En 1958, Romy Schneider rencontre l'acteur françaisAlain Delon avec lequel elle se fiance l'année suivante. Leur relation prend fin en 1963. Par la suite, elle se marie deux fois et aura deux enfants de ces mariages : David (1966-1981) etSarah (1977). En 1981, la mort accidentelle de son fils David à l'âge de14 ans est un choc profond. Le 29, âgée de43 ans, Romy Schneider est retrouvée morte dans son appartement parisien.
Rosemarie Magdalena Albach-Retty naît le àVienne — quelques mois après l'intégration de l'Autriche, du fait de l'Anschluss, auReich allemand — au sein d'une famille de longue tradition artistique. Son arrière-grand-père paternel,Rudolf Retty(de) (1845-1913), était acteur etmetteur en scène et sa femme Kathe Retty, née Schäfer, étaitchanteuse. Ils sont les parents deRosa, pensionnaire duBurgtheater. Rosa Retty épouse en 1899 Karl Albach, officier de l'armée impérialeaustro-hongroise. Ce dernier renonce par amour à sa carrière militaire et devient par la suite avocat puis comédien. Le fils de Rosa et Karl Albach, Wolf Albach-Retty, naît en et sera d'abord comédien au Burgtheater aux côtés de sa mère entre 1926 et 1932 avant de débuter une carrière d'acteur de cinéma. En 1933, sur le tournage dePetite, je me réjouis que tu viennes, il fait la rencontre de l'actriceMagda Schneider qui a débuté au cinéma deux ans plus tôt. Cette dernière, née àAugsbourg enSouabe bavaroise en 1909 est la fille de Franz Xaver Schneider (1878-1959) et de Maria, née Meier-Hörmann (1879-1951).
Rosa Albach-Retty (1874-1980), la grand-mère paternelle de Romy Schneider.
Magda et Wolf se marient le àBerlin[4]. Leur fille naît l’année suivante : son prénom debaptême, Rosemarie, est la contraction des prénoms de ses grands-mères, Rosa et Maria. Le naît son frère Wolf-Dieter Albach, dit Wolfi, qui exercera la profession dechirurgien.
Aux derniers jours d', alors que Rosemarie n'est âgée que de quatre semaines, la famille Albach quitteVienne en cours denazification depuis l'annexion de l'Autriche (l'Anschluss) et s'installe dans la propriété deMariengrund àSchönau am Königssee dans lesAlpes bavaroises, près deBerchtesgaden[5],[6]. LeBerghof, le chalet d'Adolf Hitler situé à vingt kilomètres par la route[7] mais à environ six cents mètres à vol d'oiseau, est visible de l'autre côté de la vallée, quasiment à la même altitude. LaKehlsteinhaus dite le « Nid d'Aigle », où se réunissent des dignitaires nazis, offerte en 1939 auFührer parMartin Bormann, sonéminence grise et grand ami de la famille Schneider, se trouve non loin duBerghof et du chalet de quatorze pièces des Albach[6].
Les époux Schneider-Albach, en raison de leurs engagements professionnels, ne sont que rarement présents. C'est d'abord une gouvernante qui s'occupe de Rosemarie la première année de sa vie puis la grand-mère maternelle de Romy, Maria Schneider, qui prend soin d'elle et de son frère lorsque leurs parents sont en tournage. Elle fréquente avec sa mère le cercle d'Adolf Hitler qu'elle rencontre[8].
La famille de la petite Rosemarie bénéficie de privilèges réservés aux proches du régime nazi : sa grand-mère paternelleRosa Albach-Retty (admiratrice déclarée deHitler et membre duFront patriotique autrichien) et son père Wolf (membre de soutien dès 1933 de laSS, rejoignant volontairement leFront du travail allemand et membre actif à partir de 1938) sont inscrits sur la « liste des privilégiés divins »nationaux-socialistes, selonGoebbels, en tant qu'artistes utiles auReich, ou à lapropagande nazie[9],[4]. Magda Schneider, qui pour sa part, a été exemptée d'impôt par leministère de la Propagande nazi, est une proche deMartin Bormann, homme réputé sans scrupules, dont les enfants jouent avec la petite Rosemarie[6]. À ce sujet, Romy Schneider déclarera en, à son amie la journalisteAlice Schwarzer :« Je crois que ma mère avait une relation avec Hitler »[10],[11]. Adulte, elle a la volonté de s'affranchir de ce lourd passé en donnant à ses enfants des prénoms d'originehébraïque, en l'occurrenceDavid etSarah[12],[13],[6] et en interprétant des rôles de victimes du nazisme. En 1943, son père Wolf rencontre l'actriceTrude Marlen(de) et quitte sa mère Magda. Rosemarie, âgée de4 ans et demi, est bouleversée et s'attache davantage à sa mère qu'elle admire profondément, ainsi qu'à son frère. Elle idéalise le père absent et projettera par la suite, dans sa rencontre avec ses futurs réalisateurs, l’image de son propre père[14].
En 1944 Romy entre à l'école primaire de Berchtesgaden alors que son père s'installe avec l'actrice Trude Marlen. Le divorce de ses parents est prononcé en 1945. La fin de la guerre marque le début d'une longue pause dans la carrière de Magda Schneider[12], du fait de sa proximité avec les dirigeants durégime nazi. Se retrouvant presque sans argent, Magda sera obligée de retourner vivre enAutriche occupée pour jouer dans des pièces de théâtre où elle ne gagnera que des cachets médiocres, qu'elle utilisera pour subvenir aux besoins de ses deux enfants. Parallèlement, Wolf se remarie avec Trude Marlen en 1947, donnant à Romy une demi-sœur, Sacha Darwin, qui deviendra elle aussi comédienne.
Pensionnat Schloss Goldenstein, fréquenté par Romy Schneider de 1949 à 1953.
En Magda place sa fille dans le pensionnat deGmunden, puis, après une année chargée de mauvais souvenirs, le, à l'internat autrichien pour jeunes fillesGoldenstein, une institution religieusecatholique dirigée par les sœursaugustines, située près deSalzbourg, qu'elle fréquente jusqu'en. Cette année-là elle obtient avec mention saMittlere Reife(de), un diplôme de fin de classe de seconde surnommé « petit bac » en Allemagne, puis est censée rejoindre sa mère àCologne. Voulant devenirdécoratrice ouillustratrice de livres pour enfants, Romy doit effectuer sa rentrée scolaire à l'École de dessin de mode à Cologne[15], mais elle rêve surtout d'une carrière d'actrice, comme le montre lejournal intime qu'elle a reçu en cadeau pour son treizième anniversaire et qu'elle baptisePeggy. Elle y raconte sa joie lorsqu'on lui confie un rôle dans la petitetroupe de théâtre de son pensionnat[6].
Romy Schneider à l'affiche du filmMademoiselle Ange (Ein Engel auf Erden), sorti en 1959.
En, Rosemarie quitte le pensionnat. Rentrée chez elle, elle reçoit un appel téléphonique de sa mère Magda, qui lui propose de venir la voir à Cologne, où elle est en préparation de son prochain film, le premier depuis trois ans[16]. En effet, à cette époque, le producteur de cinémaKurt Ulrich cherche une jeune fille pour tenir le rôle de la fille du personnage principal du film en question,Quand refleuriront les lilas blancs. Magda propose sa propre fille, qui passe brillamment les essais et se révèle trèsphotogénique[17]. Rosemarie quitte alors définitivement le cursus scolaire et, le, se rend à Cologne pour entamer le tournage de son premier film, où elle est créditée (pour la première et dernière fois) sous le nom de « Romy Schneider-Albach »[18]. Le tournage s'achève début novembre et le film sort dans les salles de cinéma ouest-allemandes quelques semaines plus tard. Le film connaît un succès immédiat enAllemagne de l'Ouest et permet à la jeune fille d'entamer une carrière d'actrice très prometteuse. C'est pendant le tournage du film qu'elle reçoit une proposition pour jouer Anna dansFeu d'artifice, deKurt Hoffmann. Elle y joue pour la première fois aux côtés de la starLilli Palmer. Le tournage débute en, et s'achève en juillet. La jeune fille, âgée de quinze ans, y embrasse pour la première fois un garçon au cinéma, en l'occurrence son partenaireClaus Biederstaedt. Le film sort en salles en dans les cinémas ouest-allemands. Elle prend alors définitivement le pseudonyme de Romy Schneider.
En, alors en plein tournage deFeu d'artifice, elle fait la rencontre du réalisateurErnst Marischka. Ce dernier avait déjà engagé l'actriceSonja Ziemann pour son prochain film,Les Jeunes Années d'une reine, mais il décide immédiatement de prendre Romy Schneider à la place après leur rencontre. Elle y interprète la reine d'AngleterreVictoria à l'âge de dix-huit ans, en 1837, lors de son accession au trône. À sa sortie en salles en,Les Jeunes Années d'une reine est un grand succès et achève de faire de Romy Schneider une star. En, elle est élue« favorite de la nouvelle génération de stars » auprès des propriétaires des salles de cinéma, son équivalent masculin estKarlheinz Böhm[19]. Au mois de novembre, elle termine deuxième dans un sondage désignant l'actrice la plus populaire d'Allemagne de l'Ouest, juste derrièreMaria Schell mais devantRuth Leuwerik[20] et en, le journal ouest-allemandDer Spiegel lui consacre une couverture. Romy Schneider continue sa collaboration avec Marischka, et tourne à nouveau pour lui dansMam'zelle Cri-Cri, où elle interprète une jeune paysanne, aux côtés de sa mère, Magda. Elle enchaine ensuite avecMon premier amour, d'Harald Braun, un échec commercial à sa sortie en, le premier de la jeune actrice.
Côté vie privée, Magda Schneider épouse le le restaurateur Hans Herbert Blatzheim, père de trois enfants d'un premier mariage. Blatzheim devient son « agent » et s'occupe de l'argent gagné par la jeune fille avec ses films. Le restaurateuragresse sa belle-fille. En 1976, huit ans après la mort de Blatzheim, Romy Schneider déclarera :« Il a essayé de coucher avec moi, et pas qu'une seule fois »[21].
Dès le début desannées 1950, Ernst Marischka a pour projet de montrer à l'écran l'histoire romancée de l’impératrice Élisabeth d'Autriche, dite« Sissi », épouse de l'empereurFrançois-JosephIer d'Autriche et assassinée en 1898 àGenève. Marischka a toujours été sensible à l'immense pouvoir de séduction de cette femme captivante dont les Autrichiens se souviennent avec nostalgie. Marischka avait déjà essayé de la populariser en 1932 dans une opérette oùPaula Wessely tenait le premier rôle[22].
Karlheinz Böhm (l'empereur François-Joseph) et Romy Schneider (Sissi) dansSissi (1955).
Pour Marischka, l'existence réelle d'Élisabeth de Wittelsbach révèle trop de tourments pour ne pas être romancée, et il ne souhaite conserver dans sa fiction que le passé glorieux et heureux de l'impératrice. Il ne gardera donc que les événements romantiques et les grands moments d'émotion en occultant tous les drames pénibles et lesphobies qu'elle a réellement vécus. De plus, l'Autriche cherche à faire oublier sonannexion à l'Allemagne nazie et à retrouver son prestige. Ernst Marischka « ne lésine pas » sur les moyens pour que le spectateur croie réellement côtoyer Sissi à son époque. Il vise très haut et sait que Romy Schneider, remarquablement secondée par sa mère qui interprète le rôle de laduchesse Ludovika, mère de l'impératrice, est prête à contribuer à la réussite du projet. Il choisitKarlheinz Böhm (que Romy Schneider retrouve en 1956 pourKitty, une sacrée conférence, d'Alfred Weidenmann) pour interpréter le rôle du jeune empereur François-Joseph. Le tournage du film est lancé aux derniers jours d'août 1955, à l'approche du dix-septième anniversaire de l'actrice, pour s'achever au mois de novembre[23].
Romy Schneider en 1955 dans le rôle de Sissi.
À sa sortie le 21 décembre 1955, le filmSissi déclenche un tel engouement populaire enAutriche et enAllemagne de l'Ouest que les recettes du film dépassent celles d’Autant en emporte le vent[22]. En Europe, le film obtient la mention d'« œuvre culturelle »[24]. EnSuisse et enFrance, le film bénéficie d'un lancement remarquable et est même ensuite diffusé gratuitement dans des écoles. Des prospectus de Romy Schneider sont distribués et on retrouve même son visage sur des boîtes d'allumettes et des briquets[24]. ÀNice,Lille,Amsterdam,Anvers,Gand,Madrid etHelsinki, les records de fréquentation dessalles de cinéma sont largement battus[24].Sissi est le film de langue allemande des années 1950 ayant eu le plus de succès sur le continent européen[23].
Le succès du film étant assuré, Marischka entreprend le tournage d’un deuxième épisode,Sissi impératrice (Sissi, die junge Kaiserin enallemand) avec un budget et une vision similaires à ceux du premier volet. En revanche, Romy Schneider comprend difficilement que l'on puisse faire un deuxième film. Elle se sent de plus en plus étrangère à ces personnages idéalisés et supporte de plus en plus difficilement les désagréments qu'on lui impose, comme celui de porter une lourde perruque[d] qui lui donne desmaux de tête. Le réalisateur et le représentant de l'UFA passent outre ses remarques afin de rendre le rôle plus réaliste[24]. En 1956, le second film reçoit un accueil similaire au premier. Romy est considérée comme« la meilleure chose importée d'Autriche après la valse »[6]. Des milliers de jeunes filles dans toute l'Europe adoptent alors le style « princesse » : cheveux longs bouclés, taille de guêpe et jupons bouffants. Le film représente l'Autriche en sélection officielle, auFestival de Cannes 1957[25].
En 1957, Romy Schneider entreprend le tournage du troisième épisode :Sissi face à son destin (Sissi, Schicksalsjahre einer Kaiserin) avec réticence et a hâte de se détacher du personnage auquel on l'identifie désormais. Au grand dam de son agent et beau-père — qui gère sa fortune et utilise ses cachets pour investir dans des hôtels et restaurants — et aussi de sa mère — qui utilise sa fille pour poursuivre sa propre carrière, déclinante depuis la fin du régime nazi[26] —, Romy s'oppose au tournage d'un quatrième épisode. Plus tard, elle déclarera même :« Je hais cette image deSissi » et affirmera :« J’ai refusé les80 millions[27] qu’on m’offrait pour tourner une quatrième mouture deSissi »[28], bien qu'elle soit reconnaissante de la popularité que cette trilogie lui a apportée[29]. Les troisSissi vaudront à Romy une nomination aux Bambi Awards de la meilleure actrice entre 1956 et 1958, tout commeLes Jeunes Années d'une reine en 1955[18].Sissi face à son destin représente l'Autriche en sélection officielle auFestival de Cannes 1958[30].
Dès 1953, Magda Schneider a décidé de prendre en charge la carrière naissante de sa fille. En outre, elle parvient souvent à imposer aux réalisateurs de jouer auprès de sa fille. En 1957, elle va même jusqu'à interdire à Romy de signer le contrat queKirk Douglas lui propose lors de leur rencontre auFestival de Cannes. La jeune fille se rebelle alors et décide désormais de choisir elle-même ses rôles. Comme conséquence évidente, cette décision a un effet négatif sur la carrière professionnelle et la situation financière de sa mère[26].
Romy Schneider posant pour le sculpteurMarcel Mayer en 1959.
Début 1956, Romy Schneider, qui vient de connaître le succès avecSissi, fréquente brièvementToni Sailer, le triplechampion du monde deski alpin, rencontré lors d'un bal de valse autrichienne[31].
À la fin de l'année, sur le tournage d'Un petit coin de paradis, deJosef von Báky, Romy fait la rencontre deHorst Buchholz, âgé de vingt-trois ans, et étoile montante du cinéma germanique tout comme elle. Elle tombe vite amoureuse de lui[32] et la presse n'attend pas longtemps pour les fiancer et les marier aussi vite que l'éclair. C'est la première relation amoureuse sérieuse de l'actrice, vue d'un mauvais œil par sa mère et son beau-père.
Au printemps 1957, Romy — accompagnée de sa mère — et Horst débarquent àParis pour jouer dans le filmMonpti. Le film connaît un certain succès en Allemagne de l'Ouest, mais provoque la colère des fans de l'actrice, qui ne supportent pas de voir l'enfant chérie du cinéma germanique se présenter comme un objet de désir. En, rentrés à Munich, les deux jeunes acteurs mettent fin à leur relation à cause du chantage que le mari de Magda fait à Romy. Il lui aurait dit : « Tu choisis, c'est lui ou c'est moi ! ». Romy n'est alors âgée que de18 ans, la majorité est encore fixée à21 ans, si bien que son manque d'indépendance la force à choisir sa famille.
En, après avoir refusé de tourner un quatrièmeSissi, elle se rend à New York, où les producteurs américains ont acheté les droits desJeunes Années d'une reine. Elle est invitée parWalt Disney, qui lui propose le rôle de Lizbeth duTroisième Homme sur la montagne, rôle qui reviendra finalement àJanet Munro. Elle retourne en Allemagne de l'Ouest pour tournerJeunes Filles en uniforme, avec Lilli Palmer, sa partenaire deFeu d'artifice. Le film, l'histoire d'amour d'une jeune élève orpheline dans un pensionnat et de son professeur (une femme), fait scandale à sa sortie et est boudé par le public ouest-allemand, même si sa performance est acclamée par la critique. C'est après le tournage de ce film que Romy Schneider fait une rencontre qui marquera sa vie d'actrice et de femme.
Au printemps 1958, Romy Schneider est, à 19 ans, une star internationale.Pierre Gaspard-Huit propose à Romy Schneider le rôle principal deChristine, unremake deLiebelei deMax Ophüls, dans lequel sa mère Magda avait tenu le rôle principal en 1933 et qui avait lancé sa carrière. Ce rôle avait en fait été proposé à Romy plusieurs années plus tôt, alors qu'elle ne faisait que débuter dans le métier, avant même le tournage deSissi. L'idée avait été abandonnée depuis, mais avec le succès de la trilogie, les producteurs avaient décidé de relancer le projet pour profiter du succès de Romy. Ayant le droit de choisir elle-même son partenaire, elle sélectionne sur photo lejeune premierAlain Delon et les producteurs arrangent une entrevue avec la presse à l'aéroport d'Orly à Paris : les deux jeunes acteurs se rencontrent pour la première fois à la descente d'avion de Romy, le. Leurs premiers rapports sont houleux : Romy ne parle pas français, Alain Delon ne parle pas allemand et alors qu'elle le trouve sans intérêt et de mauvais goût, lui la trouve à vomir. Le tournage débute deux mois plus tard, et les deux acteurs ne s'entendent absolument pas. Cependant, la fiction fait vite place à la réalité : ils finissent par tomber amoureux. La liaison entre « Sissi » et un jeune Français inconnu est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour les Allemands, déjà en colère contre Romy pour sa « trahison ».
Le, les« fiancés de l'Europe » célèbrent leurs fiançailles officielles, organisées par la mère et le beau-père de Romy àMorcote en Suisse, au bord dulac de Lugano, devant la presse internationale, sans planifier de date pour un éventuel mariage. Échappant à sa mère qui la chaperonnait jusque dans ses films, Romy part alors s'installer avec Delon à Paris. Elle y abandonne son éducation bourgeoise pour découvrir les soirées de la capitale, l'anticonformisme et une jeunesse qui méprise l'argent. La presse ouest-allemande ne lui pardonnera jamais cette « infidélité »[12],[33].
Delon lui apprend l'italien et la présente àLuchino Visconti pendant l'été 1960. Visconti a alors l'idée de mettre en scène la pièce élisabéthaineDommage qu'elle soit une putain deJohn Ford. Après des répétitions difficiles, la première est prévue pour le, mais Romy est victime d'un malaise et est opérée d'uneappendicite aiguë. La première représentation est repoussée au. La pièce connaît un grand succès auprès du public parisien mais reçoit des critiques mitigées, qui s'accordent cependant pour acclamer le talent de la jeune actrice.
Après ce triomphe, le réalisateur italien donne à Romy le rôle principal dans unsketch du film collectifBoccace 70 pendant l'été 1961. C'est la première fois qu'elle apparaît nue au cinéma. À la fin du tournage, Visconti lui glisse au doigt un anneau en bois incrusté de deux diamants et d'unsaphir qui ne la quittera plus jusqu'à sa mort, selon la légende.
Le, elle part en tournée enEurope et enAfrique du Nord où elle joue en français, avec une troupe française, la pièceLa Mouette d'Anton Tchekhov. La pièce lui permet de monter pour la première fois sur les planches enAllemagne de l'Ouest, au théâtre deBaden-Baden. En, Romy est hospitalisée après s'être blessée à la suite d'une chute de cheval. Alain Delon est à son chevet. Après la fin de la tournée, Romy se rend auFestival de Cannes, aux côtés de son fiancé et deSophia Loren, avec laquelle elle représenteBoccace 70, présenté hors compétition, avant de prendre la direction des studios de Boulogne, pour tournerLe Procès d'Orson Welles, avec ce dernier etAnthony Perkins comme partenaires. Sa participation se limite à une dizaine de jours mais elle considère ce tournage comme étant un de ses meilleurs souvenirs.
Les producteurs américains sont séduits et lui font de nombreuses propositions[34]. LaColumbia lui offre alors un contrat de sept ans (pour sept films et un cachet d'un million defrancs pour chacun de ses rôles). Auprintemps 1963, elle s'envole pour Hollywood et y tourne un premier film avecOtto Preminger,Le Cardinal, qui est un grand succès et lui vaudra une nomination auGolden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique en. En, elle reçoit la première récompense française de sa carrière, l'Étoile de Cristal de la meilleure actrice étrangère pour sa prestation dansLe Procès. Néanmoins, sur son deuxième film pour la Columbia,Prête-moi ton mari, tourné à l'automne 1963, elle découvre que les techniques de l'Actors Studio (ainsi que la machinerie implacable de l'industrie du spectacle aux États-Unis) sont bien différentes des siennes. Maladroite dans cettecomédie, elle est envahie par le stress, le trac et les doutes, notamment personnels : des photos d'Alain Delon accompagné d'unejeune femme circulent dans la presse. La presse américaine se moque et lui donne le surnom désagréable de « Miss Worry » (« Mademoiselle l'inquiète »)[35].
Le film terminé, elle rompt son contrat avec la Columbia et retourne àParis après que son agent George Beaume lui a remis une lettre de rupture de quinze pages écrite par Alain Delon. Le, elle trouve en rentrant dans leurhôtel particulier du 22,avenue de Messine quelques roses laissées sur la table du salon et un mot de son ex-fiancé : « Je suis àMexico avec Nathalie. Mille choses. Alain ». Cette mise en scène est démentie par l'acteur[10]. Après cinq ans depassion orageuse, Alain Delon la quitte pour Francine Canovas, futureNathalie Delon, rencontrée à la fin de l'été 1963 et enceinte de leur filsAnthony. Romy Schneider est très affectée par cette rupture[36].
Brisée, elle déménage de leur appartement et s'installeavenue Hoche. En, Romy Schneider obtient laVictoire du Cinéma français de la meilleure actrice étrangère de l'année pourLe Cardinal. Le mois suivant, elle tourneL'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, film inachevé pour lequel elle change radicalement d'image et révèle son potentielérotique[37]. Le tournage, prévu pour dix-huit semaines, n'en dure finalement que trois à la suite d'une crise cardiaque du réalisateur. Elle rentre ensuite à Paris pour tourner le filmQuoi de neuf, Pussycat ?, avecPeter O'Toole etWoody Allen.
Romy Schneider en septembre 1965.
Après un passage auBrésil en, Romy Schneider retourne à Berlin, à l'occasion de l'inauguration du restaurant Blatzheim à l'Europa-Center deBerlin-Ouest. Elle y rencontre l'acteur etmetteur en scène de théâtre de boulevard berlinoisHarry Meyen, de quatorze ans son aîné et d'originejuive. Encore marié, il entame une liaison avec elle, puis se sépare de sa femme en avant de divorcer en. Ils peuvent se marier le àSaint-Jean-Cap-Ferrat — Romy est déjà enceinte de quatre mois — et s'installent dans la Winkler Straße àBerlin-Grunewald à l'automne. L'actrice prévoyait de faire du théâtre à Berlin, un souhait qui ne se réalisera jamais, malgré plusieurs rendez-vous avecBoleslaw Barlog etFritz Kortner pour mettre en scène une pièce[38]. Avant de se retirer du cinéma pour quelque temps, Romy Schneider tourne quelques films supplémentaires : à l'automne 1965,Dix Heures et demie du soir en été, de Jules Dassin, en Espagne puis auprintemps 1966,La Voleuse àOberhausen[39] et à Berlin, dans lequel elle joue en compagnie deMichel Piccoli pour la première fois, et enfinLa Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman pendant l'été.
Le, âgée de28 ans, Romy Schneider donne naissance à son premier enfant, David-Christopher Meyen (Meyen étant le pseudonyme du père, David s'appelle en réalité Haubenstock, comme le mentionne son état civil). L’actrice se retire alors de la vie publique pendant une année et demie pour s'occuper essentiellement de son fils à Berlin.
Le, son père Wolf meurt àVienne d'uninfarctus, à l'âge de60 ans. Il a été victime d'un excès de trac, appréhension qui la fera elle aussi souffrir pendant toute sa carrière[40]. Son beau-père décèdera un an plus tard, le, dans les mêmes circonstances, à62 ans. Le, lors d'un concert deSammy Davis, Jr., à l'Olympia, Romy Schneider, accompagnée de son époux Harry Meyen, retrouve Alain Delon, accompagné de sa femme Nathalie.
Retour au cinéma et carrière française (1968-1982)
À la fin de l'année 1967, alors qu'elle ne reçoit plus de propositions de contrat, Romy Schneider se voit proposer de tourner la comédie d'espionnageOtley, de Dick Clement, à Londres. Elle s'y rend en pour le tournage mais le film est un échec commercial et tombera vite aux oubliettes.
Elle reçoit alors un appel d'Alain Delon qui lui propose le rôle de Marianne dans le nouveau film deJacques Deray,La Piscine, avecMaurice Ronet etJane Birkin. Les retrouvailles, très médiatisées, des ex-« amants terribles » ont lieu le, àl'Aéroport de Nice-Côte d'Azur et le tournage du film commence sept jours plus tard, pour s'achever le. Le couple Delon-Schneider se reforme dans la fiction ; ce n'est pas le cas dans la vie privée contrairement à ce qu'a pu suggérer la presse de l'époque[12]. À sa sortie en salles le, le film est un véritable succès aussi bien public (2,3 millions d'entrées) que critique, et permet à la carrière de Romy Schneider de redémarrer en France.
Fin 1968, alors qu'elle assure la post-production deLa Piscine, elle est remarquée par le réalisateurClaude Sautet, qui recherche l'interprète féminine principale de son prochain film,Les Choses de la vie. Sautet est très vite séduit par la jeune femme, qu'il ne connaissait que pour la trilogieSissi sans pour autant l'avoir regardée dans un seul de ses films, et l'engage très vite. Le film, dont le tournage débute en, permet à Romy Schneider de retrouver Michel Piccoli, avec lequel elle jouera à plusieurs reprises au cours des douze années suivantes, et marque le début d'une longue collaboration avec le metteur en scène. À sa sortie en,Les Choses de la vie est acclamé par la critique et un grand succès public, totalisant près de trois millions d'entrées au box-office France, faisant de lui le neuvième film le plus rentable de l'année 1970 en France. Sélection officielle auFestival de Cannes 1970 où il est en compétition pour laPalme d'or, le film obtient lePrix Louis-Delluc 1969. Son succès public permet à Romy Schneider de s'installer définitivement comme vedette du cinéma français.
Avec les succès retentissants de ces deux films, l'actrice, redevenue star, est grandement sollicitée et enchaîne les tournages pendant les années 1969 et 1970 : elle tourne à Londres (L'Inceste deJohn Newland, 1970), en Israël (Bloomfield, de et avecRichard Harris), en Bretagne (Qui ?, deLéonard Keigel, avecMaurice Ronet etGabriele Tinti), en Italie (La Califfa, d'Alberto Bevilacqua avecUgo Tognazzi), avant de retrouver Claude Sautet et Michel Piccoli pourMax et les Ferrailleurs (1971), où elle interprète Lily, une prostituée d'origine allemande. Elle est ensuite à nouveau réunie avec Alain Delon à l'automne 1971 pour leur troisième (et ultime) collaboration, le film historiqueL'Assassinat de Trotsky, deJoseph Losey, avecRichard Burton dans le rôle deTrotsky, Delon dans celui de son assassin et Romy Schneider dans celui de la femme qui lui a permis de le tuer.
Le magazineParis Match célèbre Romy Schneider à l'été 1971 : « Romy Schneider,40 ans après Greta et Marlène,15 ans après Marylin, le cinéma redécouvre une star[41]. » Femme engagée, elle se prononce pour l'avortement libre et gratuit en signant en Allemagne de l'Ouest, auprintemps 1971, dans le magazineStern, l'équivalent duManifeste des 343 publié en France dansLe Nouvel Observateur, ce qui lui vaut d'être inquiétée par le tribunal deHambourg[42].
C'est auFestival de Cannes 1971, alors qu'elle lui remet lePrix du25e anniversaire pourMort à Venise et l'ensemble de son œuvre, que Luchino Visconti lui propose de reprendre le rôle de l'Impératrice d'Élisabeth d'Autriche dans son nouveau film,Ludwig : Le Crépuscule des dieux. L'actrice refuse dans un premier temps[18], avant de revenir sur sa décision. Elle a pour partenaireHelmut Berger, dans le rôle-titre et principal, celui du cousin de Sissi,Louis II de Bavière, dit Ludwig. Le tournage démarre en Bavière le et s'étale durant cinq mois, produisant un film d'une durée de plus quatre heures. La version de Sissi interprétée par Romy Schneider dans le film de Visconti est plus fidèle à la réalité historique, affichant mieux sa personnalité trouble et sombre, contrairement à la trilogie d'Ernst Marischka, qui dépeint le personnage avec un regard mièvre, incohérent en regard de la réalité[43]. C'est cette même année qu'elle collabore avec Claude Sautet pour la troisième fois, aux côtés d'Yves Montand etSami Frey, dansCésar et Rosalie. À sa sortie le, le film est un nouveau succès et totalise 2 500 000 entrées.
Côté vie privée, Romy Schneider se sépare de son mari Harry Meyen puis s'installe à Neuilly-sur-Seine avec son fils David en et l'inscrit à l'EIB Monceau[44].
Romy Schneider en 1971.
Pendant l'été 1973, elle tourneLe Train, dePierre Granier-Deferre. Elle y interprète une juive allemande qui s'éprend d'un Français, interprété parJean-Louis Trintignant avec qui elle vit pendant le tournage une histoire d'amour intense, laquelle prend fin avec la fin du tournage, laissant l'actrice désespérée.Jean-Claude Brialy etJacques Dutronc confirmeront par la suite l'importance de cette relation pour Romy Schneider, à qui Trintignant témoignera toujours admiration et affection[45].
L'actrice enchaîne alors les tournages :Un amour de pluie, de son ami Jean-Claude Brialy, puisLe Mouton enragé, deMichel Deville, où elle retrouve Jean-Louis Trintignant etJane Birkin, puis le rôle de la criminelle Philomena Schmidt dansLe Trio infernal, deFrancis Girod, avec Michel Piccoli, avant de tourner sous la direction d'Andrzej Żuławski dansL'important c'est d'aimer, auprintemps 1974, avecFabio Testi etJacques Dutronc, avec lequel elle vivra une liaison le temps du tournage[46],[47]. Le tournage sera très éprouvant pour l'actrice qui, un jour, n'arrivera pas à se lever, la forçant à partir en cure de repos pendant plusieurs jours[48]. Pendant l'été 1974, à Saint-Tropez, Romy Schneider entame une relation amoureuse avec son secrétaire depuis deux ans,Daniel Biasini. C'est aussi à cette époque qu'elle sympathise avecBrigitte Bardot, qu'elle avait déjà rencontrée à plusieurs reprises.
Le divorce houleux de l'actrice avec Harry Meyen est prononcé le àBerlin-Ouest en l'absence des deux intéressés. Le, enceinte de six mois, elle épouse Daniel Biasini à Berlin. Deux semaines plus tard, le, vers18 heures, elle ressent de violentes douleurs au ventre. Elle fait une fausse couche, non pas à la suite d'un accident de voiture[50] (cet accident a en fait eu lieu en)[e], mais sans doute à cause d'un virus contracté au cours de l'extraction d'une dent de sagesse une semaine auparavant[51].
Après sa victoire, l'actrice s'envole pour laGrèce où elle tourneUne femme à sa fenêtre, de Pierre Granier-Deferre, avec Philippe Noiret,Umberto Orsini (son partenaire dansCésar et Rosalie etLudwig) etVictor Lanoux. Elle accepte ensuite une petite apparition dansMado, de Claude Sautet, interprétant une jeune femme alcoolique, délaissée par son mari, interprété par Michel Piccoli. Elle se rend en Allemagne de l'Ouest pour tourner à l'automne 1976 sous la direction d'Aleksandar Petrović, dansPortrait de groupe avec dame. Le film, qui représente l'Allemagne de l'Ouest auFestival de Cannes 1977[53], s'il divise la critique et est un échec commercial en France à sa sortie en, permet à l'actrice de se voir décerner un prix d'interprétation en Allemagne de l'Ouest.
Le21 juillet 1977, à l'âge de38 ans, elle accouche prématurément d'une fille, la future actriceSarah Biasini, àGassin, dans leVar. Lacésarienne l'a épuisée : elle reste une année entière auprès de sa famille puis reprend le chemin des plateaux de cinéma. Elle renoue très vite avec le succès grâce àUne histoire simple, de Claude Sautet qui sort en 1978. Son interprétation de Marie, femme de trente-neuf ans libre et indépendante, lui vaut un second César en1979[54]. C'est l'ultime collaboration de l'actrice avec Sautet. Elle retrouve ensuite Yves Montand pourClair de femme, deCosta-Gavras.
Auprintemps 1979, Romy Schneider part auMexique seule avec sa fille Sarah. Pendant son séjour, un télégramme adressé le lui annonce le suicide àHambourg de Harry Meyen, son ex-mari. Très affectée, elle rentre d'Acapulco pour assister à ses obsèques[55]. C'est àGlasgow, entre et, qu'elle tourneLa Mort en direct, deBertrand Tavernier. Ses relations avecHarvey Keitel, qui ne partage pas les mêmes méthodes de jeu que l'actrice, sont très conflictuelles. Elle l'aurait même giflé[56].
De à, Romy Schneider tourneLa Banquière, de Francis Girod, qui obtiendra quatre nominations pour la cérémonie desCésar 1981, mais ne sera pas un grand succès public, avec moins de700 000 entrées en France. Elle part ensuite en vacances en Sicile au mois de juillet avec son mari et ses enfants, avant de revenir à Paris. À l'automne, elle tourneFantôme d'amour, deDino Risi, avecMarcello Mastroianni. Sa grand-mèreRosa Albach-Retty meurt le à l'âge de105 ans.
Le, elle est présente à la6e cérémonie des César avec son fils David. Sa relation avec Daniel Biasini s'est énormément dégradée depuis plusieurs années, si bien que l'actrice se sépare de lui en. Début, après le tournage deGarde à vue, deClaude Miller avecMichel Serrault etLino Ventura, elle part comme tous les ans en cure dethalassothérapie àQuiberon. Elle s'y brise le pied gauche en sautant d'un rocher sur une plage, sous l'objectif du photographeRobert Lebeck. À l'occasion de cette cure, au mois de, l'actrice rencontre le poète, chanteur, interprète, romancier, et barde breton,Glenmor (1931-1996)[57]. Robert Lebeck immortalisera ces instants de bonheur — Romy y apparait radieuse — par de discrètes et émouvantes photographies en noir et blanc. La mauvaise chute reporte le tournage deLa Passante du Sans-Souci, deJacques Rouffio, qui devait démarrer le, de quatre semaines. Le, à peine quarante-huit heures avant le début du tournage, elle est transportée d'urgence à l'hôpital américain deNeuilly-sur-Seine pour uneablation du rein droit, à la suite de la détection d'une tumeur. Le médecin prescrit que l'actrice doit rester au lit pendant au moins trois mois. C'est à cette période qu'elle fait la rencontre, par l'intermédiaire deClaude Berri, du producteurLaurent Pétin, célibataire, plus jeune qu'elle, avec lequel elle entame une relation amoureuse. Son fils David, qui n'accepte toujours pas le divorce de sa mère d'avec Daniel Biasini, qu'il considérait comme un second père, surtout depuis la mort de son père biologique, refuse de vivre avec elle et avec Laurent Pétin. Il s'installe àSaint-Germain-en-Laye chez les parents de Biasini, avec sa sœur cadette Sarah. Il rend visite à sa mère à l'hôpital et est présent alors qu'elle assure la post-production deGarde à vue, le. C'est la dernière fois que Romy Schneider voit son fils vivant. Ils se disputent encore une fois au téléphone quelques jours avant sa mort[58].
Le, David passe le dimanche chez ses grands-parents. L'après-midi, vers16 h 30, après une balade à vélo avec des copains, il est de retour à la maison. Le portail, haut de deux mètres, est clos. Pour ne pas déranger sa famille, il escalade le mur d'enceinte comme il en a l'habitude, mais perd l'équilibre et, dans sa chute, s’empale sur les pointes de métal de la grille. Il meurt le soir même à l'hôpital. Il avait quatorze ans. Despaparazzi, costumés en infirmiers, pénètrent dans le service funéraire pour photographier l'adolescent sur son lit de mort. Les obsèques ont lieu le, àSaint-Germain-en-Laye. Romy Schneider est anéantie par la mort de son fils : elle se réfugie chez des amis (entre autresJean-Claude Brialy etClaude Berri) et n'apparaît plus publiquement jusqu'au, pour la première du filmPour la peau d'un flic, d'Alain Delon.
Le, elle entame le tournage deLa Passante du Sans-Souci, avec près de six mois de retard. Les scènes avecWendelin Werner sont trop éprouvantes pour l'actrice, le jeune garçon lui rappelant son fils. À la fin du tournage, en, elle s'excuse auprès de son partenaire et l'emmène chez elle, lui offrant une tortue en jade. Elle demande également à Jacques Rouffio de dédier le film (dans le générique de début) à ses défunts fils et ex-mari[59].
Juste après la fin du tournage, en, Romy Schneider et son compagnon Laurent Pétin partent en vacances auxSeychelles[14]. Il était alors prévu qu'elle se rende ensuite, fin février, à la7e cérémonie des César, où un hommage devait être rendu àMarlene Dietrich et qu'elle devait présenter. L'actrice annule finalement sa venue[14]. Au mois de, avec Laurent Pétin, ils achètent une résidence àBoissy-sans-Avoir, « La ferme des Grands-Prés »[59]. Ils habitent, en attendant la fin des travaux, dans un appartement du7e arrondissement de Paris, au 11,rue Barbet-de-Jouy, prêté par le producteur tunisienTarak Ben Ammar[59].
La Passante du Sans-Souci sort en salles le. La presse française parle du film qui a « sauvé » Romy Schneider. Cette dernière, en pleine promotion, est l'invitée deMichel Drucker dans son émissionChamps-Élysées, le. Meurtrie, elle dénonce le comportement des paparazzis à la mort de son fils :« Si l'on sait, vous savez, ce que certains soi-disant photographes sont capables de faire... Je pense que le public a le droit de le savoir... Qu'on se déguise en infirmier pour photographier un enfant mort… Et qu'il y ait une certaine presse qui achète et qui publie à la "Une" comme on dit... Où est la morale ? Où est le tact ? »[10]. Cinq jours plus tard, elle passe aujournal de 20 heures d'Antenne 2, et confie ses projets àFrance Roche : « Je voudrais être une mémé, un jour, à la campagne, avec mes fruits, mes arbres, ma fille, et vivre ! ».
Le, elle prend un vol pourZurich. Le, dans un hôtel de la ville, elle rédige son testament, léguant tous ses biens à son compagnon et à sa fille Sarah[60].
Le soir du vendredi, Romy Schneider sort dîner avec son compagnon Laurent Pétin chez la belle-sœur de ce dernier, Claude, et son compagnon. Claude Pétin raccompagne Romy Schneider à3 h 30 et la laisse seule à4 h 20[61] pour écouter de la musique.
Au matin du samedi, elle est retrouvée inanimée à son bureau. Laurent Pétin, la croyant endormie, la transporte dans leur lit mais se rend vite compte qu'elle ne respire plus. Il appelle les secours. La mort est constatée vers sept heures du matin. L'actrice avait43 ans. La police retrouve sur son bureau une lettre inachevée (un mot d'excuse pour sa fille ayant larougeole) pour décommander une séance de photographie et d'interview qui porte une longue rature, montrant que l'actrice a dû s'effondrer en l'écrivant. Le magistratLaurent Davenas classe directement l'affaire sansautopsie pour, dit-il,« ne pas casser le mythe »[62].
L'Un contre l'autre est le titre du film qui devait réunir pour la quatrième fois à l'écran le couple Delon-Schneider.Simone Signoret devait également faire partie de la distribution. Le film, dont la sortie était prévue pour juillet 1982 et qui devait être réalisé parPierre Granier-Deferre, est abandonné à cause de la mort de Romy Schneider[63].
Concernant les circonstances de la mort de l'actrice — suicide parbarbituriques, abus accidentel de ces produits ou mort naturelle —, le journaliste Guillaume Évin affirme qu'« elle ne s'est pas suicidée… mais est morte de ses excès »[64]. En 2012, pour l'anniversaire des trente ans de sa disparition, Claude Pétin, amie intime de Romy Schneider et belle-sœur de Laurent Pétin, soutient que la mort de l'actrice était absolument naturelle et n'a pas été causée par un abus de barbituriques ni d'alcool, comme l'avait prétendu la presse à l'époque[65].
En 2018, à l'occasion de la sortie dubiopicTrois jours à Quiberon, sa filleSarah Biasini critique fortement l'image que ce film donne de Romy Schneider (notamment les suppositions d'alcoolisme chez sa mère, omniprésentes dans le film) et affirme que sa mère n'a jamais eu de dépendance à l'alcool ni aux médicaments[66].
À celle dont il dit qu'elle est le plus grand amour de sa vie,Alain Delon écrit sur un bout de papier :« Tu n'as jamais été aussi belle. Tu vois, j'ai appris quelques mots d'allemand pour toi :Ich liebe dich, meine Liebe. » (« Je t'aime, mon amour. »)[67]. Alain Delon n'est pas présent le jour de l'inhumation, ayant préféré se recueillir quelques jours après dans une plus grande discrétion. Magda Schneider, elle aussi absente, car hospitalisée pour problèmes cardiaques, meurt quatorze ans après sa fille[12], le.
Durant le week-end des et, la tombe de Romy Schneider est profanée[68].
La carrière de Romy Schneider est marquée par deux orientations divergentes. La première est celle des années de jeunesse, sous l'influence de sa mèreMagda qui l'impose comme la jeunehéroïne allemande typique, fraîche et tumultueuse, dans des films pastoraux et romantiques : l'ère desSissi.
Le cinéastePedro Almodóvar a dédié son filmTout sur ma mère (1999) à plusieurs actrices dont Romy Schneider, à qui il a déclaré vouer une grande admiration. Ladédicace du film est la suivante :« ÀBette Davis,Gena Rowlands, Romy Schneider... À toutes les actrices qui ont interprété des actrices, à toutes les femmes qui jouent, aux hommes qui jouent et se transforment en femme, à toutes les personnes qui veulent être mère. À ma mère. »
En 2009,Une femme comme Romy (titre original :Eine Frau wie Romy) est un projet de film allemand deJosef Rusnak sur la vie de Romy Schneider. Les actricesMarion Cotillard,Vanessa Paradis etSarah Biasini (la propre fille de l'actrice) sont pressenties pour interpréter son rôle, avant que le choix ne se porte sur l'actrice et chanteuse allemandeYvonne Catterfeld[69]. Le projet est finalement abandonné.
En 2012, la comédienneGéraldine Danon annonce son projet de mettre en scène un film sur les dernières années de la vie de Romy[71]. Le tournage devait débuter en à Berlin[72], mais est finalement abandonné.
En 2022, une exposition (du 16 mars au 31 juillet 2022) est consacrée à Romy Schneider à laCinémathèque française (Paris) avec de nombreuses pièces de collections privées prêtées notamment par Sylviane Pommier, Yves Sautet,Alain Delon etSarah Biasini[78].
En 2022, une exposition (du 3 août au 18 septembre 2022) est consacrée à Romy Schneider etBrigitte Bardot (Saint-Tropez).
2008 :Romy Schneider, une femme en trois notes de Frederick Baker
2010 :Nous l'avons tant aimée : Romy Schneider deJérôme Revon – Production R&G Productions (26 min)
2010 :Romy Schneider, ange et démons deLaurent Delahousse, Sarah Briand et Fabrien Boucheseiche (110 min) – Ce documentaire est également présenté sous le titreRomy Schneider, derniers secrets. (110 min)
2016 :Romy, de tout son cœur de Pascal Forneri (105 min)
2017 : "Un jour, un destin : Claude Sautet, Romy, Yves, Michel et les autres..." de Dominique Leeb et Anne Rochefort.
2018 :Conversation avec Romy Schneider dePatrick Jeudy et Charly Buffet, narré parDenis Podalydès et réalisé à partir des enregistrements sonores tirés de l'interview accordée à la journalisteAlice Schwarzer le àCologne (53 min)
2022 :Romy, femme libre de Lucie Cariès (91 min)
2022 :Romy : 40 ans après, ultimes confidences de Simone Mortimer (90 min)
Romy Schneider a participé à la réalisation de plusieursspots publicitaires télévisés, notamment pour le savonLux en 1976 (ainsi que dans la presse) et la lessiveWoolite en 1978.
Dans la presse, dans lesannées 1950, elle prête son image pour la marque d'automobiles allemandesDKW, les collantsErgee et l'appareil photographique Eura de la marqueFerrania.
↑a etbDocumentaire« Romy Schneider, derniers secrets » de Sarah Briand et Fabien Boucheseiche (France, 2010) diffusé pour l'émissionUn jour, un destin le 7 septembre 2010
↑« 1 million deMarks » dans la narration du documentaireConversation avec Romy Schneider.
« Elle n'a jamais été dépendante aux médicaments ni à l'alcool […] Sur un tournage, on fait une fête et on va boire […] il ne faut pas partir sur des délires […] Elle n'a pas le visage d'une femme marquée, abîmée par l'alcool et les médicaments […] On ne peut pas dire n'importe quoi [...] J'aurais trouvé ça élégant [d'être consultée par les créateurs de ce film]. »
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↑Alain Delon, « Romy, adieu ma Puppele » (« ma petite poupée » en allemand), dansParis Matchno 1724,.
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documentaire présentant des extraits audio d'un entretien de Romy Schneider avec la journaliste allemandeAlice Schwarzer, qui s'est déroulé le àCologne.