Pour les articles homonymes, voirPeyrefitte.
Ne doit pas être confondu avecAlain Peyrefitte.
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| Genre artistique | Roman, essai, biographie, théâtre, souvenirs |
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Pierre Roger Peyrefitte[1], connu sous le nomRoger Peyrefitte, né le àCastres et mort le dans le16e arrondissement de Paris, est unécrivainfrançais, auteur deromans, d'une anthologie de textes grecs et debiographies historiques.
CitantAlbert Dauzat, il indique que son patronyme signifie en occitan« pierre fichée, ou dressée »,« symbole de solidité, de rectitude »[2]. Il serait un cousin éloigné du ministre de l'Informationgaulliste et académicienAlain Peyrefitte[3], qu'il fréquente àParis[4].
Roger Peyrefitte est le fils de Jean Peyrefitte et d'Eugénie Jamme[5].
Roger Peyrefitte entre à l'âge de neuf ans au collègelazariste de Saint-Benoît-d'Ardouane, àRiols dans l'Hérault, collège qui servit de modèle pour son premier romanLes Amitiés particulières. Il poursuit ses études secondaires auCaousou àToulouse et àFoix, puis à la faculté des lettres deToulouse. Il entre enfin à l'École libre des sciences politiques, dont il sort major en 1930.
Devenu diplomate, il est nommé troisième secrétaire à lalégation de France à Athènes en 1933. Il quitte ce poste en 1938 pour éviter un scandale[6] à la suite d'une relation homosexuelle avec le jeune protégé d'un amiral grec (l'épisode sera romancé dansLes Ambassades)[7]. Revenu à Paris, il est arrêté aujardin du Luxembourg en 1940[8] et donne sa démission en octobre de la même année pour ne pas encourir une sanction de révocation que le ministère des Affaires étrangères s'apprêtait à prononcer à la suite d'une autre« grave affaire de mœurs dévoilée par les services de police »[6] (dans son œuvre, il s'agit d'une suspicion de détournement d'un adolescent[9]).
Il se retire alors àAlet-les-Bains dans la demeure acquise par ses parents et y commencera l'écriture de son livreLes Amitiés particulières[10].
Il est réintégré par une mesure de caractère exceptionnel en par l'intervention directe de l'ambassade d'Allemagne auprès dePierre Laval, selon le Quai d'Orsay[9]. Il prétendra plus tard (Propos Secrets, tome 1) qu'il ne s'agissait pas d'une intervention des Allemands mais de Madame de Barante, aristocrate auvergnate, auprès de l'AuvergnatPierre Laval.
Il est nommé à Paris et travaille sous les ordres du très pro-allemandFernand de Brinon, délégué général dans les territoires occupés[9], surnommé l'« ambassadeur de France à Paris », du à 1944[11][source insuffisante].
Il est révoqué le par lacommission d'épuration du ministère des Affaires étrangères[9]. Il prétendra avoir étévictime de la vengeance de sa collègueSuzy Borel[réf. nécessaire], devenue l'épouse deGeorges Bidault, qu'il surnomme dansPropos Secrets (tome 1) « la hyène du Quai d'Orsay ou « Miss Crapote ».
Après cette courte carrière de diplomate, Peyrefitte se consacre entièrement à l'écriture et devient pendant la seconde moitié duXXe siècle l'un des écrivains français les plus brillants mais aussi les plus controversés. Sa révocation sera annulée en 1960 par le tribunal administratif (dont l’arrêt sera confirmé en 1962 par le Conseil d’État) mais annulé par le même tribunal en 1978[5].
Au cours du tournage en l'abbaye de Royaumont de l'adaptation de son livreLes Amitiés particulières, Peyrefitte rencontre enAlain-Philippe Malagnac d'Argens de Villèle, alors âgé de douze ans et demi[12]. Leur relation dura plusieurs années[13] et celui-ci deviendra son fils adoptif puis son secrétaire particulier[10]. C'est pour financer (et renflouer) les diverses affaires entreprises par Malagnac, comme le night-club« Le Bronx »,rue Sainte-Anne à Paris, un des premiers ouvertement homosexuels, que Peyrefitte vendit aux enchères publiques de 1974 à 1977 ses collections de monnaies, de livres rares et de sculptures antiques, dont son célèbre« Musée secret » constitué de rares objets érotiques, ce qui inspira àGuy Hocquenghem ce titre dansLibération : « Peyrefitte brade ses vieux godemichés ».
Reste de la mythique collection de Roger Peyrefitte, une série de douze dessins de Bonet destinés à illustrer une édition deL'Histoire de Juliette ou les Prospérités du vice deSade (1800), comportant des commentaires autographes de ce dernier, portant sonex-libris, figurera à la vente de livres et de manuscrits organisée parSotheby's à Paris le[14].
Il est comparé àHorace de Viel-Castel, amateur d'art, collectionneur et conservateur sous le Second Empire du musée des Souverains (Louvre), vipérin mémorialiste de la Cour et de la Ville sous le Second Empire, ce qui lui valut l'éloquent surnom deFiel-Castel ; il fut un des chroniqueurs de l'homosexualité sous le Second Empire.
Atteint de lamaladie de Parkinson, il vit retiré à Paris, dans son appartement du16e arrondissement,avenue du Maréchal-Maunoury (immeubles Walter), de 1993 à sa mort en 2000[15]. La cérémonie religieuse a lieu en l'église Notre-Dame-de-Grâce de Passy[10]. Il est inhumé au cimetière d'Alet-les-Bains dans l'Aude, village où sa famille avait possédé la villa Livadia[16].
Les romans très documentés de Roger Peyrefitte sont fondés sur des faits réels, historiques ou d'actualité (par exemple la trilogie surAlexandre le Grand). Mais la plupart de ses ouvrages constituent essentiellement dessatires (commeLes Ambassades).
Certains de ces ouvrages s'adressent aux spécialistes (Chevaliers de Malte,Les Juifs) et, même si l'humour de Peyrefitte reste attrayant, certaines de ses œuvres s'avèrent parfois un peu difficiles pour le profane (Les Fils de la Lumière sur la franc-maçonnerie).
Dans la plupart de ses œuvres portant sur des sujets contemporains, il n'a eu de cesse de mettre au jour l'homosexualité ou lapédérastie de certaines personnalités qui, selon lui, se cachent, commeHenry de Montherlant (dépeint à plusieurs reprises sous le pseudonyme transparent de Lionel de Beauséant), lesecrétaire général des Nations uniesDag Hammarskjöld, ou même les papesJean XXIII (« que les familiers du Vatican appelaient Giovanna », écrit-il dansPropos secrets) etPaul VI. De plus, Roger Peyrefitte ne manquait pas d'amuser le lecteur en dénonçant diverses turpitudes des personnes qu'il mettait en scène, ce qui le rendait redoutable à fréquenter. Bien que plus rarement, il fit aussi l'éloge de nombreuses personnalités, comme son amie la chanteuseSylvie Vartan (cf.L'Enfant de cœur).

Les Amitiés particulières, son premier roman paru en1943 chezJean Vigneau, apporta d'emblée la notoriété à Peyrefitte en obtenant leprix Renaudot pour l'année1944 (du fait de la guerre, le prix ne sera décerné qu'en 1945). L'auteur fait scandale en décrivant une passion amoureuse homosexuelle entre deux garçons de quatorze et douze ans, une « amitié particulière », au sein d'un internat catholique à l'atmosphère étouffante. Si la sexualité y est évoquée avec discrétion, elle est néanmoins bien présente en filigrane derrière les sentiments exacerbés des garçons – et parfois, aussi, ceux des adultes.
On peut lire cette histoire émouvante comme l'affrontement tragique, au sein d'une communauté exclusivement masculine, de deux religions : celle duChrist et celle, païenne, du Garçon[réf. nécessaire]. Chacun des personnages principaux est peu ou prou traversé par cette lutte entre l'amour mystique et l'amour garçonnier, entre lecatholicisme officiel et un amour interdit mais secrètement triomphant. C'est ce caractère quasi mythique, joint à l'érudition de l'auteur, au classicisme du style et à une composition rigoureuse, qui a fait desAmitiés particulières un livre très remarqué.
Vingt ans après sa publication, l'œuvre a été portée à l'écran parJean Delannoy (1964), dont le film reçut un accueil triomphal à laBiennale de Venise. Sans avoir la densité et la profondeur du roman, cette adaptation est remarquablement servie par le jeuneDidier Haudepin (Alexandre),Francis Lacombrade (Georges),Michel Bouquet (le père de Trennes) etLouis Seigner (le père Lauzon).
C'est au cours du tournage en l'abbaye de Royaumont, en, que Peyrefitte rencontreAlain-Philippe Malagnac, alors âgé de douze ans et demi[12]. Leur relation dura plusieurs années et fut le sujet, entre autres, des récitsNotre amour etL'Enfant de cœur.
Les Ambassades est unroman écrit en1951 par Roger Peyrefitte, paru chezFlammarion en1951 ; il suit les aventures de Georges de Sarre enGrèce, où il arrive en 1937 comme attaché d'ambassade.
Le récit est largement inspiré de l'expérience en tant qu'attaché d'ambassade de Roger Peyrefitte à Athènes. Il s'agit aussi d'un roman à clés dont les modèles sont aisément identifiés : sous le personnage de l'ambassadeur Laurent, qui se croit descendant des Médicis, on retrouve l'ambassadeur Henry Cosme, et sous celui d'Amadis Redouté,Amédée Outrey.
André-Paul Antoine adapte le roman avec Roger Peyrefitte. La première a lieu à Paris authéâtre des Bouffes-Parisiens, le, avec une mise en scène d'André Barsacq[17].
En1955,Les Clés de saint Pierre, dans lequel Peyrefitte brocarde le papePie XII, fait scandale. Par des allusions voilées, il y prête au souverain pontife des tendances homosexuelles – par exemple dans le passage où il montre Pie XII en train de se dépouiller de ses vêtements à la manière d'une jolie femme : comme il commence par appeler le pape « Sa Sainteté », cela lui permet d'en parler ensuite en disant toujours « Elle » ; puis il termine par cette phrase, dans laquelle Pie XII retrouve legenre grammatical masculin : « Sans doute voulait-il mettre un terme à ce déshabillage qui pouvait ne plus avoir de limites ».
François Mauriac menace de quitterL'Express si l'hebdomadaire continuait à faire de la publicité pour le livre. L'affrontement entre les deux écrivains devait encore s'exacerber au moment du tournage du filmLes Amitiés particulières, ce tournage ayant fait l'objet d'un reportage à la télévision ; il s'ensuivit une féroce lettre ouverte publiée par Roger Peyrefitte en mai 1964 dans l'hebdomadaireArts ; Peyrefitte n'hésita pas à accuser Mauriac d'être un homosexuel refoulé, ce qui est une hypothèse confirmée aujourd'hui[18], et à le traiter deTartuffe.
Les Clés de saint Pierre faisaient de nombreuses révélations sur le petit monde du Vatican. DansPropos secrets, Peyrefitte livre le nom de son informateur,MgrLéon Gromier, chanoine de Saint-Pierre, consulteur à la Sacrée Congrégation des rites et protonotaire apostolique[19]. Tel que le décrit Peyrefitte, ce prélat éclairé semble avoir été un homme plutôt austère, profondément croyant et de mœurs irréprochables ; mais il était scandalisé par ce qu'il voyait, et il était de ceux qui pensent que faire éclater les scandales est le seul moyen de les faire disparaître. Il pourrait avoir servi de modèle au personnage deMgr Belloro, qui est justement Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites.
La biographie d'Alexandre III de Macédoine(La jeunesse d'Alexandre ; Les conquêtes d'Alexandre ; Alexandre le Grand) est sans aucun doute l'œuvre de sa vie. Ce livre raconte, non sans humour, la vie fabuleuse du grand conquérant, non pas à la manière de toutes les biographies historiques précédentes rédigées sur le même sujet, mais en y mêlant des connaissances sociales, géographiques, et surtout mythologiques. L'auteur avait pensé intituler initialement cette œuvreAlexandre ou le génie du Paganisme.
Au fil des pages, l'auteur a souhaité démontrer que l'amour était le fil conducteur de la vie d'Alexandre. De ce travail immense, foisonnant, Roger Peyrefitte a reçu leprix de l'Acropole.
En 1954, il participe à la fondation de l'association et revue homosexuelleArcadie, lancée parAndré Baudry qu'il soutient activement (avecAndré du Dognon,Jacques de Ricaumont, etJean Cocteau qui offre un dessin pour le premier numéro)[20],[21].
Roger Peyrefitte est également membre du comité d'honneur de l'association homosexuelle universitaire GAGE (« Groupement acryen des grandes écoles »). Il en est exclu après des propos jugés antisémites, lors d'un débat public en 1990 ; l'écrivainRenaud Camus, solidaire de Peyrefitte, démissionne[20].
Au contraire d'Henry de Montherlant dont il fut longtemps un ami et un confident[22], il conçoit sa carrière littéraire comme un engagement littéraire et assidu en faveur de lapédérastie, terme que, comme Gide[8], il revendique : « Homophilie, mot épouvantable, qui pue la pharmacie ; je n’aime pas plus celui de pédophile, et je lui préfère le mot plus franc de pédéraste, qui ne l’est pas moins » (Propos secrets), qui correspond à « une autre forme de l'amour des enfants »[23]. Il précise ainsi :« J'aime les agneaux, pas les moutons »[24].
Il n'en reste pas moins considéré comme l'un des premiers militants de la cause homosexuelle avec la création de la revueArcadie en novembre 1953[25].
En janvier 1975 il participe aux côtés deJean-Louis Bory et d'Yves Navarre à l'émissionLes Dossiers de l'écran consacrée à l'homosexualité[25].
Ce long combat pour ce qu'il qualifie de « liberté amoureuse » ne l'empêche d'ailleurs pas de manifester en diverses occasions de la sympathie pour la tradition catholique. Il meurt à 93 ans « muni des sacrements de l'Église ».
André Gide fait un accueil laudatif auxAmitiés particulières, dont il déclare : « Je ne sais pas si vous aurez demain leprix Goncourt, mais je puis vous dire que, dans cent ans, on lira encore lesAmitiés particulières ». Peyrefitte connaît dans l'après-guerre une notoriété littéraire aux arrière-goûts de scandale[26].
Cependant, ses commérages, impliquant nombre de ses contemporains et insinuant l'homosexualité de plusieurs d'entre eux, ne lui attirent pas que des sympathies. PourPhilippe Lançon, il y avait chez Peyrefitte « un goût hâbleur, pervers, non dépourvu de vulgarité, pour la provocation publicitaire ». Pris à partie par Peyrefitte,François Mauriac le qualifie d'« assassin de lettres voué à l'oubli », etPierre Brisson, directeur duFigaro exaspéré par ces dénonciations, commente alors en reprenant la phrase de Saint-Simon « il est arrivé à un tel point d'abjection qu'on avait honte de l'insulter »[26].
Bertrand Poirot-Delpech, qui deviendraacadémicien, écrit dansLe Monde du :« Dénoncer les hypocrisies relève, pour les minorités sexuelles, de la légitime défense. Du moins est-ce de bonne guerre, après ce qu'elles ont subi et qu'elles subissent encore ».
PourLe Dictionnaire, littérature française contemporaine,Jérôme Garcin, avait demandé, en 1988, à 250 écrivains français de rédiger leur propre autobiographie nécrologique. Roger Peyrefitte était de ceux-là, son texte se termine de la façon suivante :
« L’œuvre de Roger Peyrefitte, aussi variée et aussi hardie, écrite dans une langue dont la qualité est universellement appréciée, touche un vaste public, non moins varié, qui est à la fois celui d’une certaine élite et celui des esprits libres. Bien qu’il soit classé à droite, une enquête du Figaro Magazine en mars 1983 a signalé qu’il est…plus lu chez les communistes qu’Hervé Bazin, prix Lénine. Autre témoignage bien différent dans le même journal : Jean Ferré, en avril 1988, relate ce que disait de lui lecardinal Tisserant, doyen du Sacré Collège, membre de l’Académie française :…Peyrefitte frappe fort, mais rarement à côté. Vous verrez qu’un jour ses écrits apporteront des lumières pour ceux qui voudront comprendre notre temps »[27].
Ses œuvres ont été publiées dans de nombreuses langues, en particulier l'italien, l'anglais, et le grec (à la fin desannées 1970, sous la forme de feuilleton dans un journal à grand tirage d'Athènes,Ta Néa, sous le nom de« Rozé Perfit »).
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