En 1968, Bobby Kennedy se lance dans la course à laMaison-Blanche. Figure clivante mais considéré comme l'un des favoris des primaires démocrates, il est assassiné à l'issue du scrutin en Californie.Sirhan Sirhan est reconnu coupable mais des incohérences dans l'enquête rendent la version officielle de sa mort, commecelle de son frère, sujette à caution[b][1].
Maison natale de Robert Francis Kennedy àBrookline dans leMassachusetts.Joseph Kennedy rendant visite à ses fils (Robert, le troisième en partant de la gauche) àBoston en 1939.
À 17 ans, Bobby Kennedy s’enrôle dans l’United States Navy, où il sert plusieurs années. Il intègre les universités deBates College et deHarvard entre 1946 et 1948, d'où il sort diplômé en sciences-politiques puis de 1948 à 1951 la faculté de droit de l'université de Virginie, où il passe un diplôme d'avocat.
Au début desannées 1950, Robert Kennedy travaille comme conseiller juridique pour différentes commissions d'enquête duSénat des États-Unis, àWashington, notamment pour le sénateurrépublicainJoseph McCarthy et pour la commission anti-mafia, sous la direction du sénateur démocrateJohn Little McClellan, où il affronte celui qui deviendra son plus implacable ennemi,Jimmy Hoffa, président du syndicat des camionneurs.
Lorsque son frèreJohn Kennedy mène campagne pour devenir sénateur duMassachusetts, Robert Kennedy l’épaule et le conseille. Alors que John Fitzgerald ne vit que pour la politique et est réaliste, Bobby se montre plus idéaliste, faisant sienne la phrase deGeorge Bernard Shaw« Vous voyez le monde tel qu'il est et vous vous dites : « Pourquoi ? », moi je rêve d'un autre monde et je me dis : « Pourquoi pas ? » »[2].
À 35 ans, Bobby Kennedy passe au premier plan lorsque son frère John,élu en novembre 1960président des États-Unis, prend ses fonctions en et le nommeprocureur général des États-Unis (ministre de la Justice). Il mène alors une grande lutte contre le crime organisé et la pègre[3], notamment contreJimmy Hoffa,Sam Giancana,Santo Trafficante Junior etCarlos Marcello. Il indique que« dans certaines villes des États-Unis, les forces locales du maintien de l'ordre sont entièrement aux mains des gangsters. […] Les gangsters se sont emparés du contrôle complet de certaines industries pour s'y tailler un monopole »[4].
Après l’échec de l'invasion de la baie des cochons en 1961, qui visait à renverser le gouvernement cubain, il supervise de nouvelles opérations clandestines contreCuba. Miami devient l’épicentre de la plus grande opération paramilitaire (nom de code JM/WAVE) jamais montée sur le sol américain. L'opération fut démantelée après lacrise des missiles de Cuba, à l'issue de laquelle Washington prit l'engagement de ne plus attaquer Cuba en échange du retrait des missiles soviétiques déployés sur l'ile[5]. Il joua un rôle essentiel dans la résolution pacifique de cette crise, étant chargé par son frère d'établir un contact secret avec l'ambassadeur soviétiqueAnatoli Dobrynine[6] par l'intermédiaire d'un journaliste et du« résident » local duKGB ; il élabore avec l'ambassadeur le compromis permettant à l'URSS de retirer ses missiles de Cuba sans perdre la face.
Bobby (c'est son surnom) est le plus proche conseiller de son frère. C’est également lui qui presse son frère de s’engager activement en faveur desdroits civiques durant l’été 1963, peu avant que ce dernier ne soit assassiné.
Après l’assassinat de John Kennedy, le, Bobby remet sa démission le au nouveau présidentLyndon B. Johnson, avec lequel il ne s’entend pas. Il passe alors par une longue période de doute et de remise en question.
Profondément changé par la mort de son frère, il glisse sur la gauche du spectre politique et s’engage fermement du côté despauvres, des laissés-pour-compte et contre lapeine de mort. Son action le conduit aux quatre coins des États-Unis, mais aussi dans les pays dutiers monde.
En 1964, il décide de briguer le poste de sénateur de l’État de New York, auquel il est élu.
Neuf mois après l'assassinat du président John Kennedy, Robert Kennedy quitte le cabinet présidentiel pour poser sa candidature à un siège auSénat américain, représentant l'État de New York. Son adversaire dans la course des élections sénatoriales de 1964 était le titulaire républicainKenneth Keating(en). Kennedy gagne le scrutin, en partie grâce à l'aide du président Johnson. En 1965, Robert Kennedy est devenu la première personne à atteindre le sommet dumont Kennedy(en). À l'époque, c'était la montagne la plus haute auCanada qui n'avait pas encore été escaladée ; elle a été nommée en l'honneur de son frère John Kennedy après son assassinat.
En, Kennedy visite l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid, accompagné par sa femme,Ethel Kennedy. À l'université du Cap, il prononce un discours dont une partie apparaît sur son mémorial aucimetière national d'Arlington (« Chaque fois qu’un homme se dresse pour défendre un idéal, améliorer le sort de ses semblables, redresser une injustice, naît une minuscule vaguelette d’espoir… »).
Le présidentLyndon B. Johnson, affaibli par laguerre du Viêt Nam, annonce en qu’il ne se représentera pas. Robert Kennedy décide de se présenter aux primaires duParti démocrate afin de devenir le candidat à la présidence des États-Unis. Bobby Kennedy est donc en course face au vice-président démocrate sortantHubert Humphrey, mais aussi face àEugene McCarthy etGeorge McGovern. Il fait partie des candidats qui dénoncent publiquement la guerre du Viêt Nam et soutiennent la lutte en faveur des droits civiques, la justice sociale et l’égalité. Le jour de l’assassinat deMartin Luther King, le, il est ainsi dans un ghetto noir, où il fait un discours qui apaise les ardeurs et n’est probablement pas étranger à l’absence d’émeutes.
Kennedy s'adressant à ses partisans dans la salle de bal Embassy de l'hôtel Ambassador après sa victoire aux primaires démocrates de Californie, quelques minutes avant son assassinat.
Robert Francis Kennedy remporte lesélections primaires deCalifornie, ce qui le ramène en meilleure position dans la course à la nomination par son parti après son échec dans l'Oregon[7].
Le soir même de cette victoire, le, il est la cible de plusieurs coups de revolver de la part d'unJordanien,Sirhan Sirhan, aux motivations incertaines. Il meurt le lendemain à l’hôpital. Bobby venait de terminer son discours et quittait la salle de réception par les cuisines de l'hôtel Ambassador lorsque Sirhan est arrivé et a tiré plusieurs balles en direction du sénateur Kennedy : l’une l’a blessé à l’épaule, une autre à la tête et toutes les autres ont soit blessé des gens dans la foule, soit se sont logées dans les murs et les encadrements de portes.
Sonassassinat, tout commecelui de son frère, reste sujet de controverses. Selon tous les témoins présents, lorsque Sirhan Sirhan ouvrit le feu sur Robert Kennedy, il était positionné de face et à une distance estimée de 1,00 mètre + - 1.50mètre. Or, lemédecin légiste a déterminé que la balle mortelle a été tirée dans lanuque de Kennedy, derrière l'oreille droite et à bout portant[8]. Le témoin Donald Schumman, employé d'une chaîne de télévision locale, a affirmé avoir vu Thane Eugène Cesar, un des gardes du corps privés de Robert Kennedy, d'origine cubaine et militant d'extrême droite, faire usage de son arme dans sa direction[8].
Un million d'Américains se rassemble au bord de la voie ferrée sur le passage de la dépouille de Robert Kennedy, transportée deNew York àWashington D.C. en train. Il est enterré aucimetière national d'Arlington, proche de son frère.
Son frèreTed Kennedy, devenu par la force des choses patriarche de la famille après les morts successives de ses trois frères aînés et l'invalidité de son père, prononça un éloge funèbre considéré comme très émouvant :
« Mon frère n'a pas besoin d'être idéalisé, ou grandi dans la mort au-delà de ce qu'il était dans la vie, il doit être reconnu simplement comme un homme aussi bon et honnête, qui a vu le mal et essayait de l'enrayer, a vu la souffrance et a essayé de la guérir, a vu la guerre et a essayé de l'arrêter. Ceux d'entre nous qui l’aimions et qui l’accompagnons aujourd'hui, prions pour que ce qu'il représentait pour nous et ce qu'il souhaitait pour les autres se réalise pour tout le monde. Comme il a dit de nombreuses fois, en plein d'endroits de ce pays, à ceux qu'il a abordés et à ceux qui ont cherché à l’aborder : “Certains hommes voient les choses telles qu'elles sont et disent, pourquoi ; je rêve de choses qui n'ont jamais été et dis, pourquoi pas”[9]. »
Kathleen Kennedy Townsend, née le, aînée des petits-enfants de Joe et Rose Kennedy, mariée depuis le à David Lee Townsend (né le), avec qui elle a quatre filles :
Mary Courtney Kennedy, née le, mariée le à Jeffrey Robert Ruhe, divorcés en 1990. Elle épouse en secondes noces Paul Michael Hill (né le), l'un des« Quatre de Guildford » emprisonnés à tort pendant15 ans pour un attentat de l'IRA qu'ils n'avaient pas commis. Ils ont une fille :
Saoirse Roisin (née le àWashington D.C. - morte le) Le couple est légalement séparé ;
Michael LeMoyne Kennedy, né le et mort le à la suite d'un accident de ski. Il épouse le Victoria Denise Gifford (née le) avec qui il a trois enfants :
Le concierge, qui nota beaucoup d'allées et venues de Bobby chezJacqueline Kennedy-Onassis, donna lieu à un débat historiographique sur une possible liaison entre ces deux personnes[11].
Le 6 décembre 1971 a été inauguré le mémorial Robert F. Kennedy dans le cimetière national d'Arlington, à quelques mètres de celui de son frèreJohn F. Kennedy. Le mémorial se compose d'unmiroir d'eau et de plusieurs discours de RFK gravés sur dugranit. Il est positionné face à sa tombe, tous deux ayant été conçus parIeoh Ming Pei.
En 1968, à la suite de sonassassinat, sa veuveEthel Kennedy a fondé l’organisationRobert F. Kennedy Human Rights(en) afin de poursuivre son combat pour la justice sociale, les droits humains et l'équité. Cette organisation œuvre à défendre les droits fondamentaux à travers le monde en soutenant les défenseurs desdroits humains et en promouvant des réformes juridiques et sociales. Depuis 1984, elle remet chaque année leprix Robert F. Kennedy des droits de l’homme, qui honore des individus ou des groupes ayant fait preuve d’un courage exceptionnel dans la défense des droits humains, souvent au péril de leur propre sécurité.
Le 2 novembre 1972, unbuste(en) en bronze fut inauguré devant le bâtiment de la Cour suprême de l'État de New York, dans le Columbus Park àBrooklyn. Il a été réalisé par Anneta Duveen. Sur le socle en granit sont inscrites quatre citations de Kennedy.
En 2010, est inaugurée àLos Angeles, laRobert F. Kennedy Community Schools(en) sur le site de l’ancienAmbassador Hotel, lieu de son assassinat. Cette école est l’une des plus chères jamais construites auxÉtats-Unis. À l’intérieur, de nombreux hommages lui sont dédiés : des fresques murales, des citations et une bibliothèque portant son nom.
The Enemy Within : The McClellan Committee's Crusade Against Jimmy Hoffa and Corrupt Labor Unions, en collaboration avec le journalisteJohn Seigenthaler, 1960
↑« My brother need not be idealized, or enlarged in death beyond what he was in life; to be remembered simply as a good and decent man, who saw wrong and tried to right it, saw suffering and tried to heal it, saw war and tried to stop it. Those of us who loved him and who take him to his rest today, pray that what he was to us and what he wished for others will some day come to pass for all the world. As he said many times, in many parts of this nation, to those he touched and who sought to touch him: 'Some men see things as they are and say why. I dream things that never were and say why not. ». (en) « American Rhetoric: Edward M. Kennedy - Eulogy for Robert F. Kennedy », suramericanrhetoric.com(consulté le)
2007 :Bobby d'Emilio Estevez retrace la dernière journée de la vie de Robert Kennedy, telle que l'ont vécue 22 témoins de son assassinat à l'hôtel Ambassador.