| Rafle de Clermont-Ferrand (25 novembre 1943) | |
Clermont-Ferrand, plaque en mémoire des étudiants du foyer Gallia. | |
| Type | Rafle (Shoah en France) |
|---|---|
| Pays | |
| Localisation | Clermont-Ferrand, locaux que l'Université de Strasbourg, 34 avenue Carnot |
| Organisateur | |
| Date | |
| Participant(s) | Gestapo assistée de l'armée allemande |
| Répression | |
| Arrestations | 130 personnes |
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Larafle du 25 novembre 1943 est une opération menée pendant laSeconde Guerre mondiale par laGestapo assistée de l'armée allemande dans les locaux que l'Université de Strasbourg occupait 34 avenue Carnot àClermont-Ferrand, où, le, celle ci s'était repliée. La rafle a mené à l'arrestation et à ladéportation d'une centaine d'étudiantscatégorisés juifs ouétrangers et derésistants[1].
À la suite de ladéclaration de guerre de1939,Strasbourg est déclarée zone militaire par l'État-major français. Une grande partie de la population doit alors évacuer la ville. L'administration de l'Université de Strasbourg est déplacée àClermont-Ferrand, où s'installent également étudiants et professeurs. Après l'armistice du 22 juin 1940, les Allemands créent laReichsuniversität Straßburg et l'hébergement de l'Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand n'a en principe plus lieu d'être, mais de nombreux professeurs et étudiants ne souhaitent pas rejoindre l'université allemande[2].
En 1941 naissent au sein de l'université les premiers mouvements deRésistance, mêlant étudiants et professeurs venant de Strasbourg et de Clermont-Ferrand. En particulier,Jean-Paul Cauchi, un étudiant en histoire venu de Strasbourg, fonde le groupeCombat Étudiant, lié au réseauCombat. Ces mouvements s'unissent au sein desMouvements unis de la Résistance en 1942, à la suite de l'occupation militaire de lazone sud par les Allemands.
Plusieurs opérations sont lancées contre l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, dans le but de contrer les activités anti-nazies, mais également de fermer l'université et de faire rapatrier à Strasbourg quelque 500Alsaciens considérés comme« Allemands de souche ». Plusieurs rafles sont ainsi menées au cours de l'année 1943, à Clermont-Ferrand comme à Strasbourg[3]. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1943,Jakob Ottmann fait ainsi arrêter37 étudiants dans le foyer universitaire Gallia replié à Clermont-Ferrand, à la suite de trois attentats contre les Allemands, dont l'exécution le 24 juin de deux membres de laGestapo dans la maison d'un résistant, le professeurJean-Michel Flandin. Les juifs seront déportés àAuschwitz, les autres àBuchenwald. Sur les 37 déportés, 7 réussirent à s'échapper en route mais 12 vont trouver la mort en Allemagne.
Le 23 octobre 1943, l'un des adjoints de Jean-Paul Cauchi,Georges Mathieu, est arrêté. Collaborant dès lors avec la Gestapo, il participera activement à la rafle du 25 novembre 1943, un mois plus tard.
Le 25 novembre 1943, entre10 h et10 h 30, l'occupant nazi encercle les bâtiments de l'université, avenue Carnot. Participent à l'opération 200 hommes de laLuftwaffe, commandés par lecolonel Eltsatz, ainsi que tous les effectifs disponibles duSD de Clermont-Ferrand. Des groupes sont également chargés de la bibliothèque universitaire (au 1, boulevard Lafayette), où sont arrêtées des collaboratrices de laBnu telles queMarie Kuhlmann etThérèse Kiener[4], des bâtiments avenue Vercingétorix et de la faculté de droit, ainsi que dans une moindre mesure (pas de membre de la Gestapo) du foyer universitaireGallia à Strasbourg. Selon les déclarations ultérieures de Georges Mathieu, le but initial de l'opération, organisée par le chef de la sécurité nazie,Paul Blumenkamp, est d'arrêter dix-sept professeurs et étudiants identifiés comme résistants, mais également tous les étudiants étrangers et tous les étudiants Juifs, tous lesAlsaciens-Lorrains âgés de dix-huit à trente ans et susceptibles d'entrer dans la Résistance, ainsi que les doyens des facultés.
À la fin des cours, à11 h, les soldats réunissentmanu militari par centaines étudiants et professeurs dans la cour intérieure de la faculté des lettres, au 34 avenue Carnot. Des soldats allemands se postent aux fenêtres de la faculté, côté hall, et braquent leurs armes sur la cour. Vers12 h, les enseignants sont conduits vers le hall d'entrée, où les attendent des agents duSipo-SD, accompagnés deGeorges Mathieu, qui leur intime l'ordre de se séparer en deux groupes suivant qu'ils viennent de Strasbourg ou de Clermont-Ferrand. 1 200 personnes sont ainsi regroupées. À13 h, la plupart des Clermontois sont libérés ; restent 400 à 500 personnes.
À15 h, tout le monde est conduit vers un grand réfectoire. Les soldats font sortir les femmes pour qu'elles puissent uriner, puis une heure et quart plus tard c'est le tour des hommes, par groupes de cinq. Les membres du Sipo-SD partis, les soldats allemands se relâchent et certains font savoir qu'ils désapprouvent l'opération. Un café est servi.
Vers21 h, les membres du Sipo-SD reviennent. À partir de22 h, les hommes sont emmenés par groupes de dix devant Georges Mathieu etUrsula Brandt, accompagnés de policiers français. Les policiers relèvent les identités, et Georges Mathieu trie les personnes interrogées en deux groupes. Les prisonniers sont emmenés au92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand, qui sert de prison au Sipo-SD.
À4 h du matin, l'un des deux groupes est libéré. Le groupe restant est formé de 130 personnes.
Pendant l'opération, des enseignants sont également arrêtés à leur domicile.



L'opération fait plusieurs morts :
Environ 1 200 personnes sont interpellées, près de 500 personnes sont gardées toute la journée, et 130 personnes seront finalement arrêtées pour être déportées parmi lesquellesFrançois Amoudruz à peine âgé de 17 ans. Seuls une trentaine d'entre eux, dontArlette Lévy-Andersen, reviendront des camps.
À la suite de l'opération, la population de Clermont-Ferrand aurait défilé devant les bâtiments de l'université en chantantla Marseillaise pour manifester sa désapprobation.
La BBC déclarera en février 1944 que Georges Mathieu a« livré à la Gestapo l'université de Strasbourg ». Mathieu sera arrêté par des résistants, jugé puis fusillé le 12 décembre 1944.
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