Roelandt Savery nait dans la ville flamande de Courtrai, fils de Maerten Jaquesz Sayery († 1601) et de Catelijne van der Beecke († 1586). Comme tant d'autres artistes, il appartient à une familleanabaptiste qui fuit lors de laguerre de Quatre-Vingts Ans vers le nord desPays-Bas méridionaux occupés par lamonarchie catholique espagnole lorsque Roelant a environ 4 ans et s'installe àHaarlem vers 1585[1].
Son frère aînéJacob Savery (1565-1603), qui est aussi le maître deJoos Goemare, jeune Courtraisien qui épouse Marie, la sœur de Roelandt et de Jacob, etHans Bol lui apprennent la peinture[1].
Après sa scolarité, il se rend àPrague vers 1604, où il devientpeintre de cour des empereurs duSaint-Empire romain germanique qui ont fait de leur cour un centre d'art maniériste[2]. Au service d'abord deRodolphe II, il étudie saménagerie d'animaux exotiques; à la cour, il est en compagnie d'Anselme Boece de Boodt (1550-1632). Il peint des pélicans, des autruches, des chameaux, et même ledodo, animal éteint. Il est le premierpeintre flamand à peindre des animaux isolés. Entre 1606 et 1608, il se rend auTyrol pour étudier les plantes. Gillis d'Hondecoeter devient son élève. À la mort de Rodolphe II, il se met au service de l'empereurMatthiasIer (1557-1619) en qualité de « peintre de chambre » et le suit àVienne,Salzbourg,Munich etBrixen[3].
Avant 1616, Roelandt Savery retourne àAmsterdam et vit dans laSint Antoniesbreestraat. En 1618, il est à Haarlem et en 1619 àUtrecht, où il rejoint laguilde de Saint-Luc un an plus tard. Son neveuJan devient son assistant le plus important. Il connait un succès considérable, même si son style est alors quelque peu daté[4]. En 1626, il peint un tableau commandé par la ville, avec « toutes les bêtes de l'air et de la terre » en cadeau pourAmalia van Solms, princesse d'Orange ; il reçoit pour cela le paiement de 700 florins[5].
Il passe à Utrecht les vingt dernières années de sa vie[2].
En 1621, il achète une grande maison dans la Boterstraat. La maison a un grand jardin avec des fleurs et des plantes, où un certain nombre de collègues peintres, commeAdam Willaerts, sont des visiteurs fréquents. Il a gardé sa maison à Amsterdam, et fait baptiser un enfant à laNieuwe Kerk d'Amsterdam[6].
Nature morte, le plus grand tableau qu'il ait jamais réalisé, avec quarante-quatre espèces différentes d'animaux et soixante-trois espèces de fleurs, 130 × 80 cm, 1624.
Roelandt Savery a principalement peint des paysages dans la tradition flamande deGillis van Coninxloo, souvent agrémentés de nombreux animaux et plantes méticuleusement peints, avec un thèmemythologique oubiblique, parfois en arrière-plan, comme les représentations duparadis,Noé et les animaux de l'arche ouOrphée charmant les animaux. Il a également peint plusieurs natures mortes de fleurs, des bouquets dans desniches en pierre, parfois avec deslézards commeFleurs aux deux lézards (Centraal Museum, Utrecht), des insectes ou des pétales tombés, qui sont considérés comme son meilleur travail[8].
Bien que tant sur le plan thématique que dans la technique picturale assez fine et la coloration, il se rapproche clairement de Jan Brueghel l'Ancien, qui n'est que de huit ans son aîné, il reste influencé toute sa vie par le goût maniériste tardif de Rodolphe II et de la cour de Prague. Cela se traduit, entre autres, par une préférence pour les formes décoratives tordues et un certain penchant pour l'excentrique, l'étrange[9] ou le « décalé »[10]. En conséquence, il ne peint pas non plus des paysages tout à fait réalistes, mais fantastiques[9] avec des effets de lumière et d'ombre remarquables et recherchés, parfois spectaculaires. L'insertion d'une sorte deruine de temple peut être considérée comme presque caractéristique. Avec ses animaux, il n'atteint pas toujours le réalisme de Jan Brueghel, mais ses représentations d'oiseaux sont très bonnes.
Avec ses peintures de fleurs, Roelandt Savery est l'un des meilleurs premiers représentants de ce type de nature morte en tant que genre artistique indépendant. Formellement et stylistiquement, elles se situent entre Jan Brueghel, que Savery rejoint dans la délicatesse et la poésie du dessin pictural sans tout à fait l'atteindre, et Ambrosius Bosschaert, avec qui il partage le choix de présenter parfois ses bouquets dans une niche. Les bouquets de fleurs de Savery montrent également une légère tendance vers un style un peu maniéré, un peu « décalé ». Dans l'une de ses pièces florales, leBouquet du Liechtenstein de 1612 (musée Liechtenstein, Vienne)[11], il représente une branche d'une rose double jaune à trois fleurs, ou un bourgeon, un détail apparemment étrange puisque les prétendues roses anciennes n'existaient de son temps que dans une gamme de couleurs entre le blanc, le rose et le pourpre[12] ; la rose jaune représentée par Savery est probablement l'une des premières représentations de laRosa hemisphaerica, dite aussi « rose soufrée », qui ne fut connue en Europe qu'en 1601 parCharles de L'Écluse, soit d'une extrême rareté à l'époque[13],[14].
Son style de peinture unique, lié au maniérisme alors dominant, a été très apprécié des collectionneurs et se retrouve dans de nombreux musées en Europe et en Amérique du Nord. Ses dessins préparatoires sont également très appréciés.
Parmi ses œuvres les plus connues figurent plusieurs représentations dudodo aujourd'hui disparu, peintes entre 1611 et 1628[15]. Son neveu Hans alias Jan Savery est également connu pour ses peintures du dodo (dont une célèbre illustration de 1651 actuellement conservée aumusée d'histoire naturelle de l'université d'Oxford), qu'il a probablement copiée de l'œuvre de son oncle.
Il est l'illustrateur le plus prolifique et le plus influent du dodo, ayant réalisé au moins dix représentations, le montrant souvent dans les coins inférieurs. Une de ses peintures célèbres de 1626, maintenant surnomméeDodo d'Edwards car elle appartenait autrefois à l'ornithologueGeorge Edwards, qui l'a ensuite donnée auBritish Museum, est depuis devenue l'image standard d'un dodo (musée d'histoire naturelle de Londres)[16].
Paysage paradisiaque (vers 1625-1630), peinture à l'huile sur panneau, 68 × 103,5 cm, Maastricht,Bonnefantenmuseum (prêt à long terme Instituut collectie Nederland)[21] ;
Paysan debout vu de dos, « Sur le vif » v. 1605-1610, Rotterdam.
Le corpus d'une vingtaine de dessinsnaer't leven (« Sur le vif ») v. 1605-1610, forme un groupe de huit dessins, précédemment attribué àPierre Bruegel l'Ancien[25].
Museum Boijmans Van Beuningen
Paysan debout vu de dos (19,3 × 12,4 cm)
Paysan vu demi-face (19,4 × 14 cm)
Deux Paysans debout (17,6 × 12,9 cm)
Deux Mendiants et une Coiffure de Femme (15,5 × 20,7 cm)
Trois Paysans (15,3 × 20 cm)
Beaux-Arts de Paris
Moulin au bord de la Vltava près de Prague, pinceau, aquarelle (0,230 x 0,357 m), inv. n°Mas. 582[26],[27].
Voyageur devant une maison, pierre noire grasse et léger lavis de sanguine sur trace de pointe sèche (0,177 x 0,141 m), inv. n°Mas. 2187[28],[29].
↑a etbArthur K. Wheelock Jr.:Savery, Roelandt, Artikel in:National Gallery of Art Online Editions, National Gallery of Art, Washington, 24. April 2014 (als PDF; englisch; Abruf am 3. Februar 2022).
↑a etbMichel Kervyn de Meerendré,Dictionnaire des peintres belges duXIVe siècle, Renaissance du Livre, 1994.
↑ab etc« Roelant Savery », surRKD – Nederlands Instituut voor Kunstgeschiedenis,(consulté le)
↑Arthur K. Wheelock Jr.:Savery, Roelandt, Artikel in:National Gallery of Art Online Editions, National Gallery of Art, Washington, 24. April 2014 (als PDF; englisch; consulté le 3 février 2022).
↑Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles,Dürer et son temps. Dessins allemands de l'École des Beaux-Arts, Beaux-arts de Paris les éditions, 2012,p. 498-504, Cat. 89.
↑Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles,Dürer et son temps. Dessins allemands de l'École des Beaux-Arts, Beaux-arts de Paris les éditions, 2012,p. 498-504, Cat. 90.
Savery, Roelant, dansLexikon der Kunst, Bd. 10, Karl Müller Verlag, Erlangen, 1994, p. 276.
Klaus Ertz et al.,Das flämische Stillleben 1550-1680 (Sinn und Sinnlichkeit) (catalogue de l'exposition à la Villa Hügel, Essen, et au Kunsthistorischen Museum, Vienne, 2002), Kulturstiftung Ruhr Essen / Luca Verlag, Lingen, 2002, p. 84 f, p. 280, p. 300 f
Erasmus Kurt,Roelant Savery. Sein Leben und seine Werke. Dissertation, Universität Halle, 1908.
356Roelant Savery, dansMeyers Konversations-Lexikon, 4. Auflage. Band Band 14, Verlag des Bibliographischen Instituts, Leipzig/Wien 1885–1892, p. 0356.
Kurt J. Müllenmeister,Roelant Savery. Kortrijk 1576 – 1639 Utrecht, Hofmaler Rudolf II, Prague, Luca-Verlag, Freren 1988,(ISBN3-923641-10-9).
Arthur K. Wheelock Jr.,Savery, Roelandt, article dansNational Gallery of Art Online Editions.