Shyama Shankar, son père, était fils de Barapa Shankar, riche propriétaire terrien, dont il hérita des terres dans l'est duBengale. Il avait suivi des études brillantes d'avocat, et se retrouva ministre (diwan) du Maharajah deJhalawar. Son épouse, Hemangini, accoucha d'un cinquième et dernier fils le, qu'ils appelèrent Robendra, surnommé d'abord Robu, puis plus tard Ravi. Robu Shankar est né dans la ville deVârânasî (Bénarès), haut lieu de pèlerinage pour les hindous. Son père faisait partie de la caste sacerdotale desbrahmanes, la plus haute dans la hiérarchie hindoue, mais n'exerçait aucune fonction religieuse. Shyama Shankar partit très tôt exercer àLondres en tant qu'avocat, puis àGenève, à laSociété des Nations. Puis il alla enseigner à l'Université Columbia àNew York. Il mourut lorsque Robu avait 15 ans.
À cette époque Uday, le frère aîné, dirige une troupe d'artistes, et engage le petit Robu comme danseur. Lui veut être acteur, mais danser dans une troupe qui l'emmena deBénarès àBombay, puis àVenise,Paris etLondres lui semble un bon début de carrière. La famille s'installe même quelque temps à Paris, en1930. Uday veut alors pour sa troupe un des meilleurs musiciens indiens et fait venir l'illustre UstadAllauddin Khan. Robu est très impressionné par son talent, lui qui s'essayait déjà depuis quelques années à lavînâ, à l'esraj et ausitar, en plus de la danse et du chant. À la mort de son mari, Hemangini Shankar confie Robu auguru musicien, qui accepte de le prendre sous son aile, comme un fils, à la condition que le jeune Robu se consacre exclusivement à son enseignement et abandonne le reste.
C'est lorsque son frère décide d'arrêter la troupe et de rentrer enInde, que Robu prend la grande décision de sa vie. Il se rase la tête, enfile des vêtements très simples, rejoint UstadAllauddin Khan, et reste sept années auprès de lui dans la tradition duGuru Kul, c’est-à-dire une initiation dans des conditions parfois très dures, surtout pour un petit dandy habitué aux hôtels de luxe. Il apprend lesitar, lesurbahar, le style et la technique de lavînâ, durabâb et dusursingar. Robu Shankar est très doué et, après ses études, il se fait vite remarquer par de grandes personnalités musicales indiennes.
Ce n'est qu'en1956, à l'âge de 36 ans, qu'il se produit en Amérique pour la première fois, et qu'il commence sous le nom deRavi Shankar sa « mission » de vulgarisation de lamusique indienne en Occident. Pourtant, lors du début du concert donné en 2000 auCarnegie Hall deNew York et distribué sous le titreFull Circle, il affirme avoir joué sur cette même scène en1938, en tant que danseur et musicien.
Le son particulier dusitar, avec tous ses effets de résonancesympathique, attire très vite les musiciens rock desannées 1960, en pleine recherche d'originalité, d'effets exotiques mystérieux et psychédéliques. En 1966,George Harrison, desBeatles, devient son élève et joue du sitar surNorwegian Wood, puis sur d'autres titres par la suite,Love you to etWithin you, without you.Brian Jones, desRolling Stones, utilise également le sitar surPaint It, Black.Collin Walcott, (qui fondera le groupeOregon), est le premier musicien occidental à intégrer le sitar et lestablâs dans la plus grande partie de ses compositions, après avoir étéroadie sur une tournée de Ravi Shankar.Shawn Phillips étudie aussi le sitar avec le Maître vers la même époque et l’intégrera à sa musique, mais de façon plus subtile. Shawn accompagne aussiDonovan au tout début de sa carrière en jouant du sitar, avant d'enregistrer ses propres albums sous son nom.
Pendant lesannées 1970 et1980, son emploi du temps est partagé entre l'enseignement, la scène et les enregistrements. Il donne des concerts dans toutes les grandes villes du monde. Il joue en1968 auFestival d'Avignon, quand une troupe d'« intellectuels contestataires » monte sur la scène pour crier des slogans poing levé, mais Ravi continue à jouer, comme si de rien n'était, les yeux perdus dans le vague, assis en tailleur au milieu des gens debout qui gesticulent[réf. nécessaire]. Il compose des musiques de films pourSatyajit Ray et celle deGandhi deRichard Attenborough.
Quelques albums notables durant cette période :Concerto for sitar avecAndré Previn, en1971,Shankar Family en1974, ou sa collaboration avec des musiciens japonais (East greets East), ou ses duos ausarod avecAli Akbar Khan, le fils de son gourou. En1987, il signe chez Private Music, le label dePeter Baumann du groupeTangerine Dream, et enregistreTana Mana, avec pour la première fois dessynthétiseurs, et de nombreux invités de tous horizons (leRavi Shankar Project), dont à nouveauGeorge Harrison au synthétiseur et chœurs,Al Kooper à la guitare et Ric Parnell aux percussions électroniques. Un album suit très vite au cours de sa tournée enURSS :Inside the Kremlin, puisPassages, en collaboration avecPhilip Glass. En1989, Ravi Shankar monte le projet scéniqueGhanashayam - a broken branch, qui mêle musique, théâtre et danse des traditions orientales et occidentales, un spectacle présenté enAngleterre par le City of Birmingham Touring Opera.
Concert de Ravi Shankar avec sa filleAnoushka, le 28 octobre 2005.
Il revient dans l'actualité en1997, en sortant l'albumChants of India (produit par Harrison), constitué uniquement dechants religieux, pour la plupartvédiques, et de compositions écrites dans le même esprit. Il ne produit ensuite qu'une série de rééditions ou de compilations, sauf pour sa fille et élève,Anoushka Shankar, qui sort plusieurs albums et l'accompagne désormais toujours en tournée. Son autre fille,Norah Jones, préfère lejazz et lapop et devient une star dans ce domaine. Son neveu,Ananda Shankar, fils de Uday Shankar, explore le métissage de la pop électro avec la musique indienne ; il joue également du sitar d'une façon plus occidentale mais très entraînante.
Peu à peu rejoint dans la notoriété par une jeune génération de virtuoses, comme les percussionnistes compositeursZakir Hussain etTrilok Gurtu, il demeure le musicien indien le plus renommé au monde et le premier ambassadeur de lamusique indienne.
En, son décès est annoncé par erreur à travers le monde, par confusion avec le décès d'unhomonyme, célèbre compositeur demusiques de films en Inde, et lui aussi mort à un âge avancé[5]. Finalement, Ravi Shankar meurt quelques mois après àSan Diego, le[4].
1971 :The Concert for Bangladesh (credited to George Harrison & Friends) avec George Harrison, Eric Clapton, Ringo Starr, Leon Russel, Badfinger, Bob Dylan, Billy Preston, etc.
1971 :Concerto for Sitar & Orchestra with London Symphony Orchestra and André Previn
1987 :Sitar Concertos and other works Avec Yehudi Menuhin, Allah Rakha, Jean-Pierre Rampal, Kamala Chakravarti, Terence Emery, André Prévin dirigeant le London Symphony Orchestra, avec aussi Zubin Mehta. Paru sur EMI Classics.