Unereligion d'État est unereligion officiellement adoptée par unÉtat, ce qui signifie que la législation de cet État se conforme aux préceptes de la religion en question. On parle de religion d'État lorsque lalégislation – généralement laconstitution – d'unpays précise que telle religion est la religion de l'État.
Aujourd'hui, l'existence dans un pays d'une religion ayant un statut de religion d'État ne préjuge pas de la situation des religions dans ce pays : la religion d'État peut être la seule religion autorisée ou bien simplement jouir de certaines prérogatives (appui financier par exemple), les autres cultes étant libres.
L'islam est de nos jours la religion la plus concernée par le statut de religion d'État. La plupart des paysoccidentaux ne reconnaissent plus de religion d'État.
Certains pays reconnaissent, avec ou sans religion d'État, une ou plusieursreligions officielles.
Les peuples du Proche-Orient, sumériens puis sémites, avaient généralement des religions d'état. Plusieurs des rois ou princes sumériens demi-mythologiques des époques anciennes étaient des prêtres du dieu de leur cité. Certains des premiers rois des époques anciennes ont pu passer dans le Panthéon, commeDumuzid, et quelques rois plus récents ont été considérés comme divins peu après leur règne, commeSargon d'Akkad (sémite). Un des premiers rois à être proclamé dieu pendant son règne réel futGudea deLagash, suivi de quelques rois deUr, commeShulgi.
Plusieurs villes grecques avaient un dieu ou des déesses liées à cette ville. Ce n’était pas seulement le dieu de la ville, mais également celui qui recevait des honneurs spéciaux. Dans laGrèce antique, la ville d’Athènes avaitAthéna,Sparte avaitArtémis,Délos avaitApollo et Artemis, etOlympe avaitZeus.
Le confucianisme de la dynastie Han et le bouddhisme de la dynastie Sui
En Chine, ladynastie Han (206av. J.-C. - 220) instaurait leconfucianisme comme religion d’État, faisant de la connaissance des textes confucéens une condition à l’entrée au service du gouvernement. Les empereurs Han ont apprécié l’ordre social, concept central de confucianisme. Le confucianisme est resté religion d’État jusqu’à ladynastie Sui (581 - 618), avant d'être remplacée par lebouddhisme. Lenéoconfucianisme est redevenu religion d’État auXe siècle.
Lareligion romaine est dès l'origine une religion civique placée sous l'autorité de la cité. Le principal acteur est lePontifex maximus, titre repris après laRépublique par les empereurs, qui était souvent considéré comme un divin à titre posthume.
Le fait que l'empereur, à partir d'Auguste, soit vénéré comme un dieu, fait évoluer ce système religieux vers une véritable religion d'État, le culte de l'empereur devenant le symbole de l'adhésion à l'Empire romain. L'État romain liait leculte impérial à la loyauté à l'empire. Des chrétiens et des juifs furent par périodes persécutés dans l’Empire romain, parce qu’il était contraire à leur foi de participer au sacrifice général aux dieux pour le salut et la conservation de l'empereur (voirChristianisme dans le monde romain). En311, l’empereurGalère, sur son lit de mort, a déclaré la liberté religieuse dans tout l’Empire romain, se concentrant particulièrement sur la fin de la persécution des chrétiens.
L'islam est par nature religion d'état dès sa naissance. Certaines autres religions, dites « religions du livre » (judaïsme et christianisme), sont tolérées mais leurs adhérents ont le statut dedhimmis qui implique des impôts supplémentaires, capacité juridique limitée, et des contraintes sur l'exercice de leur foi, qui ne peut être public. Les autres religions ne sont pas tolérées.
Andorre : sans avoir à proprement parler de religion d'État, la Constitution de la principauté« garantit à l'Église catholique le maintien de ses relations de collaboration particulière avec l’État, conformément à la tradition andorrane »[6]
« La nation s'appuie dans sa vie collective sur des constantes fédératrices, en l'occurrence la religion musulmane […] » (art.1er de laConstitution)[16]. « L'Islam est la religion de l'État et celle du peuple marocain, qui garantit à tous le libre exercice des cultes » (art. 3)[16].
« Depuis la création de l'État du Japon, le Shintoïsme ainsi que le Bouddhisme sont les religions d’État du Japon » (les baptêmes des nouveau-nés sont Shinto et les funérailles sont bouddhistes) ; à ce jour le Japon et le peuple japonais sont les seuls à reconnaître une double pratique religieuse.
Avec la refonte de la constitution en 1868 sous l'ère Meiji明治, leshintoïsme devint la religion de l'État : leKokka Shinto. L'empereur du Japon, descendant de la déesseAmaterasu et désormais chef de l'État et commandant suprême de la Marine et de l'Armée, fut l'objet d'un véritable culte.
LeKokka Shinto perdura jusqu’en 1945, lorsqueDouglas MacArthur, lecommandant suprême des forces alliées exigea la réforme de la constitution et priva l'empereur de ses pouvoirs exécutifs. Le « shintoïsme d’État » fut alors démembré, mettant un terme au principe de la religion officielle au Japon. De plus, en, l'empereur dut déclarer publiquement dans un édit impérial qu'il n'était pas unarahitogami (divinité incarnée).
Chine : Le gouvernement chinois épouse officiellementl'athéisme d'État[18] et ne reconnaît officiellement que cinq religions : le bouddhisme, le taoïsme, l'islam, le catholicisme et le protestantisme[19]. Malgré les limitations de certaines formes d'expression et de réunion religieuses, la religion n'est pas interdite et la liberté religieuse est nominalement protégée par la constitution chinoise. Parmi la population chinoise en général, il existe une grande variété de pratiques religieuses[20]. L'attitude du gouvernement chinois envers la religion est celle du scepticisme et de la non-promotion.
Indonésie : elle ne déclare ni ne désigne théoriquement une religion d'État. Cependant, le gouvernement ne reconnaît que six religions:islam,protestantisme,catholicisme,bouddhisme,hindouisme etconfucianisme. LaConstitution de l'Indonésie garantit la liberté de religion et la pratique d'autres religions et croyances, y compris lesanimistes autochtones, n'est interdite par aucune loi. Les Indonésiens qui pratiquent le polythéisme et les animistes traditionnels ainsi que Sikhs et Jaïns sont souvent considérés comme « hindous » à des fins gouvernementales. L'athéisme, bien que non illégal, est découragé par l'idéologie d'État, ouPancasila. En pratique, les chrétiens sont soumis à toutes sortes de restrictions administratives dans l'exercice de leur culte. En outre, la province deAceh a un statut spécial, et lacharia y est applicable aux résidents musulmans et non-musulmans.
En 2017, Basuki Tjahaja Purnama, maire chrétien de la capitale Djakarta, a été condamné à deux ans de prison pour« insulte à l'islam », pour avoir déclaré que« l'interprétation par certains oulémas d'un verset du Coran, selon lequel un musulman ne doit élire qu'un dirigeant musulman, était erronée ».
Liban : il existe 18 groupes religieux officiellement reconnus au Liban, chacun avec sa propre législation en matière de droit de la famille et un ensemble de tribunaux religieux. Aux termes d'un accord connu sous le nom dePacte national entre les différents dirigeants politiques et religieux du Liban, le président du pays doit être un Maronite, le Premier Ministre doit être un Sunnite, et le Président du Parlement doit être un Chiite.
Népal : dans la Constitution, la République du Népal est officiellement une nation laïque, mais la laïcité est définie comme« la protection de la religion et de la culture séculaires », qui en népalais se traduit parSanatana Dharma ouhindouisme. D'autres lois existent, comme une interdiction nationale de l'abattage des vaches (sacrée dans l'hindouisme) et des lois interdisant le prosélytisme.
Russie : bien qu'État laïque en vertu de la Constitution, la Russie est souvent considérée comme d' orthodoxie russe, religion nationalede facto, malgré d'autres minorités :« L'Église orthodoxe russe est de facto une religion privilégiée de l'État, revendiquant le droit de décider quelles autres religions ou dénominations doivent se voir accorder le droit d'enregistrement. »
Singapour : c'est officiellement un pays laïque, qui n'a pas de religion d'État. Singapour a été nommée dans une étude comme« la nation la plus diversifiée sur le plan religieux au monde » ; aucun groupe religieux ne formant une majorité. Cependant, le gouvernement reconnaît officiellement dix religions différentes ; à savoirbouddhisme,christianisme,islam,hindouisme,taoïsme,sikhisme,judaïsme,zoroastrisme,jaïnisme etfoi bahá'íe, et le code pénal de Singapour interdit explicitement« de blesser des sentiments religieux ». LesTémoins de Jéhovah et l'Église de l'Unification sont en revanche interdits à Singapour, car le gouvernement les considère comme une menace pour la sécurité nationale.
Suisse : elle est officiellement laïque au niveau fédéral, mais 24 des 26 cantons soutiennent, soit l'Église réformée suisse, soit l'Église catholique romaine.
Tunisie : elle n'adopte pas une religion d'État, ce qui est considéré comme un changement par rapport aux constitutions qui ont précédé, mais l'article 5 affirme que la Tunisie fait partie dumonde musulman, et que l'État seul doit veiller à garantir les objectifs de l’islam en matière de respect de la vie humaine, de la dignité, de l'argent, de la religion et de la liberté, dans le sens où la Tunisie n'est pas laïque par la séparation entre la religion et l’État, mais plutôt par la mise sous tutelle de la religion par l’État[21].
1984; en revanche reconnue comme religion du patrimoine historique italien; des cours bibliques facultatifs à l'école publique et le crucifix obligatoire
Église d'État protestante des anciennes provinces de Prusse ; et puis dans les nouvelles provinces les églises de Francfort-sur-le-Main (luthérien), Hanovre (luthérien), Hanovre (réformé), Hesse électoral (luthérien et calviniste), Nassau (protestant uni), Schleswig-Holstein (luthérien)
Note 1 : En1967, le gouvernement albanais fait de l’athéisme d'État, la « doctrine officielle » du régime. Cette désignation est demeurée en effet jusqu'en1991.
Note 2 : En Finlande, l’Église de Suède demeura l'Église officielle jusqu'en1809, année où le pays passa de la domination suédoise à celle de la Russie. Devenu grand-duché autonome de la Russie tsariste de 1809 à 1917, la Finlande a maintenu le système luthérien d’Église d’État, et une Église d’État séparée de la Suède, plus tard appeléeÉglise évangélique-luthérienne de Finlande, a été établie. Elle a été détachée de l’État comme entité juridique séparée quand la nouvelle loi d’Église est venue pour forcer en 1870. Après que la Finlande eut gagné l’indépendance en1917, la liberté religieuse a été déclarée dans la constitution de1919 et une loi séparée sur la liberté religieuse en1922. Par cet arrangement, l’Église luthérienne évangélique de la Finlande a perdu sa position comme Église d’État mais a gagné un statut constitutionnel comme Église nationale au côté de l’Église orthodoxe de Finlande, dont la position cependant n'est pas codifiée dans la constitution.
Note 3 : En Hongrie, les lois constitutionnelles de 1848 ont déclaré cinq Églises établies sur le statut égal :catholique romain,calviniste,luthérien,orthodoxe oriental etuniate. En 1868, la loi est ratifiée après l'Ausgleich. En 1895, lejudaïsme est à son tour reconnu comme la sixième Église établie. En 1948, les distinctions entre les différentes Églises sont supprimées.
Pour l'Espagne, voir notamment leconcordat espagnol de 1953 qui consacrait l'Église catholique romaine comme religion d'État.
Pour l'Italie, voir lesaccords du Latran de 1929 qui consacraient l'Église catholique romaine comme religion d'État.
↑Jean Chélini,Histoire religieuse de l’Occident médiéval, Hachette, 1991,p. 291.
↑(en) « Lao People's Democratic Republic's Constitution of 1991 with Amendments through 2003 », surconstituteproject.org(consulté le) :« Article 9 : L'État respecte et protège toutes les activités licites des bouddhistes et des adeptes d'autres religions, [et] mobilise et encourage les moines et novices bouddhistes ainsi que les prêtres d'autres religions à participer à des activités bénéfiques pour le pays et le peuple . »
↑Roland Barraux,Histoire des dalaï-lamas, Quatorze reflets sur le Lac des Visions, édition Albin Michel, 1993. Réédité en 2002 chez Albin Michel(ISBN2226133178),p. 36.
↑Ibrahimi, « La religion d’État au Maroc avec le Roi pour chef spirituel, est-ce une exception de la démocratie marocaine : Comparaison avec les démocraties d'Europe »,L'Opinion, Rabat,(lire en ligne).
↑Le catholicisme est religion d’État (Art. 2) mais la constitution assure une pleine liberté de conscience et non une tolérance (Art. 40)Constitution de Malte[PDF], après révision du.
↑Constitution de la principauté de Monaco du :Art. 9. - La religion catholique, apostolique et romaine est religion d’État -Art. 23. - La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toutes matières sont garanties, sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés.