Un an après avoir quitté cette fonction, il remporte les premières primaires citoyennes italiennes, organisées pour choisir le chef de file deL'Union, une vaste coalition decentre gauche et degauche. L'alliance remportant, sur le fil, lesélections générales d'avril 2006, il retrouve la présidence du Conseil. La fragilité de la coalition conduit le gouvernement à être mis en minorité auSénat en, mais Prodi finit par conserver la confiance des deux chambres.
Élu président du nouveauParti démocrate (PD) en, il est obligé de démissionner de la présidence du Conseil, en, après avoir perdu un vote de confiance à la chambre haute, du fait du retrait d'un petit parti de la majorité. Pour lesélections anticipées d'avril, il laisse le leadership électoral àWalter Veltroni. À l'issue du scrutin, qui voit la défaite du centre gauche, il renonce à présider le PD et se retire du devant de la scène politique.
Romano Prodi est né le, en Italie, àScandiano (Émilie-Romagne) ; il est le huitième des neuf enfants de Mario Prodi, un ingénieur originaire d'une famille de paysans, et de son épouse Enrica, professeur des écoles. Il a deux sœurs et six frères, dont Vittorio Prodi, membre duParlement européen pour lesVIe etVIIe législatures.
En1969, il a épousé Flavia Franzoni, leur union religieuse étant célébrée par le pèreCamillo Ruini, aujourd'huicardinal. Le couple a deux enfants : Giulio et Antonio. La famille vit àBologne, enÉmilie-Romagne.
Parallèlement à l'enseignement universitaire, Prodi fonde en 1981 le centre de recherche Nomisma[1] et a mené une intense activité de recherche qui s'est orientée sur « le développement des petites et moyennes entreprises et des zones industrielles », « lapolitique de concurrence », « l'étude des relations entre État et marché », « les politiques de privatisation », « le rôle central joué par les systèmes scolaires dans la promotion du développement économique et de la cohésion sociale », « le processus d'intégration européenne » et, à la suite de lachute du Mur de Berlin, la dynamique des différents « modèles de capitalisme. »
Il préside la maison d’édition bolognaiseIl Mulino de 1974 à 1978, fondée parBeniamino Andreatta, dont Prodi a été l'assistant à l'université et qui devient son mentor en politique[1].
Il a été initialement membre de laDémocratie chrétienne (DC), parti auquel il adhère en 1963, à l'âge de24 ans, dont il contribue à l'émergence d'un courant interne libéral avecBeniamino Andreatta[1].
De à, Romano Prodi a été ministre de l'Industrie dans le quatrième gouvernement deGiulio Andreotti[1].
En 1982, le président du Conseil,Giovanni Spadolini, le nomme président de l'Institut de reconstruction industrielle (IRI), charge qu'il assumera jusqu'en 1989 en réussissant à améliorer l'économie du groupe. En 1993,Carlo Azeglio Ciampi le rappelle à la tâche pour procéder à la privatisation d'une bonne partie duholding, mission qu'il clôture l'année suivante[1].
En1995, il est l'architecte deL'Olivier (L'Ulivo), unecoalition rassemblant leParti démocrate de la gauche (PDS) et le PPI. C'est la première fois que les héritiers duPCI et de laDC s'unissent et portent un projet politique commun.
Avec l'appui d'Andreatta[1], Prodi est désigné comme candidat à la présidence du Conseil des ministres pour lesélections générales anticipées du. Dans son programme, il promet des mesures économiques importantes, destinées à préparer l'Italie pour son entrée dans ce qui deviendra lazone euro.
L'Olivier remporte la majorité relative à laChambre des députés, au sein de laquelle elle fait élire287 députés sur 630, et la majorité absolue auSénat de la République, dans lequel sont élus159 sénateurs sur 315. Lors de ce scrutin, Romano Prodi est pour la première fois élu parlementaire, à la Chambre des députés dans la circonscription de Bologne.
Chargé le 16 mai par le président de la République,Oscar Luigi Scalfaro, de constituer un gouvernement, Prodi entame des consultations avec ses partenaires deL'Olivier et négocie le soutien sans participation duParti de la refondation communiste (PRC), fort de trente-cinq députés et onze sénateurs.
La composition dugouvernement est annoncée dès le lendemain. En font partieLamberto Dini, ministre des Affaires étrangères, etCarlo Azeglio Ciampi, ministre du Trésor, tous deux anciens présidents du Conseil ;Beniamino Andreatta, ministre de la Défense et plusieurs fois ministre du Budget à partir desannées 1970 ;Giorgio Napolitano, ministre de l'Intérieur, ancien président de la Chambre et premier communiste à diriger les forces de police italiennes.
Le 18 mai, le président du Conseil et ses ministres se présentent aupalais présidentiel du Quirinal et prêtent serment devant le chef de l'État. Par173 voix contre 139 et une abstention, l'exécutif passe sans encombre le vote de confiance au Sénat le 24 mai. Une semaine plus tard, la Chambre accorde à son tour son feu vert, par un vote clair de322 voix contre 299.
Il adhère le 7 juin suivant au Mouvement pour L'Olivier (MPU), issu des « Comités Prodi » qui soutenaient sa candidature à la présidence du Conseil en dehors des partis de la coalition.
Au bout de onze mois de mandat, une première crise éclate dans la majorité parlementaire. Le en effet, le gouvernement fait adopter par leParlement la participation italienne à l'opération Alba, mission humanitaire des Nations unies enAlbanie sous commandement italien, mais avec le vote contre du PRC, donc avec les votes duPôle pour les libertés (PPL) deSilvio Berlusconi. Le secrétaire du PRCFausto Bertinotti confirme la fidélité de sa formation au gouvernement Prodi, qui reste en fonction.
À peine six mois plus tard, le 9 octobre, un nouvel affrontement avec le PRC survient. Le parti ayant voté contre la loi de finances, Romano Prodi présente sa démission au président de la République. Dès le lendemain, Bertinotti se dit prêt à un nouvel accord avec l'exécutif. Entre le 14 et le 16 octobre, le gouvernement repasse devant les chambres et remporte leur confiance.
Le, pendant la procédure de débat budgétaire, il perd un vote de confiance à une voix près. Un député du PRC a voté contre la ligne officielle, faisant chuter le gouvernement à la Chambre des députés. La crise est résolue par la nomination deMassimo D'Alema, secrétaire du PDS et ancien cadre du PCI. Celui-ci est considéré par Prodi comme le responsable de sa chute, ce que D'Alema a toujours nié.
À la Chambre, il siège au sein du groupe « Populaires et démocrates », constitué du PPI et du MPU. Ayant fondé le parti Les Démocrates le, il quitte le groupe le 10 mars, date à laquelle il passe au groupe des non-inscrits avec dix-huit autres députés deL'Olivier. Rejoints le 31 mars par un vingtième membre, ils sont en mesure de constituer un groupe, « Les Démocrates », qui apporte son soutien au gouvernement dirigé par Massimo D'Alema.
Siège de la Commission européenne à Bruxelles (bâtiment Berlaymont).
Le, Romano Prodi est désignéprésident de la Commission européenne. Il prend alors la succession du controverséJacques Santer, contraint à la démission après de multiples scandales. C'est la première fois depuis plus de vingt-cinq ans qu'un Italien est choisi pour occuper cette fonction. Sous son mandat, letraité de Nice est adopté, onze pays laissent leurs monnaies nationales pour adopter l'euro, la monnaie européenne, et dix pays adhèrent ensemble à l'Union européenne le[1]. À cet égard, il décide que chaque commissaire envoyé par les nouveaux entrants sera « jumelé » avec un commissaire en fonction.
Le, les forces deL'Olivier décident de s'unir avec d'autres formations dans une vaste coalition degauche etcentre gauche qui prend finalement le nom deL'Union (L'Unione).
Sa majorité, dont la légitimité se trouve vivement contestée par Berlusconi, parvient à élire lecommunisteFausto Bertinotti à la présidence de la Chambre des députés, et l'ancien syndicaliste et ministreFranco Marini à la présidence du Sénat de la République. D'autre part, Prodi a également soutenu l'élection de son ancien ministre de l'Intérieur,Giorgio Napolitano, à laprésidence de la République, celui-ci étant le premier post-communiste ayant été élu à la magistrature suprême.
Il est désigné le 16 mai par le président Napolitano comme formateur, acceptant avec réserve selon la formule consacrée. Dès le lendemain, il revient aupalais du Quirinal avec ungouvernement de vingt-six postes et vingt-cinq membres, dont deux vice-présidents du Conseil des ministres et six femmes. Ses successeurs à la présidence du Conseil à l'issue de son premier mandat,Massimo D'Alema etGiuliano Amato, sont désignés aux postes régaliens des Affaires étrangères et de l'Intérieur respectivement, tandis que ses adversaires aux primaires de L'UnionClemente Mastella,Antonio Di Pietro etAlfonso Pecoraro Scanio deviennent ministres de la Justice, des Transports, de l'Environnement.
Le 19 mai, il se soumet au vote de confiance du Sénat. Alors que sa majorité est faible, il remporte assez aisément le scrutin par165 voix favorables et155 contre, bénéficiant du soutien des septsénateurs à vie dontGiulio Andreotti, pourtant candidat de la CDL à la présidence de la chambre haute, et son ancien ministreCarlo Azeglio Ciampi. Quatre jours plus tard, il remporte sans difficulté le vote de confiance à la Chambre des députés par344 voix contre 268.
Victoire dès les premières élections intermédiaires
Romano Prodi obtient également des succès, bien plus marqués, contre la droite de Berlusconi aux élections locales de et au référendum de, au cours duquel 62 % des Italiens ont rejeté une réforme de la Constitution voulue par le gouvernement Berlusconi et votée uniquement par ses parlementaires (ce qui a rendu nécessaire le référendum pour la confirmer ou la repousser) afin de favoriser les régions du Nord, plus riches, en excluant la possibilité pour les citoyens de se faire soigner dans des Régions différentes de celle où l'on vit, et effacer la plupart des pouvoirs du président de la République pour les confier au président du Conseil. Ces deux votes auraient dû, selon les intentions de Berlusconi, sûr de gagner, faire tomber le gouvernement Prodi qui en sort plus fort qu'avant.
Se retrouvant en minorité au Sénat sur sa politique extérieure (enAfghanistan), il présente la démission de songouvernement le soir du. Le président de la République italienneGiorgio Napolitano annonce le qu'il refuse sa démission et lui demande de présenter son gouvernement devant le Parlement pour obtenir la confiance (162 voix pour, 157 contre au Sénat ; sans formalité à la Chambre). Après cette crise, son gouvernement semble renforcé, malgré l'exiguïté de sa majorité sénatoriale.
Le, après avoir obtenu la confiance de laChambre des députés (326 voix contre 275), Romano Prodi est ébranlé par le vote de confiance négatif asséné par leSénat.161 sénateurs ont désavoué le gouvernement Prodi, tandis que 156 lui ont accordé leur confiance ; avec une majorité validée à160 voix, le gouvernement a vu sa déchéance à une voix près.
Romano Prodi avait refusé de démissionner, comme certains de ses alliés — et leprésidentGiorgio Napolitano — lui avaient conseillé de faire, et souhaitait affronter le vote du Sénat. Après cet échec, il présente sa démission au Président italien le. Il déclare, dans le même temps, se retirer de la vie politique, jugeant son avenir « serein, tant le monde est plein d'opportunités », préférant « ouvrir la voie à un changement de génération »[3].Silvio Berlusconi remporte largement lesélections générales d'avril et lui succède le.
Nommé chef d'un groupe de travail commun à l'Organisation des Nations unies (ONU) et à l'Union africaine (UA) sur le renforcement des opérations de maintien de la paix enAfrique le, il devient professeur auWatson Institute for International Studies de l'université Brown le.
Depuis2010, il est également chargé d'enseigner les relations sino-européennes à laChina Europe International Business School (CEIBS), une école de commerce chinoise très réputée. Le, Prodi a été choisi par lesecrétaire général des Nations unies,Ban Ki-moon, envoyé spécial pour le Sahel[4].
N'assumant plus aucune responsabilité institutionnelle ou politique depuis qu'il a quitté lepalais Chigi, Romano Prodi, à quelques mois de l'échéance du mandat présidentiel deGiorgio Napolitano, est présenté comme un favori d'envergure pour la succession du chef de l'État aupalais du Quirinal[5].
Le, Romano Prodi est désigné candidat duParti démocrate (PD) à l'élection présidentielle, au lendemain de l'échec deFranco Marini, pourtant soutenu parLe Peuple de la liberté (PdL), deSilvio Berlusconi, et leChoix citoyen (SC), deMario Monti. Cette investiture est acclamée par les parlementaires du PD et reçoit l'appui deGauche, écologie et liberté (SEL), qui avait préféré voter pourStefano Rodotà. Elle est en revanche dénoncée par le PdL, qui estime que cette candidature ne permet aucun accord de gouvernement[6],[7]. Au quatrième tour de scrutin, le PD ayant voté blanc lors du troisième, il ne remporte que395 voix sur 723, soit une centaine de voix de moins que ce qu'il pouvait espérer, alors que504 suffrages étaient nécessaires pour s'imposer. Il retire alors sa candidature[8] et c'est finalement le président sortant,Giorgio Napolitano, qui est élu au sixième tour de scrutin.
Henry W.de Jong et William G.Shepherd,Pioneers of Industrial Organization: How the Economics of Competition and Monopoly Took Shape, Edward Elgar Publishing Ltd,(ISBN9781843764342)