Le concept derévolution sexuelle, parfois également appelé « libération sexuelle », entamée dans lesannées 1960[1],[2],[3],[4],[5], d'abord enSuède[5] puis partout à travers l’Occident[3], recouvre les changements ducomportement sexuel via la reconnaissance des sexualités non procréatrices, l'affirmation de l'égalité des sexes puis la légalisation de la contraception et de l'avortement. Selon le sociologue Michel Bozon[6], l'expression« révolution sexuelle » a été popularisée par l'AméricainWilhelm Reich (1897-1957) dans ses écrits des années 1930, à partir de sa lecture combinée deMarx,Freud,Hegel,Husserl etLukacs. Elle doit aussi à l'AllemandHerbert Marcuse (1898-1979), auteur d'Éros et Civilisation (1955)[6] et reste liée à une époque où une partie de la société ressentait« les comportements sexuels comme entravés par des contraintes sociales ». Selon lui, il est difficile de« qualifier de révolution les changements intervenus dans les conduites depuis lesannées 1960 » : ils« doivent être moins considérés comme une émancipation que comme une individualisation » de la sexualité, comme l'ont montré les travaux deMichel Foucault[6].
Pour d'autres auteurs, « révolution sexuelle » désigne un ensemble de faits, mesurés par des études à grande échelle, comme celles publiés parAlfred Kinsey en 1948 et 1953, qui ont montré une évolution radicale aux États-Unis, ou en France par ledocteur Pierre Simon en 1972, puis l'enquête officielle ACSF de 1992[7]. L'expression se différencie quelquefois de celle de « libération sexuelle ». Pour Michel Bozon, « libération » s'applique strictement aux femmes qui avaient pratiqué une sexualité peu protégée dans lesannées 1960, puis découvert une« libération de la peur », ou une« libération de l’incertitude »[6] avec l'accès à lapilule contraceptive une décennie plus tard. Mais à partir desannées 1980, la« régulation sociale de la sexualité juvénile » ne se fait plus par la famille mais par les autres jeunes et il en résulte un contrôle toujours« extrêmement pesant »[6].
L'historienneAnne-Marie Sohn parle plutôt de« libéralisation des mœurs », qui est« moins une rupture qu'un lent processus »[8], avec des temps forts au début duXXe siècle ou dans lesannées 1950, une longue évolution identifiée aussi dans les arts, les correspondances et journaux intimes[8]« cachée et longtemps tue avant d'être proclamée »[8]. Selon elle[9], la « révolution sexuelle » est incluse dans une« révolution amoureuse », plus large, avec« une chronologie indépendante des événements politiques », qui s'accélère après les deux guerres mondiales. L'économiste américain Andrew Francis estime ainsi que les faits montrent que c'est« plutôt la démocratisation de lapénicilline », décrétée par l'État américain en 1947 pour obtenir le déclin de lasyphilis, la plus répandue desmaladies sexuellement transmissibles avec 20 000 morts par an (1939)[10], qui a rendu possible la révolution sexuelle[10], qui a aussi bénéficié d'autres vagues d'unerévolution scientifique : diffusion dupréservatif, dustérilet dans lesannées 1920, puis de lapilule contraceptive découverte au début desannées 1950. Ledroit de vote des femmes, en 1920 aux États-Unis et en 1944 en France, a par ailleurs contribué à la légalisation de la contraception[11] puis del'avortement[12], considérés par les historiens comme des conséquences plus que des causes de la révolution sexuelle.
L'âge du premier rapport sexuel est« souvent présenté comme une sorte d'étalon de mesure de la révolution sexuelle », faute de standardisation des différentes enquêtes, qui mentionnent toutes sa diminution« au cours de la seconde moitié duXXe siècle » avant de se stabiliser[13], et la« disparition du double standard de la sexualité prémaritale » qui l'autorisait pour les hommes mais pas les femmes[13],« tout aussi importante bien que moins largement discutée »[13], tandis que les relations des filles continuent à différer par leur durée, leurs motivations et leur investissement[13]. La révolution sexuelle a été vivement critiquée par certains observateurs de droite, la jugeant comme un « désastre » ayant entraîné une perte de repères traditionnels causant le déclin de la société occidentale[14].
Évolution du taux de natalité aux États-Unis de 1909 à 2008 (la période de Baby Boom apparait en rouge).
La « révolution sexuelle » puise sa première origine dans le changement de régime démographique occasionné dans les pays occidentaux par les progrès de lamédecine[réf. nécessaire].
Dans ce contexte, ce n'était pas le plaisir qui apparaissait comme la finalité première de lasexualité humaine, mais bien la procréation. Une morale sociale ou religieuse prônant le refus du plaisir sexuel et la réduction de la sexualité au seul engendrement des enfants pouvait donc facilement trouver de nombreux adeptes[réf. nécessaire].
Les choses changent radicalement à partir duXIXe siècle, principalement avec les progrès de la médecine (antibiotiques,vaccination, etc.), qui font fortement reculer la mortalité grâce à la lutte contre les maladies frappant les enfants et les adultes. La mort cesse d'accompagner chaque instant de la vie des hommes. Désormais, tous les enfants arrivent presque systématiquement à l'âge adulte[réf. nécessaire].
C'est l'entrée dans les régimes démographiques modernes, caractérisés par une faible mortalité et une fécondité très réduite (deux enfants par femme en moyenne) sous l'effet d'un choix volontaire des couples, qui adoptent une attitude contraceptive[réf. nécessaire].
Ce changement de régime démographique bouleverse la conception de la sexualité dans les pays occidentaux et ouvre la voie à une réhabilitation de la recherche du plaisir[réf. nécessaire].
Désormais, en effet, un couple n'a plus besoin que de deuxcoïts reproductifs dans sa vie pour renouveler les générations. La sexualité des hommes et des femmes ne peut donc plus être considérée comme tournée exclusivement vers la procréation[réf. nécessaire]. De ce fait, les doctrines valorisant le rejet du plaisir sexuel et la focalisation sur la seule génération sont battues en brèche au profit d'une nouvelle morale qui prône comme facteur essentiel d'épanouissement dans la vie la recherche de l'orgasme, indépendamment de toute volonté d'engendrer des enfants[réf. nécessaire].
D'autre part, comme le renouvellement des générations semble garanti, les formes de sexualité non reproductives (homosexualité,masturbation,sodomie, etc.) n'apparaissent plus comme une menace pour l'avenir des sociétés humaines, d'où leur réhabilitation[réf. nécessaire].
À l'origine (1855) en caoutchouc et d'une épaisseur de un à deux millimètres, les préservatifs présentent une couture latérale, sont onéreux (quoique réutilisables) et peu répandus[réf. nécessaire].
En 1912,Julius Fromm, un chimiste polonais, invente un procédé de production qui consiste à tremper un moule en verre dans la solution de latex, ce qui permet l'obtention de préservatifs plus fins et sans couture[réf. nécessaire].
La marqueFromms Act est commercialisée en 1919 et toujours en vente de nos jours en Allemagne[réf. nécessaire].
Dès les années 1930, la production de masse de ce produit permet l'obtention d'un produit aussi fin et aussi bon marché que celui que nous connaissons aujourd'huiauXXIe siècle[Quand ?].
L'usage du préservatif s'est réellement répandu avec la Seconde Guerre mondiale, les GI américains se voyant fortement incités à leur utilisation : « Don't forget — put it on before you put it in ». En effet, les vétérans de la Première Guerre mondiale étaient revenus en nombre infectés d'une maladie vénérienne[réf. nécessaire] et les autorités militaires ne souhaitaient alors pas que cela se reproduise.
Développement des antibiotiques contre les maladies vénériennes
Cette efficacité constatée au sein de l'armée décide l'État à l'utiliser face auproblème de santé publique dans la population civile entre 1947[10] et 1957, le taux de mortalité de la syphilis chutant alors de 75 % dans le pays[10]. Et« dès que la syphilis commence à disparaître, à partir du milieu des années 1950, on observe une augmentation importante » de la sexualité, mesurée par le« nombre de naissances hors mariage, le nombre de grossesses chez les mineures » et la propagation d'une autre MST très contagieuse, lagonorrhée[10], le même phénomène se répétant un demi-siècle plus tard avec le sida[10], selon une étude américaine publiée dansArchives of Sexual Behavior, citée par l'économiste américain Andrew Francis[10].
Le stérilet est un dispositif de contraception intra-utérin inventé en 1928 parErnst Gräfenberg, il contient du cuivre, qui a un effet spermicide et provoque une légère inflammation de la muqueuse, qui la rend impropre à lanidation[15].
Il s'agit de la méthode réversible de contrôle des naissances la plus largement utilisée[réf. nécessaire].
D'abord réservé aux seules femmes mariées, puis étendu aux femmes célibataires, son usage se généralise en dépit de résistances légales[réf. nécessaire]. L'apparition des méthodes decontraception permet aux couples de contrôler leur reproduction. Elles sont légalisées en France à partir de 1967 avec laloi Neuwirth, mais les décrets d'application sont retardés jusqu'en 1974[16].
La disponibilité depréservatifs en latex bon marché pour les hommes et dustérilet et de lapilule contraceptive pour les femmes contribue à libérer la sexualité de la menace de lagrossesse, dissociant rapports sexuels et procréation.
Si, avec le préservatif ou des méthodes plus traditionnelles comme lecoït interrompu, les femmes étaient soumises au bon-vouloir de leurs partenaires masculins en termes de limitation du risque de grossesse, avec le stérilet et la pilule contraceptive, elles prennent la maîtrise de la fonction reproductrice de leur corps et s'affranchissent[réf. nécessaire].
Cela ne se fait pas sans résistance de la part du pouvoir patriarcal, qui freine la légalisation et la diffusion des produits de ces découvertes scientifiques[réf. nécessaire]. Ce frein fait l'objet d'une analyse détaillée ci-dessous.
La médicalisation de l'avortement et sa légalisation le rendent plus sûr et plus accessible. Il ne s'agit pas d'une « révolution scientifique » en tant que telle, les méthodes employées étant connues, sa médicalisation, l'interruption volontaire de grossesse ou IVG, le rend en revanche moins risqué pour les femmes qui parfois décédaient d'une septicémie à la suite d'une intervention par unefaiseuse d'anges, ne respectant pas toujours les principes d'asepsie[17].
Une innovation scientifique en la matière, l'IVG médicamenteuse (RU 486) a lieu après la révolution sexuelle proprement dite. Les femmes obtiennent ainsi un moyen de contrôler la fonction reproductrice de leur corps à l'issue de combats législatifs acharnés[18].
Une fois tombées les menaces jumelles de la maladie sexuellement transmissible et de la grossesse non désirée, la génération dubaby-boom, née après la Seconde Guerre mondiale, va peu à peu faire disparaître les contraintes traditionnelles sur le comportement sexuel : contraintes morales, religieuses et légales[réf. nécessaire].
Dans les campagnes, après laPremière Guerre mondiale, il y avait tellement peu de garçons que les parents ont laissé les filles faire« ce qu'elles voulaient »[9], avec pour résultat que« l'émancipation s'est ainsi accélérée »[9]. Grâce à« la bicyclette, puis aux services d'autocar », dès l'entre-deux-guerres, on va« de fête en fête. Savoir danser devient le passeport indispensable de l'amour »[9] selon l'historienneAnne-Marie Sohn. Les ruraux qui « montent » à Paris n'ont plus parents, curés, ni maire pour les surveiller[9]. L'amour, nouveau« ciment du couple » fait que le mariage de convenance« paraît alors honteux »[9] ce qui entraîne« la fin du mariage arrangé, effective vers 1920, d'abord dans les milieux populaires », où les intérêts patrimoniaux exercent moins de pression[9].
La tolérance se reflète aussi sur le plan vestimentaire, sous l'impulsion des artistes et des sportives. Lors de son spectacle au théâtre desFolies Bergère à Paris en 1926,Joséphine Baker porte comme costume de scène une sorte deminijupe composée uniquement debananes ; la minijupe reste un classique du monde du spectacle lors de l'entre-deux-guerres[19].
LesAnnées folles voient la disparition ducorset, à la grande joie des sportives. La jupe courte peut faire son retour, au féminin, à travers lesport : la FrançaiseSuzanne Lenglen abandonne le costume usuel de tennis qu'elle porte encore à l'occasion desJeux olympiques d'été de 1920 pour une robe signéeJean Patou à partir de 1921[20]. Cette robe présente deux caractéristiques qui font débat : les bras sont totalement dénudés et la jupe plissée s'arrête au-dessus du genou. C'est ensuite lepatinage artistique, auxJeux olympiques d'hiver de 1928 àSaint-Moritz où la NorvégienneSonja Henie, jeune diva dupatinage artistique, se présente pour la première fois en jupe courte, et fait sensation grâce à ses mouvements audacieux et libérés du port de la jupe longue.
Les théories des disciples deSigmund Freud, selon qui le comportement humain est enraciné dans lalibido, s'épanouissent à la même époque. Ce sont les plus « révolutionnaires »,Otto Gross et particulièrementWilhelm Reich, qui inventent l'expression« révolution sexuelle », développant une sociologie de sexe dans les années 1920 et 1930 en participant au début de la sexologie.
L'après-guerre : révélations des rapports Kinsey de 1948 et 1953
En France, pendant laSeconde Guerre mondiale, lerégime de Vichy met en accusation toute velléité d'accès des femmes à la contraception, vue comme une« véritable révolution par rapport aux millénaires durant lesquels la femme ne détenait pas les clés de la maternité ».
Dans l'immédiat après-guerre, la jeunesse éprouve un« immense appétit de vivre »[9] et« à partir de 1945, l'hédonisme s'introduit dans les couples légitimes »[9], où l'on se montre plus« exigeant en matière sexuelle », ce qui fait que« dans les années 1960, on ne se marie pas sans avoir « testé » sa future »[9]. En 1947-1948, le premier rapport officiel sur l’éducation sexuelle à l’école, dit « rapport Louis François », du nom d’un inspecteur général de l’Éducation nationale,« insiste sur les dangers de la sexualité des jeunes » et tente un« équilibre » entre l'information sexuelle, qui relève du savoir neutre, et l'éducation sexuelle, plus connotée au plan de la morale et de la transmission de valeurs. Il envisage un rôle des enseignants, à partager avec les familles et[Quoi ?] ; l'éducation sexuelle est déjà conçue comme un moyen d'atténuer la pression des« modèles de virilité juvénile » déjà présents, afin de donner aux garçons l'occasion de« retarder les relations sexuelles préconjugales ».
Le concept de « révolution sexuelle » réapparaît aux États-Unis, pensé comme un mouvement pour abolir la censure au cinéma[21], et ladoxa cinématographique ducode Hays de 1930, qui voulait refléter une société morale, prude, austère et bien-pensante. Mais en réalité, la société s'est éloignée de ce miroir déformant, révèlent les travaux publiés parAlfred Kinsey en 1948 et 1953, entrepris pour confirmer ou infirmer l'hypothèse d'une « révolution sexuelle » aux États-Unis[13], et la presse constate qu'elle démarre dans le sillage de leurs révélations.
En 1948,Alfred Kinsey et ses collègues, répondant à une demande d'information des étudiant(e)s de l'université de l'Indiana sur le comportement sexuel humain, publient leComportement sexuel de l'homme (Sexual behavior in the human male), et, cinq ans après, leComportement sexuel de la femme (Sexual behavior in the human female).
La publication amorce une révolution dans les représentations de la sexualité. Parmi ses révélations, le fait que dès 1940, 50 % des femmes américaines affirmaient avoir eu des rapports préconjugaux (contre 55 % des Françaises)[22] et que 64 % avaient connu l'orgasme avant le mariage[22]. Lerapport Kinsey indique que la fellation est pratiquée de manière beaucoup plus fréquente que ce qui était conçu à l'époque et que la moitié des Américaines pratiquent toutes les caresses et positions[22]. Les données du rapport Kinsey ne sont pas fiables en raison de l'échantillon qui n'étaient pas du tout représentatif de la population américaine. En effet, l'échantillon était surtout composé de déviants sexuels (individus ayant des pratiques sexuelles hors normes) tels que despédophiles. Kinsey avait conclu, comme Freud, aux difficultés des femmes à atteindre l'orgasme avec un homme[23]. La fréquence de diverses pratiques sexuelles comme l'homosexualité fait scandale parmi ceux qui craignent qu'on détériore lasociété américaine en brisant la structure familiale.
Plus tard, ces deux rapports constitueront une base pour celui deWilliam Masters et Virginia Johnson, dont l'étude initiale,Les réactions sexuelles (Human sexual response), parue en anglais en 1966, explicite la physiologie de la clinique de la sexualité. Mais la pilule n'a été légalisée qu'en 1961[24], comme l'immortalise le premier épisode de lasérie téléviséeMad Men, oùPeggy Olson, au début des années 1960, sort de chez son gynécologue avec sa première prescription pour la pilule contraceptive[10].
Pour les églises, la sexualité ne se pratique qu'au sein d'un couple marié.
En réaction à la période de puritanisme deguerre froide, une évolution culturelle amène peu à peu, au fil de la décennie, un repli de la censure. En 1951, Pie XII condamne simplement l'éducation sexuelle dans un discours aux pères de famille, en stigmatisant une« incitation à la débauche »[25].
Puis l'Église se positionne en 1956, sur la base d'un rapport dePaul Richaud, l'archevêque de Bordeaux et recherche une « troisième voie catholique » entre la doctrine traditionnelle et les nouvelles techniques médicales[25]. Cette évolution arrive finalement à ses limites : en 1961, alors que le premier centre du Planning familial ouvre à Grenoble, une « Déclaration sur la limitation des naissances » rappelle les grands principes de la doctrine catholique parmi lesquels la condamnation des procédés chimiques[25] et la régulation des naissances par la continence périodique des époux[25].
Au cours des années 1950 unchanteur /acteur particulier,Elvis Presley, présente une manière très lascive dedanser en utilisant des mouvements de son corps d'une façon sexuellement suggestive. C'est « Elvis the pelvis » pour ses mouvements de hanche significatifs. Des millions de jeunes femmes font de lui leur « idole ». En concert, certaines couinent, poussent des cris perçants et pleurent. C'est un facteur important dans la« perte d'inhibition » et la« rébellion de la jeunesse ». Son succès lie la révolution sexuelle à l'émergence du désir des femmes, son affirmation, plus qu'à l'émergence de la connaissance publique des fantasmes sexuels des hommes et la propagation de la pornographie. C'est plus tard, dans lesannées 1970, que l'homosexualité, strictement taboue à différentes époques, deviendra moins stigmatisée, leslesbiennes etgays, réclamant et obtenant de nombreux droits précédemment réservés auxcouples hétérosexuels.
La représentation de la nudité, jamais bannie en Occident mais soumise à des normes, les voit s'alléger, ou des bikini girls apparaissent dans les films plus grand public dès la fin de la guerre[26] puis dans lesannées 1950. Aux États-Unis, l'industrie du cinéma a besoin de se renouveler car ses bénéfices de 1952 sont tombés à 25 millions de dollars, la moitié des 52 millions obtenus en 1951, et le huitième des 201 millions de 1946, et réfléchit à de nouvelles armes : trois dimensions, Cinérama, Cinémascope, son stéréophonique[27].
Sophia Loren seins nus en 1951.
Le magazineVogue s'inquiète en 1951 de« cebikini qui a transformé certaines côtes de nos régions en coulisses de comédies musicales »[28], même s'il fut banni de certaines plages de la côte Atlantique en 1949 par des préfectures[28], mais face à son succès, même en Espagne, dès 1952, plusieurs maires l'autorisent alors queFranco l'interdit partout ailleurs, comme àBenidorm[29],[30],[31] etMarbella[32],[33]. Une nouvelle vague d'actrices se moque de la pruderie d'avant-guerre. L'AméricaineRita Hayworth déclenche « la chaleur torride d'une explosion nucléaire » dans un film de 1946[Lequel ?], qui en fait un « sex symbol » puis épouse àVallauris en 1949 le fils de l'Aga Khan[34].Sophia Loren fait des apparitions seins nus dansQuelles drôles de nuits en 1951 ou dansDeux Nuits avec Cléopâtre en 1953, à respectivement 16 et18 ans, remarquées enFrance où elles passent la censure.Marilyn Monroe ne craint pas de choquer ses détracteurs en mars 1952, en posant dénudée dans un calendrier[35] et auFestival de Cannes 1953,Brigitte Bardot, 18 ans, pose en bikini sur la plage devant l'hôtel Carlton[28].
L'année précédente, son père, soutenu par l’Église, avait intenté un procès aux auteurs deManina, la fille sans voiles où elle apparairaissait en bikini, obtenant une coupe. La censure retire aussi, en Suède, en 1953 des scènes du filmMonika d’Ingmar Bergman sur l’amour naturiste, et les seins deMartine Carol du filmLucrèce Borgia[36]. La censure s'assouplit aux États-Unis, où les audiences sénatoriales de 1955 sur la pornographie se concentrent surIrving Klaw, en raison de la vente de photos fétichistes et bondage d'actrices bâillonnées,fessées et fouettées, après le succès de son filmStrip-O-Rama, avec de fameuses stripteaseuses commeBettie Page, qui déménage à Miami et travaille avec la photographeBunny Yeager[37], qui y pose dans un bikini confectionné sur mesure. Bettie Page devient en janvier 1955, l'une des premières « playmates » dePlayboy.
Une catégorie de stars particulièrement bien dotées en charisme et ensex appeal émerge. Ainsi, une culture entière apparaît, immergée et érotisée par le film et la culture TV. Des actrices commeMae West,Raquel Welch,Jane Fonda ouSophia Loren ont exposé explicitement leur aura sexuelle dans les castings dont étaient friands lesmédias.
Ils font évoluer une longue série d'œuvres commençant au début du siècle par des films ou des bouts de films libertins ou « naturistes » se prolonge par des films d'amour intégrant des scènes audacieuses de nudité ou de sexe mais sans « passage à l'acte » explicite : les historiens ne situent à la fin des années 1950 ou au début des années 1960, l'émergence réelle du cinéma érotique. Parallèlement, la cause féministe progresse. Entre le 13 et le 26 octobre 1955, le journalisteJacques Derogy publie dans le quotidienLibération une série d'enquête sur les avortements clandestins[36], déclenchant un débat qui remue l’opinion publique, dans la presse et à la télévision, où l'émissionÉdition spéciale : Les femmes jouent leur destin, présentée parFrançois Chalais etFrédéric Rossif[36], qui voit s'opposerFrançoise Giroud etJean Cayeux, député MRP, aboutissant à la création en 1956 de l’association « La Maternité heureuse »[36], qui deviendra en 1960 leMouvement français pour le planning familial.
Les films de Marilyn Monroe et Brigitte Bardot en 1955 et 1956
En 1964 le Gendarme de Saint-Tropez traque les nudistes.
L'année 1955 est celle de films qui choquent parfois ou font rêver, en particulierSept Ans de réflexion avecMarilyn Monroe, inspiré d'une des pièces les plus audacieuses pour l’époque, évoquant la sexualité et l’adultère, dans un couple où l'épouse est partie seule en vacances » (le titre est traduit « Quand la femme est en vacances » en Italie)[38].Le Monde salue une actrice« phénoménale au sens propre du terme, synthèse vivante des symboles féminins plutôt que femme, (…) et qui n'en réussit pas moins le miracle de rester sympathique, tant elle a l'air de se caricaturer elle-même »[39]. Le film coïncide en Europe avec l'ouverture des premiersVillages magiques, fréquentés essentiellement des lectrices du magazineElle, comme àCaprera, enSardaigne, où on dort sous la tente et vit en maillot de bain ou même enbikini, au risque de choquer le prêtre du secteur[40].
En France, le filmEt Dieu… créa la femme marque, en 1956, la propulsion deBrigitte Bardot au rang desex-symbol et déchaîne une hystérie médiatique : toute la société française n'est pas encore prête à accepter l'image d'une femme émancipée.Saint-Tropez devient, à la même période, dans les années 1950, une station balnéaire très connue[41]. Le tournage du film« contribue à l’édification d’un mythe »[41] pour ce village« qui devient le lieu de villégiature » des stars et de visite de milliers de badauds[41], alors qu'il« bénéficiait déjà depuis plusieurs dizaines d’années d’une grande notoriété »[41], mais« auprès d’un cercle restreint de personnes »[41], depuis que l'écrivainColette avait découvert au cours de l’été 1925« le Saint-Tropez des peintres »[41]. D’autres films y sont tournés, dont la série du Gendarme avecLouis de Funès, sur fond de battage médiatique[41]. Le succès international est« retentissant » : huit millions d’entrées auxÉtats-Unis[36], avec la programmation du film pendant vingt semaines àNew York[36], où on dit qu’elle éclipse Marilyn Monroe et Sophia Loren, pourtant encore au début de leur ascension[36].
En 1959, la Justice américaine bouscule la censure littéraire
Aux États-Unis, le romanTropique du Cancer d'Henry Miller (1934) n'avait pas pu être publié car il contient des passages sexuels explicites et une édition imprimée parObelisk Press à Paris a du coup tenté de pénétrer en contrebande aux États-Unis.
De 1959 à 1966, des interdictions contre trois livres au contenu érotique explicite sont demandées aux tribunaux, et refusées. Un peu auparavant, une réforme desrèglements (aussi bien que des coutumes locales et des actions de surveillance) détermine ce qui peut et ne peut pas être publié. Par exemple, le service des douanes des États-Unis interditUlysse deJames Joyce, en refusant son importation. Le grand poids porté par l'Index librorum prohibitorum de l'Église catholique romaine parmi des catholiques constitue unboycott effectif, efficace, et immédiat de tout livre qui y est recensé. LaWatch and Ward Society(en), une création en grande partie protestante inspirée parAnthony Comstock, fait de la chasse à l'outrage un sport national.
En 1959,Grove Press publie la version non expurgée deL'Amant de lady Chatterley parD. H. Lawrence. La poste des États-Unis confisque des exemplaires envoyés par courrier. L'avocatCharles Rembar(en) poursuit en justice le receveur du bureau de poste deNew York, et gagne à New York, puis en appel fédéral. L'année suivant, la contestation et son contentieux s'étendent à l'Angleterre.
Le repli de la censure dans les années 1960, dans le sillage de celui des années 1950, n'est pas affecté par le scandale public des « ballets roses » de 1959, dont l'organisateur écope d'une peine de prison de cinq ans ferme, même si l'un des participants allégués, président de l'Assemblée nationale, est sanctionné beaucoup moins sévèrement.
En 1959 éclate l'affaire dite des « ballets roses ». Le quotidienLe Monde du informe de la mise sous mandat de dépôt, quelques semaines auparavant, d'un soi-disant policier accusé de détournement de mineures. Le, un article plus développé dans l'hebdomadaire politiqueAux écoutes du monde révèle que président de l'Assemblée nationaleAndré Le Troquer, mis en cause, oppose aux« allégations publiées un démenti sans réserve, catégorique, absolu »[42]. Dénoncé pour des bacchanales avec sa maîtresse artiste peintre, mais surtout avec des adolescentes âgées de quatorze à vingt ans, il dément mais est condamné le àun an d'emprisonnement avecsursis et à une modeste amende (3 000 francs) en relation avec l'affaire. Ses comparses sont punis bien plus lourdement. À l'issue du procès, par jugement en date du, vingt-deux des vingt-trois prévenus sont condamnés. L'organisateur, Pierre Sorlut, écope de cinq ans de prison ferme, réduits à quatre ans en appel.
En Angleterre, en 1960, le gouvernement britannique essaie sans succès de poursuivrePenguin Books pour obscénité, pour avoir éditéL'Amant de Lady Chatterley, le roman de D.H. Lawrence, interdit depuis les années 1920 pour son contenu choquant. Mervyn Griffith-Jones synthétise les raisons de la plainte devant le jury :« Est-ce un livre que vous souhaiteriez que votre épouse lise ? ». Après l'échec de la demande d'interdiction, le roman devient un best-seller, se vendant à 2 millions d'exemplaires.
En 1965,Tom Lehrer célèbre l'appel érotique du roman dans sa chanson gaiement satiriqueSmut avec le couplet« qui a besoin d'un passe-temps comme le tennis ou la philatélie a obtenu un passe-temps : relecture de Madame Chatterley ».
Promotion d'Helen Gurley Brown et jurisprudence « Fanny Hill »
Mais la jurisprudence de laCour suprême des États-Unis a évolué moins vite que la presse. Charles Rembar, célèbre avocat américain, spécialiste duIer amendement de laConstitution, représente la minorité la plus conservatrice de l'opinion. Il attaque la republication en 1965 par Putnam du roman desFanny Hill, publié en 1750 parJohn Cleland, qui avait bénéficié d'adaptations à l'écran dès 1963. Charles Rembar perd en justice puis fait appel jusqu'à laCour suprême des États-Unis. En 1966, elle le déboute, une jurisprudence qui permet aux travaux au sujet du sexe d'être libérés des craintes d'action judiciaire. Dans l'arrêtMemoirs v. Massachusetts(en), la Cour décide que le sexe est« une grande et mystérieuse force motrice dans la vie humaine » et que son expression enlittérature est protégée par leIer amendement de laConstitution. Dans une expression célèbre, la cour indique que l'obscénité est « tout à fait sans importance sociale rédemptrice », et que, inversement, aucune œuvre d'un peu d'importance sociale n'est obscène, même si elle contient des passages isolés susceptibles de« diffamer ou corrompre » quelques lecteurs. La Cour suprême place ainsi la barre pour n'importe quelle interdiction si haute que Rembar lui-même y voit« la fin de l'obscénité ».
Les livres grand public sur la sexualité se multiplient. En 1969, Joan Garrity publieThe Sensuous Woman (en traduction française :La Femme sensuelle) etDavid Reuben(en), médecin et chirurgien, diplômé de l'université de l'Illinois, le livreEverything You Always Wanted to Know About Sex (But Were Afraid to Ask)(en) (en traduction française :Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander). Pour beaucoup de lecteurs, il tient exactement ses promesses. Une femme d'une petite ville duWisconsin déclare :« jusqu'à ce que j'aie lu ce livre, je n'avais jamais réellement su avec précision ce que les homosexuels faisaient »[réf. nécessaire].
La jurisprudence de 1966 est confirmée en 1973 par l'arrêtMiller v. California de la mêmeCour suprême des États-Unis, au sujet d'une affaire vieille de 1961, date des procès intentés contre des douzaines de libraires après la publication par Grove Press d'une copie de l'œuvre de Miller des années 1930,Tropique du Cancer.
« Liberté ! Égalité ! Sexualité ! ». Les postulats de la Révolution française sont toujours valables en 2018 à lamarche des fiertés deKatowice, Pologne.
Playboy, magazine de lapresse masculine américain fondé àChicago en 1953 parHugh Hefner, est connu pour sesplaymates et ses photographiesérotiques, mais aussi pour certains de ses articles de qualité ou des pages dépeignant la nudité et les actes sexuels se voulant très sophistiquées. Dès 1965, le siège social se situe dans lePalmolive Building à Chicago, renommé à l'occasion « Playboy Building » et symbole de la fierté d'avoir « pignon sur rue ». D'autres magazines érotiques se voient acceptés en tant que journaux respectables aux États-Unis, où les célébrités s'expriment en sécurité, puisque la liberté de la parole leur est garantie par la constitution américaine mais le mouvement féministe va plus tard s'opposer à la description des femmes comme des « objets » dans des contextes comme les revues pornographiques et des concours annuels tels queMiss Monde etMiss Univers.
Dans les années 1970, le débat sur la censure se déplace vers l'exploitation commerciale des films pornographiques, après avoir déjà disparu dans l'art au cours des deux décennies précédentes, tandis que les féministes réclament que la contraception, légale depuis le milieu des années 1960 puisse devenir accessible dans tous les milieux sociaux.
En France,Jean Royer député-maire de Tours lança en une campagne contre la pornographie au cinéma[43], quelques mois avant la première diffusion à grande échelle d'un film pornographique aux États-Unis.
Au cours de l'année 1971 en France, de nombreuses féministes quittent les groupes maoïstes et gauchistes jugés trop violents, en particulieraprès les événements du 9 mars 1971 à Paris, et se rapprochent du FHAR (Front homosexuel d'action révolutionnaire) créé en. Les enjeux politiques s'en mêlent. Leno 12 du mensuel gauchisteTout !, daté du, accusé d'être « pornographique », est interdit à la vente, pour avoir évoqué en première page la« libre disposition de notre corps », avec une photo de fessier[44] mais la mesure vise surtoutJean-Paul Sartre, directeur de publication, inculpé[43]. Le numéro réclame le« droit des mineurs à la liberté du désir et à son accomplissement » alors que la majorité sexuelle en France est fixée à 21 ans.
La politique de censure vise aussi, plus généralement, les féministesGisèle Halimi etSimone de Beauvoir, qui font la publicité des avortements, alors interdits, via lemanifeste des 343 femmes ayant avorté à l'étranger, qu'elles ont corédigé en.
À la fin de l'année 1971,Jean Royer est invité à participer à un débat télévisé face à un gaulliste de gauche, l'écrivainMaurice Clavel, mais les deux participants n'abordent pas les questions de sexualité.
Gorge profonde est le premier film pornographique à connaître aux États-Unis, en 1972, une distribution grand public et ainsi« obtenir une audience débordant les salles pornographiques, (…) dans des salles de cinéma ordinaires »[45].
Certains travaux universitaires attribuant à l'évolution des mœurs, plus particulièrement à la libération sexuelle, le développement d'un cinéma érotique ou pornographique[21]. Ce point de vue déterministe paraît contestable car le cinéma ne constitue pas forcément un miroir plus ou moins fidèle de la réalité sociale ou historique[21]. Lors des décennies précédentes, des films élitistes et anticonformistes commeOrange mécanique deStanley Kubrick (1971),Les Tricheurs deMarcel Carné (1957),Jules et Jim, deFrançois Truffaut (1962), etc., loin de refléter la réalité sociale observable, proposent des modèles de comportements, dans le domaine des mœurs et des rapports interhumains, comme la violence sexuelle ou l'homosexualité, qui étaient encore insolites dans les sociétés de leur époque[21].
En 1974, les féministes américaines et allemandes attaquent la pornographie
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(avril 2021) Motif avancé : Aucune utilisation du mot pornographie dans la source qui traite des actions violentes ou terroristes en Allemagne contre l'oppression des femmes sous tous ses aspects.
Avant de choisir l'option violente terroriste,Ulrike Meinhof, une intellectuelle féministe reconnue et« figure majeure » en Allemagne[46], occupait même« une position centrale dans la gauche radicale allemande »[46] en tant qu'éditorialiste de la revue critiqueKonkret[46]. Mais au début desannées 1970, elle refuse la nouvelle ligne éditoriale mise en place par son mari, qui entend« mêler politique et érotisme », car elle renvoie l'argument de la libération sexuelle à celui de l'exploitation sexuelle des femmes[46]. Ulrike Meinhof devient alors le cerveau de la « Bande à Baader »[46], où s'implique aussiGudrun Ensslin, dontParis Match a diffusé en novembre 1977 une photo dénudée après sa mort, ce qui suscite des protestations dans une affiche publiée par des féministes[47], qui obtiendront que le magazine soit condamné pour la publication d'images du même type deJoëlle Aubron[47], d'Action directe, autre groupe terroriste français.
Innovations dessixties : sociologie, minijupe et pédagogie
Le port de laminijupe, développé par la styliste anglaiseMary Quant au début desannées 1960 a été rapidement popularisé dans lemonde occidental. Devenue un des symboles de la libération de la femme, la minijupe fut l'une des manifestations de l'évolution des mœurs vestimentaires féminines.
La revuePartisans et les cours de sociologie d'Henri Lefebvre à Nanterre
L'année 1965 voit l'arrivée à l'université de Nanterre deHenri Lefebvre, professeur de sociologie, spécialiste de « la vie quotidienne », venu de Strasbourg. La revuePartisans de l'éditeurFrançois Maspero publie l'année suivante un numéro « Sexualité et répression » qui comprend des contributions des principaux théoriciens de la révolution sexuelle et des enquêtes sur la situation des jeunes et des femmes visant à illustrer la misère sexuelle en déclarant :« Il nous a donc semblé nécessaire de montrer l'importance fondamentale du vieux débat, liberté ou répression, dans la perspective de cette société égalitaire et libertaire que nous souhaitons voir naître un jour ». Dans le sillage de ses étudiants pour cette revue[48], Henri Lefebvre conçoit pour l'année universitaire 1966-1967 un cours « Sexualité et société ». Ses étudiants du campus de Nanterre, des libertaires et membres de la JCR, fondée en 1966, mènent« une campagne sur le thème de la révolution sexuelle ». Certains de ses étudiants sont influencés par d'autres auteurs,Guy Debord en particulier[49] et la mouvancesituationniste en général s'en réclament[50].
Deux livres de ses amis suivent un an après :La Société du spectacle de Guy Debord (publié le initialement chez Buchet/Chastel) etTraité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem (publié le chez Gallimard). Les étudiants s'emparent du premier, critique radicale de la marchandise et de sa domination sur la vie. L'auteur y voit la forme particulière de l'« aliénation » de la société de consommation. Les situationnistes proposent de« dissoudre la société présente pour accéder au règne de la liberté » afin de« vivre sans temps morts et jouir sans entraves ».
Ce mot « jouir » va heurter, choquer. Le journal d'extrême droiteMinute mène campagne en évoquant des rumeurs de « sexualité de groupe ». Le quotidienLe Monde énumère les cibles des situationnistes, en fait beaucoup plus nombreuses que la famille : l'Église et la société bourgeoise, l'Université, les professeurs, les étudiants, le léninisme et la révolution chinoise sont moqués.
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(avril 2021) Motif avancé : Quelle est la pertinence de cette section dans cet article ? Il y est répété à deux reprises que cette expérience n'a pas de lien avec la sexualité.
Au même moment, un intérêt pour les pédagogies non-autoritaires est stimulé par la curiosité découlant de recherches éducatives, même si aucun lien avec la révolution sexuelle n’apparaîtra. En 1970,Libres enfants de Summerhill est publié en France aux Éditions Maspero dix ans après sa première publication à New York, suivi en 1971 deUne société sans école d'Ivan Illich (au Seuil). La traduction française du livre d'Alexander Sutherland Neill avoisine les 400 000 exemplaires vendus en dix ans[52].
L'école libertaire anglaise de Summerhil fondée en 1921 par le psychanalyste libertaireAlexander Sutherland Neill à Summerhill, dans l'Est de la Grande-Bretagne permet aux enfants d'aller en cours quand ils le veulent, ou de casser le matériel. Tout comme lecentre de recherches éducatif de Cuemavaca (Mexique) fondé en 1966 parIvan Illich devient lieu de pèlerinage pour certains hippies[53] de tous les coins du monde[52]. Dans la presse, les critiques portent uniquement sur le fait que les enfants vivent dans une bulle utopique, loin du monde réel de l'entreprise et des associations[52].
Au début des années 1960, les dirigeants de l'associationJeunesse étudiante chrétienne (JEC) font appel au journaliste progressisteGeorges Hourdin pour créer leur propre journal,Le Cri, qui prend des positions innovantes pour l'époque. Le premier numéro sort en, deux mois avant l'indépendance de l'Algérie. Côté protestants, les étudiants en théologie et en lettres prennent le contrôle duSemeur, la revue de la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants (FFACE)[25]. Ces derniers publient en 1963, un numéro zéro qui critique, dans un article deJean Baubérot sous pseudonyme, l'éthique protestante en matière de sexualité[25].
En,Le Cri consacre un numéro spécial à l'amour en s'appuyant sur une étude statistique et un recueil de témoignages[25]. C'est l'année de la déconfessionalisation de la CFTC, devenueCFDT. L'éditorial duCri, dans ce numéro, dénonce la marginalisation des couples cohabitant alors qu'ils sont encore non salariés, leurs conditions de vie et la désapprobation morale qu'ils suscitent dans la société et l'Église[25].
Le journal dénonce aussi le rôle de l'Église catholique dans l'impréparation sexuelle :« un certain nombre de jeunes couples, et parmi eux des catholiques, mettent en question le droit des Églises à se saisir de leur situation sexuelle »[25]. Un article proclame même que« la libération de la femme, capable de mener une vie sexuelle libre, est d'une importance capitale »[25]. Il dénonce le mariage comme seule forme légitime de vie commune, salue les moyens de contraceptions chimiques et veut rompre le lien systématique entre acte sexuel et reproduction[25].
La Jeunesse ouvrière chrétienne coupée en plein élan en 1968
Depuis le début des années 1960, laJeunesse ouvrière chrétienne organise des cours d'éducation sexuelle[25]. Au Conseil national de 1962, à la suite du dépouillement du questionnaire sur« l'amour dans la vie ouvrière »[25], une motion sur « le problème de l'amour dans la vie ouvrière » déplore que « 80 % des jeunes travailleuses n'ont aucune initiation en tout ce qui concerne une évolution de leurs corps et tout ce qui touche à l'amour »[25]. La même année, après deux ans d'expérimentation, le Conseil national du mouvement chrétien de jeunes décide de la constitution officielle de « comités d'action » au sein même des entreprises ou des écoles pour répondre aux problèmes spécifiques : l'un des quatre thèmes est « l'initiation sexuelle »[25], dans une société où 66 % des jeunes de 16 à 24 ans interrogés en 1961 considèrent que les pratiques sexuelles avant le mariage sont normales ou positives[55]. Une plaquette « Psychologie de la fille et du gars » est incluse dans la pochette d'éducation sexuelle donnée aux militants.
Jusque là, des livres commeDes enfants malgré nous, deJacques Derogy (1956), ouLa grand'peur d'aimer, de Lagroua Weill-Hallé, fondatrice duMouvement français pour le planning familial (1960)[25], avaient plutôt témoigné de l'impréparation des couples à la sexualité, du désarroi face aux maternités non choisies, et du refus médical d'aider les femmes en détresse[25]. La JOC se base ensuite sur la« détresse propre aux milieux populaires et ouvriers » pour« surmonter la réserve proprement catholique, selon laquelle il revient aux familles d'être les premières éducatrices » en matière sexuelle[25].
L'éducation sexuelle est un des nombreux thèmes de la grande manifestation appelée « rassemblement Paris 1967 » qui compte 50 000 participants[25]. Parmi les festivités, le "Gala de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne" dans un cirque, du[56], au moment où le gouvernement prépare un « Livre Blanc sur la jeunesse » destinéà freiner l'influence croissante de la gauche et des syndicats dans les associations de jeunesse et lesMaisons des jeunes et de la culture. Ce « Libre blanc sur la jeunesse » sera rendu public en, au moment de la montée du mécontentement social. Le gala festif du sera suivi par un rassemblement de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), le, auParc des Princes, un stade de football àParis[57].
Le mouvement est alors principalement composé d'adolescents et de très jeunes adultes[25]. La JOC de 1967 se questionne sur la possibilité de devenir un mouvement mixte[25]. La création du secrétariat à la Jeunesse et des Sports en 1963, devenu ministère en, puis en 1964 du Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (FONJEP) témoigne de l'investissement grandissant de l'État, qui aide à la création de 430 postes salariés dans les associations de son secteur[25]. Mais l'année 1968 apparaît comme un tournant dans ces subventions, qui s'assèchent[25]. Après 1968, la puissance publique choisit de réorganiser la politique de la jeunesse vers le « culturel » plutôt que le « socio-culturel », lesMaisons des jeunes et de la culture (MJC), elles-mêmes critiquées dans la majorité gaulliste, et le secteur sportif municipal plutôt que les mouvements subventionnés[25].
Les déceptions de Vatican II après l'avancée protestante de 1964
Après le recul d'une moralité à caractère patrimonial fondée sur la tradition de chastetéjudéo-chrétienne au cours desannées 1960, des préceptes comme le « croissez et multipliez » de laGenèse, deviennent aussi controversés dans des pays développés (Europe du Nord, États-Unis)[réf. nécessaire].
Le, le Conseil National de l'Église Réformée de France déclare légitime les méthodes contraceptives.
Du côté catholique, leconcile Vatican II déçoit car il ne prend aucune décision au sujet de la contraception, malgré son engagement sur le terrain social. Alors que plusieurs voix s'étaient fait entendre à différents niveaux de l'Église catholique afin d'autoriser la pilule, le papePaul VI publie, le, l'encycliqueHumanae vitae dans laquelle il condamne la contraception. Sur ce point, laDoctrine de l'Église catholique sur la sexualité n'a pas changé. Une déclaration qui marque un décalage entrelibéralisme social catholique etmalthusianisme protestant.
Le retour en arrière après le coup d'État de 1966 en Argentine
Dès lesannées 1960, ledroit d'une femme à un avortement suscite des réactions d'activistes traditionalistes contre des avortements de la « pro-vie » contre les « pro-choix ». La libération sexuelle, couplée à l'individualisme, suscite ainsi parfois un courantréactionnaire puissant, qui s'incarne par exemple dans ladictature de la Révolution argentine (1966-1973), influencée par lenational-catholicisme[58]. La politique est ainsi imbriquée dans des questions sexuelles connexes, appelées la« politique du sexe »[59].
Années 1960 et 1970 : la libération du poids des grossesses non choisies
Plus que de « révolution sexuelle », les féministes du début des années 1970 parlent plutôt de « libération sexuelle », mais au sens de libération de la peur des grossesses non choisies qui se sont multipliées depuis les années 1960 car lacontraception orale est toujours interdite aux moins de 21 ans et le restera jusqu'à la fin 1974, même si le pragmatisme des gouvernements sous le président Pompidou les a amenés à fermer les yeux sur le sérieux travail de prévention fait par le Planning familial, à partir des décrets d'application de laloi Neuwirth de 1967, très attendus par les féministes.
En Allemagne, le« coup de tomate de 1968 », dope la notoriété et le prestige des féministesHelke Sander etSigrid Rüger. La première réussit une bataille pour légaliser l'avortement en Allemagne un peu avant la France[60]. Dès, elle avait lancé les premières crèches permettant aux jeunes femmes d'entrer sans trop de souci dans la vie professionnelle et sans se ruiner après une maternité. En 1970, seize professeurs présentent un premier projet de réforme de l'article 218 du Code Pénal régissant ledroit de l'avortement en Allemagne[60]. Le, deux mois après un événement similaire en France, la couverture d'un grand magazine, leStern, montre les visages d'une vingtaine de femmes qui avouent ouvertement : « Nous avons avorté »[60]. À l'intérieur du journal on trouve 374 signatures de femmes qui disent avoir commis le même « crime », qui peut être condamné de une à cinq années de réclusion[60].
Le combat d'Helke Sander se poursuit avec la journalisteAlice Schwarzer, qui importe l'idée en France d'un MLF. Elle se bat pour l'avortement et la contraception en 1971 et 1972 fait évoluer les mentalités dans une Allemagne encore très conservatrice[60].
Le, la Diète fédérale adopte la loi légalisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse après une consultation préalable[60], mais les menaces de recours constitutionnel de la droite, brandies depuis 1970, se concrétisent et 193 parlementaires obtiennent satisfaction pour déclarer la loi anticonstitutionnelle[60]. En 1975, les femmes du groupe terroriste allemand lesCellules révolutionnaires, qui se transforme en 1977 en un groupe non-mixte, lesRote Zora, commettent une série d'actions violentes pour protester contre le rejet de la réforme de l'article 218. Elles posent notamment en mars 1975 une bombe devant laCour suprême de Karlsruhe[46]. Elles dénoncent l'utilisation des femmes comme produit de consommation courante. Leur choix d'utiliser la violence se veut« articulé à une perspective féministe radicale »[46] et elles dénoncent le concept de guérilla car il« vise à conquérir le pouvoir avec des formations militaires. Nous ne voulons pas conquérir mais détruire le pouvoir patriarcal »[46].
Une nouvelle version doit donc être adoptée le[60]. La lutte contre l'article 218 du code pénal, qui interdisait l'avortement, prend surtout de l'ampleur dans les villes déjà au centre d'un engagement féminin en 1968 (Berlin, Munich, et Francfort)[60]. Les réseaux de groupes de femmes et de crèches anti-autoritaires établis en 68 ont eu un effet positif pour la formation du mouvement d'importance appelé « campagne 218 »[60].
The Joy of Sex et les « manuel de sexualité » de 1972 et 1975
L'année 1972 est marquée parThe Joy of Sex (en traduction française :Les Joies du sexe) d'Alex Comfort,manuel de sexualité avec une description visuellement explicite des rapports sexuels, édité pour le grand public. En 1975,Zeig Mal! (Show Me!(en) en traduction anglaise) deWill McBride, est écrit avec la psychologue Helga Fleichhauer-Hardt pour des adolescents et leurs parents. Ces livres ont un certain nombre de points communs : concrets, éducatifs, et conçus pour un lectorat traditionnel. Leurs auteurs sont invités dans des spectacles, télévisés ou non, de fin de soirée.
Plusieurs décennies plus tôt, des livres commeWhat Every Girl Should Know deMargaret Sanger (1920) etA Marriage manual, a practical guidebook to sex and marriage (Hannah et Abraham Stone, 1939) avaient déjà cassé le silence total dans lequel beaucoup de gens, de femmes en particulier, ont grandi.
Charles Aznavour se trouve en France lors du suicide en deGabrielle Russier, mère célibataire et professeure de lettres dans lesquartiers nord de Marseille, une tragédie, qui l'a révolté : il s'attelle dans la foulée à la chansonMourir d'aimer, qui fait tout d'abord un tabac. Puis c'estAndré Cayatte qui tourne en1970 le filmMourir d'aimer inspiré de l'histoire vraie de cette professeure condamnée à un an de prison avec sursis pour enlèvement et détournement de mineur après une liaison amoureuse de plus d'un an avec Christian Rossi, son élève âgé de 17 ans et demi.Annie Girardot est enune du magazineL'Express du[61], à la sortie du film, qui fait polémique mais devient peu à peu un grand succès, avec 5,9 millions d'entrées.
Au moment de la sortie du film, en,Jean Carpentier, médecin àCorbeil, qui a voulu aider deux adolescents affectés par les remontrances subies pour s'être embrassés dans le lycée[62] est interdit par le conseil de l'ordre d'exercer son métier pendant un an, puis condamné par lajustice pour « outrage aux bonnes mœurs » pour untract intitulé « Apprenons à faire l'amour »[62], ensuite distribué au printemps 1971 à Corbeil et dans leslycées de France[62] par le médecinPierre Jouannet et ses amis duGroupe information santé. Nicole Mercier, professeur de philosophie àBelfort[62], a accepté, à la demande de ses élèves de commenter ce tract et fait l'objet d'une plainte de la part d'un parent d'élève puis est inculpée d'outrage aux bonnes mœurs[62] mais bénéficiera d'unnon-lieu[63] après avoir reçu en 1972 le soutien duSgen CFDT[64].
L'année 1972 voit l'affaiblissement duPremier ministreJacques Chaban-Delmas, dont le projet de « Nouvelle société » inspiré parJacques Delors inquiète. Les gaullistes conservateurs commeMarie-France Garaud etPierre Juillet lui reprochent d'avoir nommé un progressiste,Pierre Desgraupes, à l'ORTF. Face à une campagne de presse sur sa déclaration fiscale[67] lancée le,Jacques Chaban-Delmas contre-attaque par deux annonces: l'autorisation dustérilet, sous certaines conditions[68] et le décret du, attendu depuis laloi Neuwirth de 1967, qui crée les centres de planifications et d'éducation familiale (CPEF), permettant un accès libre, gratuit et surtout anonyme à toute contraception[69]. Ces CPEF peuvent être mis en place par des collectivités locales ou des hôpitaux, et plus seulement des associations à l'approche non-médicale. Leur vocation devient plus large et ambitieuse[70]. Ils peuvent assurer des« consultations médicales relatives à la maîtrise de la fécondité », et surtout la« délivrance à titre gratuit, des contraceptifs, aux mineurs désirant garder le secret » ainsi que le« dépistage et traitement de maladies transmises par la voie sexuelle »[69]. En 1980, ils devront aussi disposer d'une personne compétente en conseil conjugal et familial[70],[71]. Fin 1972, le ministère de l'Éducation nationale promet une réforme créant une information sexuelle à partir de la rentrée 1973 dans les programmes de biologie du secondaire, alors qu'une proposition de loi identique du député UDR de la Loire[Qui ?] - qui n'a fait l'objet d'aucune étude du gouvernement -, arrive trop tard au Sénat pour y être examinée[72].
Le début de l'année 1972 voit aussi publiée l'enquête sur la sexualité et la contraception dudocteur Pierre Simon, à base d'entretiens menés durant l'été 1970, auprès de 2 625 personnes de 75 départements[73]. Pierre Simon, président du collège médical duMouvement français pour le planning familial et fondateur de l'Association nationale pour l'étude de l'avortement, était depuis décembre 1969 conseiller technique au cabinet du ministre de la Santé publique et de la Sécurité socialeRobert Boulin[74].
L'enquête française, qui dit s'inspirer de l'enquête suédoise de 1969, se différencie des enquêtes américaines[75], car elle« s'inscrit au contraire dans un mouvement de libération des mœurs. Elle souhaite porter un regard sur la « sexualité contraceptée » mais se limite au cadre conjugal et exclut ainsi les mineurs »[75]. Le rapport, préfacé par un ministre en exercice, bénéficie d'une diffusion sans précédent. Il est présenté à l'émission téléviséeActuel 2, diffusée à une heure de très grande écoute ;« on s'étonna du peu d'empressement des Françaises à utiliser les moyens contraceptifs » et« se querella à propos d'une révolution sexuelle introuvable »[76].
À la différence durapport Kinsey, les deux études s'appuient sur un échantillon représentatif, constitué avec 2 389 personnes par l'IFOP. En 1973,Simone de Beauvoir indique que seulement« 7 % des Françaises utilisent des méthodes contraceptives officielles », en raison d'une carence en matière d'information sur le sujet[77].Claudine Escoffier-Lambiotte, titulaire d'un triple doctorat en médecine (Belgique, États-Unis, France)[78], qui inventa le journalisme d'information médicale pourLe Monde entre 1956 et 1988[79], regrette cependant l'absence de comparaison avec les rapports Kinsey de 1948 et 1953[22] et les effectue dans un long article[22], observant que« le Français de 1972 trompe son conjoint avec la même fréquence, rythme sa vie sexuelle de la même façon que l'Américain des années 30 en recourant aux mêmes techniques, et sans attendre le mariage dans une proportion de cas sensiblement analogue »[22].
Elle note que l'âge de la première initiation sexuelle« s'est cependant abaissé : 59 % des jeunes Françaises l'ont connue avant leur majorité, contre 36 % de leurs mères et 25 % des Américaines de 1945 »[22], sans empêcher le fait que« 67 % de ces jeunes émancipées françaises ont connu leur première expérience sexuelle avec leur conjoint ou leur futur conjoint »[22], avant de conclure que« la parole appartient à présent à l'État »[22], et de demander que« législateurs, médecins, éducateurs et responsables sociaux, prennent conscience de leur responsabilité »[22] face aux revendications féministes pour que la contraception soit rendue plus accessible dans les milieux populaires.
L'étude montre notamment qu'une majorité d’ouvriers accorde toujours le plus grand prix à la virginité pour les filles, ce qui fait dire que « la révolution sexuelle n’est pas là » dans les milieux militants[80].
Concernant l'infidélité, alors que 28 % des femmes américaines déclaraient avoir trompé leur mari, c'est le cas de seulement 11 % des Françaises[22], tandis que chez les hommes, les proportions sont plutôt équivalentes (30 % en France en 1970 et 27 à 37 % aux États-Unis avant guerre)[22]. Le rapport montre aussi que le premier rapport s'effectue sans aucun moyen contraceptif pour la très grande majorité des jeunes[22].
Le procès de Bobigny, gagné par Gisèle Halimi en 1972
Leprocès de Bobigny en octobre et novembre 1972 àBobigny (Seine-Saint-Denis) est préparé par une année de mobilisation des intellectuels parGisèle Halimi etSimone de Beauvoir les deux corédactrices dumanifeste des 343 en. Cinq femmes y furent jugées : une adolescente de 16 ans qui a avorté à l'automne 1971 après unviol, et quatre femmes majeures, dont sa mère, pour complicité ou pratique de l'avortement. Ceprocès pouravortement bénéficie d'une énorme couverture de presse: le,L'Humanité met comme surtitre « Marie-Claire » sur chacun de ses articles en lien avec l'affaire[81]. Les autres journaux parlent aussi de l'« affaire Marie-Claire »[81]. L'utilisation de son prénom la protège tout en devenant un signe de reconnaissance »[81]. La presse, y compris le journalLa Croix, fait d'elle une héroïne bien malgré elle.Le Figaro du, fait sa une sur« l’avortement en question » et fait témoigner un médecin, le professeur Paul Milliez, et un prêtre,Michel Riquet[81]. Pour eux, l'avortement devient nécessaire parfois, lorsqu’il s’agit de sauver la vie de la mère. Le lendemain du procès,France-Soir publie sur sa une la photo du professeur Milliez avec en titre« J'aurais accepté d'avorter Marie-Claire »[81].
Le, Gisèle Halimi évoque la foule dehors qui scande« L'Angleterre pour les riches, la prison pour les pauvres ! ». Une manifestation duMLF et de Choisir avait été organisée quelques jours plus tôt, et brutalement réprimée sur consigne duministre de l'Intérieur. Pendant l'audience, leprocureur émet des doutes sur la réalité du viol de la jeune fille, s'étonnant qu'elle ne soit pas allée le signaler à la police. Après le huis clos du procès, le jugement est rendu en audience publique – l'actriceDelphine Seyrig et plusieurs manifestantes peuvent ainsi y assister. Marie-Claire estrelaxée, parce qu'elle est considérée comme ayant souffert de« contraintes d'ordre moral, social, familial, auxquelles elle n'avait pu résister ».
Débats sur l'avortement et la contraception en France
En 1970-1972, le débat s'intensifie sur l'avortement et la contraception, qui évoluent sur le plan technologique. Le rapport Simon de 1972 estime ainsi que l'année 1973 verra l'abandon de la première génération de stérilets (linéaires) permettant un maintien en place supérieur et une efficacité plus grande[82], tandis que de nouvelles préparations hormonales contraceptives sont vantées par le professeurÉtienne-Émile Baulieu, de l'hôpital Bicêtre à Paris[82]. Une enquête sur la clientèle de dix gynécologues, dévoilée lors d'une journée d'études sur « la contraception pour les Françaises en 1973 », organisée par la revue des médecins membres du Planning familial et réunissant 600 médecins le 11 novembre 1970 à la faculté de médecine[82], montre que, sur 1 030 femmes qui ont utilisé la pilule, 201 ont eu des manifestations pathologiques et 199 l'ont abandonné[82], tandis que sur 485 femmes utilisant 8 modèles différents de stérilets, 130 complications, dont 59 expulsions et 15 grossesses ont été constatées[82].
Le 29 juin 1970, une proposition de loi du docteurClaude Peyret (UDR), proche du Premier ministreJacques Chaban-Delmas, envisage l'extension des indications de l'interruption de la grossesse. Le professeur Jean-Louis Lortat-Jacob, nouveau président de l'ordre national des médecins, consulté, décide de l'approuver[82] mais renouvelle son attachement à« la préservation du principe essentiel de respect de la vie »[82]. Un sondage IFOP révèle qu'une écrasante de Français jugent l'avortement légitime pour toutes les raisons médicales et en cas de viol ou d'inceste[82]. Un autre, auprès du corps médical français, montre que 3 % seulement des psychiatres et gynécologues estiment qu'un représentant du conseil de l'Ordre aurait à donner son avis et qu'une majorité très importante souhaite un élargissement de la loi[82]. Une évolution de l'opinion publique et de l'opinion médicale identique à celle des pays étrangers,« où elle a conduit depuis quelques années à d'importants remaniements législatifs » souligne alors[Qui ?][82], en rappelant que depuis 1967, 15 États américains y ont répondu par des législations plus libérales[82].Le Monde note que la France fait partie, avec cinq autres pays, Espagne, Portugal, Italie Grèce et Belgique, des pays qui ont l'attitude la plus répressive sur l'avortement[82], déjà entièrement libre au Danemark, Finlande, Japon, dans les pays de l'Est et dans trois États américains[82].
Depuis 1971, il est agréé mouvement d'éducation populaire, mais non d'utilité publique[84]. Lorsque le décret du autorise la contraception et la création de centres d'information et de planification, un courant du MFPF considère l'objectif atteint, mais d'autres (dont Sylvie Franco, la secrétaire générale adjointe, Jean Gondonneau, le secrétaire général adjoint,Simone Iff, la vice-présidente, etSuzanne Képès[84]), veulent qu'il soit appliqué dans tous les milieux sociaux et se rapprochent des syndicats (CGT,FO et surtoutCFDT), afin d'investir les entreprises pour y diffuser l'information sur la sexualité[84], via les comités d'entreprise, en bénéficiant du pacte d'Union signé début 1974 entre la CGT et la CFDT, qui a bientôt une déclinaison dans le domaine du féminisme, sous l'impulsion de la CFDT. De nombreux comités d'entreprise deviennent des points d'information sur la contraception permettant sa diffusion chez les employés et les ouvriers avant même que soit initiée la procédure menant à une loi la rendant légale y compris pour les mineurs.
Des féministes sceptiques sur la notion de « libération »
Lerapport Hite sur lasexualité humaine est publié en 1976 par la sexologueShere Hite sur la base d'une étude statistique de grande ampleur menée de façon anonyme auprès des femmes américaines (et des hommes par la suite). Il a fait scandale par ses conclusions très éloignées des représentations contemporaines concernant les pratiques sexuelles et leur fréquence dans la population.
La principale conclusion de Shere Hite, dont le livre a été publié à vingt millions d'exemplaires et en treize langues, est que« La plupart des femmes parviennent à l'orgasme toutes seules »[23]. Elle ajoute« En Europe, on a déduit que les hommes américains étaient de mauvais amants ». D'après Pascale Nivelle dans le quotidienLibération, le premier rapport Hite a surtout plu aux femmes[23].
Des féministes ont très tôt relativisé le progrès apporté par lacontraception orale, ayant estimé que s'est imposé dans certaines catégories d'âge le fait qu'il faille coucher, même sans désir, pour avoir l'air libéré, ce qui ne semble plus guère un progrès par rapport à l'époque où il fallait coucher, même sans désir, pour procréer[85].
Le sloganVivre sans temps mort, jouir sans entraves est ainsi peu à peu dénoncé pour son ambiguïté, comme une formule totalement creuse car passant à côté de la question du désir et de la liberté des êtres en tant que sujets[86]. Il est même parfois interprété comme une injonction de jouissance normative, inscrite dans une vision traditionnelle de la sexualité masculine, ou d'avoir permis de banaliser, dans le cadre d'une vision libérale et capitaliste, l'industrie du sexe[86].
Ce sentiment monte à la fin desannées 1970, à mesure qu'une élite parisienne semble vouloir confisquer le progrès social pour en retirer les aspects de justice sociale et mettre seulement en avant la « libération sexuelle », par exemple quand une émission de télévision de la sérieLes Dossiers de l'écran, titrée « 68 dans le Monde » et diffusée le, occulte entièrement les grèves pour se limiter au « délire verbal »[87]. Au début des années 1970, le mouvement féministe dit « lutte des classes » mettait plutôt en avant les thématiques sociales (droit au travail social, droit aux garderies, égalité des chances dans l'emploi, l'éducation, les salaires, l'avortement libre et gratuit)[88].
Lesémeutes de Stonewall du sont une étape importante pour lemilitantisme homosexuel. Affrontant pendant plusieurs jours la police venue faire une descente dans un bar gay deGreenwich Village, des homosexuels, des travestis, des transgenres et des transsexuelles new-yorkais ont, pour la première fois, défié le pouvoir, les autorités et la société en général pour s'affirmer.
Dans la foulée plusieurs mouvements se créent pour fédérer cette nouvellefierté homosexuelle. LeGay Liberation Front naît aux États-Unis en 1969. Au Québec, voit la création duFront de libération homosexuel. En 1971, en France, influencé par le gauchisme post-soixante-huitard, naît leFront homosexuel d'action révolutionnaire.Un groupe principalement composé de féministes lesbiennes interrompt le meeting à la Mutualité de « Laissez-les vivre », puis le, le même groupe intervient violemment lors de l'enregistrement en public d'une émission deMenie Grégoire (surRTL) consacrée à« Ce douloureux problème, l'homosexualité », émission qui doit être suspendue. Le groupe se constitue en association le soir même, sous le nom de « Front humanitaire Anti-Raciste » (FHAR), qui devient très vite leFront homosexuel d'action révolutionnaire, rassemblé autour deGuy Hocquenghem, fondateur du mensuelTout !, dontJean-Paul Sartre est le directeur[89]. Ses slogans proclament avec humour :« prolétaires de tous les pays, caressez-vous ! » ou, plus ciblé :« lesbiennes et pédés, arrêtons de raser les murs ! ». Le FHAR revendique la subversion contre l'État « bourgeois et hétéropatriarcal » et lutte contre l'« hétérosexisme ».
L'inscription progressive dans le droit de l'égalité des couples homosexuels se fait en parallèle à l'égalité juridique acquise progressivement par les femmes au sein de sociétés occidentales.
Le numéro de la revuePartisans et le livre de Jos Van Ussel
Un deuxième numéro dePartisans sur le même thème paraîtra en 1972[90]. Il accorde une section importante à la répression de l'homosexualité. C'est l'une des rares tentatives de réflexion qui traite conjointement des homosexuels et des « hétérosexuels »[90]. L'aiguillon est venu des premiers, en particulier l'intellectuel homosexuelGuy Hocquenghem. LeRapport contre la normalité (manifeste duFront homosexuel d'action révolutionnaire, ou FHAR) est paru l'année précédente, en 1971, et s'inscrit aussi dans le courant révolutionnaire, dont il critique le conformisme sexuel et la phallocratie.« Si donc nos rapports homo-sexuels sont par définition la négation de certains rapports sociaux constitutifs du patriarcat et du capitalisme, pourquoi n'avons-nous pas toujours été une force révolutionnaire ? »[90].
En 1972, paraît aussi en France la traduction deHistoire de la répression sexuelle, l'ouvrage de l'historien belge Jos van Ussel[90], pour qui construire la question de la sexualité sous l'angle de larépression sexuelle est un point de vue historiquement déterminé et inscrit dans la perspective d'une action de transformation sociale et psychologique[90]. Jos Van Ussel défend la thèse selon laquelle la répression sexuelle serait beaucoup plus liée à l'industrialisation et à l'embourgeoisement de la société occidentale qu'à l'influence de l'Église[90].
Le « Nouveau désordre amoureux » en 1977 après Matzneff en 1975
En, le Premier ministreJacques Chirac, promoteur d'un « travaillisme à la française » cède la place àRaymond Barre, pour une cure d'austérité, les « plans Barre », qu'il faut adoucir par une politique plus modérée sur les « questions de mœurs », en prenant appui sur la popularité des réformes de par lesquellesSimone Veil avait légalisé l'avortement et la contraception, y compris pour les mineures.
Pour faire passer la pilule de la réforme de l'ORTF, qui a causé le départ de dizaines journalistes contestataires, l'antenne est ouverte à des artistes et essayistes considérés comme libéraux sur les questions de société. Parmi eux,Pascal Bruckner etAlain Finkielkraut, qui prend la défense de la prostitution et de l'ouvrage, jusque-là très violemment contesté deTony Duvert sur la pédophilie. Ce livre « provoque le scandale », reconnaissent en 1977Pascal Bruckner etAlain Finkielkraut dansLe Nouveau Désordre amoureux[91], mais pour le déplorer et inviter leurs lecteurs à s'en inspirer[92].
Le livre de l'écrivain conservateurGabriel Matzneff,Les Moins de seize ans, a lui « fait scandale » sur la pédophilie àApostrophes du, une des premières éditions de l'émission littéraire créée quelques mois plus tôt. Il choque« à droite comme à gauche et les bien-pensants ne supportèrent pas », affirment ses admirateurs, tandis qu'un père de famille, choqué, porte plainte[93],[94],[95]. L'émission a choqué dans l'opinion et un autre invité,Daniel Cohn-Bendit, auteur d'un livre abordant aussi ce sujet[96] échoue finalement venir sur le plateau de télévision, faute d'avoir obtenu l'autorisation d'entrer sur le territoire français. Le gouvernement ne souhaitant pas raviver le débat sur cette interdiction de territoire, impopulaire, ni sur la censure à l'ORTF, le livre de Daniel Cohn-Bendit est très peu évoqué dans la presse.
Daniel Cohn-Bendit sera de nouveau invité dansApostrophes en, puis en, la seconde fois pour parler à nouveau de ce sujet.
Les schémas diffusés par les militants homosexuels desannées 1970, reflétant« le point de vue de leur milieu social d’origine, la bourgeoisie » ont été pris« à contre-pied » par une enquête de l’historien Régis Revenin, recoupant 70 entretiens oraux, des sondages d’opinion et des enquêtes sociologiques, avec le dépouillement de la presse adolescente ou d'archives judiciaires, montrant qu'avant les années 1970, tous les homosexuels« ne vivaient pas dans la honte et la clandestinité », car dans les milieux populaires beaucoup« assumaient, s’affirmaient publiquement, draguaient dans la rue », via une« étonnante visibilité de l’homosexualité adolescente »[97]. Il prend notamment pour exemple un article paru dansParis-Presse-L’Intransigeant en novembre 1960, décrivant les efforts du gouvernement pour réprimer ces pratiques. Une« fièvre homosexuelle de l’après-guerre » fait même partie des découvertes inattendues de l’historien, publiées dans son livre[98]. Au-delà des homosexuels, l'enquête montre que ls garçons de classes populaires avaient« des pratiques sexuelles assez libres et multiples », tandis que« familles et entourages les encouragent à avoir des expériences avant le mariage ».
Dans les milieux artistiques : des affaires d'abus sexuels
Le concept de « révolution sexuelle » a aussi suscité des critiques contre les affaires d'abus sexuels s'étant produites ans les milieux artistiques et dénoncées, à partir des années 1960 dans de nombreux pays.
Réprobation contre Polanski, Eva Ionesco protégée par la DDASS
Aux États-Unis, en 1977, le cinéasteRoman Polanski plaide coupable pour rapports sexuels illégaux avec une mineure de treize ans Samantha Geimer. Une première séance de prise de vues avait eu lieu le près du domicile de l'adolescente à Woodland Hills, sur les hauteurs de Los Angeles. Par le biais d'une transaction avec la plaignante, il n'est condamné qu'à 90 jours de prison puis libéré sous caution. Ayant découvert qu'il risquait une peine de prison d'une durée de cinquante années aux États-Unis, il fuit vers la Grande-Bretagne puis en France en 1978[99].
À peu près au même moment, un autre scandale éclate en Italie, puis en France et en Espagne :Eva Ionesco est la plus jeune modèle ayant posé nue pourPlayboy, à l'âge de onze ans[100] dès octobre 1976 dans l'édition italienne du magazine, sur une plage, puis en, dans l'édition française et en couverture duDer Spiegel du et encore en novembre 1978 dans l'édition espagnole du magazinePenthouse. Dès l'âge de treize ans, en 1978, Eva Ionesco est retirée à la garde de sa mère et confiée à la DDASS du centre d’Orsay-Ville. L'adolescente passera un temps en maison de redressement à la suite de tentatives de vol et fugue[101].
L'animatrice française de télévisionFlavie Flament déclare à la publication de son second roman, en 2016, intituléLa Consolation, avoir été violée en 1987, à l'âge de treize ans, par lephotographe de charme britanniqueDavid Hamilton[86].
Plus âgée,Maria Schneider avait 19 ans quand elle a subi un simulacre de viol lors du tournage duDernier Tango à Paris, qui choque particulièrement l'opinion publique. Lefilm fut très critiqué, et même attaqué, lors de sa sortie en salles en 1972 et interdit aux moins de 18 ans. Associations familiales et critiques cinématographiques se déchaînent et le qualifient de débauche pornographique[102].
L'actrice Maria Schneider racontera plus tard la mauvaise surprise du simulacre d'une scène de viol filmée en direct[103]. Ce long-métrage était entré dans l'histoire pour la scène où la jeune femme est violée, sodomisée dans une cuisine, avec l'utilisation d'une motte de beurre en guise de lubrifiant[103]. Trois décennies après le scandale autour du film à l'époque, Maria Schneider a expliqué dans une interview auDaily Mail en 2007 avoir été révoltée et se sentir encore« humiliée » et« violée »[103], car selon elle cette scène de sexe n'était pas dans le scénario original et a été imposée en cours de route par la starMarlon Brando[103], qui ne l'a prévenue que juste avant qu'on filme cette scène[103], lui faisant regretter de ne pas avoir pu faire venir son avocat sur le tournage[103].
Bertolucci reconnaît en 2013 avoir ajouté la scène de viol au tournage sans avoir prévenu la jeune comédienne[103], mais se rétracte en 2016 :« Je voudrais, pour la dernière fois, clarifier un malentendu ridicule qui continue à être rapporté à propos duDernier tango à Paris dans des journaux du monde entier. Certains ont pensé et pensent que Maria n'avait pas été informée de la violence subie (dans la scène). Faux ! Maria savait tout parce qu'elle avait lu le scénario où tout était décrit. La seule nouveauté était l'idée du beurre »[103].
Le film françaisLes Valseuses marquerait l'avènement du sexe montré sur grand écran dans lesquels le désir féminin est laissé de côté, selon l'historienne et spécialiste des violences sexuelles et sexistes Malka Marcovich, raillant aussi le fait qu'à l'époque, pour certains,« Être jeune, c'est trouver « chouette » et « vachement sympa » le filmLes Valseuses de Bertrand Blier qui rend romanesque le viol »[104]. Éreinté par la critique[105],Les Valseuses suscite, de fait, la polémique à sa sortie. Bon nombre de journalistes ou de penseurs crient au scandale[105], heurtés par ce mélange de tendresse, d'humour potache et de crudité[105]. Pour Marcovich, le concept de « révolution sexuelle » n'aurait fait que reproduire une vision archaïque des rapports entre les hommes et les femmes[104]. Le film est un immense succès avec plus de 5,7 millions d'entrées en France et plusieurs programmations en télévision[105].
Les retours en arrière des années 1980 aux années 2010
Dans les années 1980, la perception d'une forme de décadence et d'hédonisme, provoque une réaction auxÉtats-Unis, où certains cherchent à retourner aux « valeurs de la famille » via unerévolution conservatrice, qui bénéficie du fait que le public découvre lesida, maladie sexuellement transmise, et mortelle, au début desannées 1980.
Pour les conservateurs américains, lescandale du Watergate, laguerre du Viêt Nam et lacrise iranienne des otages des années 1970 avaient plongé le pays dans une décennie de doute. Par opposition, les années 1980 verront la remise en cause des idées progressistes : mise en question dudroit à l'avortement, en particulier via la décision Webster de la Cour suprême en 1989[106], qui limite le droit d'avorter, retour de lapeine de mort dans certains États,prière à l'école. Cette évolution prend appui sur la frange droitière desévangéliques blancs du sud, ou encore sur les électeurs démocrates opposés à l'avortement[106].
Faludi montre comment les seuls ennemis qu'Hollywood reconnaît aux femmes sont les autres femmes[106], comme dans le filmLiaison fatale[106]. La presse y voit significativement une « tendance »[106]. Les personnages de femmes indépendantes disparaissent des fictions télévisées, les femmes y deviennent de plus en plus des victimes du féminisme et d'une« horloge biologique » leur enjoignant de se marier[106].
Les pressions des traditionalistes aboutissent à remanier les scénarios faisant apparaître des personnages de femmes célibataires, indépendantes, ou envisageant d'avorter[106]. Dans les sciences sociales, une large part des départements d'études féminines des universités célèbre une différence des femmes dans l'esprit de la conquête du bonheur par le retour au foyer[106]. La première conséquence en est l'enfermement des femmes dans une spécificité qui devient un argument des opposants à l'égalité des droits : ces travaux sont systématiquement repris par des avocats d'entreprises lors de procès en discrimination sexuelle[106].
Pour le sociologue Jacques Guigou,« Le « vivre sans temps mort et jouir sans entrave » chanté et dansé en 1968, n'ayant pas trouvé, pour cause de disparition du prolétariat, son « sujet historique », cette aspiration à « changer la vie » s'est alors institutionnalisée, comme bien d'autres « libérations », dans la pure et simple consommation de l'existant et de ses prothèses »[107].
Lapertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution.Améliorez-le oudiscutez-en, sachant quela pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question.(avril 2021) Motif avancé : Existe-t-il des sources secondaires, en dehors de Benoît XVI, faisant le lien entre libération sexuelle et pédophilie dans l'Église ?
Avant les années 2000, les cas d'abus sur mineurs étaient souvent traités, d'après les témoignages des évêques eux-mêmes, dans la confidentialité. La principale mesure prise était le plus souvent un changement d'affectation du prêtre, sans que ni le risque de récidive, ni la nécessité d'une thérapie et d'une sanction pénale, soient réellement pris en compte[108]. Il a cependant existé entre 1965 et 1985 deux établissements gérés par les évêques ainsi que leSecours catholique, chargés d'accueillir les prêtres en difficulté, notamment les pédophiles, afin de les prendre en charge pour les mener vers une réinsertion après amélioration de leur cas[109]. La création de ces établissements fait suite à des enquêtes menées en 1952, qui permettent une première prise de conscience du problème en interne, même si les conclusions de ces rapports ainsi que l'existence des établissements furent ensuite progressivement oubliés.
Le thème de la pédophilie est abordé ouvertement, en 1998, dans un article du bulletin du secrétariat de la conférence des évêques de France[110]. Plusieurs affaires éclatent en France à la fin des années 1990. Une dizaine de prêtres et de religieux sont ainsi mis en examen[111]. Le cas le plus grave est celui de l'abbé Bissey, accusé, en, d'une douzaine de viols et agressions sur mineurs entre 1985 et 1996[112] et condamné, le, à dix-huit ans de réclusion criminelle[111]. Cette affaire marque un tournant, car l'évêque du diocèse de l'abbé Bissey,Pierre Pican, a aussi été mis en examen, le, pour« non-dénonciation de crime » et« non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs de quinze ans »[112], et sera condamné en à trois mois de prison avec sursis. Depuis 1992, le Code pénal français, entré en vigueur le, prévoit en effet que le secret professionnel ne s'applique pas dans les situations de sévices sur mineurs de 15 ans[112],[113].
Un retour en arrière desannées 1980 s'effectue aussi en partie à cause de l'épidémie desida.
Les suites des écrits « libéraux » de Daniel Cohn-Bendit
À l'automne 1999, un des amis de jeunesse deDaniel Cohn-Bendit, le terroriste allemandHans-Joachim Klein se livre à la justice française à la demande de la justice allemande, un quart de siècle après avoir participé à des attentats terroristes parmi lesquels laprise d'otages du siège de l'OPEP à Vienne qui a causé trois morts à Vienne en. Il est extradé et sera condamné à neuf ans de prison. Son procès est l'occasion de nombreuses révélations sur le passé des deux hommes et celui, passablement violent, de leur ami commun,Joschka Fischer, entre-temps devenu vice-chancelier d'Allemagne. La jeune journaliste Bettina Roelh révèle que Cohn Bendit a aussi écrit un texte proche de la pédophilie dans la revue allemande que dirigeait son père, peu avant le suicide en prison de sa mèreUlrike Meinhof, codirigeante avecAndreas Baader de laFraction armée rouge. Daniel Cohn-Bendit, entre-temps devenu parlementaire européen, ne répond tout d'abord pas à ces informations reprises par la presse étrangère. Puis il accorde le un long entretien exclusif à l'hebdomadaire françaisL'Express, dans lequel il esquisse des regrets mais contre-attaque en estimant que ces révélations n'en sont pas et que la pédophilie était partiellement entrée dans les mœurs dans les années d'aprèsMai 68 en raison de la libération des mœurs. En échange de cet entretien exclusif,L'Express appuie ses dires dans un dossier agglomérant lesdivers dérapages sur la pédophilie de la seconde moitié des années 1970. Puis parNicolas Sarkozy lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2007 en France, au cours de laquelle il affirme vouloir « liquider l'héritage de Mai 68 », avec une telle vigueur que l'un de ses partisans,André Glucksmann, décide d'écrire dans la foulée un livre titré « Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy » , sans parvenir à éteindre la polémique. Dans un débat organisé quelques jours avant lesélections européennes de 2009, le président du tout nouveau partiMoDem,François Bayrou, improvise une attaque contre Cohn-Bendit sur ce sujet, avec virulence et sans donner vraiment de détails, s'exposant en retour à l'incompréhension du public et de violentes critiques de la presse. Quelques jours après, la polémique est définitivement close par le score historique obtenu dans les urnes par Daniel Cohn-Bendit, alors que celui de Bayrou s'effondre.
En Allemagne au contraire, cette polémique va rebondir et s'amplifier dans les années 2010 au moment où le partiDie Grünen, revenu dans l'opposition, est affaibli politiquement puis moralement par d'autresrévélations sur la pédophilie dans les années 1970 mais cette fois à Berlin. Die Grünen subit ce scandale alors que la campagne pour lesélections législatives suit son cours ; crédités de 15 % un an auparavant, ils chutent alors à 9 %[114]. En conséquence de cet échec,Jürgen Trittin etKatrin Göring-Eckardt démissionnent de leurs fonctions à la tête du parti[115].
Benoit XVI attribue la pédophilie dans l'église à la Révolution sexuelle
En, six ans après la fin de son dernier mandat, et en pleines réformes de son successeur pour combattre la pédophilie,Benoît XVI, pape de 2005 à 2013, a suscité une polémique en déclarant le que les scandales de pédophilie au sein de l'Église catholique s'expliquaient par une « révolution sexuelle » dans lesannées 1960[116].« La révolution de 1968 s'est battue pour une complète liberté sexuelle, qui n'admettait plus de normes », a-t-il souligné dans un article de dix-huit pages publié dansKlerusblatt, un mensuel bavarois destiné au clergé[116]. Ce long article a produit l'effet d'une petite bombe chez certains théologiens, comme l'Américain Brian Flanagan, qui a réagi par untweet estimant que le lien fait par Benoît XVI avec les années 1960 constitue« une explication fausse et embarrassante »[116].
Les réactions ont aussi été très vives du côté des victimes d'abus sexuels, comme pour le Chilien José Andres Murillo, qui a immédiatement pris le point de vue contraire et déclaré que le « narcissisme théologique » de Benoît XVI avait« fait partie du problème de la culture d'abus et de silence de l'Église »[116].
Moins d'un an plus tôt, en, le Vatican avait été mis en cause après une enquête des services du procureur de Pennsylvanie sur des cas majoritairement prescrits, mais toujours douloureux, en dénonçant les abus sexuels perpétrés par plus de 300 prêtres sur au« au moins 1 000 enfants », dont certains âgés de moins de dix ans. Des dizaines de noms sont dévoilés par les jurés chargés du rapport final[118],[119],[120]. Selon le procureur général de l'État de Pennsylvanie chargé de l'enquête, dans certains cas« le Vatican était au courant des abus et était impliqué dans leur dissimulation »[121]. Une enquête fédérale est ouverte[122].
L'article sur la Révolution sexuelle de l'ex-papeBenoît XVI fait suite à une série de révocations de très hauts dignitaires par son successeurFrançois, sans précédent dans l'histoire du Vatican. Début 2019, le pape François écarte ainsi l'un de ses plus proches conseillers, l'évêque argentinGustavo Óscar Zanchetta visé par une enquête pour abus sexuels[123], défroque l'ancien cardinal américainTheodore McCarrick, accusé de violence sexuelle[124] et reconnu coupable par laCongrégation pour la doctrine de la foi d'avoir enfreint l'un des commandements divins« avec la circonstance aggravante de l'abus de pouvoir »[125], renvoie le cardinalGeorge Pell[126], le numéro trois du Vatican condamné pour pédophilie en Australie, et accepte la démission du cardinalEzzati, accusé d'avoir dissimulé les actes pédophiles de trois prêtres chiliens. Mais sa décision de refuser la démission ducardinal Barbarin surprend[127],[128] et l'accumulation soudaine d'affaires autour d'abus sexuels déstabilise les fidèles[129],[130],[131].
L'enquête ACSF (Analyse des comportements sexuels en France)[132], a été menée en 1992, dans le contexte du Sida[132], auprès d'un échantillon global de 20 000 personnes[132], par une équipe formée d'épidémiologistes, de sociologues, de psychosociologues, de psychologues, de psychanalystes, d'économistes, de démographes, appartenant à des institutions variées : INSERM, INED, CNRS, universités[132]. Selon plusieurs universitaires, cette enquête a« sûrement apporté des données plus fiables et plus riches que toutes les études disponibles » jusque-là[132], et permis des comparaisons en profondeur avec l'enquête de 1970 dudocteur Pierre Simon. En 1992, il s'agissait de mesurer la fréquence de certains types de comportements sexuels estimés « à risque » dans l'ensemble d'une population[132]. Elle a montré que l'âge du premier rapport sexuel, en un peu moins d'un quart de siècle, est resté sensiblement identique pour les hommes, avec des moyennes similaires à celle de l’enquête Simon de 1970, mais qu'il s’est abaissé pour les femmes. L'enquête ACSF a aussi montré que les parents des jeunes interrogés« ont renoncé à exercer un contrôle direct sur la sexualité juvénile, en particulier sur celle des filles » mais que la« régulation sociale de la sexualité juvénile se fait maintenant par les pairs »[6].
L'enquête ACS a confirmé que lesannées 1980 n'ont pas été celles de la plus grande baisse de l’âge au premier rapport chez les femmes[6], qui s'est plutôt produit dans lesannées 1960[6], au cours desquelles la société avait aussi« battu des records en matière de conceptions pré-nuptiales »[6]. Selon le sociologue Michel Bozon, ce n'est pas le progrès dans la contraception qui a permis de nouvelles conduites sexuelles, mais l'inverse[6] : la révolution sexuelle des décennies précédentes a permis la« diffusion très rapide des nouvelles méthodes contraceptives » dans lesannées 1970[6]. Le Sida a ensuite créé d'autres évolutions. Alors que 7 ou 8 % des personnes utilisaient un préservatif au premier rapport sexuel au milieu des années 1980 cette proportion a grimpé à 90 % au milieu desannées 1990[6], son usage se transformant en« rituel d’entrée dans la sexualité », réduisant l’incertitude du premier rapport,« dans un sens beaucoup plus large que simplement épidémiologique ».
Selon Florence Maillochon, directrice de recherche au CNRS,« la généralisation des relations sexuelles en dehors d'un cadre institutionnel » a permis aux adolescentes d'exercer une« certaine pression sur les garçons de leur âge », placés en situation de demande[13], tandis que subsistent par ailleurs des formes de violence réelle (rapports forcés et viols)[13], un« paradoxe » au moment où la sexualité des garçons semble plus proche de celle des filles[13]. À long terme, le bilan reste selon elle positif, l'instauration d'une période de flirt constituant« un des aspects les plus marquants »[13] de l'entrée dans la sexualité dans la seconde moitié duXXe siècle, en« donnant l'occasion de découvrir progressivement la sexualité et les personnes du sexe opposé »[13].
À la fin du siècle précédent, l'émergence du sida a laissé penser à« une contre-révolution sexuelle » mais les pratiques des adolescents n'ont pas fondamentalement évolué, si ce n'est bien sûr leur usage du préservatif[13].
La mise sur le marché duViagra en a fait le symbole d’une « nouvelle révolution sexuelle »[133],[134], mais les résistances exprimées face à la « médicalisation de la sexualité »[134] ont fait l’objet de débats pas aussi argumentés que lors des nouvelles classifications des troubles sexuels féminins[134]. Dès janvier 2003, un article de Ray Moynihan dans leBritish Medical Journal[134] avait dénoncé l’emprise croissante de l’industrie pharmaceutique sur la recherche scientifique et médicale[134] et l’incitation à « inventer de nouvelles pathologies » dans ce domaine[134].
1948 : le comité de l'Éducation nationale présidé par Louis François publie le « Rapport du Comité d'études concernant l'éducation sexuelle dans les établissements d'instruction publique ».
1951 : discours aux sages-femmes italiennes du papePie XII qui a autorisé l'usage de la continence périodique durant la période féconde du cycle menstruel[135].
1962 : la contraception retirée des discussions duConcile Vatican II (1962-1965) car jugée trop controversée[135].
1966 : le docteurPierre Simon publie son ouvrageContrôle des Naissances, Histoire, philosophie, morale.
1967 : la célèbre émission de radio deMenie Grégoire sur la famille, le couple et les relations sexuelles démarre, surRTL, en affirmant le désir de la femme et vulgarisant les apports de la psychanalyse[137].
1968 : le PapePaul VI prend position contre la régulation des naissances et contre la pilule dans l'encyclique Humanæ vitæ[138].
:Helke Sander , seule femme autorisée à prendre la parole lors de la conférence des délégués duSDS permet lecoup de tomate de 1968, événement jugé fondateur dans l'histoire du féminisme en Europe[139].
1969 : suicide de Gabrielle Russier (1937-1969), une professeure de lycée poursuivie pour une liaison avec un élève mineur.
: à New York,émeutes de Stonewall du le mouvement de libération gay américain, aucune caméra n'était présente pour immortaliser l'événement.
: premier décret d'application de laloi Neuwirth, qui définit les visas de fabrication des produits contraceptifs[68].
automne 1969 : le Groupe national d'information et d'éducation sexuelle (GNIES) est créé.
1970 : seize professeurs de droit pénal présentent un premier projet de réforme de l'article 218 du Code Pénal régissant ledroit de l'avortement en Allemagne[60].
:Stern montre en « une » vingt femmes qui avouent ouvertement : » Nous avons avorté ». À l'intérieur, 374 signatures de femmes qui disent l'avoir fait.
automne 1971 : début de l'affaire duprocès de Bobigny[141], Marie-Claire, 16 ans, doit avorter après un viol. Dénoncée par son violeur, elle fait appel àGisèle Halimi, dont elle a découvert la défense du FLN dans une bibliothèque publique.
: première manifestation publique du MLF (et première grande manifestation féministe depuis 1936)[66].
1972 : publication de l'enquête sur la sexualité et la contraception dudocteur Pierre Simon, dans le sillage de l'enquête suédoise[73].
: autorisation du stérilet sous certaines conditions[68].
: décret d'application, très attendu, de laloi Neuwirth de 1967, création des centres de planifications et d'éducation familiale (CPEF), permettant aux mineurs un accès libre, gratuit et surtout anonyme à tous les types de contraceptifs[69].
1973 : Alphonse Pageaud, permanent de laCFDT-PTT et membre du MFPF depuis 1966, date de l'avortement de sa femme, devient ainsi président du Planning familial àParis[84].
: la circulaireFontanet prévoit pour la première fois une information sur la sexualité en milieu scolaire, mais qui n'est que facultative[146].
: leBundestag adopte la loi légalisant l'IVG durant les trois premiers mois de la grossesse en Allemagne.
: seconde « loi Neuwirth », supprimant l'obligation de l'autorisation parentale pour la vente de contraceptifs aux mineurs et prévoyant pour eux la gratuité des prestations dans les centres spécialisés[68].
2001 : l'éducation à la sexualité est en France délivrée selon la législation et le code de l'éducation dès l'école primaire.
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