Le terme fut appliqué pour la première fois à l'attitude d'Otto von Bismarck qui suivait la trace deMetternich dans la recherche diplomatique d'un équilibre pacifique entre empires européens.
Lors de la guerre de1866, il négocia l'allianceitalienne pour attaquer l'Autriche et les États du Sud de l'Allemagne. Après labataille de Sadowa, il s'abstint de demander des réparations pour permettre l'éclosion d'un Empire allemand sous l'autorité du roi dePrusse. Il se justifia àGuillaumeIer :
« Nous ne devons pas choisir un tribunal, nous devons bâtir une politique allemande. »
L'aide de l'Autriche fut ainsi plus facile à obtenir par la suite lors de laguerre de 1870 contre laFrance.
Les origines de larealpolitik peuvent être recherchées chezNicolas Machiavel qui, dans son ouvrageLe Prince (1513), établit que le seul but d'un prince devait être la recherche du pouvoir, indépendamment des questions religieuses et morales, estimant quela fin justifie les moyens.
Larealpolitik est par principe une gestion très diplomatique de la paix. Elle tend à éviter de recourir à lacourse aux armements. Elle est fondée sur une prise de décision en connaissance du maximum de données et en sauvegardant le maximum d'options. Un de ses moyens est une large acceptation par l'opinion publique.
Le terme demoralpolitik, soit « politiquemorale » est forgé ultérieurement en opposition à larealpolitik. Le principe désigne une approche plushumanitaire,conciliatrice, fondée sur desvaleurs[3],[4].
On assiste généralement dans tous les partis et gouvernements à une opposition entre les « realpoliticiens » et les « fondamentalistes » suivant leur attitude face à des compromis sur leurs idées. Le terme est aussi employé négativement pour souligner l'abandon des principes éthiques au profit d'intérêts nationaux (territoriaux, économiques…). Exemple : fermer les yeux sur les exactions commises par un dictateur pour tirer parti de l'exploitation des ressources présentes sur son territoire.
EnAllemagne, le terme a un sens bien plus simple de réaliste pour distinguer les politiques modestes, simples, des utopies trop zélées.
EnFrance, le terme possède deux sens. Positivement, il est employé dans le sens d'abandonner ses idéaux pour composer avec la réalité. Dans son sens négatif, il est utilisé pour indiquer un manque de vision politique conduisant à un règlement uniquement à court terme des problèmes.