Vue du massif du Rila et du village de KostenecVue du massif du Rila depuis le village de KostenecLes sept lacs du RilaSources de laMaricaLe massif du Rila dans la région des sept lacsLes précipitations observables dans le massif du Rila (ici près de Kostenec) sont plusieurs fois supérieures à la moyennebulgareLa route qui mène aumonastère de RilaMonastère de Rila
Le nom du Rila est probablement d’originethrace. Les premiers noms connus du massif sontDonuca[1] en latin etDunax[2] en grec, ainsi queDinace dans une inscription thrace[3]. À une époque plus récente, on trouve la formeRoula désignant une grande quantité d’eau, qui a dû originellement désigner une rivière (l’actuelleRilska reka, Рилска река, qui prend sa source au cœur du massif et va se jeter dans laStruma), et a dû être transformée enRila après l’arrivée desSlaves dans la région, vers la fin duVe siècle. Cette dénomination n’est pas fortuite : il y a dans le Rila environ 200lacs et une grande quantité de sources minérales situées dans les zones de faille (villes de Sapareva banja (Сапарева баня), Dolna banja (Долна баня) et Kostenec (Костенец), village de Banja (Баня) dans l’oblast de Blagoevgrad, etc.). La principaleligne de partage des eaux de Bulgarie, qui est en même temps la plus importante desBalkans, passe par la crête du Rila, séparant lesbassins versants de lamer Noire et de lamer Égée.
Le Rila est surtout constitué degranite et degneiss mêlés à desschistes cristallins anciens, qui sont caractéristiques de l’ensemble montagneux Rila-Rhodopes, la plus ancienne composante géologique de la région. Sa formation a commencé auPaléozoïque et au cours des nombreuxsoulèvements orographiques de l’ère tertiaire. Les formes alpines actuelles et leurs sommets dentelés, leurscirques, leurs vallées profondes et leurs étendues demoraines sont le résultat desglaciations dupléistocène. Leslacs du Rila sont le témoignage le plus remarquable de la période glaciaire : au nombre de 190 environ, ils sont disséminés dans l’ensemble du massif, et leLedeno ezero (Ледено езеро, « lac glacial », altitude 2 709 m), au nord du sommet duMusala, est l’un des lacs glaciaires les plus élevés de lapéninsule balkanique (le deuxième par son altitude après le Lac supérieur du Poležan (Горно Полежанско езеро) dans le massif duPirin.
Le Rila est un bloc soulevé bordé de failles (horst), en forme de coupole, inclus dans l’une des plus anciennes parties de la masse terrestre des Balkans, le massif deMacédoine et deThrace. Constitué de granites et de gneiss, ainsi que d’autresroches métamorphiques àcristaux qui se sont formées pendant lePaléozoïque, il y a au moins 250 millions d’années. Le massif a été plusieurs fois soumis à des glaciations au cours du Pliocène, et son relief alpin s’est formé au cours de la dernière glaciation (glaciation de Würm), il y a 10 à 12 000 ans, quand la limite des neiges éternelles se situait à 2 100 m d'altitude.
Au-dessus de cette limite, les glaciers ont radicalement transformé le relief préexistant, en formant de profondscirques, despics pyramidaux aigus, des dents rocheuses (crêtes dentelées), des auges et vallées suspendues, desmoraines et d’autres formes typiquement glaciaires.
Rila oriental : la partie orientale du massif, dite aussi « du Musala » (Musalenski djal, Мусаленски дял) est la plus étendue et la plus élevée. Le plus haut sommet du massif, ainsi que 12 de ses 18 sommets supérieurs à 2 700 m, sont situés dans cette partie : Musala, Jastrebec (Ястребец), mont Jireček (Ireček, Иречек : porte le nom du savant tchèqueKonstantin Jireček), Deno (Дено), Mančo (Манчо) et d’autres encore. On y trouve également les lacs de laMarica (Maričini ezera, Маричини езера, car ce fleuve y prend sa source) et les lacs de la Ropalica (Ropališki ezera, Ропалишки езера, du nom de la rivière qui prend sa source à cet endroit). C’est également dans cette partie de la montagne que se trouve la station de ski deBorovec.
Rila du nord-ouest : cette partie occupe près de 25 % du territoire du massif. Le sommet le plus élevé dans cette région est le Goljam Kupen (Голям Купен, 2 731 m). C’est également dans cette partie du massif que se trouvent lesSept lacs du Rila. La partie nord-ouest du Rila est connue pour ses nombreux sommets d’accès difficile et pour ses lacs.
Le Rila fait partie de la liste100 objets touristiques nationaux, (initiative touristique nationale). Les endroits importants pour les amateurs de randonnée, d’histoire et de nature sont : leMusala, le chalet de la Skakavica, les sept lacs du Rila, lemonastère de Rila, le monastère de femmes deSamokov (monastère de la protection de la Mère de Dieu,Devičeski manastir « Pokrov Bogorodičen », Девически манастир “Покров Богородичен”), ainsi que le Musée historique dans la même ville.
Dans les parties les plus élevées du Rila, l’humidité relative de l’air est le plus souvent comprise entre 80 et 85 %. Les périodes les plus sèches sont les mois d’hiver les plus froids. L’hygrométrie est différente selon l’orientation des versants. Sur les versants sud du massif, lesprécipitations atteignent pendant l’hiver jusqu’à 22-25 % de la moyenne annuelle, alors qu’elles sont inférieures sur les versants nord. Sur les versants ouest et nord, les maximales de précipitation sont observables pendant le printemps et l’été, et pendant l’hiver sur les versants est.
Les sources de l’Iskǎr, de laMarica et de laMesta se trouvent sur le territoire du Rila. De nombreux affluents de ces cours d’eau, ainsi que de laStruma prennent également leur source dans le massif : Beli Iskǎr, Levi Iskǎr, Prav Iskǎr, Černi Iskǎr (« Iskǎr noir »), Bjala Mesta (« Mesta blanche »), Černa Mesta (« Mesta noire »), ainsi que les rivières Beliška reka et Blagoevgradska Bistrica (« rivière limpide deBlagoevgrad »), Gradevska reka, Iztok et Rilska reka (« rivière du Rila »).
Le Rila présente une grande quantité de lieux où la faune vit dans un environnement pratiquement vierge d'activité humaine. La faune du Rila comprend 2934 espèces d'invertébrés et 172 espèces devertébrés. Parmi les invertébrés, 242espèces et sous-espèces endémiques sont répertoriées, ainsi que 244taxons qui sont des restes d'époques géologiques révolues. C'est ainsi que le territoire du massif est un lieu où les processus d'évolution se poursuivent et où de nouvelles espèces d'invertébrés se forment. 13 des espèces d'invertébrés sont menacées de disparition dans le monde.Les vertébrés sont représentés par 5 espèces depoissons, 20 espèces d'amphibiens et dereptiles, 99 espèces d'oiseaux et 48 espèces demammifères. Parmi ceux-ci, une importante population d'ours bruns, deloups, dechamois et decerf élaphes. Dans le milieu des années 1980, une population de bouquetin (Capra ibex) a été introduite dans le massif.24 espèces de vertébrés sont recensées par laliste rouge de l'UICN comme menacées de disparition définitive. C'est dans le massif du Rila que se trouve la population la plus importante deBulgarie dechèvres sauvages, degrands Tétras, degélinottes des bois, denucifragas,pics noirs et debartavelles, d'aigles royaux, dechouettes de Tengmalm et dechouettes chevêchettes, decétoines dorées, demartes ainsi qu'une population plus importante encore desousliks d'Europe. Le Rila est l'un des territoires d'Europe qui recèlent la plus grande population d'oiseaux de proie. Il représente actuellement un corridor écologique fondamental entre la faune européenne et méditerranéenne et la faune de l'Asie mineure. Des groupes d'oiseaux propres aux zones de haute montagne (tichodrome échelette,chocard à bec jaune etaccenteur alpin) peuplent le massif, qui font de son territoire l'un des lieux de la planète où l'on observe le mieux la fauneornithologique dubiome alpin.Cependant, certains animaux vivant dans le Rila sont menacés, comme lebarbus cyclolepis (Heckel), qui devient rare à cause de la perte de son habitat et de la pollution de certaines rivières, letriton alpestre, le souslik d'Europe et d'autres encore.
Le tourisme a commencé dans le Rila dans les années1920. Le massif présente en effet de nombreuses possibilités d’escalade, traditionnelle ou surcascade de glace, ainsi que derandonnée, cette dernière discipline pouvant utiliser environ 120 itinéraires balisés, surtout concentrés dans les parties nord-ouest et est du massif. La majeure partie du Rila est occupée par le territoire duparc national de Rila, sur lequel se trouvent de nombreux chalets et chemins de randonnée, dont lessentiers européens de grande randonnéeE4 (qui va de l’Espagne àChypre) etE8 (Irlande-Turquie). Les possibilités d’hébergement dans le parc consistent en 17 chalets ayant une capacité d’environ 1500 lits ; la plupart d’entre eux sont gérés par l’Union touristique bulgare (Bǎlgarski turističeski sǎjuz, BTS). L’entretien des installations de sécurité, du balisage d’hiver et d’été des itinéraires sont de la responsabilité de la direction du parc et de l’Union touristique bulgare.
Comme tous les massifs deBulgarie, le Rila est une région de production et detransformation du bois. La principale implantation industrielle liée à cette activité est l’usine de cellulose etpapeterie de la ville de Belovo, à l’extrême est du massif. En outre, les ressources hydrologiques sont utilisées pour la production d’hydroélectricité : à l’est du massif, près deslacs de barrage de Belkemen et Čaira, se trouve lachute d’eau de Belkemen-Sestrimo-Čaira, qui fait fonctionner lescentrales hydroélectriques de pompage-turbinage (STEP) de Čaira et Belkemen, ainsi que lescentrales hydroélectriques de Sestrimo et de Momina Klisura.
Dommages environnementaux résultant de l’activité touristique
En2006, une controverse a débuté entre les écologistes et les investisseurs au sujet de la construction de l’immense complexe de ski de Paničište et du sommet du Kabul[7]. La construction d’unetélécabine partant de la ville de Sapareva banja, ainsi que la transformation en hôtel du chaletRilski ezera (« lacs du Rila »), soutenues officiellement par le gouvernement bulgare au mépris de toutes les règles en vigueur dans les parcs nationaux, ont donné lieu à des discussions dans toute l'Europe, relayées en France par l'association écologiste France-Rila[8]. Le complexe de Paničište, 10 fois plus grand que la station deBansko au pied duPirin, doit proposer un domaine skiable d’une longueur totale de 80 km, 21remontées mécaniques et un grand nombre de nouveaux hôtels, avec une capacité totale de 4 600 lits. À cela, il faut ajouter l’agrandissement de la base de Paničište, qui devra atteindre une capacité de 8 000 lits. L’entrepriseoff-shore Rila Sport AD s’est déclarée prête à investir 30 millions d’euros, et l’obština de Sapareva banja participera également au financement[9]. Le projet a été présenté par les investisseurs et les pouvoirs publics comme d'intérêt général, car générateur de nombreux emplois. Cependant, les écologistes font remarquer que les pistes projetées sont situées dans des couloirs d'avalanche et dans des zones decaptage des eaux, et qu'à l'encontre de la législation, on construit sur le territoire duParc national du Rila[10], et ceci sans aucune autorisation du Ministère de l'environnement (MOSV) ni débat public suffisant[11]. Ce projet enfreignant manifestement les règlementations les plus élémentaires de l'Union européenne, il est envisageable, pour les associations écologistes, de demander auWWF le retrait de sa certificationPAN parks, réseau deparc nationaux dont fait partie le Parc national du Rila. Les atteintes à l'environnement dues à l'activité humaine sont multiples : réduction de labiodiversité, amenuisement et destruction deshabitats d'espèces protégées figurant sur laListe rouge bulgare des espèces en danger (Červena kniga na Bălgarija)(bg), telles lachouette chevêchette et lepic tridactyle,déboisement etérosion. La situation est donc comparable à celle qui prévaut dans lePirin.
Un autre projet surdimensionné,Super Borovec, financé notamment par le fonds national dusultanat d'Oman et la commune deSamokov et fortement soutenu par le gouvernement bulgare[12], a débuté fin2007.
Cet article utilise le système de l'Organisation des Nations unies de translittération de l'alphabet cyrillique (également appelé « système scientifique de translittération »), le seul qui constitue une norme scientifique internationalement reconnue.