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Cet article concerne la bande dessinée photographique. Pour le projet de musique français, voirRoman Photo.
Unroman-photo[N 1] est un genre narratif proche de labande dessinée, dans lequel une succession de photographies, agrémentées ou non de textes, disposés ou non dans desphylactères, conduit la narration.
Grâce aux progrès techniques dans la reproduction mécanique des photos, le mélange texte/photo fait son apparition à la fin duXIXe siècle.
En 1860 et 1863, l'important éditeur allemandBernhard Tauchnitz publie deux récits,The Marble Faun. Transformation deHawthorne, etRomola deGeorge Eliot, tous deux illustrés de tirages albuminés collés à la main : spécialisé dans le guide touristique, cette tentative de Tauchnitz, très couteuse, reste l'une des premières à juxtaposer photographie et texte littéraire[1].
En 1886, dansLe Journal illustré, le photographeNadar, aidé de son fils qui prend les photos, fait un reportage en images surMichel-Eugène Chevreul, physicien et académicien centenaire. Il discute avec lui, et les clichés de la discussion, reproduits parsimiligravure, s'accompagnent de phrases. Le rendu est très statique et l’auteur n’utilise aucunphylactère. Cette expérience est contemporaine des débuts de l'utilisation de clichés photographiques pour illustrer les périodiques[2].
Quant au roman, puisqu'il s'agit de ça, il semble que laphotolittérature ait été initiée[3] en 1889-1890 parAlphonse Daudet avecL’Élixir du R. P. Gaucher, une édition dirigée parCharles Mendel, illustrée par des clichés deHenri Magron, qui devient lui-même éditeur du genre[4]. En 1892, est publiéBruges-la-Morte, roman deGeorges Rodenbach, également accompagné de clichés. Lalibrairie Nilsson est connue pour avoir été pionnière, à partir de 1896, dans le commerce de collections de romans populaires imprimés à grand tirage et illustrés à l'aide dephototypes, procédé moderne à l'époque (une centaine de clichés pour des livres de 200 pages), inaugurant un genre qui allait devenir le roman-photo. L'un de leurs collaborateurs est le photographePaul Sescau. Le slogan de Nilsson était : « Roman inédit illustré par la photographie d'après nature ». Nilsson fut concurrencée sur ce terrain par lesFrères Offenstadt puis, plus tard, parFlammarion etCalmann-Lévy.
Le roman-photo moderne tire son origine de l'Italie d'après-guerre, en1947, au croisement ducinéma et de labande dessinée[5]. La paternité de l'invention est attribuée à Stefano Reda, un jeune scénariste, qui réalisaNel Fondo del Cuore, le premier roman-photo de l'histoire en 1947 pour le magazine italienIl Mio Sogno. Elle est également attribuée au trio Luciano Pedrocchi,Damiano Damiani et Franco Cancellieri qui officiaient chez Mondadori pour le magazineBolero Film dont le premier numéro fut publié à deux semaines d'intervalle deIl Mio Sogno et qui utilisera d'emblée le néologisme "fotoromanzo" (roman-photo) sur sa couverture. Le nom du scénaristeCesare Zavattini, à l'origine de nombreuses expériences menées dans le domaine de la bande dessinée et figure de proue du mouvementnéoréaliste italien, est également évoqué. Outre le côté technique, le roman-photo s'inspire ducinéma en reprenant letopos sentimental du bonheur individuel véhiculé par les productions américaines de l'époque. Les techniques de découpage et de présentation de la bande dessinée sont repris, mais peu de romans-photos se sont intéressés aux techniques d'expression propres à la bande dessinée. C'est un succès, au point qu'un documentaire sur le sujet est réalisé parMichelangelo Antonioni en 1949[6].
Le roman-photo fait sa première apparition en France en juin 1949 dans le magazineFestival, sous l'impulsion de l'éditeurCino Del Duca qui l'introduit progressivement dans la quasi-totalité de ses autres revues dontNous Deux, en.
Les magazinesNous Deux pour la France (il se vend chaque semaine à 1,5 million d'exemplaires et présente des vedettes desyé-yé commeJohnny Hallyday[6]) etGrand Hôtel pour Italie, demeurent les deux seuls hebdomadaires à publier des romans-photos[réf. souhaitée]. Dans les années 1960, un Français sur trois lit des romans-photos. Des déclinaisons érotiques sont également publiées[6].
Plusieurs personnalités sont apparues dans des romans-photos avant de devenir célèbres, notamment pour gagner de l'argent, commeSophia Loren à l'âge de 16 ans[6].
Peu d'auteurs ont vraiment marqué le genre. Parmi eux figurentGébé et leprofesseur Choron, qui ont publié dans les années 1960 et 1970 de nombreux romans-photos comiques dansHara-Kiri[6],Jean Teulé (Gens de France et d'ailleurs, réédité parEgo Comme X)qui a inventé le roman-photo de reportage[réf. souhaitée], ainsi queLéandri qui a publié des romans-photos courts et humoristiques.
Pour Frédérique Deschamps, commissaire d'une exposition sur le sujet organisée au Mucem en 2017-2018,« les feuilletons à l'eau de rose, qui faisaient le sel du genre et lui ont valu d'être très largement haï par les intellectuels communistes autant que par les chrétiens, ont été supplantés par les histoires d'amour des stars sublimées par la presse people »[6].
Dans les années 1970, il est victime d'un déclin[6], très généralement attribué à la diffusion de la télévision.
Dans les années 1980, leséditions de Minuit[6] tentent de lancer le nouveau roman-photo mais interrompt l'expérience rapidement, faute de lecteurs suffisants. En 1991,Christian Bruel publie, sous la dénominationphotoroman,La Mémoire des scorpions, récit policier photographié et mis en scène parXavier Lambours (Le Sourire qui mord, diff.Gallimard).
Dans les années 2000, le numéro 14 de la revue FlblbFricassée de romans-photos, édité en 2003, propose un panorama des possibilités de ce genre narratif. Depuis, ils publient environ un nouveau roman-photo par an.
Dans les années 2010, plusieurs docus-photos (romans-photos documentaires) sont également publiés par les éditionsLes Arènes etGallimard.
Dans la veine dudétournement situationniste, qui utilisait des bandes dessinées et des films pour en détourner le contenu, le roman-photo peut aussi servir de support pour le détournement, à travers la modification du texte desphylactères. Les romans-photos du magazineNous deux ont plusieurs fois été réutilisés à des fins de détournement subversif.[réf. nécessaire]
La balançoire de plasma (1996), ouvrage réédité en 2006 parCornélius, est à classer dans cette catégorie. Dans cet ouvrage,Jean Lecointre etPierre La Police rendent un hommagetrès décalé[Interprétation personnelle ?] à la série B.Il en est de même[Interprétation personnelle ?] de l'ouvrageLes Six Fonctions du langage deClémentine Mélois publié en 2021.[réf. nécessaire]
Associer narration et images photographiques est une démarche récurrente dans l'histoire des arts, qui outrepasse largement le seul champ du roman-photo. Il semble que la notion de roman-photo doive être initialement attribuée auconstructivisme russe, dès les années 1930[réf. souhaitée].
Parmi les expériences notables en la matière, on peut citer :
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