Lors de laSeconde Guerre mondiale, une campagne de presse fut lancée pour convaincre la population que les femmes pouvaient riveter, souder ou construire des bâtiments militaires au lieu de rester travailler chez elles ou dans les secteurs habituels comme l'industrie textile.
L'affiche la plus célèbre futWe Can Do It! (« On peut y arriver ! »), créée pourWestinghouse en 1942 parJ. Howard Miller, dont le modèle estNaomi Parker Fraley[2]. Destinée à lutter contre l'absentéisme et les grèves au sein deWestinghouse Electric Corporation[2], cette affiche fut collée sur les murs de l'usine pendant deux semaines seulement, du 15 au 28 février1942. Recouverte par les autres affiches de Miller, elle disparut totalement.
Une nouvelle image de la même inspirationRosie the Riveter fait la couverture duSaturday Evening Post du dernier lundi de mai1943, jour duMemorial Day (jour du souvenir des soldats morts au combat), elle est dessinée parNorman Rockwell, dans son style proche de l'hyperréalisme, en prenant pour modèle Mary Doyle Keefe[3],[4]. La jeune femme piétineMein Kampf en mangeant son sandwich pendant la pause, un énorme pistolet à rivet posé sur ses genoux[5] et une boîte de déjeuner ornée du prénom « Rosie ». Norman Rockwell s'inspira d'une chanson composée par Redd Evans et John Jacobo s'intitulantRosie the riveter. Surcette couverture, inspirée duprophète Isaïe de la chapelle Sixtine, peint par Michel-Ange,Rosie the riveter montre également les insignes de Marie, la mère de Jésus dans la religion chrétienne avec son auréole au-dessus de sa tête, les douze étoiles du drapeau américain et les pieds surMein Kampf, comme Marie écrasant le Mal. Cette couverture rendra célèbre l'affiche « We can do it », symbole de la lutte féministe d'après-guerre.
On appela « Rosies » celles qui allèrent travailler dans les usines. Bien que 80 % des Rosies eussent voulu continuer à exercer ces métiers[6],[7], elles furent incitées, au retour des hommes, à laisser leur place aux soldats démobilisés ou furent orientées vers des travaux non spécialisés.
Marilyn Monroe fut l'une de ces riveteuses : elle travaille quelque temps pour la sociétéRadioplane(en) à l'ignifugation des ailes de petits avions télécommandés et à l'inspection de parachutes. Elle est repérée par des photographes militaires, alors qu'elle travaille dans l'usine de la firme[8].
L'image revient sur le devant de l'actualité en 1982 : l’afficheWe can do it! d'Howard Miller est choisie pour figurer dans un article duWashington Post sur l’art patriotique. À partir de là, elle est très vite réappropriée par les mouvements féministes américains[9]. En juin 2019, le magazine français d'extrême droiteValeurs actuelles utilise l'image iconique de Rosie (We can do it) en couverture pour illustrer le sloganLa Nouvelle Terreur féministe[10]. Depuis 2019[11] et sous l'impulsion deYoulie Yamamoto[12], des groupes féministes français reprennent à leur compte le symbole dans le cadre de différentes manifestations publiques, notamment le, lors d'une manifestation à Paris[13]. Le collectif créé lors de ces mouvements sociaux se fait appeler« Les Rosies » et s'est rapidement dupliqué sur tout le territoire. En mars 2020, la députée européenneManon Aubry s'affiche enRosie la riveteuse auParlement européen[14]. Lors des manifestations contre laréforme des retraites de 2023, elle est mise à l'honneur parAttac lors de chorégraphies associées à des chansons expliquant pourquoi la réforme touche particulièrement les femmes[15].
Les clips vidéosRaise Your Glass etCandyman, des chanteusesP!nk etChristina Aguilera, font tous les deux référence à l'affiche de Rosie.Beyoncé a également posté une photo d'elle sur Instagram, reprenant l'accoutrement et les codes de couleur de Rosie[16].