Lacroix est le principal symbole du christianisme.
Le nom« christianisme » vient du mot grec Χριστός,Khristós, qui traduit l'hébreuMessie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de laBible (prophètes et rois), désigne, dans lejudaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer laroyauté de Dieu enIsraël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens àJésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
Le mot Χριστιανός (Khristianós, chrétien) n'est pas utilisé par lesÉvangiles pour désigner les disciples de Jésus. LesActes des Apôtres (11:26) indiquent que le nom de« chrétien », dérivé de« Christ », signifiant« partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth àAntioche[B 1], enSyrie antique, qui était à l'époque une ville delangue grecque[2]. Les chrétiens ont rapidement adopté cette désignation pour eux-mêmes (Actes 26:28 ; 1 Pierre 4:16).
L'emploi le plus ancien du terme Χρῑστῐᾱνισμός (Khrīstiānismós, christianisme) se trouve dans la lettre de l'évêque syrienIgnace d'Antioche auxMagnésiens à la fin duIer siècle[n 1].
Le fondement historique du christianisme est lafoi enJésus-Christ,Messie etFils de Dieu, sacrucifixion etrésurrection, ce qui est appelékérygme[n 2],[5],[6]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[n 3]. Le christianisme est ainsi la religion de ceux qui croient en la divinité de Jésus, le Christ[7]. La crucifixion et la résurrection montrent« la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[8]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien :« Le Seigneur est venu dans le monde (…) afin de détruire la tyrannie dumal et de libérer les hommes. (…) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[n 4]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
Le plus ancien témoignage écrit dukérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans laPremière épître aux Corinthiens, ch. 15 :« Christ est mort pour nospéchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu àCéphas puis aux douze »[n 5].
Des professions de foi (oucredo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant lesymbole de Nicée-Constantinople[9]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrinemonothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique deDieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression defils relève de la continuité de latradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l’Église et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
Dès leIer siècle, leconcile de Jérusalem dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec laTorah[11]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
Marcion, vers140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans lecanon chrétien[10]. Lemarcionisme distingue leDieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêqueAnicet en144[12]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[13].
« Dieu est l'Amour et rien d'autre ». PourHans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu :« Dieu interprété commeamour : en cela consiste l'idée chrétienne »[16].« En envoyant (…) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1].Benoît XVI ajoute :« "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1 Jn 4:16). Ces paroles de laPremière lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
Au sujet de la phrase« Dieu n'est qu'Amour »,François Varillon écrit que« la toute-puissance de Dieu est la toute-puissance de l'amour » et que« l'infini de Dieu n'est pas un infini dans l'espace » mais« un amour qui n'a pas de limites »[17]. En récapitulant les attributs de Dieu (toute-puissance, sagesse, beauté, infini), Varillon constate qu'ils ne sont autres que« les attributs de l'amour »[17]. Il conclut :« L'amour n'est pas un attribut de Dieu parmi ses autres attributs mais les attributs de Dieu sont les attributs de l'amour »[18].
L'exclamation deTimothy Radcliffe est représentative :« Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[n 6].
Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans la foi en Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
AuXVIe siècle,Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père ducapitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiersmonts-de-piété.
En 1892, lepasteur etthéologienbaptisteaméricainWalter Rauschenbusch a formé l'association chrétiennenon confessionnelleFraternité du Royaume (anglais :Brotherhood of the Kingdom)[24]. Des pasteurs et dirigeants rejoindront l'organisation pour débattre et mettre en œuvre l'évangile social[n 10]. En 1907, il publie le livreLe Christianisme et la Crise sociale (Christianity and the Social Crisis) qui influencera les actions de plusieurs acteurs du mouvement de l'évangile social[25],[26]. En 1917, la publication du livreUne théologie pour l'Évangile social (A Theology for the Social Gospel) permettra de rallier à la cause de nombreuses églises protestantes et évangéliques[27].
Le baptême est unrite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme lesquakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus parJean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[39]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[39]. Dans leséglises évangéliques, lebaptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[40]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant,par immersion dans l'eau, survient après lanouvelle naissance[41].
Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[42] tandis que les égliseschrétiennes évangéliques adhérant à la doctrine de l’Église de professants ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[39] et pratiquent une cérémonie appelée « présentation d'enfant » qui « remplace le baptême sans le remplacer »[43] permettant aux parents d'exprimer dans la communauté leur désir d'élever leur enfant dans la foi chrétienne[44].
Distribution de la communion en dehors de la célébration de l'eucharistie (parPietro Antonio Novelli).
L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore laCène[42], dernièrePâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[42].
Dans les Églisesprotestantes, et notammentréformées, il désigne les fidèles appelés à exercer unministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[56]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe depasteurs est présent dans certainesconfessions chrétiennesprotestantes[57].
Jésus est la figure fondatrice du christianisme mais certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir[64] ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de lafoi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[65]. Jésus et tout le groupe primitif desapôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain deCapharnaüm ou la femme samaritaine[66]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substitue à laTorah[67].
Carte du voyage missionnaire quePaul de Tarse effectue vers 54-58.
À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens,pharisiens,esséniens), lepaléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour deJacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente duRoyaume de Dieu[68], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[68], qui permirent l'ouverture aux Gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'Église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la croix sur la Loi, et de la foi sur les œuvres).
Selon une tradition rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville sainte au moment de laGrande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem, où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[69].
PourBernard Pouderon, les Pères apostoliques qui étaient des évêques ont été reconnus par les premiers chrétiens comme des guides parce qu'ils respectaient le triple critère d'ancienneté, de moralité et d'orthodoxie. La doctrine qui se dégage chez eux peut se décliner de la manière suivante : Un seul Dieu, celui d'Abraham, d'Isaac et de Jacob proclamé en trois figures ou personnes. Un Dieu Père. Un seul Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu incarné dans le sein d'une vierge, mort crucifié et ressuscité, à la fois Dieu et homme, instrument du Père dans la création. Un seul Esprit ayant parlé par les prophètes, par qui s'est réalisée l'incarnation du Fils, et qui habite dans l'homme racheté. Un seul baptême. Une seule règle, l'amour de Dieu et du prochain en retour de l'amour de Dieu pour les hommes. Une seule Église, corps spirituel de Jésus Christ, et en son sein un seul baptême. Une seule espérance, celle de la résurrection et de la vie auprès de Dieu[n 15].
Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[72], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[11].
En330, l'empereurConstantinIer transféra la capitale de l'empire de Rome àConstantinople (rebaptiséeNea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à laPentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
Avec laPaix de l'Église commença la période desPères de l'Église[75], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle dePlaton, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature duChrist[76]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurscontroverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut leconcile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Leconcile d'Éphèse proclama en431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèsesnestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En451, leconcile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur laTrinité chrétienne formalisée par lecredo en 325 à Nicée.
Lesdogmes proclamés auconcile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[n 18]. Mais leschristologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs aprèsConstantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirentGoths etVandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
En Occident, ledéclin de l'Empire romain a amené la prépondérance desWisigoths,Lombards,Burgondes convertis pour partie auchristianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[77]. La donne changea avec l'avènement du roi francClovis, qui opta pour lechristianisme nicéen[n 19]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premierconcile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Église[78].
En Orient, certainesÉglises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, descoptes en Égypte, desÉthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
C'est alors qu’apparaît une nouvelle religionmonothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[n 22], qui bientôt entamentune guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[80]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains desmusulmans[80]. Les Byzantins pratiquent unepolitique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[n 23]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut dedhimmis (« protégés »), mais seulesConstantinople et Rome gardent leur liberté politique.
En 1455, le papeNicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourageHenri le Navigateur à soumettre en esclavage les« sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[82]. Après ladécouverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le papeAlexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 25], et leur attribue l'activité demission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Lecatholicisme s'implante auxAmériques avec lesconquêtes espagnoles, auMexique avec la conquête deCortés et auPérou à la suite de celle dePizarre[81]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf auxPhilippines et àGoa[83].
À l'issue desguerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. Lapaix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permitde facto une certaine tolérance dans leSaint-Empire romain germanique[85]. LesPays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, lesPays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[85].
En Europe, à partir duXIXe siècle, l'Église catholique perd son statut privilégié dans plusieurs États. LaRévolution française a supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature duConcordat en 1801[86]. Après lesguerres napoléoniennes, l'Europe a profondément changé, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne parvient pas à retrouver la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur lecontinent américain, avec leSecond grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme lespentecôtistes, l'Armée du Salut ou divers mouvements qui proposent une réécriture de la Bible[89].
Au cours duXXe siècle, l'Afrique est le continent qui a connu la plus forte expansion du christianisme[92]. Le nombre de chrétiens s'est multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne enAfrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est devenue majoritaire avec 63 % au cours des années 2010[93].
Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam (qui compte 1,926 milliard de fidèles). Selon une estimation pour mi-2021, le christianisme compterait environ 2,546 milliards de fidèles[1]
Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2021, 32,3 % de chrétiens.
Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[n 27] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : lesÉtats-Unis, leBrésil et leMexique (les deux autres étant laRussie et lesPhilippines[98]).
EnAsie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté auMoyen-Orient et enInde. Aujourd'hui, leTimor oriental et lesPhilippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place leLiban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[100], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[101].
La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[102]. LaCorée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que laChine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[103], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[104].
En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[105].
Au cours duXXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[92], qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[106] : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[107]). D'après les chiffres livrés en 2012 lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[108].
Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
L'Église orthodoxe réunit lesÉglises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,345 milliard[112]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[113].
Le principal symbole chrétien est lacroix[n 29]. Celle-ci représente laCrucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répandu aux États-Unis avec leJesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez leschrétiens évangéliques[n 30]. Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[n 31],[115].
En raison de leur compréhension du deuxième desdix commandements, la majorité des églisesprotestantes et toutes les égliseschrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[n 37].
Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles duIVe siècle – s'accordent sur uneprofession de foi connue sous le nom deCredo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient undogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ceCredo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir » selon les derniers mots duSymbole de Nicée. Mais différents mouvements refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve deshomoiousiens, deshoméiens, desanoméens… en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôtmonarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[124]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant lesÉglises des deux conciles, destrois conciles ou dessept conciles.
Aux alentours duVIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianismewisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale : celle duFilioque (« et du Fils »). Le Saint-Esprit procède désormais à la fois du Fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[125].
Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse l'ajout du motFilioque pour ne pas altérer la profession de foi à laquelle l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[125]. Mais auXIe siècle[125], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe du christianisme oriental en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment duSaint-Esprit dans l'économie du salut[126].
La doctrine chrétienne dupéché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traitéDe libero arbitrio, l’existence dulibre arbitre de l'humanité, contre lesmanichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre lespélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre dusalut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[127]. Seule lagrâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
Cette question, au centre des préoccupations deLuther, fut relancée lors des débats théologiques de la Réforme[127]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que lesbonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
Lescinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
En 1965, par la déclarationDignitatis humanae duconcile Vatican II, l'Église catholique affirme que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’ellesubsiste dans l’Église catholique et apostolique ». La déclaration précise néanmoins que« des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère ».
En 1927[n 38], plusieurs Églisesorthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondialeFoi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
En 1928, le papePie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encycliqueMortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[n 39]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées duConseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[132].
Avec leconcile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du papePaul VI et du patriarcheAthenagorasIer[133]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papesJean-Paul II etBenoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridiction par des patriarcats comme ceux d'Athènes,Belgrade ouMoscou.
L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
Lescritiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentesÉglises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de la religion chrétienne.
D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux-mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et desinstitutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[134], créé l'Inquisition, lancé lescroisades[n 40] et propagé l'antisémitisme.
Les critiques philosophiques de lamorale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[135] ainsi que les scandales liés auxabus sexuels.
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↑Gérard Troupeau,Chrétiens face à l'Islam : premiers temps, premières controverses, Bayard,, « La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam »,p. 25.
↑Walter Kaegi,Chrétiens face à l'Islam : premiers temps, premières controverses, Bayard,, « Les défaites de Byzance en Orient »,p. 31-32.
↑Emmanuel Melmoux et David Mitzinmacker,100 personnages qui ont fait l'histoire de France, Éditions Bréal,,p. 32-33.
↑Letraité de Tordesillas, signé le institue une ligne de partage qui passe à cent lieues à l'ouest des Açores.
↑David B. Barrett,Schism and Renewal in Africa : an analysis of six thousand contemporary religious movements, Oxford University,.
↑MgrClaude Dagens,Entre épreuves et renouveaux : La Passion de L’Évangile - Indifférence religieuse, Visibilité de l'Église et évangélisation, Paris, Bayard / Cerf / Fleurus-Mame, 2010.
↑Concrètement des discussions sont engagées depuis le congrès des Sociétés bibliques, le colloque de Chicago en 1893 qui crée le Parlement International des religions, à Chicago, organisé par un chrétien unitarien,Jenkin Lloyd Jones(en), et SwamiVivekananda.
↑R. Amerio,Iota unum : étude des variations de l'Église catholique auXXe siècle, Nouvelles éditions latines, 1987,p. 452.
↑Dominique Urvoy et Gérard Troupeau (dir),Chrétiens face à l'Islam : premiers temps, premières controverses, Bayard,, « Premières controverses théologiques »,p. 34-35.
↑LOUZEAU Père Frédéric, « Sciences environnementales et théologie : le cas exemplaire de l’encyclique Laudato Si’ », Annales des Mines - Responsabilité et environnement, 2016/3 (N° 83), p. 82-86. DOI : 0.3917/re1.083.0082.,lire en ligne
↑Karl Inge Tangen,Ecclesial Identification beyond Late Modern Individualism?: A Case Study of Life Strategies in Growing Late Modern Churches, BRILL, Leiden, 2012, p. 27.
↑Odette Pontal,Histoire des conciles mérovingiens, Cerf,,p. 52.
↑Gérard Troupeau,Chrétiens face à l'Islam : premiers temps, premières controverses, Bayard,, « La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam »,p. 23-24.
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↑GeorgesTavard,« De l’œcuménisme au renouveau de la visibilité », dans Jean-Robert Armogathe et Yves-Marie Hilaire (dirs.),Histoire générale du christianisme,vol. 2 :DuXVIe siècle à nos jours, Presses universitaires de France,,p. 1105-106.
Pierre Chavot,Le Dictionnaire de Dieu - 620 mots pour connaître et comprendre le judaïsme, le christianisme et l'islam, Dervy,, 368 p.(ISBN979-1024217604).