse de Kériou (écluse n° 153 , commune de Rostrenen à droite sur la photographie et de Glomel, à gauche de la photographie).
Le Canal de Nantes à Brest au niveau de l'écluse de Kériou (écluse n° 153 du Canal de Nantes à Brest), visible à l'arrière-plan.
Au, Rostrenen est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[14].Elle appartient à l'unité urbaine de Rostrenen, une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[15],[16]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Rostrenen, dont elle est la commune-centre[Note 4],[16]. Cette aire, qui regroupe 10 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[17],[18].
Vivant principalement au château deMoreuil (dans l'actuel département de laSomme), sa venue dans son château de Rostrenen faisait événement dans la contrée, la baronne faisant une entrée triomphale dans la ville, descendant la rue du Bourg-Coz sous les acclamations du peuple, parmi lequel de nombreux mendiants accourus de fort loin ; le Doyen de lacollégiale et tous les notables de la ville venaient en cortège à sa rencontre et les cloches sonnaient à toute volée[22]. Emprisonnée pendant laRévolution française à plusieurs reprises, elle rédigea une correspondance dans laquelle elle relate les événements de son temps[23] ; elle mourut dans un grand dénuement.
Le, le préfet desCôtes-du-Nord écrit : « Vu l'exposé par M. le maire de Rostrenen, les loups se montrent fréquemment par bandes nombreuses dans les environs de la commune, menaçant les bestiaux (...) et même les personnes ». Le préfet autorisa alors le maire à organiser des battues aux loups. Dans la décennie 1830 encore, le docteur Ribault, de Rostrenen, fut poursuivi par une bande de loups affamés en rentrant d'une visite à un malade un jour d'hiver ; il ne leur échappa que grâce à la vigueur de son cheval[25].
Frank Davies[26] rapporte que lors des hivers rudes, après une longue période de neige, « on a besoin d'allumer des feux la nuit à tous les carrefours de routes entreCarhaix,Callac,Gourin, Rostrenen et autres petites villes du voisinage pour préserver les troupeaux et même les chiens de la rapacité des loups affamés »[27].
Vers 1809, sans compter les traditionnels marchés hebdomadaires chaque mardi, 22 foires sont organisées chaque année à Rostrenen ; en 1896 elles sont au nombre de 26 bien que le préfet des Côtes-du-Nord ait écrit en 1837 : « Ces foires sont en trop grand nombre. Il en résulte un déplacement trop souvent répété des habitants des communes voisines qui pour la plupart n'ont rien à y faire et qui ne s'y rendent que pour boire dans les cabarets. Il serait bien qu'elles fussent réduites : on y ferait les mêmes affaires et il y aurait un bénéfice réel pour l'agriculture »[28].
Le docteur Goëlo, médecin à Rostrenen, écrit en1832 dans un rapport adressé à la commission sanitaire sous-préfectorale deGuingamp : « Ce pays est sain et fertile, leurs habitants laborieux, un peu ivrognes, superstitieux, plongés dans une ignorance très grande. Pas une école primaire dans aucune des communes des deuxcantons, excepté la commune de Rostrenen. Il est de fait que ce bon et pacifique clergé cherche tous les moyens possibles pour entretenir cette ignorance. L'influence qu'il a dans nos campagnes est si grande que nos malheureux campagnards se laissent gouverner par ces braves gens »[29].
En 1836, François Habasque dénombre 600 indigents et 100 mendiants à Rostrenen, qui compte alors 1 200 habitants. Le chantier de construction du canal de Nantes à Brest a toutefois entraîné une très relative prospérité pendant quelques années.
Le, huit jeunes résistants pris par surprise par des Allemands de ladivision de parachutistes Kreta, qui se dirigeait vers lefront de Normandie, dans une ferme du hameau de Lamprat enPlounévézel, sont successivement pendus à différents endroits entre Plounévézel etSaint-Caradec, dont l'un, Marcel Bernard, 19 ans, à l'entrée de Rostrenen, et un autre, Louis Briand, en pleine ville de Rostrenen[31].
Une autre forme de résistance à Rostrenen est le sauvetage et la protection de deux petites juives menacées par les lois raciales. Elles sont amenées deParis parCésarine Le Floc'h-Rosenberg et cachées par elle et par Francine Jégou-Girot, avec la complicité de plusieurs habitants. Césarine Le Floc'h-Rosenberg et Francine Jégou-Girot sont reconnuesJustes parmi les nations[32],[33],[34].
La mise envoie express de laroute nationale 164 bientôt achevée, la centralité stratégique de Rostrenen (permettant de desservir presque toute la Bretagne dans un rayon de 100 km, soit plus de 2 millions d'habitants), un prix du foncier ultra-compétitif (10 euros le m² en bordure de la RN 164), lafibre optique, une fiscalité allégée (grâce au classement de Rostrenen enzone de revitalisation rurale) expliquent le dynamisme récent de ce « Cœur de Bretagne », illustré par l'implantation de plusieurs entreprises depuis 2015 et notamment de la plate-forme logistique deDistrivert, une branche du groupeTriskalia[38].
Rostrenen dispose d'une vie culturelle assez développée, en particulier au niveau musical. Le point d'orgue de cette dynamique est leFestival Fisel, organisé tous les ans, fin août, depuis 1972. C'est un rendez-vous de musique traditionnelle (fest-noz et surtout concours de danse) qui s'ouvre aux musiques populaires d'autres régions ou pays[39].
L’adhésion à la charteYa d'ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le. La commune a reçu le label de niveau 1 de la charte le puis le label de niveau 2 le. Le labelYa d'ar brezhoneg de niveau 3 a été remis à la commune le. À la rentrée2017, 140 élèves étaient scolarisés dans les classes bilingues (soit 39,3 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)[40].
D'après la légende, lors d’un combat contre des Français, le baron de Rostrenen, avec son bouclier couvert d'hermine, se battait quand un adversaire lui aurait coupé trois doigt. Avec le peu de force qui lui restait, il aurait réussi à fracasser le crâne de l'ennemi et en signe de dépit aurait passé sa main amputée de trois doigt sur son bouclier. « Vois, François, le courage des Bretons qui défendent la patrie, la justice et la liberté ; vous François, dans votre orgueil, vous ne pensez qu'à guerroyer et à coloniser les plus faibles. Je le jure sur l'honneur et sur Dieu, le royaume de France paiera ses crimes et l'avenir le prouvera. »
Ce serait donc cet événement qui serait à l'origine des trois bandes rouges sur l'écu d'hermine bien que cela ne soit mentionné nulle part. Cela fait partie du légendaire nationaliste mis au point au XIXe siècle dans les sérails antirépublicains. D'autres version soutiennent que le baron de Rostrenen se serait battu contre desVikings, mais cela semble peu probable, car à l'époque desVikings, le symbole de l'hermine n'était pas encore apparu.
L'Argoat est devenu attractif pour la population d'origine britannique (du moins avant leBrexit) : selon l'INSEE, en 2016, les cinqbassins de vie bretons où la part de la population de nationalité anglaise étaient les plus nombreux étaient dans l'ordre ceux deCallac (7,8 %),Huelgoat (6,8 %),Guémené-sur-Scorff (5,1 %), Rostrenen (4,7 %) etMerdrignac (3 %)[50], en partie à cause de la modicité des prix de l'immobilier en Bretagne intérieure.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[51]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[52].
En 2022, la commune comptait 3 282 habitants[Note 8], en évolution de +7,18 % par rapport à 2016 (Côtes-d'Armor : +1,78 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Lafamille de Rougé, anciens propriétaires du château avant la Révolution.
Marie-Magdeleine Le Baquer. Elle accompagna le photographe Jean Lody dans ses recherches mégalithiques. Historienne, ses travaux sont reconnus. Elle collabore à de nombreuses revues bretonnes dont la « La Revue du Poher » éditée par le « Centre Genealogique et Historique du Poher ».
Daniel Gélin, acteur, héros du feuilleton « Les Saintes Chéries » avec Micheline Presle. Ses parents tenaient commerce à Rostrenen. Il est enterré dans le cimetière des Corsaires à Saint-Malo.
Glenmor Émile Le Scanff (Milig Ar Skanv), poète, écrivain, barde, interprète, romancier, essayiste. Il épousa La jeune Katell, l’ex-compagne de Jacques Brel. Le chanteur belge lui consacra une chanson : « Adieu l'Émile, je t'aimais bien… »
Katell, compagne de Jacques Brel et du chanteur Glenmor, elle a enregistré des disques inspiré des textes de Glenmor. Aujourd’hui, elle anime des classes de poésie dans les écoles primaires.
Jean Lody, photographe et archéologue amateur. Fils d’une famille de comédiens ambulants originaires d’Italie qui finirent leur carrière a Guemene sur Scorff, il ouvrit un commerce de photographie à Rostrenen avec son épouse Ginette. Passionné par l’archéologie, il répertoria et photographia les menhirs, cromlechs et dolmens du sud des Côtes d’Armor.
↑Les normales servent à représenter le climat. Elles sont calculées sur 30 ans et mises à jour toutes les décennies. Après les normales 1971-2000, les normales pour la période 1981-2010 ont été définies et, depuis 2021, ce sont les normales 1991-2020 qui font référence en Europe et dans le monde[7].
↑L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critère de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
↑Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomètres[8].
↑Pierre IX de Rostrenen, dit aussi Pierre du Pont-l'Abbé, né après1443, † le.
↑À la suite de la dissolution du Conseil municipal élu en 1935, il est président de la délégation spéciale du 16 octobre 1944 au 14 janvier 1945.
↑Par arrêté du préfet des Côtes-du-Nord en date du 4 mai 1970, le « Grand Rostrenen » est officiellement mis en place.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOIhttps://doi.org/10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Sylvain Le Bail, "Cœur de Breizh", Les oiseaux de papier, Ploërmel, 2009,(ISBN978-2-916359-31-1).
↑Frank Davies, en fait révérend E.W.L. Davies, vint chasser deux années de suite en Bretagne, probablement en 1854 et 1855, mais ne publia ses souvenirs en anglais que vingt ans plus tard en 1875.
↑Frank Davies, "Chasse aux loups et autres chasses en Bretagne", éditions des Montagnes Noires, 2012,(ISBN978-2-919305-22-3).
↑Archives municipales de Guingamp, citées par Jean Kergrist, "Les bagnards du canal de Nantes à Brest", éditions Keltia Graphic, Spézet, 2003, [(ISBN978-2-913953-59-8)]
↑« Rostrenen. François Bellec, un médecin dans la Grande Guerre : Pendant le premier conflit mondial, le futur maire de Rostrenen était volontaire en Roumanie pour combattre les épidémies. Son arrière-petit-neveu a retracé son parcours. »,Ouest-France,(lire en ligne)
↑« L'abbé Radenac tire sa révérence »,Ouest-France (archives du journal), « Neuf ans après avoir conquis le siège de haute lutte face au communiste Guillaume Le Caroff, l’abbé Radenac a en effet souhaité passer la main. [...] Lundi pourtant, la nouvelle s'est vérifiée : la préfecture a accpeté la démission d'Émile Radenac. »