LesRoms (parfois orthographiéRroms[a]) sont ungroupe ethnique, un ensemble de populations établies dans diverspays du monde, ayant une culture et des origines communes dans lesous-continent indien[3]. Ils sont également dénommés par lesexonymesTziganes /Tsiganes,Gitans,Bohémiens,Manouches, ouRomanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire), ainsi que « gens du voyage », bien que l'immense majorité des Roms soit sédentaire ou sédentarisée. Deux autres dénominations, lesSintis et lesKalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[4], tantôt comme inclus parmi ces derniers[5].
Le terme de « Rom », signifiant en langueromani « homme accompli et marié au sein de la communauté », a été adopté commeendonyme par l'Union romani internationale lors du premier Congrès international des Roms à Londres, en 1971. Ce terme est parfois assimilé, péjorativement, aux seules populations pauvres immigrées, principalement issues de Roumanie et de Bulgarie.
Actuellement, il reste difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et d'évaluer le nombre exact des Roms. Avec une population estimée en 2014 par le Conseil de l'Europe entre 10 et 12 millions de personnes, soit un peu plus de 1 % de la population européenne, les Roms forment la plus grosse minorité ethnique d'Europe, et on les trouve principalement enRoumanie, enBulgarie, enHongrie, enEspagne, enSlovaquie et enFrance. Ils sont également nombreux auxÉtats-Unis, enTurquie et enRussie.
Les linguistes divisent actuellement les Roms en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe : celui des Tsiganes parlant leromani et vivant principalement en Europe de l'Est ; celui des Sintis ou Manouches parlant lesintikès et vivant en France, en Italie, au Benelux, en Allemagne et en Autriche ; et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne, au Portugal et en Amérique latine, qui parlent des dialectes hispaniques comme lecaló.
Lastructure familiale est essentielle dans la culture et les sociétés roms, dans lesquelles elle a traditionnellement fonctionné comme le principal moyen de préserver lacohésion sociale. D'excellents musiciens et danseurs sont issus de la communauté des Roms, à l'instar de Django Reinhardt. En Espagne, ils ont influencé leflamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale, lesmusiciens tziganes ont été très sollicités pour animer les mariages. Le guitaristeDjango Reinhardt, quant à lui, a influencé durablement la musique jazz en créant lejazz manouche. Leurs talents d'amuseurs publics et dedresseurs de chevaux ont généré de célèbres familles decirque.
Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel et a officialisé la dénomination « Rom »[6],[7].
Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les nomsrom (masculin),romni (féminin),roma (masculin pluriel) etromnia (féminin pluriel) qui, selon Bordigoni, signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[8], par opposition àgadjo (masculin),gadji (féminin) etgadjé (masculin et féminin pluriels), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disentpayo (masculin),paya (féminin),payos (masculin pluriel) à la place degadjo,gadgi etgadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les motspaysan etpaysanne[8].
En France, le terme Rom est souvent rejeté par les autres groupes principalement tziganes et manouche d'implantation multiséculaire, qui ne veulent pas être associés aux roms récents des bidonvilles, mais aussi par méconnaissance de l'IRU et de leur définition . La littérature sur le sujet ainsi que certains articles proposés par les médias maintiennent l'ambiguïté. Ainsi, un article du CNRS sur les Roms[9] ne s'attache qu'aux premiers (15 à 20 000 en France), alors qu'un article de The Conversation[10] parle bien des Roms comme de l'ensemble (300 à 500 000 personnes en France).
Par ailleurs, des journalistes deThe Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[11] de laBiennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches, etc.[12][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmesétymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et à « Manouches ». Cette notion deRom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet duLarousse[13].
Une hypothèse propose que le motRom dériverait du nom duDieuRāma (nom d'unAvatâr deVishnou)[14],[15]. Une étymologie remontant au motsanskritDom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[16], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distancegénétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[16].
Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de laBohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début duXIXe siècle, ils parlent leromani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes », etc.
D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment :Kalés (Gitans)[17], qui peuplent lapéninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent lekaló, un mélange entre castillan oucatalan etromani ;Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent leromani ainsi que les langues des pays où ils résident.
La nouvelle appellation administrative françaisegens du voyage, qui a remplacé celle denomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étantsédentaire[18],[19]. En outre, l'appellationgens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
Le motBoyash ouBeash[20] vient du roumainbăieș/băiaș, dérivé debaie, qui provient lui-même duhongroisbánya, « mine »[21] : c'était l'appellation générale des mineurs dans laTransylvanie médiévale[22].
Manouche est proche demanushya, qui signifiehomme, être humain ensanskrit et enhindi, et vient du romanimnouche signifiant aussi « homme »[24]. LeVocabulaire des Manouches d'Auvergne de Joseph Valet traduitMānuš par Manouche etMānušni ouMānušeca par « femme manouche »[25]. Le mot « Manouches » est souvent utilisé en français pour désigner une population qui vit enFrance et qui a des caractéristiques communes avec lesSinté d'Allemagne : les expressionsvalštike Mānuš etgačkene Mānuš sont traduites respectivement « Sinté français » et « Sinté allemands » par Jean-Pierre Liégeois[26], et « Manouche originaire de France » et « Manouche originaire d'Allemagne » par Joseph Valet[25]. Mais enChampagne, il est fréquent que desGadjé appellent « Manouches » toutes sortes de voyageurs manouches ou non manouches[27]. Dans le domaine musical, le « jazz manouche » a été popularisé parDjango Reinhardt. Les Manouches« ne se reconnaissent pas en tant que Roms », indique Jean-Pierre Liégeois[28]. Nombre de patronymes manouches en région parisienne viennent d'Alsace.
Gitans vient de l'espagnolgitano, qui lui-même est une déformation d'egyptiano,égyptien[29]. PourMarcel Courthiade, « le mot Gitan désigne (…) exclusivement les Roms de lapéninsule Ibérique, y compris ceux qui en sont repartis en direction de la France ou des Amériques », jugeant ainsi que « Le Temps des Gitans » est un mauvais choix de titre français pour le film yougoslaveDom za vešanje d'Emir Kusturica[30]. En revanche, Jean-Louis Olive constate que« sur le territoire français, en général, et dans divers pays européens, l'hétéronymeGitans est employé de manière indifférenciée ou substitutive à l'allonymeTsiganes qui s'applique ici auxRoms, auxManouches ou auxSinté »[31].
Le termeTsigane apparaît dans la langue française au début duXIXe siècle, probablement parcalque du motrussetsigan, lequel pourrait provenir, via l'ancien russe et le bulgare, du motgrecbyzantinAtsinganos, qui est la prononciation populaire d'Athinganos : « qui ne touche pas » ou « qui ne veut pas être touché », littéralement les« intouchables »[32]. Ce mot désigne une secte demanichéens venus desLycaonie etPhrygiebyzantines[33] : l'élite de l'Église manichéenne, en effet,ne touche en aucun cas de la viande, du sang, ni du vin[34]. Néanmoins, le termeAthinganos n'a aucune étymologie attestée en langue grecque. PourPaul Bataillard[35], le mot « Tsigane » provient du nomΣιγύνναι / Sigynnai[36], cité en 485 av. J.-C. par Hérodote pour désigner un peuple qu'il situe au-delà de l'Istros (le Danube), théorieprotochroniste réfutée par D. S. Barrett[37]. Une autre hypothèse fait venir ce terme du persanChaugan[38] (jeu servant à l'entraînement militaire des chevaux). Le terme de « Tsigane » est réapparu en France après laSeconde Guerre mondiale, car il était utilisé par lesoccupants allemands[39] (Zigeuner signifie « tsigane »). En décembre 2008[40], des associations se regroupent dans « l'Union française des associations tsiganes », ce qui permet au terme « tsigane » de conserver une légitimité sociologique et politique[41].
Égyptien est un terme d'origine médiévale. Dans lefrançais duXVIIe siècle, ce terme rappelle une ancienne légende selon laquelle les Roms seraient venus d'Égypte (Aigyptos :Αιγύπτοs en grec). Par exemple,Esmeralda, dansNotre-Dame de Paris, ou Zerbinette, dansLes Fourberies de Scapin, sont toutes deux surnommées « l'Égyptienne ». La traduction anglaiseEgyptians a donné l'appellation en anglaisGypsy[42].
Le termeBoumians, que l'on rencontre parfois, est une formeoccitane deBohémiens. On rencontre également le terme de « camp-volants » dans le quart nord-est de la France, dans les régions deBourgogne, deChampagne, desArdennes, deLorraine et deFranche-Comté[48].
Jan Yoors(en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours desannées 1930, décrit les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara[49]. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires enSerbie, enMacédoine, enTurquie et enRoumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus queroumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptiséstsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint. Ce sont par exemple lesYéniches enAllemagne, lesShelta enIrlande ou les Tatars deScandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens ducirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush, qui sont souvent des musiciens et des luthiers et qui se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara, étantmarchands de chevaux, se déplacent donc enroulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sontchaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[50].
SelonJean-Pierre Liégeois,« les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[51].Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[52] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs deslangues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades desBalkans. Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par lesrégions valaques.
Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelésendaja enlangue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
à des noms (souvent de métiers) tirés deslangues slaves, dugrec, duturc ou duroumain :Arabadjìs = « voituriers » en turc ;Boìašis debăieși = « sculpteurs d'auges et de baignoires » en roumain ;Boìadjis = « teinturiers » en turc ;Kalderàšis ouKelderàris decăldărași oucăldărari = « chaudronniers » en roumain ;Krpàris decârpari = « chiffonniers » en roumain ;Kókalàras deκοϰϰαλάρος,kokkalaros = « fossoyeur » en grec ;Lautàras delăutar = « violoneux » en roumain ;Lovàris ;Olašski cigánis = « tziganes roumains » en slave ;Rómungros derom ungur = « rom hongrois » en roumain ;Spoìtòrǎs = « crépisseurs » en roumain ;Tǎtarìtkas = « appartenant auxTatars » en russe ;Ursàrǎs = « montreurs d'ours » en roumain ; etXǎladìtkas = « appartenant à l'armée » en russe.
Selon Marcel Courthiade, on peut répartir lesendajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de lalangue romani[52] :
A) Groupes archaïques ou première strate :
Jeune garçon du groupe desUrsàrǎs « montreurs d'ours » à Budapest en Hongrie. 1) sous-groupe balkanique :Yèrlis,Sepetçis,Erlides,Kalajdjis,Kovàčǎs ouArabadjìs (dits aussi :Kovatchars),Bugurdjìs,Drïndars,Topanlìs,Konoplǎrǎs,Ajides,Mohadjèrǎs,Arlìs (dits aussi :Thare Gone),Kohranes,Mećkàrǎs,Kabudjis,Rupane Roms,Bamìðǎs,Baćòrǎs,Fićìrǎs,Spoitòrǎs,Xoraxanes (dits aussi :Caraques, peut-être du grecκοράϰια /korákia),Kirimìtikas,Zargàras,
2) sous-groupecarpatique :Ursàrǎs,Kiśinvcis,Gurvàras (dits aussi :Gábors),Karpatis,
D) Groupes intermédiaires de la deuxième strate (caractérisés par le passé et copule de la première personne en « em ») :Gurbèturas,Filipidjies,Xandùrǎs,Kalpazàjas,Thamàrǎs,Ćergàruras,Djambàzuras,Madjùrǎs,Śkodrànǎs,Vlaxìčkos,Sastërnenqes ;
E) Groupes récents ou troisième strate (similaire à la deuxième strate, mais avec mutation) :Boìadjis,Drizàrǎs,Kalderàšas,Kelderàsas ouKelderàras (dits aussiCaldéraches),Krpàris,Kókalàras,Lautàras,Lovàris,Olašski cigánis etRómungros.
Mahmoud de Ghazni et Ayaz Le sultan, à droite, serre la main du cheikh, Ayaz se tient debout derrière lui. Le personnage à droite estChah AbbasIer qui régna environ600 ans plus tard. Musée d'Art contemporain deTéhéran,Iran.
Les Roms seraient originaires du Pakistan ou du nord de l'Inde, peut-être deKânauj, d'où ils paraissent avoir été déportés, parmi les dizaines de milliers de prisonniers ou esclaves sélectionnés par les armées deMahmoud de Ghazni, vers 1018, pour être conduits àGhazni et embellir cette ville, en actuelAfghanistan[54],[55],[56],[57].
Ensuite ils vont vers leplateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelleKaoulis etDjâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Iran, l'Arménie, leCaucase, le sud de l'ex-URSS et laTurquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service desMongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[58]. Avec laHorde d'or etTamerlan, les Roms parvinrent ainsi enEurope, enAnatolie et aux portes de l'Égypte[59]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore enIran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l'Égypte (Roms méridionaux ouCaraques, terme venant soit dugreckorakia : « les corneilles », soit duturckara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l'Europe (Roms septentrionaux ouZingares, mot venant peut-être d'une déformation du termeSinti). AuXIVe siècle, des Romsesclaves desTatars atteignent lesBalkans. AuXVIe siècle, ils sont attestés enÉcosse et enSuède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. Les nomades d'origine indienne ayant migré en Afrique du Nord, se nomment lesdoms.
Ils sontTsiganoi parmi lesByzantins (d'où Tsiganes),Cingene parmi lesTurcs,Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'oùRomanichels pour lesCroisésfrancophones),Manuschen pour les Croisésgermanophones etGypsies pour les Croisés de langueanglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leuresclavage était une servitude de type féodal nomméeRoba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). AuXIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
Les études linguistiques envisagent, vers la fin duXVIIIe siècle, des originesindiennes aux Roms[60]. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[61],[60]
Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent d'attester leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40générations environ[62]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[63]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromosome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour leshaplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[63]. D'après les études portant sur lesmarqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[63].
Dans les rechercheslinguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[64], les rapproche duSind et duPendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[64].
Dans les recherchessociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la sociétébrahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriersRajputs (liés aux castes royales, équivalenthindou dessamouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui commeintouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms commeBanjara,Doma,Lôma,Roma ouHanabadosh (enhindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que lescastes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[65].
L'histoire des Roms enEurope commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent enEurope dès leXIIe siècle[66]).
Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive enEspagne, enCatalogne, et se dirige versBarcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[69] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » dePetite Égypte à leur tête[69].
D'après leJournal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerinspénitents recommandés par lePape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner àLa Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à lachiromancie qui leur est proposée. Larumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec unfrère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sontexcommuniés. Le groupe repart en direction dePontoise début septembre[70].
À leur arrivée (historique) enEurope, auXVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[72] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupeshérétiquesgyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection dupape[73].
Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelleRoumanie sont des actes de donation de familles derobs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés enOlténie dans l'anciennePrincipauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slaverobota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage au statutféodal de laservitude sous contrat, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documentsphanariotes engrec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares)eunuques africains attachés au service des cours princières[75]. L'entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés lesTatars auXIVe siècle. LesKhans tatars cèdent alors leurs Roms auvoïvode roumain victorieux, qui les distribue soit auxmonastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : lesboyards. Ainsi en 1428, levoïvode moldave Alexandre le Bon fait don de31 familles de Roms au monastère de Bistriţa enPrincipauté de Moldavie.
Lerob pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait avoir des possessions, se marier, racheter lui-même sa liberté et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'unpope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » duvoïvode ouhospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d'aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[76]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysansserfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d'instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas deȘtefan VIII, devenuvoïvode deMoldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[77].
EnFrance, dès 1666,Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés auxgalères sansprocès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[78],[79],[80].
Les philosophes desLumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être deJean-Jacques Rousseau[81]. L'abbé Prévost ouVoltaire ont eu des mots assez durs, etMallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pourÉgyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ». Lemarquis de Sade, compagnon de route desMontagnards entre 1792 et 1795, imagine les aventures d'un tsigane philosophe, Brigandos, dans son romanAline et Valcour écrit à la Bastille en 1788.
Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-PyrénéesBoniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit lesBohémiens desarrondissements de Bayonne et Mauléon (environ500 personnes[82]) dans l'intention de les déporter enLouisiane[83],[84]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[85]. Les femmes et les enfants furent répartis dans diversdépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements desHautes-Alpes et duMont-Blanc[86]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[87]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[83].
AuSiècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du motgitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
Depuis leXVIIIe siècle, des fils deboyards étudiants àParis, initiés à l'esprit desLumières et/ou enfranc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, enMoldavie, leHospodarIoniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par laRévolution roumaine de 1848 et parVictor Schœlcher, le prince humanisteAlexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie etValachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[90]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[63].
L'immigration rom auxÉtats-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes enVirginie et enLouisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans lesannées 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : lesPavees) duRoyaume-Uni et lesTravellers de l'Irlande. Au début desannées 1900 commence une importante vague d'émigration de Roms récemment émancipés deRussie, deRoumanie et deHongrie vers de nombreux pays d'Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d'entre eux s'embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe desKalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
C'est, paradoxalement, la première moitié duXXe siècle, époque de libéralisation dans toute l'Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». EnFrance, une loi sur « l'exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, le 16 juillet 1912[91], à se munir d'un « carnetanthropométrique d'identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement.Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (…) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[92],[93]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec leLivret de circulation[94], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[95]. Voir aussi ci-après la section« L'après-guerre ».
La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théorieseugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l'enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants desYéniches (Tsiganes de Suisse, en allemandJenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur desEnfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches commegénétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[96].
Déportation de Sintis et Roms d'Asperg, 22 mai 1940.
Legénocide contre les Roms n'est officiellement reconnu par l'Allemagne qu'en 1982. Si le génocide contre les Juifs a pris le nom deShoah après lefilm éponyme de 1985, celui des Roms reste flou et selon les courants il s'appellePorajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[97]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[98].
En Allemagne, leParti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu'Indo-Européens, lesZigeuner ne sont pas considérés comme desAryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[99]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d'en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés enPologne, et enfin internés dans descamps de concentration sur ordre d'Himmler, puis assassinés dans descamps d'extermination.
Pendant laSeconde Guerre mondiale, déportés àAuschwitz, àJasenovac, àBuchenwald, les Tsiganes sont victimes des persécutions nazies. Depuis les années 2000 à travers toute l'Europe, de nouvelles découvertes et mise en lumières d'archives par les chercheurs ont permis d'établir de nouvelles estimations qui varient entre 500 000 et plus d'1,5 million de morts (Ian Hancock)[100]. Les Tsiganes ont aussi participé à larésistance armée en France, enYougoslavie, en Roumanie, en Pologne et enURSS.
D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5 000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de torture, de maladie (typhus), de froid ou de faim[101]. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que laShoah) en 2005.
Durant laPremière Guerre mondiale, tandis que les tsiganesalsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés aucamp de Crest, de 1915 à 1919[102].
Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à lagendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[104] ». Le 22 octobre 1939, legénéral Vary(sl), commandant de la9eRégion militaire, ajoute une interdiction de séjour enMaine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans laVienne, lesDeux-Sèvres, laHaute-Vienne, laCharente, laDordogne et laCorrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[105].
Undécret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d'espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[106]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous lerégime de Vichy : seuls deux camps, le camp deLannemezan et lecamp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » enzone sud[107].
Enzone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[108]. En 2025, le nombre réel d'internés, de déportés et d'assignés à résidence n'a toujours pas été établi[109] Selon la thèse de l'historienDenis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[110], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[111]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[112]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[113] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattantsHubert Falco[114].
L'ordonnance duMilitärbefehlshaber in Frankreich du 4octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d'internement, surveillés par des policiers français »[115]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[116],[117], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[118] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal àRennes[119].
Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas debarbelés ni demirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département desDeux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon àBoussais, ce qui n'est plus le cas aucamp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[120].
Le règlement du camp deCoudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[121]. Dans son étude surArc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[122].
Les conditions de vie au camp deMoisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », lagale et lespoux ne manquant pas de faire leur apparition[123],[124]. En mai 1942, les instituteurs ducamp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[125]. Au total,une quarantaine de camps d'internement ont été ouverts en France durant la Seconde Guerre mondiale.
D'une part,66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent lecamp de Compiègne le 23 (ou 24[126]) janvier 1943 pour être déportés àOranienburg-Sachsenhausen[127], d'autre part, un second groupe de25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année versBuchenwald[127]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[128].
En 1995, le quotidienCentre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[129].
Par ailleurs, des personnes duNord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp deMalines et déportées versAuschwitz par leconvoi Z du 15 janvier 1944. Seules12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[130]. Parmi les351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de16 ans[131].
Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant querésistants[132].
Les derniers internés aucamp de Jargeau ne le quitteront qu'en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d'Allemagne depuis le printemps. Le dernier camp à fermer est lecamp des Alliers àAngoulême, qui fonctionne jusqu'au[133]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[134]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires àMa Campagne.
Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
En 1985, une stèle est érigée aucamp de la route de Limoges àPoitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[135].
Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement ducamp de Saliers le.
L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction dePierre Nora, et les principaux manuels d'histoire declasse de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[138] ».
Depuis 2004, unecérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
Le filmLiberté deTony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
Plaque fleurie àRome en mémoire des Rom, Sinti et gens du voyage morts en camps d'extermination.
Si le génocide a violemment marqué les consciences des populations concernées, il a longtemps été un angle mort de la recherche historique et des récits officiels[139] Il faut attendre 2025, en France, pour que des recherches sur le nombre réel de victimes Tsiganes des camps de concentration français soient effectuées par leCNRS[109]. Il faut attendre 1969 pour qu'une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, sans opposition, les députés qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est, comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou« profiteurs de guerre » (marché noir et vols de marchandises à des paysans). On ignore l'ampleur de ces pogroms et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge et allaient basculer vers les démocraties populaires communistes.
Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[140].
Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (…) du 31 août 1977 de laSous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population »[141].
Une troisième grande vague de migration se produit entre l’Europe du Sud-Est et l’Europe de l’Ouest, qui s'accélère après l’effondrement dubloc soviétique à la fin duXXe siècle[142].
Avec une population estimée en 2014 par leConseil de l'Europe entre 10 et12 millions de personnes, soit un peu plus de 1% de la population européenne, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe[143].
Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et1 million[144].
Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) deRoumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
Dans certains pays comme laSlovaquie ou laRoumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration enUnion européenne, leur ont distribué dans les ancienskolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par lacollectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé àVienne, a été créé. En juin 2004,Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant :Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE :Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiativeDécennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En, les deux députées au Parlement européen d'origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[145].
Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs dekolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[147]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[148],[149].
Autocollant duMRAP utilisé lors d'une campagne de soutien - années 1980.
La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique letravail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment).Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer lamendicité ou ladélinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de laRoumanie et de laBulgarie dans l'Union européenne, le, bénéficiant à partir de ce moment des droits deliberté de circulation dont bénéficie toutcitoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[150], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l'ex-Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d'entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute desÉtats communistes[151]. »
Si une partie de ces Roms pratique letravail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, ladirective communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[152].
En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, leParlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministreÉric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés »[155].
En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et leCentre européen pour les droits des Roms (CEDR)[156]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[157] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[156].
Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à laFrancophonie, l'emploi du motRom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[162].Rom etRoumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d'Indirom à la place deRom.
La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom« certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici »[163]. Toutefois, comme les Afro-Américains auxÉtats-Unis ou les Dalits enInde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[164].
Mais ces estimations ne concernent que les environ 0,6 million deRoms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[165], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 million de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l'appellation de « Roms »
Les Roms restent discriminés en Hongrie[166]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales« des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[167].
En mai 2008, enItalie, près deNaples, des camps roms ont été brûlés[168]. En 2010, le gouvernement deSilvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaireMafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[169].
Les autorités estiment, en 2020, à 145 le nombre de bidonvilles et campements informels habités par des Roms dans la Péninsule. Environ 20 000 personnes y vivent[170].
Roms riches à Huedin, Roumanie (la maison, d'un style caractéristique, permet de recevoir une vaste parentèle lors des fêtes familiales).Famille pauvre, Roumanie : comme le dénonçait Nicolae Paun duPartida le Romenge (parti Rom)[172], si l'on est pauvre, on est considéré comme Rom, mais en fait rien ne prouve que cette famille soit Rom.
Le termeRom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il estphonétiquement proche du mot roumainromân (roumain). Il n'y a pas de lienétymologique ousémantique entre les deux termes :rom signifie simplementêtre humain enromani tandis queromân vient du latinromanus.
Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs dekolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.|Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[173]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 1 850 000 Roms[174], soit autour de 8,32 % de la population roumaine, et Nicolae Paun duPartida le Romenge (« parti Rom ») fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[172].
Leromani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
AuRoyaume-Uni, lestravellers (voyageurs, en référence à la fois auxIrish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantirle droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit lestravellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
EnSuisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d'une mendicité organisée de manière criminelle[175].
De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures enRoumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[176]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[177].
Confronté à un afflux de Roms duKosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, laSuède, comme leDanemark et laNorvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et desmalades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
D'après une enquête publiée en 2007 par leCentre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[178]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[179].
Répartition des Roms par rapport à la population totale en Europe et dans le monde.Répartition géographique des Roms en Europe.
Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact desRoms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec desnon-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d'entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta ledrapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé leChakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereurAshoka ouAshok, comme on le voit en tête d'article. LeCongrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer lajournée internationale des Roms[181]. L'hymne,Djelem, djelem, a été écrit parŽarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[182].
Il y aurait actuellement en France entre 350 000[183] et 1 300 000[184] Roms.
La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origineromani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialecteshispaniques, comme lecaló[191].
Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensembleromani avec lesanskrit est clairement établie, avec des influencesavestiques ethébraïques[64].
Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms dePrizren auKosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, leromani, leserbe et leturc. EnSlovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, leslovaque et lehongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupeslinguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont lesRoms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ouManouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
Quelques Roms ont développé dessabirs tels que l'ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaireespagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots enargot espagnol, l'angloromani (cant, ce mot désigne également la langue desTravellers irlandais, leshelta), l'arméno-romani (lomavren oulovari) ; legréco-romani (ellino-romani), lesuédo-romani (tavringer romani), lenorvégo-romani (nomad norsk), leserbo-romani (srpskoromani), lehungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que laboyash est un argotroumain avec des emprunts auhongrois et au romani.
Dans les Balkans, on trouve cinqlangues vernaculaires composés de romani, d'albanais, degrec et delangues slaves : l'arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
Lastructure familiale est essentielle dans la culture et les sociétés roms, dans lesquelles elle a traditionnellement fonctionné comme le principal moyen de préserver lacohésion sociale[192].
Jeune rom au tambourin versant du vin,Guillaume Bodinier, Musée d'Angers.Femme rom en Hongrie en 1940.
Les Roms sont connus pour être d'excellentsmusiciens etdanseurs. EnEspagne, ils ont influencé leflamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie,Bulgarie,Serbie,Macédoine du Nord,Roumanie,Tchéquie,Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appellelăutari, en République tchèque et Slovaquielavutari.
En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme lesBouglione ou lesZavatta.Le guitaristeDjango Reinhardt, quant à lui, influencera durablement lejazz en y mêlant la musique tzigane.Gus Viseur etTony Murena, compositeurs de célèbresvalses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
Le théâtre était égalementune activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par leDjungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
Dans la guitare,Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitanPaco de Lucía. Le guitaristeManitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de ladanseflamenca, la figure prépondérante futCarmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
Le pianisteGyörgy Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
Rajko Đurić [Đurić] (1947-) est l'auteur de plusieurs romans et poèmes dontSans maisons, sans tombe - Bi kheresqo bi limoresqo (recueil de poèmes,Paris, L'Harmattan, s.d.),Les rêves de Jésus Christ (Montpellier, N&B, 1996) etMalheur à qui survivra au récit de notre mort (Buzet-sur-Tarn, N&B, 2003).
Matéo Maximoff (1917-1999) a écritLa Septième Fille (1982),La Poupée de Maméliga (1986),Les Ursitori (1988),Les Gens du Voyages (1995),Condamné à survivre (Concordia, 1986),Routes sans roulottes (Concordia, 1993),Dites-le avec des pleurs (Concordia, 1990),Vinguerka (Concordia, 1987) etLe prix de la liberté (Wallâda, 1996).
Esméralda Romanez (1949- France) est l'autrice deLes Chemins de l'arc-en-ciel (1998, éditionWallâda) ;De coups de cœur en coups de gueule (1995, édition Lacour) ;Mon Combat, ma Maladie, ma Vie ! ainsi queLa Cuisine Gitane ou l'Art de savoir mettre en appétit ses invités (1995, édition Lacour).
Anina Ciuciu (1990-) est une autrice française d'origine roumaine.
Bošnjak Stipan (1953-) auteur belge d'origine serbe. Il a écritLettre ouverte d'un petit-fils Rom à sa grand-mère croate (Éditions de l'Institut sépharade européen, 2013),La Reine d'Angleterre, une mendiante… (Éditions de l'Institut sépharade européen, 2013) ainsi queJe ne vous ai pas oubliés (Éditions de l'Institut Sépharade Européen, 2008) dans lequel il a recueilli les propos d'Alberto Israël.
On a suggéré que, lorsqu'ils étaient encore enInde, les Roms étaienthindouistes ; le mot romani pour « croix »,trushul, est le même mot que lesanskrittriṣula qui désigne le trident deShiva.
Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sontcatholiques,protestants,orthodoxes oumusulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou auxÉtats-Unis sont soitcatholiques, soit protestants. EnAmérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. EnTurquie, enÉgypte et dans le sud desBalkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de « religion rom », mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
Dans les Balkans,Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellentEderlezi qui marque le printemps.
Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et lamythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée lafin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers lebouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvementAmbedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[193],[194].
Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant, l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom depomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelésmulo, auxquels une place est réservée[195]. Cette tradition est partagée avec lesaroumains[196], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
L'origine dupèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer enCamargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui deFrédéric Mistral publié en 1906 :
« L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[198] »
Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[199]. L'édition de 1861 deMireille comporte au chant XII les vers suivants :
« Dins la capello sousterrado I'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (…) »
L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[200] ». Une image deL'Illustration de 1852 montre uneBohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[201].
Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
« Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (…) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[202]. »
La création en 1935 de la procession annuelle deSara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguaisFolco de Baroncelli au nouvelarchevêque d'Aix,Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[203]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[204].
Le, le papePaul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins àPomezia près de Rome[205],[206].
Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l'évêque d'ÉvryMichel Dubost, basée àLongpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
Après laSeconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin desannées 1950, en France d'abord, enNormandie, puis partout en Europe. Leurconversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé »Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appeléesFiladelfia, dont déjà une centaine àMadrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent àLos Angeles,Houston,Buenos Aires etMexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurshaplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[63]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[63].
Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrageLutter contre les pauvres[211], ce qui différencie le discours sur l'identité « Rom » par rapport aux discours sur les identitésnationales ou régionales, n'est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu'il n'est pas en lien avec un territoire. Le discours est d'ordreethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l'entend l'historien desnationalismesBenedict Anderson (1983) : elle n'existe qu'en fonction des attributs qu'un groupe revendique ou que d'autres groupes lui prêtent.
Le bohémianisme, ou attitudebohème, désigne, à certaines époques et dans certains milieux, une revendication d'anticonformisme, d'insouciance, de refus des conventions, et de marginalité. AuXXIe siècle, cesociostyle oscillerait entrebourgeois-bohème etantisystème.
Dans le domaine de la bande dessinée, on peut citerLes Bijoux de la Castafiore, en 1963, oùHergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre. Ils sont victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart. Sortie plus récemment, il y a égalementModou la Tzigane (1988-1991), deNadine Brass etRégine Pascale, une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin duMoyen Âge.
Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre desstéréotypes sur le monde rom, on peut citer leschansons. En effet, depuis le milieu duXIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, lachanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmesstéréotypes que dans leroman ou l'opéra sont utilisés[213].
↑Dans cet article est utilisée la graphieRom avec un seulR plutôt qu'avec deux, même si les deux phonèmes sont distincts dans certains parlers romani, car elle est utilisée dans plusieurs publications universitaires (voir les titres dansla bibliographie ci-après), ainsi qu'un dictionnaire et une encyclopédie francophones :« rom »,dictionnaire Larousse etEncyclopædia Universalis, consultés le 7 octobre 2010).
↑Le Nouveau Petit Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, 1994,(ISBN2-8503-6290-5),p. 1346.
↑a etbJoseph Valet,Vocabulaire des Manouches d'Auvergne, Clermont-Ferrand,, 190 p.(HALhal-03881791,lire en ligne), cité par Patrick Williams,Nous, on n'en parle pas : les vivants et les morts chez les Manouches, Maison des Sciences de l'homme, 1993,p. 47.
↑« Journal d'un Bourgeois de Paris » dans Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France », tome troisième « Mémoires sur Jeanne d'Arc et Charles VII », Paris, chez l’éditeur du Commentaire analytique du Code civil, 1837,p. 248-249.
↑Cette affiche, extraite de l'ouvrage de Ian F. HancockPariah Syndrome : An Account of Gypsy Slavery and Persecution, Karoma Publishers, Ann Arbor, Michigan, 1987,(ISBN0897200799), est utilisée plusieurs fois sur Wikipédia mais son authenticité est contestée dansTalk:Slavery in Romania car à cette époque on n'utilisait pas encore l'écriture latine, les expressionsSclavi ţigăneşti etîn condiţie fină sont descalques linguistiques de l'anglaisGypsy slaves,in fine condition (en roumain correct de l'époque on aurait ditRobi ţigani,sănătoşi) et il est impossible de trouver cette image ailleurs que dans l'œuvre de Hancock, qui présente d'autres affiches semblables, telleDiscuție:Robia în țările române#/media/File:200 de familie de țigani de vânzare.jpg (dans Ian F. Hancock,We Are the Romani People,University of Hertfordshire Press, 2002,(ISBN9781902806198), censée être de 1845 alors que l'écriture latine n'a été adoptée qu'en 1860.
↑La constitution (Pravila) desPrincipautés danubiennes en tant qu'états chrétiens vassaux d'un empire musulman (l'Empire ottoman) et ainsi situées dans leDar el Ahd ("domaine de la trêve", enarabe : دار العهد), définitde jure les statuts des différents groupes d'habitants : leschrétiens orthodoxes seuls, « robs » inclus, relevaient de l'autorité duvoïvode ouhospodar (domnitor), bénéficiant de la protection de l'Église orthodoxe ; lesmusulmans,avdétis,romaniotes etséfarades étaient sujets et protégés dusultan turc ; lescatholiques,protestants etashkénazes étaient sujets et protégés de l'Empire des Habsbourg ou des états d'Europe centrale et occidentale dont ils étaient originaires : voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei :op. cit., EHESS 1987, et Viorel Achim du Groupe de recherches sur l'histoire des Minorités,Documente despre istoria Romilor (Documents de l'histoire des Roms), Institutul Naţional de Istorie « Nicolae Iorga » 2013, sur[1].
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↑Voir l'article d'Éliane Daphy, ethnologue, « Bohémienne aux grands yeux noirs… Essai sur le personnage tzigane dans la chanson », inÉtudes tsiganes nlle série vol. 9 (Les Tsiganes de la littérature, La littérature des Tsiganes, Patrick Williams et Evelyne Pommerat eds.),p. 113-128 (5 ill.) disponible enarchives ouvertes sur Hal-SHS.
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Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes »().
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