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Issu d'une famille bourgeoise comportant des juristes (notaires, avocats) et des médecins, Robert Bresson naît un peu par hasard àBromont-Lamothe, où les Clausels, parents de sa mère, possédent une maison de campagne. Mais ses origines se situent en fait auVernet-la-Varenne, àPont-du-Château et àRiom, résidence familiale où le grand-père Clausels était avocat à lacour d'appel[5].
Robert Bresson veut d'abord être peintre[3]. Il réalise un premier court métrage en 1934,Affaires publiques, redécouvert dans les années 1980[3].
En 1966, Pierre Bresson est un fervent chrétien. C'est à ce titre qu'il signe la lettre-manifeste adressée par l'écrivaineCristina Campo au papePaul VI. Ce manifeste demande au Saint Père de conserver le latin et le grégorien, au moins, dans les couvents et les monastères, à la suite des réformes liturgiques entourant leConcile Vatican II, et ce aux côtés deJorge Luis Borges,François Mauriac ou encoreJulien Green[6]. DansPickpocket, on entend d'ailleurs une partie duDies iræ de la liturgie des défunts.
Déçu dans ses deux premiers longs métrages par le jeu des actrices commeMaria Casarès, il décide de ne plus faire appel qu'à des acteurs non professionnels qu'il nomme ses « modèles »[N 2]. En 1951 sortJournal d'un curé de campagne adapté du roman deGeorges Bernanos. Cette adaptation permet à Bresson d'affiner son style : il montre la vie, ou plutôt le chemin de croix, du jeune curé d'Ambricourt, juste sorti du séminaire, atteint d'un cancer de l'estomac dans une paroisse qui lui est hostile. Le film se compose de petites scènes de la vie quotidienne (Bresson filme un tonneau, du pain…) reliées entre elles par les mots (écrits ou en voix off) du curé sur son journal, modeste cahier d'écolier, qui ouvre le film. On retrouve ce principe, par la suite dansPickpocket ou dansUn condamné à mort s'est échappé.
En 1956, Bresson présente à CannesUn condamné à mort s'est échappé ouLe vent souffle où il veut, tiré du récit d'André Devigny, et remporte le prix de la mise en scène. Le récit de l'évasion de Fontaine, résistant à Lyon interné à laprison Montluc, est raconté en détail à travers ses moindres gestes[8]. La précision chirurgicale de la préparation de l'évasion et l'insistance sur les gestes en font un film à part. Lagrande messe en ut mineur de Mozart souligne la répétition de la vie quotidienne. Pourtant, Fontaine n'est pas décrit comme un saint, il est prêt à tuer Jost son camarade de cellule et un gardien allemand. De plus, son parcours n'est pas uniquement une évasion sinueuse de nuit dans une prison mais également un itinéraire spirituel pour atteindre la liberté : un pasteur et un prêtre sont également enfermés et soutiennent Fontaine. Le sous-titre, tiré de l'entretien entre Jésus et Nicodème, vient d'un passage de l'Évangile selon Jean (chap. 3). C'est un grand succès public et critique[réf. nécessaire].
DansPickpocket, réalisé en 1959, il montre le « drôle de chemin » de Michel, pickpocket persuadé que certains hommes devraient avoir le droit de se mettre au-dessus des lois. La musique deLully accompagne le film. Le texte en pré-générique annonce :« Ce film n'est pas du style policier. L'auteur s'efforce d'exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d'un jeune homme poussé par sa faiblesse dans une aventure devol à la tire pour laquelle il n'était pas fait. Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. »
En 1962, il réaliseProcès de Jeanne d'Arc, inspiré du procès de révision deJeanne d'Arc. Bresson se documente durant des mois avant l'écriture du scénario, il cherche à dresser un portrait authentique et réaliste du procès ; il fait dire à sa comédienne les véritables réponses que Jeanne donna lors de son procès. Le film obtient leprix spécial du jury la même année àCannes[9].
En 1963, il est appelé par le producteurDino De Laurentiis pour réaliser un projet qui lui tient à cœur,La Genèse. De Laurentiis veut une superproduction biblique dont les épisodes seraient réalisés par de prestigieux réalisateurs. Bresson a déjà écrit un scénario sur ce thème en 1952. Mais pour l'arche de Noé, malgré tous les animaux apportés pour le tournage, le cinéaste ne veut filmer que leursempreintes. Selon le témoignage deBernardo Bertolucci, les multiples divergences artistiques, notamment sur lacouleur de peau d'Ève, font que De Laurentiis renvoie rapidement Bresson. Cette grande fresque sera réduite finalement àLa Bible deJohn Huston[10]. À plusieurs reprises, Bresson a voulu adapter la Genèse, sans trouver les fonds nécessaires à cette entreprise[11]. Un statut de pré-production paraît en 1985, mais ne se concrétise pas[12].
En 1966, il signe avecAu hasard Balthazar son film dramatiquement le plus complexe.Jean-Luc Godard, dans un entretien réalisé peu après la sortie du film, qualifie celui-ci de « film-monde »,car il réunit en son sein toutes les facettes de la vie[N 3].[réf. nécessaire] À travers la vie et la mort de l'âne Balthazar, Bresson tisse une métaphore de la présence du Mal dans le monde. Le titreAu hasard Balthazar est une référence à la devise descomtes de Baux, qui se disaient descendants du roi mageBalthazar.
En 1969, Bresson tourne son premier film en couleurs,Une femme douce, dont la photo est assurée parGhislain Cloquet, qui avait réalisé lesnoir et blanc deMouchette et d'Au hasard Balthazar. Le film s'ouvre sur le suicide d'une jeune femme dont le châle vole au-dessus de la rue. Son mari se remémore leur rencontre et leur vie de couple. L'adaptation de cette nouvelle deDostoïevski est l'occasion pour Bresson de décrire la vie de la petite bourgeoisie parisienne et de dénoncer le cinéma (qu'il oppose à son art, le cinématographe) lorsque le jeune couple voit dans une salle obscureBenjamin ou les Mémoires d'un puceau deMichel Deville, ou encore lors d'une représentation deHamlet deShakespeare.Dominique Sanda interprète son premier rôle dans ce film. Elle est, avecMarika Green, une des rares interprètes de Bresson à avoir ensuite fait carrière à l'écran.
En 1971, il adapte pour la deuxième fois une nouvelle de Dostoïevski avecQuatre Nuits d'un rêveur.
En 1974,Lancelot du Lac, film au budget assez important, présente le retour duchevalier à la cour du roi Arthur après l'échec de la quête duGraal. Le futur producteurHumbert Balsan joue le rôle de Gauvain. Bresson filme en essayant d'éviter la fausse reconstitution historique. Il montre la vie comme s'il filmait celle d'aujourd'hui et sans magnifier les décors et les costumes.
En 1975, il publie sesNotes sur le cinématographe, un recueil dans lequel il défend sa vision du « cinématographe » qu'il distingue du cinéma. Il considère que le cinéma est du théâtre filmé tandis que le cinématographe invente une écriture nouvelle « avec des images en mouvement et des sons » mis en relation par lemontage[N 5]. Bresson voulait aussi évoquer plusieurs aspects de l'industrie en opposant cinéma[13] et cinématographe.
Son dernier film,L'Argent, est une adaptation d'une nouvelle deTolstoï,Le Faux Coupon. Parce qu'un riche fils de famille donne un faux billet de500 francs à un photographe, un employé entre dans l'engrenage de la prison, du vol, de la déchéance et du meurtre. Sifflé à Cannes, ce film obtient pourtant legrand prix du cinéma de création, en 1983,ex æquo avecNostalghia d'Andreï Tarkovski.
En 1995, l'ensemble de son œuvre cinématographique reçoit leprix René-Clair.
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L'œuvre de Robert Bresson témoigne d'une quête exigeante et inspirée afin de mobiliser les plus puissantes ressources du cinéma débarrassé des influences des autres arts, et d'abord du théâtre[14].
D'après Alan Pavelin, son œuvre a essentiellement trois sources d'inspirations, soncatholicisme d'inspirationjanséniste, sa carrière de peintre et son expérience de prisonnier de guerre[3]. Pour Pavelin, le jansénisme de Bresson se traduit dans ses films par l'absence de « psychologie » de ses personnages. Comme les personnages sont guidés par le destin, il n'y a pas à expliciter les raisons ou les motifs de leur action[3].
AprèsJournal d'un curé de campagne, Bresson travaille en priorité avec des acteurs non professionnels, qu'il appelle des « modèles »[3]. Le modèle ne doit jamais avoir fait ni théâtre ni cinéma afin de donner au réalisateur la possibilité de le « modeler ».
Le principe qui guide Bresson est « L'automatisme engendre l'émotion. »Marika Green, la Jeanne dePickpocket, raconte que presque tous les modèles devaient faire leur « apprentissage de modèles », voire se dépersonnaliser, en lisant le texte desAnges du péché :
« Il fallait le lire tout à plat, de la façon la plus neutre possible. »
EtAnne Wiazemsky, la Marie d'Au hasard Balthazar, elle aussi passée à travers l'épreuve desAnges du péché, se souvient qu'à l'époque elle avait« spontanément une voix bressonienne, assez blanche, uniforme. Le ton a été donc très facile à attraper. Le tournage fut un des plus beaux étés de ma vie[15]. »
On peut résumer l'idée de Bresson et de son « cinématographe » en quelques points principaux :
utilisation de modèles, acteurs non professionnels, n'ayant jamais joué ;
égalité d'importance entre les images et les sons, travail important du hors-champ à travers la stylisation de ceux-ci ;
multiples prises afin d'obtenir l'absolu, le caché des modèles, stylisation de leurs voix ;
pas de balayage de la caméra, travellings le plus souvent de trois quarts, caméra de plus en plus tournée vers les gestes et les mouvements qui assurent les liens.
: rétrospective intégrale à l'Élysée Lincoln de Paris, dans le cadre duFestival d'automne[19]
: rétrospective intégrale au Reflet Médicis, 3rue Champollion, Paris, organisé par Les Acacias Ciné Audience avec la participation du Centre national de la cinématographie[20]
: rétrospective intégrale à la Cinémathèque française
Juin-août 2024 : rétrospective intégrale à laCinémathèque australienne(en),QAGOMA, organisée par Robert Hughes avec la participation de la Cinémathèque française[22]
↑Cet entretien est inclus dans le supplément du DVD.
↑Marie Cardinal qui joue le rôle de la mère deMouchette a décrit dans son ouvrageCet été-là les péripéties du tournage et de sa préparation.
↑Cette notion n'est cependant pas inédite, elle fut déjà utilisée parMarcel L'Herbier qui utilisait les expressions « metteur en image », « metteur en film » ou « œuvres cinéphoniques » contre celle de metteur en scène théâtral.
↑Henri Ponchon, « Généalogie du cinéaste Robert Bresson »,Bulletin n° 127 du Cercle généalogique et héraldique de l'Auvergne et du Velay,,p. 25-30(lire en ligne).
↑YvesChiron,Histoire des traditionalistes: suivie d'un dictionnaire biographique, Tallandier,(ISBN979-10-210-3940-7),p. 195-196.
↑Notice surlandrucimetieres.fr. Consulté le 8 mai 2024.