Il s'agit d'un nom gaulois, pouvant être décomposé enro-smert-a.
L'élément-smert- signifie « s'occupant de » ou « prodiguant » et se retrouve également dans des anthroponymes gaulois tels queAd-smerio,Smertu-litani,Smerius,Smertae,Smertus[2].
Ro- est un préfixe superlatif, au sens de « vraiment, très, beaucoup » comme dansro-bili (« très bon »),ro-cabalus (« grand cheval »)[3].
Le suffixe-a étant le féminin singulier gaulois typique.
Rosmerta est donc « la Grande dispensatrice » ou encore « la Très Généreuse », ce qui s'accorde avec ses attributs.
Rosmerta est associée au dieu romain Mercure[1]. Cependant, ces attributs en font le pendant deProserpine (Perséphone), épouse dePluton (mythologie) possesseur de laCorne d'abondance et qui dès lors qu'elle revient des Enfers, apporte aux paysans la fertilité de leurs terres.
Dans le bas-relief d'Autun, Rosmerta est assise et tient une corne d'abondance. À droite se tient Mercure, tenant lapatera ou patère.
Un bas-relief d'Eisenberg[4] montre Mercure à droite et Rosmerta à gauche. Rosmerta tient une bourse dans la main droite et une patère dans la main gauche. L'inscription AE 1905, #00058 (voir ci-dessous) permet d'identifier avec certitude la figure se trouvant au côté de Mercure.
Dans une paire de statues venant de Paris, l'une représentant Mercure et l'autre Rosmerta, celle-ci tient une corne d'abondance et un panier de fruits.
Rosmerta est représentée seule dans un bronze de Fins àAnnecy, assise sur un rocher et tenant une bourse, sa tête singulièrement couronnée par les ailes de Mercure.
Sur un bas-relief de pierre àEscolives-Sainte-Camille, elle tient à la fois une patère et une corne d'abondance[5].
Dans le bas-relief deReims, elle se trouve au côté deToutatis.
Jufer et Luginbühl (p. 60) ont répertorié 27 inscriptions mentionnant Rosmerta en France,Allemagne et Luxembourg, soit un secteur géographique correspondant approximativement aux anciennesprovinces romaines deGallia belgica etGermania superior.
Deux inscriptions supplémentaires sont connues, dont une provenant deDacie (AE 1998, #01100).
Les inscriptions suivantes sont typiques :
provenant de Metz (CIL 13, #04311) :
« Deo Mercurio et Rosmertae / Musicus Lilluti fil(ius) et sui(s) ex voto »
provenant d'Eisenberg :
« Deo Mercu(rio) / et Rosmer(tae) / M(arcus) Adiuto/rius Mem/{m}or d(ecurio) c(ivitatis) St() / [po]s(uit) l(ibens) m(erito) »
Dans deux inscriptions (CIL 13, #04683 et CIL 13, 04705) provenant de laGallia belgica, Rosmerta se voit attribuer l'épithète « sacrum » (« sacré »).
[Deyts & Vernou 2009] Simone Deyts et Christian Vernou, « Mercure et Rosmerta, divinités gallo-romaines à Dijon »,Archeologia, Paris,no 462,.
[Jufer & Luginbühl 2001] N. Jufer et T. Luginbühl,Répertoire des dieux gaulois, Paris,éd. Errance,(ISBN2-87772-200-7).
[Lhote-Birotet al. 2001] Marie-Chantal Lhote-Birotet al.,À propos du couple divin Mercure-Rosmerta : l'épigraphie et l'iconographie révèlent, dans un espace limité à la Gaule mosellane et à la Germanie supérieure, l'existence d'un couple divin Mercure-Rosmerta bienfaisant et protecteur, Metz, Association Lettres et arts,.
↑Carte des lieux ayant livré des inscriptions invoquant Rosmerta : les données sont tirées deJufer & Luginbühl 2001. Un lieu hors-carte est àSarmizegetusa (cité antique en Transylvanie moderne, Roumanie).