C'est la ville la plus importante du Sud de la bande de Gaza avec plus de 150 000 habitants en2014, dont 44 000 vivent dans le camp de réfugiés de« Rafah Camp » au sud[1].
L'histoire de Rafah remonte à plusieurs millénaires. La première fois que son nom est cité se situe pendant le règne dupharaonSéthi en, et la première campagne enIsraël remonte àSheshonq Ier en
En, le roiassyrienSargon II y défait les Égyptiens (Bataille de Raphia de -720), et le se déroule la première grande bataille, qui voit le roi d'ÉgyptePtolémée IV Philopator vaincre le dernier grand roiséleucideAntiochos III lors de laBataille de Raphia[2] : environ 140 000 soldats se confrontent, et près de 180éléphants sont utilisés.
Une sourcearaméenne fait également de Rafah le lieu biblique de Chatzerim.
Pendant la périodebyzantine, Rafah était undiocèse, et une importante ville commerçante avant la périodearabe. Elle vit ensuite son déclin puis son abandon jusqu'auXIIe siècle. Avec lesMamelouks, elle redevint une station postale, et auXVIe siècle lesOttomans y enregistrèrent un village de seize contribuables.
En1917, l'arméebritannique prit Rafah et l'utilisa comme base arrière pour attaquer lesOttomans à Gaza. La présence de cette base fit partir les habitants et en1922, la population n'était plus que de600 personnes pour remonter à 2 500 habitants en1948.
Après laguerre israélo-arabe de 1948, la ville passa sous contrôle égyptien et accueillit deux camps deréfugiés arabes provenant du territoire d'Israël fraîchement créé.
En1967, après laguerre des Six Jours, la ville passa sous contrôle israélien. La population atteignait alors 55 000 habitants, dont seulement 11 000 habitaient la ville proprement dite.
Occupation israélienne d'une maison de Rafah en 1985.
Au mois de, 20 000 personnes furent expulsées et leurs maisons détruites afin de construire unecolonie israélienne[3]. Depuis, la ville est un des hauts lieux de laseconde intifada. Elle est en effet reliée à l'Égypte par des tunnels qui servent à acheminer vers la bande de Gaza non seulement des armes, mais aussi de la nourriture, des médicaments, et tout autre objet de la vie quotidienne. Ceci explique les fréquentes incursions de l'armée israélienne dont l'efficacité et les moyens utilisés restent contestés par la communauté internationale.
En, l'armée israélienne lance l'opération Arc-en-ciel pour tenter de mettre fin aux attaques palestiniennes, aux bombardements des villages israéliens, et particulièrement à l'utilisation des tunnels par les trafiquants d'armes à la frontièreégyptienne[4],[5]. Cette opération détruira plusieurs centaines de maisons et fera des dizaines de morts parmi les populations civile et armée de Rafah[5],[6].
À la suite du retrait israélien de la bande de Gaza, achevé le, le point de passage de Rafah est géré par l'Autorité palestinienne sous surveillance vidéo de l'Union européenne.
Depuis, de nombreux accrochages ont opposé miliciens duFatah et duHamas jusqu'à la victoire de ce dernier en. Les autorités égyptiennes ont fermé la frontière en réponse à l'avancée du Hamas. Fin 2007, la mission européenne EUBAM-Rafah est suspendue. Elle est maintenue en suspens, prête à reprendre ses opérations de surveillance dès que la situation politique le permettra.
À la suite de la chute du présidentMoubarak, les autorités égyptiennes annoncent que le blocus sera levé fin. Les Européens espèrent pouvoir reprendre leurs activités mais en, ils réduisent, à nouveau, le niveau de la mission[7].
Passage de véhicules et de marchandises à l'entrée de Rafah sur la route de Gaza, 2009.
Lors de l'offensive israélienne de 2023-2024 sur la bande de Gaza de laguerre Israël-Hamas, près de1,5 million de Gazaouis trouvent refuge, sur ordre de l’armée israélienne, à Rafah[9]. À partir de, l’armée israélienne concentre ses attaques sur Rafah et mène des opérations militaires dans et autour de plusieurs hôpitaux, tandis que le gouvernement israélien se déclare déterminé à lancer une vasteoffensive terrestre dans cette zone malgré la présence massive de réfugiés. Le responsable des territoires palestiniens auProgramme alimentaire mondial de l’ONU, Matthew Hollingworth, avertit sur la situation humanitaire catastrophique :« il n’y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente »[10].
Le, après l'attaque par le Hamas et la fermeture par Israël duposte-frontière de Kerem Shalom[11], l'armée israélienne prend le contrôle duposte-frontière de Rafah jusqu'alors sous la responsabilité du Hamas de façon à verrouiller la bande de Gaza[12], Israël affirmant que le Hamas l'utilisait à des fins terroristes[13].
Le, l'armée israéliennebombarde le camp de réfugiés de Tel al-Sultan, déclenchant un incendie et tuant une cinquantaine de personnes dont cinq enfants, et faisant des centaines de blessés[14]. Le, au moins37 Palestiniens sont tués dans de nouveaux bombardements sur le quartier de Tel al-Sultan[15]. Le, au moins12 Palestiniens sont tués dans un bombardement aérien sur Rafah[16]. LeCroissant-Rouge palestinien annonce le la mort de deux de ses secouristes, tués dans« une frappe israélienne directe » contre une ambulance dans la région de Rafah[17].
Le 27 mai 2024, en réaction à l'offensive, un utilisateur du réseau socialInstagram partage une image reprenant le sloganAll Eyes on Rafah. Largement partagée dans le monde entier et vue par 47 millions de personnes en 48 heures, elle devient l'un des symboles du soutien à la cause palestinienne[18].
À la fin du mois de mai, tous les hôpitaux sont hors service à cause des bombardements. L'ONU qualifie la situation à Rafah d'« enfer sur terre »[17].
Début juin, plus d'un million de personnes ont été déplacées de force de Rafah après plusieurs semaines d'offensive israélienne[19].
Le 6 juin, l'armée israélienne bombarde une école de l’Unrwa, tuant 37 personnes qui y étaient réfugiées[20].