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Relations entre judaïsme et christianisme

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Dialogue entre le juif Moïse devant porter lejudenhut et le chrétien Pierre, manuscrit belge,XIIIe

Lesrelations entre judaïsme et christianisme s'articulent à partir de deuxreligions abrahamiques, lejudaïsme et lechristianisme, dont le fondement commun est laBible hébraïque que leschrétiens nommentAncien Testament. Un processus de séparation s'est opéré graduellement entre ces deux religions à partir duIIe siècle, marqué jusqu'auXXe siècle par des ruptures de plus en plus profondes. Ces ruptures sont parfois allées, dans lemonde chrétien, jusqu'à unantijudaïsme proche de l'antisémitisme, aussi bien chez lescatholiques et lesorthodoxes que chez lesprotestants.

Pendant près de vingt siècles, le christianisme adhère à lathéologie de la substitution, selon laquelle lepeuple d'Israël autrefois choisi parDieu estmaudit parce qu'il a rejetéJésus-Christ. Selon cettedoctrine, le judaïsme n'a plus de valeur en soi et n'est plus que l'imparfaite préfiguration de l'Église triomphante, qui se substitue àIsraël et devient leverus Israel, le nouveau « peuple élu ».

Ces siècles d'incompréhension étaient peut-être « sans possibilité aucune de retour ou dedialogue véritable jusqu'à nos jours »[1]. Toujours est-il que, peu à peu, particulièrement après laShoah etVatican II, les chrétiens ne remettent plus en question l'Alliance de Dieu avec Israël et sont à la recherche d'une nouvelle conception théologique de l'Alliance intégrant le nécessaire dialogue entre juifs et chrétiens.

Dans lecatholicisme, leconcile Vatican II introduit ledialogue interreligieux, concrétisé notamment par la déclarationNostra Ætate (1965) et la visite du papeJean-Paul II à lasynagogue de Rome le, renouvelée par celles deBenoît XVI en 2010 et deFrançois en 2016.

Histoire des relations judéo-chrétiennes

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Antiquité

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Le christianisme au sein du judaïsme

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Jésus et les pharisiens (détail) deTita Gori

Le judaïsme duIer siècle offre une grande diversité de courants dans lesquels s'inscrivent les adeptes deJésus de Nazareth, dans un mouvement qui présente lui-même une grande disparité. Entre 30 et 135[2], le christianisme s'inscrit ainsidans le judaïsme[3]. Contrairement à ce qui a longtemps été exposé[4], ladestruction du Temple de Jérusalem en70 n'a pas créé de scission profonde au sein du judaïsme. Il convient davantage de considérer une mutation entraînée par la disparition du lieu sacrificiel central du judaïsme (leTemple de Jérusalem), qui s'adapte alors à ce nouvel état de fait en mettant en place de nouvelles formes de religiosités. Elles se traduisent essentiellement en deux branches : lepharisianisme et le christianisme. Toutes deux mettront un certain temps (jusqu'à plusieurs siècles) à se différencier, à se séparer puis à être différenciées. Il existe cependant des tensions entre lesJudéens pharisiens, nonmessianistes, et Judéens chrétiens, messianistes, dont lemartyre deJacques le Juste, frère deJésus, est une indication, tout comme le « Frère du Seigneur » avait été le symbole des dissensions entre chrétiens judéens et chrétiensgrecs[5]. Certains exégètes décèlent ainsi dans l'évangile selon Matthieu[6], et de manière encore plus marquée danscelui selon Jean[7], dès la fin du premier siècle voire au début du deuxième, un processus de « mise au ban » — voire d'exclusion — des disciples de Jésus de Nazareth dujudaïsme de synagogue qui se met en place après l'assemblée de Jamnia[8].

En effet, les communautés juives[9] se divisent aussi entre Juifs dePalestine et deJudée[10] et Juifs de laDiaspora[11] romaine hellénisée, présente à travers tout l'Empire. Elles peuvent également s'opposer ainsi qu'en témoigne l'attitude dePaul de Tarse, diffuseur du message de Jésus de Nazareth selon les normesromaines, tout en conservant les règles exégétiques du judaïsme « palestinien », dans ce qui reste néanmoins un conflit « interjudéen »[12].

Des divergences à la séparation

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Selon que l'on aborde un point de vue chrétien ou un point de vue pharisien, le phénomène de différenciation entamé à partir des années70 s'envisage pour les premiers en termes de « séparation », pour les seconds en termes de « rupture »[13]. Cette différenciation s'étend à tous les autres groupes judéens, dans un processus qui semble consommé entre135 et150 tandis que jusqu'alors, le christianisme ne se conçoit pas encore comme une religion indépendante du judaïsme.

L'opposition entre pharisiens et chrétiens se cristallise essentiellement sur deux axes : lesobservances de laLoi (par exemple lacirconcision (brit milah) ou lesprescriptions alimentaires (cacherout)) indiquées laTorah – que l'on retrouvera compilées du côté pharisien dans leMishnah dans le courant duIIe siècle – et lesinterprétations de la Torah, compilées, du côté « pharisien », dans leMidrash. Ce second axe sera décisif auIIe siècle en termes de différenciation selon que l'on accepte ou non lamessianité de Jésus de Nazareth.

Ces divergences apparaissent indépendamment de celles qui opposent les chrétienshellénisés aux chrétiensjudéens concernant également les observances, à ne pas confondre avec les polémiques externes au courant chrétien. Ces polémiques « interjudéennes » et « interchrétiennes » vont peu à peu déboucher sur une « polémique entre les Judéens et les chrétiens »[14].

Les communautés chrétiennes - alors toujours incluses dans le judaïsme - vont progressivement soit quasiment disparaître comme lesjudéo-chrétiens, soit diverger du judaïsme à la faveur d'interprétations différentes desÉcritures, de l'intégration de nouvelles traditions orales puis textuelles (paléo-évangiles,épîtres), de facteurs historiques (soulèvements de 66-70 puisde 135), de changement de langues (de l'araméen/hébreu augrec/latin), de centre démographique (de la Palestine vers les régionsévangélisées de l'Empire romain), etc.

Une rupture irrémédiable se produisit entre le judaïsme et le christianisme à la suite de la division chrétienne de ladivinité dans laTrinité, qui renforça la concurrence initiale entre les deux mouvements religieux[15]. Ainsi, à partir duIIe siècle, le processus de séparation va se faire sans retour, en même temps que va s'éteindre progressivement le dialogue dont on trouvera peu de traces véritables avant leXXe siècle[16].

Les débuts de l'antijudaïsme

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Vers le milieu duIIe siècle, se fait jour unantijudaïsme chrétien, essentiellement dans les milieux d'origine grecque, qui dès cette époque ne semblent plus prendre en compte l'héritage judaïque en termes d'exégétique, d'institution ou deliturgie, et ne peuvent comprendre la négation juive de la messianité de Jésus de Nazareth.

À la source de ce premier antijudaïsme chrétien, il n'y avait aucunracisme. Dans lebréviaire de laDidaché, qui date duIIe siècle, les fidèles étaient invités à prier et à jeûner pour eux. Cette inspiration se retrouvera dans la formule de la prière duvendredi saint pour les « juifs incrédules » (perfidis judaeis). Le vocableperfidus était à l'origine synonyme d'infidèle ou d'incrédule, mais il est évident qu'on l'a entendu autrement pendant des siècles jusqu'à sa suppression par le papeJean XXIII[17]. Cet antijudaïsme doit probablement son existence à des causes internes à ce qui va devenir le christianisme en tant que tel : lesthéologiens sont pressés de définir les positions envers le judaïsme sous la pression de conflits internes, notamment avec l'apparition de tendances radicales comme lemarcionisme ou levalentinianisme, tenants d'une rupture radicale avec le judaïsme et refusant l'Ancien Testament[18].

Après 150, lesapologistes chrétiens déploient une certaine énergie à réfuter les positions du judaïsmepharisien dans des ouvrages qui montrent le glissementrhétorique vers lapolémique. Dès la fin duIIe siècle, lesContre les Juifs deTertullien et duPseudo-Cyprien, ou encore l'Épître àDiognète deMéliton de Sardes, sont le témoignage de polémiques publiques ainsi qu'en atteste par ailleursOrigène[19].

Les polémiques concernent différents aspects. Outre les prises de position sur les observances juives et sur la messianité de Jésus de Nazareth, le conflit porte sur le rôle d'Israël[20]. Selon les auteurs chrétiens, Israël a perdu l'« héritage » promis par Dieu aux descendants d'Abraham en n'ayant passu reconnaître le Messie. Cette dispute sur l'héritage ira en dégénérant, comme le montre leDialogue avec Tryphon deJustin de Naplouse, qui est le premier à affirmer que leVerus Israel est constitué de ceux qui suivent la « Nouvelle Alliance »[21]. Avec Justin, lesalut desJudéens ne peut s'opérer que par laconversion au christianisme, tandis que pour Tertullien, il ne s'opérera qu'à lafin des temps. Ces deux optiques resteront concurrentes tout au long de l'histoire ultérieure du christianisme[22]. La littératurepatristique poursuivra le développement des thèmes du « nouvel et véritable Israël », et les observances rituelles de laLoi seront abrogées, désormais considérées comme un « châtiment »[23]. Ces discussions se fondent sur l'Écriture en se distinguant de l'interprétation juive. Pour sa part, celle-ci n'est pas sans réponse, affirmant dans les textes duTalmud l'éternité et la prééminence de la Loi dans ses moindres observances, rappelant l'amour deYHWH pour Israël et refusant de reconnaître Jésus comme leMessie[24].

Si le ton de l'antijudaïsme chrétien est souvent polémique, visant essentiellement lejudaïsme rabbinique et son approchelittérale de l'Écriture, c'est seulement lorsque le christianisme aura obtenu un statut légal avec l'édit de tolérance de Galère en311 qu'on verra se développer les thèmes d'unantisémitisme d'ordre théologique[24].

En effet, plusieursPères de l'Église ont désigné les Juifs dans leurs écrits (de la fin duIer au milieu duVIIIe siècle) par des expressions comme « ceux qui ont tué Dieu » ou des expressions voisines. L'accusation d'avoir « assassiné Dieu » en la personne de Jésus-Christ remonte au moins auIIe siècle, par exemple avecJustin de Naplouse s'adressant aux Juifs (« Après avoir tué le Christ, vous n’en avez pas même le repentir »), suivi parMéliton de Sardes (« Dieu est assassiné par la main d’Israël »). Sur ce point, les sources les plus fiables restent fragmentaires[25]. Ces expressions sont représentatives du mythe du « peuple déicide »[15].

AuIVe siècle, les sources disponibles attestent que certains chrétiens enSyrie et enAsie mineure continuent à fréquenter lessynagogues et à observer notamment des lois alimentaires juives. Lesévêques, dont l’autorité croît, n’ont alors de cesse, notamment à travers des décisions conciliaires (locales ou non) d’indiquer à la population chrétienne ce qu’ils considèrent être la bonne manière d’être chrétien, sur le plan de la vie quotidienne et sur le plan rituel. On peut mentionner leconcile (régional) de Laodicée qui eut lieu vers 360 àLaodicée, métropole de laPhrygie, province de l'Asie Mineure, sous l'empereur romainThéodose le Grand, dont certains des 59canons témoignent d'une volonté d'établir une distinction forte entre judaïsme et christianisme : le canon 29 interdit de se reposer le jour dusabbat, le canon 37 défend toute participation à unefête juive, et le canon 38 interdit « de prendre des pains azymes des juifs ou de participer à leurs actes impies »[26].

Moyen Âge

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Auhaut Moyen Âge, ainsi que le montreBernhard Blumenkranz, la population chrétienne paraît généralement coexister avec les Juifs sans grand problème. Parfois même, elle les soutient. Lorsque le Juif Priscus est tué àParis, en582, par Pathir, devenu chrétien depuis peu, Pathir doit se réfugier avec ses domestiques dans l'église de Saint-Julien-le Pauvre. Il réussit à s'enfuir mais l'un de ses serviteurs est sauvagement tué par la foule[27].

Cependant, dès633, leIVe concile de Tolède publie, parmi ses décisions, le canon 57 à propos des Juifs et de ceuxbaptisés de force :

« Au sujet des Juifs, le Saint Concile a prescrit que nul désormais n'utilise la violence pour faire des conversions… Mais ceux qui ont déjà été obligés de venir au christianisme...du fait qu’il est sûr que recevant les sacrements divins et baptisés ils ont eu la grâce, qu'ils ont été oints du chrême et qu'ils participent de la chair et du sang du Christ, ces hommes-là, il importe de les obliger à conserver leur foi, même s'ils l'ont reçue de force[28]. »

Au cours du haut Moyen Âge, les Juifs ne jouissent pas des mêmes droits que les chrétiens, mais les expulsions ou menaces d'expulsion proviennent avant tout duclergé et rarement du souverain. AuXe siècle, le papeLéon VII répondant à l'archevêque de Mayence qui lui demande s’il faut contraindre les Juifs au baptême, ou plutôt les expulser, lui recommande de leurprêcher, mais de ne pas les obliger au baptême, tout en les menaçant de l'exil s'ils ne se convertissent pas[29].

Au début duXIe siècle, un mouvement que rapporteRaoul Glaber annonce de futurespersécutions. Ce mouvement aurait éclaté en France et en Italie pour répliquer à une prétendue collusion entre Juifs et lesultanAl-Hakim. Les Juifs d'Orléans auraient prévenu le sultan que s'il ne détruisait pas leSaint-Sépulcre, les chrétiens viendraient conquérir son royaume[30].

Le Juif qui vit en marge de la société chrétienne peut désormais être considéré comme un être maléfique. Quand, en1020, le jour du vendredi saint, un tremblement de terre détruit Rome, les Juifs en sont rendus responsables. La persécution est le fait tout à la fois du pouvoir civil et religieux[31]. L'Église imposa peu à peu aux autorités civiles la relégation des Juifs au ban de la société. Ils vivent souvent reclus dans desghettos. L'aboutissement de cette évolution fut les massacres perpétrés par la population chrétienne dans toute l'Europe, quels qu'en soient les motifs originels (croisades, épidémies de peste, rumeurs de meurtres rituels d'enfants chrétiens…). L'Église se trouva souvent dépassée par les conséquences de son enseignement et essaya souvent de limiter les violences contre les Juifs. Ainsi en France, les Juifs étaient particulièrement protégés dans leComtat Venaissin (territoire papal).

La répression et les expulsions concernent avant tout l'Angleterre, la France et l'Empire germanique, car l'Espagne connaît un décalage d'un siècle par rapport à ces pays tandis qu'en Italie, les relations judéo-chrétiennes restent bien meilleures[31].

Unedisputation judéo-chrétienne (1483).

La pratique de ladisputatio instituée par l'Église médiévale entre clercs juifs et chrétiens correspondait à une joute verbale où les adversaires devaient démontrer la supériorité de leur propre religion. Il en résulta souvent desconversions forcées.

Mais les Juifs sont détestés pour d'autres raisons. En effet, ils prêtent de l'argent, car il est interdit aux chrétiens de percevoir des intérêts qui sont assimilés à l'usure, et il leur arrive d'exercer des fonctions des collecteurs d'impôts pour les princes. La prescription biblique,« à l'étranger tu pourras prêter à intérêt, mais tu prêteras sans intérêt à ton frère » (Deutéronome, 23, 21), semble accorder aux Juifs l'autorisation de prêter aux chrétiens, qui pour eux ne sont pas des frères. L'empereurFrédéric II l’indique clairement en1231 : si l'usure constitue un crime public pour les chrétiens...

« l'on ne peut soutenir qu'elle soit illicite pour les Juifs. La loi divine ne l'interdit pas. Ils ne sont pas soumis à la loi établie par nos très saints pères »[32].

Toutefois, au cours duXIIIe siècle, la législation devient plus restrictive aussi bien de la part des autorités civiles qu'ecclésiastiques[32]. L'Église s'oppose encore plus vigoureusement à l'usure auXIVe siècle. Leconcile de Vienne (1311-1312) déclare que légitimer l'usure, c'est se rendre coupable d’hérésie. Cette menace ne vise pas seulement les chrétiens, mais aussi les Juifs. En 1342, à Manosque, un procès est intenté à un Juif, nommé Simon David, parce qu'il a affirmé publiquement que l’usure n'était pas un péché[33].

Et les actes de violence, tant privés que collectifs, liés à l'usure ne sont pas exceptionnels. Le, Joseph d'Alès, membre influent de la communauté juive de Manosque, est blessé au visage parce qu'il a refusé de rendre un gage à l'un de ses débiteurs[33]. Selon Guillaume de Newburg, l'agression de mars 1190 qui aboutit à la mort ou au suicide de nombreux membres de la communauté juive d'York en Angleterre, est le fait de...

« quelques nobles, endettés pour des grandes sommes envers ces prêteurs impies… »[34].

Si les Juifs sont accusés d'avoir provoqué laPeste noire de1348-1349, la population n'oublie pas de détruire toute preuve de dette[35]. Leur expulsion du royaume d'Angleterre en1291 ne découle pas de l'animosité des Chrétiens, mais des besoins financiers du roiÉdouard Ier d'Angleterre[36].

En 1348,Alphonse X de Castille déclare que l'usure non seulement est un grand péché, mais qu'elle apporte des troubles. Il demande donc instamment aux Juifs de remplacer leur activité d'usurier par des occupations plus utiles[36].

Par ailleurs, alors que le monde s'ouvre à lui, l'Occident voit des ennemis dans ceux qui ne sont pas conformes au modèle chrétien. C'est au cours duXIIIe siècle qu'apparaissent les dessins représentant les Juifs avec des traits distinctifs (nez crochu, lèvres épaisses). Dans une question d'école, au début des années1300, on se pose même la question de savoir s'il existe une différence de nature entre Chrétien et Juif. Il s'agit d'établir si le Juif souffre à intervalles réguliers d'un flux de sang semblable aux règles. La réponse est positive. Pour les intellectuels, le Juif devient peu à peu une espèce particulière[37].

Les textes législatifs manifestent cette évolution. LeConcile de Latran de1215 déplore que parfois l'on ne puisse distinguer les Juifs des Chrétiens[37]. En1283, le roi de FrancePhilippe III reprend des règlements de son pèreSaint Louis.

« Nous vous mandons et demandons instamment que vous faisiez appliquer le statut autrefois promulgué sur les Juifs : qu'ils puissent être distingués facilement sur les Chrétiens par le port d'une rouelle de feutre sur la poitrine et une autre entre les épaules…, dans notre royaume, ils ne doivent pas demeurer dans les petites villes, au milieu des simples chrétiens, mais dans les grandes villes et les endroits plus importants et les quartiers dans lesquels ils habitaient depuis longtemps »

[38].

Cette manière de considérer les Juifs explique les persécutions dues aux accusations d'empoisonnement de puits par les Juifs, les lépreux étant leurs complices, et à celles de propagation de la Peste noire[38].

Inquiet d’une telle flambée de haine, près de trois cent cinquante communautés juives ayant été exterminées dans la péninsule Ibérique et dans l'Empire germanique, le papeClément VI rendit publique, deuxbulles papales prenant la protection des Juifs : celle du interdit de les contraindre au baptême et celle du condamna les persécutions, menaçant d’excommunication ceux qui les maltraiteraient[39]. Néanmoins, près de 900 Juifs sont brûlés quelques mois plus tard àStrasbourg, alors que l'épidémie ne s'est pas encore déclarée dans la ville[40]. À cette occasion il autorise les autopsies dans l'espoir de découvrir la cause du mal et sa thérapeutique. Puis il condamne le fanatisme desflagellants qui se répandaient depuis le royaume de Souabe dans tout le nord de l'Europe et continuaient la chasse aux juifs.

Les persécuteurs invoquent toujours leur désir de venger le Christ, mais les causes religieuses ne sont pas forcément prédominantes. C'est surtout à la fin du Moyen Âge que lespogroms, dont la motivation est plus particulièrement religieuse, se multiplient, bien que les considérations économiques et sociales n'en soient pas exclues. Les plus importants se déroulent en Espagne dont l'opinion publique ne fait pas la distinction entre une minorité de grands financiers qui s'est en quelque sorte isolée et la masse qui comporte des usuriers, mais aussi des agriculteurs, des artisans, des marchands. Le conflit devient plus aigu enCastille en raison d'une querelle dynastique opposant le roiPierre Ier le Cruel qui s'appuie notoirement sur les Juifs à son demi-frèreHenri de Trastamare. Les Juifs finissent par se rallier à Henri II vainqueur en1369. Mais le roi meurt enoctobre1390 et, au début du règne de son héritier, le jeuneHenri III, se déclenche une vive agitation. C'est dans ce contexte que démarre le pogrom. D'abord àSéville le : meurtres, viols et conversions forcées se multiplient jusqu'à1392[41].

En Espagne, les efforts de l'Église, puis du pouvoir royal qui prononce de nombreuses condamnations, se soldent par un échec. Les souverains choisissent l'expulsion en 1492, ce qui marque la fin du judaïsme médiéval en Occident, malgré la persistance de quelques communautés[42].

Époque moderne

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Les relations judéo-chrétiennes ne s'améliorèrent pas pendant laRenaissance. Les Juifs restaient une population marginalisée à la merci du pouvoir temporel et des colères populaires. La naissance du protestantisme et les premières déclarations deMartin Luther furent un grand espoir pour les populations juives d'Europe. Mais quand il comprit qu'il ne réussirait pas à convertir les Juifs, Luther (dont les propos rejoignaient par leur violence ceux deJean Chrysostome ou deGrégoire de Nysse[17]) leur devint à son tour hostile.

En réaction, leConcile de Trente (1545-1563) affirma que c'étaient les chrétiens pécheurs, davantage que les juifs, qui portaient sur Jésus leurs « mains déicides ». Lecatéchisme du Concile de Trente imputait à l'humanité entière la responsabilité de la mort de Jésus. Mais la condamnation formelle de l’antisémitisme ne date que du décret du Saint Office du. « Spirituellement nous sommes des sémites », renchérira le papePie XI dix ans plus tard[17].

Pendant la même décennie, laCompagnie de Jésus, à commencer par son fondateurIgnace de Loyola, se montre très favorable au peuple juif, au point de refuser le décret sur laLimpieza de sangre ainsi que l'obligation de participer à l'Inquisition comme le voudraitPaul IV, le « pape le plus antisémite » selonJean Lacouture. Ignace de Loyola, qui n'a pas d'ancêtres juifs (autant qu'il le sache), déclare qu'il aurait été fort honoré d'appartenir au même peuple queMarie et Jésus-Christ. Parmi ses sept compagnons, plusieurs sont considérés comme étant d'ascendance juive. Pour les historiens, c'est en tout cas une certitude à propos deDiego Lainez[43].

Cependant, au cours des années, cette attitude se transforme en une hostilité grandissante. Les Jésuites espagnols, en particulier, tiennent à garder le silence sur les ancêtres de Diego Lainez et finissent par accepter le décret sur la « pureté de sang ». Le seul membre de la Compagnie à oser se rebeller, à cette époque, est le dernier survivant des compagnons d'Ignace.

Époque contemporaine

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Avec l'époque contemporaine et la sécularisation des États occidentaux, arriva l'émancipation des Juifs. L'Église et la Synagogue vont peu à peu être mises sur le même plan par les autorités politiques. Cette évolution permet le commencement d'un véritable rapprochement judéo-chrétien qui ne pouvait pas exister dans les conditions antérieures. En France, l'émancipation est le fait de laRévolution, avec le décret de l’Assemblée nationale du[44].

En France, lors de l'affaire Dreyfus (1894-1906), le monde chrétien est divisé : les protestants prennent plutôt parti pour le capitaine dégradé, tandis que les catholiques - à de rares et remarquables exceptions près - épousent la thèse de la trahison[45].

L'Église catholique s'est considérée comme le seulverus Israel, selon lathéologie de la substitution, jusqu'auIIe concile œcuménique du Vatican. Dans le monde anglo-saxon, on a vu se développer des doctrines chrétiennes en rapport avec le judaïsme, comme ledispensationalisme, qui est pris en compte par certaines Églises évangéliques fondamentalistes.

AuXXe siècle, s'il est évident que lenazisme, marqué par un paganisme antimonothéiste, a des origines intellectuelles et idéologiques radicalement différentes, on ne saurait nier la responsabilité de certains chrétiens dans l'atmosphère antisémite qui a conduit à laShoah en Europe[46]. Depuis laSeconde Guerre mondiale, le rapprochement entre le judaïsme et l'Église catholique est effectif. Il s'est réalisé sous l'impulsion de quelques personnalités marquantes comme l'historien juifJules Isaac, inspirateur de laConférence de Seelisberg, en1947. Celle-ci est toutefois contemporaine de l'affaire Finaly.Paul Démann, juif converti au catholicisme et devenu prêtre qui rencontra Jules Isaac à la conférence de Seelisberg, a publié, entre les années 1948 et 1965, plusieurs études pionnières sur les relations entre le judaïsme et le christianisme. Il a notamment publié en 1952La Catéchèse chrétienne et le peuple de la Bible. Constatations et perspectives.

Les papes Jean XXIII etPaul VI ont donné un nouveau cadre aux relations entre juifs et chrétiens, à travers le concileVatican II, et notamment par la déclarationNostra Ætate en1965. La Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme a été mise en place en 1974 avec lecardinal Willebrands etPierre de Contenson qui rencontre les autorités juives et israéliennes ; les « Orientations et suggestions pour l’application de la Déclaration conciliaireNostra Aetate » sont publiées en[47]. Laprière du Vendredi saint et le catéchisme (1992) ont été revus pour supprimer toute mention offensante vis-à-vis des juifs. Lesrepentances des années1995-2000 ont eu pour objectif de faire prendre conscience aux chrétiens des responsabilités dans laShoah. Les papes ont effectué les premières visites dans des synagogues :Jean-Paul II à Rome en 1986,Benoît XVI à Cologne en2005, dans la lignée du voyage de Paul VI à Jérusalem en[48]. Après avoir rendu une visite à la synagogue de Rome en 1986, la première par un pape dans une synagogue, Jean-Paul II fait en 2000 une visite officielle en Israël et prie auMur occidental. En 2009, Benoît XVI, à son tour, se rend en visite officielle en Israël, où une de ses premières étapes est le mémorialYad Vashem, avant de se rendre en 2010 à son tour à la synagogue de Rome.

Du côté protestant, la communion ecclésiale de Leuenberg, devenueCommunion d'Églises protestantes en Europe a publié en 2001 le document « Église et Israël » reconnaissant la caducité de lathéologie de la substitution et l'élection irrévocable du peuple juif, et visant à développer le dialogue judéo-chrétien[49],[50].

L'approfondissement des relations entre juifs et catholiques est symbolisé par l'invitation faite au grand rabbin deHaïfa Shear Yashuv Cohen à s'exprimer devant lesynode des évêques réuni à Rome le. Le grand rabbin cependant ne manque pas de rappeler un sujet d'incompréhension important en exprimant l'inquiétude de la communauté juive vis-à-vis du procès enbéatification dePie XII : « Nous ne pouvons pas oublier le fait douloureux que de grands leaders religieux ne se soient pas élevés pour sauver nos frères et qu'ils aient choisi de garder le silence. Nous ne pouvons pas pardonner et oublier cela et j'espère que vous comprenez notre peine »[51].

En 2010, le rabbinRivon Krygier, de la synagoguemassortiAdath Shalom, est invité par l'archevêque de Paris, le cardinalAndré Vingt-Trois, à prendre la parole dans le cadre des conférences deCarême àNotre-Dame de Paris. Cette conférence est perturbée par une cinquantaine detraditionalistes qui récitent alors un chapelet « en réparation pour l'outrage » tel que déclaré par l'un d'entre eux[52], ce qui n'empêche pas le rabbin de déclarer : « Nos traditions respectives partagent une conviction fondamentale : en amont, Dieu Se fit logos. À la suite de quoi, pour les chrétiens, celogos s'est fait chair en Jésus, et pour les juifs, paroles vivantes de la Torah. Nous devons admettre que les traditions religieuses sont autant de déclinaisons de celogos, mais que son sens ultime est encore en aval de toutes »[53].

Le, pour la première fois, un pape,François, reçoit une délégation de la Conférence des rabbins européens menée par le grand-rabbin de Moscou. Le pape dénonce la résurgence de l'antisémitisme : « Les tendances antisémites actuelles en Europe sont préoccupantes, de même que certains actes de haine et de violence ». « Chaque chrétien ne peut que déplorer fermement toute forme d’antisémitisme, en manifestant au peuple juif sa propre solidarité ». Et pour sa part, le grand-rabbin de Moscou, Pinchas Goldschmidt, a chaleureusement remercié leSaint-Siège et les catholiques d’Europe « pour leur engagement en faveur de la liberté religieuse et de la lutte contre l’islamisme radical qui menace le monde entier ». Le grand-rabbin de FranceHaïm Korsia souligne auprès du journal La Croix que « Le pape s’en prend à la menace de l’athéisme, qui est la négation de la religion, mais pas à la laïcité, qui laisse la liberté à chacun de croire ou pas »[54].

En, le rabbinat orthodoxe publie uneDéclaration sur le christianisme reconnaissant « que depuis le Concile Vatican II, l’enseignementofficiel de l’Église catholique sur le judaïsme a changé fondamentalement et irrévocablement »[55]. Le cardinalChristoph Schönborn, archevêque de Vienne, y voit un espoir de « grande bénédiction »[55].

En, dans une« déclaration fraternelle du protestantisme au judaïsme »[56], laFédération protestante de France prend officiellement ses distances avec la « violence insoutenable » et le « caractère inadmissible » de certains écrits de Martin Luther. Dans son intervention, lors de la cérémonie, le grand rabbin de FranceHaïm Korsia évoque les affinités qui existent entre protestantisme et judaïsme en particulier de par leur condition de minorité, leur « tradition interprétative des Écritures » et leur commune défense du « principe de laïcité »[57].

Le, les évêques de France, répondant à l'appel du papeFrançois, invitent « à être particulièrement attentifs à l’inquiétante résurgence de l’antisémitisme en France». Lutter contre l’antisémitisme « doit être l’affaire de tous » est-il affirmé dans une déclaration signée par la Présidence de laConférence des Évêques de France ainsi que parDidier Berthet, évêque deSaint-Dié et Président du Conseil pour l'unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme[58].

Le 19 octobre 2023, le président duCongrès juif mondial,Ronald Lauder, est reçu par le papeFrançois à l'occasion de l'inauguration du « bureau de représentation du Congrès juif mondial auprès du Saint-Siège », le premier bureau d'une organisation juive au Vatican[59].

Opinions réciproques

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Opinion des chrétiens sur le judaïsme

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Statue de la Synagogue aux yeux bandés,cathédrale de Strasbourg, portail sud,XIIIe siècle[60].
La synagogue vaincue àNotre-Dame de Paris.

Jusqu'auXXe siècle, la position des Églises catholique, orthodoxe et, avec plus de nuances, protestantes était que lesJuifs ne jouaient plus de rôle dans le dessein de Dieu, selon lathéologie de la substitution, si ce n'est de préparer les païens à l'arrivée duMessie en portant le message de laTorah.

L'Église considérait également, commeAugustin d'Hippone, que le peuple juif dans son ensemble devait, par son statut, témoigner de sa punition pour ne pas avoir reconnu la divinité de Jésus. De cette position découla un grand nombre de discriminations, la plus grave étant l'accusation de « déicide ».

Allégorie de la Bible, parBenvenuto Tisi (v. 1530),musée de l'Ermitage. Dieu le Père, surplombant le Christ crucifié, bénit l'Église (à gauche) et chasse la Synagogue (à droite).

La responsabilité des Juifs dans la mort du Christ n'a pourtant jamais été affirmée par l'autorité ecclésiale. Au contraire, selon les termes duconcile de Trente, cette responsabilité incombe à l'ensemble du genre humain depuis lepéché originel. Néanmoins, le récit de la Passion a lourdement pesé dans une vision négative des Juifs, perçus comme sacrilèges et aveugles. L'art chrétien porte la trace de cette vision : le judaïsme y est traditionnellement représenté par « la Synagogue », unefemme aux yeux bandés et au sceptre brisé[61]. La statue de la Synagogue déchue se retrouve entre autres parmi les sculptures des cathédrales deStrasbourg, deBamberg, deWorms, deFribourg-en-Brisgau ou deParis.

Depuis leconcile Vatican II, la déclarationNostra Ætate (1965) redéfinit les termes de lathéologie de l'Alliance. En conséquence, undialogue interreligieux a pu voir le jour, parfois à la faveur d'initiatives individuelles[62],[63].

Le Concile Vatican II, avait approuvé, le, une troisième version de laDéclarationNostra Ætate, qui rejetait expressément l’utilisation du terme déicide : « Que tous aient soin, dans la catéchèse ou la prédication de la parole de Dieu, de ne rien enseigner qui puisse faire naître dans le cœur des fidèles la haine ou le mépris envers les Juifs : que jamais le peuple juif ne soit présenté comme un peuple réprouvé, ou maudit, ou déicide. Ce qui fut perpétré dans la passion du Christ ne peut aucunement être imputé à tout le peuple vivant alors, moins encore au peuple d'aujourd'hui »[64].

Mais face à l'opposition de prélats conservateurs, qui menaçaient de faire retirer, purement et simplement, le texte de la Déclaration, un texte final de compromis fut adopté : « Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ (Jn 19, 6), cependant ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S'il est vrai que l'Église est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de l'Écriture. Que tous aient donc soin, dans la catéchèse et la prédication, de ne rien enseigner qui ne soit conforme à la vérité de l'Évangile et à l'esprit du Christ »[65] .

Pour justifier l'omission du terme « déicide » parmi les accusations que l'Église préconise de ne plus émettre à l'encontre du peuple juif, le cardinal Bea lut, le, dans l'aula conciliaire, le texte d'un rapport de la commission (qu'il présidait) responsable de cet amendement[66]. Dans le même ouvrage, le prélat s'étend en détail sur la question du déicide, pour en réfuter l'imputation aux Juifs[67].

Enfin, dans le second tome de son livreJésus de Nazareth, paru début, le pape Benoît XVI se place sur le double plan des faits, tels qu'ils sont relatés dans les évangiles, et de la théologie, pour exonérer indirectement les juifs de l'accusation de déicide[68].

Opinion des juifs sur le christianisme

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En 1968, des évêques catholiques français désireux d’avoir un exposé des opinions juives sur le christianisme, se sont adressés au Grand Rabbin de France d’alors,Jacob Kaplan. À la suite de cette demande, les commentaires rabbiniques ayant traité de cette question au cours des siècles ont été recueillis par un comité composé du célèbre philosopheEmmanuel Levinas, du spécialiste des études orientales,Georges Vajda, et du grand rabbinCharles Touati, président de la commission doctrinale du rabbinat français. Les membres du comité furent informés de ce que le schéma devait déboucher dans un rapport officiel exprimant uniquement les vues du rabbinat français et qu’ils ne devraient avoir recours qu’aux ouvrages des Sages juifs dont l’autorité est universellement reconnue.

Le comité déclara plus tard que ses membres avaient choisi les textes qui représentaient au mieux l’esprit du judaïsme. Ils écartèrent les textes polémiques, faisant remarquer qu’on pouvait trouver dans la tradition chrétienne des textes de nature aussi hostile au judaïsme. Ces textes, qui considéraient le christianisme comme étant idolâtre provenaient de matériaux antérieurs à l’an mille. Plus tard, avant l’âge moderne, des estimations plus positives du christianisme ont commencé à se faire jour parmi les penseurs juifs.

Le comité réalisa un schéma constitué de six affirmations fondées sur les commentaires rabbiniques qu’ils avaient rassemblés. Ses conclusions ont été appliquées au christianisme comme à l’islam. Le schéma est intéressant parce qu’il reflète la pensée juive française, trois ans après la publication par le deuxième concile du Vatican de [la Déclaration]Nostra Aetate, en 1965. On peut également le comparer à la déclaration juive américaineDabru Emet publiée en 2000.

Le schéma n’a pas fait l’objet d’une discussion formelle de l’assemblée rabbinique française avant 1978, cinq ans après que les évêques catholiques français aient émis leur lettre pastorale sur les relations entre catholiques et Juifs. Une minorité significative de rabbins de cette assemblée avaient de graves réserves concernant le rapport proposé, et voyant que le consensus serait impossible, le grand rabbin Kaplan retira la proposition de l’examen. Le grand rabbinCharles Touati, alors seul membre survivant du Comité de rédaction, considérant la valeur historique du schéma, suggéra de le rendre public. En conséquence, il a été publié dans laRevue des études juives n° 160 (2001), pp. 495-497[69]. Dans un article duMonde du, le Grand Rabbin de Paris,David Messas, souligna que le texte de 1968 ne devait pas être considéré comme exprimant les vues actuelles du rabbinat français et n’a pas exclu la possibilité que l’assemblée rabbinique revienne à nouveau sur le sujet. Dans le même article,René-Samuel Sirat, ancien Grand Rabbin de France, fit remarquer que l’on devrait faire fond sur d’autres idées si le sujet devait être entrepris aujourd’hui.

Notes et références

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  1. Simon ClaudeMimouni etPierreMaraval,Le Christianisme des origines à Constantin, PUF,coll. « Nouvelle Clio »,, p.272, chap.Séparation entre Judéens pharisiens et Judéens chrétiens.
  2. Ces dates indicatives vont de la période de la mort de Jésus de Nazareth à laseconde guerre judéo-romaine qui se conclut par la destruction de Jérusalem
  3. Mimouni et Maraval 2006,p. 115 et suiv..
  4. Mimouni et Maraval 2006,p. 21.
  5. Mimouni et Maraval 2006,p. 173.
  6. Voir l'expression « vos synagogues »Mt 23. 34 ou « leurs synagogues »Mt 4. 23,Mt 9. 35,Mt 12. 9,Jn 10. 17,Jn 13. 54.
  7. VoirJn 9. 22,Jn 12. 42 etJn 16. 2.
  8. ChristianGrappe, « La séparation entre juifs et chrétiens à la fin du premier siècle : Circonstances historiques et raisons théologiques »,Études théologiques et religieuses,vol. Tome 80,no 3,‎1er septembre 2005,p. 327–345(ISSN 0014-2239,DOI 10.3917/etr.0803.0327,lire en ligne, consulté le)
  9. Les spécialistes du judaïsme ancien estiment que la population juive avoisinait les 10 % des habitants de l'Empire romain, soit environ 5 à 7 millions d'individus dont 2,5 millions sur la « terre d'Israël ». Avec les habitants de l'empire perse, on arrive à un total qui oscille probablement entre 6 et 8 millions; cfMimouni et Maraval 2006,p. 27.
  10. Les documents antiques utilisent généralement le terme de « Judée » pour désigner la région deJérusalem, et le terme de « Palestine » pour la bande de terres côtières des régions d'Acre et deGaza. CfMimouni et Maraval 2006,p. 22.
  11. Ce terme est de création récente : la distinction se fait plutôt alors entre leHoutz la-Aaretz ou « Israël de l'Extérieur », qui se distingue de l'Eretz Israël ou « Terre d’Israël », dans une répartition qu demeure toute théorique; cfMimouni et Maraval 2006,p. 22.
  12. Mimouni et Maraval 2006,p. 198.
  13. Après 70, lecollège des pharisiens de Yabné s'attache à une reprise en main dujudaïsme en tant que communauté et en tant religion, et prend des mesures exclusives radicales à l'encontre desdissidences, comme en témoigne la formule demalédiction de laBirkat-ha-minim cf. Raymond Winling,Judaïsme et christianisme d'après le Dialogue avec Tryphon de Justin, inEsprit et Vie n° 134, septembre 2005.
  14. Mimouni et Maraval 2006,p. 259.
  15. a etbShlomo Sand,Comment le peuple juif fut inventé, Flammarion 2010, p. 345
  16. Mimouni et Maraval 2006,p. 272.
  17. ab etcJean-ChristianPetitfils,Jésus, Le Livre de Poche,, p.372.
  18. Mimouni et Maraval 2006,p. 273.
  19. Mimouni et Maraval 2006,p. 360-361.
  20. Mimouni et Maraval 2006,p. 270.
  21. Dialogue avec Tryphon, 11 et 123,édition critique et traduction par Philippe Bobichon.
  22. Mimouni et Maraval 2006,p. 271.
  23. Philippe Bobichon,Le thème du ‘verus Israel’ est-il constitutif de la controverse entre judaïsme et christianisme (débuts du christianisme - fin du Moyen âge) ? ,Annali di Storia dell’Esegesi 22/2 (2005), pp. 423-446.
  24. a etbMimouni et Maraval 2006,p. 361.
  25. Juster (J.), dansLes Juifs dans l'Empire romain, tome I, p. 46.Jules Isaac, dansJésus et Israël, p. 361, et dansGenèse de l'antisémitisme, p. 158.Léon Poliakov, dansDu Christ aux Juifs de cour, p. 41.Marcel Simon, dansVerus Israël, p. 246.Lovsky (F.), dansL’Antisémitisme chrétien, p. 131.Hans Küng, dansLe Judaïsme, p. 210.
  26. Anna Van den Kerchove, « Les chrétiens de l’Antiquité et l’antijudaïsme »,Études théologiques et religieuses,vol. 93,no 1,‎,p. 65-81(lire en ligne, consulté le)
  27. Verdon 2013,p. 274-275.
  28. Verdon 2013,p. 90.
  29. Verdon 2013,p. 276.
  30. Verdon 2013,p. 280.
  31. a etbVerdon 2013,p. 281.
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  38. a etbVerdon 2013,p. 287-288.
  39. Roger Samuel Kohn,Les juifs de la France du Nord dans la seconde moitié du XIVe siècle, E. Peeters,,p. 8.
  40. Stéphane Barry et Norbert Gualde,La plus grande épidémie de l'histoire, « L'Histoire »,no 310, juin 2006,p. 47
  41. Verdon 2013,p. 288-290.
  42. Verdon 2013,p. 290.
  43. Jean Lacouture, Jésuites, ref à venir.
  44. « 220ème anniversaire de l’émancipation des Juifs de France, par Stéphanie Dassa », surCrif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France,(consulté le).
  45. Pierre Pierrard,Les chrétiens et l'Affaire Dreyfus, éditions de l'Atelier, 1998
  46. Petitfils 2013,p. 673.
  47. « Les Familles confessionnelles mondiales - Relations avec le judaïsme », surVatican, site officiel.
  48. L'Église ne reconnaîtra officiellement l'État d'Israël qu'en 1994. Le pèlerinage de Paul VI se situe donc officiellement en « Terre sainte ». Il s'agit là du tout premier voyage effectué par un pape en ce lieu depuis le début du christianisme
  49. « Eglise et Israël, Contribution des Eglises issues de la Réforme en Europe sur les relations entre les chrétiens et les Juifs »,
  50. Alain Massini, « Le texte « Eglise et Israël » de la Communion des Eglises protestantes en Europe et sa contribution aux dialogues judéochrétien »,
  51. Stéphanie Le Bars, « Invité au synode réuni à Rome, le grand rabbin de Haïfa revient sur l'attitude de l’Église pendant la Shoah »,Le Monde,‎(lire en ligne, consulté le).
  52. La Croix du 22 mars 2010.
  53. L'Arche, mai 2010, p. 53
  54. « Le pape dénonce l'antisémitisme et l'athéisme », surLa Vie,
  55. a etbDéclaration rabbinique orthodoxe sur le christianisme du 3-12-2015, suivie de l'Appréciation du Cardinal Schönborn, archevêque de Vienne.
  56. Fédération protestante de France, « 1517–2017 - Déclaration fraternelle du protestantisme au judaïsme - Cette mémoire qui engage »,
  57. Jean-Marie Guénois, « Les protestants de France dénoncent les «propos antijuifs» de Luther », surLe Figaro,
  58. Olivier Bonnel, « L'Église de France réaffirme sa lutte contre l'antisémitisme », survaticannews.va,
  59. Gabe Friedman, « Pour la première fois, une organisation juive ouvre un bureau au Vatican », surThe Times of Israel,
  60. Dans sonDictionnaire raisonné de l’architecture française duXIe auXVIe siècle,Viollet-le-Duc remarque : « La synagogue de la cathédrale […] a les yeux bandés ; son étendard se brise dans sa main ; son bras gauche, pendant, laisse tomber les tables. »
  61. Dictionnaire raisonné de l'architecture française duXIe au XVIe siècle - Tome 5, Eglise personnifiée
  62. Stéphanie Le Bars, « Marcel-Jacques Dubois, grande figure du rapprochement judéo-chrétien »,Le Monde,‎(lire en ligne).
  63. « Le peuple juif et ses saintes écritures dans la Bible chrétienne », surCommission pontificale biblique,Vatican.
  64. Les Églises devant le judaïsme. Documents officiels 1948-1978 : Textes rassemblés, traduits et annotés par Marie-Thérèse Hoch et Bernard Dupuy,, Paris, Cerf,, p.332.
  65. Les Églises devant le judaïsme 1980,p. 333.
  66. CardinalAugustin Bea,L'Église et le peuple juif, traduit de l'italien par Candido Galbiati, Cerf, Paris, 1967, p. 171-175.
  67. Les Églises devant le judaïsme 1980,p. 66 et suiv., 157 et suiv. et 172 et siv..
  68. Voir Reuters,,"Le pape réaffirme que le peuple juif n'est pas déicide". Lire également, dansLa Croix,"Extraits duJésus de Nazareth de Joseph-Ratzinger-Benoît XVI.
  69. CharlesTouati et Dan Jaffé, « France »,Pardès,no 35,‎, p.161-177(DOI 10.3917/parde.035.0159,lire en ligne).

Bibliographie

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Ouvrages généraux

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Histoire des relations entre juifs et chrétiens

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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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