Rê (ouRâ, prononcé[ʁɑː]) est le dieu Soleil dans lamythologie égyptienne, créateur de l'univers. Il peut apparaître sous plusieurs formes, dont celle deKhépri, le scarabéebousier : symbolisant la naissance ou la renaissance ou encoreAtoum, l'être achevé (le clergé égyptien expliquait que l'astre solaire pouvait revêtir des formes différentes lors de sa course dans le ciel :Khépri était le soleil levant tandis que Rê était le soleil à son zénith etAtoum, le soleil couchant)[2],[3]. Au fil du temps, Atoum (le soleil couchant) est assimilé progressivement par les théologiens égyptiens à la forme de Rê (le soleil à sonzénith), de sorte que l'on parle de Rê-Atoum, le dieu créateur, qui préside laGrande Ennéade constituée des neuf dieux principaux. Par la suite, Rê a également été associé à plusieurs autres dieux commeAmon pour devenirAmon-Rê.
Il existe plusieurs versions de sa naissance. Dans l'une d'elles, elle serait attribuée à la déesseNeit, qui aurait mis Rê au monde sous la forme d'un œuf. Rê sortit del'œuf et fut aveuglé par la lumière. Cette lumière fit couler des larmes de ses yeux, d'où naquirent les premiers hommes. Cependant, il existe une version plus classique relatée notamment par Neil Philip dans son œuvreMythes et Légendes : il semblerait que Rê se soit créé lui-même en se nommant, comme il créera les éléments de la vie en les faisant sortir duNoun, l'océan primordial. Il devient la divinité principale sous l'Ancien Empire. Il est souvent représenté avec unetête de faucon sur laquelle est posé ledisque solaire protégé par le cobra dressé.
Le dieu Rê était également fortement associé aujour de l'an[4]. LeIerAkhet,jour de l'an égyptien, était l’occasion d’une « fête de Rê » selon un papyrus et unostracon d’époque ramesside, et selon deux autres papyrus, il s’agissait du jour de sa naissance. Mais déjà, dans lestextes des pyramides, Rê était considéré comme « le maître de l’année ».
Le dieu Rê est attestéa minima à partir de laIIIe dynastie, avec notamment lenom de « fils de Rê » introduit au cours de laIVe dynastie, mais aussi les noms de certains rois (Djédefrê,Khâfrê,Menkaourê, etc.), certains membres de la famille royale (Râhotep,Rânefer,Rekhetrê, etc.) ainsi que des roturiers (Hésirê, Néferseshemrê, Râdjiefânkh, etc.)[5]. Cependant, le vocable « rê » (rˁ) existait déjà auparavant, dès laIIe dynastie, notamment avec le roiNebrê, ou Râneb, deuxième roi de la dynastie[6]. Le débat porte sur la réalité d'une divinité nommée Rê dès cette dynastie, et donc par là même la signification du nom du roi[6].
La majorité des chercheurs considère ou est plus encline à penser que Rê n'était à l'origine par un dieu mais simplement le Soleil : on peut citerStephen Quirke[7],[8], Winfried Barta[9],Hans Wolfgang Helck[10],Jürgen von Beckerath[11] ou encoreToby Alexander Howard Wilkinson[12]. Ainsi, selon ces chercheurs, lenom d'Horus du deuxième roi de laIIe dynastie doit être lu « Nebrê », soit « Seigneur du Soleil », et non « Râneb », soit « Râ est (mon) Seigneur »[6]. L'égyptologue Jochem Kahl pense quant à lui que Rê a commencé à être honoré au plus tard au début de laIIe dynastie ; il avance comme argument :
de plus, pour les particuliers pendant l'Ancien Empire, lorsque leur nom incluait celui d'un dieu, ce dernier était écrit avec dessignes unilitères, mais cette règle n'était pas encore systématique pendant lapériode thinite ; ainsi, les noms de deux des fonctionnaires étaient écrits avec le signe du dieu (Gardiner N5), tandis que, pour les quatre autres, le nom du dieu est écrit avec les signes unilitères de labouche (Gardiner D21) et dubras (Gardiner D36)[17],
sur un autre sceau de Péribsen est inscrite la phrase « Le Doré, qui a unit les Deux Terres pour son fils, le roi (nsw.t-bit.y) Péribsen » ; le Doré est considéré comme renvoyant très probablement au dieu solaire[19],
D'après la mythologie, à la suite d'un long règne exercé directement sur sa création et les hommes, il devient vieux et fait face à leur rébellion. Sa filleTefnout la réprime, mais désormais vulnérable il décide de gagner le ciel. Il la rappelle à lui et elle se transforme alors pour devenir lavache célesteNout formant la voûte céleste destinée à porter en son sein labarque solaire et son cortège divin désormais symbolisé par les étoiles.
Rê voyage chaque jour à travers le ciel à bord de sa barque sacrée (parcours du Soleil), et chaque nuit au travers des mondes souterrains (laDouât). Chaque lever de soleil est une victoire remportée par Rê sur les « forces des ténèbres ». Peut-être est-ce là l'explication apportée par les Égyptiens aux phénomènes d'éclipses du Soleil, qui seraient autant de défaites momentanées du dieu sur les ténèbres.
Les « forces des ténèbres » sont représentées par le serpentApophis, qui cherche chaque nuit à déstabiliser la barque solaire et à avaler le monde pour le plonger dans les ténèbres. Rê est épaulé dans son combat parSeth, divinité guerrière particulièrement crainte. C'est l'un des rares mythes oùSeth a un rôle positif, et lespharaons qui le prendront comme dieu protecteur n'auront de cesse de le rappeler.
Rê à bord de sa barque.
Pharaon, après sa mort, prend place sur la barque de Rê pour rejoindre le royaume des morts.
Le roiKhéphren est le premier à inclure lenom de Sa-Rê (« Le fils de Rê ») dans satitulature, qui précède le nom de naissance du pharaon inscrit dans uncartouche. Il a pour but de rattacher charnellement le pharaon à la puissance cosmique de l'univers, Rê.
C'est àHéliopolis qu'était vénérée la sainteennéade, ou assemblée des neuf dieux issus de Rê qui symbolisaient la création du monde :
Rê était représenté comme un homme à tête de faucon lanier ou de faucon pèlerin[26], orné d'un disque solaire entouré d'un cobra[27], et partageait des caractéristiques avec le dieu du ciel Horus.
Rê était représenté sous diverses formes. D'autres formes courantes sont un homme à tête de scarabée (sous sa forme deKhépri), ou un homme à tête de bélier. Rê était également représenté sous la forme d'un bélier, d'un scarabée, d'un phénix, d'un héron, d'un serpent, d'un taureau, d'un chat ou d'un lion, entre autres[28].
C'est dans le monde souterrain qu'il est le plus souvent représenté avec une tête de bélier[27] ; sous cette forme, Rê est décrit comme le « bélier de l'ouest » ou le « bélier en charge de son harem »[27]>.
Dans certains ouvrages, Rê est décrit comme un roi vieillissant à la chair d'or, aux os d'argent et aux cheveux de lapis-lazuli[27].
Une femme vénère Rê-Horakhty, qui la bénit par des rayons de lumière[29].
Le principal centre cultuel de Rê était Iounou, « le lieu des piliers », connu plus tard par leroyaume ptolémaïque sous le nom d'Héliopolis (Koinē grec : Ἡλιούπολις, littéralement « ville du soleil »)[30] et aujourd'hui situé dans la banlieue duCaire. Il était identifié au dieu solaire localAtoum. En tant qu'Atoum ou Atoum-Rê, il était considéré comme le premier être et l'initiateur de l'Ennéade (« Les Neuf »), composée deShou etTefnout,Geb etNout,Osiris,Seth,Isis etNephtys.
Le culte local de Rê a commencé à se développer à peu près à partir de ladeuxième dynastie, l'établissant comme une divinité solaire. À laIVe dynastie, les pharaons étaient considérés comme des manifestations de Rê sur Terre, appelées « fils de Rê ». Rê était appelé le premier roi d'Égypte, et l'on croyait donc que les pharaons étaient ses descendants et ses successeurs. Son culte a augmenté massivement à laVe dynastie, lorsque Rê est devenu une divinité d'État et que les pharaons ont fait construire en son honneur des pyramides, des obélisques et destemples solaires spécialement alignés. Les souverains de laVe dynastie disaient à leurs fidèles qu'ils étaient les fils de Rê lui-même et de la femme du grand prêtre d'Héliopolis[27]. Ces pharaons ont dépensé une grande partie des revenus de l'Égypte dans des temples solaires[27]. Les premiersTextes des pyramides ont commencé à apparaître, donnant à Rê de plus en plus d'importance dans le voyage du pharaon à travers laDouât (le monde souterrain)[27].
Au cours duMoyen Empire, Rê est de plus en plus associé et combiné à d'autres divinités principales, en particulierAmon etOsiris.
À l'époque duNouvel Empire d'Égypte, le culte de Rê était devenu plus complexe et plus grandiose. Les murs des tombes étaient consacrés à des textes extrêmement détaillés décrivant le voyage de Rê dans le monde souterrain. On disait que Rê transportait les prières et les bénédictions des vivants avec les âmes des morts sur le bateau-soleil. L'idée que Rê vieillissait avec le soleil s'est répandue à l'époque du Nouvel Empire.
De nombreux actes de culte comprenaient des hymnes, des prières et des sorts pour aider Rê et le bateau-soleil à vaincreApophis.
La montée du christianisme dans l'Empire romain a mis fin au culte de Rê[31].
Comme pour la plupart des divinités égyptiennes largement vénérées, l'identité de Râ était souvent associée à celle d'autres dieux, formant ainsi une interconnexion entre les divinités.
Amon était membre de l'Ogdoade, représentant les énergies de la création avecAmaounet, une des premièresdéesses deThèbes. On pensait qu'il créait par le souffle et était donc identifié au vent plutôt qu'au Soleil. Lorsque les cultes d'Amon et de Rê devinrent de plus en plus populaires enHaute etBasse-Égypte respectivement, ils furent combinés pour créerAmon-Rê, un dieu créateur solaire. Il est difficile de déterminer exactement quand cette combinaison s'est produite, mais des références à Amon-Rê apparaissent dans lesTextes des pyramides dès laVe dynastie. La croyance la plus répandue est qu'Amon-Rê a été inventé comme une nouvelle divinité d'État par les souverains thébains duNouvel Empire pour unir les adorateurs d'Amon au culte plus ancien de Rê autour de laXVIIIe dynastie. Amon-Rê a reçu le titre officiel de « roi des dieux » par les adorateurs, et les images montrent la divinité combinée comme un homme aux yeux rouges avec une tête de lion, entouré d'un disque solaire[32].
Atoum et Atoum-Rê
Atoum-Rê (ou Rê-Atoum) était une autre divinité composite formée à partir de deux divinités complètement distinctes ; cependant, Rê partageait plus de similitudes avecAtoum qu'avec Amon. Atoum était plus étroitement lié au Soleil et était également un dieu créateur de l'Ennéade héliopolitaine. Rê et Atoum étaient tous deux considérés comme le père des divinités et des pharaons et faisaient l'objet d'une grande vénération. Dans les mythes les plus anciens, Atoum était le créateur deTefnout et deShou, et il était né de l'océanNoun.
Horakhty et Rê-Horakhty
Pyramidion de Khonsou, avec l'image de Rê-Horakhty au milieu.
Dans la mythologie égyptienne tardive,Rê-Horakhty était plus un titre ou une manifestation qu'une divinité composite. Il se traduit par « Rê (qui est) Horus des horizons ». Il était destiné à relierHorakhty[33] (en tant qu'aspect d'Horus orienté vers le lever du soleil) à Rê. Il a été suggéré que Rê-Horakhty se réfère simplement au voyage du Soleil d'un horizon à l'autre en tant que Rê, ou qu'il s'agit de montrer Rê comme une divinité symbolique de l'espoir et de la renaissance (voir la section précédente « Le soleil »)[34].
Khépri était un scarabée qui enroulait le Soleil le matin et était parfois considéré comme la manifestation matinale de Rê. De même, le dieu à tête de bélierKhnoum était également considéré comme la manifestation du soir de Rê. L'idée de divinités différentes (ou d'aspects différents de Rê) régnant sur différents moments de la journée était assez courante mais variable. Khépri et Khnoum ayant la priorité sur le lever et le coucher du soleil, Rê était souvent la représentation de midi lorsque le Soleil atteignait son apogée à midi. Parfois, différents aspects d'Horus étaient utilisés à la place des aspects de Rê.
Montou et Montou-Rê
Dieu très ancien,Montou était à l'origine une manifestation de l'effet brûlant de Rê, le Soleil, et à ce titre apparaissait souvent sous l'épithète Montou-Rê. Il est possible que Montou-Rê et Atoum-Rê aient symbolisé respectivement les deux royautés de Haute et de Basse-Égypte[41]. Montou avait plusieurs épouses, dont un aspect féminin de Rê,Râttaouy[42]. Dans l'art égyptien, Montou était représenté la tête surmontée du disque solaire, en raison de son lien conceptuel avec Rê[43].
Rê-Khépri (disque solaire et scarabée).
Lorsqu'il était dans le monde souterrain, Râ était représenté avec une tête de bélier
Râttaouy
Râttaouy était un aspect féminin de Rê ; elle n'avait pas beaucoup d'importance indépendamment de lui. Dans certains mythes, elle était considérée comme l'épouse de Rê ou sa fille[37], ainsi que l'épouse de Montou et la mère du dieuHor-Rê (ou Horus-Rê, devenu par la suite Harparê). La déesse est vénérée àMédamoud,Tôd,Hermonthis (avec la déesseIounyt) etKarnak-Nord[44].
Dans certains mythes, Râ aurait créé presque tous les autres dieux égyptiens[45].
Bastet
Bastet (également appelée Bast) est parfois appelée la « chatte de Rê ». Elle est également sa fille parIsis et est associée à l'instrument de vengeance de Rê, l'œil du dieu soleil. Bastet est connue pour avoir décapité le serpentApophis (l'ennemi juré de Rê et le « dieu » de l'Isfet) pour protéger Rê. Dans un mythe, Rê a envoyé Bastet sous la forme d'une lionne en Nubie[46].
Sekhmet
Sekhmet est une autre fille de Rê. Sekhmet était représentée comme une lionne ou un gros chat, et était un « œil de Rê », ou un instrument de la vengeance du dieu soleil. Dans un mythe, Sekhmet était tellement remplie de rage que Rê a été forcé de la transformer en vache afin qu'elle ne cause pas de dommages inutiles. Dans un autre mythe, Rê craint que l'humanité ne complote contre lui et envoie Hathor (une autre fille de Rê) pour punir l'humanité. En massacrant les humains, elle prend la forme de Sekhmet. Pour l'empêcher de tuer toute l'humanité, Rê ordonne de teindre la bière en rouge et de la répandre sur la terre. Prenant la bière pour du sang, Sekhmet la boit et, intoxiquée, reprend sa forme pacifiée, Hathor[47],[48].
Hathor
Hathor est une autre fille de Rê. Lorsque Rê craignit que l'humanité ne complote contre lui, il envoya Hathor comme « œil de Rê ». Dans un mythe, Hathor dansa nue devant Rê jusqu'à ce qu'il rie pour le guérir d'une crise de bouderie. Lorsque Rê était sans Hathor, il tombait dans un état de profonde dépression. AuNouvel Empire, Rê fut associé à l'épithète « Kamoutef » (« taureau de sa mère ») aux côtés d'Amon. En tant queKamoutef, il est considéré comme le fils et l'époux d'Hathor qui féconde sa propre mère pour donner naissance à lui-même[49],[50],[51].
Ptah est rarement mentionné dans lesTextes des pyramides de l'Ancien Empire, ce qui, selon certains, s'explique par le fait que les adorateurs de Rê àHéliopolis sont les principaux rédacteurs de ces textes[52].
Isis
Dans un mythe,Isis crée un serpent pour empoisonner Rê et ne lui donne l'antidote que lorsqu'il lui révèle son vrai nom. Isis transmet ce nom àHorus, renforçant ainsi son autorité royale[53].
Apophis
Rê sous la forme d'un grand chat, tranche Apophis - Tombe de Inherkha,Deir el-Médineh
Apophis, également appelé Apep, est le dieu du chaos et l'ennemi juré de Rê. On dit qu'il se trouve juste en dessous de la ligne d'horizon, essayant de dévorer Rê lorsque celui-ci voyage dans le monde souterrain[54].
Aton
Aton était au centre de l'atonisme, le système religieux établi dans l'Égypte ancienne par le pharaonAkhenaton de laXVIIIe dynastie égyptienne. L'Aton était le disque du soleil et était à l'origine un aspect de Rê[55].
Rê apparait à plusieurs reprises dans la série d'animationPapyrus.
Le filmStargate, la porte des étoiles fait de Râ unGoa'uld. On apprendra par la suite qu'il était le Goa'uld suprême, dominant les autres Grands Maîtres Goa'ulds.
Dans le mangaYu-Gi-Oh!, le dieu est associé à une carte légendaire, le Dragon Ailé de Râ[réf. nécessaire].