Pour les articles homonymes, voirBernson.
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Reysa Bernson, néeVerhaeghe le àLille et morte en 1944 ou 1945 àAuschwitz, est uneastronome française[1]. Membre de laSociété astronomique de France à 16 ans, elle fonde l'Association astronomique du Nord. Elle est responsable du premierplanétarium français en 1938 et a contribué au développement de ces installations en France[2],[3]. Elle s'attache à faire connaître l'astronomie à la jeunesse, notamment via lesÉclaireurs de France. Elle est déportée comme juive àDrancy, puis assassinée àAuschwitz[1],[4].
Reysa Bernson est la fille deDésiré Verhaeghe etDweira Bernson-Verhaeghe, deuxmédecins engagés pour l'amélioration de la condition ouvrière. Elle grandit àLille. À la fin de laPremière Guerre mondiale, ses parents se séparent, et elle choisit de prendre pour nom d'usage le nom de naissance de sa mère[1].
Elle poursuit brillamment des études scientifiques et de langue : en 1921, elle réussit l'examen de première année du diplôme d'études russes de lafaculté des lettres de Lille[5]. Elle valide ensuite des certificats d'études supérieures en astronomie, chimie générale etradiotélégraphie jusqu'en 1934 lorsqu'elle obtient son diplôme d'astronomie approfondie[6]. De 1928 à 1934, elle occupe le poste de préparatrice de physique générale en parallèle de ses études[7].
Entre les années 1920 et 1930, elle est active dans des associations qui se mettent au service des étudiants de Lille. En 1926, elle est déléguée des étudiantes lors duXVe Congrès de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), dont elle sera élue vice-présidente en 1927[8]. À l'UNEF, elle crée et anime pendant quatre ans un Office d’orientation professionnelle qui vise à« fournir aux étudiants actuels, comme aux futurs étudiants, tous les renseignements et toutes les statistiques de nature à les orienter pour l’avenir et à leur éviter des déceptions »[4]. Elle plaide pour une organisation rationnelle de l'orientation professionnelle, notamment dans les carrières intellectuelles[9],[10]. Reconnue pour sa compétence dans ce domaine, elle est notamment invitée par l’Union française pour le suffrage des femmes à venir présenter ses travaux en 1930[4].
Passionnée d'astronomie, Reysa Bernson est admise précocement comme membre de laSociété astronomique de France le 5 mai 1920, à l'âge de 16 ans[11], sur parrainage deCamille Flammarion.
En 1923, à 19 ans, elle fonde l'Association astronomique du Nord (AAN) avec la volonté de regrouper les amateurs d'astronomie de la région et d'aménager unobservatoire ainsi qu'une bibliothèque à l'instar de laSociété astronomique de France. Intéressée notamment par lesétoiles variables, elle publie quelques comptes rendus d'observations et de voyage dansL'Astronomie, le magazine de laSociété astronomique de France[1]. Elle élabore également un projet de coordination des astronomes amateurs à l'échelle internationale, afin de faciliter et de valoriser les contributions de ces derniers à la recherche scientifique, mais ce programme ne sera finalement pas retenu[12].
Son action se concentre cependant principalement sur la diffusion et la sensibilisation du grand public à l'astronomie, à laquelle elle consacre une énergie telle qu'elle est récompensée à ce titre par lePrix Henry-Rey de laSociété astronomique de France, en 1932[13]. La même année, le journalla Française lui consacre un portrait enune[14].
Elle intervient principalement auprès de la jeunesse : elle visite bénévolement des classes entre 1929 et 1939 dans les classes du quart nord-est de la France, dans des lycées parisiens et dans desathénées enBelgique. Elle anime des conférences auprès de nombreux publics, y compris de jeunes aveugles ou des personnes atteintes de la tuberculose dans dessanatoriums. Elle organise des cours à Lille avec l'Union française de la jeunesse et travaille avec le groupe du Nord de l’Éducation nouvelle. Elle aurait touché ainsi plus de 20 000 jeunes[1]. Elle développe des petits instruments faciles à fabriquer pour les jeunes, comme des lunettes d'astronomie en carton permettant d'observer Saturne ou les reliefs lunaires. Soucieuse de faire entrer l'astronomie dans les programmes scolaires, elle intervient dans desécoles normales pour former des enseignants. Elle correspond avec le ministreJean Zay, qui valide l'acquisition d'instruments astronomiques pour l’Éducation nationale[1].
Dans la perspective de toucher également les jeunes en dehors du milieu scolaire, elle établit des liens avec plusieurs associations descoutisme et propose aux jeunes et auxchefs et cheftaines des formations théoriques et pratiques leur permettant ensuite de développer la pratique de l'astronomie dans les activités et camps scouts. Elle les invite à perpétuer la tradition desfeux de la Saint-Jean pour comprendre et fêter lesolstice d'été. Elle adhère auxÉclaireurs de France, avec lesquelles elle approfondit ce travail : elle crée un brevet d'astronomie et forme leurs chefs et les cheftaines de laFédération française des éclaireuses afin qu'il soit utilisé. Avec l'appui de l'explorateurHenri Lhote, elle fonde un groupe d'éclaireurs, le groupeCamille Flammarion, qui orientent spécifiquement leurs activités vers l'astronomie et organisent en quelques mois une exposition et un planétarium auJardin d'acclimatation, visité par le ministreJean Zay en 1938[1].
Elle rend compte de ces activités et publie un plaidoyer pour le développement de la vulgarisation de l'astronomie vers la jeunesse en 1937 dansL'Astronomie[15], puis en 1938, y rend compte de l'intérêt de l'« astro-scoutisme » dans cette perspective[16].
En 1937, lors de l'Exposition universelle de Paris, elle est chargée du premierplanétarium présent sur le sol français. Elle en est nommée secrétaire générale[17] et concrétise ainsi plusieurs années de promotion des planétariums[2]. Sous sa conduite, le planétarium accueille plus de 800 000 visiteurs en six mois[1]. Durant cet événement, elle forme à l'astronomie notammentArmand Delsemme etGérard de Vaucouleurs. Le succès de l'installation contribue au développement des planétariums en France dans les années suivantes[2]. Elle reçoit à ce titre avec son équipe la médaille commémorative de la Société astronomique de France[18].
À partir de 1940, l'Occupation allemande conduit vraisemblablement Reysa Bernson, d'origine juive, à stopper brutalement ses activités, même si elle fréquente ponctuellement l'Observatoire de Paris et à l'Association astronomique du Nord au cours de l'année 1943[1]. Elle est arrêtée comme juive en compagnie de sa mèreDweira Bernson-Verhaeghe le 23 février 1944 àDreux[19]. Des parents éloignés tentent d'intercéder, sans succès, en leur faveur auprès dupréfet du Nord,Fernand Carles. Elles sont transférées au camp deDrancy, puis déportées àAuschwitz à partir du 7 mars 1944, où elles sont assassinées[1].
Elle reçoit en 1932 leprix Henry-Rey de la Société astronomique de France pour son« dévouement à l'astronomie et son infatigable activité »[13].
Au début des années 1950, l'astronomeCharles Fehrenbach, alors directeur de l'observatoire de Marseille, confie que lorsqu'il était encore lycéen il assista à une conférence de Reysa Bernson qui joua un rôle déterminant dans son intérêt pour l'astronomie[12].
L'astéroïde(21114) Bernson porte son nom[20].
La ville de Lille a donné son nom àune allée dans le quartierSaint-Maurice Pellevoisin, par décision du conseil municipal du 5 octobre 2018[21].
Lors de son édition 2021, laconférence TALN organisée virtuellement depuis Lille sous le patronage de l'Atala a donné son nom à son principal amphithéâtre, utilisé notamment lors de la conférence inaugurale[22].