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Renaissance carolingienne

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Pour les articles homonymes, voirRenaissance (homonymie).

Wikipédia:Articles de qualité

Vous lisez un « article de qualité » labellisé en 2009.

Raban Maur (gauche), présenté parAlcuin (centre), dédicace son œuvre à l'archevêqueOtgar de Mayence (droite).Liber de laudibus Sanctae Crucis, manuscrit deFulda, vers 831-840.

Larenaissancecarolingienne (ou réforme carolingienne) est une période de renouveau de la culture et des études enOccident sous les empereurs carolingiens, auxVIIIe et IXe siècles. SousCharlemagne (768-814),Louis le Pieux (814-840) etCharles le Chauve (843-877) principalement, des progrès sensibles sont effectués dans le monde des écoles chrétiennes, tandis que la cour attire des lettrés influents, dontAlcuin,Éginhard,Raban Maur,Dungal ouJean Scot Érigène.

La renaissance carolingienne[1], première période derenouveau culturel majeur au Moyen Âge à l'échelle de l'Occident, est une période d'importants progrès intellectuels, notamment grâce à la redécouverte de lalangue latine, à la sauvegarde de nombreux auteurs classiques, et à la promotion desarts libéraux.

Cette notion de « renaissance » a cependant été remise en cause par l'historiographie contemporaine, car elle présuppose qu'il y a eu effondrement de la culture entre l'époque romaine et l'époque carolingienne. Or, il a été mis en évidence que ce n'est pas le cas, leHaut Moyen Âge, autrefois qualifié d'« Âge sombre », étant en effet réhabilité. De plus, on pourrait parler de renaissances carolingiennes car cette période se distingue par plusieurs phases. Ainsi, lesmédiévistes désignent désormais celle-ci sous l'appellation de « réforme carolingienne »[2].

Historiographie

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Jean-Jacques Ampère inventa l'expression « renaissance carolingienne » ; portrait photographique parAdam Salomon.

L'expression « Renaissance » en histoire médiévale, et en particulier de « renaissance carolingienne », dans lesannées 1830[3] vient de l'historienJean-Jacques Ampère. Ce dernier va ainsi à l'encontre de la vision alors dominante du Moyen Âge (notamment avant l'an mil) comme période culturellement rétrograde, reprise par exemple par l'historienJules Michelet[4]. Mais ce n'est qu'auXXe siècle, à partir desannées 1920, que le concept évoqué par Ampère trouve le succès qu'on lui connaît. L'historienne Erna Patzelt, professeur d'histoire à l'université de Vienne, en est notamment l'artisan, et en amplifie l'usage en1924 par le titre d'un de ses ouvragesDie karolingische Renaissance[5]. Lesannées 1920 voient d'ailleurs théorisées les autres périodes dites de renaissance au Moyen Âge, larenaissance ottonienne et larenaissance duXIIe siècle.

Pour un article plus général, voirRenaissances médiévales.

Le terme de « renaissance carolingienne » implique que le renouveau culturel de l'Empire carolingien serait un phénomène comparable à laRenaissance duXVIe siècle sur plusieurs aspects (renouveau des études, redécouverte du patrimoine intellectuel antique, réalisations artistiques). La comparaison ne peut cependant que rester limitée. Le terme de renaissance n'ayant pas d'équivalent latin[6], les contemporains utilisent celui derenovatio.

Le concept de « renaissance carolingienne » a néanmoins connu un grand succès dans l'après-guerre, comme chez les historiens anglo-saxons[7]. Des critiques ont cependant été régulièrement opposées à cette expression, notamment par l'historien françaisJacques Le Goff[8]. Plus récemment, l'historien français spécialiste du haut Moyen ÂgePierre Riché a préféré évoquer trois renaissances carolingiennes successives, distinguant ainsi le règne de Charlemagne (« première renaissance carolingienne ») et ceux de ses successeurs (« deuxième renaissance carolingienne »), et leur rattachant l'époque ottonienne (« troisième renaissance carolingienne »), conçue comme poursuite d'un même phénomène et non comme un renouveau indépendant[9].

Préalables

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Moines missionnaires

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Comme l'a souligné Pierre Riché, l'expression de « renaissance carolingienne » ne doit pas amener à considérer l'Occident, avant la période carolingienne, comme une zone livrée « aux forces de la barbarie et de l'obscurantisme »[10]. Les siècles suivant la fin de l'Empire romain d'Occident ne voient pas disparaître brutalement les écoles antiques, dont sont issusMartianus Capella,Cassiodore ouBoèce, jalons essentiels de l'héritage culturel romain au Moyen Âge, grâce auxquels demeurent pratiquées les disciplines réunies sous le nom d'arts libéraux[11].

Articles détaillés :Essor des écoles chrétiennes en Occident etOccident auVIIe siècle.

Par ailleurs, lesroyaumes barbares vivent en fait une longue transition, se répandant à l'échelle européenne entre leVIe siècle et leVIIIe siècle.On assiste en fait à plusieurs mouvements de renouveau distincts :

En Gaule comme en Germanie cet élan monastique prépare l'essor des écoles chrétiennes : l'activité desscriptoria des monastères prépare le renouveau culturel carolingien. L'abbaye deCorbie élabore une écriture qui préfigure laminuscule caroline[15],Luxeuil réalise vers700 son fameuxLectionnaire peint, tandis queLaon,Fleury etSaint-Martin de Tours[16] produisent également des manuscrits peints au sujet desquels on a parlé d'une véritable « école mérovingienne »[17].Louis le Pieux etBenoît d'Aniane impulsent au début duIXe siècle la première réforme dumonachisme qui, à la suite duconcile d'Aix de 817 tend à imposer aux communautés monastiques dans lesquelles règne un dérèglement certain, le modèle d'une vie régulière unique inspirée de larègle bénédictine la plus sévère[18].

Article détaillé :Enluminure mérovingienne.

L'Empire carolingien

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Des Pippinides aux Carolingiens

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L'ascension desPippinides à la tête de l'Occident chrétien précède de plus d'un siècle le règne deCharlemagne.Pépin de Herstal[19] devientmaire du palais deNeustrie en688, puis d'Austrasie vers688/690, et prend le titre de prince des Francs. Pour conserver ces conquêtes et éviter la dissolution de ce royaume, ses successeurs maintiennent cette politique expansive. Son fils bâtardCharles Martel réduit ainsi les révoltés neustriens, puis assujettit lesFrisons, lesAlamans, lesBurgondes et lesProvençaux[20]. Pour entretenir son imposante clientèle, il n'hésite pas à saisir et redistribuer les biens duclergé séculier, ce qui accroît encore sa puissance[21]. Il arrête l'expansion musulmane àPoitiers en732, son fait d'armes le plus connu. Mais, comme son père, il n'est que lemaire du palais mérovingien, autrement dit l'intendant principal du roi, une position malgré tout précaire et sans légitimité héréditaire. C'est sous son fils et successeur que la situation évolue.

L'Empire carolingien : le royaume dePépin III (en bleu) et les conquêtes deCharlemagne (en orange).
Articles détaillés :Pippinides,Pépin de Herstal etCharles Martel.

Pépin le Bref décide de restituer les terres confisquées par son père aux églises, enprécaire (precaria verbo regis)[22], et procède à un assainissement de l'Église franque sous le contrôle de l'évêqueBoniface de Mayence, ce qui lui assure le soutien papal. En750,Pépin le Bref envoie une délégation franque auprès du papeZacharie, pour lui demander l'autorisation de mettre fin au règne décadent desMérovingiens, et de prendre la couronne à la place deChildéric III : celui-ci est déposé en novembre751. Pépin le Bref est élu à sa place àSoissons et transforme ainsi la famillecarolingienne en dynastie.

Articles détaillés :Carolingiens etPépin le Bref.

Charlemagne succède à son père Pépin le Bref commeroi des Francs en768. Il devient également par conquêteroi des Lombards en774. L'idée de la restauration de l'Empire romain (renovatio imperii) est elle-même, d'une certaine manière, une réalisation de la renaissance culturelle, puisqu'elle est théorisée et soutenue par les lettrés de l'entourage royal[23]. L'idée est activement soutenue par Rome qui y voit le moyen d'assurer définitivement sa sécurité. C'est à Noël800 que le papeLéon III, secouru et sauvé quelques mois plus tôt parCharles, le couronne finalement empereur[24]. Plus qu'un titre, le couronnement symbolise l'aboutissement d'une forme d'unité et de stabilité à l'échelle européenne, permettant ainsi l'essor de la renaissance culturelle.

Articles détaillés :Charlemagne etEmpire carolingien.

La cour de Pépin le Bref

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Malgré les critiques de la part des milieux ecclésiastiques, en raison de la sécularisation des biens de l'Église[25],Charles Martel ouvre la cour aux influences culturelles du milieu ecclésiastique et monastique en particulier. Le rôle particulier de l'abbaye deSaint-Denis auprès du pouvoir monarchique, trouve notamment là son origine ; Charles confiant aux moines de l'abbaye ses filsPépin et sans douteCarloman[26], et s'y faisant enterrer. C'est aussi à Saint-Denis que Pépin se fait sacrer par le papeÉtienne II en juillet754. Desconciles, qui n'étaient plus réunis depuis longtemps, sont à nouveau organisés : le concile germanique en743[27], leconcile de Soissons en mars744[28].

Des moines sont aussi présents à la cour, au moins épisodiquement. L'évêqueChrodegang de Metz tient une place importante dans l'entourage de Pépin. Chrodegang est notamment l'artisan, avec le développement duchant messin (cantilena metensis), de la généralisation duchant liturgique romain[29]. Plus encore, il préfigure les progrès scolaires de la renaissance carolingienne par sa réforme de l'enseignement dans l'évêché deMetz, et la règle qu'il y impose. La cour de Pépin est donc caractérisée par la volonté de réforme[30] et par l'ouverture aux lettrés. En769, lorsqu'il en ressent le besoin, c'est au roi que le papeÉtienne III demande de lui envoyer « des évêques instruits et versés dans les divines Écritures et les institutions des saints canons »[31]. La cour est donc déjà réputée pour sa vie intellectuelle de haut niveau.

Les moyens matériels du renouveau

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Outre l'épanouissement de structures scolaires à l'échelle de l'Occident, outre la volonté politique exprimée par la dynastie carolingienne, la renaissance carolingienne est également rendue possible par des évolutions importantes sur le plan matériel. Deux types de structures sont ainsi amenées à jouer un rôle essentiel : les ateliers de copistes et les bibliothèques.

Les ateliers de copistes, ouscriptoria, sont mis en place (au même titre que les écoles) par de nombreux monastères et de nombreuses maisons épiscopales, des lieux où l'on trouve en général un atelier réunissant des équipes de plusieurs scribes. Cela suppose des équipements adaptés. Les feuilles deparchemin, bien sûr, préparées à partir de peaux de veau ou de mouton, d'abord trempées dans de la chaux puis raclées sur les deux faces, découpées et enfin parfois teintées de pourpre pour les manuscrits luxueux[32]. De nombreux manuscrits sont effectués à partir de feuilles grattées et réécrites, récupérées de manuscrits incomplets ou usés. Les feuilles sont réunies par quatre, pliées en quatre, coupées, réglées à la pointe. Puis commence le travail du scribe nécessitant un équipement adapté : cornets à encre, plumes, grattoirs. On peut remarquer des essais de plume sur les marges de manuscrits (lettres, versets de psaumes, motifs), ou des réflexions personnelles (les discussions étant souvent bannies) :« Comme ce parchemin est velu – il fait froid aujourd'hui – la lampe éclaire mal – je ne me sens pas bien aujourd'hui – il est temps de commencer à travailler – c'est maintenant l'heure du déjeuner, etc.[33] ». Il faut deux ou trois mois pour copier un manuscrit de dimension moyenne, sans compter les relectures et corrections toujours indispensables[34]. Un travail difficile dont un poète rend compte :« Le travail de l'écrivain semble trop futile à celui qui l'ignore, mais qui le connaît sait combien il est dur et pesant[35] ». Le travail du scribe est donc exigeant et nécessite de la discipline, comme l'expriment les vers inscrits parAlcuin à la porte duscriptorium deSaint-Martin de Tours :

« Qu'en ce lieu s'asseyent ceux qui reproduisent les oracles de la loi sacrée, qu'ils se gardent de toute parole frivole, de crainte que leurs mains, elles aussi, n'errent parmi les frivolités ; qu'ils s'efforcent de rendre corrects les livres qu'ils exécutent, et que leur plume suive le droit chemin[36]. »

Article détaillé :scriptorium.

Les manuscrits les plus luxueux passent ensuite entre les mains du peintre, qui effectue les décors des espaces mis en réserve : initiales et cadres, ou certaines pages entières. Chaque école a son style (Tours, Reims, Metz), mais certains peintres sont à eux seuls très recherchés pour leur talent personnel et passent d'un atelier à l'autre[37]. Enfin, le manuscrit est assemblé et parfois protégé par une reliure, notamment pour les ouvrages destinés à être offerts, dont les plats sont décorés d'orfèvrerie ou d'ivoire (Sacramentaire de Drogon,Psautier de Charles le Chauve,Évangéliaire pourpre)[38].

L'organisation debibliothèques, leur enrichissement, la protection de leurs collections est également une condition du renouveau, indissociable de la confection des manuscrits et de leur commerce. Des catalogues sont donc effectués et mis à jour, comme à l'abbaye de Saint-Gall où l'on dénombre jusqu'à 428 manuscrits[39], et àMurbach où on en compte 335[40]. Les échanges et prêts d'une bibliothèque à unscriptorium voisin se pratiquent également couramment (sans parler du commerce fructueux parfois initié)[41].

Charlemagne, les écoles et la culture de cour

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Un empereur sensible à la culture lettrée

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Dans sa biographie deCharlemagne,Éginhard présente un prince passionné par les études et lesarts libéraux :

« Doué d'une éloquence abondante et inépuisable, il exprimait avec clarté tout ce qu'il voulait dire. Peu content de savoir sa langue maternelle, il s'appliqua aussi à l'étude des autres idiomes, et particulièrement du latin qu'il apprit assez bien pour le parler comme sa propre langue : quant au grec, il le comprenait mieux qu'il ne le prononçait. En somme il possédait si bien l'art de la parole qu'il paraissait même capable de le professer. Passionné pour les arts libéraux, il eut toujours en grande vénération et combla de toutes sortes d'honneurs ceux qui les enseignaient. Le diacre Pierre de Pise, qui était alors dans sa vieillesse, lui donna des leçons de grammaire. Il eut pour maître dans les autres sciences un autre diacre, Albin, surnommé Alcuin, né en Bretagne et d'origine saxonne, l'homme le plus savant de son époque. Le roi consacrait beaucoup de temps et de travail à étudier avec lui la rhétorique, la dialectique et surtout l'astronomie. Il apprit le calcul, et mit tous ses soins à étudier le cours des astres avec autant d'attention que de sagacité. Il essaya aussi d'écrire, et il avait toujours sous le chevet de son lit des feuilles et des tablettes pour accoutumer sa main à tracer des caractères lorsqu'il en avait le temps. Mais il réussit peu dans ce travail, qui n'était plus de son âge et qu'il avait commencé trop tard[42]. »

Cette curiosité louée parÉginhard dans un stylehagiographique correspond à l'image d'un Charles curieux à l'égard des disciplines intellectuelles. C'est l'œuvre de Charlemagne dans ce domaine que désigne le terme de renaissance carolingienne, à la fois par son encouragement des activités scolaires et par l'épanouissement d'une culture de cour au palais d'Aix-la-Chapelle.

Charles s'attache aussi à développer sa langue maternelle: il fait écrire une grammaire du francique, et donne des noms germaniques aux douze mois et aux douze principaux vents.

Folio 50 de l'Admonitio generalis de789

La législation scolaire

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La restauration scolaire de Charlemagne est une politique qui caractérise l'ensemble de son règne et est motivée par des choix profonds. Ceux-ci sont notamment liés à l'héritage familial de Charles, en particulier à la réforme del'évêque de MetzChrodegang sous son père, et à la réforme des écoles menée par son cousinTassillon III enBavière à partir de772[31]. Comme eux, Charles a conscience du manque d'instruction d'une grande partie du clergé, et du besoin de formation pour ses nouvelles élites administratives (lesmissi). De plus, quoique moins instruit que son père, Charles est entouré de lettrés : le grammairienPierre de Pise etFardulf depuis la campagne d'Italie de774[43], puisPaul Diacre (moine duMont-Cassin et ancien maître de la cour dePavie),Paulin (grammairien et futur évêque métropolitain d'Aquilée), et enfin l'Anglo-SaxonAlcuin. Ce dernier, élève d'Egbert puisécolâtre d'York rencontré àParme en781, est certainement l'inspirateur le plus remarquable de la politique scolaire de Charlemagne[44], destinée à renouer avec la tradition culturelle des empereurs romains[45].

Ces choix se ressentent en particulier dans l'Admonitio generalis de789, dont le chapitre 72 est consacré aux écoles.

« (…) Que les prêtres attirent vers eux non seulement les enfants de condition servile, mais aussi les fils d'hommes libres. Nous voulons que des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants. Dans tous les monastères et les évêchés, enseignez les Psaumes, les notes, le chant, le comput, la grammaire, et corrigez soigneusement les livres religieux, car, souvent, alors que certains désirent bien prier Dieu, ils y arrivent mal à cause de l'imperfection et des fautes des livres. Ne permettez pas que vos élèves les détournent de leur sens, soit en les lisant, soit en les écrivant. Mais, s'il est besoin de copier les Évangiles, le psautier et le missel, que ce soient des hommes déjà mûrs qui les écrivent avec grand soin[46]. »

Charles souhaite donc qu'une école soit ouverte dans chaque évêché ou monastère pour apprendre aux enfants à lire, compter, chanter, mais aussi connaître la grammaire latine et les notes (une forme de sténographie pour les apprentis fonctionnaires[45]). Le texte exige également que la rédaction des livres soit l'objet d'une attention particulière et bénéficie des soins de scribes compétents : à cette précision doit être rattachée la propagation de la nouvelle écriture, dérivée de l'écrituresemi-onciale, et dite « minuscule caroline » en l'honneur de l'empereur.

La question scolaire n'est cependant pas réglée avec ce programme, en raison des difficultés à l'appliquer. Vers794 Charles envoie aux abbés et évêques du royaume une lettre circulaire rappelant l'obligation d'instruire les moines et clercs en mesure d'apprendre afin de leur inculquer un latin correct[47]. Puis, en803, une enquête rappelle que les parents doivent envoyer leurs enfants à l'école. En813, les cinq grands conciles réunis àReims,Chalon,Arles,Tours etMayence rappellent la nécessité de créer des écoles, en particulier à la campagne. À Mayence, le souhait est également exprimé que les enfants revenus chez eux participent à l'instruction de leurs proches[48]. Cette préoccupation pour l'instruction des clercs et moines, et l'édification minimale des laïcs, est exprimée avec constance tout au long du règne de Charlemagne, dans de nombreux capitulaires, des directives auxmissi, et lors des conciles. Les acteurs de l'Église participent parfois avec enthousiasme à cet effort : ainsiThéodulf, évêque d'Orléans, prévoit d'ouvrir des écoles rurales dans chaque village et chaque bourg (per villas et vicos)[49], tandis que l'archevêque deLyon,Leidrade, décrit fièrement à Charlemagne son école de chantres et de lecteurs créée vers800, et le remercie de lui avoir envoyé un clerc deMetz pour introduire la liturgie dite grégorienne[48].

Évangiles d'Aix-la-Chapelle, folio 13r :saint Jean (école du palais d'Aix, vers 810)

Cependant, la carte des principaux foyers d'étude doit beaucoup aux centres déjà existants au milieu duVIIIe siècle. On retient notammentCorbie,Saint-Riquier,Saint-Denis,Saint-Wandrille, les écoles mentionnées par Théodulf à Orléans et aux alentours, et surtoutSaint-Martin de Tours, où Alcuin enseigne à partir de796. Plus au sud on noteFlavigny,Lyon autour de Leidrade, leMont-Cassin que Paul Diacre regagne en786, etSaint-Vincent du Volturne où enseigneAmbroise Autpert. La Germanie est moins riche en centres d'études, alors que desscriptoria y sont actifs[50].

L'activité culturelle à la cour carolingienne

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L'existence d'une école aupalais carolingien (ou « école palatine ») a été longtemps supposée d'après une anecdote rapportée parNotker de Saint-Gall. Ce dernier montre dans une scène de sesGesta Karoli Magni le roi passant en revue les élèves du maître irlandaisClément, et leur exprimant félicitations et remontrances :

« Et quand le très victorieux Charles revint en Gaule après une longue absence, il ordonna aux jeunes gens qu'il avait confiés à Clément de paraître devant lui, et de lui présenter leurs textes et leurs chants. Or les textes des garçons d'origine pauvre ou modeste étaient relevés des douceurs de la sagesse, au-delà de toute attente ; tandis que ceux des plus nobles ne révélaient que de banales sottises. Alors le très sage Charles, imitant le verdict du Juge éternel, réunit les plus travailleurs à sa droite et leur tint ce discours : "Soyez félicités, mes enfants, car vous vous êtes efforcés de suivre au mieux mes prescriptions et votre intérêt. Travaillez donc désormais pour atteindre la perfection, et je vous donnerai des évêchés et de magnifiques monastères, et vous serez toujours honorables à mes yeux." Puis il se tourna vers ceux de gauche avec un air de réprimande et, ébranlant leurs consciences de son regard enflammé, leur lança ces terribles sarcasmes, tempêtant plutôt que parlant : "Vous, nobles, vous, fils de l'élite, vous, délicats et beaux, vous vous reposez sur votre naissance et vos biens, sacrifiant à mes ordres et à votre propre gloire, négligeant l'étude des lettres, cédant à l'attrait du luxe et de l'oisiveté ou aux occupations frivoles." Et il les foudroya encore, levant au ciel son auguste tête et sa dextre invincible comme pour prêter serment : "Par le Seigneur des cieux ! Je n'ai que faire de votre naissance et de votre beauté, d'autres que moi peuvent vous admirer ; et tenez pour sûr qu'à moins que vous ne rattrapiez votre négligence au plus vite par une étude attentive, vous ne gagnerez jamais rien d'agréable auprès de Charles."[51] »

Cette anecdote de Notker est cependant largement fictive dans la mesure où elle met en scène, sur le modèle du récit évangélique du jugement dernier (Math. 25), et dans le cadre des écoles destinées à la formation élémentaire des enfants nobles, un aspect mythique de la politique culturelle de Charlemagne. L'idée de l'existence d'une 'École' de niveau supérieur est à rapprocher de la formulation, à la fin duIXe siècle, du thème de latranslatio studii[52]. Car siCharles exigeait probablement un travail sérieux aux clercs de la cour, laschola du palais était bien plus un groupe de scribes, de notaires, de chantres et de copistes, dont certains en phase d'apprentissage, qu'une école structurée, avec cours et examens[48]. Certes, Charles souhaite que les maîtres invités fassent bénéficier ses fils et filles légitimes ou bâtards, et de jeunes clercs, de leurs connaissances. Ainsi Alcuin est-il l'auteur de plusieurs traités de grammaire et de rhétorique, écrits pour plus de pédagogie sous forme de dialogues[53].

Évangiles d'Aix-la-Chapelle, folio 67v : les quatreévangélistes (école du palais d'Aix, vers 820)

Alcuin emploie quant à lui l'expression d'« Académie palatine » pour désigner les personnalités lettrées du palais. Ce petit groupe mêle activités intellectuelles et loisirs de cour. On s'y octroie des surnoms d'inspiration antique, commeÉnée pour Charlemagne,Flaccus pour Alcuin,Homère pourAngilbert,Naso pourModoin ; ou bien biblique, avec cette foisDavid pour Charlemagne,Aaron pourHildebold,Béséléel pourÉginhard ou encoreNathanaël pourFridugise[54]. Décrivant la cour,Théodulf d'Orléans parle du chambrier Meginfrid sous le nom du berger Thyrsis[55],[56]. Les lectures ou débats sur les thèmes religieux, scientifiques ou philosophiques ont souvent lieu à table ou même dans la piscine du palais[57]. Les questions sont parfois fort sérieuses :Fridugise, disciple anglo-saxon d'Alcuin, doit ainsi défendre l'existence réelle du néant et des ténèbres face aunominalisteAgobard. D'autres occupations peuvent sembler plus futiles, comme les jeux de devinettes entre le jeunePépin et Alcuin, rapportées par ce dernier — quoiqu'elles laissent transparaître un souci pour le problème philosophique et logique de ladéfinition des termes :

« —Pépin. Qu'est-ce que l'écriture ?
Alcuin. La gardienne de l'histoire.
P. Qu'est-ce que la parole ?
A. L'interprète de l'âme.
P. Qu'est-ce qui crée la parole ?
A. La langue.
P. Qu'est-ce que la langue ?
A. Le fouet de l'air.
P. Qu'est-ce que l'air ?
A. Le gardien de la vie.
P. Qu'est-ce que la vie ?
A. La joie pour les heureux, la douleur pour les malheureux, l'attente de la mort.
P. Qu'est-ce que la mort ?
A. Un événement inévitable, un voyage incertain, des larmes pour les vivants, l'objet des testaments, le ravisseur des hommes.
(etc.)[58] »

Les acteurs de la renaissance carolingienne réunis à la cour d'Aix affluent de tout l'Occident. Les maîtres italiens,Pierre de Pise etPaul Diacre, sont les premiers. Deux provenances principales se détachent ensuite : l'Espagne et lesîles Britanniques.

Les« espagnols » sont principalement des réfugiés de l'Espagne conquise par les musulmans depuis711[59]. Outre l'activitémozarabe, située hors de l'aire d'influence carolingienne, les régions du nord de l'Espagne et les Marches sont très actives. Dans lesAsturies chrétiennes (qui deviennent à partir duIXe siècle l'objet d'un grand mouvement de pèlerins après la découverte des reliques desaint Jacques àCompostelle, enGalice) et laMarche d'Espagne contrôlée par Charles, affluent les lettrés chrétiens, comme àUrgell sous l'évêqueFélix, animateur de l'hérésieadoptianiste[60].Théodulf d'Orléans est le plus célèbre de ces réfugiés, mais on peut citer aussiClaude de Turin etAgobard.

Quant auxAnglo-Saxons etIrlandais, ils sont nombreux à imiterWillibrord etBoniface en rejoignant le continent, cette fois pour séjourner à la cour : Alcuin bien sûr, mais aussiLull (abbé deFulda) et, pour les Irlandais,Clément,Dungal, ainsi qu'un certain Joseph dont on ne connaît que le nom[61]. Cette influence se retrouve également dans la production de manuscrits et dans la peinture, notamment au sein d'ateliers comme celui d'Alcuin àTours, et celui deSaint-Gall[62].

Le travail desscriptoria carolingiens est d'ailleurs à souligner sur tout le continent : les milliers de manuscrits conservés aujourd'hui (près de huit mille) en sont les témoins et ne représentent qu'une partie de la production de l'époque, caractérisée par l'emploi de laminuscule caroline[63]. Si Charlemagne ne savait pas écrire, il savait du moins lire et possédait selonÉginhard un grand nombre de livres[64]. L'inventaire de la bibliothèque d'Aix, redécouvert auXXe siècle[65], en indique le contenu (ouvrages réalisés dans desscriptoria de tout l'Occident) : auteurs antiques (Lucain,Stace,Juvénal,Tibulle) côtoient références médiévales (Bède,Isidore) et commandes de Charles, comme l'homéliaire dePaul Diacre ou laBible révisée par Alcuin, et qui fera autorité pendant tout le Moyen Âge[66]. Il faut y ajouter les réalisations de l'atelier de lachapelle d'Aix, chefs-d'œuvre de l'art carolingien[62].

Un renouveau durable

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L'œuvre scolaire des successeurs de Charlemagne

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La mort de Charles ne signifie en rien la fin de sa politique, reprise parLouis le Pieux. La renaissance carolingienne peut donc se poursuivre[67]. La législation scolaire demeure en particulier une préoccupation prioritaire du pouvoir. En817, le concile d'Aix réuni par Louis etBenoît d'Aniane décide de réserver les écoles monastiques auxoblats se préparant à devenir moines, l'ouverture d'écoles externes destinées aux laïcs étant possible en complément[68]. Leplan de Saint-Gall montre ainsi une école sur le flanc de l'église, bien distincte du quartier des novices et des oblats derrière l'abside. Cette décision a finalement un effet malheureux : la plupart des monastères n'ayant pas les moyens de créer une double école, la décision est rarement appliquée et l'éducation des laïcs en pâtira[8].

Plan de Saint-Gall (détail) : on distingue bien la séparation entre l'école extérieure (en orange) et le quartier des oblats et novices (en vert). L'école comprend douze pièces et deux salles de récréation. Le couloir de l'autre côté de l'école conduit aux latrines (en marron).

Cet échec est mis en évidence au concile d'Attigny, en822, lorsque les évêques expriment leur regret de n'avoir pu organiser les écoles comme ils le devaient, et prévoient de créer de nouveaux centres scolaires[69]. Louis réitère sa volonté aux évêques en825 :

« Ne négligez pas de mettre en place de bonnes écoles pour l'instruction et l'élévation des fils et des ministres de l'Église, ainsi que nous l'avons promis et que vous l'avez demandé précédemment à Attigny, dans des lieux adéquats, partout où cela n'a pas été fait, et cela pour votre avantage et profit[70]. »

En réponse, les évêques réunis au concile de Paris en829 conseillent à l'empereur d'imiter son père, et de créer des écoles publiques (scole publice), c'est-à-dire contrôlées par lui (et non pas ouvertes à tous), et ce dans trois lieux différents[71]. Cette recommandation est d'ailleurs à rapprocher des réformes effectuées parLothaire en Italie du nord dès 825. À l'assemblée de Corte d'Ollona, près dePavie, le roi desLombards et fils de l'empereur décide en effet la création de neuf foyers scolaires pour accueillir les clercs :

« Quant à l'enseignement, qui à cause de la trop grande incurie et l'ignorance de certains préposés aux églises, est profondément ruiné en tous lieux, il nous a plu que tous observent ce qui a été institué par nous, que les personnes qui ont été établies par nous dans des lieux désignés pour enseigner aux autres manifestent le plus grand zèle, de sorte que les élèves qui leur sont confiés fassent des progrès et s'attachent à l'enseignement, comme l'exige la nécessité présente. Pour la commodité de tous cependant, nous avons prévu de manière distincte des lieux appropriés à cet entraînement afin que nul n'ait l'excuse de l'éloignement ou de la pauvreté. Nous voulons donc qu'à Pavie se rassemblent auprès de Dungal les étudiants de Milan, de Brescia, de Lodi, de Bergame, de Novare, de Verceil, de Tortone, d'Acqui, de Gênes, d'Asti, de Côme. À Ivrée, c'est l'évêque lui-même qui enseignera. À Turin se réuniront les étudiants de Vintimille, d'Albenga, de Vado, d'Alba. À Crémone étudieront ceux de Reggio, de Plaisance, de Parme, de Modène. Vers Florence se tourneront les Toscans. À Fermo viendront les étudiants des cités du duché de Spolète. À Vérone, ceux de Mantoue et de Trente. À Vicence, ceux de Padoue, de Trévise, de Feltre, de Ceneda, d'Asolo. Les autres cités enverront leurs élèves à l'école de Cividale de Frioul[72]. »

Cette mesure inspire également le papeEugène II, qui ordonne au concile de Rome de826 d'établir des écoles dans tous les évêchés et autres lieux qui pourraient le nécessiter dans les régions sous le contrôle de la papauté, afin d'y enseigner les arts littéraires et libéraux et les dogmes sacrés[73].

Ces efforts conjugués sont peut-être la raison pour laquelle le développement culturel de l'Occident chrétien est peu affecté par lepartage de Verdun de843 et lesinvasions vikings : la partition de l'Empire n'a en effet que peu de conséquences[74], au plus un simple ralentissement du développement des écoles[75]. Les textes sur la législation scolaire se font en effet plus rares.Léon IV reprend en853 les décisions d'Eugène II, en insistant sur l'enseignement religieux et en demandant un rapport des maîtres ; puis en859 au concile deSavonnières, les évêques demandent àLothaire II et àCharles le Chauve de créer de nouvelles écoles publiques afin que les progrès effectués grâce aux Carolingiens se poursuivent[76].

L'activité des cours

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Comme son père,Louis le Pieux s'efforce que la cour d'Aix rayonne sur le plan culturel. Les lettrés y sont toujours nombreux : l'IrlandaisDicuil, qui compose un traité de géographie,Éginhard, qui rédige sur le modèle deSuétone saVita Karoli Magni vers830,Walafrid Strabon, et l'abbé deFulda,Raban Maur, auteur prolifique de traités sur lesarts libéraux et diverses questionsthéologiques. Louis bénéficie par ailleurs des cadeaux de l'empereur byzantinMichel le Bègue, qui lui envoie les œuvres duPseudo-Denys (qu’Hilduin, abbé deSaint-Denis, est alors chargé de traduire) et un orgue hydraulique[77].

Le roiCharles le Chauve se fait présenter le livre par les moines deSaint-Martin de Tours.Bible de Vivien, Tours,845, folio 423.

Après843, plusieurs cours maintiennent une activité culturelle et rivalisent pour attirer des lettrés.Lothaire Ier compte ainsi parmi ses proches Raban Maur,Angelome de Luxeuil, etSedulius Scotus qui reste après855 au service deLothaire II, pour lequel il compose un « miroir », leLiber de rectoribus christianis. L'évêque deMetz et fils deCharlemagne,Drogon, anime une cour épiscopale avecMurethach, et reçoit des traités de Raban Maur, dont sonDe Universo[78].Charles le Gros est quant à lui proche deSaint-Gall et commande la biographie de Charlemagne rédigée parNotker.

Mais c'est sans contesteCharles le Chauve qui est en la matière le plus digne héritier de Charlemagne, s'intéressant à de nombreux sujets. Il se fait adresser des ouvrages d'histoire parFréculf de Lisieux et parLoup de Ferrières, et fait composer parNithard une histoire de son temps. Il commande aussi son martyrologe àUsuard, et se fait adresser des Vies de saints :Vie de saint Amand par Milon de Saint-Amand,Vie de saint Germain d'Auxerre parHéric d'Auxerre. Un diacre deNaples, Paul, traduit également à son intention uneVie de sainte Marie l'Égyptienne et uneConversion de Théophile, consacrée àThéophile d'Adana et à son pacte avec lediable. Enfin,Anastase le Bibliothécaire traduit pour lui des récits sursaint Démétrios de Thessalonique et sursaint Denis[78].

Le mythe de saint Denis, patron de la dynastie carolingienne, trouve d'ailleurs ses sources de manière décisive auIXe siècle : comme on l'a vu, Hilduin, abbé de Saint-Denis, est chargé de traduire les œuvres duPseudo-Denys, qui s'identifie lui-même àDenys l'Aréopagite, évêque d'Athènes auIer siècle. Or, Hilduin rédige vers835 uneVita sancti Dionysii dans laquelle il identifie cette fois le premier évêque de Paris (IIIe siècle) à l'Aréopagite[79]. Une confusion entretenue tout au long du Moyen Âge et reprise parSuger auXIIe siècle[80]. L'identification de la dynastie, du saint et de l'abbaye se poursuit sous Charles le Chauve. Ce dernier, abbé laïc du monastère, demande àJean Scot Érigène de réviser la traduction des œuvres attribuées au saint patron, ce qui est achevé vers860-862. L'influence intellectuelle du Pseudo-Denys sur la théologie mystique est inestimable, à commencer par lePeriphyseon de Jean Scot lui-même, qui laisse une large part à lathéologie négative[81].

Article détaillé :saint Denis.

Jean Scot assiste également Charles au sujet des thèses deGottschalk sur laprédestination (alors qu'Hincmar,Ratramne de Corbie etLoup de Ferrières ont déjà été consultés)[82]. L'Irlandais rédige à ce sujet sonDe divina praedestinatione liber (851)[81]. D'autres questions théologiques suscitent les questions de Charles, comme lorsqu'il demande en842 à Ratramne de lui exposer ses idées sur l'eucharistie, en réaction auDe partu Virginis dePaschase Radbert (à la posture réaliste) : le futur débat sur latranssubstantiation est à peine annoncé[83].

Enfin, le roi aime réunir moines et clercs, comme en témoigneHéric d'Auxerre dans la dédicace de saVita sancti Germani :« C'est donc à bon droit qu'on appelle école ce palais dont, chaque jour, le chef ne s'exerce pas moins aux arts scolaires qu'aux arts militaires[84]. »

Héric y rapproche également Charles deSalomon, deCésar et de l'idéal duroi philosophe. Achevée en873, cetteVie précède de deux ans le sacre impérial de Charles parJean VIII.

L'éducation auIXe siècle

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Les foyers principaux

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Centres d'études carolingiens,VIIIe et IXe siècles : en vert les écoles monastiques, en orange les écoles épiscopales

Mesuré par l'activité et la localisation des écoles auIXe siècle, le renouveau carolingien est incontestable. Sur la carte dense des écoles de l'Empire, quelques foyers majeurs apportent une contribution notable[85]. EnFrancie occidentale, ce sontSaint-Amand,Saint-Riquier etCorbie (dont proviennentPaschase Radbert etRatramne), les écoles épiscopales deReims (sousEbbon etHincmar) et deLaon,Saint-Denis et l'école parisienne deSaint-Germain-des-Prés (en plein essor), et plus au sud les écoles deFerrières (sous l'abbéLoup de Ferrières, élève d'Alcuin) etd'Auxerre (où enseigneHéric, élève de Loup).

EnLotharingie, les principales écoles épiscopales sont àMetz (sousDrogon), àLiège (sousHartgar et grâce à l'enseignement deSedulius) et àUtrecht, tandis que des centres monastiques sont actifs àStavelot (avecChristian de Stavelot), àSaint-Mihiel (avecSmaragde) et àMurbach. Il faut y ajouter l'école deLyon, où le travail deLeidrade est poursuivi parAgobard, et où œuvrent des lettrés commeFlorus.

Dans leroyaume de Germanie, le principal centre scolaire est l'abbaye de Fulda, restaurée et animée parRaban Maur, élève favori d'Alcuin, dont l'œuvre est parmi les plus considérables du Moyen Âge, en qualité comme en quantité[86]. Signalons également les écoles deReichenau, dirigée parWalafrid Strabon, et deSaint-Gall, où s'illustrent sous l'abbé Grimald et après lui des lettrés comme les Irlandais Marc et Marcellus,Tuotilo, Ratpert etNotker le Bègue.

Enfin, en Italie, l'activité culturelle reste intense dans le nord : àPavie, àVérone où demeure l'archidiacre Pacificus, àCivate, abbaye rattachée à Saint-Gall où enseigne Hildemar de Civate. La situation est toujours moins brillante plus au sud, bien que subsiste une activité, notamment de traduction, à la bibliothèque duLatran, sous son bibliothécaireAnastase.

Les écoles

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L'école duPlan de Saint-Gall (en haut :Haec quoque septa premunt discentis uota iuuentae), à laquelle on accède par le flanc de l'église (introitus). On distingue les douze cellules où résident les écoliers (mansiunculae scolasticorum hic), et au centre deux grandes pièces sur lesquelles il est inscrit :domus communis scolae (maison commune de l'école) ; sur celle de gauche est préciséid (est) vacationis, ce qui semble désigner le lieu de récréation. Un couloir mène aux latrines (necessarius exitus).

Leplan de Saint-Gall est une source d'information précieuse, qui présente en particulier le plan d'une école. À partir du flanc de l'église[87], on accède à un bâtiment situé entre la maison de l'abbé et la résidence pour les invités nobles.Douze cellules, sans doute les chambres des écoliers (mansiunculae scolasticorum hic) entourent deux grandes pièces communes (domus communis scolae) où se déroulent les cours. Un coin semble réservé à la récréation (id (est) vacationis)[réf. nécessaire][88]. Un couloir mène auxlatrines (necessarius exitus), qui comprennent quinze places. Le bâtiment dans son ensemble est couvert d'une toiture de tuiles ajourée pour l'aération et la lumière (testu). La maison du maître se trouve quant à elle contre l'église, face à l'entrée[89].

Ce schéma peut être considéré (comme l'ensemble du dessin) comme un plan-type, représentant une conception idéale de l'école. Le mobilier scolaire devait quant à lui être simple : chaire pour le maître et sièges le long des murs pour les élèves. Ceux-ci portaient leur stylet et leurs tablettes (en général une paire), attachées par un cordon : celles-ci sont réutilisables en les effaçant avec l'autre bout du stylet. Le parchemin, plus coûteux, n'est utilisé que par le maître. Celui-ci les plie en cahier (schedula) ou les coud en rouleau (volumen), et se constitue ainsi une collection de notes de lectures, commentaires, florilèges à son usage[90]. La question de la discipline est abordée par certains auteurs, commePaul Diacre qui conseille une surveillance de trois ou quatre maîtres pour dix enfants, et recommande la modération dans l'usage du fouet et des punitions, allant même jusqu'à recommander d'interdire de telles pratiques à son avis inefficaces[91].

Les programmes

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La base de l'enseignement scolaire est d'abord constituée de l'apprentissage de la lecture et de celui du latin. Un manuscrit deSaint-Gall présente des dialogues bilingues semblables aux méthodes contemporaines[92]. L'apprentissage de l'écriture ne vient qu'ensuite, d'abord en traçant des lettres sur des tablettes, puis, plus tard, en écrivant à la plume sur du parchemin : comme on le sait grâce àÉginhard,Charlemagne savait lire mais ne parvint jamais à écrire, faute de s'y être exercé assez tôt[93]. Le calcul est une autre obligation de l'apprentissage élémentaire. Celui-ci passe par des devinettes ressemblant aux problèmes scolaires actuels, dans lesPropositiones ad acuendos juvenes d'Alcuin.

Le calcul passe également par la technique ducomput digital, héritée de l'antiquité romaine et remise à l'honneur parBède. Celle-ci permet de retrouver lesfêtes mobiles du calendrier, mais aussi d'exprimer des quantités (jusqu'au million), ou d'apprendre les notes de musique. Les efforts dans l'apprentissage de la musique, voulus par Charlemagne à travers l'Admonitio generalis[94], montrent l'importance des différentes applications du comput digital.

Grammaire, qui tient laférule, enseigne aux élèves, équipés de tablettes. Illustration d'une copie desNoces de Philologie et de Mercure, de Martianus Capella (Ve siècle), qui y présente les septarts libéraux.Manuscrit de Fleury,Xe siècle.

Renouveau des arts libéraux

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Les programmes scolaires plus poussés doivent beaucoup aux grands lettrés de la renaissance carolingienne, à commencer par Alcuin, dont la contribution majeure en la matière est la réhabilitation desarts libéraux. Il reprend la notion développée parMartianus Capella, les sept disciplines constituant pour lui les colonnes ou degrés du temple de la Sagesse, se référant en cela auxProverbes (9,1)[95]. Il invente le terme detrivium regroupant les disciplines s'appliquant à l'écriture (lagrammaire, larhétorique et ladialectique) défendues parCassiodore, pour faire pendant auquadrivium de Boèce (arithmétique,géométrie,astronomie,musique)[11]. Alcuin compose enfin quatre traités sur letrivium : pour la grammaire (De Grammatica)[96], l'orthographe (De Orthographia)[97], la rhétorique (De Rhetorica et Virtutibus)[98] et la dialectique (De Dialectica)[99].

Hormis Alcuin etBède, les autres manuels majeurs sont bien souvent tout droit venus de l'Antiquité : ainsi, pour la grammaire,Donat (Ars minor etArs major),Priscien (Institutiones grammaticae),Phocas (Ars de nomine et verbo), Euthychès (Ars de verbo). La grammaire est également étudiée par la lecture des classiques païens (Virgile,Horace,Juvénal,César,Salluste,Flavius Josèphe,Eusèbe de Césarée,Orose) aussi bien que chrétiens (Prudence,Juvencus,Sedulius)[100].

La rhétorique est enseignée grâce àQuintilien etCicéron, et la dialectique revient au goût du jour : on redécouvreBoèce (Consolation de Philosophie), et les œuvres antiques, notamment les quatre composantes de lalogica vetus : lesCatégories et lesInterprétations d'Aristote, l’Isagoge dePorphyre (trois ouvrages traduits par Boèce) et lesTopiques de Cicéron[101]. Ces efforts paient : on voit la maîtrise dont fait preuveJean Scot Érigène dans sonDe divisione naturae, où la dialectique devient l'instrument rationnel privilégié pour établir la connaissance, même en matière théologique, et devant l'auctoritas[102]. L'éloge que faitRaban Maur de la dialectique est en cela tout à fait significatif :

« La dialectique est la discipline de la raison qui cherche, définit et disserte, capable de discerner même le vrai du faux. C'est la discipline des disciplines ; elle enseigne à enseigner, elle enseigne à apprendre, en elle la raison se démontre elle-même et explicite ce qu'elle est, ce qu'elle veut, ce qu'elle voit[103]. »

Concernant lequadrivium, Boèce et Martianus Capella restent les auteurs les plus utilisés. SelonÉginhard[93], l'astronomie fait l'objet de l'attention de Charlemagne, qui échange des lettres sur le sujet avec Alcuin[104], questionneDungal sur les deux éclipses de810[105], et fait rédiger un abrégé d'astronomie et de comput[66]. Dans le domaine musical, la formation des chantres reste souvent le fait d'écoles spécialisées, comme àMetz,Saint-Wandrille,Salzbourg,Lyon ou encoreSaint-Gall[106]. La théorie (musica), nécessaire à la pratique musicale des chantres (cantus), est apprise grâce àsaint Augustin,Martianus Capella etBoèce[107]. Mais les progrès sont permanents. Vers800 àSaint-Riquier est composé le premiertonaire[108] qui fixe le tonpsalmodique d'uneantienne. Puis, sousLouis le Pieux, le chancelierHélisachar,Agobard de Lyon etNebridius perfectionnent l'antiphonaire dit grégorien[77]. Dans la deuxième moitié duIXe siècle,Notker le Bègue développe l'usage desneumes pour lanotation musicale. Les progrès suivants de la théorie et de la notation sont dus àHucbald de Saint-Amand, àRéginon de Prüm, et surtout à l'anonyme du traitéMusica enchiriadis, dans lequel apparaît l'organum, et donc la polyphonie[107].

Enfin, les arts libéraux ouvrent à l'étude de lamédecine, et bien sûr à l'exégèse biblique, qui font l'objet de manuscrits, mais pas encore d'enseignements spécifiques[107].

Première page du cycle de PâquesLaudes Salvatori, deNotker le Bègue (Graduel et séquences), avec desneumes. Manuscrit carolingien, v.860

Les laïcs : une éducation balbutiante

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Il est d'abord essentiel de distinguer l'éducation des laïcs de celle des clercs, en raison de la séparation des oblats décidée en817[87]. Il y eut sans doute peu d'exemples de telles écoles doubles : de fait, rares sont les laïcs à être instruits, et notamment à connaître le latin. Quatre d'entre eux sont passés à la postérité.Éginhard, dont on connaît laVita Karoli ;Angilbert, auteur de poèmes et soucieux d'enrichir la bibliothèque de Saint-Riquier, dont il est l'abbé laïc[109] ;Évrard de Frioul, dont le testament recense tous les livres, qui comprennent aussi textes religieux aussi bien que classiques[110] ; et enfin une femme,Dhuoda.

L'exemple de cette dernière est d'autant plus significatif qu'elle est l'auteur duLibellus manualis (Manuel) à l'usage de son filsGuillaume, composé entre841 et843[111] : en réalité un « miroir », recueil de conseils moraux, comme le montre le prologue :

« (…) De même que le jeu des échecs est le plus brillant des arts mondains pour un jeune homme ; de même que le miroir d'une femme lui montre ce qui doit disparaître de son visage et ce qu'elle doit y laisser voir pour plaire à son époux ; ainsi je désire qu'au milieu du tourbillon du monde et du siècle, tu lises fréquemment mon livre. Fais-le en souvenir de moi, aussi souvent qu'on se regarde dans un miroir ou qu'on joue aux échecs. Fais-le, quel que soit le nombre croissant de tes autres livres, et avec l'aide de Dieu comprends-le. Tu y trouveras ce que tu préfères connaître, en abrégé ; tu y trouveras aussi un miroir où tu pourras considérer le salut de ton âme, afin de plaire non seulement au siècle, mais encore à Celui qui t'a formé du limon (…)[112]. »

D'autres ouvrages de ce type existent et nous informent sur le socle de l'éducation des laïcs. Comme un traité de la plume d'Alcuin,Des vices et des vertus (De virtutibus et vitiis liber), destiné à Guy de Bretagne[113], comme leLivre des exhortations (Liber Exhortationis) dePaulin d'Aquilée, écrit pour Éric, duc de Frioul[114], ou encore comme le traitéDe l'éducation des laïcs (De institutione laicali) deJonas d'Orléans[115]. Il faut ajouter à cela l'essor des « miroirs de princes », commeLe Métier de roi (De institutione regia) du même Jonas[116], ou leLivre des bons chrétiens (Liber de rectoribus christianis) deSedulius[117]. Une éducation pour l'élite, donc : encore faut-il traduire les œuvres pour une grande partie de celle-ci, comme le font faireCharlemagne et, enAngleterre,Alfred le Grand[118].

La chroniqueGesta Karoli Magni, écrite en 884 parNotker le Bègue, rapporte une visite deCharlemagne dans une école laïque : l'empereur d'Occident félicite des élèves de condition modeste et tance du regard les fils de nobles. Les manuels d'instruction primaire de latroisième République s'appuient sur ce mythe(la plupart des enfants de paysans ayant sans doute été exclus de cette scolarité)[réf. nécessaire] pour faire deCharlemagne l'ancêtre de l'école primaire et obligatoire[119].

Bilan de la renaissance carolingienne

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Le sauvetage du latin et de la culture classique

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Le bilan de la renaissance carolingienne est déjà souligné par les lettrés de la cour de Charlemagne, qui célèbrent ce dernier.Alcuin, bien sûr, qui ne manque pas de souligner son rôle culturel et plus largement spirituel dans ses lettres[120]. Mais aussi parHéric d'Auxerre qui voit en lui« celui qui a fait jaillir les flammes des cendres »[121], etLoup de Ferrières pour qui Charles est« celui que les lettres doivent faire connaître afin de lui procurer une mémoire éternelle »[122].Walafrid Strabon voit en Charlemagne un véritable idéal :

« De tous les rois, Charles était le plus avidement empressé à rechercher les savants et à leur procurer le moyen de philosopher tout à leur aise, ce qui lui permit d'assurer à nouveau le rayonnement de la science entière en partie inconnue de ce monde barbare et de faire ainsi de toute l'étendue du royaume qu'il avait reçu de Dieu encore enveloppé de brumes et pour ainsi dire presque aveugle, un pays lumineux aux yeux pénétrés de clarté divine[123]. »

Le rôle de Charlemagne et des Carolingiens est donc clairement reconnu et souhaité, comme en témoigne la déclaration deSavonnières en859[87]. Les princes duIXe siècle sont également l'objet de louanges, en particulierCharles le Chauve, par exemple sous la plume d'Héric d'Auxerre[124].

Quel bilan historique dresser de la renaissance carolingienne ? D'abord, le renouveau scolaire n'est pas anodin. La législation scolaire initiée par Charlemagne et rappelée tout au long de son règne, puis par ses successeurs, prend une part active dans la multiplication des centres d'études en Occident. Ces aspects quantitatifs sont complétés par au moins deux grands axes culturels majeurs, et essentiels pour la vie intellectuelle de tout le Moyen Âge occidental et au-delà.

Signalons ensuite la sauvegarde de nombreux textes de l'Antiquité, en particulier les auteurs latins, recopiés à l'initiative des maîtres, et grâce au travail desscriptoria. Parmi les plus importants, on compteVirgile,Horace,Térence,Quintilien,Sénèque,Cicéron. Nous n'avons aujourd'hui à notre disposition que cent cinquante œuvres environ, sur l'ensemble des huit cents noms d'auteurs latins que nous connaissons : cet héritage est dû, outre les textes qui nous sont parvenus par l'intermédiaire deByzance et du monde musulman, à la renaissance carolingienne[125]. Un héritage classique mêlé à la culture chrétienne (et notamment monastique) par les lettrés de la période carolingienne dans une démarche comparable à celle deshumanistes[126].

Par ailleurs, le renouveau de la langue latine elle-même doit beaucoup aux efforts des Carolingiens pour sa correction (ouemendatio)[127]. Selon Michel Banniard, on assiste à« un retour à marches forcées vers la norme latine grâce à l'intervention massive de grammairiens venus de toute l'Europe »[128]. Ces progrès, dont nous ne connaissons que les traces écrites, existent également à l'oral, comme en témoigne le souci nouveau de noter la ponctuation sur les manuscrits[129]. Dans l'ensemble, ce travail sur la langue latine est célébré par ses contemporains. Un poète de cour compare ainsi à la bravoure militaire du roi, l'ardeur qu'il déploie pour éradiquer les erreurs qui corrompent les textes :

« Héros très courageux, il jette à terre, par ses guerres, les sauvages / Le roi Charles ne le cède à personne par l'éclat du cœur / Sans souffrir que les ronces de l'erreur s'immiscent parmi les livres, / sublime par son zèle, en tout il corrige bien[130]. »

Ces progrès sont d'ailleurs accompagnés d'efforts similaires dans le domaine deslangues vernaculaires, les princes carolingiens souhaitant que des textes chrétiens soient écrits ou traduits en langue germanique ou romane à l'intention des aristocrates ne connaissant pas le latin[131], de même que les évêques sont invités à rédiger leurs homélies et à dire leurs prêches en langue barbare[132].

Des limites à signaler

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Laminuscule caroline, progrès desscriptoria ou symbole d'une culture des élites et du luxe ?

Le bilan scolaire reste cependant à nuancer, en raison du grave échec consécutif au concile d'Aix de817, entraînant la fermeture des écoles monastiques, notamment les plus modestes, dans les campagnes[87].Jacques Le Goff est particulièrement sévère à ce sujet :

« D'une renaissance elle n'a aucun des traits quantitatifs que nous paraît impliquer cette notion. (…) Renaissance pour une élite close – numériquement très faible – destinée à donner à la monarchie cléricale carolingienne une petite pépinière d'administrateurs et de politiques. Les manuels d'histoire républicains français se sont bien trompés en popularisant un Charlemagne, illettré d'ailleurs, protecteur de la jeunesse des écoles, et précurseur de Jules Ferry. (…) La science pour ces chrétiens, chez qui sommeille le barbare, c'est un trésor. Il faut le garder soigneusement. Culture fermée, à côté de l'économie fermée. La renaissance carolingienne, au lieu de semer, thésaurise. Peut-il y avoir une renaissance avare[133] ? »

Si la vision d'une « économie fermée » a depuis évolué[réf. nécessaire], ces limites demeurent signalées pour les questions culturelles dans l'historiographie plus récente, comme chezPhilippe Depreux,historienfrançais, spécialiste duhaut Moyen Âge :

« (…) on ne peut se départir de l’idée que le renouveau culturel des temps carolingiens, ce qui relève vraiment de la « renaissance », ne concerna que peu de monde : essentiellement l’entourage du souverain et les élites, certains clercs et moines. (…) Tout cela fait une récolte d’importance sur le plan intellectuel, mais modeste quant au nombre[134]. »

De plus, la magnificence des manuscrits de l'époque, symbolisée par laminuscule caroline, en fait selon Le Goff des objets de luxe plus que des outils d'étude :

« (…) ils ne sont pas faits pour être lus. Ils vont grossir les trésors des églises, des riches particuliers. Ils sont un bien économique plutôt que spirituel. (…) Les livres ne sont pas considérés autrement que les vaisselles précieuses[133]. »

D'autres historiens étendent cette réflexion à la langue latine qui, restaurée parmi l'élite, se ferme définitivement au peuple, véritable « drame de la Renaissance carolingienne[129] ». De telles considérations amènent aujourd'hui certains spécialistes de la période, commeMichel Sot, à se prononcer « pour une réévaluation de la renaissance carolingienne[135] ». Pierre Riché tempère toutefois ces positions :

« On a dit qu'en arrêtant l'évolution du latin qui peu à peu devenait une langue parlée, ancêtre de la langue romane, les Carolingiens avaient créé un fossé entre une culture savante et une culture populaire. Cela est vrai mais le succès de la réforme liturgique, le renouveau des études bibliques, l'unité entre tous ceux qui gouvernaient l'empire rendaient nécessaire que le latin retrouve sa correction et son universalité. Grâce aux Carolingiens, l'Occident va disposer pour des siècles d'un moyen de communication international qu'il ne retrouvera pas par la suite[131]. »

Sur la culture de la cour, enfin, l'historienJacques Le Goff la décrit de manière très critique comme :

« (…) celle des rois barbares, d'unThéodoric ou d'unSisebut. Elle se réduit souvent aux jeux puérils qui séduisent les Barbares. Prouesses verbales, devinettes, "colles" scientifiques, elle est voisine de nos jeux radiophoniques et de la page de récréations de magazines. L'Académie royale ne dépasse pas le divertissement de société, de cénacle provincial autour du prince qu'on s'amuse à appeler tantôt David, tantôt Homère. L'empereur qui sait lire – ce qui est beaucoup pour un laïc – mais non écrire, s'y amuse comme un enfant en se faisant fabriquer un alphabet de grosses lettres qu'il cherche à déchiffrer la nuit en les tâtant avec ses doigts sous l'oreiller. L'enthousiasme pour l'Antiquité se limite souvent à la retrouver chezCassiodore etIsidore de Séville[136]. »

Ces limites, Le Goff les attribue, en se référant à l'historien polonaisAleksander Gieysztor[136], au groupe social réduit et fermé que constitue la cour carolingienne, dont les besoins culturels se réduisent à l'amusement d'un petit groupe de fonctionnaires.

Lachapelle palatine, legs architectural deCharlemagne.

Extensions : art et architecture

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Sous la direction deCharlemagne, de nouveauxÉvangiles et œuvres liturgiques mais aussi des documents historiques, littéraires et scientifiques d'auteurs anciens, sont copiés. Les enluminures sont particulièrement riches pour les manuscrits royaux, comme l'évangéliaire de Charlemagne réalisé à Aix-la-Chapelle où les meilleurs artistes sont regroupés. Dans ces chefs-d'œuvre convergent les influences byzantines, irlandaises ou antiques[137]. Ces influences se retrouvent dans d'autres formes artistiques, comme l'orfèvrerie.

Article détaillé :Art carolingien.
Aqueduc carolingien àIngelheim.

L’architecture connaît aussi un essor considérable.« Des centaines de résidences royales furent construites ou transformées, vingt-sept cathédrales furent bâties, des centaines de monastères eurent de nouveaux bâtiments », rappelle Pierre Riché[138]. De l'architecture carolingienne, on retient en particulier le palais royal d'Aix, et sa fameuse chapelle, souvent imitée au cours des siècles suivants. Pour cet ensemble, Charlemagne, qui souhaite rivaliser avec les palais orientaux, fait venir deRavenne des colonnes de marbre et la statue équestre deThéodoric. Par ailleurs, les évêques font aussi œuvre de bâtisseurs (àMetz,Lyon,Tournai,Le Mans) et des cathédrales importantes sont entamées, souvent reconstruites par la suite (comme àCologne ouReims)[139]. La construction de grands monastères fait aussi l'objet d'efforts particuliers, comme en témoigne le fameuxplan de Saint-Gall : des travaux sont menés àSaint-Denis, àSaint-Riquier,Fulda, et plus tardSaint-Germain d'Auxerre ouCorvey[140].

Articles détaillés :Architecture carolingienne,Palais d'Aix-la-Chapelle,Chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle etPlan de Saint-Gall.

Les Ottoniens :renovatio imperii et nouvelle « renaissance »

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L'Empire carolingien disparu, une nouvelle période de renouveau s'ouvre bientôt avec la « renaissance ottonienne » avec les continuateurs auto-proclamés de la dynastie impériale. Les rois deGermanie,Otton Ier,Otton II etOtton III jouent en effet un rôle majeur en protégeant les lettrés à l'imitation des Carolingiens[141].

La frontière entre renaissance carolingienne et renaissance ottonienne est cependant ténue. AussiPierre Riché préfère-t-il parler de « Troisième renaissance carolingienne » couvrant leXe siècle et débordant sur leXIe siècle, les deux premières étant celle du règne de Charlemagne proprement dit, et celle des règnes de ses successeurs[142]. Cette analyse souligne le lien, d'ailleurs revendiqué, entre les renouveaux culturels duVIIIe siècle auXIe siècle. Le renouveau ottonien peut d'ailleurs sembler limité en comparaison avec les temps carolingiens, et l'activité culturelle de la période ottonienne ressemble sous certains aspects à une survivance des temps carolingiens, auxquels elle doit le latin, les manuscrits, les œuvres classiques et les structures scolaires, plus qu'à une véritable renaissance.

Articles détaillés :Renaissance ottonienne etArchitecture ottonienne.

Notes et références

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  1. BnF - Trésors carolingiens : Renaissance carolingienne
  2. PhilippeDepreux, « Ambitions et limites des réformes culturelles à l'époque carolingienne »,Revue historique,vol. 623,no 3,‎,p. 721(ISSN 0035-3264 et2104-3825,DOI 10.3917/rhis.023.0721)
  3. Riché 1983,p. 354 cite la date de1839, année de parution de l'Histoire littéraire de la France avant leXIIe siècle de Jean-Jacques Ampère. Il semble cependant que ce dernier fit usage du terme de renaissance concernant le Moyen Âge avant cette date dans ses cours et articles, commeici.
  4. Voir par exemple la description de la cour deCharlemagne, très éloignée de l'idée d'une renaissance florissante :Histoire de France : Moyen Âge (Œuvres complètes, éd. 1893, p. 259 sqq.)Gallica.
  5. Erna Patzelt,Die karolingische Renaissance. Beiträge zur Geschichte der Kultur des frühen Mittelalters, Vienne, 1924.
  6. Giorgio Vasari est le premier à en faire l'usage dans sesVite en1550.
  7. Voir Walter Ullmann,The Carolingian Renaissance and the Idea of Kingship (The Birkbeck Lectures 1968-69), New York: Barnes and Noble, 1969 ;Jean Hubert, Jean Porcher, Wolfgang Volbach,Carolingian Renaissance, New York, Braziller, coll. "Arts of Mankind", 1970 (traduction en anglais deL'Empire carolingien, Paris, Gallimard, 1968) ; Garry W. Trompf, « The Concept of the Carolingian Renaissance »,Journal of the History of Ideas, vol. 34, n°1 (janvier-mars 1973), p. 3-26 ; Wallace-Hadrill, « A Carolingian Renaissance Prince: Charles the Bald »,Proceedings of the British Academy, n°64, 1978 ; Peter Godman,Poetry of the Carolingian Renaissance, Norman: University of Oklahoma, 1985.
  8. a etbVoirinfra
  9. Riché & Verger.
  10. Riché 1983,p. 354
  11. a etbMichel Lemoine, article « Arts libéraux » duDictionnaire du Moyen Âge,p. 94
  12. Riché,Éducation et culture, p.278-279
  13. Sur le sujet, voir Jacques Fontaine,Isidore de Séville et la culture classique dans l'Espagne wisigothique, Paris, 1959
  14. Sotet al.,p. 72
  15. Sotet al.,p. 81
  16. Éducation et culture, p.350-351
  17. Éducation et culture, p.351 ; André Grabalk & Carl Nordenfalk,La Peinture du Haut Moyen Âge duIVe au XIe siècle, Genève, 1957
  18. Dominique Iogna-Prat,La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l'Eglise au Moyen Âge, Seuil,,p. 329
  19. Pépin de Herstal sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale
  20. Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche,Le Moyen Âge en Occident,Hachette,,p. 44-45
  21. Laurent Theis,Histoire du Moyen Âge français, Paris, Complexe, 1999, p. 30
  22. Michel Parisse, article « Précaire » duDictionnaire du Moyen Âge,p. 1136
  23. Riché 1983,p. 138-141
  24. Riché 1983,p. 142-143
  25. Sotet al.,p. 82
  26. Éducation et culture, p.360 et note 553
  27. Stéphane Lebecq, professeur d'histoire médiévale à l'université de Lille-III, cf.Les Origines franquesVe – IXe siècle, 1990,p. 211
  28. Revue de l'Université d'Ottawa, 1955,p. 199
  29. Cf.chant messin etchant grégorien
  30. Sotet al.,p. 84
  31. a etbRiché 1983,p. 355
  32. Sur tous les détails techniques desscriptoria, voirRiché 1973,p. 247-250 et Émile Lesne,Histoire de la propriété ecclésiastique en France, IV,Les Livres, Scriptoria et Bibliothèques du commencement du VIIIe à la fin duXIe siècle, Lille, 1940
  33. Lesne,Op. cit., p.349
  34. Lesne,Op. cit., p.375sqq.
  35. MGH,Poetae, III,Carmina Centulensia, XV, p.298, à consulter surdmgh.de :Scribentis labor ignaris nimium levis extat, / Sed durus notis sat manet atque gravis
  36. MGH,Poetae, I, p.320, à consulter surGallica :Hic sedeant sacrae scribentes famina legis, / Nec non sanctorum dicta sacrata patrum ; / Hic intersere caveant sua frivola verbis, / Frivola nec propter erret et ipsa manus, / Correctosque sibi quaerant studiose libellos, / Tramite quo recto penna volantis eat ; trad.Riché 1983,p. 247
  37. Jean Hubert, Jean Porcher, Wolfgang Volbach,L'Empire carolingien, Paris, Gallimard, 1968, p.70sqq. ; Jean Porcher, « La peinture provinciale » et K. Hotler, « Der Buchschmuck, in Süddeutschland und Oberitalien »,Karl der Grosse, Lebenswerk und Nachleben, III, Karolingische Kunst, Düsseldorf, 1966, p.54-114
  38. Jean Hubertet al.,Op. cit., p.224 et 234
  39. Lesne,Op. cit, 739sqq.
  40. Wolgang Milde,Der Bibliothekskatalog des Klosters Murbach aus dem 9. Jahr, Heidelberg, 1968
  41. Riché 1973,p. 250-252
  42. Vita Karoli Magni, chap. XXXIII (Testament de Charlemagne), éd. et trad. A. Teulet, Paris, 1890, p.108-109, à consulter surGallica :Erat eloquentia copiosus et exuberans, poteratque, quicquid vellet, apertissime exprimere. Nec patrio tantum sermone contentus, etiam peregrinis linguis ediscendis operam impendit; in quibus latinam ita didicit, ut aeque illa ac patria lingua orare sit solitus, græcam vero melius intellegere quam pronuntiare poterat. Adeo quidem facundus erat, ut etiam dicascalus appareret. Artes liberales studiosissime coluit, earumque doctores plurimum veneratus, magnis afficiebat honoribus. In discenda grammatica Petrum Pisanum, diaconum senem audivit, in cæteris disciplinis Albinum, cognomento Alcoinum, item diaconum, de Britania, Saxonici generis hominem, virum undecumque doctissimum, præceptorem habuit, apud quem et rethoricæ et dialecticæ, præcipue tamen astronomiæ ediscendæ, plurimum et temporis et laboris impertivit. Discebat artem computandi, et intentione sagaci syderum cursus curiosissime rimabatur. Temptabat et scribere, tabulasque et codicillos ad hoc in lecto sub cervicalibus circumferre solebat, ut, cum vacuum tempus esset, manum litteris effingendis assuesceret; sed parum successit labor præposterus ac sero inchoatus.
  43. Riché & Verger,p. 32
  44. René Aigrain, Marie-Hélène Jullien, article « Alcuin » duDictionnaire des Lettres françaises,p. 43
  45. a etbRiché 1983,p. 356
  46. Extrait de l'Admonitio generalis, chap. 72, éd. inMGH,Leges,II,Capitularia regum Francorum,I, Hanovre, 1883, p.60, à consulter surGallica :(…) et non solum servilis conditionis infantes, sed etiam ingenuorum filios adgregent sibique socient. Et ut scolae legentium puerorum fiant. Psalmos, notas, cantus, compotum, grammaticam per singula monasteria vel episcopia et libres catholicos bene emendate ; quiasaepe, dum bene aliqui Deum rogare cupiunt, sed per inemendatos libros male rogant. Et pueros vestros non sinite eos vel legendo vol scribendo corrumpere ; et si opus est euangelium, psalterium et missale scribere, perfectae aetatis homines scribant cum omni diligentia ; trad. Pierre Riché inRiché & Verger,p. 32.
  47. Riché & Verger,p. 33
  48. ab etcRiché 1983,p. 357
  49. MGH,Capitularia Episcoporum, I,Erstes Kapitular, XX, p.116, à consulter surdmgh.de
  50. Riché & Verger,p. 34
  51. Notker le Bègue,Gesta Karoli Magni, I, 3, éd. Hans F. Haefele inMGH,Scriptores rerum germanicarum,Nova series,XII, Berlin, 1959, p.4-5, à consulter surdmgh.de :Cumque victoriosissimus Karolus post longum tempus in Galliam reverteretur, praecepit ad se venire pueros, quos Clementi commandaverat, et offerre sibi epistolas et carmina sua. Mediocres igitur et infimi praeter spem omnibus sapientie condimentis dulcoratas obtulerunt. Nobiles vero omni fatuitate tepentes praesentarunt. Tunc sapientissimus Karolus eterni iudicis iusticiam imitatus, bene operatos ad dexteram segregatos his verbis allocutus est: 'Multas gratias habete, filii, quia iussionem meam et utilitatem vestram iuxta possibilitatem exequi fuistis intenti. Nunc ergo ad perfectum attingere studete, et dabo vobis episcopia et monasteria permagnifica, et semper honorabiles eritis in oculis meis'. Deinde ad sinistros cum magna animadversione vultum contorquens et flammante intuitu conscientias eorum concutiens, hyronice hec terribilia tonando potius quam loquendo iaculatus est in illos: 'Vos nobiles, vos primorum filii, vos delicati et formosuli, in natales vestros et possessionem confisi, mandatum meum et glorificationem vestram postponentes, litterarum studiis neglectis, luxurie ludo et inercie vel inanibus exercitiis indulsistis.' Et his praemissis solitum iuramentum, augustum caput et invictam dexteram ad celum convertens, fulminavit: 'Per regem celorum! non ego magni pendo nobilitatem et pulchritudinem vestram, licet alii vos admirentur; et hoc procul dubio scitote, quia, nisi cito priorem neglegentiam vigilanti studio recuperaveritis, apud Karolum nihil unquam boni acquiretis' ; trad. WP
  52. Depreux 2002,p. 721 ; sur l'école du palais, cf. Émile Lesne,Histoire de la propriété ecclésiastique en France, t. V,Les Écoles de la fin duVIIIe siècle à la fin duXIIe siècle, p.34sqq. et F. Brunholz,Der Bildungsaufrag der Hofschule, dansKarl der Grosse, II, p.28-31
  53. Riché & Verger,p. 35 ; voir notamment laDisputatio de Rhetorica, à consulter sur laLatin Library
  54. Depreux 2002,p. 728 ; Mary Garrison, « The Social World of Alcuin. Nicknames at York and at the Carolingian Court », dansAlcuin of York. Scholar at the Carolingian Court, Larj Houwen - Alasdair MacDonald (éd.), Groningue, Egbert Forsten, 1998, p. 59-79
  55. Peter Godman,Poetry of the Carolingian Renaissance, London, Duckworth, 1985, p. 150-162
  56. Thyrsis est un personnage desBucoliques deVirgile, églogue VII à consulter surAgoraclass
  57. Rouche 1981,p. 230 (source primaire bienvenue)
  58. Pippini regalis et nobilissimi juvenis disputatio cum Albino scholastico,Patrologie Latine, 101, col. 975-980 : Pippinus.Quid est littera ? — Albinus.Custos historiae. — P.Quid est verbum ? — A.Proditor animi. — P.Quis generat verbum ? — A.Lingua. — P.Quid est lingua ? — A.Flagellum aeris. — P.Quid est aer ? — A.Custodia vitae. — P.Quid est vita ? — A.Beatorum laetitia, miserorum moestitia, exspectatio mortis. — P.Quid est mors ? — A.Inevitabilis eventus, incerta peregrinatio, lacrymae viventium, testamenti firmamentum, latro hominis. ; trad. WP.
  59. Année de labataille de Guadalete qui ouvre la période de domination desArabes sur la péninsule ibérique jusqu'à une limite nord correspondant à peu près au tracé duDuero et à l'embouchure de l'Èbre
  60. Sotet al.,p. 95
  61. Sotet al.,p. 96
  62. a etbSur la production de manuscrits illustrés, voirinfra
  63. Riché 1983,p. 365
  64. Vita Karoli Magni, chap. XXXIII (Testament de Charlemagne), éd. et trad. A. Teulet, Paris, 1890, p.108-109, à consulter surGallica
  65. Bernhard Bischoff, « Die Hofbibliothek Karls des Großen », in W. Braunfels (éd.),Karl der Große, Lebenswerk und Nachleben II, Düsseldorf, 1964 ; rééd. inDes geistige Leben, Karl der Grosse 2, Dusseldorf, 1965, p.233-254 ; rééd. in Bernhard Bischoff,Mittelalterliche Studien t.3, Stuttgart, 1981, pp. 149-169
  66. a etbRiché 1983,p. 366
  67. Pierre Riché parle quant à lui de « deuxième renaissance carolingienne », cf.Riché & Verger,p. 37
  68. Capitulare monasticum 817 Iul. 10, §45, éd. inMGH,Leges, II/I, p.346, à consulter surGallica
  69. Concilium Attiniacense, éd. inMGH,Concilia, II/II, p.471, à consulter surGallica
  70. Admonitio ad omnes regni ordines, éd. inMGH,Leges, II/I, §6, p.304; à consulter surGallica :Scolae sane ad filios et ministros ecclesiae instruendos vel edocendos, sicut nobis praeterito tempore ad Attiniacum promisistis et vobis iniunximus, in congruis locis, ubi necdum perfectum est, ad multorum utititatem et profectum a vobis ordinari non se neglegantur. ; trad. WP
  71. Concilium Parisiense, cap.XII, éd. inMGH,Concilia, II/II, p.675, à consulter surGallica
  72. Capitulare Olonnense ecclesiasticum primum (mai 825), §6, éd. inMGH,Leges, II/I, p.327, à consulter surGallica :De doctrina vero, quae ob nimiam incuriam atque ignaviam quorundam praepositorum cunctis in locis est funditus extincta, placuit ut sicut a nobis constitutum est ita ab omnibus observetur. Videlicet ut ab his qui nostra dispositione ad docendos alios per loca denominata sunt constituti maximum detur studium, qualiter sibi commissi scolastici proficiant atque doctrinae insistant, sicut praesens exposcit necessitas. Propter oportunitatem tamen omnium apta loca distincte ad hoc exercitium providimus, ut difficultas locorum longe positorum ac paupertas nulli foret excusatio. Id sunt: primum in Papia conveniant ad Dungalum de Mediolano, de Brixia, de Laude, de Bergamo, de Novaria, de Vercellis, de Tertona, de Aquis, de Ianua, de Aste, de Cuma; in Eporegia ipse episcopus hoc per se faciat; in Taurinis conveniant de Vintimilo, de Albingano, de Vadis, de Alba; in Cremona discant de Regia, de Placentia, de Parma, de Mutina; in Florentia de Tuscia respiciant; in Firmo de Spoletinis civitatibus conteniant; in Verona de Mantua, de Triento; in Vincentia de Patavis, de Tarvisio, de Keltris, de Ceneda, de Asylo; reliquae civitates Forum Iulii ad scolam conveniant., trad. Pierre Riché inRiché & Verger,p. 37-38
  73. Concilium Romanum, § XXXIIII (« De scolis reparandis »), éd. inMGH,Concilia, II/II, p.581, à consulter surGallica
  74. Riché & Verger,p. 38
  75. Rouche 1981,p. 232
  76. Riché 1983,p. 358-359, source primaire bienvenue
  77. a etbRiché 1983,p. 362
  78. a etbRiché 1983,p. 363
  79. Dans l’Incipit,Patrologie Latine, 106, col. 23-50
  80. Sur la question du patronage de saint Denis, voir Colette Beaune,Naissance de la nation France, Gallimard, 1985, rééd. « Folio histoire », 1993, chap. III « Saint Denis : un patronage contesté », p.113-172
  81. a etbRené Roques, article « Jean Scot Érigène » duDictionnaire des Lettres françaises,p. 851
  82. Riché 1983,p. 364
  83. Dominique Poirel, article « Eucharistie » duDictionnaire du Moyen Âge,p. 500-501
  84. Héric d'Auxerre,Vita sancti GermaniPatrologie Latine, 124, col. 1131 :Ita ut merito vocitetur schola palatium: cujus apex, non minus scholaribus quam militaribus consuescit quotidie disciplinis. ; trad. WP.
  85. Pour la liste des principales écoles de l'Empire, voir Riché,Écoles et enseignement etRiché & Verger,p. 38-43
  86. Michel Banniard, article « Raban Maur » duDictionnaire des Lettres françaises,p. 1219
  87. abc etdVoirsupra
  88. Pierre Riché (Riché & Verger,p. 43) préfère voir dans les douze pièces des salles de classe, et dans les espaces centraux des cours exclusivement réservées à la récréation (en considérantdomus communis scholae id est vacationis comme une seule phrase) ; il souligne cependant lui-même que, au vu de l'échelle, « chaque classe a environ 10m2, ce qui est assez exigu » ; il n'évoque pas non plus de lieu où résideraient ces écoliers (sachant qu'ils sont exclus du quartier des novices), et n'explique pas en quoi l'école nécessiterait douze salles pour l'enseignement, alors que les leçons sonta priori toutes communes.
  89. Voir W sur le schéma duplan
  90. Riché & Verger,p. 43-44
  91. Commentarius ad Regulam sancti Benedicti, éd. inBibliotheca Cassinensis, IV, 1880, XXXVII-LIII, cité par Pierre Riché inRiché & Verger,p. 45
  92. Riché & Verger,p. 46
  93. a etbVoirsupra
  94. Voirsupra
  95. Disputatio de vera philosophia, éd. ?
  96. Patrologie Latine,101, col. 849-902
  97. Patrologie Latine,101, col. 902-92
  98. Patrologie Latine,101, col. 920-949
  99. Patrologie Latine,101, col. 949-976
  100. Riché & Verger,p. 49
  101. Riché & Verger,p. 50-51
  102. Christophe Erismann, article « Jean Scot Érigène » duDictionnaire du Moyen Âge,p. 771-772
  103. De clericorum institutione,Patrologie Latine, 107, col. 293-420, lib. III, cap. XX (« De Dialectica ») :Dialectica est disciplina rationalis quaerendi, diffiniendi et disserendi, etiam vera et a falsis discernendi potens. Haec ergo disciplina disciplinarum est; haec docet docere, haec docet discere, in hac se ipsa ratio demonstrat atque aperit quae sit, quid velit, quid videat. ; trad. WP.
  104. Voir les six lettres LXXVI et LXXXII à LXXXVI dansEpistolae,Patrologie Latine, 101, col. 139-512
  105. Bruce S. Eastwood, "The Astronomy of Macrobius in Carolingian Europe: Dungal's Letter of 811 to Charles the Great",Early Medieval Europe, 3, 1994, p.117-134
  106. Riché & Verger,p. 48
  107. ab etcRiché & Verger,p. 53
  108. Voir la définition de ce terme dans ce dictionnaire en ligne
  109. Michel Banniard, article « Angilbert » duDictionnaire des Lettres françaises,p. 65
  110. Le testament d'Évrard est reproduit dans leCartulaire de l'abbaye de Cysoing et de ses dépendances, éd. Ignace de Coussemaker, Lille, 1883
  111. Colette Jeudy, article « Dhuoda » duDictionnaire des Lettres françaises,p. 381
  112. Le manuel de Dhuoda, §4 (Prologue), éd. et trad. Édouard Bondurant, Paris, 1887, réimpr. Genève, 1978, p.50-51, à consulter surGallica :(…) ut, veluti tabularum lusus maxime juvenibus inter cæteras artes partium mundanas congruus et aptus constat ad tempus, vel certe inter aliquas ex parte in speculis mulierum demonstratio apparere soleat vultu, ut sordida extergant, exhibentesque nitida, suis in sæculo satagunt placere maritis, ita te opto ut, inter mundanas et seculares actionum turmas oppressus, hunc libellum a me tibi directum frequenter legere, et ob memoriam mei velut in speculis atque tabulis joco, ut non negligas. Licet sint tibi multa adcrescentium librorum volumina, hoc opusculum meum tibi placeat frequenter legere, et cum adjutorio omnipotentis Dei utiliter valeas intellegere. Invenies in eo quidquid in brevi cognoscere malis ; invenies etiam et speculum in quo salutem animæ tuæ indubitanter possis conspicere, ut non solum sæculo, sed Ei per omnia possis placere qui te formavit ex limo (…)
  113. Patrologie Latine,101, col. 613-638
  114. Patrologie Latine,99, col. 197-282
  115. Patrologie Latine,106, col. 121-278
  116. Éd. Alain Dubreucq, Paris, Cerf, 1995 ouPatrologie Latine,106, col.279-306
  117. Patrologie Latine,103, col. 291-332
  118. Riché & Verger,p. 57-58
  119. Laurent Theis,Charlemagne a-t-il inventé l'école ?, Les Collections de L'Histoire n° 6, 1999.
  120. Voir notamment pendant les préparatifs du sacre : Epistola 174 inMGH,Epistolae, t.IV,Epistolae Karoli Aevi II, p.287-289, à consulter sur« dmgh.de »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  121. Riché 1983,p. 354 (source primaire bienvenue)
  122. Lettre 1 (àÉginhard), inEpistolae,Patrologie Latine, 119, col. 429 :(…) per famosissimum imperatorem Carolum, cui litterae eo usque deferre debent ut aeternam ei parent memoriam, (…)
  123. Cité parRiché 1983,p. 354-355, source primaire bienvenue
  124. Voirsupra
  125. Riché & Verger,p. 54
  126. Voir sur le sujet Jean Leclercq,L'Amour des lettres et le désir de Dieu : Initiation aux auteurs monastiques du Moyen Âge, Paris, Cerf, 1991
  127. Selon le terme d'ailleurs utilisé dans l'Admonitio generalis de 789, voirsupra
  128. Genèse culturelle de l'Europe, Paris, Seuil "Points histoire", 1989, p. ?
  129. a etbSotet al.,p. 45
  130. MGH,Poetae latini, I,Versus libris saeculi octavi adiecti, II, p. 89, à consulter surGallica :Qui sternit per bella truces fortissimus heros / Rex Carolus, nulli cordis fulgore secundus, / Non passus sentes mendarum serpere libris, / En, bene correxit studio sublimis in omni. ; trad. WP
  131. a etbRiché 1983,p. 360
  132. Sotet al.,p. 45-47
  133. a etb« Y a-t-il eu une renaissance carolingienne ? » inLe Goff 1957,p. 11-14
  134. Depreux 2002,p. 750-751
  135. Présentation personnelle sur le site de l'Université Paris-Sorbonne
  136. a etbLe Goff 1977,p. 152
  137. Balard, Genet & Rouche,p. 71
  138. Riché 1983,p. 371
  139. Riché 1983,p. 374-375
  140. Riché 1983,p. 375-378
  141. Riché 1983,p. 382sqq.
  142. Riché & Verger, chapitre IV, « La Troisième renaissance carolingienne », p. 59sqq.

Voir aussi

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Sources

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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