Lerisque est la possibilité de survenue d'un événement indésirable. Plus formellement, conçu comme un calcul, il désigne la probabilité d’occurrence d'un péril probable ou d'unaléa[1],[2],[3].
Mais, lorsqu'on examine les usages de la notion, le risque est une notion complexe, de définitions multiples car d'usage multidisciplinaire[3],[4]. Néanmoins, il est un concept très usité depuis leXVIIe siècle, par exemple sous la forme de l'expression« courir le risque de »[1],[5],[6],[7], notamment pour qualifier, dans le sens commun, un événement, un inconvénient qu'il est raisonnable de prévenir ou de redouter l'éventualité. La notion de risque est également liée à la gravité des conséquences de l'aléa dont la survenue est probable. Prédire ou prévoir les conséquences des aléas fait partie de l'analyse et lagestion des risques.
Ainsi, il est défini, en statistiques descriptives comme la probabilité d'exposition à un danger, à un événement (maladie, décès, accident) pendant un intervalle de temps défini. Engestion des risques, il est l’association de quatre facteurs : undanger, uneprobabilité d'occurrence, sa gravité et de son acceptabilité[8].
Le risque possède également d'autres définitions quand il a trait à des situations commerciales ou techniques.
Différent selon de nombreux cas, suivant différents paramètres, et suivant l'exposition à certaines situations ou causes, on définit unfacteur de risque comme un facteur d'augmentation de la probabilité d'être exposé à un aléa et on quantifie l'augmentation du risque, notamment par l'utilisation de« l'excès de risque ». Par exemple, l'exposition au tabac est un facteur de risque pour le cancer du poumon.
Les sociétés humaines évaluent et préviennent les risques et les institutions comportent l'analyse et la gestion des risques comme composante majeure ; ainsi, il existe de nombreuses organisations, de nombreuses institutions et des lois qui ont trait à l'analyse des situations et des risques.
Les pompiers sont entrainés à la prise de risques.
La première publication concernant une théorie du risque fut écrite parChristian Huygens en 1657 dansDe ratiociniis in alea ludo (De la logique du jeu de dé) à la suite des discussions qu'il a eues avecPascal sur le sujet.
Presque un siècle plus tard, en 1738, le mathématicien et statisticienDaniel Bernoulli fait paraître une étude sur le risque en matière économique dansSpecimen theoriae novae de mensura sortis[9].
Paradoxe de Saint-Pétersbourg — Pourquoi, alors que l'espérance mathématique de gain à un jeu est infinie, les joueurs refusent-ils de jouer tout leur argent ?
Pour répondre à ce paradoxe, Bernoulli et Cramer introduisent la fonction d'utilité marginale (dérivée de la fonction utilité de la monnaie) et postulent qu'elle est décroissante. Cependant ces deux auteurs divergent sur la fonction d'utilité :logarithme naturel pour Bernoulli etracine carrée pour Cramer. Cette formalisation est restée anecdotique de nombreuses années avant de devenir populaire parmi les économistes qui développent les notions d'utilité et de risque.
En économie, depuis les années 1920 et l'analyse deFrank Knight, on distingue le risque de l'incertitude. Le risque peut comporter des alternatives probabilisables, contrairement à l'incertitude[11].
En 1986, le philosophe et sociologueUlrich Beck publie un ouvrage qui fait date dans le monde de lasociologie politique :La société du risque[12]. Remettant radicalement en cause ce qu’il appelle « la religion moderne duprogrès » et partant de l'idée que, dans toutes les sociétés industrielles, les promesses de lamodernité n’ont pas été tenues (la misère n’est pas vaincue, les inégalités croissent, les catastrophes écologiques se multiplient, le développement destechnologies fait craindre l'apparition de nouvelles formes decontrôle social…), la question du « partage des richesses », posée par les économistes, cède peu à peu la place à celle de la « gestion des risques ».
Le risque est une notion difficile à cerner[13] mais de façon générale, on peut dire que c'est unecontingence indésirable, appréhendée, relativement anodine et peu probable.
Parappréhendée, on entend par là que le risque est connu au préalable. L'exposition au risque résulte donc souvent d'une démarchevolontaire, appeléeprise de risque. En ce sens, le risque se distingue par exemple de l'aléa ou de l'incident, qui surviennent en général de façon imprévue ;
Le caractère indésirable du risque le distingue du concept dechance, même si l'usage de ce mot en tant que mesure deprobabilité tend à masquer cette distinction ;
Le risque est généralement anodin, mais tout de même suffisamment nuisible pour être indésirable. En ce sens, il se distingue notamment dudanger, qui suppose la possibilité d'un dommage grave (en particulier lamort). On dira par exemple de quelqu'un qui sort tête nue par temps froid qu'ilcourt le risque d'attraper un rhume, tandis qu'on dira qu'ilse met en danger s'il traverse une rue sans regarder.
Un risque est une contingence peuprobable, ce qui constitue une autre différence par rapport au danger. On parle en effet de danger lorsque la probabilité d'occurrence et les conséquences sont importantes, tandis que le risque existe dès lors que sa probabilité d'occurrence n'est pas nulle. On dira a minima que le risque estfaible. Ainsi par exemple dans l'échelle de Turin, on parle derisque normal dès le niveau 1, et d'objetdangereux à partir du niveau 5.
L'appréciation de ces différents critères est hautement subjective, ce qui peut justifier que dans les domaines scientifiques et techniques une définition quantifiable et plus rigoureuse du risque a été recherchée.
En 1986, l'AllemandUlrich Beck publieRisikogesellschaft, un livre qui traite la question destransformations sociales contemporaines sous le concept de risque, traduit en France quinze ans plus tard, en 2001, sous le titreLa société du risque. Il avance l'idée que l'humanité contemporaine développe des « manufactures à risques ». Extrêmement graves, les risques résultent dudéveloppement industriel, ils peuvent tout aussi bien être d'ordreécologique quepsycho-social et, bien qu'invisibles dans la vie quotidienne, ils peuvent à plus ou moins long terme provoquer la destruction de la vie sur terre. Ils résultent des besoins insatiables en confort matériel qu'éprouvent une majorité d'humains et que l'économie capitaliste, axée sur lacroissance économique, prend en charge. Selon Beck, le destin de l'homme n'est plus placé sous le signe de lamisère mais sous celui de lapeur[14].
Dans la continuité des travaux d'Ulrich Beck, Hervé Flanquart a publié en 2016, un ouvrage original,Des risques et des Hommes, où il s'essaie à montrer que vivre c'est (s') affronter (à) de multiples risques, naturels et technologiques, sanitaires ou écologiques, économiques ou sociaux. Mais il souligne que la principale difficulté sociétale tient dans la perception biaisée de ces risques et dans la difficulté à les concevoir dans la simultanéité, ce qui oblige conséquemment les Hommes « à arbitrer entre eux et agir pour échapper en priorité à ceux qu'ils craignent le plus, quitte à s'exposer aux autres »[15] et à questionner, par exemple, l'arbitrage nécessaire entre le principe de précaution et le développement des sciences et techniques ou encore entre les mécanismes étatiques de protection des citoyens et les libertés individuelles.
Lerisque est la coexistence d'unaléa et d'unenjeu. Lorsqu'une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte :
aléa : les conséquences de l'action entreprise ne sont pas totalement prévisibles ;
enjeu : il y a espoir de gain et/ou crainte de perte.
On peut appliquer ce concept à de nombreux domaines :
aléa : le jeu a une part de hasard, ou bien la complexité fait que l'on ne peut prédire ce que va faire l'adversaire,
enjeu : le gain espéré peut être de l'argent, des biens matériels (lots), une reconnaissance (classement officiel, médaille), ou simplement la satisfaction de jouer, la distraction ; la perte peut être de l'argent, le temps investi, la frustration de l'échec ;
utilisation d'une machine mécanique (outil, chaîne de production), d'un véhicule :
aléa : il peut survenir une défaillance, une panne, une erreur de manipulation,
enjeu : le gain espéré est la fonction de service de la machine (fabriquer un objet, remplir un flacon, se déplacer…) ; la perte peut être une perte de temps (et donc de productivité), une consommation inutile d'énergie et de consommables, destruction d'un bien, un dommage corporel, une pollution de l'environnement ;
aléa : il peut survenir un événement climatique (inondation, tempête), unséisme… ou bien un accident dans une unité de production ou de stockage,
enjeu : on a construit dans cette zone géographique en raison de l'augmentation de la population locale (croissance démographique, migration) ou pour percevoir des impôts (gain) ; la perte peut être des dommages corporels, des destructions matérielles, une atteinte à l'environnement ;
gestion d'entreprise, finance :
aléa : on ne peut pas prédire totalement comment va évoluer le marché, quelles seront les innovations techniques, comment vont évoluer les besoins des clients,
enjeu : le gain espéré est unretour sur investissement, un maintien ou une progression de l'activité (prendre des parts de marché) ; la perte peut être une absence de retour sur investissement, une baisse d'activité (éventuellement unplan social).
Toute situation, toute activité peut produire un événement profitable ou dommageable. Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences. Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l'environnement ou le milieu naturel. En 1921,Frank Knight a proposé une distinction qui fait référence entre le risque et l’incertitude : à un risque peuvent être assignées des probabilités mathématiques mais pas à une incertitude.
Dans certains domaines, on ne prend en compte que les conséquences négatives, que les pertes et pas les gains ; on parle alors de risque aryétique.
Le risque est une notion importante notamment dans les domaines de l'industrie, de l'environnement (risques industriels,risques majeurs), dela finance, du droit, de la santé, et bien sûr desassurances.
La science qui étudie les risques industriels et naturels est lacindynique, selon la définition proposée en 1987 (Congrès Sorbonne - Paris). En 2004, dansLe Risque, cet inconnu, Georges Jousse a proposé le terme « riscologie » pour l'étude générale et scientifique des risques quels qu'ils soient (Cf.GeorgesJousse,Traité de riscologie : La science du risque).
Selon le référentielISO Guide 73 – Vocabulaire du management du risque[17] qui a été revu lors du développement de la normeISO 31000:2009 – Management du risque — Principes et lignes directrices[18], la nouvelle définition (depuis) couple le risque aux objectifs de l’organisation : « Le risque est l’effet de l’incertitude sur l'atteinte des objectifs »[19]. Celle-ci abandonne donc la vision précédente (de 2002) de l’ingénieur : « Le risque est la combinaison de probabilité d’évènement et de sa conséquence »[20].
Dès 1657, Christian Huygens utilise le termeexpectatio déjà utilisé par Pascal pour qualifier le risque ; terme signifiant en français « espérance ».Daniel Bernoulli, en1738, dansSpecimen theoriae novae de mensura sortis confirme, dans le domaine économique, la première définition scientifique donnée par Huygens :« le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité d'événements ». En termes plus simples, il s'agit de la valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur probabilité. Ainsi, un événemente1 a une probabilité d'occurrencep1 avec une conséquence probable C1 ; de même un événementen aura une probabilitépn et une conséquence Cn, alors le risquer vaudra
r =p1⋅C1 +p2⋅C2 +… +pn⋅Cn = ∑pi⋅Ci.
Le produitpi⋅Ci est appelé valeur de l'aléai.
Cette définition implique, pour le calcul du risque, laconnaissance d'une suite statistique d'événements ou pour le moins une estimation approchée ou subjective des diverses plausibilités (probabilités supposées) et des conséquences des aléas imaginés, lorsque l'on ne dispose par d'historiques d'événements et que malgré cela on souhaite évaluer un risque.
Si l'on a fait une analyse exhaustive, alors, toutes les situations ayant été identifiées, on a :
∑pi = 1 et donc
.
Le risque est donc lebarycentre des événements, ou, pour prendre une métaphore tirée de laphysique, il apparaît comme lecentre de gravité des conséquences des événements pondérés par les probabilités d'occurrence.
On notera avec intérêt que le risque est la somme des aléas et que le produit de la fréquence et de la gravité souvent évoqué ne représente nullement le risque mais seulement la valeur d'un aléa déterminé[21].
La difficulté est souvent de chiffrer les probabilitéspi et les conséquences Ci. C’est simple dans certains cas, comme pour les jeux de loterie ; il est en revanche plus compliqué de chiffrer la probabilité d'occurrence d'événements rares ou d'événements probables mais n'ayant jamais eu lieu (domaine innovant), et de chiffrer les conséquences en général : quel chiffre mettre derrière une blessure, un décès, une atteinte morale, une pollution de l'environnement ?
La notion de risque est issue de l'étude mathématique des jeux (Pascal, Fermat, Huygens, Bernoulli). Le risque apparaît alors comme le centre de gravité (la moyenne pondérée, le barycentre ou l'espérance mathématique) entre les conditions de gains et de pertes. Ainsi le risque est nul dans un jeu où l'on a autant de chances de gagner que de perdre.
Georges Jousse, dans sonTraité de riscologie[22](voirBibliographie), introduit la notion de risque aryétique (du grecaryéticos, qui signifie « négatif »).
Le risque aryétique – ou valeur aryétique du risque – est évalué lorsque l'on ne tient compte que des événements ayant eu des conséquences négatives. Ce n'est donc pas la valeur réelle du risque (au sens scientifique) car on ne tient pas compte des événements qui n'ont pas eu de conséquences dommageables.
Ainsi, en prenant l'exemple des accidents de voiture (un accident étant un événement ayant une conséquence dommageable), pour avoir une valeur réelle du risque, il faut, au cours d'une période d'observation, faire le rapport entre le nombre de fois où les individus ayant pris leur voiture ont eu un accident (nombre d'événements) et le nombre total de fois où les individus ont pris leur voiture au cours de la même période d'observation, en comptabilisant
le nombre d'accidentset
le nombre d'absence d'accidents
(nombre total d'événements) ; chaque fois que l'on prend sa voiture, on n'a pas toujours un accident (heureusement !). On voit que cette valeur du risque est extrêmement difficile à évaluer.
Dès lors, si on calcule la valeur du risque (somme des aléas ou somme des produitsf×g, pour avoir la moyenne pondérée) à partir des événements (nombre d'accidents), on ne calcule pas la véritable valeur du risque mais celle du risque aryétique, c'est-à-dire une valeur moyenne de l'événement dommageable. Selon Georges Jousse, il est important d'en être conscient.
Nombre d'incidents sur les joints Morton-Thiokol de la navette spatialeChallenger en fonction de la température de lancement.
On pourrait avoir l'impression que la prise en compte des seuls événements dommageables augmente la perception du risque, et donc pousse à être plus prudent (approche dite « conservative »). Cela n'est pas toujours le cas.
On voit qu'ici, le fait d'omettre les événements sans conséquence a empêché de percevoir que le problème de la température était critique, ce qui a été déterminant dans la survenue de lacatastrophe du 28 janvier 1986[23].
En conclusion, lorsque l'on ne tient compte que des événements ayant eu des conséquences dommageables (aspect négatif), on évalue le risque aryétique et non le risque réel.
Unpompier américain intervenant, dans une situation exceptionnelle, sans protection respiratoire alors qu'il sait que les émanations sont probablement toxiques
La notion de risque est à la base d'une prise de décision rationnelle : on pèse le pour et le contre d'une action, on fait unpari en connaissance de cause. On accepte donc un risque ou pas, en fonction de l'évaluation que l'on fait de la situation. Laperception du risque peut être entravée ou amplifiée par des facteurssubjectifs, propres à chaqueêtre humain, et même par des facteursculturels ou conjoncturels propres à descommunautés humaines.
On a vu que la sensation de risque est un phénomène trèssubjectif, voire irrationnel, lié à la façon qu'a un individu depercevoir une situation dans sonenvironnement, ce qui dépend pour une bonne part ducapital culturel de l'individu et de ses intérêts. Ces perceptions diffèrent nécessairement d'un individu à un autre. Il peut d'ailleurs exister un décalage d'appréciation entre les dirigeants et lesemployés, ces derniers ayant une vision nécessairement plus opérationnelle. Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour entraver la perception collective d'une situation : desraisonnements fallacieux, dessophismes, desbiais cognitifs (illusion…) qui, selon les cas, peuvent êtreconscients ouinconscients.
Pour que laperception du risque ne soit pas entravée par ces phénomènes, il est tout à fait souhaitable que l'entreprise mette en place un dispositif deveille, de manière à détecter lessignaux faibles le plus tôt possible. La perception du risque porte dans un premier temps essentiellement sur lesfacteurs de risque (ou périls). Le dispositif de veille doit prévoir un partage des signauxperçus pour en valider les traits principaux.
La perception collective du risque et sa prise en compte efficace dans l'organisation peuvent être en partie entravées pour plusieurs raisons :
le risque est trop global, trop complexe, ou est susceptible de se manifester à long terme, de sorte qu'il est difficile à étudier et à structurer ; c'est le cas par exemple duréchauffement climatique ;
le risque remet en cause les intérêts de l'entreprise, en particulier financiers ; il est perçu par un individu dans l'organisation, unlanceur d'alerte, qui agit à titre personnel, mais ne parvient pas toujours à obtenir le soutien de sa hiérarchie, en l'absence d'un dispositif public de protection des lanceurs d'alerte[24].
Lesinvestisseurs et les parieurs ont habituellement une certaine aversion pour le risque. Ils préfèrent un gain relativement sûr à un gain bien plus important mais aléatoire (mieux vaut recevoir 100 euros qu'avoir une chance sur 10 d'en recevoir 1 000), selon l'adage « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ».
Toutefois, chaque investisseur a son propre attitude envers le risque. C'est ainsi qu'il y a neutralité ou tolérance au risque, voire recherche du risque, pour certains d'entre eux (voire pour un grand nombre d'entre eux en période d'euphorie boursière).
Dans le domaine de la sécurité industrielle, le risque se définit comme l'existence d'une probabilité de voir un danger se concrétiser dans un ou plusieurs scénarios, associée à des conséquences dommageables sur des biens ou des personnes.
Le niveau de risque se quantifie alors par l'évaluation de la probabilité d'occurrence de chaque scénario ainsi que de l'amplitude de la gravité des conséquences du scénario associé.
Cette évaluation peut s'exprimer par une combinaison linéaire des multiplications entre probabilité d'occurrence et amplitude de la gravité ou bien par un couple (probabilité, gravité).
Cette acception technique du risque est exprimée différemment et généralisée dans une acception managériale plus récente (cf.infra).
Selon le domaine concerné, on parle de risque chimique[25], de risque biotechnologique, de risque nucléaire, etc.
Des synonymes de risque sont :aléa, menace, péril. La notion dedanger est parfois assimilée, à tort, à celle derisque.
C'est la possible superposition spatiale de l'extension d'un phénomène naturel brutal et de dommage sur des « choses » auxquelles les sociétés humaines sont attachées qui crée lerisque naturel. Un séisme ne présente presque pas de conséquence dans le désert, alors qu'il peut être très grave dans un territoire densément peuplé. Le phénomène naturel se quantifie dans unaléa.« Les "choses" sont qualifiés d'enjeux et sont souvent concentrés dans des zones habitées. Il peut s'agir d'activités (touristiques, agricoles, industrielles etc.), de biens (infrastructures, bâtiments, réseaux urbains, sites industriels, biens individuels etc.), et de vies humaines »[26].
Dans les dernières décennies, l'émergence de nouveaux acteurs comme lesONG, a montré qu'il était nécessaire d'intégrer des agents de lasociété civile dans les méthodes de management. On a ainsi vu apparaître le concept departie prenante (stakeholder en anglais) dans certains modèles économiques, afin de satisfaire à certaines exigences dedéveloppement durable et deresponsabilité sociétale (pour lesentreprises).
Dans ce domaine, leprincipe de précaution tendra à s'appliquer de plus en plus souvent dans l'avenir, mais sa déclinaison juridique entre desparties prenantes données n'est pas encore définie très clairement, et donc sa mise en œuvre n'est pas simple. Un exemple typique de risque vis-à-vis de lasociété civile est celui dunucléaire, et de la réaction qu'eurent certaines autorités, en France notamment, par rapport à l'accident deTchernobyl. Les erreurs decommunication devinrent de plus en plus évidentes, et entraînèrent une suspicion vis-à-vis des organismes qui en étaient à l'origine. Finalement, après 20 ans, on ne connaît pas encore précisément les conséquences de la catastrophe. L'impact sur l'image et laréputation des autorités concernées ne fut pas négligeable.
EnFrance, les entreprises sont tenues, par la loi, de communiquer auxparties prenantes. Ces dispositions légales (loi NRE), ne comportent pas d'obligation juridique explicite. À l'échelle mondiale, les entreprises se couvrent contre lerisque climatique en achetant de nouveaux types de produits financiers : lesdérivés climatiques.
Enéconomie et enfinance (placements,investissement,crédit,assurances) le risque porte sur lesactifs financiers : une possibilité de perte monétaire due à une incertitude que l'on peut quantifier. La théorie veut (cfratio de Sortino), qu'il y aurait corrélation entre le risque pris et l'espérance de gain. Notons qu'en finance la mesure du risque est lié à savolatilité et sonécart-type, pour cette raison le risque n'est pas un élément « purement négatif » comme au sens littéraire, un actif risqué présente des chances de fluctuer grandement à la hausse comme à la baisse.
La finance est devenue largement de nos jours une industrie de transformation des anticipations de revenus et de risques en instruments dont le prix peut être négocié sur des marchés ou auprès d'institutionsad hoc. Cela permet le transfert des risques à ceux disposés à les prendre (contre des revenus espérés), la compensation des risques inverses (exemple le risque de change d'un importateur est inverse de celui d'un exportateur, le risque de taux d'un prêteur est inverse de celui d'un emprunteur…), la diversification des risques, etc.
Lerisque pays, dans le langage des assureurs, désigne les dangers spécifiques à un pays avec lequel traite une entreprise et qui peut poser un danger pour la continuité de ses opérations ou de celle de ses fournisseurs ou clients : révolution, coup d'État, etc. Au sens strict, le risque pays est la probabilité qu'un pays n'assurera pas le service de sa dette extérieure.
Lerisque de crédit est le risque que l'emprunteur ne rembourse pas sa dette à l'échéance fixée. Préoccupation majeure pour les organismes bancaires, il concerne aussi les entreprisesvia les créances qu'elles accordent à leurs clients sous la forme d'encours. Pour éviter les impacts descrises monétaires et financières qui ébranlent de façon quasi-systémique les économies dans lesquels elles vivent, les sociétés occidentales peuvent se couvrir contre lerisque de taux sur les variations destaux d'intérêt, contre lerisque de change.
Lerisque de marché est le risque de perte qui peut résulter des fluctuations des prix des instruments financiers qui composent un portefeuille.
Lerisque de liquidité concerne les placements financiers qui sont très difficile à liquidifier, c’est-à-dire à vendre rapidement en cas de besoin deliquidité. Les banques reçoivent des dépôts à court terme de leurs clients et font des prêts à moyen et long terme.
Le risque résiduel est le « risque subsistant après le traitement du risque »[27] ou le « risque subsistant après que des mesures de prévention ont été prises »[28].
Endroit, le risque est l'éventualité d'un événement futur, incertain ou d'un terme indéterminé, ne dépendant pas exclusivement de la volonté des parties, et pouvant causer un préjudice comme la perte d'un objet ou tout autre dommage.
Deux rapports duConseil d'État[29] ont mis en évidence que certaines incohérences et la complexité croissante deslois, règlements, des transpositions tardives dedirectives européennes, ou que les changements trop fréquents créent une insécurité juridique. Lasécurité juridique a pour objectif de protéger lescitoyens contre les effets secondaires négatifs dudroit. Le risque d'insécurité juridique est donc un risque à prendre en compte. Pour uneorganisation donnée, les aspects juridiques du risque sont ceux qui peuvent engager laresponsabilité civile oupénale des dirigeants ou desemployés.
Dans les domaines du droit, de la finance et de la gestion de la qualité, lerisque de non-conformité d'un produit est aussi évoqué.
Le risque est inhérent à l’homme et toute entreprise humaine comporte des risques. Le risque professionnel est la combinaison de laprobabilité et de la (des) conséquence(s) de la survenance d'un événement dangereux spécifié (OHSAS 18001). Cette définition du risque est très didactique car :
pour réduire un risque, deux voies sont possibles : agir sur son apparition, sa fréquence (en la diminuant par des mesures de prévention) ou limiter sa gravité (en mettant en place des systèmes de protection destinés à réduire les conséquences).
pour mesurer le risque professionnel, on prend en compte les deux composantes : probabilité et gravité.
Cette formule rustique a quelque chose d'intemporel, car le risque d'un événement redouté doit être considéré au présent, la probabilité de survenance est un paramètre décrivant de façon synthétique une suite d’événements liés au passé et la gravité des conséquences doit prendre en compte une suite d’événements potentiellement observables dans l’avenir.
Cette formule est très instructive et permet d'expliquer certaines observations faites sur le grand public et qui parfois ont des répercussions sur les experts.
Mais cette vision du risque est quelque peu erronée par rapport à la définition scientifique unanimement admise de Daniel Bernoulli (Specimen theoriae de mensura sortis) qui indique que le risque est l'espérance mathématique (la moyenne, le centre de gravité des conséquences en quelque sorte) d'une fonction de probabilité d'événements. Dans ce cas le produit probabilité × gravité ne représente que la valeur d'un aléa ; le risque étant la somme des aléas possibles[30]. Cette intégration de l'ensemble des aléas permet de comprendre la gestion du risque par l'assurance : bien que n'intervenant ni dans la probabilité du risque, ni dans sa gravité, l'assurance ajoute une dimension supplémentaire qui en quelque sorte annule ou compense les effets de l'événement en cause.
Beaucoup de personnes[réf. nécessaire] confondent risque et gravité et ne prennent en compte que les cas pour lesquels G, la gravité est prépondérante sans aucune considération pour le facteur probabilité. Ce phénomène constitue ce que certains auteurs appellent « la fascination par le risque maximum ».
Le risque est le même entre un scénario d'accident fréquent et peu grave et un scénario rare et grave mais il existe une aversion pour ce dernier. Le grand public préfère souvent ne pas accepter unscénario catastrophique très improbable par rapport à un scénario moins grave mais plus probable.
Dans le domaine du travail le risque de perte de compétence est parfois évoqué.
Le risque est aujourd’hui de moins en moinsperçu comme relevant d’une fatalité, alors que les sociétés ont longtemps interprété les catastrophes (séismes,éruption volcanique…) comme une « colère » divine. Lesannées 1990, que l’ONU a consacrées à laréduction des risques, a conduit à la multiplication des publications sur les risques et leur gestion (résolution 44/236), mais aussi à l’attention portée à la redéfinition desconcepts etméthodes. Cette décennie a confirmé le passage duhazard paradigm, qui considère le risque comme une « altérité » extérieure à la société, et qui la menace ou la perturbe accidentellement, à la prise en compte du risque comme un produit social, en le distinguant clairement de l'accident ou de lacatastrophe, puisqu’il garde un caractère potentiel.
Aujourd'hui[Quand ?], lescitoyens, face à l'apparition de nouveaux produits, ayant entre autres des impacts sur leur environnement, émettent certaines inquiétudes envers les risques que ceux-ci engendrent. Il s'agit principalement de risques sanitaires, mais aussi économiques et éthiques. Face aux risques « subis », le citoyen possède plusieurs moyens d'action. Il s'agira principalement de l'information auprès des autorités ou des associations compétentes et de la mise en débat[32].
↑Charles LeBeau,Histoire du Bas-empire, en commençant a Constantin le Grand… 1756-1786, Chez Saillaint et Nyon,(lire en ligne)
↑PARIS Municipal and other Institutions, Societies, etcParlement, Louis Augustin LEGRAND DELALEU et Jean BaptisteSIMARE,Arrêt [of 11 August, 1786] de la Cour de Parlement, qui ordonne qu'un imprimé … intitulé: Mémoire justificatif [by C. M. J. B. Mercier Dupaty], pour trois hommes condamnés à la roue [signed, Lardoise, J. B. Simare and C. Bradier] … et la Consultation étant à la suite dudit imprimé … signé Legrand de Laleau, seront lacérés et brûlés … par l'exécuteur de la Haute-Justice, etc.,(lire en ligne)
↑Bernoulli, Daniel;Specimen theoriae novae de mensura sortis dans lequel titre apparaissent les termes « théorie nouvelle » inCommentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae 5 (1738)
↑Ulrich Beck,Risikogesellschaft, 1986. La version anglaiseRisk Society circule au plan internationale. Le livre est traduit en français bien plus tard, en 2001 aux éditions Aubier.
↑À titre anecdotique, la question philosophique du risque fait l'objet d'une légende mise en scène dans le film françaisLe pion, selon laquelle un candidat à l'épreuve dephilosophie au baccalauréat se serait vu attribué la note maximale pour une copie sur laquelle, pour répondre à la question "qu'est-ce que le risque?", il aurait simplement écrit : "le risque, c'est ça".
Catastrophes et Risques urbains : nouveaux concepts, nouvelles réponses, Michel Cros, Sophie Gaultier-Gaillard, Hélène Harter et Pierre Pech, Lavoisier, collection « Risques et Sciences du danger », 2010(ISBN978-2-7430-1269-4)
Les risques psychosociaux. Analyser et prévenir les risques humains, Bénédicte Haubold, Éditions d'Organisation, 2010(ISBN978-2-2125-4817-4)
Traité de riscologie. La science du risque, Georges Jousse, Imestra, 2009.(ISBN978-2-9509-8887-4)
L’Analyse préliminaire des risques. Principes et pratiques, Alain Desroches, Dominique Baudrin et Michel Dadoun, Hermes science, 2009(ISBN978-2-7462-2128-4)
Prévenir les risques. Agir en organisation responsable, Andrée Charles et Farid Baddache. Éditions AFNOR, 2006(ISBN2-12-475519-6)
L'Intelligence des risques, Bernard Besson et Jean-Claude Possin, Institut Français de l'Intelligence Économique, 2005(ISBN978-2-9162-6500-1)
Fonction Risk manager, Catherine Véret et Richard Mekouar, Dunod, 2005.(ISBN2-10-048697-7)
Dictionnaire d’analyse et de gestion des risques, Alain Desroches, Alain Leroy, Jean-François Quaranta et Frédérique Vallée, Hermes science, 2005(ISBN978-2-7462-1173-5)
Against The Gods: The Remarkable Story of Risk,Peter L. Bernstein(en), 1996 ; traduit en France sous le titre :Plus forts que les dieux. La remarquable histoire du risque, Flammarion, 1998(ISBN978-2-0803-5567-6)
Risikogesellschaft,Ulrich Beck, 1986; traduit en France en 2001 sous le titre :La société du risque : Sur la voie d'une autre modernité (Aubier); dernière édition : Flammarion, collection « Champs Essais », 2008(ISBN978-2-0812-1888-8)
Risques et précautions, l'interminable rationalisation du social, Dominique Pécaud, 2005, La Dispute, 2005
Michel L.Erreur Active et Erreur Latente dans une Société du Risque, in Risque et Systèmes Complexes. Chap.V. Ed.P.HUPET. PIE - Peter Lang, Berlin.New-York.Oxford.Wien. 2001,p. 97-110.
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