Rodolphe est né le, vraisemblablement au château de Limbourg (pays de Bade). Il est le fils aîné et l'unique héritier d'Albert IV le Sage (1188 – 1239), comte de Habsbourg, et d'Edwige de Kybourg (morte en1260). Contrairement à la branche cadette desHabsbourg-Laufenbourg, qui a pris parti pour lesguelfes, son père a choisi de rester fidèle auxHohenstaufen dans leur lutte contre le pape. L'empereurFrédéric II est d'ailleurs le parrain de Rodolphe et il récompense la loyauté desHabsbourg par plusieurs dons de territoires. Ayant succédé en1239 à son père, mort lors de lacroisade des barons, il réussit à étendre peu à peu ses possessions en Alsace et dans le nord de la Suisse à la suite de divers conflits de succession dont il sort victorieux par les armes. Il épouseGertrude de Hohenberg qui devient, après le couronnement, la reine Anna de Habsbourg, morte à Vienne, mais dont le monument funéraire se trouve à lacathédrale de Bâle[1].
En 1273, Rodolphe de Habsbourg est ainsi devenu un prince influent du sud de l'Allemagne, mais il est loin d'être le plus puissant dans l'Empire. C'est pour cette raison que lesprinces-électeurs l'élisent commeroi de Germanie (ouroi des Romains), écartant ainsi le roi de Bohême,Ottokar II, lui aussi candidat. En effet, outre les qualités militaires de Rodolphe, les électeurs sont soucieux de ne pas porter au pouvoir un prince trop puissant afin de préserver leurs propres prérogatives et d'éviter tout risque de transmission héréditaire de la couronne. Cette élection, le[2], met aussi un terme auGrand Interrègne, c'est-à-dire à la vacance du trône impérial qui dure depuis 1250 en raison de larivalité avec le pape.
Selon la procédure qui est alors en vigueur, les princes-électeurs n'élisent pas directement l'Empereur, mais le « Roi des Romains ». Celui-ci doit alors entreprendre le voyage à Rome (leRömerzug) afin de se faire officiellement couronner par le pape.
Rodolphe, roi pragmatique et ambitieux, préfère renoncer à cette expédition jamais dénuée de risques. Âgé de 55 ans, il craint que le temps lui soit compté, il ne souhaite pas non plus apparaître comme un vassal du pape et son absence peut fragiliser son pouvoir dans une Allemagne qui sort d'une période trouble. En droit, il n'a donc pas été empereur même si, dans les faits, tout le monde le considère comme tel.
Dès son accession au pouvoir, Rodolphe entend remettre de l'ordre dans l'Empire, d'abord en mettant fin aux guerres privées, mais aussi et surtout en récupérant des territoires qui sont indûment occupés par certains princes, en commençant par leduché d'Autriche. Celui-ci a longtemps été détenu par la famille desBabenberg, mais cette lignée de ducs s'est éteinte en1246, avec la mort sans héritier mâle du ducFrédéric II d'Autriche. Cependant, leroi de BohêmeOttokar II, qui a épouséMarguerite d'Autriche la sœur ainée du duc défunt, a profité de la vacance du pouvoir durant leGrand Interrègne pour s'emparer du duché d'Autriche après avoir vaincu son rival, leroi de HongrieBéla IV lors de labataille de Kressenbrunn en juillet 1260. Or, le droit féodal prescrit le retour à l'empereur des fiefs tombés endéshérence. Craignant sans doute l'arrivée au pouvoir de l'ambitieux Rodolphe de Habsbourg, Ottokar a aussi été le seul des sept princes-électeurs à ne pas voter pour lui. Il ne s'est pas rendu non plus à la cérémonie du couronnement.
Rodolphe ne tarde pas à convoquer Ottokar devant laDiète d'Empire afin qu'il lui prête l'hommage pour ses fiefs deBohême et deMoravie et qu'il restitue le duché d'Autriche. Comme le roi de Bohême ne répond pas à cette convocation, il estmis au ban de l'Empire et Rodolphe met sur pied une coalition contre lui. En Autriche même, une partie de la noblesse et des villes se soulève contre Ottokar, qui est contraint de négocier la paix : il ne conserve que ses possessions de Bohême et de Moravie. Ayant reconstitué des forces, il reprend les hostilités quelques années plus tard, mais il est finalement vaincu et tué à labataille de Marchfeld, le[3].
Rodolphe prend ainsi possession des duchés d'Autriche, de Styrie et de Carinthie qu'il inféode à son fils aîné et successeurAlbert et de laCarniole qu'il confie àMeinhard de Goritz dont la filleÉlisabeth de Tyrol épouse son fils Albert.