En 1972, Reichshoffen fusionne avec le village de Nehwiller, petite commune rurale de 402 habitants et de 273 ha, qui est devenu commune associée[2]. Depuis le 5 août 1961, Reichshoffen est jumelée avec la ville allemande deKandel (Palatinat).
La ville de Reichshoffen est connue pour la bataille éponyme, la célèbrebataille de Reichshoffen, défaite française de laguerre de 1870 qui ouvrit aux coalisés allemands la route de Paris[3].
Vosges Du Nord : Réserve de Biosphère, zone centrale ; Réserve de Biosphère, zone tampon ; Réserve de Biosphère, zone de transition ; Parc naturel régional.
L'Eiblen Et L'Illfeld : Réserve naturelle régionale[8].
Plan D'Eau De Reichshoffen : Réserve naturelle régionale[9].
Le plan d'eau a été creusé en 1982 pour régulariser le débit duSchwarzbach et sécuriser le centre ancien contre les inondations[15]. Cours d'eau sur grès, leSchwarzbach appartient au site classéNatura 2000 "laModer et ses affluents". Site naturel remarquable, leplan d'eau de Reichshoffen est entouré de forêts, notamment les massifs de l’Eyler et du Neuwald[16].
Peu à peu, le site a été a aménagé pour le tourisme de proximité : chemin de promenade autour du plan d’eau, aire de pique-nique et de repos, sentier botanique dans la forêt voisine… Un poste d’observation des oiseaux a été installé en 2020.
La présence de nombreuses espèces naturelles a conduit à la création d'une réserve naturelle volontaire en 1992. Le reclassement enréserve naturelle régionale intervient en novembre 2014.
Le plan d'eau présente un peuplement piscicole important :carpes,truites, mais aussibrochets qui trouvent à l’amont du plan d’eau des zones propices pour la fraie[18].
Parmi les mammifères remarquables présents sur le site, on peut observer leRat des moissons qui vit dans les friches, lePutois d'Europe qui fréquente les zones humides et leVespertilion de Daubenton (une chauve-souris) qui chasse sur l’étang[18].
Enfin, on peut y observer certains insectes dont lecuivré des marais, un papillon rare dans les Vosges du Nord et en déclin prononcé en Alsace[17].
La commune est dans lebassin versant du Rhin au sein dubassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par le ruisseau le Falkensteinbach, le ruisseau le Schwarzbach, le ruisseau la Lauterbach, le ruisseau le Gimbelsbrunnen et le ruisseau le Klamm[19],[Carte 1].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (49,7 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (51,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (25,3 %),terres arables (20,1 %), zones urbanisées (18,6 %), prairies (18,1 %), zones agricoles hétérogènes (8,4 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (3,4 %), cultures permanentes (3,2 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (1,5 %), eaux continentales[Note 7] (1,5 %)[40]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de « Reichshoffen » est composé de « Reich » (Empire en allemand) et « hoffen » (le domaine, la cour). Reichshoffen signifie donc « domaine d'Empire », ou « cour d'Empire ». Historiquement, Reichshoffen était en effet une terre appartenant à l'Empereur duSaint Empire Romain Germanique.
Les premières traces de la présence de l'Homme à Reichshoffen datent du bronze final entre 1050 et 950 av. J.-C[49]. Cependant, des découvertes archéologiques laissent supposer une occupation plus ancienne du site[50].. Des silex taillés ont été retrouvés dans le sol, témoins des outils utilisés au paléolithique (couteau, faucille…)[51]. Des outils dunéolithique ainsi que des traces de poteries ont été mises au jour, témoignant d'une activité artisanale de 6000 à 1500 avant notre ère. La présence de tessons de poteries ratées laisse à penser que ces poteries étaient réalisés sur place. Cependant, il n'existe aucune preuve formelle d'une habitation durable sur le territoire, puisqu'aucune sépulture n'a été découverte.
Les plus anciennes sépultures mises au jour datent de l'âge debronze ancien : une sépulture avec trois urnes à incinération, contenant un objet cultuel particulièrement rare a été découverte.
La construction de la voie ferrée Haguenau - Niederbronn a permis de découvrir de nombreux vestiges de l'époque gallo-romaine. De même, à l’emplacement de l’actuelle usined’Alstom ont été retrouvées200 urnes funéraires : une nécropole importante qui témoigne d’une occupation réelle et conséquente du territoire. Ces urnes, découvertes auXIXe siècle, ont toutes disparu aujourd’hui. Les archéologues de l’époque les conservaient dans la bibliothèque dominicaine, àStrasbourg, qui a été intégralement détruite pendant laguerre de 1870, faisant disparaître, entre autres, les vestiges trouvés à Reichshoffen. Nous n’en avons de traces que dans les archives historiques. Ces traces permettent d’envisager l’existence d’une agglomération importante, peut-être étendue jusqu’à la cité thermale deNiederbronn-les-Bains.
Les fouilles sur Reichshoffen démontrent l’existence d’un artisanat bien ancré dans la région. Des traces de hauts fourneaux attestent la présence d’un artisanat du fer à Reichshoffen dès l’époque romaine. De nombreuses pièces de monnaie ont été retrouvées, signe d’un commerce dynamique. Enfin, des ratés de cuissons permettent de savoir que des potiers étaient installés auIIe siècle[52].
La ville de Reichshoffen reste façonnée par son histoire : les délimitations cadastrales actuelles reprennent en partie les limites du cadastre romain. De même, les principales voies romaines sont les routes qu’on utilise encore aujourd’hui[53].
La présence de bois et de minerais sur place permet le développement d'un artisanat dufer. Le minerai (hématite Fe2O3) provenait probablement de mines locales, exploitées à ciel ouvert ou dans des galeries. Lecharbon de bois, seul combustible capable d'obtenir la température nécessaire à la production de fer, était produit avec le bois des forêts environnantes.
Leminerai de fer était déposé dans unbas-fourneau, un four dont la hauteur était limitée par l'écrasement des charges qui empêchait l'air de circuler. On obtenait ainsi des températures avoisinant les1 200 °C, ce qui provoque la réduction duminerai de fer (loupe). Ce processus est long et difficile à obtenir et les résultats sont souvent aléatoires : si l'acier n'est pas assez carburé, la loupe obtenue est trop douce ; s'il est trop carburé, elle est dure est cassante, impropre au travail de la forge[54].
La loupe des bas-fourneaux était chauffée et battue par les forgerons afin d'en chasser les impuretés. Une fois épuré, le lopin de métal obtenu était martelé, étiré, plié et soudé sur lui-même afin de rendre le métal plus homogène. Les forgerons pouvaient alors réaliser des lames de couteaux ou d'épées, des outils de tout genre (haches, houe, ciseau de charpentier, clous…). Pour obtenir un acier de meilleure qualité, les forgerons soudaient des couches d'acier à haute et à basse concentration de carbone, afin de combiner la souplesse et la solidité des deux aciers[55].
Le dieu le plus vénéré à Reichshoffen, comme dans la région, estMercure. LesGaulois le voyaient comme l'inventeur des arts, le guide des voyageurs, le protecteur des marchands, des biens agricoles et domestiques. De nombreuses stèles dédiées à Mercure ont été retrouvées à Reichshoffen et dans les environs, notamment visibles dans les contreforts del'Altkirch où d'anciennesstèles ont été réutilisées en maçonnerie. Les Romaines étaient persuadées de l'unité du divin sous la diversité des appellations, ils pratiquaient donc l'assimilation de leurs dieux avec les dieux des populations conquises. Leculte de Mercure s'est ainsi rapidement répandu dans la région. Mercure était tantôt assimilé au dieu gauloisTeutatès, tantôt àÉsus[56].
Pour leHaut Moyen Âge, nous ne disposons d'aucune trace historique de Reichshoffen. Les troupes romaines se sont définitivement retirées au début duVe siècle, sous l'Empereur Arcadius. La région avait été dévastée : d'épaisses couches de cendres ont été retrouvées dans les sous-sols, signe d'importants incendies[52]. LesFrancs ont habité la région, puisqu'on a retrouvé un cimetière franc àNiederbronn-les-Bains[52]. Mais nous ne savons pas si le territoire de Reichshoffen était habité à l'époque.
Il faut attendre 994 pour retrouver une trace de la ville dans les archives historiques. À cette date, l'Empereur duSaint-Empire,Otton III, fait don de la "chapelle de Reichshoffen" (capella in Richeneshoven) et des terres environnantes à l'abbaye de Seltz[58]. Otton III (980 - 1002) était le petit fils d'OttonIer et d'Adélaïde, fondatrice de l'abbaye de Seltz[58].
Le village historique de Reichshoffen était donc probablement construit autour de la chapelle, l'Altkirch, qui existe encore aujourd'hui. L'Altkirch était alors une chapelle romane. On peut imaginer qu'elle a été construite sur un ancien temple romain dédié àMercure, puisque des stèles romaines ont été réemployées dans sa construction, mais aucune trace historique ne le prouve[59]. L'Altkirch a ensuite été reconstruite en style gothique[60]. Seule la nef gothique a été conservée.
En 1232, le ducMathieu II de Lorraine (1193-1251) fait don des terres de Reichshoffen (à l'exclusion du château) àBerthold de Teck, évêque de Strasbourg, afin d'obtenir le salut de son âme. En retours, l'évêque de Strasbourg confie la gestion des terres au même duc de Lorraine, qui devient donc vassal de l'évêque pour la seigneurie de Reichshoffen. Mathieu II entreprend la construction d'un château en 1232-1233[61].
En 1286, Reichshoffen est dirigée par deux seigneurs qui cohabitent sur un territoire restreint : l'évêque de Strasbourg, Conrad III deLichtenberg, possède l'Altkirch et les terres autour du village ; le duc de Lorraine,Frédéric III, possède le château et le village. Frédéric III conteste les possessions deConrad III sur certaines terres dont la répartition n'a pas été clairement définie. Pour régler le litige, les deux seigneurs se font la guerre, remportée par l'évêque de Strasbourg.Frédéric III de Lorraine renonce à tous ses droits sur Reichshoffen. L'évêque de Strasbourg fait alors don de la seigneurie de Reichshoffen à son vassal,Otto IV d'Ochsenstein, grand bailli d'Alsace, qui lui a apporté son aide lors de la guerre[52].
La même année, l'Empereur du Saint-Empire,RodolpheIer de Habsbourg, élève Reichshoffen au rang de ville (charte du 15 juin 1286). Reichshoffen gagne donc les prérogatives des villes, au même titre qu'Haguenau : elle est "libéré de l'hégémonie royale", elle obtient le droit de tenir un marché hebdomadaire le lundi, dont "tous les acheteurs ou vendeurs bénéficient de la protection du royaume". Reichshoffen peut désormais organiser son propre développement économique, son administration et la protection des habitants : cette prérogative permet la construction de remparts autour des habitations[61].
La ville de Reichshoffen a appartenu à l'évêque de Strasbourg pendant plus de 400 ans, de 1232 à 1664. Or la religion du seigneur était souvent celle de ses sujets. LaRéforme ne s'est donc pas enracinée à Reichshoffen, alors qu'elle était très présente dans les villages autour, gouvernés par des seigneurs protestants. En 1664, lecomte de Hanau-Lichtenberg embrasse la Réforme. Ce revirement pousse l'évêque de Strasbourg à revendre la terre de Reichshoffen, dernier bastion catholique en terre protestante. Cependant, cette présence historique du catholicisme dans la ville a perduré, la deuxième religion étant lejudaïsme, avant leprotestantisme. L'église du Reichshoffen n'a jamais été ensimultaneum et ce n'est qu'à la fin duXXe siècle qu'untemple protestant est construit.
La guerre de Trente Ans : destruction de Reichshoffen
Laguerre de Trente Ans (1618-1648) est à la base un conflit d'origine religieuse, interne auSaint-Empire, qui s'est rapidement transformé en conflit politique généralisé à l'échelle européenne[64]. Elle a été particulièrement dévastatrice pour l'Alsace, qui perd sur cette période un tiers de sa population, et pour Reichshoffen en particulier. En 1632 et 1633[65], les Suédois font le siège de la ville et bombardent les remparts. Des boulets de canons de la guerre de Trente Ans ont été retrouvés dans les fortifications[66] et sont aujourd'hui exposés au Musée Historique et Industriel de Reichshoffen[63]. La population de Reichshoffen a résisté longtemps au siège, s'illustrant notamment près de la tour qui porte aujourd'hui le nom de "Tour des Suédois". Prise en juin 1633, Reichshoffen est détruite, sa population exécutée, comme le raconte Asher Levy dans son manuscrit :
"À deux reprises, le 30 janvier et le, les troupes deGustave II Adolphe (en suédois : Gustav II Adolf), dit « le Grand » ou « le Lion du Nord » tentèrent un assaut sur Reichshoffen. Par deux fois, les habitants prirent les armes et forcèrent les assaillants à se retirer sous les quolibets des assiégés. Le, les Suédois se présentèrent une nouvelle fois devant Reichshoffen. Le lendemain, la ville fut sévèrement bombardée. La milice locale, renforcée par les paysans des alentours, défendit âprement et courageusement la cité, mais sous l'effet de la canonnade leur courage fléchit et les assiégés ouvrirent les portes de la ville, espérant ainsi pouvoir échapper à la fureur de la soldatesque. Les maisons furent forcées et pillées, les femmes et les filles violées. Qui ne payait pas de rançon était tué. L'écoutète ou Schultheiss fut pendu à un tilleul à l'extérieur de la ville. "C'était un spectacle malheureux à ne voir qu'en pleurant" écrit Jean-Jacques Mock, un témoin oculaire. D'après lui, les Reichshoffenois devaient leur triste sort à la garnison impériale, qui pillait les localités protestantes du voisinage.
Le, les impériaux, partis de Haguenau, attaquèrent la ville de Reichshoffen occupée par des troupes suédoises et des soldats fournis par lescomtes de Hanau et deLinange. Les assaillants se partagèrent en deux corps. Pendant que les uns se présentaient devant les portes, les autres, grâce à la glace qui remplissait les fossés, escaladaient les murs près du château avec le concours des habitants et surprirent l'ennemi par derrière.
Cinq ans après la reprise par les impériaux, "le bailliage de Reichshoffen est absolument ruiné et n'est plus habité" écrit à la date du 16 février 1638, le législateur de la chancellerie épiscopale Nicolas Vogel[67]."
"Description de la guerre de Trente Ans, manuscrit de Ascher Levy"[61]
Au début de la guerre de Trente Ans, Reichshoffen comptait450 feux (foyers), soit entre 1300 et1500 habitants. En 1641, Asher Levy dresse la liste des habitants survivant : six bourgeois, deux jeunes gens, cinq veuves et deux jeunes filles adultes, soit quinze personnes. La ville a donc été complètement détruite et la quasi-totalité de sa population est morte, massacrée par les Suédois ou victime des famines ou maladies qui accompagnent souvent les guerres.
Reichshoffen sera progressivement repeuplée au cours du siècle suivant.
La famille de Dietrich : de la forge à l'industrialisation
La forge de Jaegerthal a été construite par Adam Jaeger et ses associés, les frères Schwarzwerden, en 1612. Détruite en 1631, pendant laguerre de Trente Ans, elle est reconstruite en 1672 par le comte de Hanau, qui octroie un bail à perpétuité à Joachim Ensinger. Après la mort de ce dernier,Jean II de Dietrich, riche banquier de Strasbourg et fils de l'Ammeister Dominicus Dietrich, rachète la forge pour la somme de 8 000 florins[68].
Jean III de Dietrich développe considérablement les forges sur le territoire : rachat de l'usine de Zinswiller en 1766-1767, construction de la forge de Reichshoffen en 1767, construction de la forge de Niederbronn-les-Bains en 1769, installation dehauts-fourneaux dans les différents sites… La région de Reichshoffen était propice au développement de lasidérurgie : de nombreuses mines de fer se trouvent dans la région (Mertzwiller, Nothweiler), les carrières de calcaire près de Reichshoffen et Niederbronn fournissent lacastine nécessaire aux hauts-fourneaux, la présence de nombreux cours d'eau permet de créer des retenues d'eau pour faire tourner les roues qui actionnent les soufflets et les martinets, la forêt autour fournit le charbon de bois… Des hauts-fourneaux sont installés à Jaegerthal. Pour obtenir50 kg de fer ou de fonte, il faut200 kg de minerai, 80 à100 kg de calcaire (castine) et25 stères de bois[68].
Jean de Dietrich fait construire lechâteau de Reichshoffen en 1770. Il avait étudié cinq projets ambitieux et retenu celui deJoseph Massol, architecte du Palais Rohan. La construction d'un « corps de logis flanqué de deux ailes en retour, façades ajourées de hautes baies à petits carreaux, toitures à mansarde » est confiée à Christian Gstyr, maître maçon à Reichshoffen[70].
Le château est pillé sous laRévolution Française. Le fils de Jean III de Dietrich,Philippe-Frédéric de Dietrich, a été le premier maire constitutionnel de Strasbourg. C'est dans son salon que laMarseillaise a été chantée pour la première fois. Accusé de soutenir la monarchie constitutionnelle, il est arrêté et condamné à mort sous laTerreur. Son père est alors arrêté à son tour et incarcéré àStrasbourg en 1793. Ses biens, dont les forges de Jaegerthal et Reichshoffen, sont mises sous séquestres. Les forges sont détruites par les armées autrichiennes en 1793. En 1795, Jean-Albert de Dietrich, fils de Philippe-Frédéric, obtient la réhabilitation de son père à titre posthume et la levée du séquestre sur les forges. Jean-Albert de Dietrich remet alors l'entreprise sur pied. Pour payer ses dettes et relancer les forges, il vend lechâteau de Dietrich à François Jacques Antoine Mathieu de Faviers[70]. Jean-Albert meurt en 1806. C'est sa veuve,Amélie de Berckheim, qui reprend l'affaire alors même que la tenue d'une entreprise par une femme est impensable pour l'époque. Amélie redonne à l'entreprise son autonomie financière et l'engage sur la voie de la construction mécanique.
L'entreprise De Dietrich s'engage en faveur de ses ouvriers. Ces derniers bénéficient d'un logement et d'un lopin de terre, dans la logique de l'ouvrier-paysan. En 1827, la société crée une caisse de pension, imposée à tous les ouvriers à partir 1856. Une caisse de secours permet aux ouvriers de bénéficier gratuitement de soins, d'une consultation chez le médecin, de médicaments et d'une indemnité en cas de maladie. En 1867, à l'occasion de l'exposition universelle, la firme De Dietrich reçoit le prix « Harmonie sociale et bien-être des populations » en l'honneur de sa politique sociale[71].
À partir de 1830, les usines de Reichshoffen produisent desmachines à vapeur. En 1848, elles se mettent aumatériel ferroviaire roulant : wagon, voitures de voyageurs, tramways. En 1870, l'usine de Reichshoffen est le premier fournisseur des réseaux ferroviaires français[72].
L'armée française est peu à peu repoussée par les troupes coalisées allemandes, aux alentours deMorsbronn-les-Bains[74]. Pour éviter un encerclement, le général Michel lance sescuirassiers à l'assaut contre lesPrussiens, embusqués dans les maisons de Morsbronn. C'est une charge héroïque et suicidaire : les Allemands mitraillent les Français sans défense. Lescuirassiers s'engagent dans la grand'rue de Morsbronn où ils sont littéralement exterminés. Pour l'armée française, c'est la débandade. Legénéral Mac-Mahon décide alors de se replier. Pour couvrir le retrait des troupes, le général Bonnemain lance une seconde charge des cuirassiers, près deWoerth. Les cuirassiers chargent au milieu des champs de houblon, dans des conditions similaires à la charge de Morsbronn. Eux aussi sont décimés. Ces deux charges sont devenues un symbole d'héroïsme français, mais elles n'ont pas permis d'enrayer l'avancée allemande et ont causé de nombreuses victimes[3].
En une journée, la bataille fait 20 000 morts des deux côtés. La défaite est annoncée àNapoléon III depuis le télégraphe de Reichshoffen, ce qui a donné son nom à la bataille[75]. Après la bataille, lechâteau de Dietrich a servi d'ambulance pour les officiers blessés[3]. Les soldats sont soignés dans les écoles, l'église Saint-Michel, dans les maisons des particuliers… La population locale a été très investie : de nombreux habitants ont recueilli et soigné les blessés qui arrivaient par centaines, ils ont aussi dû enterrer les morts. Ce souvenir, combiné au patriotisme français desDe Dietrich, a entraîné le développement d'un sentiment francophile important à Reichshoffen[76].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[86]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[87].
En 2022, la commune comptait 5 407 habitants[Note 8], en évolution de +0,26 % par rapport à 2016 (Bas-Rhin : +3,17 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Le village de Noël[91] qui a lieu chaque année au mois de décembre sur la place de l'église. On peut y trouver de nombreux stands, des animations pour découvrir des anciens métiers, créer des décorations de Noël. Il y a aussi des veillées de Noël, des concerts de la Musique Municipale de Reichshoffen[92] ainsi que de la chorale Sainte-Cécile. Les crèches de l'église Saint-Michel et de la chapelle de Wohlfahrtshoffen[93] sont décorées et ouvertes au public.
Outre les commerces et services de proximité[106], la ville accueille plusieurs entreprises industrielles :
CAF, anciennementAlstom Transport, anciennementDe Dietrich Ferroviaire, conçoit et construit des composants (notamment les éléments de sécurité passive) et matériels ferroviaires. De la fabrication de remorques d'extrémités deTGV, d'autorails TER X73500/73900 pour la France et l'Allemagne, de caisses intermédiaires d'AGC, d'automotrices pour la Finlande ou detramway à la rénovation de matériels ferroviaires, le site de Reichshoffen vient de présenter les nouvelles ramesTER Regiolis destinées aux régions françaises. En 2016, leSénégal a acheté une quinzaine de trains régionaux dont la fabrication permet au carnet de commandes d'être rempli jusqu'à mi-2019[107].
Lafamille de Dietrich possédait également une filiale spécialisée dans le domaine des appareils de voie pour les réseaux ferrés, intégrée depuis 2002 au groupeVossloh sous le nomVossloh Cogifer.
Fondés en 1922, les ateliers de transformation de l'acier de l'entrepriseTréca ont été transférés dePuteaux à Reichshoffen dans les locaux de l'ancienne brasserie construite en 1890. Au départ spécialisée dans les fils d'acier à haute résistance, l'entreprise se diversifie dans la fabrication de fils d'acier pour ressorts, de câbles métalliques et enfin de matelas à ressorts. En 1935 naissent les premiers matelas Treca (abréviation de TREfilerie-CAblerie). La câblerie cesse son activité en juillet 1985 mais l'entreprise continue alors la fabrication de matelas haut de gamme cousus à la main.
FEHR Groupe SAS, spécialisée dans les matériaux de construction en béton, est basée route de Frœschwiller[108]. Ses produits innovants, sélectionnée parmi les 125 produits des 2 500 entreprises participantes, ont été présentés au Palais de l'Élysée les 1et et 2 juillet 2023.
Un premier château est construit en1232 pourle duc de Lorraine. Il est confié après1286 aux comtes d'Ochsenstein et démoli en1769. Il comportait une enceinte approximativement circulaire flanquée de quatre tours rondes. Il est détruit pendant laGuerre de Trente Ans.
Lechâteau actuel est construit pourJean de Dietrich (1719-1795) parJoseph Massol,architectestrasbourgeois. Le gros-œuvre est érigé de1770 à1771 sous la direction de Christian Gstyr. Sur la lucarne sud-est se trouvait avant la guerre l'inscription aujourd'hui disparue :IFD HANVER 1779. Vers1807,Mathieu de Faviers supprime le corps de passage qui reliait les communs au nord ; l'aile est des communs est démolie par lesRenouard de Bussière[114] en1811 et en1812, l'aile ouest subsiste en partie, complètement réaménagée. L'une des tours de l'ancien château qui avait subsisté est reconstruite en1807 pour servir d'élévateur hydraulique[115]. En limite nord du parc sont situés des dépendances agricoles et une ancienne maison de jardinier sous toit à croupes figurant déjà sur le plan cadastralnapoléonien vers1840[116],[117].
Le château, gravement endommagé pendant laSeconde Guerre mondiale, a été soigneusement restauré en 1951. Il a servi de siège administratif à laSociété De Dietrich de 1967 à 2016[118]. Il est aujourd'hui mis à disposition pour l’organisation d’événements d’entreprises, culturels et privés.
Lachapelle depèlerinage Notre-Dame-du-Bon-Secours[143] dédiée à laVierge et àsaint Wolfgang, au lieu-ditWohlfahrtshoffen. Lechœurgothique voûté d'ogives daterait duXIVe siècle, ainsi que lasacristie dont la porte intérieure est cependant datée1770. Lanef néo-gothique a été reconstruite en1851. Une inscription enallemand sur la porte extérieure de la sacristie commémore son agrandissement et embellissement par le curé Lehmann de Reichshoffen en1852. À côté de la chapelle se situe la maison des gardiens, construite probablement dans la deuxième moitié duXVIIIe siècle. Devant la chapelle se dresse une croix monumentale datée de1812[144]. La cloche est de 1732[145].
Rémy Bricka (1949- ) (bien qu'il soit né à Niederbronn-les-Bains, il a passé son enfance à Reichshoffen).
Arthur Le Duc (1848-1918), sculpteur, auteur en 1873 d'une statue équestre intitulée sur la terrasseReischoffen (sic), représentant le porte-étendard du3e régiment de cuirassiers blessé à mort. Un exemplaire est exposé au musée Arthur-Le-Duc deTorigny-les-Villes ; un autre exemplaire, à restaurer après les dégâts dus aux bombardements de 1944, est conservé dans les réserves dumusée des Beaux-Arts de Saint-Lô.
Serdar Gürler (1991- ) : footballeur international turc.
Louis Hickel (1920-1977), résistant, médecin et homme politique français, y est né.
D'azur à la tour d'or, ouverte du champ, maçonnée de sable, au chef d'argent chargé de trois fleurs de lys de gueules[170].
Détails
Le terme « maçonné de sable » signifie que le motif de la tour d'or (de couleur jaune) est détourée par une autre couleur, le « sable » représentant le noir.
Le chef d'un blason est le tiers supérieur de l'écu. Le mot « gueules » signifie « rouge ».
La tour rappelle l'ancienne ville fortifiée (dont on voit encore des traces) et la présence d'un château. Les fleurs de lys soulignent l'appartenance à la France[171].
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 21/05/2024 à 02:05 TU à partir des 266 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/03/2002 au 01/04/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Reichshoffen-Niederbronn-les-Bains comprend trois villes-centres (Gundershoffen,Niederbronn-les-Bains et Reichshoffen) et une commune de banlieue.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑L'Altkirch, vestige d'une église primitive de Reichshoffen, brochure touristique présentant le patrimoine de l'Altkirch, 2014, disponible à la mairie, à l'OT ou au musée de Reichshoffen.
L'Église Saint-Michel de Reichshoffen classée monument historique (1921), Reichshoffen, 1994 (plaquette réalisée pour l'inauguration de l'Église rénovée le 6 mars 1994)
Reichshoffen, pp. 256-257, Dessins de relevés et d'illustration sont de Walter Herrmann, André Lerch, Christian Rémy. Images de synthèse de Fabien Postif et Photos de Dominique Martinez
La société d’histoire et d’archéologie de Reichshoffen et environs (SHARE),Reichshoffen. Parcours touristique et historique, Reichshoffen, Ville de Reichshoffen, 18 p.
Le patrimoine architectural et mobilier de la commune sur le site officiel duministère français de la Culture "Plateforme ouverte du patrimoine" (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Région Alsace