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Reichsgau Danzig Westpreußen

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Reichsgau de Dantzig-Prusse occidentale
(de) Reichsgau Danzig Westpreußen

19391945

DrapeauBlason
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Reichsgau de Dantzig Prusse-Occidentale en 1943
Informations générales
StatutTerritoire annexé auTroisième Reich.
CapitaleDantzig
Histoire et événements
Création
Reddition des dernières troupes allemandes déployées dans leGau
Gauleiter
-Albert Forster

Entités précédentes :

Entités suivantes :

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LeReichsgau Danzig Westpreußen (Reichsgau Dantzig et Prusse-Occidentale) est une circonscription administrative duReich[N 1], constituée du territoire polonais ducorridor de Dantzig et de celui de laville libre de Dantzig.

Créé par le décret du définissant le régime des territoires annexés à la suite de lacampagne de Pologne, leReichsgau est confié àAlbert Forster, militant de longue date duNSDAP. Comme dans leWartheland, les responsables nazis souhaitent la mise en place d'un régime politique et racial conforme aux principes nazis d'organisation de la société allemande. Un nouvel ordre administratif est mis en place, tandis que les personnes jugées indésirables sont évacuées ou exterminées.

Le territoire duGau est épargné par les combats de laSeconde Guerre mondiale jusqu'au mois de. L'offensive d'hiver soviétique balaie alors leReichsgau, âprement défendu par laWehrmacht, tandis que les civils allemands fuient dans la panique l'avance de l'Armée Rouge.

Création d'un Reichsgau

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Préparé alors queHitler semble hésiter sur le devenir des territoires polonais dévolus au Reich à la suite dupacte germano-soviétique, le décret du, destiné à être appliqué le suivant[1], organise l'administration de ces territoires annexés : sont créés deuxGaue, leGau Wartheland (qui porte, jusqu'au, le nom de Gau dePosnanie[2]), et leGau de Dantzig-Prusse-Occidentale, tandis que d'autres territoires sont rattachés auGau de Basse Silésie et auGau de Prusse-Orientale.

Au sein duReichsgau centré autour deDantzig,Albert Forster exerce son autorité à la fois sur leparti, sur les organes administratifs duReich et sur les services administratifsprussiens territorialement compétents[3].

Un territoire à part dans le Reich

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Photographie d'un homme en costume
Ian Kershaw, ici en 2012, définit ledroit dans leGau comme le bon vouloir d'Albert Forster.

Le décret du définit notamment le statut des territoires annexés et la condition juridique de leurs habitants ; dans cette zone de non droit,rechtsfreier Raum[4], également zone expérimentale de la société nationale-socialiste[5], les habitants allemands ne bénéficient pas des droits des citoyens de l'Altreich[4]. PourIan Kershaw, le droit dans leReichsgau est l'expression dupouvoir discrétionnaire de Forster, véritable« Hitler au petit pied », des responsables locaux duNSDAP et des cadres de ses organisations satellites[6],[7].

De plus, les dispositions légales en vigueur dans le Reich ne s'appliquent pas dans le Reichsgau[5] ; lecode pénal en vigueur dans leReich ne s'y applique pas tandis que les Allemands originaires duReichsGau voient leur liberté de déplacement dans les autresGaue duReich conditionnée à l'obtention d'un laissez-passer délivré par les services duGauleiter[2].

De même, les dispositions de la loi de, régissant le droit foncier dans leReich, ne sont pas applicables dans leReichsgau. La distribution des propriétés agricoles à des colons allemands relève de la compétence duCommissariat pour le renforcement de la race allemande, placé sous la direction de Himmler. Ces propriétés sont dévolues à titre provisoire, le bénéficiaire contractant en son nom et au nom de sa descendance une dette : s'il se révèle incapable de la rembourser, sa propriété, révocable (s'apparentant à unetenure, à unfief), lui est reprise par leReichsführer[8].

LeGau est également déclarékonkordatsfreie Zone, zone exclue du champ d'application d'unconcordat. En effet, ni le concordat polonais du[N 2], ni leconcordat du Reich du, ne sont applicables. Cette situation permet à Forster de mener une politique de déchristianisation intensive dans son Gau[N 3],[9],[10].

Enfin, l'« état d'exception administratif »[11] favorise la mise en place, sur le territoire duReichsgau, d'un enchevêtrement de pouvoirs spéciaux et de missions spéciales voulu par Hitler[12] qui s'ajoutent aux organismes exerçant des prérogatives de l'État allemand : le principe de l'unité juridique et administrative du Reich se trouve ainsi durablement remis en cause[13], si bien que leministre de l'Intérieur n'a aucune prise sur la politique menée dans leGau[12].

LeGauleiter

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Articles détaillés :Gauleiter etAlbert Forster.
Photographie en noir et blanc d'un homme en uniforme.
Albert Forster, en uniforme deGauleiter.

NomméGauleiter lors de la création duGau, Albert Forster, égalementReichsstatthalter, constitue l'archétype du vieux combattant duparti nazi[14] : il est envoyé parHermann Göring en 1930 àDantzig, pour y diriger leNSDAP. De plus, sa proximité avecHitler lui assure une grande liberté d'action face aux autres centres de pouvoir duReich[15].

Lors de l'avancée des troupes allemandes en Pologne, en, il est désigné, le, comme responsable de l'administration du district militaire de Dantzig-Prusse-Occidentale, dans l'attente de la réorganisation administrative des territoires conquis. Il est alors placé, commeArthur Greiser àPosen, sous l'autorité hiérarchique de l'administration militaire, dirigée parHans Frank ; Forster, nommé directement par Hitler, dépend théoriquement du commandement deGerd von Rundstedt[16]. Au terme de quelques semaines de cohabitation houleuse avec lesmilitaires[N 4], Forster est finalement nommé par Hitler leReichskommissar du district de Dantzig-Prusse-Occidentale, puis, le lendemain,Gauleiter d'unGau destiné à être mis en place à partir du[1].

Ne relevant directement et personnellement que deHitler[17],[18], Forster dispose, pour réaliser le programme nazi dans sa circonscription, de prérogatives telles qu'aucun autre responsable duReich ne peut efficacement contrôler son action[19]. La possibilité d'accéder directement auFührer lui permet, jusqu'aux derniers jours du conflit, d'imposer sa vision de la défense militaire de sonGau, même dans lescirconstances tragiques de la conquête de Dantzig par l'Armée rouge, parfois contre l'avis des commandants d'unités[20].

Forster dispose également d'une totale liberté de parole : ses plaintes formulées à l'encontre des militaires peu de temps avant la mise en place duGau, précipitent la réorganisation des territoires conquis[1] ; il fait aussi part àJosef Goebbels des échecs essuyés parHeinrich Himmler dans la mise en œuvre de la politique raciale de laSS dans les territoires polonais annexés par leReich[21].

La mise en place des structures administratives

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Rapidement, les structures de l'État allemand se mettent en place selon les modalités spécifiques définies par le décret du fixant le statut des différents territoires polonais dévolus auReich.

Albert Forster exerce son autorité aussi bien sur leparti en tant queGauleiter que sur les antennes locales des services administratifs des ministères allemands etprussiens en tant queReichsstatthalter[22].

UnHöherer SS- und Polizeiführer est nommé,Richard Hildebrandt[22]. Officiellement subordonné à Forster, Hildebrandt court-circuite, dans de nombreux domaines, leGauleiter[22]. De plus, Hildebrandt tente également de mener une politique autonome au sein de la SS, appuyé sur les milices deVolksdeutsche, notamment celle deKurt Eimann (de). Face à ces velléités d'indépendance, leReichsführer SS rappelle en à son subordonné leurs prérogatives respectives, notamment en indiquant auHöherer SS- und Polizeiführer qu'il ne peut ouvrir des camps de concentration sans son accord ou mettre en place une milice autonome au sein de la SS[23].

De plus, une région militaire est créée, leWehrkreis XX, sous l'autorité dugénéral Max Bock[24].

Allemands et Polonais dans le Reichsgau

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Dès le mois d', affranchi de l'ensemble des cadres légaux de l'État de droit[25], Hitler définit, le plus souvent oralement[5], les principes de la politique destinée à être menée dans les territoires contrôlés par leReich, principes tirés de sa vision duVolkstumskampf, du combat racial[26], qu'il souhaite voir appliquer aux territoires polonais contrôlés par leReich, et les objectifs qu'il assigne à ses représentants en Pologne. Le territoire sous contrôle allemand est divisé en deux sous-ensembles : un territoire à germaniser (auquel appartient leGau) et un territoire occupé, leGouvernement Général[27]. Mais cette dichotomie n'empêche pas la SS de considérer, dans le cadre du décret du, nommant Himmler commissaire du Reich chargé du renforcement de la race allemande[28], que la politique raciale relève de sa compétence[29].

Composée de 37 % d'Allemands, de 7 % decachoubes[30], la population est soumise à une germanisation renforcée, régie par les décrets du, du et du, précisés ou amendés par des circulaires de Himmler ou des propos de Hitler[31]. En effet, ayant reçu pour consigne de germaniser sonGau en dix années, Forster, comme Greiser à Posen, n'est entravé dans cette politique radicale par aucunerègle juridique,légale ouadministrative, donnant auxReichsgaue un caractère expérimental pour l'ordre nouveau national-socialiste[5].

Appuyés par les conclusions obtenues dans le cadre de l'Ostforschung, les concepteurs de la politique ethnique et raciale menée dans lesReichsgaue affirment que les territoires immédiatement limitrophes des territoires germaniques ont connu une forte influence culturelle et politique venue des territoires allemands[32]. Ainsi, la ville de Dantzig est destinée, selon le mot de Hitler, à devenir« allemande comme du cristal »[33]. Cette politique raciale définie par Hitler est menée depuis Gotenhafen par une antenne locale d'une officine spécialisée dans la politique raciale, l'Einwanderzentralstelle, dépendante duRSHA[34].

Germanisation et colonisation

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Cachoubes
LesCachoubes sont germanisés de façon systématique (dessin duXIXe siècle).

Reprenant l'idée deGreiser dans leWartheland, défendant en même temps que lui l'idée qu'on peut capter chez les Polonais des éléments de germanité, qu'il est possible deregermaniser[35], Forster met en place uneVolksliste qui recense et classe les Allemands et les habitants germanisables duGau en quatre catégories : la catégorie I regroupe les membres du peuple allemand,citoyens de plein droit, la catégorie II les citoyens ne pouvant être membres du NSDAP, la catégorie III est constituée par lesVolksdeutsche et la catégorie IV par les« allogènes racialement apparentés »[33]. Cependant, en s'appuyant sur les conclusions d'une étude réalisée parHans Günther[N 5] et portant sur la population de sonGau, notamment sur lesCachoubes[36], rendue publique au mois de, Forster défend la mise en œuvre d'une politique raciale assimilatrice, à l'antipode de son collègue du Wartheland. Dans ce cadre, leGauleiter ne mène pas de politique restrictive d'inscription sur laVolksliste, à la grande colère de Himmler[37].

Cette politique visant à intégrer certaines populations à laVolksgemeinschaft est rendue possible par l'attribution auNSDAP, et non à la SS, de la politique raciale dans leReichsgau[37] ; dans les faits, Forster, en tant queGauleiter, n'encourage aucune sélection raciale systématique dans une région anciennement peuplée deGoths et deVikings[35]. Contre l'avis de Himmler[21], mais avec l'appui de Hitler, plus pragmatique, de laWehrmacht, qui se trouve ainsi en mesure d'incorporer ainsi davantage d'hommes dans ses effectifs[37], de l'anthropologueHans Günther et deRichard Darré,ministre de l'agriculture jusqu'en 1942[36], Forster parvient à inscrire sur laVolksliste 938 000 personnes jusqu'au[37], dont près de 77 % sont issus des catégories III et IV. Pour Forster, ses soutiens au sein du parti et au sein des milieux de la recherche nazie, cette politique d'inscription sur laVolksliste se veut la matérialisation d'un encouragement au métissage racial d'un peuple en manque d'hommes, à l'opposé de ce que souhaitent les intellectuels SS[38],[39].

Menée conjointement avec cette politique raciale, la politique coloniale dans leGau, que les concepteurs duschéma général de l'Est souhaitent intensive[40] suppose non seulement l'installation deVolksdeutsche venus de toute l'Europe[41], mais aussi une appétence des Allemands pour la colonisation et l'installation dans la région de Dantzig[42]. Pour cela, s'organise un officecadastral à Dantzig contrôlé par leRuSHA[41].

Himmler propose, pour mettre en application les multiples projets qui fleurissent, d'utiliser lesVolksdeutsche rapatriés des pays baltes et dûment soumis à un examen racial, pour peupler d'Allemands le port deGotenhafen[43].

Ainsi, lesVolksdeutsche des pays baltes rapatriés en vertu desaccords germano-soviétiques sont dirigés versGotenhafen, transformée en colonie de peuplement. Destiné à accueillir les Allemands rapatriés desPays baltes, le port est ainsi vidé en de la moitié de sa population et doté d'un bureau central de l'immigration, confié à la SS et compétent pour mener les expulsions des Polonais et l'installation desAllemands de la Baltique dans le district deGotenhafen (ces derniers sont annoncés à partir du suivant)[44]. Rapidement, les projets de Himmler pour le district tournent au fiasco, au grand amusement duGauleiter, comme le reconnaît leHSSPF en poste,Richard Hildebrandt[45]. Devant l'afflux de plaintes, Himmler est obligé d'impliquer dans son projet les administrations des territoires voisins[46].

La politique de germanisation intensive duGau s'accompagne d'une sévère politique dedéchristianisation, à Bromberg, notamment, où seuls 17 prêtres catholiques demeurent dans la ville après les deux vagues de terreur qui frappent la population polonaise[47].

Les Polonais

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Photographie d'une affiche rédigée en allemand et en polonais.
Avis d'expulsion des Polonais deGotenhafen.

Albert Forster souhaite transformer sonGau en une« province florissante, purement allemande »[48].

Ainsi, dès les premiers jours de l'occupation, dans un contexte exacerbé par lesmassacres de Bromberg du début du mois de, une première campagne de terreur systématique, mais« chaotique » s'abat sur les Polonais, orchestrée par leSD, et mise en œuvre par lesEinsatzgruppen et laSelbstschutz. À Gotenhafen, par exemple, 5 000 fonctionnaires polonais sont arrêtés et internés dès les premiers jours du conflit, puis, au terme de sélections plus ou moins arbitraires, 80 personnes sont fusillées[49]. Au terme de cette première campagne de terreur, menée concurremment à l'établissement duGau, 20 000 personnes sont assassinées et 87 000 expulsées[50].

De plus, dès les premiers mois d'existence duGau, en dépit des protestations des responsables de l'administration militaire[51], les Polonais sont soumis à une deuxième vague de terreur. 20 000 d'entre eux sont exterminés sur les territoires dévolus auReichsgau jusqu'à la fin de l'année[52]. Les élites polonaises, enseignants, officiers, fonctionnaires, militants nationalistes, sont exécutés, dans un premier temps de façon désordonnée jusqu'à la fin du mois d'octobre, puis, dans un second temps, mis à mort dans le cadre d'une action spécifique confiée auxEinsatzgruppen, l'Opération Tannenberg, ordonnée directement par Hitler[53]. Cette campagne de terreur s'accompagne de nombreux règlements de compte[47]. La persécution de la population polonaise se traduit aussi via les internements et assassinats aucamp de concentration du Stutthof, créé dès : sur un total de 100 000 internés, 60 000 personnes y périssent[54].

Armoiries.
Lediocèse de Chełmno est décapité par la politique religieuse menée dans le Gau.

Le clergé catholique polonais, considéré comme un pilier de l'identité nationale polonaise[55], est également visé par ces vagues d'arrestations. Dix des douze prêtres polonais que compte la ville de Dantzig avant l'invasion allemande et 380 ecclésiastiques polonais dudiocèse de Chelmno sont arrêtés, notamment son évêque auxiliaire, Konstantyn Dominik, interné à Dantzig ; en 1942, la hiérarchie catholique compte 210 prêtres dans le diocèse[56].

Dans le cadre de la politique de colonisation voulue par Himmler, 40 000 Polonais de Gotenhafen, représentant alors la moitié de la population de la ville, sont évacués de force en, avec la complicité de laWehrmacht[57].

Les crimes nazis dans leReichsgau

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Articles détaillés :Crimes de guerre en Pologne occupée,Camp de concentration du Stutthof etAktion T4.

Dès la conquête, Hitler fixe les objectifs raciaux à mener dans l'ensemble desterritoires anciennement polonais. Dans le cadre duVolkstumskampf, le meurtre collectif des cadres politiques, économiques, intellectuels de la société polonaise, ainsi que de la totalité des Juifs et des malades mentaux, est pensé comme systématique et doit se faire sans la moindre contrainte juridique[26].

Les malades mentaux

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Article détaillé :Action T4.

Dans le cadre de l'action T4, visant une pureté raciale au sein même de laVolksgemeinschaft[58], de nombreux malades mentaux, originaires ou non des territoires duGau, sont assassinés dans leReichsgau. Les hommes duWachsturmbann Eimann exécutent non seulement les patients des hôpitaux psychiatriques de la région, mais également, à la demande de Franz Schwede,Gauleiter dePoméranie, 1 200 patients internés dans les hôpitaux de Poméranie[59].

Acheminés dans la banlieue de Neustadt, au Nord de Dantzig, les patients sont exécutés dans des fosses communes creusées par des détenus ducamp du Stutthof, assassinés en fin de journée[60]. Selon le rapport même de Kurt Eimann, près de 3 000 personnes sont exécutées dans le cadre de cette opération[61].

La Shoah dans le Reichsgau

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Articles détaillés :Opération Tannenberg,Shoah en Pologne,Camp de concentration du Stutthof etMarches de la mort (Shoah).
Photographie d'un mirador en bois au-dessus d'un portail.
L'entrée du camp duStutthof.

Dans leReichsgau, l'extermination des Juifs commence avant même sa création en tant qu'entité administrative : dans le sillage des troupes d'invasion, lesEinsatzgruppen assassinent de nombreux Juifs[53]. Cependant, en raison de la proximité de la région avec le Reich, peu de Juifs se sont installés dans la région et la plupart d'entre eux a fui dès les premiers jours du conflit : les Juifs restants sur place sont rapidement expulsés ou fusillés avant la fin de l'année 1939. La ville deBromberg est déclaréejudenfrei,« libérée des Juifs » selon la terminologie nazie, en[62], puis, dans les jours qui suivent, les derniers Juifs de la région sont expulsés ou assassinés par les hommes de laSelbstschutz[63].

Dans les mois qui suivent, un camp de concentration est créé à proximité de Dantzig, auStutthof. Rapidement, les détenus sont employés pour les besoins de l'économie allemande, dans les industries contrôlées par la SS, dans des fermes situées à proximité, voire dans une usine d'aviation de la firmeFocke-Wulf[54]. À partir de l'été 1944, y sont notamment déportés les Juifs internés dans les camps de concentration de l'Ostland,Kaiserwald,Kaunas etVaivara[64] et duGouvernement général de Pologne, menacés par lessuccès soviétiques de l'été 1944, comme les Juives dughetto de Kovno et les habitants dughetto de Shavli en[60],[65].Le premier gazage auZyklon B se déroule le, assassinant une centaine de victimes polonaises et biélorusses condamnées à mort par leRSHA[66]. Les gazages de Juifs et de Juives âgés, malades ou jugés inaptes au travail s'effectuent entre et. On compte 300 victimes, des Juiveshongroises en août, 300 en septembre, 600 en octobre et environ 250 en novembre[67].

Dès la fin de l'été, les responsables du camp commencent à l'évacuer[68], selon des modalités tout juste définies[69], par train, à la fin de l'année 1944, puisà pied, versLauenbourg, en[64]. Évacués vers l'Est, en direction des ports,Pillau,Dantzig ouGotenhafen[69], la majeure partie des détenus doit rebrousser chemin, les gardes SS fuyant devant l'avance soviétique. Revenus dans le camp, ces détenus survivent dans des conditions effroyables[54]. Certains sont exterminés dans les derniers jours de[70]. En, 3 000 détenus sont encore évacués par mer en direction deLübeck, puis massacrés par les gardes SS et des soldats de laKriegsmarine[71].

LeReichsgau dans la guerre

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Mis en place au cours du mois d', leGau connaît pendant le conflit une évolution particulière : zone refuge pour les populations frappées par les bombardements alliés à partir de 1942, il est directement menacé par la conquête soviétique à partir de la seconde moitié du mois de, lors de la phase d'exploitation de la percée soviétique obtenue le. Cependant, la conquête n'est pas totalement achevée lors de la capitulation, les unités allemandes défendant la région avec acharnement. Entre la mise en place duReichsgau et la conquête soviétique, LeGau est soumis à un pillage en règle par les autorités allemandes.

Exploitation économique

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Photographie en noir et blanc d'un homme en complet.
Ludwig Schwerin von Krosigk, ici en 1932, participe à la mise en coupe réglée des richesses duGau.

Rapidement, leGau, à l'instar des autres territoires conquis, est mis en coupe réglée. En dépit de la politique erratique des premiers mois, nécessitant l'intervention deGöring, il est rapidement exploité au profit duReich et de son économie de guerre[52]. Dès le, dans un contexte marqué par les frictions entre laSS et l'armée autour de la politique d'occupation en Pologne,Göring, en tant que plénipotentiaire pour leplan de quatre ans, convoque une réunion à laquelle sont conviés les responsables nazis des territoires orientaux contrôlés par leReich, dont leGauleiter Albert Forster, leReichsführerHeinrich Himmler et leministre de l'économie,Lutz Schwerin von Krosigk ; il y rappelle les objectifs assignés aux territoires polonais occupés ou annexés par leReich : renforcer le potentiel économique duReich[51], y compris aux dépens de la politique raciale à court terme[72].

En vertu du décret d'annexion de 1939 leReichsmark devient la monnaie légale en vigueur, obligeant les habitants duGau à convertir leurzłoty enReichsmarks, laReichsbank récupérant ainsi par ce biais, dans les territoires polonais annexés, la somme de 660 millions de złotys, utilisés pour financer les achats allemands dans leGouvernement général, où cette monnaie acours légal[73].

Enfin, cette exploitation s'effectue aussi en utilisant les ressources du système fiscal en vigueur dans leReich, en étendant et en systématisant le système fiscal mis en place pour les Juifs dans leReich. Exclus du système social allemand, les Polonais duGau doivent s'acquitter d'une taxe spéciale, la« taxe de compensation des prestations ». De plus, les Polonais sont systématiquement soumis aux tranches les plus défavorables du calcul de l'impôt sur le revenu[74].

Évolution du Gau durant le conflit

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Photographie en noir et blanc dans un avion.
Heinz Guderian (à droite), ici en 1943, ordonne la mise en défense duGau durant l'été 1944.

Au cours de la seconde moitié de l'année 1944, leGau est mis en défense, conformément aux consignes édictées parHeinz Guderian, chef d'état-major adjoint de l'OKH, dans son décret du, relatif à l'érection de fortifications dans lesGaue orientaux duReich[75], ces fortifications s'appuyant en partie sur les celles érigées dans les années 1930 par laPologne[76].

Jusqu'au début de l'année 1945, leGau semble globalement épargné par le conflit, le front en étant encore éloigné, contenu à proximité deVarsovie et sur les confins orientaux de laprovince de Prusse-Orientale[77]. Cependant, l'arrivée des premiers réfugiés de Prusse-Orientale, à partir du mois de, fait entrer leReichsgau dans la guerre ; de plus, cet exode contribue au discrédit auprès des populations allemandes duNSDAP et de Forster,responsables régional du parti[78].

Dans le même temps, le port de Dantzig est utilisé comme base arrière pour lesunités stationnées en Courlande et comme port de ralliement des unités de laKriegsmarine qui sont déployées dans laMer Baltique et qui surclassent les unités de laflotte de guerre soviétique déployées sur ce théâtre d'opérations[79].

La volatilisation dans la tourmente de l'hiver et du printemps 1945

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Article détaillé :Offensive de Poméranie orientale.
Photographie en noir et blanc d'homme en uniforme et portant des lunettes.
Heinrich Himmler, ici en 1942, obtient des bateaux pour procéder à l'évacuation des civils allemands de la région.

Lessuccès soviétiques de l'hiver 1945 menacent directement le territoire duGau à partir du. À partir de ce moment, la ville de Dantzig et sa région deviennent le refuge des Allemandsfuyant la Prusse-Orientale et leWartheland,submergés par les unités soviétiques[80]. En effet, le secteur est bien défendu par des unités de l'armée, appuyées sur les fortifications du port de guerre de Dantzig[81].

Les succès soviétiques de l'hiver 1945 isolent non seulement leGau de tout contact terrestre avec leReich, mais rendent aussi précaire la survie des populations allemandes de la région. Celles-ci, soumises à des informations contradictoires, tentent d'échapper à l'Armée rouge par lamer[82]. Pour faciliter leur évacuation, Forster etHimmler demandent, le, l'appui deKarl Kaufmann,Gauleiter deHambourg, pour l'évacuation des réfugiés rassemblés dans la région de Dantzig[83], tandis que Forster tente d'exposer la situation désespérée de son chef-lieu à Hitler, qui lui remonte le moral, selonChrista Schroeder[20]. L'accord avec Kaufmann rend possible la mobilisation de 1 080 navires, pour les deux tiers desnavires marchands, afin d'évacuer des réfugiés allemands originaires de régions plus à l'Est, ou pour maintenir une menace persistante de transferts de grandes unités allemandes stationnées sur le pourtour de la Baltique[76].

Cependant, à la faveur du remplacement deWalter Weiss parDietrich von Saucken le, Forster, totalement démoralisé, est obligé de laisser la réalité du pouvoir aux militaires, qui tentent d'organiser la défense de manière à permettre l'évacuation d'un maximum de civils[76].

Conquête par l'Armée rouge

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Articles détaillés :Offensive Vistule-Oder etOpération Sonnenwende.
Photographie en noir et blanc d'un homme assis dans un véhicule.
Constantin Rokossovski commande le2e front de Biélorussie, chargé de la conquête de la région.

La conquête de la Prusse-Occidentale constitue l'un des objectifs de l'Armée rouge au début de l'année 1945. Théâtre de multiples contre-attaques allemandes, dont ladernière grande offensive sur cette partie du front, le territoire duReichsgau est définitivement conquis durant les mois de et de, en dépit des nombreuses mesures de mise en défense des ports stratégiques deDantzig etGotenhafen et des capacités d’improvisation du commandant de laforteresse de Dantzig (de), puissamment fortifiée[84].

La ville deBromberg est atteinte par les troupes soviétiques lors de la phase d'exploitation de l'offensive d'hiver soviétique le et totalement libérée quatre jours plus tard[85]. Le sud duGau est ainsi rapidement conquis par l'Armée rouge, qui marque cependant le pas et échoue, dans un premier temps, à atteindre la Baltique, lors d'une vaine offensive lancée au cours du mois de. Puis, dans un second temps, après avoir tiré les leçons de cet échec, une nouvelle offensive montée et exécutée durant la dernière semaine de aboutit à la rupture recherchée[86].

Le, ce qui reste duReichsgau sous contrôle allemand est définitivement isolé du reste de laPrusse[82]. La zone encore sous contrôle allemand constitue une poche de 150 km de périmètre autour des villes de Dantzig et Gotenhafen et se trouve défendue à la fois par les unités encore opérationnelles dans le secteur, par l'artillerie de marine, les canons à gros calibres des vaisseaux de guerre stationnés dans la baie de Dantzig et par les hommes raflés dans les services de l'arrière, les villes, les villages et parmi les colonnes de réfugiés[87] : cette concentration de moyens bricolés bloque les troupes soviétiques dans leur progression en direction de Dantzig en dépit de la rupture du front obtenue lors de la prise dePreussisch Stargard le[88].

Dotées d'un bon moral, réorganisées sous la houlette deWalter Weiss, puis deDietrich von Saucken[76], soutenues par des unités de lamarine de guerre, qui tirent des bordées à intervalles réguliers et par une puissante artillerie de marine positionnée sur la côte, les unités qui défendent les ports de Dantzig et Gotenhafen résistent efficacement jusqu'à la fin du mois demars[82] : le, la poche organisée autour de ces ports est sectionnée par l'investissement deZoppot, définitivement conquise le[89]. Gotenhafen, directement menacée par la conquête dePutzig le, résiste jusqu'au, Dantzig jusqu'à son évacuation le lendemain[90].

Le jour de la capitulation du Troisième Reich, le, la totalité du territoire duGau ne se trouve pas sous contrôle soviétique : deux enclaves subsistent, lapresqu'île deHela et lecamp du Stutthof. Lapresqu'île deHela est encore occupée par ce qu'il reste duGroupe d'armées Nord, constituant une force de 150 000 soldats évacués lors de laconquête de la Prusse-Orientale[91] et accueille près de 100 000 réfugiés[92]. Le territoire du camp du Stutthof constitue l'autre enclave non encore libérée par l'Armée rouge : totalement encerclé, le camp estévacué dans des conditions effroyables par lamer à la fin du mois d' ; lors de l'entrée des Soviétiques dans le camp, le, le camp compte encore une centaine de détenus, cachés depuis l'évacuation ordonnée par les gardes SS[54].

Notes et références

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Notes

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  1. Entre1871 et1945, le nom officiel de l'État national allemand estDeutsches Reich, simplement désigné par le terme Reich par la suite.
  2. Ce concordat est déclaré caduc, en raison de la disparition de l'État polonais.
  3. Arthur Greiser mène une politique comparable dans leWartheland.
  4. Forster les accuse d'être imperméable à sa politique raciale.
  5. Celui-ci défend l'idée d'une germanisation rapide des populations non allemandes duReichsgau.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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