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| Sépulture | Division 10 du cimetière du Père-Lachaise(d) |
| Nom de naissance | Raymond Marcel Ernest Cartier |
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Raymond Cartier est un journaliste français né àNiort le et mort aParis16e le[2],[3], à qui l'on a attribué par erreur la formule : « LaCorrèze avant leZambèze »[4], qui a en fait été connue à la suite de son utilisation parJean Montalat, en 1964, à l'Assemblée nationale[5],[6].
Licencié en droit et lettres de l'université de Paris, il se consacre au journalisme et en 1937, participe au lancement du journalL'Époque. Il est proche du parlementaire de droiteHenri de Kérillis. En 1939, ils publientLaisserons-nous démembrer la France ?, essai dans lequel ils expriment leurs profondes convictions antimunichoises. Ce livre consacre un chapitre aux enjeux économiques de la future confrontation avec l'Allemagne (la route du fer et la route du blé) et préfigure donc son recours à une analyse macro-économique des problèmes géopolitiques.
Raymond Cartier fut en 1944-1945 capitaine à la Sécurité militaire. C'est lui qui interrogea en premier le prisonnierKurt Gerstein (officier nazi opposé à laShoah) alors en semi-liberté à la « pension Mohren » deRottweil en Forêt noire[7].
Après guerre, il est correspondant àNew York pourSamedi Soir. Il retrouve auxÉtats-UnisHenri de Kérillis, vivant en « exil » enNouvelle-Angleterre, et qu'il avait connu avant guerre comme animateur duCentre de propagande des républicains nationaux.
Il est grand chroniqueur àParis Match dès les années 1950 (Indochine, CED, relations avec les USA, etc.). Ces chroniques, qui portent sur l'actualité internationale et lagéopolitique font le succès du titre.
Respecté, à l'instar deRaymond Aron, comme une grande plume de la presse écrite et comme une voix officieuse de la France, il publie en 1966 une monumentaleHistoire de laSeconde Guerre mondiale aux éditions Paris-Match Larousse, dont l'iconographie (cartes, photos) et la qualité du texte restent une référence.
Il meurt en 1975 et son épouse Rosie en 2014. Ses papiers personnels sont conservés auxArchives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 14AR :inventaire du fonds 14AR.
Sonanticolonialisme pragmatique souligne l'idée que laFrance doit privilégier son propre territoire (la métropole) avant de s'occuper de ses colonies. Dans une série d'articles parus dansParis-Match en 1956, il appelle ainsi à consacrer au développement économique de la France métropolitaine « des crédits inopportunément dépensés en Afrique noire »[8]. Selon un sentiment assez répandu à l'époque, la possession de ces territoires, réunis sous le nom d'Union française, apparaît désormais, plutôt un handicap, pour le pays et son rang. En ce sens, le cartierisme se situe à l'opposé des analyses marxistes sur le fait colonial. Les penseurs marxistes considèrent en effet que par les richesses extraites, les colonies étaient nécessaires à la survie du capitalisme, d'où l'engagement des partis communistes européens dans la lutte anticoloniale pendant l'entre-deux-guerres.
Sa posture anticoloniale fut critiquée. Les mouvements anticoloniaux rejetaient dans cette position l'absence de condamnation morale, et à partir des années 1970, à la fin des luttes coloniales, l'argumentaire de Cartier fut retourné contre lui puisque l'efficacité économique pouvait aussi justifier la mainmise sur les richesses des États nouvellement indépendants par l'ancienne métropole (néocolonialisme).
Ses origines provinciales et la célèbre formule que certains lui attribuèrent à tort (« LaCorrèze avant le Zambèze ») ne doivent pas laisser supposer une sensibilité régionaliste chez lui. Son cadre d'analyse reste l'État-nation.
Par la suite, son anticolonialisme pragmatique et argumenté a souvent été caricaturé par un public qui n'en retenait que les phrases choc.
Outre son anticolonialisme, Cartier soutient avec force la construction européenne. Il rédige plusieurs articles et livres sur l'Europe dontLes 19 Europes, tableau des pays de l'Europe de l'Ouest.