Le belvédère de la villa Cimbrone, orné de bustes en marbre duXVIIIe siècle, est prisé pour son panorama. De là, on aperçoit tout legolfe de Salerne avec ses vergers en terrasse, et même, loin au sud, les montagnes duCilento. La commune de 2 500 habitants, perchée sur le mont Torello, à quelque 350 mètres au-dessus de laMéditerranée, est gardée à l'est par un à-pic vertigineux, à l'ouest par la gorge du Dragon. Depuis le littoral et le port d'Amalfi, que Ravello surplombe, il faut grimper seize kilomètres d'une route à flanc de falaise. Là-haut, le chaos rocheux cède à la luxuriance des jardins ombrés depins parasols et depalmiers, à l'ordre des ruelles pavées, à l'élégance ouvragée des villas, édifiées auMoyen Âge[2].
C'est pourtant à un musicien que l'on doit la phrase la plus fameuse jamais prononcée sur Ravello :Richard Wagner. En 1880, dans l'enceinte de la villa Rufolo, l'inventeur de « l'art total » a eu un coup de foudre. Mieux, une révélation : « J'ai enfin trouvé les jardins de Klingsor! ». Cela faisait plus de vingt ans que le compositeur allemand cherchait un cadre enchanteur pour sonParsifal, une toile de fond digne de son héros, le magicien Klingsor. Grâce à Wagner, depuis plus d'un siècle, les décorateurs et machinistes de tous les opéras du monde copient à l'infini les jardins suspendus de la villa Rufolo. Tandis que les amateurs de grande musique, eux, affluent à Ravello pour retrouver l'envoûtement du modèle original. Mais si Wagner est venu ici en 1880, c'est parce qu'un esthète et botaniste écossais, Sir Francis Neville Reid, avait, trente ans plus tôt, ressuscité la villa Rufolo. Auparavant, elle n'était plus que ruine. C'était même tout Ravello qui, depuis trois siècles, était abandonné aux ronces et aux chèvres[3]. Mais Reid rénova les jardins et toute l'architecture mauresque des tours et du cloître.
La ville comptait de nombreuses familles aristocrates qui formaient le "patriciat" et s'honorait du titre de "patrizio di Ravello". Ces familles étaient : Acconciajoco, Alfano, Appencicario, Aufiero, Bove, Campanile, Cassitto, Castaldo, Citarella, Confalone, Coppola, Cortese, D'Afflitto, De Curtis, Dell'Isola, Della Marra, De Piccolellis, De Vito, Fenice, Foggia, Frezza, Fusco, Giusto, Grisone, Guerritore, Longo, Marinelli, Muscettola, Panicola, Papice, Pironti, Rago, Rogadeo, Rovito, Rufolo, Russo, Rustici, Sasso, Arcucci.
Elles furent reconnues par le royaume d'Italie en 1906 tandis qu'avec l'abolissement des sièges de la noblesse en 1800 ("sedili nobili") elles furent inscrites dans le livre d'or de la noblesse de Ravello où figurent désormais leurs blasons.
La position stratégique de Ravello, en forme de nid d'aigle, a attiré au fil des siècles, toutes les riches familles en exil ou en fuite. L'histoire a commencé à la fin duIVe siècle, avec un certain Rufolo, consul deRome, qui avait quitté la Ville éternelle alors menacée par les invasions barbares, raconte le maire de la cité, Salvatore Di Martino.« Qu'y avait-il de plus imprenable en effet que cettecôte amalfitaine, avec la chaîne desmonts Lattari comme muraille, et surtout ce pic étêté, d'où l'on jouit d'une vue à 360° sur legolfe de Salerne, le cap deSorrente,Capri et le large horizon d'où surgissaient souvent les barques desSarrasins? »
Il semblerait que ce soient des familles de la noblesse amalfitaine, alors en proie à la guerre civile, qui seraient venues s'installer sur cette terrasse rocheuse.Devenue indépendante, la ville s'orna alors de palais et de jardins, mais aussi de remparts et de tours de guet. Si bien qu'à Ravello, on se sent « suspendu entre le ciel et la terre, mais bien plus près du ciel », comme l'a écritAndré Gide dansL'Immoraliste[3].
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Un concert dans le cadre du festival musical de Ravello, tenu en juillet 2016.
La ville de Ravello s'illustre surtout du Festival musical de Ravello en hommage àRichard Wagner. Chaque année, cet événement est tenu de mai à septembre. En 2000, une décision importante fut prise de construire un auditorium. Le projet fut confié à l'architecte brésilienOscar Niemeyer avec un budget de 18 millions d'euros, dans l'optique de réaliser 400 places en plein air. Son architecture se caractérise de vaste voile de béton blanc, tendu sur une terrasse en contrebas de la villa Rufolo, qui fut inaugurée en 2010. L'œuvre, très futuriste, fut au début contestée, car elle fut bâtie sur un site protégé. Puis elle finit par s'imposer, notamment grâce à son acoustique[4].