Richard L. Holm, surnomméDick Holm, est un agent de laCIA qui servit sous treize directeurs d'agence successifs et fut décoré de la plus haute médaille de l'agence de Langley, laDistinguished Intelligence Medal.
Après avoir participé au soutien de la guérilla Hmong du généralVang Pao lors de laguerre civile laotienne, pendant laguerre du Viêt Nam, il travaille auZaïre, àHong Kong puis àParis, où il est nomméchef de poste de la CIA. Il est expulsé deFrance en1995, après queCharles Pasqua a révélé une affaire d'espionnage économique menée par la CIA contre les intérêts français, et contraint de prendre une retraite anticipée.
Rejoignant la CIA dans lesannées 1960, au début de laguerre du Viêt Nam, il est d'abord affecté auLaos où il organise les opérations de la CIA active dans laguerre civile opposant le Pathet Lao à la monarchie. Sous l'autorité duchef de poste de la CIA Charles Whitehurst àVientiane (1962-64), il travaille notamment avec Bill Lair et son adjoint Pat Landry[1]. Lair recrute en le généralHmongVang Pao[1], à la tête des forces irrégulières hmong luttant contre les communistes et participant au trafic d'opium.
Holm dira plus tard avoir été assigné à la mi- à Ban Na, à l'ouest de laplaine des Jarres, contrôlée depuis1960 par lePathet Lao, qu'il rejoindra à bord d'unHelio Courier (en) d'Air America[1]. Il travaille notamment avec une unité spéciale de la policethaï, laPolice Air Reconnaissance Unit, spécialisée encontre-insurrection et organisée sur le modèle desUS Army Special Forces[1]. Il est aussi actif dans la livraison d'armes à la guérilla hmong[1]. Peu de temps après, il fut rappelé àVientiane, la capitale du Laos, avant d'être renvoyé à Phou Song, au cœur des montagnes laotiennes, habitées par les Hmongs[1]. À Phou Song, il s'occupe tant des activités de la CIA que d'être l'intermédiaire de laUS AID, laquelle apporte vivres et équipements aux montagnards[1].
Toujours selon son témoignage, après la signature, en 1962, du Protocole de Genève sur la neutralité du Laos, par l'ambassadeurWilliam Averell Harriman, la CIA est contrainte d'organiser ses opérations au Laos depuis laThaïlande. Prenant la couverture d'un conseiller à la police frontalière, Holm est envoyé pendant près de 20 mois sur la ville-frontière deNakhon Phanom, sur les bords duMékong, se rendant régulièrement au Laos[1]. Il est chargé de l'opération HARDNOSE de surveillance de lapiste Hô Chi Minh dans la régionPanhandle du Laos[1]. En, il sera remplacé à Nakhon Phanom par l'agent Dick Kinsman[1].
Avec le recul, Holm critiquera plus tard l'« ignorance » et l'« arrogance » des Américains, ainsi que leur passivité face à lacorruption du régime royal laotien[1]. Selon lui, « lapolitique américaine au Laos est largement responsable dudésastre qui frappa les Hmong (...) Au bout du terme, nos décideurs ont échoué à assumer notre responsabilité morale vis-à-vis de ceux qui travaillèrent si étroitement avec nous lors de ces années tumultueuses[1]. »
Fin 1964, Holm est affecté en Afrique, enRépublique démocratique du Congo (ex-Congo belge), alors secoué par une guerre civile. Lors d'une reconnaissance aérienne destinée à repérer desrebelles Simba autour deBunia, son avionNorth American T-28 Trojan s'écrase lors d'une tentative d'atterrissage en brousse. Holm est gravement brûlé lors du crash et le pilote, un exilé cubain, l'aide à s'en sortir. Il fut alors soigné dix jours durant par des locaux, grâce à lamédecine traditionnelle, avant d'être rapatrié auxÉtats-Unis. Il a des brûlures sur environ un tiers de son corps, notamment au visage et aux mains, et il perd son œil gauche. S'ensuit une convalescence de 28 mois[2].
Il travaillera ensuite àHong Kong etParis, et participa notamment à la traque contreCarlos.
Dans lesannées 1980, il a été directeur du groupe de lutte contre le terrorisme à la CIA, où il a restructuré et élargi le personnel et les programmes visant à lutter contre la progression globale des menaces terroristes, et il a coordonné la planification de la sécurité pour lesJeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles.
Dick Holm termine sa carrière en tant quechef de poste de la CIA à Paris, poste détenu de 1984 à 1989 parCharles Cogan. En1995, il est expulsé par legouvernement français, en compagnie de quatre supposés diplomates américaines, à la suite de la découverte d'une affaire d'espionnage économique, publiquement révélée en parCharles Pasqua[3]. Au même moment, la France rivalisait avec Washington au sujet de la politique à mener enIrak après lapremière guerre du Golfe (Pasqua lui-même sera plus tard soupçonné d'avoir été impliqué dans l'affaire Pétrole contre nourriture contournant l'embargo contre l'Irak).
Selon le rapportclassifié de l'inspecteur général de la CIA (en), tel qu'exposé par leNew York Times, Dick Holm aurait d'une part dissimulé de larges pans de ses activités à l'ambassadeurPamela Harriman (femme de William Harriman), et aurait aussi autorisé une de ses agentes, impliquée dans l'espionnage des intérêts français, à poursuivre sa relation amoureuse avec le responsable français qu'elle devait épier[3]. C'est cette relation amoureuse qui conduisit à la découverte de l'opération d'espionnage, qui visait tant des firmes françaises que les négociations internationales sur le commerce, menées notamment au sein de l'OMC[3].
Ce scandale conduisit aussi à mettre au placard Joseph DeTrani, le responsable de la CIA en Europe[3]. LeNew York Times, qui indiquait que le directeur de la CIAJames Woolsey avait fait de l'espionnage économique une priorité, affirmait également que la France s'était activement engagée dans l'espionnage des hommes d'affaires américains en transit en France[3].
Il a contribué à la création d'un cabinet de sécurité privé nomméVeritas Intelligence début et y travaille depuis comme conseiller de son fondateur,Gerard P. Burke[4].