Jules Gustave René Coty naît le auHavre. Il est le fils de Jean Coty, républicain modéré, directeur du collège Saint-Michel (la pension Coty)[3], et de Blanche Sence. Tous les membres de la famille Coty sontnormands et ont exercé des métiers divers tels que cultivateurs, instituteurs ou encore artisans.
Il a deux sœurs, Nelly et Marthe, et deux frères, Marcel et Henri.
En 1899, René Coty obtient un double baccalauréat en sciences et en lettres, avec la mention bien, et part faire ses études à l'université de Caen. En 1900, il est exempté du service militaire en raison de sa maigreur. La même année, il représente l'association générale des étudiants de Caen au Congrès international de Paris[4]. Deux ans plus tard, en 1902, il obtient une licence endroit et une licence enlettres etphilosophie.
Il prête serment d'avocat la même année et s'inscrit aubarreau duHavre. Spécialiste endroit maritime etcommercial, il plaide aucivil et aupénal. Mû par un souci de justice sociale, il prend la défense en 1910 deJules Durand, un syndicaliste injustement accusé d'avoir incité au meurtre d'un ouvrier non gréviste[5]. Il estbâtonnier de l'ordre des avocats.
Passionné de littérature et de philosophie, il fonde en 1905 leCercle Vallonges, un cercle littéraire, avec quelques amis, également intéressés par les livres.
Germaine Coty, son épouse, décédée durant son mandat de président de la République.
Le, à l'église Saint-Michel du Havre, il épouseGermaine Corblet, fille d'un armateur havrais. Le couple a deux filles : Geneviève, née en 1908, mariée en 1929 à Louis-Félix Egloff, ingénieur, avec lequel elle a six filles ; et Anne-Marie, née en 1910, épouse en 1932 du docteurMaurice Georges, avec lequel elle a trois filles et un fils. Geneviève et Anne-Marie décèdent toutes deux en 1987.
En 1908, René Coty est élu conseiller municipal duHavre, sur la liste « Union du comité républicain dubloc des gauches ». Il exerce cette fonction jusqu'en 1919. Un an plus tard, en 1909, il est élu secrétaire général du Grand cercle républicain. Dans sa carrière d'avocat, Coty défend lesyndicalisteJules Durand en 1910, mis en cause dans l'assassinat d'un ouvrier non-gréviste. Ce fait divers inspiraSalacrou, qui en fait une pièce,Boulevard Durand, en 1950.
Il est élu en 1913 conseiller général de laSeine-Inférieure. Il est réélu à quatre reprises : en 1919, 1925, 1931 et 1937.
En 1914, René Coty est engagé volontaire dans le129e régiment d'infanterie, qui fait partie de la division Mangin. Il participe notamment à labataille de Verdun, tout comme l'ensemble de sa division. En 1918, à la fin de la guerre, Coty reprend sa robe d'avocat et continue à travailler dans son cabinet.
En décembre 1919, René Coty se présente aux élections municipales, briguant la mairie du Havre, sans succès.
En, il est élu député de la Seine-Inférieure. Il succède à son modèle,Jules Siegfried, prend ses distances avec leParti radical, dont il ne supporte plus les positions anticléricales[5]. Il rejoint l'Union républicaine et évolue vers la droite. En 1924, il se fait réélire contre un membre duCartel des gauches[5]. Il s'investit dans son travail parlementaire, et devient membre de plusieurs commissions, dont celle de lamarine marchande.
Le, le député Coty est nommé sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans legouvernement deThéodore Steeg. Il occupe cette fonction dix jours seulement, jusqu'au23 décembre.
En 1932, il est élu vice-président du conseil général de Seine-Inférieure. La même année, peu après sa réélection à laChambre des députés, René Coty décide de quitter le barreau pour se consacrer à son travail parlementaire. Cependant, il ouvre un cabinet de conseiller juridique à Paris.
En 1936, René Coty est élu sénateur ; c'est cette même année que le couple Coty s'installe, dans un appartement duquai aux Fleurs à Paris. Il devient membre de la commission des Finances. C'est au cours de cette période qu'il rencontre Henri Sacquet[6], journaliste, écrivain et résistant (directeur de l'Agence quotidienne et du Bureau parlementaire), qui devient un ami proche du couple Coty. De 1936 à 1938, il est un opposant duFront populaire[5]. Il commence à réfléchir à des projets de réforme constitutionnelle pour améliorer les insuffisances liées auparlementarisme de laIIIe République[5].
Le, le sénateur Coty vote lespleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, avant de se tenir à l'écart de la vie publique. En 1943, cependant, il travaille avec un petit groupe de sénateurs àParis en faveur d'un projet de loi constitutionnelle pour la transition vers la Libération. De 1944 à 1945, il est automatiquement frappé d'inéligibilité du fait de son vote en faveur du Maréchal ; mais, en raison de son opposition « constante depuis 1940 », cette inéligibilité est levée le par leJury d'honneur[7],[8].
Député à l'Assemblée nationale constituante (1945-1946)
Réélu parlementaire en 1952 et de nouveau porté à la vice-présidence de la haute assemblée aux ouvertures de session en 1952 et 1953[14],[15], René Coty écrit en 1952 dans son journal personnel que sa « candidature à l'Élysée semble sérieusement envisagée par des gens sérieux ».
En juillet 1949, il devient également vice-président de l'Union parlementaire européenne.
Alors que le président de la République française était élu dès le premier tour, éventuellement au second, le scrutin s'éternise. Joseph Laniel, soutenu par la droite, ne parvient pas à obtenir la majorité absolue. Après le dixième tour, le chef du gouvernement se retire au profit deLouis Jacquinot, mais celui-ci recueille encore moins de voix et se retire à son tour au profit de René Coty, qui, sans être candidat et étant alors opéré de laprostate (cette hospitalisation lui évitant de se prononcer pour ou contre laCommunauté européenne de défense)[17], avait obtenu71 voix au onzième tour. Au douzième tour, le nouveau candidat de la droite manque de peu d’obtenir la majorité absolue ; il est alors immédiatement procédé à un treizième tour de scrutin, à l’issue duquel René Coty est élu par 477 voix sur 871, dont 329 pour le socialisteMarcel-Edmond Naegelen.
Le nouveau président de la République entre en fonction le, après une cérémonie de passation des pouvoirs avec Vincent Auriol, aupalais de l'Élysée.
Dans les attributions étroites que laConstitution de 1946 lui confère, René Coty devient vite populaire auprès des Français, ainsi que son épouseGermaine Coty.
En, il refuse de nommerPierre Mendès France à la présidence du Conseil, bien que celui-ci soit le chef de file de la coalition deFront républicain, victorieuse desélections législatives : le chef de l’État lui préfèreGuy Mollet, dirigeant de laSFIO. Le programme de cette coalition de centre gauche est la recherche d'une paix négociée en Algérie.
Durant l’année 1958, les tensions créées par laguerre d'Algérie sont à leur comble, et leputsch d'Alger fait craindre uncoup d'État militaire pour porterCharles de Gaulle au pouvoir. René Coty fait alors appel « au plus illustre des Français », le même Charles de Gaulle. Il utilise la procédure exceptionnelle d'un message lu à l'Assemblée nationale par son président,André Le Troquer[18]. Pour contrer une possible opposition de l'Assemblée nationale, dominée par la gauche, le président de la République menace de démissionner immédiatement en cas de refus d'investiture du Général. Legouvernement de Gaulle est investi le. Pierre Mendès France déclare plus tard à ce sujet :« C'est parce que le Parlement s'est couché qu'il n'y a pas eu de coup d'État ! »
LaConstitution de laVe République est promulguée le. Le texte dispose dans sonarticle 91 que les pouvoirs du président de la République en fonction expireront à la suite de la proclamation de l'élection de son successeur. Le, après la victoire du général de Gaulle à l’élection présidentielle de décembre 1958, René Coty transmet ses pouvoirs en déclarant que « le premier des Français est désormais le premier en France ».
René Coty meurt au Havre le, à 80 ans, victime d'unecrise cardiaque. Le général de Gaulle prononce son éloge lors desobsèques nationales célébrées auHavre le27 novembre suivant. Pour caractériser la personnalité de René Coty, il citeJean de La Bruyère :« La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne force et relief[20]. »
La tombe de René Coty au cimetière Sainte-Marie du Havre (Seine-Maritime).
Une avenue porte son nom dans le 14e arrondissement de Paris tandis qu'il existe un quartier Président-René Coty àBlois. Plus généralement,164 lieux publics portent le nom de René Coty[25].
Un collège àVal-de-Scie (ancienne commune d'Auffay), une école élémentaire àDammarie-les-Lys et une autre àMaule portent également le nom de l’ancien chef de l'État[26],[27]. En outre, le principal centre commercial duHavre, l’espace Coty, est inauguré en 1999.
Le président Coty connaît un gain de popularité auprès des jeunes générations à la sortie en 2006 deOSS 117 : Le Caire, nid d'espions. Dans ce film, l’espion françaisHubert Bonisseur de La Bath,alias OSS 117, fait très souvent référence à René Coty, qu'il considère comme son modèle. Ainsi, il distribue fièrement et à tout-va des photos du président de la République, n'hésitant pas à prononcer son éloge : « C'est notreraïs à nous. C'est M. René Coty. Un grand homme. Il marquera l'histoire ! ».
↑Membre de droit en tant qu'ancien président de la République.
↑De facto, puisque durant la période de l'Occupation, le Parlement n'est pas dissous, mais le Sénat et la Chambre des députés sont« ajournés jusqu'à nouvel ordre », seul le chef de l'État pouvant les réunir. Le Parlement ne se réunit plus durant toute l'Occupation, entérinant dans les faits le caractère autoritaire du régime de Vichy[1].
↑« 3. — Nomination du bureau définitif », dans« Séance du Jeudi 25 Novembre 1948 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 98,,p. 3475-3479(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 5. — Nomination du bureau définitif », dans« Séance du Mardi 11 Janvier 1949 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 1,,p. 2-3(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 7. — Nomination de quatre vice-présidents, de huit secrétaire et de trois questeurs du Conseil de la République », dans« Séance du Mardi 10 Janvier 1950 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 2,,p. 5(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 6. — Nomination du bureau définitif », dans« Séance du Mardi 9 Janvier 1951 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 3,,p. 102-103(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 8. — Nomination de quatre vice-présidents, de huit secrétaires et de trois questeurs du Conseil de la République », dans« Séance du Mardi 8 Janvier 1952 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 5,,p. 200(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 3. — Nomination de quatre vice-présidents, de huit secrétaires et de trois questeurs du Conseil de la République », dans« Séance du Jeudi 5 Juin 1952 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 43,,p. 1182(lire en ligne[PDF], consulté le).
↑« 7. — Nomination des vice-présidents, des secrétaires et des questeurs », dans« Séance du Mardi 13 Janvier 1953 »,Journal officiel de la République française, « Débats parlementaires » (Conseil de la République)no 2,,p. 10(lire en ligne[PDF], consulté le).