La rafle de la Martellière est une rafle effectuée àVoiron (Isère) dans la nuit du 22 au par la Gestapo, au hameau de la Martellière, et qui a abouti à la déportation de 18 personnes dont une majorité d'enfants. Un seula survécu.
La rafle de La Martellière est, avec celle d'Izieu, le, et celle de lamaison de la Verdière (près de Marseille), le, l'une des trois rafles contre des maisons accueillant des enfants enzone Sud.
Régions et départements de France sous l'occupation allemande durant la seconde Guerre mondiale.
De à,Voiron était située en zone libre puis, jusqu’en septembre 43, en zone d’occupation italienne. À cette époque, de nombreux Juifs se réfugient dans le sud-est de la France, les Italiens ne les poursuivant pas. Après le retrait de l’Italie du conflit, les Allemands envahissent leur zone d’occupation et se mettent à chasser les Juifs[1].
La rafle de la Martellière s’inscrit dans une série d’évènements se déroulant à Voiron sans forcément qu’il y ait de liens entre eux. En effet, les Miliciens menés par Jourdan mènent des arrestations et des pillages visant les Juifs alors que la rafle est faite par les Allemands. Les Juifs arrêtés par les Miliciens ne sont pas remis aux Allemands, les Miliciens rançonnent les Juifs et déchaînent contre eux leur violence. Jourdan fut par la suite assassiné et, par vengeance, les miliciens tuèrent 6 juifs[2].
Le déroulement de la rafle de la Martellière à Voiron
Neuvième fort de Kaunas avec le monument d'hommage aux victimesStèle à la mémoire des déportés du convoi 73 au cimetière du Père Lachaise
Dans la nuit du 22 au vers 3h du matin, laGestapo débarque dans une maison située hameau de la Martellière. LaGestapo y trouve 18 Juifs dont une majorité d'enfants. La rafle réveilla le voisinage[1]. Erwin Uhr, le rescapé, garde en mémoire chaque mot, chaque geste[3]:
« L’un des hommes a frappé à la porte. Tout le monde dormait. Un grand est allé ouvrir. "Gestapo!", a hurlé l’Allemand. Les sept autres sont entrés avec lui. Il y avait quatre miliciens français parmi eux. Ils disaient:"Mais ce sont des juifs! Ce sont des juifs!" comme s’ils étaient surpris de ne pas trouver de résistants. »
Pendant ce temps-là, le rabbinSchneour Zalman Schneersohn qui supervise cette cache se rend à la Martellière avec deux fidèles acolytes. Ils sont donc prévenus à temps et peuvent se cacher. Plus tard dans la nuit, ils trouvent la maison vide et saccagée.
Le seul survivant de larafle de la Martellière est Erwin Uhr, âgé de 15 ans. Il a perdu son petit frère, Karl Uhr, qui avait 9 ans. Considéré comme apte au travail par les nazis, il a survécu jusqu’à l’arrivée del'armée rouge[1].
Larafle a été oubliée jusqu’en 1996 jusqu’à ce qu’une étudiante grenobloise du nom de Delphine Deroo découvre des documents concernant la rafle de la Martellière[1] et en parla donc à un résistant de l’époque :Herbert Herz. La nouvelle a été publiée à la radio et dans les journaux pendant l’été 1997. C’est une grande découverte car jusqu’à ce jour, personne ne le savait ou n'en parlait.La bâtisse dans laquelle étaient cachés les enfants, les adolescents et les deux adultes se situe aujourd'hui dans l'enceinte du lycée agricole de Voiron. Le bâtiment a été réhabilité mais il aura fallu attendre plus de cinquante ans pour que la rafle soit reconnue et entre dans l’Histoire.
Après cette découverte commence une grande enquête pour trouver des témoins qui auraient pu assister à cetterafle. Ils ont retrouvéHadassah Carlebach (née Schneersohn) qui est la fille du rabbinSchneour Zalman Schneersohn, celui qui supervisait la cache des enfants tués à la suite de cette rafle. Ensuite, le seul rescapé de cette rafle, Erwin Uhr, fut retrouvé, alors que personne àVoiron ne savait qu'il y avait un rescapé. Paul Jacolin, un agriculteur âgé de quatre-vingt-sept ans, se manifeste, qui assure avoir caché vingt-troisjuifs dont le rabbin Schneour Zalman Schneersohn et sa famille pendant la rafle, dans une maison lui appartenant[1],[4].
Le, une plaque à l’effigie de la rafle de la Martellière a été installée sur le mur du lycée agricole de la Martellière[1]. Lors de cette installation, Erwin Uhr, invité d’honneur de la ville de Voiron et seul survivant de cette rafle, a assisté à cette cérémonie. Les organisateurs pensaient qu’il n’y aurait qu’une poignée de personnes mais finalement, ce sont des centaines de personnes qui ont assisté à cette cérémonie. Depuis, une cérémonie a lieu tous les deux ans. En, les élèves du lycée agricole ont cité les noms des victimes avant de déposer des fleurs au pied de la plaque commémorative[15].
↑Éve Line Blum (dir.),,"Nous sommes 900 français : À la mémoire des déportés du convoi no 73 ayant quitté Drancy le 15 mai 1944",, Besançon, Compte d'auteur, 1999-2012