Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Renaissance

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirRenaissance (homonymie).

Renaissance
La Naissance de Vénus (Sandro Botticelli, vers 1485).
Dates
Début
Fin
Époques
Précédente
Suivante

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

L'Homme de Vitruve deLéonard de Vinci est pour beaucoup le symbole de l'évolution de lacivilisation occidentale durant laRenaissance artistique.
Cornelis Aerentsz van der Dussen deJan van Scorel, (vers 1535) peinture sur bois, Weiss Gallery, Londres.
Dessin de cerveau dans leDe humani corporis fabrica deAndré Vésale.

LaRenaissance est un mouvement de l'histoire européenne associé à la remise à l'honneur de lalittérature, de laphilosophie et desarts de l'Antiquité gréco-romaine. Ce mouvement a pour point de départ l'Italie, et se situe chronologiquement à cheval entre leMoyen Âge tardif (1346-1453 ou 1492) et l'époque moderne[1] (1453 ou 1492-1792). UnePré-Renaissance se produit dans plusieurs villes d'Italie dès leXIVe siècle (Trecento). La Renaissance s'exprime auXVe siècle dans la plus grande partie de l'Italie, et quelques autres pays européens, sous la forme de ce que l'on appelle laPremière Renaissance (Quattrocento). La Renaissance concerne presque toute l'Europe auXVIe siècle (Cinquecento).

On parle deRenaissance artistique au sens où les œuvres de cette époque s'inspirent davantage de l'artgréco-romain, et moins de l'époque médiévale.

Selon l'historien britanniquePeter Burke, la Renaissance se caractérise par la remise à l'honneur de la cultureantique dans lalittérature et lesarts, qui supplante la culture de l'Europe médiévale tardive, caractérisée par l'art gothique, l'idéal de lachevalerie et laphilosophie scolastique[2].

Elle s'accompagna aussi d'un changement dereprésentation du monde, deréformes religieuses, de nouveaux modes de diffusion de l'information (l'imprimerie), desgrandes découvertes et d'un dynamisme économique favorisé par de nombreuses innovations.

Historiographie

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Renaissance (historiographie).

Le découpage historique de cette période charnière entre l'Époque médiévale et l'Époque moderne est sujet à un débat interprétatif entre historiens de l'art. Selon l'historien britanniquePeter Burke, la Renaissance est avant tout un mouvement, non un événement ou une période[3]. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la Renaissance dans l'historiographie française est unchrononyme commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'Âge sombre médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon lathèse de continuité (en) postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« early modern » (pour « Early modern Europe », littéralement début de l'Europemoderne), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »[4].

Cette période est devenue un concept historiographique qui est désormais utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : laRenaissance carolingienne (les lettrés de cette époque parlaient derenovatio)[5], laRenaissance ottono-clunisienne (920 – 1000), laRenaissance duXIIe siècle...

Apparition de la notion de Renaissance

[modifier |modifier le code]

Dans les écrits de la fin duMoyen Âge, l'idée d'unerinascita (renaissance) correspond à un courant plutôt qu'à une période, orienté vers un retour à l'éducation classique, entraînant une impression exaltante de renouveau touchant aussi bien la morale que les activités politiques et artistiques[6].

Selon l'historienJean Delumeau, le mot français « Renaissance » est venu d'Italie et concernait le domaine des arts. Le peintre, architecte, et historien de l'art italienGiorgio Vasari a employé le terme « Rinascita » en 1568 dansLe vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori[7]. Les Italiens disent aujourd'huiRinascimento. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.

Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque, et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 parJean-Jacques Ampère dans sonHistoire littéraire de la France avant leXIIe siècle[8] puis parJules Michelet en 1855 dans son volume consacré auXVIe siècleLa Renaissance dans le cadre de sonHistoire de France. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisseJacob Burckhardt (1818 – 1897) dans son livreCulture de la Renaissance en Italie[9].

Dans son cours auCollège de France en 1842-1843, l'historien françaisLucien Febvre montre queJules Michelet a utilisé ce terme pour des raisons personnelles[10]. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roiLouis XI alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de lamonarchie de Juillet, eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire desguerres d'Italie.

Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000[11]. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre leMoyen Âge et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on en disait jadis.

Délimitation spatio-temporelle

[modifier |modifier le code]

Les historiens ne sont d'accord ni sur la date ni même sur le lieu où il convient d'entamer le récit de la Renaissance.Florence,Rome,Avignon,Padoue etNaples ont été chacune présentées comme le « berceau » du mouvement. La plupart des ouvrages débutent en Italie, mais à des moments et avec des individus différents. Il est courant de choisir l'époque du poète-érudit Francesco Petrarca, dont le nom a été francisé en « Pétrarque », soit les années 1330 ou 1340. Pétrarque voyait les siècles précédents — ce que nous appelons le Moyen Âge — comme un âge des ténèbres, qu'il opposait à l'ère lumineuse de l'Antiquité classique. Dans son poèmeAfrica, il espérait que « lorsque les ténèbres se dissiperont, les générations à venir réussiront à trouver le chemin du retour à la claire splendeur du passé antique »[12]. Les premiershumanistes florentins du tournant desXIVe et XVe siècles, disent déjà que dans son œuvre, tant d'écrivain pénétré d'uneesthétique rajeunie dulatin que de chercheur passionné d'œuvres antiques, ils reconnaissent en Pétrarque le fondateur et le modèle de l'idéal nouveau des « études d'humanité », qui forme le cœur du projet humaniste[13]. Ce point de vue est à l'origine d'une certaineimage du Moyen Âge.

Mais certains historiens de l'art commencent une génération plus tôt, avecGiotto. Celui-ci devait sa gloire au nouveau style de récit pictural qu'il avait créé, et ce nouveau style était en partie fondé sur les sculptures antiques qu'il avait vues à Pise. Les humanistes l'évoquaient avec respect, et son œuvre fut une source d'inspiration pour les générations suivantes de peintres de la Renaissance. On peut aussi citerDante, son contemporain. Les deux hommes et certains de leurs successeurs ont été à l'origine d'une extraordinaire explosion de créativité à Florence juste après l'an 1300. Il ne faut pas non plus oublier l'écrivain padouanAlbertino Mussato, qui a écrit des pièces de théâtre et des œuvres historiques sur le modèle des classiques. L'historien Peter Burke voit la Renaissance s'achever avecDescartes vers 1630[14].

Certains auteurs vont jusqu'à mettre en doute la pertinence d'une définition temporelle. Au sujet de ce débat, on peut par exemple se référer aux analyses dePaul Oskar Kristeller (1905-1999)[15].

Découpage conventionnel en histoire de l'art

[modifier |modifier le code]

Les historiens de l'art ont coutume de désigner par :

Il existe un décalage des appellations entre l’italien (trecento) et le français (quatorzième)[16].

Extension géographique

[modifier |modifier le code]
Articles connexes :Renaissance italienne,Renaissance française,Renaissance flamande etSiècle d'or espagnol.

AuXIVe siècle

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Trecento.
Statue dupiazzale degli Uffizi représentantPétrarque.

AuXIVe siècle, malgré lapeste noire (1348), les prémices de la Renaissance se manifestent surtout dans des villes d'Italie commeFlorence,Rome,Naples,Milan,Venise, première puissance maritime de l'Occident, depuis longtemps en contact avec l'Orient par voie maritime[17]. Dans lacathédrale de Pise, unechaire est sculptée parNicola Pisano dans un style qui n'est plus celui du Moyen Âge, mais qui reprend l'esthétique de laGrèce antique[18],

On peut dire quePétrarque fut le premierhumaniste. Il se considérait d'abord comme un poète, un second Virgile. Il écrivit en latin un poème épiqueAfrica, et en toscan une suite de poèmes lyriques, lesCanzoniere. Son cercle comprenait le peintreSimone Martini, le médecin et astronomeGiovanni Dondi, le dominicainGiovanni Colonna, l'augustin Dionigi di Borgo San Sepolcro, le chef politiqueCola di Rienzo etGiovanni Boccaccio (Boccace), célèbre pour son recueil de cent nouvelles écrites en toscan, leDécaméron[19].

À Florence, l'œuvre de Pétrarque fut poursuivie parColuccio Salutati, qui consentit des efforts importants pour défendre lesstudia humanitatis. Avec son cercle d'amis lettrés, dontLeonardo Bruni,Poggio Bracciolini (Le Pogge) etNiccolò Niccoli, Salutati a étudié et discuté des œuvres dePétrarque et deBoccace[20].

Avignon fut une médiatrice entre l'Italie et le reste de l'Europe. Grâce à la présence du pape et de sa cour de 1309 à 1377, elle devint une ville de première grandeur, aussi étendue que Florence, lieu de contacts internationaux et foyer d'innovations culturelles. Pétrarque y grandit. Le peintre siennoisSimone Martini y travailla à partir de 1339.Herédia y vécut quelques années. C'est à Avignon queMetge étudia les œuvres de Pétrarque et Boccace[21]. Le papeClément VI fait appel, pour décorer lepalais des Papes, à une équipe de peintres dirigée parMatteo Giovannetti[22].

Dans les années 1320 à 1380 se développe le courant musical de l'Ars nova, centré sur la France, qui annonce lespolyphonies de la Renaissance[23].

Les érudits d'Aragon et de Catalogne furent parmi les premiers à s'intéresser aux cultures antique et italienne :Juan Fernández de Heredia fit traduireThucydide etPlutarque ; Le majordome du roiJean Ier d'Aragon traduisitSénèque en catalan, tandis que le roi lui-même collectionnait les livres ; l'auteur catalanBernat Metge admirait les lettres de Pétrarque et sonSecretum, son œuvre la plus célèbre,Lo Somni, composée en 1398, s'inspire de Pétrarque et de Boccace autant que de Cicéron[24].

Dans le domaine de l'éducation, lesFrères de la vie commune, organisation de laïques dont les membres vivaient en communauté comme des moines, établirent tout un réseau d'écoles dans de nombreuses villes des Pays-Bas, dont Gouda, Zwolle, Deventer et liège. Par leur refus de lascolastique et leur insistance sur la littérature latine, leurs dirigeants ressemblaient aux humanistes italiens[25].

Vers 1380, l'intérêt pour l'Antiquité classique, la culture italienne et les « études libérales » (studia liberalia) gagna Paris, du moins au sein d'un petit cercle qui comprenaitJean Gerson,Nicolas de Clamanges etJean de Montreuil. Ce dernier était secrétaire d'un grand mécène :Jean, duc de Berry, frère du roiCharles V et du ducPhilippe le Hardi. Le duc de Berry avait aussi soutenuPremierfait quand il traduisait Boccace et encouragé l'œuvre deChristine de Pisan. Il possédait environ trois cents manuscrits, dont des œuvres de Pétrarque, Virgile, Tite-Live et Térence, souvent illustrées[26].

AuXVe siècle

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Quattrocento etPremière Renaissance.
Carte de l'Italie en 1494.

AuXVe siècle, la Renaissance s'intensifie enItalie. Les historiens de l'art parlent dePremière Renaissance ouQuattrocento. C'est au cours de ce siècle que lachute de l'Empire byzantin (1453) provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne. OutreFlorence, les principaux foyers de la Renaissance sontRome,Sienne,Urbino,Milan,Venise,Ferrare,Mantoue,Naples, laSicile[27]. Les arts sont favorisés par de grands mécènes tels queCosme de Médicis et son petit-filsLaurent de Médicis à Florence[28].

À Florence, le retour à l'Antiquité se fit à travers un cercle d'esprits créateurs, qui se connaissaient bien entre eux : l'architecteFilippo Brunelleschi (qui résolut le problème de la conception du dôme de lacathédrale de Florence), l'humanisteLeon Battista Alberti, les sculpteursDonatello etGhiberti et le peintreMasaccio (qui montra sa maîtrise des règles de la perspective dans la fresqueLa Trinité). À la fin duXVe siècle vécurent aussi à Florence des humanistesnéoplatoniciens :Cristoforo Landino (commentaires de Dante et de Virgile),Marsile Ficin,Politien etPic de la Mirandole (De la dignité de l'homme)[29].

Lorenzo Valla (1407-1457) est le seul grand humaniste qui naquit et fit ses études à Rome. Il enseigna aussi à l'université de cette ville. Dans la préface à sa grammaire latine, lesElegantiae (1444), il affirme que le bon latin s'est épanoui en même temps de l'Empire romain et a aussi décliné avec lui, en raison des invasions barbares. C'est cette conscience des changements du latin à travers les siècles qui a permis à Valla de comprendre que la célèbre « Donation de Constantin » était un faux[30].

La chancellerie de Milan sous lesVisconti et lesSforza fut aussi un foyer de culture humaniste. L'architecte florentinLe Filarète y arriva en 1451, et y construisit l'Ospidale Maggiore.Léonard de Vinci séjourna à Milan dans les années 1480[30].

De 1420 à 1450, les contacts entre les érudits et artistes italiens et d'autres Européens se multiplièrent.Le Pogge se rendit en Suisse et en Allemagne. Le peintreMasolino travailla en Hongrie. L'humanisteGuiniforte Barzizza partit en Catalogne servirAlphonse V d'Aragon en 1432, etc. Réciproquement, des étrangers venaient séjourner en Italie :Rogier van der Weyden en 1450, le FrançaisJean Fouquet travailla à Rome, le FlamandJuste de Gand, et l'EspagnolPedro Berruguete travaillèrent à Urbino. Dans les années 1430, l'ecclésiastique polonaisGrégoire de Sanok séjourna à Rome et y découvrit les études classiques. Dans les années 1440, l'AllemandAlbrecht von Eyb, l'AnglaisRobert Fleming et le HongroisJanus Pannonius visitèrent l'Italie. Ils revenaient souvent avec des manuscrits[31].

Mathias Corvin, roi deHongrie de 1458 à 1490, avait reçu une éducation humaniste du Polonais Grégoire de Sanok et devint collectionneur de livres et mécène des hautes études. Il invita des humanistes italiens à sa cour. Il se dota d'une vaste bibliothèque : laBibliotheca Corviniana, qui était à sa mort la deuxième bibliothèque d'Europe après lavaticane[32].

AuXVIe siècle

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Cinquecento,Haute Renaissance etRenaissance tardive.

La Renaissance italienne se poursuit dans ce que les historiens de l'art appellent leCinquecento. Dans la période qui va de 1494 (invasion de l'Italie par les Français) à 1527 (sac de Rome par les soudards de l'empereur Charles Quint), qualifiée deHaute Renaissance, elle atteint son apogée à Rome avec des artistes commeLéonard de Vinci,Raphaël etMichel-Ange[33].

L'Arioste composa àFerrare l'un des chefs-d'œuvre de la littérature italienne,Roland furieux, publié pour la première fois en 1516. Il associa la tradition classique de l'épopée à la tradition médiévale duroman courtois[34].

Pietro Bembo est un humaniste italien qui eut une grande influence à cette époque. Il fixait la loi en matière de langue et de littérature. En latin, il estimait que la prose devait se conformer au style majestueux deCicéron, avec ses phrases complexes et ses expressions ornées. La poésie, en revanche, devait suivre l'exemple deVirgile. Ce patricien de Venise qui vivait à Rome fit des efforts considérables pour consacrer letoscan comme langue littéraire de l'Italie. En poésie, son modèle était la langue dePétrarque et deDante ; en prose celle deDécaméron deBoccace[35].

Pendant la Haute Renaissance, les arts sont favorisés par de grandsmécènes. Les principaux sontIsabelle d'Este à Mantoue, le cardinalTamás Bakócz etMarie de Hongrie, le cardinalGeorges d'Amboise et le roiFrançois Ier en France,Thomas Wolsey en Angleterre etMarguerite d'Autriche[36].

Le graveur et peintre allemandAlbrecht Dürer acquit une grande renommée grâce à sesgravures sur bois et auxestampes deRaimondi sur ses peintures, de sorte que son œuvre s'est assuré une influence en Italie[37].

AuXVIe siècle, lePortugal continue les explorations (Cabral). Les autres grandsnavigateursChristophe Colomb,Amerigo Vespucci (voir paragraphe et article détaillégrandes découvertes) permettent aux puissances ibériques (Portugal etEspagne) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principaleroute des épices exploitée par les Ottomans étant coupée depuis lachute de Constantinople.

Politiquement parlant, l'Espagne devient la première puissance européenne grâce à la richesse de sescolonies et à l'exploitation des mines d'argent, qui autorisent une augmentation de la masse monétaire.Charles Quint est le souverain le plus puissant d'Europe. Il étend son influence sur une grande partie de l'Europe, ce qui n'est pas sans créer une rivalité avecFrançois Ier. L'Espagne gardera sa puissance jusqu'autraité des Pyrénées (1659).

En France, à partir deCharles VIII,Louis XII et de François Ier (à partir du début de son règne en1515, correspondant à labataille de Marignan), lesguerres d'Italie font connaître laRenaissance italienne enFrance, avec plus d'un siècle de retard. Les premiers motifs sculptés apparaissent grâce à Jérôme Pacherot (Girolamo Pacciarotti), arrivé à Amboise en 1495 avec le roi Charles VIII de retour d’Italie. En architecture, lestyle Louis XII est une transition entre le style gothique et le style Renaissance.Léonard de Vinci apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne. Les principaux représentants de l'humanisme en France sontMichel de Montaigne (1533-1592), auteur desEssais, etRabelais, auxquels il faut ajouter les poètes membres du groupe de laPléiadeJoachim du Bellay (1522-1560) etPierre de Ronsard (1524-1585).

De nouvelles identités

[modifier |modifier le code]

Imitation de l'Antiquité

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Humanisme de la Renaissance etApports byzantins à la Renaissance italienne.
Portrait de Thomas More parHans Holbein le Jeune.

Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'Antiquité, ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« humanisme »[38].

En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue auMoyen Âge :

Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement declercs, dans les monastères, puis, à partir duXIIIe siècle, dans les écoles urbaines, et les premièresuniversités européennes (écolescolastique) : auXVe siècle, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs[41]. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie[42].

SelonRégine Pernoud, ce qui caractérise la Renaissance duXIVe au XVIe siècle, c'est d'une part qu'elle concerne une certaine Antiquité, celle dePériclès pour la Grèce, et pour Rome celle qui s'inspire dusiècle de Périclès ; d'autre part, il s'agit plutôt de l'imitation de l'Antiquité considérée comme ayant déjà atteint la perfection que sa redécouverte[43].

Pour ce qui concerne l'Antiquité grecque, lesapports byzantins à la Renaissance italienne ont été réalisés soit à la suite de voyages entrepris par les intellectuels italiens àByzance à la recherche de manuscrits antiques, soit par des exilés byzantins venus s’établir en Italie pour y enseigner, principalement à l’occasion duConcile de Florence (1437-1439) et après lachute de Constantinople (1453). La prise de Constantinople par lesTurcs ottomans eut pour résultat d'amener en Europe des bibliothèques d'auteurs antiques conservées à Byzance ; toutefois, selon Régine Pernoud cela n'a été aucunement déterminant[44].

Pendant la Renaissance duXIVe au XVIe siècle, la connaissance des auteurs antiques s'ouvrit plus largement aux « humanistes » :

  • Pétrarque et ses amis du grand nord, dès leXIVe siècle (Trecento) élargirent la gamme des auteurs antiques connus ;
  • Flavio Biondo découvrit de nouvelles œuvres d'auteurs romains et entreprit des fouillesarchéologiques dans leForum romain (vers 1430) ;
  • le prêtre florentinMarsile Ficin (1433-1499) traduisit en latin lesDialogues de Platon et plusieurs œuvres grecques plus tardives ; il tenta une conciliation du platonisme et du christianisme[45] ;

À partir duXVe siècle, avec les travaux deLeonardo Bruni, etErmolao Barbaro notamment, on s'efforça de traduireAristote en dépouillant ses textes des innombrables commentaires des philosophes médiévaux et arabes[46].

Par conséquent :

En fait, si le termehumanités existait déjà, le terme humanisme ne fut employé qu'à partir duXVIIIe siècle (selonJean Delumeau).

Naissance d'une identité européenne

[modifier |modifier le code]

Les lettrés duMoyen Âge avaient conscience qu'ils vivaient sur uncontinent appeléEurope par lesgéographes, pour le distinguer de l'Asie et de l'Afrique. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « leclergé leur parlait comme à deschrétiens appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinementconscience de leuridentité culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance. Selon l'historien anglaisJohn Hale, ce fut à cette époque que le motEurope entra dans lelangage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur descartes et d'un ensemble d'images affirmant sonidentité visuelle etculturelle[47].

Aspects linguistiques

[modifier |modifier le code]
Copie du préambule et des articles toujours appliqués de l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui officialise la langue française dans le droit et l'administration.

Au cours duXIVe siècle, dans une Italie morcelée en plusieurs États et fragmentée en de nombreux dialectes, trois œuvres majeures d'écrivains florentins imposèrent letoscan comme langue littéraire : laDivine Comédie (1307-1321) deDante, leCanzoniere (v. 1335) dePétrarque et leDécaméron (1349-1353) deBoccace[48].

Au début de1492,Antonio de Nebrija présente àIsabelle de Castille une grammaire ducastillan (espagnol), qui est la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, laGramática castellana. Il la conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les« barbares qui parlent des langues exotiques », et qu'il complètera par un dictionnaire[49].

En1539,François Ier, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, proclame lefrançais commelangue officielle. Lefrançais devient ainsi lalangue officielle dudroit et de l'administration, dans lesactes juridiques, à la place dulatin.FrançoisIer installe également la bibliothèque royale auchâteau de Fontainebleau[50].

Même si les humanistes commencent à utiliser les langues « nationales », lelatin reste très utilisé dans les communautés de clercs et dans les universités. Néanmoins, la majorité des autres populations parle deslangues régionales, que nous appelons aujourd'hui desdialectes, qui existent parfois encore aujourd'hui.

Dans un contexte de prépondérance de l'Italie dans la plupart des domaines, leXVIe siècle est marqué par une vague très importante d'emprunts de la langue française à l'italien[51]. Des 2 000 italianismes que comportait alors la langue française à cette époque[52], le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700[53]. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notammentHenri Estienne, auteur deDeux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé (1578),Barthélemy Aneau,Étienne Tabourot, etBéroalde de Verville, auteur deMoyen de parvenir (1616)[54]. Henri Estienne en rendait responsables les guerres d'Italie et la cour, avec son « jargon » spécial[55].

Diffusion des idées par l'imprimerie

[modifier |modifier le code]
Carte de la diffusion de l'imprimerie de 1452 à 1500.

Contrairement à une image construite auXIXe siècle, le savoir écrit n'a pas été réservé auxclercs jusqu'à la fin du Moyen Âge. On assiste à une rapide diffusion de l'écrit en dehors de l'Église à partir desXIIe – XIIIe siècles.Ramon Llull (v. 1235-1316),Dante (1265-1321) etPétrarque (1304-1374) sont des figures marquantes de cette laïcisation des savoirs. Toutefois, ces laïcs qui savent lire et écrire demeurent classés dans la catégorie desillitterati, la notion delitteratus servant à désigner un individu qui maîtrise le latin[56].

L'une des inventions qui eut le plus de répercussions sur les hommes de la Renaissance fût le perfectionnement de l'imprimerie[57] par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, parGutenberg vers1450. Les presses se propagèrent à Bâle en 1466, à Rome en 1467, Paris et Pilsen en 1468, Venise en 1469, Louvain, Valence Cracovie et Buda en 1473, Westminster en 1476 et Prague en 1477. Cela permit une multiplication des livres après 1450, avec 4 500 éditions pour la seule ville de Venise[58].

La première édition imprimée de laBible apparut en1455. Des classiques romains tels que Cicéron étaient aussi imprimés. L'imprimeur vénitienAlde Manuce édita les classiques grecs avant la fin duXVe siècle, notamment l'édition d'Aristote en cinq volumes qui parut entre 1495 et 1498. Les œuvres de certains humanistes italiens parurent assez vite en version imprimée : les poèmes de Pétrarque furent publiés en 1470 et réimprimés plus de vingt fois avant 1500. Le traité sur l'éducation deLeonardo Bruni parut en livre vers 1470, ses lettres en 1472 et son histoire de Florence en 1476. On imprima aussi lesElegantiae deLorenzo Valla en 1471,Le Pogge etMarsile Ficin dans les années 1470, etc. Les idées des humanistes italiens purent se propager par l'exportation des livres dans d'autres régions d'Europe[59].

L'Imago mundi du cardinalPierre d'Ailly, qui fut écrit en1410, fut imprimé pour la première fois à Louvain en1483. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée parChristophe Colomb et les navigateurs pendant lesgrandes découvertes[60].

La diffusion de l'humanisme fut favorisée par des érudits qui se firent imprimeurs et des imprimeurs qui s'intéressèrent à l'érudition. Par exemple,Guillaume Fichet, professeur de théologie et de rhétorique, créa le premier une presse à Paris, à la faculté de théologie de la Sorbonne.Alde Manuce, célèbre imprimeur de Venise, ami d'Érasme et d'autres érudits, avait étudié avecBattista Guarino[59].

L'imprimerie permettait de lire les idées avec détachement et esprit critique. En ce sens, elle a été un catalyseur des idées de laRéforme protestante à partir duXVIe siècle. Le livre imprimé eut un effet considérable sur la première diffusion de la Réforme, et réciproquement la Réforme stimula le développement de l'imprimerie[61]. Parmi les imprimeurs qui diffusèrent les idées protestantes, on peut citerPierre de Vingle,Antoine Vincent,Laurent de Normandie etHenri Estienne[62].

Aspects religieux

[modifier |modifier le code]

Une angoisse collective

[modifier |modifier le code]
Article connexe :Crise de la fin du Moyen Âge.

On ne peut comprendre la Renaissance et ses aspects religieux que si l'on a en tête les événements qui l'ont précédée et scandée. L'historienJean Delumeau distingue une période de grande angoisse - de 1348 à 1660 - au cours de laquelle les malheurs se sont plus particulièrement accumulés en Europe, y suscitant un ébranlement durable des esprits : laPeste Noire qui marque en 1347-1352 le retour des épidémies meurtrières, les soulèvements qui se relaient d'un pays à l'autre duXIVe au XVIIe siècle, l'interminableguerre de Cent Ans, l'avance turque inquiétante à partir desdéfaites de Kosovo (1389) etNicopolis (1396) et alarmante à partir duXVIe siècle, legrand schisme d'Occident, lescroisades contre les hussites, la décadence morale de lapapauté avant le redressement de laRéforme catholique. Il se produisit à partir duXIVe siècle un renforcement et une plus large diffusion de la crainte des derniers temps, qui a suscité despeurs eschatologiques, renforcées par les moyens de diffusion : l'imprimerie et la gravure jouèrent un grand rôle dans la sensibilisation du public à l'attente des derniers jours[63].

Ainsi, la naissance de laRéforme protestante se comprend mal si on ne la replace pas dans l'atmosphère defin du monde qui régnait alors en Europe et notamment en Allemagne[64].

Diffusion et traduction de la Bible en langues vernaculaires

[modifier |modifier le code]
Volume I ouvert et Volume II fermé de l'exemplaire de laBible de Gutenberg conservé à la Bibliothèque du Séminaire Duchownego àPełpin en Pologne.
Article détaillé :Traductions de la Bible#Premières traductions en langues modernes.
Articles détaillés :Traductions de la Bible en français etTraductions de la Bible en anglais.

AuMoyen Âge, la plupart des fidèles n'avaient pas accès à laBible dans leur langue maternelle. La version officielle de l'Église catholique était laVulgate, traduction enlatin de la Bible parsaint Jérôme (347-420), et il était techniquement difficile d'en assurer une large diffusion.

L'arrivée de l'imprimerie va bouleverser cette situation : la Vulgate est imprimée dès1455 parGutenberg (voirBible de Gutenberg). Néanmoins, auXVIe siècle, lesréformateurs protestants en Europe multiplient les traductions en langues vulgaires pour que les fidèles puissent lire et interpréter la Bible par eux-mêmes, sapant de ce fait le monopole de l’interprétation des Écritures que l’Église romaine s’était arrogé[65].

La première édition imprimée de la Bible enitalien est l'œuvre deNicolò Malermi (imprimée à Venise en1471)[66].

Une traduction complète enfrançais de la Vulgate et du Nouveau Testament en grec fut l'œuvre duthéologiencatholiqueLefèvre d'Étaples (imprimée à Anvers, 1530, 1534, 1541)[66].

Du fait des réticences catholiques, comme on l'a vu ci-dessus, les premières traductions en langues vernaculaires de la Bible ont souvent été réalisées par des protestants :

Lors duconcile de Trente (1545-1563), qui inaugure la « Contre-Réforme » l’Église a jugé nécessaire de proclamer officiellement l’édition de laVulgate comme la seule version authentique desSaintes Écritures, déclaration qui du coup discréditait aux yeux des catholiques toutes les versions en langues vulgaires et les rendaient nulles et non avenues. L’Église ne toléra que les traductions accompagnées d’annotations fiables tirées des écrits des pères et docteurs de l’Église catholique[65].

Réforme protestante et contre-réforme

[modifier |modifier le code]
Portrait du papeAlexandre VI Borgia, célèbre pour sa corruption, peint parCristofano dell'Altissimo vers le milieu duXVIe siècle. Corridor de Vasari. Florence.
Articles détaillés :Réforme protestante etContre-réforme.

Le mouvement de renouveau enEurope s'accompagne d'un enrichissement jugé excessif de l'Église, ce qui provoque l'indignation de certains chrétiens, qui veulent revenir aux sources de laBible. D'autre part, à cette époque, certains chefs de l'Église étaient jugés trop proches des autorités politiques.AuXVe siècle, plusieurs réformateurs dontJohn Wyclif enAngleterre etJan Hus en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable enEurope centrale. Le moine dominicainSavonarole défia l'Église àFlorence. Il mourut sur le bûcher[68].

AuXVIe siècle, de nouveaux réformateurs apparurent :

L'Église catholique tient plusieurs conciles dont leconcile de Constance (1414-1418), leconcile de Bâle (1431-1441) et leconcile de Trente (1545-1563), ce dernier en réaction à la Réforme protestante, d'où le nom de contre-réforme donné aux décisions de ce concile.

Judaïsme, intérêt pour l'hébreu

[modifier |modifier le code]

Alors que les Juifs avaient été des acteurs des précédentesRenaissances, les populations juives sont souvent exclues de ce mouvement de Renaissance, du fait qu'elles avaient été expulsées de plusieurs pays (Angleterre,France,…), et par suite de la multiplication de mesures d'exclusion, soit religieuses, soit politiques, ou de mesures discriminatoires. Dans les royaumes deCastille et d'Aragon, ledécret de l'Alhambra fut signé en1492 en vue de l'expulsion des Juifs qui refusaient de se convertir à la religion chrétienne.

Représentation d'Abravanel,XVIe siècle.

DonIsaac Abravanel (1437-1508) mit ses talents d'homme politique et de financier au service des rois du Portugal, d'Espagne, de Naples et des doges de Venise, et assuma avec dignité la représentation de sa communauté auprès des souverains espagnols lorsque le destin des juifs d'Espagne bascula. Il fut également un penseur dont les écrits constituent le point d'orgue de laphilosophie juive médiévale. Son commentaire de laBible est devenu un classique[69] .

EnItalie, malgré la multiplication desghettos, la communauté juive a développé une culture à la fois fidèle à sa tradition et ouverte à la modernité de l'époque. Il y eut dans ce pays un parallélisme entre les cultureschrétienne etjuive. Plusieurs personnalités juives italiennes émergent de cette période historique :Yehuda ben Yehiel,Yohanan Alemanno et Moshe de Rieti qui proposèrent un nouveau style littéraire hébraïque. Il y eut parfois une véritable collaboration intellectuelle : des savants juifs ont traduit vers le latin des ouvrages d'auteurs arabes conservés dans les versions hébraïques, d'autres rédigeaient des grammaires de l'hébreu destinées aux « hébraïsants » chrétiens. L'ouverture fut aussi facilitée par l'utilisation partagée de lalangue italienne. Entre le milieu duXVIe siècle et les premières décennies duXVIIe siècle, Azariya de'Rossi, Avraham Sha'ar Aryeh (Portaleone) et Yehuda Ariye (Leone) Modena incarnent cet esprit d'ouverture et de participation[70].

L'hébreu, langue de l'Ancien Testament, commença à être pris au sérieux par un cercle international d'érudits chrétiens. Quelques rares humanistes italiens se sont intéressés à l'hébreu dès leXVe siècle, notammentPic de la Mirandole a pris des leçons auprès d'érudits juifs,Élie del Medigo à Padoue etJochanna ben Isaac Alemanno à Florence. Au début duXVIe siècle, l'hébreu était solidement établi dans plusieurs universités européennes : Alfonso de Zamora l'enseigna àSalamanque en 1511. En 1517 fut fondé le célèbre « Collège trilingue » de l'université de Louvain, consacré aux trois langues des Écritures : le latin, le grec et l'hébreu. Un collège du même type fut créé àAlcalá. L'enseignement de l'hébreu commença en 1519 à l'université de Heidelberg, en 1529 à Bâle et en 1530 au nouveauCollège royal de Paris[71].

Certains humanistes chrétiens s'intéressaient à l'hébreu également pour comprendre lakabbale, tradition (sens du motkabbala) secrète, « occulte » des érudits juifs : Pic de la Mirandole, et surtoutJohannes Reuchlin qui publia en 1517 un livre sur la kabbale, qu'il dédicaça au papeLéon X ; il y affirmait que cette tradition juive donnait accès à la « philosophie symbolique » perdue de Pythagore, qui tenait sa sagesse de l'Orient[72]. Ce dernier livre fut l'objet d'une polémiqueantijudaïque[73].

À la Renaissance, la kabbale était vue comme une doctrine religieuse et philosophique ancienne, qui contenait des secrets relatifs à la connaissance du monde et du divin, mais qui pouvaient aussi être utilisés à des fins pratiques. Des textes très anciens comme leSefer Yetzira, leBahir, leZohar étaient lus, étudiés, traduits par deshébraïsants chrétien, parfois avec l'aide de savants juifs. En même temps, des savants juifs appliquaient à la lecture de laTorah accompagnée par des techniques de méditation particulières une valeur quasi magique : ils se voyaient ainsi capables d'opérer des transformations dans le monde, grâce à l'influx divin qu'ils étaient capables d'attirer vers le bas[74].

Grandes découvertes

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Grandes découvertes etSciences en Europe durant la Renaissance.

Représentation du monde

[modifier |modifier le code]

Le début duMoyen Âge voit apparaître d'étranges représentations comme lacarte en TO (TO pourTerrarum Orbis) d'Isidore de Séville (VIe siècle), où la Terre est représentée avec les trois continents Europe, Asie, Afrique à l'intérieur d'un cercle (O) séparé par un T. On retrouve encore une telle représentation dans leLiber floridus, encyclopédie deLambert de Saint-Omer (XIIe siècle). Mais contrairement à une idée reçue, au Moyen Âge la plupart des élites se représentent la Terre sphérique et placée au centre d'un cosmos formé lui-même d'un emboîtement de sphères. Citons, pour l'Europe latine :Sacrobosco,Gautier de Metz,Vincent de Beauvais (encyclopédiste duXIIIe siècle),Roger Bacon,Oresme,Buridanetc. ; et parmi les chrétiens d'Orient, on peut mentionner, par exemple,Théodore Métochitès,Michel Psellos,Isaac Argyros etGémiste Pléthon. Ils s'appuyaient sur l'héritage de la période classique de la Grèce antique[75].

Les connaissances se sont enrichies à partir d'autres sources comme celle de l'astronome arabeAl-Farghani (IXe siècle), puisLe Livre de Marco Polo (deuxième moitié duXIIIe siècle) apporta quantité d'informations sur l'Asie. Dès lors, en Europe, on pouvait mieux se représenter la Terre comme étant sphérique. Cependant, la question se posait de savoir si le monde habité était une île unique ou si les autres quartiers du globe possédaient également des terres émergées. Cette question se pose encore aux savants occidentaux duXIVe siècle puisqu'à leur époque les trois quarts de la surface terrestre restent inexplorés. Une question plus lancinante se dessine en creux : sommes-nous les seuls habitants de la Terre ?Jean Buridan (1300-1358) considérait que la terre et l'eau forment deux sphères de centres distincts : la terre domine la mer sur un seul quartier du monde où la vie a pu être abritée et est entièrement recouverte dans les autres[76].

Le cardinal françaisPierre d'Ailly publie le traité cosmographique intituléImago Mundi en1410. Fondant ses raisonnements sur l'autorité d'Aristote, dePline l'Ancien et deSénèque, il y défend l'idée que les Indes peuvent être atteintes par l'Ouest en peu de jours.Christophe Colomb, qui possède un exemplaire imprimé du livre (aujourd'hui à Séville), est fortement influencé par les arguments de Pierre d'Ailly, comme en témoignent les notes qu'il ajoute de sa main dans les marges de plusieurs de ses pages[77]. On savait désormais qu’il était possible d’atteindre l’Asie sans passer par le bassin oriental de laMéditerranée et leMoyen-Orient, occupés par les Turcs, après laprise de Constantinople (1453), soit en contournant l’Afrique par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.

La (re)découverte de l'héliocentrisme, objet de nombreux débats, ne semble pas avoir eu d'influence significative pendant la Renaissance :Nicolas Copernic fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en1543, mais celles-ci furent interdites en1616 puis « enterrées » au moment de l’affaireGalilée (1633, pendant laguerre de Trente Ans) jusqu’au milieu duXVIIIe siècle. Il serait donc inexact de parler derévolution copernicienne pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important dereprésentation du monde.

Techniques de navigation et cartographie

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Cartographie.

De nouveaux procédés techniques permirent le développement des explorations maritimes lors de la Renaissance.

Laboussole, importée de Chine, était déjà d'un usage courant en Europe à la Renaissance : la première mention d'une aiguille aimantée et de son usage par les marins en Europe se trouve dansDe naturis rerum (« De la Nature des Choses ») d'Alexandre Neckam publié en 1190[78].

Lacaravelle est un navire à voiles inventé par les Portugais en 1430 et adapté aux longs voyages. Elle a été rendue célèbre par les grandes expéditions maritimes entre leXVe et leXVIIe siècle. La caravelle résulte du croisement entre les carabos arabes, des navires de pêche dotés de voiles latines (triangulaires) et les bateaux nordiques, équipés de voiles carrées. Elle permettait de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir[79].

Le premier usage de l'astrolabe nautique serait dû aux marins de la flotte deDiogo de Azambuja vers la Guinée en 1481-1482[80].

Leloch permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. La première mention de ce type d'instrument apparaît pour la première fois en Angleterre dans un livre deWilliam Bourne intituléA regiment for the sea[81].

Lacartographie connut de grands développements avec par exempleFra Mauro àVenise, dès leXVe siècle, qui correspondit avecHenri le Navigateur, ce qui permit auxexplorateurseuropéens de partir à la découverte dumonde. En retour, lesexplorations fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment laprojection de Mercator, en1569, marquant l'avènement de lagéodésie moderne[82].

Explorations maritimes

[modifier |modifier le code]
Portrait deVasco de Gama parGregório Lopes.
Article détaillé :Grandes découvertes.

Des expéditionschinoises se sont lancées à l’assaut desocéans dès le début duXVe siècle, alors que la France était encore empêtrée dans laguerre de Cent Ans : entre1405 et1433 eurent lieu sept expéditions vers les côtes de l'Asie du Sud-Est, de nombreuses îles de l'océan Indien, et l'Afrique de l'Est, sous la conduite de l'amiralZheng He. Sous lesSong, la Chine avait déjà lancé des explorations vers l'Afrique. Les voyages de Zheng He étaient plutôt pensés comme une démonstration de la puissance chinoise, un moyen de raviver lecommerce avec les États vassaux et de garantir le flux de marchandises d'importance, comme lesmédicaments, lepoivre, lesoufre, l'étain et leschevaux. Les expéditions furent arrêtées par l’administration chinoise[83].

Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme laroute des épices, après la prise deConstantinople (1453), par lesOttomans, et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.

Une première phase desgrandes découvertes est ouverte, dès leXVe siècle, par les navigateursportugais qui, sous l'impulsion deHenri le Navigateur, lancent des expéditions en vue de contourner l'Afrique[84],[85].Bartolomeu Dias est probablement le premier Européen parvenir à doubler, en 1487-1488, le cap des Tempêtes[86], rebaptisécap de Bonne Espérance par le roiJean II[87]. Huit ans plus tard, le roiManuel Ier de Portugal relance la conquête de la route circumafricaine : l'expédition deVasco de Gama toucheCalicut auxIndes le[88]. C'est par hasard surCabral, envoyé par Manuel Ier pour rejoindre les Indes, et détourné par les vents alizés, traverse l'Atlantique Sud et découvre leBrésil, qu'il prend pour une île (1500)[89].

De son côté, l'Espagne envoya ses propresnavigateurs :Christophe Colomb, qui rêve d'atteindre lesIndes par l'ouest, découvre ce que l'on appellera plus tard l'Amérique[90] et effectue quatre voyages entre1492 et1502[91].Magellan (tour du monde),Amerigo Vespucci (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir ci-dessous)…

Leplanisphère de Cantino réalisé en 1502 est la plus ancienne représentation des voyages deChristophe Colomb dans lesCaraïbes, deGaspar Corte-Real àTerre-neuve, dePedro Álvares Cabral auBrésil et deVasco de Gama enInde. Le méridien dutraité de Tordesillas est représenté.

Après avoir dicté labulle Intercaetera en 1493, le papeAlexandre VI signe le letraité de Tordesillas qui définit une ligne de partage entre les terres duNouveau Monde découvertes par les Espagnols et les Portugais[92]. Ce traité lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal. L'avènement de la Réforme et l'essor du protestantisme favorise alors l'apparition de lapiraterie : les protestants dénient au pape le droit de décider des territoires d'un monde qui n'est plus exclusivement du ressort de Rome. Le plus célèbre descorsaires,Francis Drake, surnommé « le Dragon » par les Espagnols, accomplit de (1577-1580) la deuxièmecircumnavigation de l'histoire aprèsMagellan, dont la reineÉlisabeth Ire est la principale commanditaire[93].

Le terme « Amérique » fut attribué en 1507 dans la ville deSaint-Dié (actuellementSaint-Dié-des-Vosges), par une assemblée savante, leGymnase vosgien, composé degéographes. Le nom du nouveau continent fut composé à partir du nom du navigateurAmerigo Vespucci[94].

Le navigateur françaisJacques Cartier effectue fort jeune de nombreux voyages de pêche vers les bancs deTerre-Neuve, sur les naviresmalouins. On suppose même qu'il visite la côte du Canada, en 1524, et celle du Brésil, en 1528. Cartier se met en tête d'aller plus loin à l'ouest et de découvrir la voie rapide vers les richesses de laChine. Hissé par son mariage dans la bonne société, il parvient à convaincreFrançois Ier du bien-fondé de son entreprise. Le roi lui alloue la somme de six mille livres pour une expédition de découverte du grandpassage du nord-ouest. L'équipage français, composé d'une soixantaine de matelots sur deux navires, hisse les voiles le. Après avoir traversé l'Atlantique Nord et longé la côte ouest de Terre-Neuve, il arrive dans baie duSaint-Laurent, découvrant ce qui deviendra leCanada, avant de venir le. Il effectue un second voyage en mai 1535, où il arrive au village indigène deStadaconé, le site actuel deQuébec[95].

Les navigateurs britanniques étaient souvent descorsaires.

LejésuiteFrançois Xavier atteint leJapon en1549, àKagoshima, et débarque sur l'îlot de Sancian en face deCanton enChine le. En1557, les Portugais achèvent leur poussée vers l'est en s'installant àMacao, où ils peuvent établir uncomptoir[96].

Le 13 avril 1608, un bateau français, commandé parSamuel de Champlain remonte l'estuaire duSaint-Laurent. En juillet, il s'établit àQuébec, avant de découvrir en1613 lesGrands lacs[97].

Ces explorations enrichirent considérablement les relevéscartographiques (voirMercator). Elles permirent auxEuropéens d’identifier de nouvelles terres émergées et d’affiner les contours descontinents.

L'Europe au milieu duXVe siècle.

Conséquences économiques

[modifier |modifier le code]

La première conséquence économique de la découverte duNouveau Monde fut un afflux considérable demétaux précieux. On emploie de plus en plus l'or, l'argent, lefer, lecuivre, en majorité ramenés du nouveau monde. L'essentiel fut converti enmonnaie, entraînant une hausse sensible des prix. On estime qu'entre 1450 et 1550, lamasse monétaire en Europe a été multipliée par huit. La deuxième conséquence est que l'Espagne, pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie[98].

Un autre phénomène de l'époque, qui favorise la vente de biens économiques, la communication, les voyages et donc aussi la diffusion d'idées à caractère artistique et philosophique, est l'émergence de grandes sociétés bancaires, commerciales et de transport opérant dans toute l'Europe. Avec le déclin de l'importance de l'interdit de l'Église sur le paiement des intérêts, les banques lombardes en particulier, comme celles des familles florentinesBardi etPeruzzi, ont financé les grands projets économiques, artistiques ou militaires des cours européennes auXIVe siècle. Au siècle suivant, de grandes maisons de commerce comme celle desMédicis voient le jour. Au début duXVIe siècle,Jacob Fugger a transformé un commerce de draps en une grande société qui faisait le commerce de marchandises, d'opérations de crédit et de mines de métaux dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique du Sud et en Inde. Parallèlement, laMaison de Tour et Taxis met en place des liaisons postales à travers l'Europe. Ils ont également permis aux banques d'effectuer des transactions plus rapides et, en plus de transporter des lettres, ont également transporté des personnes, des marchandises et de l'argent. Un espace économique européen relativement efficace a rapidement émergé.

Cette situation va donner naissance à un courant de pensée économique appelémercantilisme, qui dura tout au long desXVIe et XVIIe siècles. Plus particulièrement, le courant de pensée cherchant à définir larichesse à partir de la quantité d'or détenue s'appelle lebullionisme.Adam Smith, le père fondateur de l'économie moderne, critiqua vivement le mercantilisme dansla Richesse des Nations (1776), non que le commerce descolonies lui déplût, mais il y voyait une richesse essentiellement princière.

Art

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Art de la Renaissance,Style Louis XII etRenaissance française.

Architecture

[modifier |modifier le code]
Château d'Écouen, Val d'Oise, témoignage de l'architecture de la Renaissance auXVIe siècle. Il abrite depuis 1977 le musée national de la Renaissance
Articles détaillés :Architecture de la Renaissance etJardin de la Renaissance.
Cette sectionne cite pas suffisamment ses sources (avril 2016)
Pour l'améliorer, ajoutezdes références de qualité et vérifiables (comment faire ?) ou le modèle{{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Le traitéDe architectura deVitruve, déjà connu des érudits médiévaux, de Pétrarque et de son disciple Dondi, fut redécouvert parPoggio Bracciolini (Le Pogge),Cencio dei Rustici etBartolomeo Aragazziau au monastère de Saint-Gall pendant le concile de Constance en 1416[99]. Vitruve fut « découvert » à la Renaissance au sens où ce fut seulement à cette époque que son œuvre commença à influencer la pratique de l'architecture[100].

Les principaux représentants de l'architecture de la Renaissance en Italie sontFilippo Brunelleschi (1377-1446),Michelozzo (1396-1472),Leon Battista Alberti (1404-1472),Bernardo Rossellino (1409-1464),Benedetto da Majano (1442-1498),Bramante (1444-1514),Michel-Ange (1475-1564),Giacomo della Porta (1503-1602),Vignole (1507-1573),Giorgio Vasari (1511-1574),Bartolomeo Ammannati (1511-1592),Baldassarre Peruzzi,Domenico Fontana (1543-1607),Galeazzo Alessi (1512-1572)[101], ainsi queLe Filarète (~1400 – ~ 1469) etSebastiano Serlio (1475-1554), célèbres pour leurs traités d'architecture.

AuMoyen Âge, leschâteaux étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même duchâteau fort. Cependant, en France dès le milieu duXVe siècle avec la fin de laguerre de Cent Ans, l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de laLoire mais aussi ailleurs (Fontainebleau,le Louvre,Chambord,Chenonceaux,Amboise,Blois,Villers-Cotterêts…).

Ainsi, l'ère de la Renaissance laissa la place aux édifices qui misaient tout sur l'esthétique plutôt que sur la défense. C'est alors que disparurent mâchicoulis, créneaux, ponts-levis, meurtrières et douves, pour laisser la place aux somptueux jardins géométriques, aux symétries des châteaux, aux immenses fenêtres, aux colonnes, aux frontons et aux autres ornements qui pourraient montrer toute la puissance du propriétaire du château.

C'est donc sur l'esthétique que l'on mise et non sur la défense. Le but étant d'attirer l'œil sur la richesse et montrer le pouvoir du roi ou du prince. C'est une des caractéristiques les plus visibles de la Renaissance.

EnFrance, auXVe siècle, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de laroute Jacques-Cœur près deBourges. Le stylegothique flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. AuXVIe siècle, les châteaux de style Renaissance, notamment lesChâteaux de la Loire se répandent. En Île-de-France, leChâteau d'Écouen, du célèbre architecteJean Bullant, est un des principaux témoignages de cette période architecturale.

Littérature

[modifier |modifier le code]
Pétrarque parAndrea del Castagno.
Article détaillé :Littérature française du XVIe siècle.

AuXIVe siècle,Pétrarque, d'originetoscane, passe pour être (avecDante au siècle précédent), l'un des pères de la Renaissance. C'était unérudit, qui maîtrisait la langue latine. Il voyagea dans toute l'Europe, séjourna enAvignon, et séjourna aussi dans le nord de l'Italie à la fin de sa vie. Il eutGiovanni Boccaccio comme disciple.

LeXVIe siècle est marqué par l'apparition de lalangue française moderne, soutenue par le pouvoir royal deFrançoisIer, qui, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), donne à cettelangue son statut delangue officielle dudroit et de l'administration du royaume de France. La bibliothèque royale est transférée de Blois à Fontainebleau.

L'usage dulatin commence à décroître, lesdialectes continuent d'être parlés par la grande majorité de la population en France et ce jusqu'à laRévolution française (voirHistoire du français).

Les écrivains marquants sont :

Poésie

[modifier |modifier le code]
Peinture dePierre de Ronsard vers 1620.

L'appellation « Renaissance » est ici aussi problématique : après tout, la littérature n'était pas morte et l'Âge d'or (1530-1560) est finalement assez court et évolue très rapidement vers le Baroque. La poésie compose alors un ensemble assez polymorphe et disparate.

D'un côté, quelques formes médiévales subsistent - que l'on songe notamment àMarot utilisant les formes du rondeau, de la ballade de l'épître, formes qui tombent en désuétude avec la Pléiade.

Parallèlement, de nouvelles formes apparaissent telles que l'ode, lesonnet, l'élégie, le discours ou l'églogue mais aussi d'autres plus longues telles que les longs poèmes cosmologiques deScève, les Hymnes deRonsard qui concentrent sur un thème l'ensemble des savoirs et les poèmes dramatiques (qu'ils soient comiques ou tragiques).

Pour autant cette distinction par formes n'est pas toujours évidente, encore moins pertinente et les arguments permettent tout aussi bien de discriminer la poésie de la Renaissance :

  • héroïques : peu de réalisations ;
  • satiriques : sur la base des poètes latins, ces œuvres visent la condamnation des vices ;
  • tragiques ;
  • comiques : ayant pour modèlePlaute etTérence, les poètes ridiculisent les défauts de toujours (avarice…) et certains acteurs de la société (courtisanes…) ;
  • lyriques avec pour sujets l'amour, le vin, les joutes… dans une imitation d'Horace ou Théocrite ;
  • poésie d'épanchements amoureux et religieux sur le modèle de Pétrarque notamment ;
  • poésie religieuse.

Les formes permettent un classement d'autant moins pertinent qu'un recueil est alors souvent composé avec différents genres et différents registres.

La poésie demeure le genre dominant, produit de la Divine fureur (lafuror) envoyée par les Muses.Pontus de Thiard distingue d'ailleurs quatre fureurs divines : la fureur poétique (don des muses), l'intelligence des mystères et religions inspirée par Bacchus, la divination (don d'Apollon) et enfin la passion amoureuse inspirée par Vénus.

Peinture

[modifier |modifier le code]
Fresque deLa Création d'Adam, parMichel-Ange, dans lachapelle Sixtine àRome.
L'École d'Athènes deRaphaël vers 1510.
Article détaillé :Peinture de la Renaissance.

AuXIVe siècle, la peinture connaît déjà un renouveau, surtout à partir de l'Italie, grâce à des peintres commeDuccio,Simone Martini,Matteo Giovanetti, élève de Martini qui peignit les fresques duPalais des Papes d'Avignon etGiotto.

AuXVe siècle, en Italie, les peintres les plus marquants sontFra Angelico,Fra Bartolomeo,Masaccio,Filippo Lippi,Piero della Francesca,Leone Battista Alberti théoricien de la peinture et architecte,Sandro Botticelli. Cette période est également marquée par la redécouverte de laperspective linéaire (ou bien appelé géométrique, mathématiques ou centrale) antique. Ce système est théorisé parAlberti dansDe Pictura. La perspective linéaire se fait alors une place de plus en plus importante au fil de la renaissance.Masaccio est un des premiers artistes italien à l'adopter. Dans les Pays-Bas, lapeinture à l'huile fait son apparition avecJan van Eyck,Rogier de la Pasture dit Vanderweyden,Jérôme Bosch. Latoile remplaça progressivement les peinturesa fresco employées dans les édifices.

Concernant le portrait chezHans Memling,primitif flamand, Jean-Pierre Stroobants, correspondant du journalLe Monde en Belgique, précise (07/08/2005) : « (Memling) a innové en introduisant des décors (paysages, intérieurs, fonds), qui, malgré leur foisonnement de détails, n’enlèvent rien à la sobriété des tableaux et à l’étrangeté des personnages. L’étude du visage, des mains, du corps donne à la majorité de ces œuvres un caractère envoûtant et permet àTill-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge, d’affirmer que c’est bien Memling qui transmit à tout le sud de l’Europe les caractéristiques et les innovations du portrait primitif flamand, qui allait notamment influencer les peintres florentins, vénitiens ou lombards »[102].

AuXVIe siècle, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Lespeintures étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'être humain dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.

Parmi les peintres de cette époque,Michel Ange,Raphaël,Leonardo Da Vinci,Titien,Véronèse se démarquent, en Italie ;Jean Clouet, enFrance ;Albrecht Dürer, peintre graveur, dessinateur allemand,Lucas Cranach l’Ancien,Hans Holbein le Jeune, en Allemagne.

Musique

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :École franco-flamande etMusique de la Renaissance.

AuXVe siècle, lespolyphonies se développèrent à l'origine dans les Flandres, en Angleterre et en Bourgogne. La polyphonie est une musique écrite pour deschœurs à plusieurs voix en musique sacrée ou profane. Elle nécessitait des règles d'harmonie afin de bien entendre les voix simultanément. Les instruments utilisés étaient alors lesflûtes, leshautbois (chalemie,bombarde,douçaine…), l’épinette, la viole de gambe…

AuXVIe siècle, les musiciens qui se démarquent sont notammentClaudio Monteverdi,compositeur italien et auteur de nombreux madrigaux,Giovanni Pierluigi da Palestrina,compositeur italien,Roland de Lassus.

Sculpture

[modifier |modifier le code]

Lasculpture de la Renaissance est plus précoce que dans les autres arts. En effet, les hommes de la Renaissance disposent encore de sculptures antiques alors que les peintures ont plus largement disparu. C'est pourquoi la Renaissance en matière de sculpture peut être datée, quant à son origine, duXIIIe siècle.

Habillement

[modifier |modifier le code]
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?

Céramique

[modifier |modifier le code]

Changements militaires et politiques

[modifier |modifier le code]
Cette sectionne cite pas suffisamment ses sources (avril 2016)
Pour l'améliorer, ajoutezdes références de qualité et vérifiables (comment faire ?) ou le modèle{{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.
Carte dePalmanova in 1593,ouvrages de défense vénitiens,Unesco[103].

Innovations militaires

[modifier |modifier le code]

L'art de la guerre évolue de manière importante durant la Renaissance. L'infanterie reprend sa place de cœur de l'armée aux dépens de lacavalerie, principalement par l'assimilation de la technique du carré de pique par la plupart des armées occidentales. Ce modèle, introduit notamment par les cantonssuisses au bas Moyen Âge, prévaudra sur les champs de bataille jusqu'à laguerre de Trente Ans. L'arquebuse prend une place de plus en plus importante dans les armées de la Renaissance. l'arme étant meilleur marché qu'unearbalète[104] et son utilisation ne requérant pas un entrainement aussi poussé que pour l'utilisation efficace de l'arc, elle remplace, à quelques exceptions près, les armes de traits sur le champ de bataille.

La cavalerie elle aussi utilise les armes à feu et un nouveau type de cavalerie apparaît en Allemagne dans les années 1540, lesreître. Ils sont armés depistolets et leurs chevaux, contrairement à ceux des gendarmes ne sont pas bardés.

L'artillerie elle aussi fait son entrée sur le champ de bataille, autrefois réservés aux sièges les canons sont alors devenus une arme de campagne avec notamment les canon-orgues et les coulevrines, armes à dessein antipersonnel uniquement.

Pour faire face aux perfectionnements de l'artillerie des innovations apparaissent en matière de défense et defortifications, avec invention dubastion enItalie à la fin duXVe siècle. Les fortifications de type italien apparaissent àTroyes et àSaint-Paul-de-Vence à partir de1525.

Droit

[modifier |modifier le code]

Endroit, un changement structurel se produisit auXVIe siècle, avec le passage de lasuzeraineté (société de typeféodal, serment d’allégeance), à lasouveraineté.

Leroi contrôlait directement le royaume à l’aide d’uneadministration mieux structurée, surtout enFrance et enEspagne. Il s’agissait encore d’uneadministration très légère, puisqu’elle comptait environ 1 500 fonctionnaires enFrance.

Il fallut imaginer un système dedroit adapté à la nouvelle forme de monarchie.

Par ailleurs, en France, la langue française devint à cette époque la langue officielle du droit et de l’administration, grâce à l’édit de Villers-Cotterêts (François Ier,1539), qui vint appuyer lasouveraineté du roi.

Les théoriciens du droit qui se démarquent furent notammentJean Bodin, juriste français, etMachiavel, humaniste italien.

Histoire économique de la Renaissance

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Histoire économique de la Renaissance.

Innovations

[modifier |modifier le code]

Après une longue période de difficultés économiques auXIVe siècle et au débutXVe siècle, ayant vu de mauvaises récoltes, disettes, guerres civiles et étrangères (guerre de Cent Ans), et surtout lapeste noire qui dévasta le continent pendant trois ans, de 1348 à 1350, un redémarrage économique se produisit d'abord en Italie, dès la première moitié duXVe siècle. C'est en Italie en effet que furent mis au point de nouveaux instruments de commerce :assurances maritimes,lettres de change,comptabilité en partie double. Même si certaines de ces techniques avaient été inventées auparavant, c'est durant la Renaissance qu'elles se répandirent dans la Péninsule puis au-dehors. L'utilisation du zéro, originaire d'Inde, et transmis par les Arabes, connu à Florence auXIIIe siècle fut un autre facteur de développement. Il mit deux ans à s'acclimater en Europe[105].

Quelques autres techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'horloge mécanique apparaît en Europe dans les années 1270-1330 et remplace lessabliers ethorloges à eau pendant la Renaissance[106].

L'usage de laverrerie et des vitres se développa auXVIe siècle. L'île deMurano fut un important centre de production dès la fin duXIIIe siècle[107]. Dans le textile, lerouet et letricot furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'amalgame apparaît pour le traitement de l'argent.

L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes, comme l'ananas, l'avocat, lacacahuète, lecacao, lescucurbitacées (courge du Mexique, potiron, courge musquée), lagoyave, leharicot, lemaïs, lapapaye, lapatate douce, lapomme de terre, lespoivrons etpiments, letabac, latomate, letopinambour, letournesol, lequinoa, lavanille, lemanioc, lanoix de pécan pour ne citer que les principales[108].

Dynamisme économique

[modifier |modifier le code]

Vers la fin duXIIIe siècle, des raisons politiques et le développement de nouvelles routes de commerce mettent fin à la primauté desfoires de Champagne. Les nouvelles routes des Alpes suisses par le col du Saint Gothard et du Simplon relient l'Italie du Nord au pays rhénan et surtout de nouvelles routes maritimes, permettent aux Italiens un accès plus sûr, plus rapide et moins cher à Bruges dès 1297[109].

Les hommes d'affaires de la Renaissance faisaient le commerce des textiles, des grains, des épices, etc. ; ils possédaient des mines ; ils assuraient des navires, prêtaient de l'argent aux particuliers et aux princes. LesMédicis, au milieu duXVe siècle, avaient opté pour une organisation décentralisée avec un bureau central à Florence, et possédaient la majorité des parts dans diverses compagnies ne portant pas forcément le nom de « Médicis ». LesFugger d'Augsbourg, les plus grands hommes d'affaires européens de la première moitié duXVIe siècle, préférèrent tenir en main, grâce à des « facteurs » salariés et révocables, les implantations locales de leur firme[110].

Au début de la Renaissance, il existe en Europe une véritable passion pour lesépices :poivre,cannelle,gingembre,clous de girofle,safran,muscade, etc. Les épices servaient à relever la cuisine, et à conserver les viandes. On leur prêtait aussi des propriétés médicinales. Les épices provenaient d'Inde, de Ceylan, des îles de la Sonde (Indonésie) et de la Chine. De cette dernière provenaient aussi les laques et les soieries. Laroute de la soie, qui permettait d'acheminer les produits chinois, fut coupée par l'avancée des Turcs. un des grands motifs des voyages portugais vers l'Inde, et bientôt la Malaisie et l'Indonésie, fut le désir de parvenir sur les lieux mêmes de la production des épices. Les Espagnols découvrirent chez les Aztèques du Mexique l'usage de lavanille et ducacao, qu'ils firent connaître en Europe. Lacanne à sucre, qui avait pénétré grâce aux Arabes dans le bassin méditerranéen, fut introduite par les Espagnols et les Portugais aux Canaries et à Madère, puis ils implantèrent sa culture dans les Antilles et dans les régions chaudes et humides de l'Amérique[111].

Les voyages de la Renaissance mirent en place pour la première fois dans l'histoire, une économie mondiale fondée sur les échanges réguliers : plus de 18 000 bateaux au total naviguèrent au total entre l'Espagne et le Nouveau Monde. Des améliorations techniques avaient permis, avant même la découverte de l'Amérique, une relance de la production d'argent dans les mines européennes, qui facilita le redémarrage économique desXVe et XVe siècles. L'implantation européenne en Amérique eut pour conséquence d'accroître encore la quantité de métaux précieux -or etargent - disponible sur le vieux continent. LesPazzi, riches banquiers florentins du début duXIVe siècle auraient disposé d'un capital équivalent à 147 kilos d'or fin. Celui desMédicis, vers 1460, aurait été de 1,75 tonne. Celui desFugger, en 1546, de 13 tonnes. Dans la décennie 1526-1535, 85 tonnes d'argent auraient été produites chaque année en Europe, chiffre comparable à ceux duXIXe siècle[111].

Postérité

[modifier |modifier le code]

Fin de la Renaissance

[modifier |modifier le code]

Il est difficile de donner une date précise à la fin de la Renaissance. L'historien Peter Burke remarque queGalilée etDescartes sont des exemples révélateurs de la rupture délibérée avec la tradition, en particulier laphilosophie naturelle d'Aristote. Auparavant, l'image du monde que se faisaient les élites européennes avait été relativement stable depuis la réception d'Aristote auxXIIe – XIIIe siècles. Même si ses idées étaient souvent critiquées, voire modifiées, le cadre de pensée aristotélicien n'était pas remis en cause par les humanistes. Or, l'image du cosmos fut modifiée sur de nombreux points entre 1600 et 1700 par l'hypothèse copernicienne selon laquelle la Terre n'était pas au centre de l'univers, avec une vision du cosmos sans esprit, mécanique, soumis aux lois de la physique. Laraison, s'appuyant sur lesmathématiques, commença à gagner le prestige que l'Antiquité était en train de perdre. Le parti des « Modernes » s'appuya sur la nouvelle philosophie de Galilée et Descartes pour rejeter le postulat des humanistes de la Renaissance : la primauté des Anciens. C'est pourquoi on peut avancer que la Renaissance prit fin au début duXVIIe siècle, vers 1630, avec la révolution scientifique et la montée du baroque[112].

Survie de l'humanisme

[modifier |modifier le code]

L'humanisme survécut à la révolution scientifique, mais sa place se fit plus étroite. Le programme des écoles latines resta plus ou moins le même jusqu'au début duXIXe siècle. Dans les universités, laphilosophie mécaniste commença à remplacer l'aristotélisme vers 1650, mais mit plus d'un siècle à l'évincer totalement[113].

En littérature, la Rome d'Urbain VIII vit fleurir une seconde renaissance romaine, sur le modèle de celle de Léon X. Aux Pays-Bas, la renaissance littéraire se prolonge jusqu'aux années 1660 avec le dramaturge et poèteJoost van den Vondel. En France,Boileau etRacine peuvent être perçus comme des humanistes, par le style qu'ils utilisent et leurs imitations des Anciens[113].

En Angleterre, l'écrivainRobert Burton (L'anatomie de la mélancolie, 1621), le médecinThomas Browne, l'homme d'ÉtatEdward Hyde, et lesplatoniciens de Cambridge peuvent être rattachés au mouvement humaniste[114].

La curiosité encyclopédique d'érudits comme le jésuite allemandAthanasius Kircher ou le SuédoisOlaus Rudbeck font penser à des humanistes antérieurs. Les œuvres complètes d'Érasme sont rééditées à Leyde par Jean Leclerc de 1703 à 1706. En Allemagne,Gotthold Ephraim Lessing etJohann Gottfried Herder, qui se sont intéressés l'Humanität, peuvent être qualifiés d'humanistes tardifs[115].

En Angleterre, on a parlé d'humanisme augustéen à propos du cercle deSamuel Johnson, parce qu'il entendait rivaliser avec les réalisations culturelles de Rome. Il y eut un mouvement d'humanisme civique dans la Grande-Bretagne duXVIIIe siècle et en Amérique du Nord au moment de larévolution, avec un souci des vertus citoyennes des libertés et de la vie active inspiré de la Renaissance florentine[116].

Développements du mouvement dans les arts et l'architecture

[modifier |modifier le code]
L'hôtel de ville de Sheffield construit dans le style Renaissance.

En peinture, la grande manière se perpétua, notamment avecNicolas Poussin qui vécut à Rome. Les traditionnels séjours d'artistes en Italie se sont poursuivis.Vélasquez s'y rendit en 1629,Mengs en 1740,Reynolds en 1749,Romney en 1773, etc. Ils visitaient l'Italie non seulement pour étudier l'Antiquité, mais Raphaël, Titien et Michel-Ange. Les Académies des beaux-arts formèrent toujours les peintres et les sculpteurs à imiter l'antique[117].

AuXIXe siècle, lesnazaréens étaient un groupe de jeunes artistes allemands qui vécurent à Rome à partir de 1810, et qui étaient hostiles au néoclassicisme de Mengs et à son idole Raphaël. Ils adoraient Masaccio et Fra Angelico. De mêmeDante Gabriel Rossetti et ses amis voulaient revenir à la période antérieure àRaphaël, d'où leur nom, « confrérie préraphaélite ». Ce fut à cette époque et dans ces cercles que l'on redécouvritBotticelli[118].

En architecture, l'influence de la Renaissance resta très vivace avec lepalladianisme et le néopalladianisme.Les Quatre Livres de l'architecture de Palladio parurent en allemand en 1698, en français en 1726, en anglais en 1715 et de nouveau en 1728. On compte parmi les disciples de PalladioOttavio Bertotti Scamozzi (it) en Italie,Jacques-Germain Soufflot en France. Letroisième comte de Burlington collectionnait les dessins de Palladio et fit construire lavilla Chiswick sur le modèle de la célèbre Villa Rotonda.Thomas Jefferson suivit le modèle de la Villa Rotonda pour sa maison à Monticello[119].

Les exemples d'architecture néo-Renaissance sont nombreux auXIXe siècle : à Londres, le Travellers' Club (1832) et le Reform Club (1841). Dans les années 1850, une banque de Bristol suit le modèle de la bibliothèque Marciana de Sansovino.

Racines de la crise écologique

[modifier |modifier le code]

La Renaissance s'est manifestée par un changement important de vision du monde par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine. Certains auteurs, tels Michel Maxime Egger et Jean-Claude Larchet, pensent que les racines de lacrise écologique sont à situer à partir de la Renaissance.Jean-Claude Larchet distingue un ensemble de facteurs, parmi lesquels nous détaillons ci-dessous ceux plus directement en rapport avec la Renaissance telle que décrite dans cet article[120] :

L'humanisme

L'humanisme est une exaltation de l'homme considéré en lui-même, pour lui-même. L'humanisme, même s'il ne nie pasDieu, le rejette dans l'au-delà et affirme la totale autonomie de l'homme par rapport à Lui. Ce n'est plus Dieu qui sert de référence, mais l'homme qui devient la mesure de toute chose[121].

Le naturalisme

La Renaissance se définit à la fois par un retour à l'Antiquité grecque et par un retour à lanature (les deux étant liés), ouvrant la voie aunaturalisme. L'humanisme, en ramenant tout à l'homme (c'est-à-dire en excluant Dieu) ramène toute chose à une dimension purement naturelle, c'est-à-dire exclut le surnaturel ou réduit sa part. L'art de la Renaissance abandonne le caractère symbolique de l'art médiéval dans la représentation de l'homme et de la nature[121].

L'individualisme

L'humanisme de la Renaissance a pour corrélat uneexaltation de l'individu. Cela se manifeste dans l'art par la valorisation de l'artiste en tant que sujet créateur original. Cette tendance s'accentuera ultérieurement avec leCogito deDescartes qui pose le sujet « je » non seulement comme seule source, mais comme critère de la connaissance vraie et même de la réalité de soi et du monde. L'individualisme mènera par la suite à laconcurrence, fondement ducapitalisme qui se développera à partir duXVIIIe siècle, et aura pour conséquence l'affaiblissement du sens de lacommunauté[122].

La conquête du Nouveau Monde

La conquête duNouveau Monde a été fondée sur une volonté des États européens d'accroître leur pouvoir en étendant leurs territoires, mais aussi de développer leur économie grâce à une exploitation de ces terres nouvelles et de la commercialisation de leurs produits. Cela a sans doute contribué à modifier l'image de la nature qu'avaient les populations européennes, en y voyant un stock de ressources exploitables et monnayables. Les conquérants ont fait preuve d'une absence totale de scrupule vis-à-vis de la nature, en comparaison des populations indigènes qui avaient un sens développé de lasacralité de la nature[123].

À ces éléments Jean-Claude Larchet ajoute lerationalisme, ledualisme corps-esprit, lamécanisation des corps et leDieu horloger, facteurs qui n'apparaîtront qu'avec la révolution scientifique duXVIIe siècle.

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. LeMoyen Âge se termine en 1453 ou 1492 selon les auteurs, mais laRenaissance a commencé bien plus tôt en Italie.
  2. Burke 2002,p. 29-30.
  3. Burke 2002,p. 9.
  4. (en)Stephen Greenblatt,Renaissance Self-fashioning. From More to Shakespeare,University of Chicago Press,, 321 p.
  5. MichelSot, « Renovatio, renaissance et réforme à l'époque carolingienne : recherche sur les mots »,Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France,vol. 2007,no 1,‎,p. 62-72(ISSN 0081-1181,DOI 10.3406/bsnaf.2009.10725,lire en ligne, consulté le)
  6. Alison Cole,La Renaissance dans les cours italiennes, Paris,Flammarion,, 192 p.(ISBN 2-08-012259-2), La cour, identité et histoire (page7)
  7. Gonzague de Saint-Bris,FrançoisIer, éditions France Loisirs,p. 23
  8. Marie-Sophie Masse,La Renaissance, des Renaissances :VIIIe – XVIe siècles,Klincksieck,,p. 8
  9. Ariane Boltanski et Aliocha Maldavsky,La Renaissance des années 1470 aux années 1560,Éditions Bréal,,p. 12
  10. Voir Lucien Febvre,Michelet et la Renaissance, Paris, Flammarion, 1992.
  11. Thomas Lepeltier, "La Renaissance existe-t-elle? Réflexions à partir de Michelet", La Revue des Livres, 2000, en ligne surLa Renaissance existe-t-elle réflexions à partir de Michelet
  12. Burke 2002,p. 36.
  13. Chatelain et Toscano 2024,p. 12.
  14. Burke 2002,p. 9 et 31-32.
  15. (ru) « Renaissance », survisart.info.
  16. Le dictionnaire de l'Histoire surherodote.net
  17. Burke 2002,p. 38-61.
  18. Mentionné parGeorges Duby dansLe temps des cathédrales
  19. Burke 2002,p. 34-38.
  20. Burke 2002,p. 39-44.
  21. Burke 2002,p. 69.
  22. L'histoire du palais des papes sur le site officiel
  23. Burke 2002,p. 64.
  24. Burke 2002,p. 68-69.
  25. Burke 2002,p. 66-67.
  26. Burke 2002,p. 69-71.
  27. Burke 2002,p. 52-61.
  28. Burke 2002,p. 50.
  29. Burke 2002,p. 47-52.
  30. a etbBurke 2002,p. 53-55.
  31. Burke 2002,p. 71-74.
  32. Burke 2002,p. 76.
  33. Burke 2002,p. 85-123.
  34. Burke 2002,p. 86.
  35. Burke 2002,p. 88-91.
  36. Burke 2002,p. 99-102.
  37. Burke 2002,p. 106.
  38. Monique Mund-Dopchie a consacré une leçon auCollège Belgique sur cette problématique, penchant pour « relecture » de l'Antiquité, davantage qu'une redécouverte.La "redécouverte" de l'Antiquité, enregistrement de la conférence
  39. Bernard Quilliet,La tradition humaniste, Fayard,p. 180
  40. Bernard Quilliet,La tradition humaniste, Fayard,p. 194
  41. Pierre Chaunu,Le temps des réformes,p. 332
  42. Bernard Quilliet,La tradition humaniste, Fayard,p. 314
  43. Régine Pernoud,Pour en finir avec le Moyen Âge, Seuil,coll. « Points histoire », 1977, p. 16-20(ISBN 2-02-005074-9)
  44. Régine Pernoud,Pour en finir avec le Moyen Âge, Seuil,coll. « Points histoire », 1977, p. 17-18(ISBN 2-02-005074-9)
  45. JeanDelumeau,Une histoire de la Renaissance, Perrin,, 220 p.(ISBN 978-2262012885),p. 117-118.
  46. Burke 2002,p. 59-60.
  47. John Hale,la civilisation de l'Europe à la Renaissance, Perrin, 1993, trad. 1998
  48. « Dante, Pétrarque, Boccace : Les lettres et l’humanisme »,L'éléphantno 17,lire en ligne
  49. René Pellen, Francis Tollis,La Gramatica castellana d'Antonio de Nebrija : Grammaire d'une langue, langue d'une grammaire, éditions Lambert Lucas, 2011
  50. Agnès Blanc,La Langue du Roy est le français. Essai sur la construction juridique d'un principe d'unicité de langue de l'État royal (842-1789), 2010
  51. Henriette Walter,L'aventure des mots français venus d'ailleurs, Robert Laffont,p. 137-150
  52. Jean Pruvost,La langue française : une longue histoire riche d'emprunts,p. 8
  53. Henriette Walter,L'aventure des mots français venus d'ailleurs, Robert Laffont,p. 17
  54. La Renaissance, l'affirmation du français,XVIe siècle, la prépondérance de l'Italie, sur le site de l'université Laval
  55. Burke 2002,p. 210.
  56. Pierre Chastang, « Moyen Âge : une révolution de l'écrit »,L'Histoire, septembre 2019,p. 40
  57. Jean-François Gilmont a consacré une leçon auCollège Belgique sur les relations qu'entretiennent les humanistes avec le livre, ainsi que la diffusion de cet objet.Le livre imprimé, enregistrement de la conférence
  58. Burke 2002,p. 77-78.
  59. a etbBurke 2002,p. 78-79.
  60. René Clozier,Histoire de la géographie, Que sais-je ?,lire en ligne
  61. Louis Desgraves,La réforme et le livrel'Europe de l'imprimé (1517-v. 1570), Paris, Cerf, 1990,en ligne
  62. Jean Delumeau, Thierry Wanegffelen, Bernard Cottret,Naissance et affirmation de la réforme, PUF, 2012, p. 396
  63. JeanDelumeau,La peur en Occident,XIVe – XVIIIe siècles, Fayard,, 486 p.(ISBN 978-2213005560),p. 197-209.
  64. Delumeau 1978,p. 213.
  65. a etbJean Delisle, « Les nouvelles règles de traduction du Vatican »,Meta,vol. 50,no 3,‎, p.831–850(DOI 10.7202/011599ar,lire en ligne).
  66. a etb(en) « Mixed sources », surCatholic Encyclopedia.
  67. Les langues de la Bible, sur Croire.com
  68. Jean Delumeau,Thierry Wanegffelen,Bernard Cottret,Naissance et affirmation de la Réforme, PUF, rééd. 2012 (1re éd. 1973)
  69. Roland Goetschel,Isaac Abravanel, conseiller des princes et philosophe, Albin Michel, Eyrolles, collection Présences du judaïsme, 1996, réédition 2013
  70. Alessandro Guetta, Les juifs d'Italie à la Renaissance, Albin Michel, collection Présences du judaïsme, 2017
  71. Burke 2002,p. 111-112.
  72. Burke 2002,p. 112-113.
  73. Burke 2002,p. 117.
  74. Alessandro Guetta,Les Juifs d'Italie à la Renaissance, Albin Michel, collection Présences du judaïsme, 2017
  75. La forme et les dimensions de la Terre - Histoire de la géodésie sur Cosmovision.com
  76. Vincent Deparis, « La forme de la Terre : plate, oblongue ou aplatie aux pôles ? »lire en ligne
  77. Pierre d'Ailly sur Cosmovisions.com
  78. Barbara M. Kreutz, « Mediterranean Contributions to the Medieval Mariner's Compass », Technology and Culture, no 14, 1973,p. 367-383
  79. Céline Deluzarches, « Caravelle », sur futira-sciences.com,lire en ligne
  80. Alan Stimson, The mariner's astrolabe : A survey of known, surviving sea astrolabes, Utrecht, 1988,p. 576
  81. L'invention du loch, surhttp://dossiersmarine4.fr,lire en ligne
  82. Histoire des mesures géodésiques sur futura-sciences.com
  83. Dolors Folch, « Zheng He, l'explorateur qui a fait de la Chine une grande puissance navale », National Geographic, 19 octobre 2020, nationalgeographic.fr,lire en ligne
  84. Henri le Navigateur surherodote.net
  85. Henri le Navigateur sur Cosmovisions
  86. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 39
  87. Bartolomeu Dias sur le siteHerodote.net
  88. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 53
  89. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 62 et 81
  90. La dénomination Indes occidentales pour l'Amérique provient du fait que Colomb, ignorant l'existence du continent américain, pensait avoir atteint les Indes
  91. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 54 à 61
  92. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 58
  93. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs, p. 82-83
  94. Numa Broc, Saint-Dié et le baptême de l'Amérique : Albert Ronsin,Découverte et baptême de l'Amérique, 1992,lire en ligne
  95. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs,p. 114-115
  96. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs,p. 182-183
  97. Le Grand livre des explorateurs et des explorations, France Loisirs,p. 116-117
  98. Jean-Marc Daniel,Histoire vivante de la pensée économique, Pearson,p. 24
  99. Pierre Gros,Vitruve et la tradition des traités d’architecture,lire en ligne
  100. Burke 2002,p. 40-41.
  101. L'architecture de la Renaissance, sur Cosmovisons.com
  102. Jean-Pierre Stroobants, « Redécouvrir les innovations d'Hans Memling »,Le Monde,‎(ISSN 0395-2037)
  103. (en) « The city of Bergamo », surwhc.unesco.org(consulté le).
  104. Thomas F. Arnold,Les guerres de la renaissance,XVe – XVIe siècles, Paris,Autrement,, 224 p.(ISBN 2-7467-0249-5),p. 72
  105. Delumeau 1999,p. 156-157.
  106. Materne Pendoué,Horloge - Indicateur horaire - Mausolée,lire en ligne
  107. Cristina Tonini et Rosa Barovier Mentasti, Le Verre de Murano. De la Renaissance auXXIe siècle, Gallimard, 2013, 48 p.
  108. 18 aliments venus d'Amérique, 21 juillet 2020,lire en ligne
  109. FernandBraudel,La dynamique du capitalisme, Flammarion,, 120 p.(ISBN 978-2-7003-0501-2,lire en ligne)
  110. Delumeau 1999,p. 161.
  111. a etbDelumeau 1999,p. 163-164.
  112. Burke 2002,p. 272-273.
  113. a etbBurke 2002,p. 276.
  114. Burke 2002,p. 276-277.
  115. Burke 2002,p. 277.
  116. Burke 2002,p. 278.
  117. Burke 2002,p. 280.
  118. Burke 2002,p. 282.
  119. Burke 2002,p. 281.
  120. Jean-ClaudeLarchet,Les fondements spirituels de la crise écologique, Syrtes,(ISBN 9782940523894), p.71-77.
  121. a etbLarchet 2018,p. 72.
  122. Larchet 2018,p. 74.
  123. Larchet 2018,p. 74-75.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

v ·m
Histoire
Périodes
Art
Philosophie
Connaissance
Par pays et villes
Diffusion en Italie
v ·m
Antiquité
Moyen Âge
Époque moderne
etcontemporaine
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Renaissance&oldid=230026872 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp