Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Révolution industrielle

Cette page est en semi-protection longue.
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirRévolution (homonymie).

Révolution industrielle
Description de cette image, également commentée ci-après
Raffinerie de pétrole de laStandard Oil àCleveland,Ohio, 1889.

Données clés
Date
LieuEurope
CauseContexte socio-économique, monétaire, financier, technologique, idéologique, juridique
RésultatPassage dusystème manufacturier, à l'usine mécanisée, augmentation de la croissance et de laproductivité,mécanisation,exode rural eturbanisation, développement des transports et des télécommunications, émergence d'uneclasse bourgeoise et d'uneclasse ouvrière,syndicalisme, socialisme, pollution.
Chronologie
1769




1771

Watt met au point unemachine à vapeur qui transforme en énergie mécanique la vapeur produite par l'eau chauffée aucharbon.

Cugnot met au point le premiervéhicule automobile : le fardier de Cugnot
1779Crompton élabore une machine à filer mécanique : lamule-jenny.
1825Stephenson invente lalocomotive et crée la première ligne ferroviaire ouverte au public.
1827Niépce invente laphotographie.
1851Premièreexposition universelle, à Londres.
1855Leprocédé Bessemer facilite la production d'acier.
1858Étienne Lenoir invente lemoteur à explosion à essence.
1863Louis Pasteur met au point lapasteurisation.
1869Mendeleïev publie sontableau périodique des éléments.
1871Gramme invente le premier générateur électrique : ladynamo.
1876Bell invente letéléphone.
1882Edison etSwan inventent l'ampoule électrique.
1886À l'aide de sonmoteur à explosion,Carl Benz met au pointla première automobile.
1895Les frères Lumière projettentle premier film cinématographique.
1895Marconi met au point la première communication radiophonique : latélégraphie sans fil (TSF).
1898Pierre etMarie Curie réussissent à isoler leradium, ouvrant ainsi la voie à laphysique nucléaire.
1903Lesfrères Wright effectuent leurpremier vol motorisé.
1911Taylor publieThe Principles of Scientific Management où il présente uneorganisation scientifique du travail (OST) à travers laséparation des tâches.
1914Henry Ford instaure une nouvelle méthode de travail : lemontage à la chaîne.
1971Hoff etFaggin, ingénieurs chezIntel, inventent lemicroprocesseur, ouvrant ainsi l'ère de lamicro-informatique.

modifier

Larévolution industrielle est le processus historique duXIXe siècle qui fait basculer une société à dominanteagraire etartisanale vers une sociétécommerciale etindustrielle. Ainsi, cette transformation, tirée par leboom ferroviaire des années 1840, affecte profondément l'agriculture[2], l'économie, ledroit, lapolitique, lasociété et l'environnement.

L'idée se fait jour sous la plume de l'économiste françaisAdolphe Blanqui dans sonEssai sur les progrès de la civilisation industrielle de 1828, dans sonHistoire de l'économie politique[3] de 1837 et dans sonCours d'économie industrielle de 1838. La première occurrence connue de l'expression littérale « révolution industrielle » en français serait dansDe l'industrie en Belgique de Natalis Briavoine en 1839[4]. Elle apparaît en allemand en 1845 dansLa situation de la classe laborieuse en Angleterre deFriedrich Engels[5]. Vulgarisée en Angleterre auXXe siècle par l'historienArnold Toynbee[6], elle fait partie depuis du vocabulaire usuel.

Certains historiens contestent, mais sans avoir obtenu un consensus autour de leur position, la validité scientifique de cette expression. PourWerner Sombart (Le Capitalisme moderne, 1902), la « révolution industrielle » est un phénomène ancien, qui commence en fait àFlorence auXIVe siècle avec l'émergence de la civilisation bourgeoise.Fernand Braudel fait observer que le caractère brutal qu'implique le terme de « révolution industrielle » ne peuta priori s'appliquer qu'auRoyaume-Uni. Pour les autres pays, le terme d'industrialisation qualifie mieux un processus en réalité assez progressif. Patrick Verley[7] insiste sur la continuité du phénomène, le moteur de la croissance de l'industrie, à la fin duXVIIe siècle, résidant d'abord dans le dynamisme de la demande de biens de consommation, qui stimule en retour leprogrès technique.

Les mutations dans le domaine agricole

La « révolution industrielle » est le passage d'une économie fondée traditionnellement sur l'agriculture à une économie reposant sur la production mécanisée à grande échelle de biens manufacturés dans des entreprises.

Les « révolutions industrielles » (au pluriel) désignent les différentes vagues d'industrialisation qui se succèdent dans les différents pays à l'époque moderne, car la révolution industrielle émerge en réalité de façon décalée dans le temps et dans l'espace selon les pays. Elle correspond à la maîtrise et au développement de nouvelles sources d'énergies, à savoir lesénergies fossiles, qui sont essentielles dans le développent des industries : le charbon d'abord, le pétrole et le gaz naturel ensuite[8]

Les premiers espaces à s'être industrialisés sont laGrande-Bretagne à la fin duXVIIIe siècle, puis la Belgique, le Nord de la France et laSuisse au début duXIXe siècle : ce sont les pays de la première vague. L'Allemagne et lesÉtats-Unis s'industrialisent à partir du milieu duXIXe siècle, leJapon à partir de 1868 (le début de l'ère Meiji qui correspond à la date d'accession au pouvoir de l'empereurMutsuhito (1867-1912), puis laRussie à la fin duXIXe siècle : ils forment les pays de la deuxième vague.

Les transformations économiques, politiques et sociales sont telles que certains, comme Max Pietsch[9] etDavid Landes[10], veulent y voir une rupture avec le passé. D'autres pointent plutôt la convergence d'éléments que le contexte historique favorise et diffuse auXIXe siècle.Karl Polanyi, dansLa Grande Transformation (1944), expose notamment l'idée d'un siècle marqué par :

  1. Un équilibre politique international : absence de grandes guerres entre 1815 et 1914[11] ;
  2. Un équilibre monétaire : système de l'étalon-or et absence d'inflation ;
  3. Un équilibre économique : acceptation de l'économie de marché.

Sans méconnaître l'impact colossal des transformations portées par la révolution industrielle, (voir par exemple l'expression « Rerum novarum » employée par le papeLéon XIII dans son encyclique homonyme : un ensemble de « choses nouvelles » forment un mouvement économique et social inédit et déconcertant qui pose laquestion sociale), certains éléments assurent une certaine continuité entre les périodes pré-industrielles et industrielles.Walt Whitman Rostow est l'un des premiers à en rendre compte[12].Franklin Mendels parle d'une situation de « proto-industrialisation » dans de nombreuses régions d'Europe[13] etPierre Léon note l'existence de « nébuleuses industrielles » antérieures auXIXe siècle[14]. De même, Bernard Rosier etPierre Dockès[15] montrent que l'avènement dufactory system fait suite à l'expérience antérieure dumanufactory system etAlexander Gerschenkron note que la révolution industrielle est surtout le résultat d'obstacles économiques, politiques et sociaux qu'opposaient lessociétés traditionnelles et surmontés par chaque État. Enfin,Fernand Braudel note :« Il n'y a jamais entre passé — même lointain — et présent de discontinuité absolue, ou si l'on préfère de non-contamination. Les expériences du passé ne cessent de se prolonger dans la vie présente. » Ainsi, de nombreux auteurs situent le début de la révolution industrielle auMoyen Âge (qui a déjà révolutionné le monde du travail par le renouvellement des sources d'énergie, hydraulique et éolienne, et par l'invention technologique)[16] ou au début de laRenaissance.Paul Mantoux parle de l'existence d'un capitalisme industriel dès le milieu duXVIe siècle, mais la révolution industrielle en soi date, selon lui, duXVIIIe siècle[17].

Avant la révolution industrielle

De la fin duMoyen Âge auXVIIIe siècle, la société est largement seigneuriale et presque exclusivement agricole. À l'exception de certaines régions, comme lesFlandres, l'agriculture est encore peu productive et marquée par l'archaïsme féodal. La pratique de l'assolement triennal reste la règle et les champs sont exploités de façon collective, l'absence de clôtures permettant le mouvement dubétail d'un terrain à l'autre. L'Europe connaît plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par des crises profondes :épidémies, guerres etdisettes. La mortalité infantile est élevée, l'alimentation est essentiellement à base decéréales[18]. L'hygiène reste désastreuse : les carences sont attestées par des déformations et autres marqueurs d'innombrables maladies relevés sur les squelettes de l'époque.

Toutefois, les premières corporations productivistes apparaissent dès laRenaissance enHollande et dans leNord de l'Italie. Les techniques enregistrent d'importants progrès :navigation,imprimerie,horlogerie,extraction minière etméthodes bancaires. Lesfoires qui se développent dans certaines régions d'Europe attestent l'existence d'échanges se situant dans uneéconomie de marché plus élargie. Ces volumes demeurent cependant modestes dans le total des échanges pratiqués par les populations.

L'usine, au sens moderne, est inexistante. Lesmanufactures établies par le pouvoir royal, enFrance notamment (comme àVilleneuvette), restent une activité d'exception. Cependant, certaines formes d'organisations basées sur une sous-traitance à domicile (putting-out system) — comme l'établissage dans l'industrie horlogère — annoncent la révolution industrielle ; les marchands commencent à fournir les paysans en matières premières, parfois en outils, en vue de récupérer ensuite un produit transformé qu'ils revendront en ville. Les paysans en tirent un complément de revenu. Ce mode de vie n'est donc plus tout à fait leservage mais n'est pas encore lesalariat. C'est un mélange inédit d'agriculture et d'artisanat : l'économie moderne est en germe. Ainsi, l'avènement desindiennes de coton dont la fabrication implique la mise en œuvre de processus techniques complexes provoquent le développement d'uneproto-industrie dans plusieurs régions d'Europe auXVIIIe siècle.

D'après les calculs d'Angus Maddison, l'Europe occidentale connaît, de 1500 à 1800, une croissance démographique de 0,14 %, soit un taux faible mais déjà supérieur à celui des autres régions du monde (0,02 %). C'est donc dès leXVIIIe siècle que l'Europe commence à creuser l'écart économique avec le reste du monde. Cette avance reste limitée[19] et si l'Europe occidentale n'est pas plus riche que le reste du monde, elle commence déjà à le dominer : lesgrandes compagnies de commerce profitent du renouveau des techniques maritimes, pour rivaliser, prendre le contrôle des mers et des comptoirs d'escale ou d'approvisionnement. Cecommerce au long cours s'intéresse à l'origine surtout aux produits de luxe : activité très risquée mais qui procure à ceux qui y investissent des profits considérables[20]. L'idée d'investissement de rapport se diffuse d'abord chez les financiers qui se lancent dans le négoce, puis chez des négociants qui réussissent à s'autofinancer (sans s'endetter) ou à trouver les moyens de se financer : création et développement des banques, des bourses et des associations de « capitalistes » dans les pays du Nord de l'Europe.

Contexte favorable, résultat d'une longue évolution

Article connexe :Histoire du capitalisme.

Structures sociales, économiques et politiques

Évolution de la société

Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

Il est de coutume de voir un lien entre laréforme protestante auXVIe siècle et la révolution industrielle depuis la parution deL'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme deMax Weber en 1905. Selon ce sociologue allemand, leprotestantisme porte en lui les germes de ce qui constitue un « terreau » de valeurs qui révolutionnent la conception du travail et de la vie : le travail n'a pas à être considéré comme le châtiment expiatoire dupéché originel comme le rapporterait l'éthiquecatholique. Ce serait au contraire une valeur fondamentale au travers de laquelle chacun s'efforce de se rapprocher de Dieu[21]. Selon Max Weber, le capitalisme est un état d'esprit caractérisé entre autres par la subordination de l'émotion et de la coutume à la raison instrumentale (un terme de philosophie allemande désignant l'usage de la raison pour déterminer le meilleur moyen d'atteindre un but : le mot français est « rationalité ») et cet état d'esprit aurait été créé par lecalvinisme intransigeant apparu en Angleterre et aux Pays-Bas auXVIIe siècle enseignant le rejet des plaisirs superficiels tels que le jeu et le théâtre pour se concentrer sur le travail, tandis que le dogme de la prédestination aurait encouragé à rechercher des signes terrestres de son élection par Dieu. Enfin, l’Église catholique a condamné l'usure jusqu'en 1830 alors que Jean Calvin l'a autorisé rendant le protestantisme compatible avec le libéralisme et la spéculation.

Cette analyse est en contradiction apparente avec le dogme fondamental du protestantisme, lasola gratia, selon lequel Dieu accorde sa grâce sans considération des actes. Max Weber ne l'ignore pas, mais il analyse chez les protestants une forme de déviation par rapport au dogme pur, qui consiste à voir dans la fortune ici-bas un signe de l'élection divine et du salut. Cette analyse n'explique pas pourquoi l'émergence du capitalisme se produit deux siècles après l'apparition du protestantisme (voir l'articleHistoire du capitalisme) ; il est vrai que Weber n'avait pas à sa disposition les études d'historiens postérieurs (le BelgeRaymond de Roover (en) ou les BritanniquesEdwin S. Hunt etJames M. Murray ou encore le Français Fernand Braudel).

L'évolution des idées durant l'époque moderne est marquée par la dimension prise par labourgeoisie au sein de la société. Il est notable que l'expansion économique précoce se fait souvent dans un contexte politique déjà en partie affranchi du féodalisme.Venise, en Italie du Nord, est dominée par les marchands et lesProvinces-Unies ainsi que l'Angleterre se sont dotées d'unrégime parlementaire.

Transformation de l'entreprise

Peinture deHendrick Cornelisz Vroom réalisée vers 1600, montrant le départ de voiliers de laCompagnie néerlandaise des Indes orientales.

Le capitalisme ne naît pas avec la révolution industrielle ; dès la fin du Moyen Âge, l'historienFernand Braudel note que les activités du capitalisme marchand et financier sont déjà largement développées dans le Nord de l'Italie, les Pays-Bas ou l'Allemagne du Nord.

Dès leXVIIe siècle, les grandes compagnies commerciales maritimes, comme laCompagnie anglaise des Indes orientales (1600) ou laCompagnie néerlandaise des Indes orientales (1602), préfigurent l'« entreprise » moderne. Elles constituent en effet les premières entités à explicitement viser le profit monétaire et, pour ce faire, à savoir mobiliser hommes, capitaux et moyens matériels (navires) pour exploiter les nouvelles connaissances géographiques et les progrès technologiques :boussole,sextant, etc.

Durant cette ère préindustrielle — ou« proto-industrielle » selon l'expression deFranklin Mendels — des« nébuleuses industrielles »[22] comme enFlandre auXVIIe siècle apparaissent dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d'entreprises pour contourner les règles corporatives. Les premières formes juridiques d'entreprises reposant sur la libre association de sociétaires voient le jour, notamment lasociété en commandite.

L'ampleur des besoins financiers engendrés par la révolution industrielle pose rapidement la question de l'accumulation primitive du capital et consécutivement celle du financement par l'appel à l'épargne publique ou aux capitaux extérieurs. Jusque-là, les « investisseurs » associés au sein de sociétés en nom commun (SNC) découpées en parts non négociables, et non en actions, ont la qualité juridique de « commerçants » et sont, à ce titre, responsables sur leurs biens propres. Les premières sociétés de capitaux comme lessociétés en commandite par actions (actions négociables dans unebourse) remontent en France auCode du commerce de 1807, mais restent marginales[23].

Or auXIXe siècle, la révolution industrielle requiert — comme dans les chemins de fer — une importante concentration de capitaux en vue de financer des investissements de plus en plus importants. Une nouvelle forme juridique d'entreprise, lasociété anonyme (SA) facilite les apports en capitaux de plusieurs investisseurs : ceux-ci n'engagent leur responsabilité qu'à hauteur des montants investis, ce qui limite les risques encourus en cas de défaillance.

Ainsi en Angleterre, la mise en place desjoint stock companies (JSC) fait suite à l'abrogation du « Bubble Act » en 1825 et au « Joint Stock Companies Act » de 1856. En France est instaurée lasociété anonyme après les lois de 1863 et 1867 (et en Allemagne en 1870). D'aprèsFrançois Caron[24], 11,4 % des sociétés créées en France entre 1879 et 1913 le sont sous la forme de société anonyme.

Libéralisme à l'aube de l'industrialisation

La réflexion sur le rôle de l'État dans l'économie, les thèmes dulibre-échange et duprotectionnisme sont l'objet d'une longue réflexion historique. AuXVIIe siècle, lemercantilisme — « économie au service du prince » — énonce de manière pragmatique et parfois assez formalisée (ainsi lecolbertisme[25] en France) les premières considérations et théories économiques censées correspondre aux besoins des nations et royaumes. En1776, un auteur libéral commeAdam Smith est partisan[26] d'unÉtat-gendarme capable d'assurer d'une part des prérogativesrégaliennes (de défense, de sécurité et de justice) et d'autre part des fonctionstutélaires (les permissions et les interdictions). Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'unÉtat minimal.

Par ailleurs, ladivision du travail est déjà à l'œuvre depuis au moins un siècle dans les chantiers navals (par exemple, l'arsenal de Venise) et illustrée par les planches de l'Encyclopédie. Elle est source d'efficience et de meilleure productivité. En d'autres termes, la division du travail permet d'atteindre les objectifs avec des bas coûts et une production par unité de facteurs élevée. La spécialisation et l'interdépendance qu'elle induit entre un nombre croissant d'agents économiques qui y ont recours rend nécessaires les échanges et contribue à généraliser les pratiques de marché.Vincent de Gournay et lemouvement physiocratique lancent auXVIIIe siècle :« Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises. »

Lesiècle des Lumières promeut la conception d'un État garant des libertés individuelles, parmi lesquelles, laliberté du commerce et de l'industrie et, son corollaire, la libreconcurrence. Concrètement, il s'ensuit en France l'abrogation descorporations à la suite de laloi d'Allarde en et l'interdiction de toutecoalition à la suite de laloi Le Chapelier du :« Il n'y a plus de corporations dans l'État ; il n'y a plus que l'intérêt particulier de chaque individu et l'intérêt général »[27].

En Angleterre, lesCombination Acts de 1799 et 1800 engagent un processus similaire. De telles mesures ont un impact décisif sur le processus de révolution industrielle ; d'aprèsArnold Toynbee,« l'essence même de la révolution industrielle est la substitution de la libre concurrence aux règlementations qui, depuis le Moyen Âge, étaient imposées à la production »[28].

AuXIXe siècle alternent des périodes delibre-échange et deprotectionnisme.Paul Bairoch observe que« le protectionnisme est la règle, le libre-échange l'exception »[29]. Le Royaume-Uni commercialiste avait opté dès leXVIIe siècle pour des mesures protectionnistes telles le « Navigation Act » de Cromwell en 1651, et réitère en ce sens avec les « Corn Laws » de 1815 à la suite de « l'Importation Act ». L'abrogation des « Corn Laws » par le « Peel Act » le constitue, au même titre que l'abrogation du « Navigation Act » en 1849, un tournant fondamental duXIXe siècle. Autrement dit, la fin des années 1840 a été marquée par la mise en place d'un ensemble de lois permettant l'ouverture progressive des frontières vis à vis du reste du monde.

Ce libéralisme est donc à l'origine de la généralisation dumarché auXIXe siècle : celui-ci — autrefois existant mais de manière marginale — devient facteur décisif dans le processus d'industrialisation.Karl Polanyi estime dansLa Grande Transformation (ouvrage publié en 1944) que le marché fonctionne de manière autorégulée, sans intervention de l'État, entre 1834, date de l'abolition de laloi de Speenhamland (1795-1834) consacrant la marchandisation de la main d'œuvre, et 1929, date de la grande crise économique qui provoque le retour et le recours à l'État en vue d'intervenir activement et réglementer le marché.

Progrès scientifiques

La révolution industrielle est aussi le fait de découvertes etinnovations qui favorisent l'industrialisation. La « grappe d'innovation » qui survient[30], est d'une ampleur telle que la révolution industrielle marque une véritable rupture sur le plan des techniques.

Pourtant, de nombreuses industries ne sont pas à proprement parler récentes : certaines comme l'imprimerie et lasoierie remontent au milieu duXVe siècle. Les travaux d'Henri Hauser[31] montrent que ces industries ont favorisé l'émergence des premièresmanufactures dont certaines, en France, sont créées sur décision royale dès le règne d'Henri IV mais surtout sous celui deLouis XIV, influencé par les idéesmercantilistes deColbert.

De même,Lewis Mumford[32] considère l'invention de l'horloge comme l'une des premières activités mécaniques, occasionnant le perfectionnement de certaines techniques et favorisant la division du travail (voir en particulier le modèle d'organisation assez remarquable dit de l'« Établissage » en vigueur dans l'horlogerie duJura depuis au moins leXVIIIe siècle).

Fondements philosophiques

Article détaillé :Industrialisme.

Origines de l'industrialisme

Adam Smith (1723-1790), est considéré par beaucoup comme un des fondateurs de la pensée économique moderne.

Bien que, par certains aspects, on puisse voir les origines de l'industrialisme dans le fameuxParfait négociant, écrit parJacques Savary en1675, mais aussi par la correspondance entreLeibniz etDenis Papin au début duXVIIIe siècle[33] , les origines remontent plus certainement à la seconde moitié duXVIIIe siècle, époque à laquelleMontesquieu etCondorcet, parmi d'autres, défendent l'idée selon laquelle le commerce et l'industrie entretiennent l'amour de la paix, qu'ils ont besoin de liberté, et que leur essor est l'un des signes duprogrès que connaissent les sociétés humaines. L'émergence de la grande industrie française, dans les années 1780-1830, contribua à favoriser ces idées[34].

Il faut aussi mentionner le grand économiste écossaisAdam Smith (1723-1790), déjà cité, auteur de laRichesse des nations (1776), considéré comme l'ouvrage fondateur de l'économie moderne.

L’industrialisme, en tant qu’élément constitutif et élément historiquement déterminant du libéralisme, a plusieurs sources majeures :

  • La première estDestutt de Tracy, le dernier et le plus célèbre représentant de laSociété des idéologues français, ami deThomas Jefferson, qui a lui-même traduit en anglais[35], et publié à Philadelphie[36], en 1811 avec une préface[37],[38], et fait enseigner aucollège de William et Mary, où il avait fait ses études de 1760 à 1762[39], sous le titre deA Treatise on Political Economy[40], leCommentaire sur l’Esprit des Lois de Montesquieu (1806), qui contenait sa Politique, mais dont la publication ne pouvait avoir lieu, en raison du régime politique alors en place en France, en raison de sa défense des thèses républicaines et démocratiques[41]. Dans cet ouvrage, Destutt de Tracy définit la société, de son commencement le plus informe à son plus grand état de perfection, uniquement comme une pure série ininterrompue d’échanges, et dans laquelle les deux parties contractantes sont toujours gagnantes[42].
  • De l’esprit de conquête et de l’usurpation (1813) deBenjamin Constant constitue une autre source de la pensée industrialiste. Selon Dunoyer, Constant a été le premier à distinguer nettement entre l’âge moderne et la civilisation ancienne[43].

Deux courants dans l'industrialisme

Articles détaillés :Le Censeur etSaint-simonisme.
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).
Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon.

À partir de la fin des années 1810, la doctrine industrialiste s’est scindée en deux tendances : l’industrialisme libéral deJean-Baptiste Say,Charles Dunoyer etCharles Comte d’une part, et l’industrialisme organisé deClaude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon, d’Auguste Comte et dessaint-simoniens.

Sous laRestauration, de 1817 à 1819, deux jeunes libéraux, Charles Comte et Charles Dunoyer, dirigent la revue libéraleLe Censeur européen. À partir du deuxième volume, un autre jeune libéral,Augustin Thierry, a collaboré étroitement avec eux.Le Censeur européen a développé et diffusé une version radicale dulibéralisme, qui a continué d’influencer la pensée libérale jusqu’àHerbert Spencer et au-delà[45].

Saint-Simon semble avoir été le premier à avoir employé le mot « industriel » comme substantif[46]. C'est lui qui a forgé le terme « industrialisme », qu'il emploie, selonHenri Gouhier dès 1817, et que l'on trouve en 1824 dans lecatéchisme des industriels[47]. Il est le penseur de lasociété industrielle. Le courant saint-simonien ne s'est vraiment développé qu'après la mort de Saint-Simon en1825. Les premiers disciples, parmi lesquelsProsper Enfantin (surnommé le « Père Enfantin »), ont fondé le journalLe Producteur qui expose la philosophie : « Il s'agit de développer et de répandre les principes d'une philosophie nouvelle. Cette philosophie, basée sur une nouvelle conception de la nature humaine, reconnaît que la destination de l'espèce, sur ce globe, est d'exploiter et de modifier à son plus grand avantage la nature extérieure[48]. »

Mutations liées : agriculture et démographie

Révolution agricole

Article détaillé :Révolution agricole.

Selon certains historiens commeGeorges Duby[49], le monde agricole connaît une lente évolution amorcée depuis leXe siècle. AinsiOlivier de Serres considéré comme le père de l'agronomie française a déjà expérimenté à la fin duXVIe siècle sur son domaine du Pradel (200 ha) des techniques nouvelles comme l'assolement. Mais ces nouvelles techniques se diffusent lentement et n'évoluent de manière significative qu'à partir duXVIIIe siècle. À cette époque, seules lesProvinces-Unies connaissent une forte productivité agricole.

La révolution agricole, soit le bouleversement des techniques, caractérisé par des innovations, va enregistrer un renouveau cette fois dans le sud de la Grande-Bretagne. Dans le comté deNorfolk, à partir de 1720,Charles Townshend expérimente un système nouveau d'assolement continu qui se substitue à l'assolement triennal avecjachère. C'est le début d'une nouvelle vague d'innovations :drainage,marnage, invention dusemoir parJethro Tull en 1701, etc.

Cependant, lesmouvements d'enclosure entamés auXVe siècle représentent le bouleversement le plus considérable de l'exercice de la production agricole. La mise en clôture des terres agricoles par leslandlords rompt avec le système traditionnel de l'openfield, synonyme de profits collectifs. Lesenclosures, inaugurées en Angleterre par lesInclosure Acts dès 1760, permettent le remembrement agricole et, consécutivement, l'application de nouvelles techniques et l'accroissement de la production de manière significative. PourKarl Marx, les enclosures privent nombre de ces petits paysans de leur moyen de subsistance, à savoir la culture desbiens communaux, et contraignent les paysans à unexode rural massif. Ces paysans sans terre migrent vers lesvilles et leursfaubourgs dans lesquels ils deviennent les premiers ouvriers – ainsi que les premiers prolétaires – de la révolution industrielle. Il s'ensuit le « triomphe de l'individualisme agraire », d'après l'expression deMarc Bloch[50].

La France — qui refuse l'agriculture « à l'anglaise » — prend du retard en matière d'innovation agricole. L'historien Jean-Claude Toutain note tout de même que la forte croissance démographique de la France auXVIIIe siècle est alimentée par un accroissement de la production agricole en France de 20 à 30 % par décennie de 1700 à 1780. De même, le marché agricole se développe en France après laRévolution qui consacre la libération de la terre, permettant, selon l'expression dePierre Rosanvallon, de « déterritorialiser l'économie et de construire un espace fluide structuré par la seule géographie des prix »[51]. Ces éléments remettent en cause l'idée répandue du conservatisme du monde rural, notamment en Europe de l'Ouest. Le monde agricole de l'Europe méditerranéenne et centrale, demeure quant à lui traditionnel notamment en Russie où leservage n'est aboli que le.

La révolution agricole, amorcée au début duXVIIIe siècle, va se poursuivre tout au long duXIXe siècle. L'apparition du machinisme agricole est marquée par la moissonneuse mécanique deCyrus McCormick en 1824, sa moissonneuse-batteuse en 1834, la charrue deMathieu de Dombasle en 1837. Les années 1840 voient naître l'utilisation des engrais artificiels grâce à la chimie (recherches deJustus von Liebig).

Transition démographique

Le principe de la transition démographique.

Les pays ayant connu la révolution industrielle ont également tous connu des mutations démographiques dont la plus importante est latransition démographique. Celle-ci ne se produit pas forcément au même moment que l'industrialisation, ce qui conduit à nuancer les liens entre démographie et révolution industrielle.

La transition démographique correspond à une période de déséquilibre entre les taux de natalité et les taux de mortalité. Avant que ne débute la transition démographique, le régime démographique traditionnel est celui d'une natalité et d'une mortalité fortes qui se compensent.

Les progrès humains se caractérisent par la raréfaction des famines et le meilleur traitement des épidémies, parfois combinés à une absence temporaire de guerre, notamment auXIXe siècle. Les progrès de la médecine jouent un rôle important : vaccination antivariolique de Edward Jenner en 1796, découverte de la morphine en 1806, découverte du bacille de la tuberculose parRobert Koch en 1882, vaccin contre la rage deLouis Pasteur en 1885, etc. Autrement dit, il s'agit du recul des « trois Parques surmortelles » selon l'expression d'Alfred Sauvy[52]. Ces progrès suscitent, dans le premier temps de la transition, une chute de la mortalité sans que le taux de natalité en soit changé. L'écart important, alors constaté entre la mortalité et la natalité, provoque une hausse importante de la population. Par la suite, des évolutions sociologiques et culturelles, liées à l'évolution des modes de vie, des « mentalités collectives » et de la famille avec l'enfant comme préoccupation centrale d'une famille qui tend à devenir « nucléaire »[53], provoquent un recul de la natalité dont le taux tend à converger vers celui de la mortalité.

La transition démographique est alors terminée, et laisse généralement la place à une période de stabilité marquée par une faible mortalité et une faible natalité.

La France est le premier pays à connaître la transition démographique, auXVIIIe siècle, si bien qu'elle est la nation la plus peuplée d'Europe en 1800, après la Russie. Certains font la corrélation avec la prédominance de l'économie française à la même époque ; le PIB de la France représente 15 % du PIB européen soit 1/3 de plus que le PIB du Royaume-Uni et trois fois plus que celui des États-Unis en 1820. Ensuite, le Royaume-Uni connaît à son tour la transition démographique ; sa population est multipliée par 9 entre 1500 et 1900 et passe de 6 à 21 millions d'habitants entre 1750 et 1850. Parallèlement, le Royaume-Uni est le premier pays à s'industrialiser. De même, la population des États-Unis est multipliée par 15 entre 1820 et 1950 et dans le même temps son PIB est multiplié par 14. On voit tout de même que le lien entre essor démographique et industrialisation est complexe puisque la France est le premier pays à entrer en phase de transition démographique mais c'est le Royaume-Uni qui entre le premier dans la révolution industrielle, ce même Royaume-Uni qui entrera par la suite dans le processus de transition démographique.

Trois bouleversements liés

Unebatteuse en 1881, un exemple de lien entre industrie et agriculture.

La révolution agricole permet de soutenir l'évolution démographique en permettant la disparition des disettes. L'accroissement de la population a cependant suscité certaines craintes à l'époque.Thomas Malthus soutenait ainsi que la croissance démographique évoluait de manière géométrique (1, 2, 4, 8, 16, 32, etc.) alors que l'agriculture n'évoluait que de manière arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, etc.), d'autant plus que les gains de productivité dans l'agriculture étaient confrontés aux rendements décroissants des terres[54],[55].

La transition démographique a eu elle aussi des répercussions sur l'agriculture, en lui offrant des perspectives de profit. Par ailleurs, les études d'Ester Boserup montrent que l'accroissement démographique a peut-être mis la population face à des impératifs de productivité, « la nécessité étant la mère de l'invention »[56].

Des auteurs commePaul Bairoch[57] etWalt Whitman Rostow[58] considèrent la révolution agricole commeendogène à la révolution industrielle. L'augmentation de la productivité agricole par tête a permis de réduire la part des travailleurs agricoles. Ces derniers étant mis au chômage se sont rendus dans les villes et ont fourni à l'industrie une importante main d'œuvre, essentielle à son expansion. L'agriculture en évolution a aussi profité d'une mécanisation croissante, qui s'est traduite par des commandes industrielles. L'augmentation du produit brut agricole augmente la rentabilité et la valeur des terres, et permet de dégager des possibilités financières pour l'investissement.

Pourtant, les travaux de Phyllis Deane[59] montrent qu'il faut relativiser cette théorie en soulignant le décalage géographique qu'il existe entre les régions où se déroulent la « révolution agricole » et celles où se développent l'industrialisation. Ainsi, le Sud-Est de l'Angleterre, qui connait des progrès en matière agricole, n'est pas la première région d'Angleterre à s'industrialiser. Il existe un décalage similaire, cette fois-ci temporel, entre transition démographique et industrialisation. Ainsi, les régions dont la croissance démographique est importante ne sont pas forcément celles qui connaissent le processus d'industrialisation en premier, comme en Espagne. De même, d'autres régions qui s'industrialisent ne connaissent pas une très forte poussée démographique, comme dans la partie rhénane de l'Allemagne[60].

Le décalage est aussi chronologique, selon l'économiste Patrick Verley dansla Révolution industrielle : les progrès agricoles ne sont pas traduits partout par unexode rural, la croissance démographique profitant surtout aux campagnes, où l'on mange mieux et moins cher, meurt moins souvent jeune, et participe plus nombreux aux travaux des champs, complétés par dutravail à façon à domicile[61]. Cette croissance démographique rurale ouvre par contre des débouchés commerciaux à la révolution industrielle. De plus, l'exode rural, quand il a lieu, est souvent orienté vers les Amériques[62]. Quant aux témoignages écrits sur le chômage (en Europe occidentale) auXIXe siècle, ils correspondent à des périodes de récession, les chômeurs étant d'ex-ouvriers plutôt que d'ex-paysans. Dans un autre ouvrage également titréLa Révolution industrielle (p. 191), Jean-Pierre Rioux note qu'en 1920, la population agricole représente encore 46 % de la population active de l'Angleterre, alors deux fois moins peuplée que la France, relativisant la théorie marxiste de « l'armée de réserve du capital ».

En outre, la théorie selon laquelle les excédents agricoles ont soutenu l'industrialisation est elle aussi à relativiser. En effet, ces excédents ont été réinvestis, pour une large part, dans l'agriculture. En fait, ce sont plutôt les excédents industriels qui se sont dirigés vers l'agriculture, notamment dans de grandes propriétés, parfois au nom du prestige social qui faisait défaut à la bourgeoisie. Toutefois, le rôle de l'agriculture, s'il n'est pas le seul à permettre le processus d'industrialisation, n'en demeure pas moins crucial dans les pays de la première vague[63] comme dans ceux de la deuxième vague, notamment le Japon et la Russie.

Première révolution industrielle

Dans une perspective linéaire, à la manière de celle deWalt Whitman Rostow, la première révolution industrielle débute en Angleterre et en Wallonie dès le milieu duXVIIIe siècle, dans le nord de la France et en Suisse au début duXIXe siècle : ce sont les pays de la première vague, qui bénéficient dans le domaine textile de la croissance de laproto-industrie auXVIIIe siècle enSuisse ou enAlsace.

Importance des brevets

Le brevet de laHebern single-rotor machine (machine de Hebern), brevetno 1510441 daté de 1918.

La première véritable législation attribuant unmonopole pour lesinventions apparaît àVenise en 1474. Cette loi précise que le monopole est la contrepartie de sa divulgation. Dès cette époque, lebrevet a deux fonctions :

  1. Protéger les inventeurs contre la concurrence ;
  2. Informer les innovateurs.

PourJoseph Schumpeter, un économiste autrichien du début duXXe siècle, le brevet est indispensable pour assurer une rente de monopole à l'entrepreneur-innovateur, mais doit rester temporaire. S'il est normal de protéger l'innovateur par une rente de monopole, juste retour de l'investissement et des sacrifices consentis, elle doit rester temporaire pour encourager à innover sans cesse (dans cette analyse, Joseph Schumpeter utilise l'expression de "destruction créatrice"[64]). Toujours selon Joseph Schumpeter, les cycles de croissance de long terme –cycle de Kondratiev – s'expliquent par l'existence de périodes de « grappes d'innovations »[65] ou d'un processus de « destruction créatrice » :« soit le processus interne au capitalisme qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs »[66].

Le parlement britannique transforme les monopoles royaux en brevets dès 1624 : il faut une réelle invention et la durée de vie est limitée à dix ans. Mais les monopoles royaux reviennent dès larestauration anglaise[67]. Le parlement qui gouverne le pays après 1688, lors de larévolution financière britannique, récompense les inventeurs par des concours. Pour montrer l'exemple, il utilise souvent le premier l'invention[68]. En 1714, il offre10 000 livres à qui trouve un moyen d'établir les longitudes en mer à un degré près[69]. L'Angleterre dépose deux fois plus de brevets entre 1690 et 1699 que dans chaque décennie de la période 1660-1690. Le, celui de l'ingénieurThomas Savery pour le pompage de l'eau dans lesmines de charbon, est par exemple annoncé par une publicité dans un journal, puis perfectionné par l'association avecThomas Newcomen en 1705. La loi est appliquée strictement : en 1718, lors du brevet accordé àJames Puckle (en) pour unemitrailleuse, il doit prouver une « spécification ». L'énergie des inventeurs est d'abord très mobilisée par laRoyal Navy, sur fond d'aventure coloniale.

L'acceptation du brevet deJames Watt en 1769 établit un principe important : un brevet peut être accordé pour l'amélioration d'une machine (à vapeur, celle deThomas Savery etThomas Newcomen) déjà connue, et pour des idées et des principes — à condition qu'ils puissent être appliqués concrètement. Le fameux brevet deRichard Arkwright pour des machines defilage fut invalidé en 1777 pour absence d'une spécification adéquate, après dix ans d'existence, alors qu'il améliorait la machine à filer brevetée par l'immigréHuguenotLewis Paul en 1738 et vantée en 1757 dans un poème du révérendJohn Dyer[70]. L'innovation despremiers entrepreneurs du coton britannique est relancée par le brevet du révérendEdmond Cartwright sur sa tisseuse à vapeur, déposé en 1785 après avoir visité en 1784 l'usine deRichard Arkwright et appris que le brevet expirait.

En France, la première législation sur les brevets est créée en 1791, mais dès 1762, le privilège royal autorisant une production fut ramené à une durée de quinze ans[71].

Secteurs clés

Énergie : la vapeur

Puissance installée en Grande-Bretagne, encheval-vapeur[72]
ÉolienHydrauliqueVapeurTotal
Annéehp%hp%hp%hp
176010 00011,870 00082,35 0005,985 000
180015 0008,8120 00070,635 00020,6170 000
183020 0005,7165 00047,1165 00047,1350 000
187010 0000,4230 00010,02 060 00089,62 300 000
19075 000178 0001,89 659 00098,19 842 000

AuIer siècle de l'ère chrétienne,Héron d'Alexandrie construit l'Éolipyle, sorte de jouet à vapeur fonctionnant comme une turbine à réaction. Il faut attendre d'autres inventeurs, commeDenis Papin, pour montrer que la vapeur sous pression pouvait actionner un piston dans un cylindre. La notion detravail est totalement absente des premiers développements de cette machine. Les travaux du physicienSadi Carnot et la découverte de lathermodynamique permettent de formaliser ce concept. C'est précisément cette notion qui, attachée aux machines développées au moment de la révolution industrielle, avec en parallèle l'utilisation d'énergie fossile, fait basculer lesystème technique vers la civilisation thermo-industrielle.

La première machine fonctionnant à vapeur utilisée industriellement est celle du capitaineThomas Savery en1698. Elle sert àexhaurer[73] les mines deCornouailles. Bien que simpliste et gourmande encharbon, elle sauve de nombreuses mines de la ruine.

La première véritablemachine à vapeur, celle dont toutes les machines alternatives descendent, est inventée et construite par un forgeron duDevon :Thomas Newcomen, en1712. Elle est conçue comme machine depompage pour unemine de charbon située près deDudley Castle, dans leStaffordshire. Très fiable, cette machine fonctionne au rythme lent de douze coups par minute, et consomme aussi beaucoup de charbon. En effet, pendant son fonctionnement on envoie dans le cylindre successivement de la vapeur, qui le réchauffe, puis de l'eau froide, qui le refroidit : lecharbon sert surtout à réchauffer le métal du cylindre.

En1764, frappé par la déperdition d'énergie de la machine de Newcomen,James Watt imagine de ne plus condenser la vapeur dans le cylindre, mais dans un condenseur séparé. Il en dépose le brevet en1769. L'application industrielle commence à partir de1775, après que James Watt s'est associé avecMatthew Boulton, propriétaire de la manufacture deSoho, près deBirmingham. Leur démarche de commercialisation est elle-même innovante : ils passent contrat avec un client équipé d'une machine Newcomen et financent le remplacement par une machine de Watt. Les deux associés se paient en prenant pour eux une part des économies de charbon réalisées par le client, grâce au bon rendement énergétique de la machine de Watt.

Watt brevette plusieurs autres inventions comme la machine rotative et surtout lamachine à double effet (1783) dans laquelle le cylindre reçoit la vapeur alternativement par le bas et par le haut, ainsi qu'unrégulateur à boules ou centrifuge (1788) assurant une vitesse constante au moteur.

  • Moteur atmosphérique à vapeur de Newcomen.
    Moteur atmosphérique à vapeur deNewcomen.
  • Machine à vapeur de Watt à Madrid, école d'ingénieurs.
    Machine à vapeur deWatt àMadrid, école d'ingénieurs.
  • Principe de fonctionnement d'une machine à vapeur.
    Principe de fonctionnement d'une machine à vapeur.
  • Fardier de Cugnot, premier véhicule automobile en 1771.
    Fardier deCugnot, premier véhicule automobile en 1771.

La machine à vapeur est ainsi en mesure de remplacer lesmoteurs hydrauliques, pour l'entraînement d'outils industriels.

Le développement est rapide : 496 machines à vapeur Boulton et Watt sont en service en Grande-Bretagne en1800. Les brevets de Watt tombent dans le domaine public vers 1800. Le développement de la machine à vapeur est l'une des raisons de la précocité britannique. En1830, le Royaume-Uni possède 15 000 machines à vapeur, la France 3 000 et la Prusse 1 000. La France reste à la traîne dans ce domaine : en1880, elle ne possède que 500 000 chevaux-vapeur installés contre deux millions pour le Royaume-Uni et 1,7 million pour l'Allemagne.

Moyen de transport : le bateau

L'USSCayuga,bateau à vapeur,1861.
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

La révolution industrielle, particulièrement dans sa première phase, s'appuie sur la vapeur permettant de faire fonctionner des bateaux à vapeur et des locomotives. Une autre énergie sera développée, plus marginalement, durant cette période : legaz. Celui-ci sert notamment à éclairer les premières usines avant que ne soit généralisé l'usage de l'électricité, à la fin duXIXe siècle.

L'adaptation de la machine à vapeur à des bateaux se révèle plus difficile que pour les chemins de fer : risque d'incendie avec les coques de bois, risque de panne – un bateau dont la machine tombe en panne est désemparé – faible autonomie due au mauvais rendement des machines à vapeur. Toutefois, le, le « Pyroscaphe » est le premier bateau à vapeur – naviguant pendant un quart d'heure, sur laSaône – construit parJouffroy d'Abbans. La navigation à vapeur débute donc sur les rivières, dans les ports pour les remorqueurs et sur des trajets courts, comme la traversée de laManche. Le nombre et le niveau technique des bateaux à vapeur progressent rapidement : ainsi, dès1830 les premierssteamers (bateaux à vapeur) mettent dix jours de moins sur le trajetNew York-Londres que les voiliers les plus rapides. L'augmentation de la taille des navires divise les frais de transport par quatre entre1820 et1850 sur les liaisons internationales.

En1869, l'ouverture ducanal de Suez permet aux bateaux à vapeur de faire le trajet vers l'Inde en 60 jours, contre six mois auparavant. D'autre part, des dizaines de bateaux à vapeur sillonnent laLoire entre1830 et1850. Leur vitesse est impressionnante (de 4 à 15 nœuds en remontant, 9 nœuds en descendant) et donne lieu à des courses qui se terminent parfois dans un banc de sable… Mais vers 1850, le chemin de fer entraîne leur disparition : en1910 laRoyal Navy britannique prend la décision de passer à une chauffe au fioul, et non au charbon, pour ses nouveaux bâtiments. Cette évolution se généralise dans le domaine du transport et instaure l'ère du pétrole pour leXXe siècle.

Uncanal vers 1850.

Au cours de la première moitié duXVIIIe siècle, le développement de l'industrie charbonnière repose sur les transports par bateaux, soit sur les rivières navigables, soit par mer. Les routes ne permettent pas de transporter des chargements lourds, surtout après une pluie.

Francis Egerton, troisième duc de Bridgewater, peut voir dans son grand tour d'Europe leCanal du Midi, ouvert en1681. Possédant des mines de charbon àWorsley, près de Manchester, il décide la construction d'un canal pour transporter le charbon de ses mines jusqu'à Manchester. Dirigée parJames Brindley, la construction commence en1759 et se termine en1776, pour un coût de 350 000 £ – énorme pour l'époque. Ce canal rapporte un grand profit au duc et la prospérité à Manchester qui peut disposer d'un charbon bon marché ; il est aussi intéressant pour les machines à vapeur et l'industrie du coton qui commence à se développer.

Rapidement, un réseau de 4 800 km de canaux permet l'acheminement ducharbon et d'autres produits un peu partout : par la route, un cheval transporte 120 kg, tandis que sur un canal, le même cheval tire 50 tonnes à la vitesse moyenne de6,5 km/h. Des bateaux rapides tirés par deux chevaux (remplacés tous les 6,5 km) transportent des passagers à la vitesse moyenne de16 km/h.

Pendant cinquante ans, les canaux sont les artères de la première révolution industrielle, faisant la fortune de leurs propriétaires. Puis le chemin de fer les remplace peu à peu, jusqu'à s'imposer définitivement au cours de la deuxième révolution industrielle.

Textile

Articles connexes :Textile,Histoire de la soie,Premiers entrepreneurs du coton britannique,Manufacture du textile en Grande-Bretagne etIndustrie textile.

Jusque vers1750 la majorité de la production se fait soit à domicile, soit dans des ateliers artisanaux avec quelques apprentis : c'est ledomestic system, qui fournit aux opérateurs un revenu d'appoint, pendant les temps morts de l'agriculture. Ce modèle rationnel – où les familles s'organisent par elles-mêmes – constitue les prémices de l'industrialisation, appelées « proto-industrialisation ».

Selon l'historienFernand Braudel, l'industrie textile est la première à être mécanisée. Dès la deuxième moitié duXVIIIe siècle lespremiers entrepreneurs du coton britannique, puis les innovateurs français jouent un rôle majeur :

Laspinning jenny deJames Hargreaves,1765, musée àWuppertal, Allemagne.
Unmétier Jacquard de 1801.

Richard Arkwright achète leurs cheveux aux paysannes pour faire des perruques. Après avoir inventé lamule-jenny, il crée en1771 une usine àCromfort (Derbyshire) où l'eau est abondante pour actionner les machines, mais la main-d'œuvre est rare. Il fait venir des familles pauvres, dont les femmes et les enfants travaillent sur les métiers à tisser 13 heures par jour. En 11 ans, il crée deux autres usines, employant 5 000 personnes. Son invention s'étend rapidement : en1780, 120 usines fonctionnent, la plupart dans le nord-ouest de l'Angleterre. Ce succès lui vaut d'être anobli.

En1800, 80 % du coton est tissé mécaniquement avec des « mules » dans leLancashire. En1815, en Angleterre, 2 500 métiers mécaniques sont recensés contre 250 000 à bras.

La production est concentrée dans des manufactures qui utilisent une très importante main-d'œuvre dans de mauvaises conditions d'hygiène, d'éclairage, de bruit et de sécurité. L'utilisation de machines à vapeur permet d'installer ces manufactures près des villes, qui deviennent rapidement des villes industrielles. Les ouvriers habitent à proximité de leur lieu de travail pour pouvoir s'y rendre à pied : les journées de travail sont très longues et le temps de repos trop court pour qu'il puisse être réduit par un long trajet. Notons que certaines innovations contribuent à la dégradation des conditions de vie et de travail des ouvriers[74]. Si la machine à coudre d'Elias Howe en1846 permet le maintien du travail à domicile (ledomestic system), l'intensification de l'industrialisation entraîne l'augmentation des cadences dans les filatures si bien que les conditions de vie et de travail dans le textile se dégradent ; c'est lesweating system (travail à la sueur).

À la lumière des éléments cités, on comprend, en partie, la précocité duRoyaume-Uni dans le processus de révolution industrielle.

Métallurgie

courbes relatives à plusieurs pays
Part de la production mondiale d'acier par pays, illustrant la domination anglaise.
Articles détaillés :Métallurgie etHistoire de la production de l'acier.
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

Leboom ferroviaire des années 1840 a très fortement augmenté les besoins en acier, mais des progrès techniques étaient apparus avant.

Le terme « sidérurgie » (employé en1761 par lemaître de forgesPierre-Clément de Grignon dans ses mémoires à l'Académie des sciences) préfigure un tournant dans les activités métallurgiques. Les travaux auXVIIIe siècle deGaspard Monge,Claude-Louis Berthollet,Alexandre-Théophile Vandermonde caractérisent les catégories d'acier selon leur mode d'élaboration.

Ces activités ne sont pas nouvelles : en France, entre1084 et1170, lesPères chartreux sont maîtres de forges dans le cadre d'une métallurgie forestière[75]. En Grande-Bretagne, la métallurgie charbonnière est exploitée de bonne heure : les moines deNewbattle Abbey créent la première mine de charbon d'Écosse auXIIIe siècle et les mines écossaises produisent en1700 400 000 tonnes, 2 000 000 tonnes en1800. Le coke est fabriqué exactement comme le charbon de bois, par une combustion incomplète dans des meules. Charbon et coke sont employés à la place du bois pour le chauffage domestique ou industriel (verreries, tuileries, poteries). Cependant, la difficulté du procédé vient de la teneur en soufre élevée des cokes, qui rend la fonte impropre à l'utilisation.

En1708,Abraham Darby, unquaker qui exploite une fonderie decuivre, s'installe àCoalbrookdale dans les gorges de laSevern. Son intention est de réaliser ce qu'aucun maître de forge n'avait réussi jusque-là : faire de lafonte en utilisant ducoke au lieu ducharbon de bois, plus coûteux. Un vieuxhaut fourneau fonctionnant au charbon de bois est loué au seigneur du lieu. Après une année d'expérimentations, en sélectionnant des cokes peu chargés en soufre, il réussit à produire une fonte utilisable. Celle-ci est encore de qualité médiocre et ne permet pas d'obtenir du fer. Mais elle reste assez bonne pour fabriquer des marmites de cuisine bon marché, des plaques de cheminée et d'autres produits analogues. Abraham Darby en vend dans toute l'Europe et cela durant quarante ans, jusqu'en 1750.

En1750, le fils d'Abraham Darby — Abraham Darby II — réussit à obtenir du fer à partir de la fonte au coke, d'où une baisse du prix du fer. En1779, le petit-fils Abraham Darby III construit le premier pont métallique, l'Iron Bridge, sur laSevern, en un lieu nommé d'ailleurs depuis Ironbridge. Trois mois sont nécessaires à son haut fourneau pour produire les 384 tonnes de fonte nécessaires. Ironbridge est considéré comme le berceau de la révolution industrielle. La société Darby cesse son activité en1818, victime de la crise consécutive à la fin des guerres contre laFrance et de la concurrence.

Le premier pont métallique réalisé en France est lepont d'Austerlitz, de1807 (reconstruit en1854 à cause de nombreuses fissures).

Lafonte, produite par le haut fourneau, est du fer contenant un pourcentage élevé de carbone. En enlevant le carbone, on obtient du fer. En1784,Henry Cort invente le procédé dupuddlage pour obtenir du fer à partir de la fonte — procédé très bien décrit parJules Verne dans son romanles Cinq Cents Millions de la Bégum. Avec ce métal est réalisée latour Eiffel. On peut ensuite obtenir de l'acier en ajoutant un peu de carbone au fer.

Le premier acier fabriqué est unacier de cémentation. Ce mode de fabrication de l'acier, déjà connu dans l'Antiquité, consiste à chauffer des barres de fer au milieu de charbon de bois dans un four fermé. La surface du fer acquiert une importante teneur en carbone. Laméthode dite au creuset, initialement développée afin de retirer les scories de l'acier issues de la cémentation, permet de fondre ensemble le fer et d'autres substances dans un récipient (le creuset) composé d'argile réfractaire et de graphite. On homogénéise et allie ainsi l'acier. Sont ainsi fabriqués par exemple lesépées de Damas et de Tolède, moyennant un prix de revient élevé.

En1842, lemarteau-pilon est inventé. Il permet de purger le fer de son laitier (c'est lecinglage) et de forger avec précision de grandes pièces.

Suprématie de la Grande-Bretagne dès 1750

Empire colonial britannique en1897.
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

EnEurope, auXVIIe siècle, l'Angleterre est une exception à plus d'un titre. Elle fait exception sur le plan culturel. Depuis letraité de Westphalie de1648, qui stabilise la situation en Europe, en consolidant laFrance, l'Europe du Nord est stable sur le plan religieux, l'anglicanisme s'impose et se rapproche duprotestantisme. Cette partie du monde se détache. Leparlementarisme anglais émerge au moment de larévolution financière britannique. Les conceptions économiques des Britanniques prennent une évolution radicale avec lelibéralisme d'Adam Smith, qui reconnaît la valeur économique de l'individu, avec des droits, à l'époque desPremiers entrepreneurs du coton britannique dont il décrit et analyse l'émergence.

Le principe descorporations disparaît avec l'apparition des brevets. Mais l'Angleterre étant une île, elle s'impose une politique maritime ambitieuse. AuXVIIIe siècle, le Royaume-Uni possède une importante flotte maritime, un grand capital technique et économique. L'affrontement franco-anglais est à son paroxysme. Les Anglais dominent la mer, malgré les grands efforts français. L'avance anglaise est technique (exemple :chronomètre de marine) et la richesse française se dilue alors dans sa puissance démographique (un Européen sur cinq est alors français).

Lecommerce triangulaire et la réduction enesclavage de millions d'individus expliquent pourquoi le Royaume-Uni fut le premier pays européen à s’industrialiser : il devança largement ses concurrents dans la traite transatlantique, transportant près de 3 millions de personnes, loin devant la France (1,27 million)[76].

Empire britannique

L'inauguration duCrystal Palace àLondres, en1851.

L'Empire colonial britannique est le plus étendu du monde auXIXe siècle avec environ 35 millions de km2 pour une population représentant environ le quart de la population mondiale totale d'alors, c'est-à-dire 500 millions d'habitants. Il s'agit d'un Empire bien plus vaste que celui de la France, tant en superficie (14 millions de km2) qu'en nombre d'habitants (150 millions).

Adoptant une stratégie coloniale différente des autres nations, notamment de la France, le Royaume-Uni opte très tôt pour lelibre-échange avec ses colonies mais également avec les autres nations. Le, par exemple, la Grande-Bretagne et la France signent un accord commercial – letraité Eden-Rayneval – rendant la circulation descéréales quasiment libre et interdit l'exportation de machines anglaises et l'émigration d'ouvriers qualifiés britanniques. Toutefois le traité le plus important entre les deux nations est celui du, dittraité Cobden-Chevalier. De tels accords sont soit négociés, comme dans l'exemple précédent, soit obtenus par la force, comme pour l'installation de concessions àShanghai en1842. On s'achemine dès lors de plus en plus vers la fin d'une politique d'obédience mercantiliste, que l'abrogation descorn laws (taxes sur le blé) sanctionne définitivement en1846. La Grande-Bretagne verse alors dans un libre-échange de conceptionfree trade, et non, comme c'est le cas de nos jours, de conceptionfair trade (plus « juste »). Toutefois, laGrande Dépression (1873-1896) pousse à un retour vers des politiques teintées deprotectionnisme, donc de repli du commerce sur ses colonies.

Spécialisation industrielle précoce dès 1850

La dotation factorielle de la Grande-Bretagne est un élément constitutif de sa précocité et de sa supériorité au début de la révolution industrielle.

L'agriculture est sacrifiée au profit de l'industrie (à partir de 1846) ; la part de l'activité agricole dans lePIB de la Grande-Bretagne passe de 20 % en1850 à 6 % en1906. Si en valeur absolue les données restent stables, en revanche en valeur relative on voit bien la proportion prise par l'activité industrielle. D'autre part, une telle diminution relative de l'agriculture peut s'expliquer par les effets du libre-échange et le commerce avec les pays « émergents » de l'époque comme les États-Unis. En effet, l'annulation des taxes sur le blé importé en 1846 a eu deux conséquences majeures sur l'économie britannique. D'une part, la baisse du prix du blé provoquée par la concurrence du blé étranger a permis de baisser et les salaires (à l'époque, ceux ci étaient évalués en termes de blé) et la rente (revenu des propriétaires agricoles). D'autre part, les bénéfices des industriels ont augmenté à la suite de la diminution concomitante de ces deux composantes essentielles du PIB.

L'agriculture sacrifiée, les efforts tournés vers l'industrie, la domination industrielle de la Grande-Bretagne est assurée, au moins pendant une grande partie duXIXe siècle. Ainsi, la production industrielle s'accroît fortement, notamment dans les productions decharbon (qui augmente de 100 % entre1830 et1845), textile et sidérurgique dans lesquelles se spécialise la Grande-Bretagne. Cette domination s'appuie notamment sur une main-d'œuvre abondante grâce à l'essor démographique, acquise aux nouvelles méthodes notamment organisationnelles avec ladivision du travail selon les conceptions d'Adam Smith. Elle s'appuie en outre sur la disponibilité des matières premières,fer etcharbon, sur lescolonies et sur de nombreuses innovations techniques.

On note cependant que l'hégémonie britannique est de plus en plus contestée dans la seconde partie duXIXe siècle, surtout par les États-Unis et l'Allemagne qui s'industrialisent à une vitesse telle qu'ils rattrapent la Grande-Bretagne. Cela se traduit par une érosion de la balance commerciale dont le déficit passe de 11 millions de livres en1820 à 140 millions à la fin duXIXe siècle. Toutefois, la suprématie financière se substitue à l'hégémonie industrielle et permet de compenser le déficit commercial grâce à des excédents colossaux.

Suprématie financière

La Grande-Bretagne domine incontestablement le monde durant toute la première moitié duXIXe siècle. En conséquence, laCity, place financière de Londres, est incontournable dans le domaine financier en termes de transactions, pour les reconnaissances de dettes, pour émettre des actions, emprunter, etc. Cette hégémonie amène la Grande-Bretagne à constituer le plus vaste Empire colonial et à devenir le plus important investisseur à l'étranger : aux alentours de 1860, la Grande-Bretagne pèse à elle seule 1/5e de la production mondiale. De plus, on y cote une majorité de matières premières, malgré la concurrence de la bourse deChicago, et la monnaie de référence pour les échanges internationaux demeure lalivre sterling. La suprématie financière et économique de la Grande-Bretagne est accentuée sous le règne deVictoria (1837-1901).

Rôle précurseur de la Wallonie

Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

La Wallonie est, après l'Angleterre, la première région du continent européen à connaître la révolution industrielle, dès la fin duXVIIIe siècle. On reconnaît à la région trois qualités majeures : d'abondantes ressources minérales,houille etminerais (limonite etoligiste), une tradition proto-industrielle ancienne en quête de renouvellement, un enthousiasme manufacturier. Entre 1810 et 1880, laWallonie reste la deuxième puissance industrielle du monde, derrière le Royaume-Uni.

Singularité du cas de la France

Paris en 1869 vue par le peintreAdolph von Menzel.
Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

On parle de singularité pour le processus de révolution industrielle français car il ne correspond pas aux modèles établis. Certains commeJean Marczewski[77] considèrent que la révolution industrielle se caractérise en France par l'absence d'une phase de « take-off » (décollage) selon les critères établis parWalt Whitman Rostow et son modèle normatif défini en 1960 dans sesÉtapes de la croissance économique : toute société est censée connaître un processus de croissance en cinq étapes. L'une est primordiale, celle du « take-off » où :

  1. L'investissement total réalisé doit représenter au moins 10 % du PIB total ;
  2. Plusieurs secteurs moteurs, ainsi qu'un cadre politique et social favorable doivent exister.

Or, la France ne suit pas ce modèle ; le début de la révolution industrielle en France se caractérise, selon Maurice Lévy-Leboyer, par une chronologie plutôt irrégulière :

  1. De 1789 à 1815 : un contexte historique marqué par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes ;
  2. De 1830 à 1860 : un développement industriel, malgré tout, aux côtés de la Grande-Bretagne ;
  3. De 1860 à 1905 : un ralentissement économique ;
  4. À partir de 1905 : une forte reprise.

Contexte historique

Les débuts de la révolution industrielle en France sont marqués par des troubles consécutifs aux guerres révolutionnaires et napoléoniennes dont le coût est humain (600 000 victimes françaises en tout[réf. nécessaire]), mais également économique : la France perd à cette occasion son dynamisme démographique.

La France est aussi moins riche encharbon et enfer que ses voisins belge, allemand ou anglais.

LeBlocus continental mis en place parNapoléon Ier en1806 provoque simultanément une perte de débouchés pour les grands ports français, commeBordeaux,Marseille ouNantes qui voient faiblir leur activité et leur population migrer en partie vers les régions industrielles du Nord-Est. Sur le plan industriel, il en résulte une nouvelle spécialisation et une inversion des pôles d'activité. Sur le plan commercial, le commerce français s'oriente davantage vers le commerce continental.

La pensée française est fille dusiècle des Lumières et de laRévolution : héritière à la fois du libéralisme et d'une conception plus « sociale », l'idéologie française adopte une voie intermédiaire entre lelibéralisme britannique et leprotectionnisme allemand.

Importance de l'État

Dès le début de laRévolution, le pouvoir en place s'empresse de « libérer les forces du marché » par la suppression descorporations (loi d'Allarde,1791) et l'interdiction de toute coalition (loi Le Chapelier,1791). Cette législation institue laliberté du commerce et de l'industrie qui est, encore aujourd'hui, le fondement dulibéralisme économique en France.

Par ailleurs, la France se dote sous leConsulat d'une monnaie, lefranc germinal, et d'une Banque centrale, laBanque de France. Cette association permet à la France de retrouver des bases monétaires stables et un système centralisé. Celui-ci a en effet permis de juguler les troubles monétaires nés des émois révolutionnaires, l'émission trop abondante d'assignats ayant entraîné une forte inflation. En outre, le franc germinal se caractérise par sa stabilité tout au long duXIXe siècle. Si la France se dote d'un système monétaire centralisé, c'est qu'elle l'a hérité de satradition jacobine, autrement dit centralisatrice.

De surcroît, la France procède à de nombreuses réformes comme la création des lycées permettant la formation d'une élite dans le cadre d'un processus de rationalisation de l'État entamé dès le milieu duXVIIIe siècle avec, par exemple, la création de l'École royale des ponts et chaussées en1747, de l'École nationale supérieure d'arts et métiers en1780 ou de l'École polytechnique en1794. Mais la réforme majeure à retenir est celle de l'instauration duCode civil par Napoléon en 1804. En effet, il encadre le droit de propriété privée, élément essentiel dans le processus de révolution industrielle. Mais il permet également de fonder le droit contractuel ; la propriété privée est un bien cessible et permet donc l'accumulation. Cela ne signifie pas que la propriété n'était pas cessible sous l'Ancien régime, mais que la propriété n'avait aucune fonction d'accumulation, elle était un symbole social. Elle demeure ce symbole auXIXe siècle mais on y ajoute la notion d'accumulation.

Puissance agricole et industrielle

Galerie des Machines lors de l'exposition universelle de 1889, parVictor Contamin etFerdinand Dutert.

De plus, par le biais de lois, l'État se joint à la croissance économique non seulement en la favorisant, mais également en y participant. On peut citer par exemple la loiGuizot de1842 qui favorise l'extension du chemin de fer dont on connaît l'importance dans le processus de révolution industrielle, les grands travaux (travaux du baronHaussmann àParis, assainissement de zones marécageuses comme lesLandes et laSologne), le planFreycinet (1879-1882) pour relancer l'activité économique par le chemin de fer et l'amélioration des infrastructures, etc. L'Empire colonial français contribue également à soutenir l'industrialisation.

L'État est parfois à l'origine de négociations favorisant le libre-échange, parfois à l'origine de mesures protectionnistes ; on retrouve là encore la voie intermédiaire choisie par la France, ni tout à fait libérale, ni totalement protectionniste. Dans le premier cas, il établit des accords commerciaux, comme celui de1786, dittraité Eden-Rayneval, et surtout celui de1860, dittraité Cobden-Chevalier, qui limite les droits de douane sur les produits industriels à 25 %. Dans le second cas, il prend des mesures protectionnistes comme l'adoption de laloi Méline en1892 permettant d'augmenter les droits de douane sur les céréales et la viande importées en cas de surproduction.

L'agriculture conserve une place bien plus importante dans l'économie française que dans l'économie britannique à la même époque. Des inventeurs contribuent aux progrès de l'industrie agricole comme André Grusenmeyer. Son importance est telle en France qu'il suffit que l'agriculture prospère pour que l'ensemble de l'économie s'en trouve améliorée. Au contraire, une agriculture qui n'est pas prospère conduit à l'amplification des mouvements de crises. L'agriculture est dominée en France par des petits propriétaires, ce qui explique en partie le comportement « malthusien » de la France auXIXe siècle :faire moins d'enfants permet d'éviter l'émiettement du patrimoine familial, d'épargner davantage et de mieux les installer dans la vie.

La France est donc une puissance industrielle, néanmoins inférieure à la Grande-Bretagne. Les changements y sont plus progressifs qu'outre-Manche, expression d'un « malthusianisme » caractéristique. La concentration d'entreprises (les constitutions des monopoles) et la production de masse y sont aussi plus tardives. De plus, l'industrie est dominée par une petitebourgeoisie qui privilégie unmarché intérieur modérément dynamique.

Puissance financière

Bien que largement moindre que celui de la Grande-Bretagne, le poids de la France en matière financière n'en demeure pas moins important. En effet, la France dispose du plus important stock d'or privé et représente le principal marché financier des gouvernements européens[78]. Les liens entre banques et industries demeurent cependant faibles et marquent une différence avec la Grande-Bretagne. En effet, la France reste frileuse après la triste expérience dusystème de Law. En outre, l'activité bancaire, notamment à la fin du siècle, se caractérise par une prudence que traduit ladoctrine Germain consacrant la séparation des fonctions debanque de dépôt et debanque d'affaires.

Deuxième révolution industrielle

Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).
Article connexe :Liste historique des régions et pays par PIB.

Alors que la production mondiale avait mis 120 ans pour doubler entre 1700 et 1820, l'apparition et le développement de nouvelles techniques permettent un premier doublement en cinquante ans entre 1820 et 1870, puis un second doublement, en quarante ans, entre 1870 et 1910.

Secteurs clés

Électricité et moteur électrique

Malgré tous les progrès précédemment cités, il restait encore une étape cruciale à franchir. Un gigantesque bouleversement allait bientôt survenir, peut-être le plus important de tous, en tous cas celui qui allait avoir le plus de retombées sur l’instant comme dans la durée aussi bien pour l’industrie que pour le particulier : la maîtrise de l’électricité.

Après plusieurs approches en Amérique et en Europe, l’idée du moteur électrique se précise peu à peu. Mais il faut attendre le pour que le BelgeZénobe Gramme présente la première dynamo brevetée à l’académie des sciences de Paris : la magnéto Gramme, machine rotative mue par une manivelle qui permet la production mécanique de l’électricité. Antérieurement, celle-ci était fournie par des piles polluantes et difficiles à manipuler, et presque uniquement utilisée en galvanoplastie. On ne lui voyait aucun débouché industriel et encore moins dans le machinisme qui exigeait de fortes puissances. Mais cette modeste machine électrique tournante avec sa manivelle, son anneau de Gramme et son collecteur allait ouvrir la voie à l'utilisation industrielle et domestique de l'électricité. La magnéto a connu des perfectionnements postérieurs : dynamo industrielle en 1873 génératrice de courant continu et sa réversibilité en moteur à courant continu, puis alternateur générateur de courants alternatifs polyphasés, enfin moteur à induction biphasé puis triphasé. L'électricité pouvait entrer dans toutes les usines.

On peut souligner ici l'apport non négligeable de l'inventeur serbeNikola Tesla, à qui l'on doit le perfectionnement des machines àcourant alternatif et la mise au point à l'échelle industrielle de la production, de la distribution et de l'utilisation de l'énergie électrique comme force motrice. Plus tard, ses expérimentations sur lescourants alternatifs haute fréquence permettront de donner les bases des systèmes detélécommunications sans fil (de nombreux chercheurs tels queMarconi ayant ensuite utilisé et revendiqué sesbrevets), ainsi que des systèmesradio.

Lemoteur électrique se généralise. Dans les ateliers et les usines de la fin duXIXe et du début XXe siècle, il est encore encombrant et lourd mais il supplante rapidement le moteur à vapeur en permettant un meilleur partage de la force motrice au sein des ateliers. Avant lui, la force motrice était produite par le vent, puis par l’eau des rivières et enfin par la vapeur. Tous ces systèmes avaient en commun la distribution de la force motrice autour d’un arbre central sur lequel étaient connectées par des jeux de courroies et de poulies toutes les machines, avec pour les ateliers sophistiqués des systèmes complexes de débrayage quand cela était possible. Tous ces mécanismes occasionnaient de nombreuses pertes et imperfections de fabrication parce qu'il fallait suivre l’axe central de distribution de force au détriment de l’agencement logique des unités de production. L’électricité permet de s'affranchir de cette contrainte : la force motrice était distribuée non seulement à la demande mais aussi seulement là où elle était nécessaire. Le moteur électrique a ainsi permis une rationalisation de la production à travers un nouvel agencement des usines respectant mieux les étapes de la production, et offert de meilleurs rendements et une meilleure qualité, à moindre coût. On assiste alors à l’explosion des produits manufacturés, de la fin duXIXe siècle jusqu’à laPremière Guerre mondiale, que vient alimenter une concurrence toujours plus forte des entreprises entre elles. Ce foisonnement de produits de qualité a été l’âge d’or des fabrications occidentales, leurBelle Époque. Certains de ces objets manufacturés se retrouvent d'ailleurs aujourd’hui, cent ans plus tard, dans des brocantes et nombre de collections. Ils ont été le prélude à la société de consommation que nous connaissons aujourd’hui.

À peine dix ans après l’invention de la dynamo, l’AméricainEdison mit au point la lampe à incandescence, sonnant la fin des lampes à arc électrique peu fiables et compliquées d’entretien, et permettant de généraliser l'éclairage dans tous les domaines (industrie, voie publique et transports, habitations, etc.).

L’électricité a eu pour autre incidence de permettre aux usines de quitter les vallées puis les zones de distribution de charbonnage en les disséminant partout sur le territoire, principalement autour des grandes villes grâce aux lignes moyennes tensions. De petites unités privées et autarciques ont cédé la place à de grosses compagnies qui distribuaient leur propre courant sur de vastes secteurs, aussi bien pour l'industrie que pour le particulier. En France, ces compagnies de distribution se sont ensuite unifiées et étatisées pour formerEDF. Les tensions et fréquences différentes vont disparaître : le courant triphasé 380 volts pour l'industrie et celui de 110 volts puis 220 volts monophasé pour le particulier se sont finalement généralisés.

Articles détaillés :L'électricité à la Belle Époque,Histoire de l'électricité etInnovation en Europe à la Belle Époque.

Pétrole

Article détaillé :Histoire du pétrole.

Moteur à combustion interne

Article détaillé :Moteur à combustion et explosion.

Automobile

Article détaillé :Histoire de l'automobile.

Chimie

En 1897, chimiste chez Bayer,Felix Hoffmann (1868-1946), fit une découverte retentissante. On cherchait alors depuis fort longtemps une alternative à l'extrait d'écorce de saule, un antidouleur naturel séculaire contenant de la salicine et de l'acide salicylique.

Chemin de fer

Article détaillé :Histoire des chemins de fer.
Plan de la locomotive deStephenson (la « Rocket », ou « fusée ») de1829.
Peinture d'Hans Baluschek de1904.

En Angleterre, on utilise depuis1760 des chemins de fer sur lesquels les wagons sont tirés par des chevaux. Comparativement aux routes, l'effort de traction nécessaire est bien inférieur.

Richard Trevithick est considéré comme l'inventeur de la traction à vapeur : un monument lui est consacré àMerthyr Tydfil (Carmarthenshire,Pays de Galles). En1804, celui-ci adapte à la traction sur rails une machine à vapeur fabriquée par les Pen-y-darren Ironworks à Merthyr Tydfil : la vitesse de 5 miles à l'heure est atteinte (8 km/h) en tirant une charge de 10 tonnes et 70 passagers de Merthyr Tydfil àAbercynon, sur une distance de 14 km. Mais les rails se cassent sous les 5 tonnes de la locomotive et la machine à vapeur est réutilisée à poste fixe.

La première locomotive à vapeur utilisée de façon régulière est celle de l'ingénieurGeorge Stephenson qui fabrique et brevète sa premièrelocomotive en1815.

Chargé de construire une voie ferrée pour transporter le charbon deDarlington àStockton en Angleterre, Stephenson convainc les propriétaires des mines de le financer pour construire une locomotive. La première utilisation de laLocomotion a lieu le. Elle tracte vingt wagons de voyageurs et dix bennes de charbon. Alors qu'un cavalier portant un drapeau galope devant laLocomotion, Stephenson ordonne au cavalier de s'écarter car le train roule plus vite et dépasse l'homme à cheval. Plusieurs années sont encore nécessaires pour que la traction à vapeur devienne suffisamment fiable pour transporter des passagers. En1830,Robert Stephenson, le jeune fils de Georges, crée la première ligne de chemin de fer moderne :Manchester-Liverpool. Constituée d'une voie double sur toute sa longueur elle offre pour la première fois des horaires fixes aux voyageurs.

Cela dit, l'Europe continentale n'est pas en reste : la première ligne du continent date du : c'est la ligneSaint-Étienne-Andrézieux, mais elle se limite les premiers temps au transport du charbon. S'y adjoint une ligne de voyageurs ouverte le enFrance, sur une section entreSaint-Étienne etLyon. Durant l'année les recettes de passagers payants s'élèvent à 10 000 Francs (115 000 Francs dès 1832)[79]. À partir du, la ligne enregistre ses premiers passagers payants (36 500 personnes en1834).

En dehors de laGrande-Bretagne, la première ligne de chemin de fer à vapeur à caractère régulier est inaugurée sur le continent européen le entreBruxelles etMalines. Ce n'est pas un essai voué à des transports épisodiques réservés aux riches mais d'emblée, une ligne construite par l'État à l'instigation du ministreCharles Rogier, partisan des idéesfouriéristes : le chemin de fer doit être accessible au peuple et se voit doté des attributs principaux que vont adopter les chemins de fer du monde entier : trois classes correspondant à trois types de voitures qui, au début, reçoivent des noms inspirés de la terminologie traditionnelle des transports, berlines, diligence et char à bancs[80].

Sidérurgie

Représentation d'un atelier avec deuxconvertisseursBessemer avec leur forme caractéristique en cornue.

Il fallait de plus en plus d'acier avec le développement industriel : rails de chemin de fer, éléments de machines à vapeur, pièces de machines textiles, coques de bateaux, etc. Ce fut l'AnglaisHenry Bessemer qui trouva la solution, avec sonconvertisseur breveté en1856. C'est une cornue de grande taille, à parois réfractaires, que l'on remplit de fonte en fusion. On envoie alors par le fond de l'air comprimé, qui fait brûler lecarbone en produisant un spectaculaire jaillissement d'étincelles. Vingt minutes après, le convertisseur contient du fer ; on y introduit alors une quantité précise de carbone qui, après quelques minutes de mélange, donne l'acier correspondant aux spécifications. Il ne reste plus qu'à incliner le convertisseur sur ses pivots pour le vider dans une lingotière. Ce procédé permettait de convertir en une demi-heure 10 tonnes de fonte en autant d'acier ; consécutivement le prix de l'acier doux passa de 50 £ la tonne à 3 £.

Pays concernés

États-Unis

Territoires
American Progress. Représentation de laconquête de l'Ouest américain en1872 par John Gast.
Article détaillé :Conquête de l'Ouest.

L'expansion du territoire des États-Unis tout au long duXIXe siècle propulse l'industrie des chemins de fer. LaLouisiane était achetée en 1803, lesFloride cédées par l'Espagne en 1819, leterritoire de l'Oregon favorablement partagé en 1846, l'État du Texas admis dans l'Union en 1845, laCalifornie, leNouveau-Mexique et l'Utah arrachés auMexique en 1848. L'ordonnance cadastrale de 1785, qui organisait la division des terres nouvelles en prévision de leur vente (qui sera complétée par leHomestead Act de 1862, donnant entre autres des terres à des conditions avantageuses) fournissait le cadre légal à toute colonisation à venir. Constatant la masse de colons prêts au départ vers l'ouest par suite de ladécouverte de l'or en Californie en 1848, et pour éviter aux candidats à cette migration la route ducap Horn autant que pour maîtriser le territoire national dans sa nouvelle extension, le gouvernement américain projette aussitôt lepremier chemin de fer transcontinental de l'histoire. Toujours pour rapprocher ces gains territoriaux de la lointainecapitale fédérale, et immédiatement l'achat Gadsden réalisé, qui apportait en 1853 l'ultime agrandissement territorial des États-Unis, il en projette un second transcontinental passant par le Nouveau-Mexique d'alors. Quelques années après, il en imaginait un troisième à travers le nord, en direction de l'Oregon. Ainsi, le rail remplaçait les pistes qui jusque-là reliaient seules ces territoires lointains à l'Est.

Ce déplacement de la frontière vers l'ouest contribue fortement à développer les chemins de fer. La couverture ferroviaire se développe initialement sur lacôte est, principalement au nord en raison de son industrialisation et de sa desserte de peuplement vers leMidwest. Après l'établissement de la première ligne en 1827 le développement de l'ensemble des réseaux atteint 49 100 km en 1860. Dès 1869 la liaison San Francisco-New York est achevée et relie les côtes est et ouest en moins de sept jours contre six mois auparavant. En 1870, le réseau ferré américain représente désormais 85 100 km, et en 1913, 420 000 km, soit le tiers du réseau mondial. On comprend qu'un tel développement a eu des conséquences directes sur l'économie américaine et sur son industrialisation grâce à des effets d’entraînement sur l'activité industrielle. Par exemple, l'extension du chemin de fer entraîne — plus encore à partir du moment où les États-Unis cessent d'acheter tout leur matériel à la Grande-Bretagne, c'est-à-dire à partir des années 1860 — le dynamisme desactivités sidérurgiques. De plus, le financement de ces travaux colossaux entraîne le développement desactivités boursières. Enfin, l'urbanisation se développe au gré de l'industrialisation. Cependant, certains historiens de l'économie contestent le rôle majeur qu'aurait exercé le chemin de fer sur l'industrialisation des États-Unis. Ainsi,Robert Fogel estime-t-il que l'impact du chemin de fer sur la croissance est inférieur à 5 %[81]. Il s'agit, néanmoins, d'une approche contestée.

Par ailleurs, il s'agit d'un territoire riche en matières premières. Citons notamment la présence de pétrole dont l'exploitation a permis aux États-Unis de prendre part très largement à la deuxième révolution industrielle. En effet, il est souvent considéré que le premier puits de pétrole a été creusé sous la direction d'Edwin Drake àTitusville, Pennsylvanie, en 1859. Cela préfigure la domination américaine dans le domaine de laproduction pétrolière. On retiendra l'hégémonie de laStandard Oil deJohn D. Rockefeller dont le monopole sera incontestable jusqu'à ce que la compagnie tombe sous la juridiction duSherman Antitrust Act où elle a été divisée en plusieurs compagnies de moindre taille. Ajoutons en guise de remarque que plusieurs de ces petites compagnies grossiront au point de devenir les plus grosses compagnies pétrolières actuelles commeExxonMobil.

Raffinerie de pétrole de laStandard Oil àCleveland,Ohio, 1899.

C'est de plus un territoire qui contribue au développement et à la puissance de l'agriculture américaine. En effet, l'agriculture bénéficie de vastes territoires exploités grâce aux progrès de la mécanisation ; la premièremoissonneuse mécanique est inventée parCyrus McCormick en 1831. De plus, l'agriculture peut s'appuyer sur la diversité du territoire américain. Le Sud se spécialise ainsi dans la culture et l'Ouest dans l'élevage dont la production est facilement acheminée vers les ports d'exportation par les infrastructures et notamment le chemin de fer. En outre, la main-d'œuvre bon marché que constitue l'esclavage est un élément déterminant de la puissance agricole américaine au point que l'historienRobert Fogel[82] le considère comme élément déterminant de la prospérité du Sud. Sur le plan extérieur, l'agriculture bénéficie des avantages dulibre-échange, notamment de l'abolition desCorn Laws en 1846 en Grande-Bretagne.

Appliquée aux nouvelles méthodes de production, cette diversification des activités contribue à établir la puissance des États-Unis notamment lors de la deuxième révolution industrielle. L'industrialisation, débutée au milieu duXIXe siècle devait alors être le facteur de la puissance américaine.
Après avoir atteint l'optimum de leur production domestique, l'enjeu devint pour les États-Unis la sécurisation des approvisionnements internationaux : lire l'article
géopolitique du pétrole.

Démographie

Les États-Unis connaissent un essor démographique tout à fait remarquable. Cet essor est entretenu d'une part par la croissance naturelle (naissances moins décès) et d'autre part par d'importants flux migratoires, notamment européens. La population des États-Unis croit de 25 % par décennie entre 1860 et 1890 si bien qu'en 1880 les États-Unis comptent 50 millions d'habitants et 100 millions en 1918 (soit un doublement de sa population en moins de 40 ans). L'immigration nourrit largement la croissance démographique : les flux migratoires ont apporté 36 millions de personnes entre 1820 et 1920.

En outre, on peut fonder l'analyse de l'industrialisation américaine sur des caractéristiques de la société américaine : il s'agit d'une société méritocratique comme l'analyseAlexis de Tocqueville dansDe la démocratie en Amérique, 1835-1840.

Tournant de la guerre de Sécession
Article détaillé :Guerre de Sécession.
Guerre de Sécession (bataille de Chattanooga, novembre 1863).

Avant laguerre de Sécession (1861-1865), la montée en puissance des États-Unis s'appuie surtout sur ses activités agricoles à tel point que l'agriculture demeure l'activité principale jusqu'en 1880. En 1890, l'agriculture représente encore 75 % des exportations américaines. Mais la guerre de Sécession change quelque peu la donne. En effet, cette guerre n'est pas qu'une guerre politique qui s'inscrit seulement dans la question de l'esclavagisme. Elle est également une guerre issue des rivalités économiques entre le Sud — conservateur, agricole et favorable au libre-échange — et le Nord — ouvert aux idées nouvellement venues d'Europe, en cours d'industrialisation rapide et favorable au protectionnisme selon la pensée d'Alexander Hamilton, de la théorie du « protectionnisme éducateur » deFriedrich List[83] et de celles de Henry C. Carey. Par conséquent, la victoire du Nord consacre l'évolution de l'industrialisation dont le financement est en partie favorisé par l'inflation durant la guerre.

Allemagne

Carte de l'industrie et des mines enAllemagne en 1892.
Industrie textile
Industrie métallurgique
Article détaillé :Révolution industrielle en Allemagne.

L'industrialisation de l'Allemagne débute au même moment qu'aux États-Unis, c'est-à-dire au milieu duXIXe siècle. Elle dispose également d'un important potentiel industriel, agricole et humain.

Unification pour s'industrialiser

La particularité de l'Allemagne est qu'elle n'existe pas en tant qu'État-nation au début du siècle. À la suite ducongrès de Vienne en 1815, laConfédération germanique regroupe trente-neuf États dont l'unité se construit autour de la langue mais également duZollverein à partir de 1834. Le Zollverein est une union douanière qui met en place une zone de libre-échange à l'intérieur et qui établit des tarifs extérieurs commun (TEC). De plus en 1857, lethaler prussien devient la monnaie de la zone puis est remplacé par lemark en 1871. Parallèlement, laReichsbank (Banque Centrale allemande) voit le jour en 1875. L'Allemagne adopte de ce point de vue une positionprotectionniste qui contraste avec la position libérale britannique.

Puissance industrielle
Mine àIlmenau (Thüringe, Allemagne), 1860.

Le démarrage de l'industrialisation est lent à cause de la disparité entre bassins industriels ; ceux de l'Est sont bien moins performants que ceux de l'Ouest comme laRuhr. De plus, l'Allemagne présente un retard technologique qui la rend dépendante de la Grande-Bretagne mais aussi de la France. L'annexion de l'Alsace et de la Moselle accroît son potentiel industriel[84].

La montée en puissance de l'industrialisation est appuyée d'une part par la tradition marchande du Nord de l'Allemagne et par le soutien qu'apporte l'État. En effet, il existe une réelle tradition dans le domaine du commerce grâce aux ports du Nord, hérités de l'activité portuaire de laHanse dès leXIIIe siècle. L'État joue un rôle primordial, en favorisant l'extension du chemin de fer qui facilite l'unification de la Confédération allemande. Il a en outre favorisé la constitution de grandes entreprises — les Konzerns — et permet leur développement par le biais de mesures protectionnistes. De plus, l'État allemand supporte la formation professionnelle. L'Allemagne est le premier pays à se doter d'une forme de protection sociale. En effet, la très forte concentration ouvrière émanant de l'industrialisation commence à soulever des critiques quant aux conditions de vie et de travail. C'est donc dans le but de contrer lemarxisme qu'Otto von Bismarck décide de mettre en place les premières lois sociales. Dès 1883 uneassurance maladie est créée, suivie en 1884 d'une protection contre lesaccidents du travail et enfin en 1889, création d'uneassurance-invalidité et vieillesse[85].

Ces éléments permettent à l'Allemagne de s'industrialiser rapidement à partir des années 1850 et plus encore après 1870 où les konzerns prennent une place primordiale dans l'activité industrielle.

Agriculture

Les autres activités demeurent importantes mais restent secondaires par rapport à l'industrie. La production agricole croit tout au long du siècle ; lesjunkers, propriétaires fonciers, sont politiquement conservateurs, économiquement innovateurs. Les innovations en matière agricole sont de plus en plus nombreuses après 1850 et complètent les innovations importées de Grande-Bretagne. La spécialisation allemande dans la chimie lui confère un rôle de premier ordre dans la recherche d'engrais ; les recherches deJustus von Liebig dès 1840 sont fondatrices.

Faiblesse financière

Le financement de l'industrialisation s'appuie moins sur les capitaux boursiers qu'en Grande-Bretagne. La spécificité allemande est que le financement s'inscrit plutôt dans le cadre d'investissements à long terme grâce aux liens étroits entre banques et entreprises.Michel Albert montre que cette particularité allemande est caractéristique de son capitalisme contemporain, lecapitalisme rhénan[86].

L'autre spécificité financière de l'Allemagne est la concentration des capitaux vers son territoire national. En effet, les capitaux allemands sont assez peu destinés à l'étranger ; on note toutefois des investissements importants dans l'Empire ottoman. Cette utilisation des capitaux s'inscrit dans la perception de l'économie nationale en Allemagne ; l'économie réelle – l'industrie – c'est-à-dire la puissance économique doit coïncider avec la puissance nationale. On voit bien la divergence avec la conception britannique.

Japon

Ouverture économique contrainte

LeJapon est un pays vieux de plusieurs millénaires mais son ouverture sur l'extérieur est tardive ; le Japon demeure dans une autarcie politique et économique (sakoku). Son ouverture sur l'extérieur ne participe pas d'un choix délibéré mais le Japon y a été contraint. En effet, l'amiral américainMatthew Perry entre en baie de Tokyo en 1853 et impose au Japon l'ouverture par laconvention de Kanagawa en 1854, traité asymétrique au désavantage du Japon. L'ouverture économique du Japon de l'ère Meiji est donc le résultat de ce que l'on appelle la diplomatie ou politique de la canonnière.

Ère Meiji (1868-1912)
Article détaillé :Ère Meiji.
Un train entrant en gare àKobe.
L'empereur Meiji.

En 1868, l'empereurMeiji renverse leshogun et entraîne le Japon dans la révolution industrielle. Dès les années 1870, le Japon connaît un processus de croissance et de développement, soutenu par l'intervention de l'État. Ce dernier met en place les structures adéquates pour favoriser l'industrialisation. En effet, il initie la création de chemins de fer et crée des entreprises nouvelles. Une fois consolidées par l'État, ces entreprises sont privatisées et passent sous le contrôle de grandes familles japonaises ; c'est la naissance deszaibatsus dont les plus connues sontMitsui,Mitsubishi etSumitomo. Celles-ci prennent alors la forme de sociétés par actions. Pour accompagner ces évolutions, le Japon met en place des institutions nouvelles : création duyen (1871), de laBourse (1878), de laBanque centrale du Japon (1882), et se dote de diverses mesures législatives encadrant le développement économique.

L'industrialisation du Japon va de pair avec son développement agricole. Celui-ci se caractérise par une rupture avec le régime féodal ; les terres détenues par lesdaimyos et lessamouraïs sont confisquées puis redistribuées aux paysans. Ces terres, allouées aux paysans, sont une source importante de rentrées fiscales pour l'État, qui s'en sert pour financer le développement industriel. L'agriculture se développe d'autant plus qu'elle se diversifie par l'utilisation des terres au nord de Japon, notamment enHokkaidō. L'agriculture est donc un facteur décisif de l'industrialisation du Japon non seulement parce qu'elle génère des revenus pour l'État mais également parce qu'elle contribue à diminuer la contrainte extérieure du Japon, très fortement dépendant de matières premières dont il est peu pourvu.

Finalement, le Japon connaît un fort développement économique, son taux de croissance est supérieur à celui de l'Allemagne quoique inférieur à celui des États-Unis, le commerce extérieur augmente fortement, ainsi que sa production industrielle. En outre, la population japonaise passe d'environ 30 millions en 1860 à 50 millions au début duXXe siècle.

Russie

Réformes agraires

La Russie est le dernier des pays de la deuxième vague à s'industrialiser. L'archaïsme de son agriculture, même après avoir été réformée, a nourri son retard industriel. Toutefois, on ne peut penser le démarrage industriel sans, entre autres, le développement agricole. Après la défaite russe lors de laguerre de Crimée les dirigeants russes, en premier lieu l'empereurAlexandre II, ont pris conscience du retard économique et social de leur pays. Dans ce contexte, s'engage laréforme agricole, précédée de l'émancipation générale des paysans avec l'abolition du servage le. La réforme met en place des communautés villageoises — appeléesobshchina oumir — dans le cadre desquelles les paysans devaient payer des indemnités pour les terres qu'on leur attribuait. Ces caractéristiques expliquent l'échec de la réforme, la modernisation et le développement de l'agriculture n'étant pas à la hauteur des espérances. Toutefois, la Russie ne consentit pas davantage, dans un premier temps, à faire évoluer son agriculture. En effet, cette dernière suffisait à faire vivre le pays grâce à ses exportations et les grands propriétaires bloquaient toute évolution. Pourtant, la Russie doit s'engager « de fait », dès 1906, dans une nouvelle réforme agricole à cause de la chute des cours sur les marchés des céréales et des famines de 1891-1892 et 1902.Piotr Stolypine conduit cette réforme qui aboutit à la suppression du régime des communautés, c'est-à-dire desmirs. Toutefois, les efforts menés seront stoppés avec le début de laPremière Guerre mondiale en 1914 et larévolution de 1917. Finalement, la Russie ne sera pas parvenue à hisser son industrie au niveau de celles des grands pays européens, des États-Unis ou même du Japon, contre qui la Russie perd laguerre qui les oppose en 1905. Cependant, cela ne signifie pas que la Russie ne se soit pas du tout industrialisée.

Industrialisation
Travaux de réparation sur une ligne de chemin de fer, peinture deConstantine Savitski (1874).

À la fin duXIXe siècle, la Russie est un pays en retard mais son industrialisation est le fait d'un changement politique et profite de l'avancée des autres grands pays. En premier lieu, la réforme agricole des années 1860 accroît les rentrées fiscales de l'État, en taxant les paysans, lui permettant de financer la construction de routes, d'industries mais également de chemins de fer, comme letranssibérien et letranscaspien. La carence en infrastructures de transport était apparue après la défaite en Crimée, l'armée russe ne parvenant pas à acheminer suffisamment de soldats sur le front. D'autre part, l'État fait appel à des industriels étrangers pour développer son industrie en bénéficiant des dernières innovations techniques. Ainsi, le rôle de l'anglais John Hughes : en 1869 il fonde la « Nouvelle Société russe » pour construire des hauts fourneaux dans la région duDonetz. Le rôle de l'État est crucial dans l'industrialisation de la Russie ; pourAlexander Gerschenkron, l'État, en se substituant au marché, a permis de dépasser les obstacles liés aux structures économiques et sociales du pays[87]. Il faut, en outre, souligner le rôle important des capitaux étrangers, notamment français et britanniques. Ainsi, l'industrialisation de la Russie s'accélère dans les années 1880-1890, notamment au bénéfice de l'armée impériale et de samarine (lireComplexe militaro-industriel de la Russie sous la Russie impériale).

Évolutions sociales

Cette section peut contenir untravail inédit ou des déclarationsnon vérifiées (février 2022). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. 
  • Sivous ne connaissez pas le sujet, laissez ce bandeau(vous pouvez alors contacter les auteurs).
  • Si vous supprimez le contenu mis en cause(vous pouvez préalablement contacter les auteurs),
argumentez précisément cette suppression dans lapage de discussion
(un manque de référence n'est pas un argument ; une recherche réelle de référence doit avoir été effectuée, être formellement documentée).

Cette révolution industrielle s'est manifestée dans le domaine économique, mais elle n'en a pas moins transformé le domaine social. Cet aspect de la nouvelle société industrielle a principalement été étudié parKarl Marx. Selon K. Marx, la société industrielle succède à lasociété féodale, et joue un rôle historique primordial en tant qu'elle affirme lecapitalisme et fait émerger leprolétariat.

Plus récemment, après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), on a perçu les conséquences de la révolution industrielle sur le planenvironnemental. Cet aspect a été étudié parLester R. Brown, qui considère que nous entrons dans une révolution environnementale[88].

Évolution de la structure sociale en France

Représentation d'une cité industrielle vers 1870 parGustave Doré.

On pourra se rapporter au livre d'Olivier Marchand et Claude Thélot,Le Travail en France (1800-2000), 1997, pour obtenir des données statistiques fiables quant à l'évolution de la structure sociale de la France depuis 1800.

Déclin agricole dès le milieu duXIXe siècle

La population agricole continue de croître jusqu'en 1846 et rassemble 9,3 millions d'agriculteurs, d'après les séries statistiques étudiées par Olivier Marchand et Claude Thélot dansLe Travail en France (1800-2000), 1997.

Selon les mêmes auteurs, la diminution de la population agricole est due aux conséquences dutraité de libre-échange franco-britannique de 1860, aux difficultés liées aux phylloxera et à la structure trop petite des exploitations, et à la faiblesse des investissements.

Exode rural et urbanisation

De multiples causes provoquent l'exode rural soit le départ de nombreux paysans, quittant leurs champs pour rejoindre villes anciennes ou nouvelles agglomérations et contribuant ainsi à nourrir la croissance urbaine. Raisons négatives avec l'enclosure des terrains agricoles, ou la mécanisation de l'agriculture qui accroît la productivité et libère de la main-d'œuvre. Raisons positives dans la mesure où le départ vers les usines est perçu comme une opportunité d'échapper à la misère, sinon d'améliorer ses conditions de vie.

Toutefois, l'exode rural n'est pas l'unique cause de l'urbanisation. L'industrialisation crée des usines, qui elles-mêmes provoquent la concentration et l'installation de nombreux ouvriers dans lesfaubourgs des villes, voire l'émergence de nouvelles agglomérations (c'est par exemple le cas duCreusot ou deRoubaix, ou bien de villes à la périphérie deParis commeSaint-Denis) voire la création de nouvelles conurbations (comme le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais). Se trouvent ainsi réunis par la proximité : bassin de main d'œuvre, infrastructures de transports performantes et vaste marché de consommation.

L'urbanisation contribue également à des évolutions sociales importantes : début du développement de l'habitat collectif, des premières politiques d'aménagement urbain (mise en place de moyens de transports comme le métro à la fin duXIXe siècle et aménagements urbains comme les travaux effectués à Paris par lebaron Haussmann), etc.

Bourgeoisie triomphante

La Révolution de 1789 marque le triomphe d'une bourgeoisie, dont le pouvoir au sein de la société avait commencé à croître dès le règne de Louis XIV pour devenir majeur au cours duXIXe siècle. Tout d'abord, une partie de cette bourgeoisie joue un rôle décisif au cours du processus d'industrialisation car elle dispose de ressources financières. Cela est encore plus vrai pour le deuxièmeXIXe siècle au cours duquel les investissements nécessaires représentent des sommes de plus en plus importantes. Toutefois, une partie de cette bourgeoisie demeure passive par rapport à la révolution industrielle, vivant de rentes issues de son patrimoine ; ce sont les rentiers, particulièrement nombreux en France.

Tout au long duXIXe siècle, le nombre de cette bourgeoisie s’accroît et représente une grande partie de la société. La grande bourgeoisie, à la tête d'entreprises industrielles, et la petite bourgeoisie, les petits commerçants, pèsent un poids important dans la société[89]. Par ailleurs, outre son rôle économique et social, la bourgeoisie est de plus en plus présente politiquement. En France, cette présence politique est entretenue par la formation de la bourgeoisie dans des écoles, comme l'école des Hautes Études Commerciales (HEC) créée en 1881, dont elle a seule, auXIXe siècle, accès. Cela contribue à la formation d'un corps de hauts fonctionnaires ou, de ce quePierre Bourdieu appelle une « noblesse d'État »[90].

Constitution du prolétariat

Le travail enusine vers la fin duXIXe siècle représenté parAdolph von Menzel (1872-1875).

Souvent associé au monde ouvrier, le prolétariat relève en fait d'une réalité plus complexe. Si l'on retient deKarl Marx son analyse économique de la société en deux catégories, les capitalistes et les prolétaires[91], on oublie parfois qu'il avait déjà compris la complexité de la société et duprolétariat auXIXe siècle. Il distingue en effet, au sein de la société, l'aristocratie financière, la bourgeoisie industrielle, la petite bourgeoisie, la classe ouvrière, leLumpenproletariat (« prolétariat en haillons ») et la paysannerie parcellaire[92]. Par ailleurs, il voit dans le prolétariat une classe contrainte de vendre sa force de travail aux capitalistes, que Marx accuse d'entretenir une situation favorable au développement de cette « armée industrielle de réserve » (c'est-à-dire les sans emploi). Pour comprendre la notion d'exploitation dont parle Marx, il faut revenir à sa conception de la valeur. Il distingue, en effet, valeur d'usage et valeur d'échange ; pour pouvoir réaliser une « plus-value », le capitaliste doit contraindre les prolétaires au « surtravail », d'autant plus que le capitaliste est confronté à une « baisse tendancielle du taux de profit ».

En outre, on ne peut véritablement parler d'une classe ouvrière relativement homogène qu'à partir du dernier quart duXIXe siècle. En effet, on retrouve, surtout au début duXIXe siècle, des ouvriers spécialisés que sont les artisans, des ouvriers issus de l'industrie rurale, notamment en France, et le prolétariat des manufactures puis des usines. Cette dernière catégorie d'ouvrier demeure minoritaire jusqu'au milieu duXIXe siècle. Par la suite, consécutivement à la modernisation et à la concentration des usines, le nombre d'ouvriers de la petite industrie rurale et d'artisans devient plus faible. Ce n'est donc qu'après 1870-1880 que les ouvriers d'usines constituent une classe sociale homogène, même si l'historien britanniqueEdward Palmer Thompson a mis en évidence qu'en Angleterre tout au moins, la classe ouvrière s'est formée au cours de la première moitié duXIXe siècle. Il précise que « pour la plupart des travailleurs, l'expérience cruciale de la révolution industrielle fut vécue comme une transformation dans la nature et l'intensité de l'exploitation »[93].

Vers 1930, les ouvriers représentent encore près de 33 % de la population active occidentale. Les salaires sont peu élevés (5 F par jour en France de 1900 à 1914) et la nourriture absorbe une grande partie des revenus (jusqu'à 60 %). Ainsi, chez les ouvriers, toute la famille travaille : hommes, femmes et enfants. Les journées de travail sont très longues, de 12 à 15 heures en moyenne jusque vers 1860, avec de rares pauses. Lechômage est fréquent du fait des licenciements abusifs et de l'importance numérique de la population active. Il s’accroît nettement lors des périodes decrises économiques. Les logements sont insalubres, la nourriture est déséquilibrée et de mauvaise qualité, ce qui engendre lasous-alimentation, lerachitisme et le développement de maladies (choléra,tuberculose) tandis que le manque d'espoir pousse à l'alcoolisme[94]. Les accidents du travail, liés à la fatigue, à la pénibilité, aux difficiles conditions de travail sont fréquents (22 pour 10 000 en France, 41 pour 10 000 aux États-Unis entre 1871 et 1875).

Évolution du monde du travail

Rationalisation du processus productif

Fabrication des épingles, planche de l'Encyclopédie.
Article connexe :Rationalisation.

Les rédacteurs de l'Encyclopédie ou des économistes commeAdam Smith[95] décrivent quelques-unes des nombreuses pratiques qui existent dans l'industrie depuis leXVIe siècle (voir l'Arsenal de Venise) et se sont perfectionnées auxXVIe et XVIIIe siècles dans des secteurs d'activité comme leschantiers navals hollandais ou l'horlogerie (voir la pratique de l'établissage).

Par suite, toujours dans la perspective d’accroître laproductivité du travail, les économistes vont s'attacher à améliorer l'organisation concrète du processus productif. Cette recherche de l'efficacité optimale se fait par des méthodes rigoureuses et donnent naissance à :

  • l'émergence des sciences de gestion avec l'ingénieur des MinesHenri Fayol qui, dans son ouvrage « l'Administration industrielle et générale » (paru en 1916), plaide pour la mise en œuvre d'un processus supérieur de pilotage « Prévoir, Organiser, Commander, Coordonner et Contrôler » en vue de superviser toutes les pratiques élémentaires à l'œuvre dans les processus industriels ;
  • l'apparition de l'Organisation scientifique du travail (OST), promue parFrederick Winslow Taylor dans son ouvragePrincipes du management scientifique paru en 1911 sous le titre original :Principles of Scientific Management.
Précurseurs : l'exemple de Frédéric Japy
Frédéric Japy (1749-1812).

Frédéric Japy fonde en 1771 sa propre fabrique d'ébauches à Beaucourt, la première de l'histoire en territoire français. La fabrication de pièces pour l'industrie horlogère est, du temps de Japy, le fait d'ouvriers spécialisés travaillant à domicile, et fournissant chacun un type très spécifique de pièce. L'organisation de la fabrique de montres Japy est sur ce point innovante : Frédéric Japy regroupe ses ouvriers dans une usine à part de la ville. Avec une conception et une utilisation de machines destinées à la production en série, Japy augmente à faible cout les cadences de production tout en réduisant la main d'œuvre nécessaire. Frédéric Japy implante dans la manufacture, bien avant d'autres, les lois dites duTaylorisme et duFordisme.

Il dépose en 1799 les brevets de dix machines révolutionnaires, dont une machine à tailler les roues, une machine à fendre les vis, un tour pour tourner les platines des montres. Il insiste dans ses descriptions sur le fait que ses machines peuvent être actionnées facilement par des infirmes ou des enfants. Son inventivité technique ne s'arrêtant pas à son cœur de métier, Frédéric Japy invente en outre un modèle de pompe rotative encore en usage de nos jours.

Lorsque Frédéric Japy installe sa fabrique à Beaucourt, les montres sont encore fabriquées selon le système de l'établissage : le fabricant achète toutes les ébauches nécessaires et les assemble lui-même. Ainsi, 150 ouvriers en moyenne interviennent pour réaliser le produit fini en se cantonnant chacun à une opération bien spécifique. Mais Frédéric Japy a déjà fait l'expérience d'un matériel beaucoup plus novateur. Ainsi, il passe rapidement commande à Jeanneret-Gris d'une série de dix machines différentes qui lui permettent de concevoir les 83 pièces de l'ébauche. Un système productif particulièrement novateur est dès lors en place : l'utilisation de la machine-outil lui permet d'embaucher des ouvriers non qualifiés, des femmes, des vieillards… Grâce à cette nouvelle division du travail, il est désormais possible de produire les ébauches en série et dans un atelier unique. Ces machines « infernales » imposent une concurrence très rude à tout le monde artisanal et corporatif de l'horlogerie : une ébauche de montre vendue à 7,50 F en 1793 sort à 2,50 F des ateliers beaucourtois. Immédiatement, cette concurrence engendre la fermeture de nombreux ateliers jurassiens mais elle agit aussi en Suisse où la manufacture Japy écoule 91,3 % de sa production. Ce faisant, Frédéric Japy impose la machine-outil comme mode de production et se pose comme le principal initiateur de la fabrication mécanique de montres. Cette technicité Japy correspond sans conteste à l'un des trois changements techniques nécessaires au démarrage de la révolution industrielle : la substitution de l'invention mécanique auxtalents humains.

Vulgarisateurs : Frederick Taylor et Henry Ford
Mécanicien travaillant sur une pompe à vapeur,Lewis Hine,1920.
Une ligne de montage aux usinesFord en1913 auxÉtats-Unis.

Frederick Winslow Taylor, initiateur dutaylorisme contribue au début duXXe siècle à mettre fin aux usages et à l'organisation individualiste et artisanale. Pour lui, la réussite industrielle implique un mode de pensée et d'action plus cohérent : il préconise une spécialisation des tâches à la fois verticale (il y a ceux qui pensent les processus de travail et ceux qui les exécutent) et horizontale (délimitation et parcellisation des tâches pour lesouvriers et lesemployés). Il apporte l'idée du « one best way » (la meilleure façon de faire) : standardisation et chronométrage des tâches simplifiées (les gestes sont décomposés au maximum) des ouvriers, afin de minimiser leurs mouvements et définir des cadences de travail. Sont ainsi évacuées la « flânerie systématique » des ouvriers en vue d'obtenir une régularité et un niveau plus élevé de production.

Henry Ford, débutXXe siècle, avec lefordisme, introduit le travail à la chaîne dans le secteur automobile en installant untapis roulant qui achemine les pièces vers les ouvriers spécialisés, ce qui leur évite des déplacements inutiles.

Cette nouvelle organisation du travail n'est pas sans conséquence sur les travailleurs,Karl Marx la décrit comme conduisant à l'aliénation duprolétaire, qui n'est plus qu'un maillon d'une chaîne de production : « C'est une simple machine à produire la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement »[réf. souhaitée] Plus tard,Georges Friedmann qualifiera cette organisation du travail de « travail en miette »[96].Ouvriers etsyndicats ont souvent contesté ces méthodes de travail.

Karl Marx met en évidence l'existence de l'armée de réserve de travailleurs, une réserve de travailleurs au chômage permettant auxcapitalistes de disposer de main d'œuvre et de maintenir les salaires au plus bas en faisant massivement appel aux femmes et aux enfants dans les fabriques. Et l'historienEdward Palmer Thompson précise :« Certains historiens économiques semblent peu désireux […] de reconnaitre cette évidence : l'innovation technologique, au cours de la révolution industrielle et jusqu'à l'époque du chemin de fer, évince (sauf dans les industries métallurgiques) la main d'œuvre qualifiée adulte »[97]. L'historienRobert C. Allen met en évidence un phénomène de stagnation salariale durant les premières décennies de la révolution industrielle (pause d'Engels) qui avait été remarqué par Engels dans son ouvrageLa Situation de la classe ouvrière en Angleterre en 1844[98].

Certains travailleurs perçoivent la machine comme directement responsable duchômage, et l'on voit apparaître des mouvements de briseurs de machines comme en Angleterre en 1811-1812 avec lesLuddites.

Travail des enfants

Article détaillé :Travail des enfants.

En France, à partir des années 1830, des enquêtes et des pétitions commencent à alerter sur le sort des enfants-ouvriers. En 1840, la publication de l'ouvrage deLouis René Villermé,Tableau physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, a un fort retentissement. Son enquête décrit la « misère de l'enfant de 5 ans à 5 sous par jour pour quinze heures de travail. (…) Nourris d'un morceau de pain, ajoutant à l'exténuation du travail celle de la longue étape matin et soir, ils vivaient en pénurie de sommeil, de nourriture, d'habits. Affamés, transis, épuisés, battus (…) ils mourraient vite. Les pays d’industrie textile se plaignaient d'en manquer[99].

D'après lui, la future loi (lapremière loi du travail est adoptée le) « devrait concilier des intérêts opposés, celui des fabricants, celui des ouvriers et de ne pas trop accorder à l'un de peur de nuire à l'autre. C'est en rendant obligatoire l'assiduité des enfants à l'école que l'on peut le mieux résoudre le problème difficile de limiter leur emploi dans les manufactures jusqu'à un certain âge. » Les autorités ne s'opposent pas au principe même du travail des enfants. Il s’agit de le réguler : de fixer à huit ans l’âge de l’embauche, de limiter à huit heures par jour le travail des enfants âgés de huit à douze ans et à douze heures pour ceux âgés de douze à seize ans, de rendre obligatoire la scolarisation jusqu’à l’âge de douze ans, de mieux préserver la croissance et la santé des plus jeunes afin de préserver la reproduction d’une force de travail. Pourtant, la loi ne sera pas appliquée. Les inspecteurs manufacturiers, patrons établis, ne pouvaient sévir qu'en s'attirant des inimitiés préjudiciables à leur chiffre d'affaires. Il faudra attendre 1874, en réalité, pour voir naître une « véritable » première législation en matière de droit contrôlée par un corps d'inspection étatique[99].

Dans les années 1850, la classe dirigeante britannique commence à craindre que les futures réserves de main d’œuvre ne viennent à diminuer. En 1871, les inspecteurs britanniques de la loi sur les pauvres signalent : « Il est bien établi qu'aucun garçon des classes pauvres qui a grandi en ville, en particulier à Londres, n'atteint [...] la taille de quatre pieds dix pouces et demi [1,48 m] ou un tour de poitrine de 29 pouces [73 cm] à l'age de quinze ans. Un certain rachitisme est caractéristique de cette race ». Ainsi, quelques lois vinrent réguler les heures de travail des enfants et interdirent l'emploi des femmes dans les secteurs les plus susceptibles de compromettre leur fécondité[100].

Évolution de l'environnement

Depuis les travaux duGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), on s'est rendu compte que les émissions degaz à effet de serre par la civilisation industrielle constituent un facteur commun du développement des sociétés actuelles. C'est en effet depuis la révolution industrielle que les sociétés humaines extraient desénergies fossiles (charbon, puispétrole etgaz naturel), dont la combustion rejette dans l'atmosphère des quantités très importantes dedioxyde de carbone, dont l'accumulation dans l'atmosphère est responsable de l'effet de serre et duréchauffement climatique global. Même si les diverses formes de combustion d'énergies fossiles constituent la source des émissions les plus évidentes, elles ne sont pas les seules : il y a aussi la combustion de labiomasse, ladéforestation, laconcentration urbaine (déchets), l'agriculture (émissions azotées causées par lesengrais), l'élevage[101], etc.

Même si certains facteurs préexistaient à la révolution industrielle, il est indéniable que l'augmentation des émissions du carbone fossile depuis 1860, et surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, a provoqué une accélération du phénomène du changement climatique[102].

Le réchauffement climatique n'est pas la seule conséquence environnementale. Il faut citer également la perte debiodiversité, liée en grande partie à ladéforestation, et les diverses formes depollution de l'eau, de l'air ou des sols.

Les risques environnementaux induits par latechnoscience sur lesgénérations futures ont été analysés depuis 1979 par le philosopheHans Jonas[103].

Selon l'expert américainLester R. Brown, la révolution industrielle a libéré une énergie créatrice gigantesque en raison d'uneproductivité supplémentaire. Elle a aussi donné naissance à de nouveauxmodes de vie et à l'ère la plus destructrice pour l'environnement que l'histoire humaine ait jamais connue, en risquant de remettre en cause la croissance économique. Il en résulte la nécessité d'une restructuration de l'économie mondiale, avec un changement conceptuel comparable à celui de larévolution copernicienne[104].

Évolutions politiques des sociétés industrialisées

Évolution du rôle de l'État

Dès la fin duXVIe siècle, lemercantilisme défend les conceptions d'une « économie au service du prince ». L'intervention de l'État se décline de manière variable selon les pays : En Angleterre qui pratique un mercantilisme essentiellement commercial, elle sert en premier lieu « Le commerce extérieur qui est d'après Thomas Mun[105], la richesse du souverain, l'honneur du royaume, […], le nerf de notre guerre, la terreur de nos ennemis ». En France,l'État colbertiste intervient de façon plus complexe dans l'économie avec notamment la mise en place de manufactures royales (voir l'exemple deVilleneuvette).

Puis l'émergence de laphysiocratie auXVIIIe siècle puis dulibéralisme auXIXe siècle réduit l'importance des interventions de l'État au sein de l'économie.Karl Polanyi estime qu'auXIXe siècle, exactement en 1834 et 1929, le marché est autorégulé, c'est-à-dire fonctionne avec une intervention très restreinte de l'État.

Toutefois, marché autorégulé n'équivaut pas pour autant à l'absence de toute forme d'intervention de l'État : « De capitalisme entièrement privé, l'histoire n'en a jamais connu », (François Perroux)[106], D'autre part, il faut nuancer l'idée selon laquelle l'essor dulibéralisme auXIXe siècle conduit à l'absence de toute intervention de l'État : Certains économistes classés comme libéraux (par exempleLéon Walras le grand formalisateur de l'équilibre du système économique) défendent l'intervention publique dans certains domaines comme larépartition de la formidablerichesse produite par l'essor sans précédent favorisé par le développement desprocessus industriels[107].

Économiquement, les États s'engagent financièrement dans le processus de révolution industrielle. Ils initient, en effet, une politique active pour mettre en place un environnement favorable au développement économique en aménageant leur territoire : grands travaux à Paris sous la direction dubaron Haussmann, aménagement de villes de province, création de villes nouvelles en Angleterre, travaux d'assainissement (en Sologne, par exemple), etc. De plus, ils contribuent à mettre en place des infrastructures de transport modernes :plan Freycinet dès 1878 en France, construction de métro ou tramway, etc. Par ailleurs, si le libéralisme a été très influent sur l'orientation donnée au commerce extérieur en imposant le libre-échange – abolition descorn laws en 1846 et duNavigation act en 1849 en Angleterre, signature du traité franco-britannique de libre-échange en 1860, etc. —, les États n'hésitent pas à intervenir directement lorsque les difficultés économiques les y contraignent. Ainsi, avec les difficultés générées par laGrande Dépression les États interviennent en revenant au protectionnisme : Loi et TarifMéline de 1892 et « loi du cadenas » de 1897 en France, tarifs Mac Kinley en 1890 et Dingley en 1897 aux États-Unis, mise en place de législations anti-trusts, notamment aux États-Unis avec lesSherman Act de 1890 etClayton Act de 1913. En fait, le degré de protectionnisme et d'intervention de l'État dépend de chaque pays. L'Allemagne demeure fidèle au « protectionnisme éducateur » deFriedrich List[83], les États-Unis demeurent dans un isolationnisme, tel qu'il est défini par ladoctrine Monroe[108], justifiant le protectionnisme tandis que le Royaume-Uni opte pour le libéralisme et que la France adopte une voie intermédiaire.

Fait nouveau auXIXe siècle, l'intervention de l'État s'étend au domaine social sous l'effet conjugué d'une évolution de la pensée politique et de la mobilisation des syndicats. L'État inaugure alors un rôle qui, auparavant, était majoritairement le fait des paroisses ; c'était le cas despoor laws en Angleterre. Les premières mesures sociales peuvent être datées du début duXIXe siècle en Angleterre, terre du libéralisme. En effet, dès 1815Robert Owen est à l'origine d'une loi pour limiter le travail des enfants qu'il fera contrôler par des inspecteurs du travail en 1833. Par la suite, l'Angleterre limite la durée du travail des femmes en 1847. En France, une première tentative de législation sociale concerne également le travail des enfants avec la loi du à l'initiative deLaurent Cunin-Gridaine. Toutefois, les mesures les plus importantes sur le plan social viennent de Prusse ;Bismarck met en place en 1883 une assurance-maladie, en 1884 un système pour prémunir les travailleurs contre les accidents du travail et en 1889 une assurance-vieillesse. À la fin duXIXe siècle certains auteurs commencent à évoquer la notion de service public que le juriste Léon Duguit définissait comme « toute activité dont l'accomplissement doit être assuré, réglé et contrôlé par les gouvernants, parce que l'accomplissement de cette activité est indispensable à la réalisation et au développement de l'interdépendance sociale, et qu'elle est de telle nature qu'elle ne peut être réalisée complètement que par l'intervention de la force gouvernante »[109].

Une telle intervention de l'État trouve un écho favorable chez certains libéraux. Outre Léon Walras etAlfred Marshall,John Stuart Mill défend l'importance de l'intervention publique dans le domaine de l'éducation. Par ailleurs,Jean de Sismondi défend l'idée d'un État au cœur de la régulation économique et garant du bien-être de la population.

De même, avec l'émergence du concept dedéveloppement durable à la fin duXXe siècle, les États ont commencé à s'engager dans le domaine environnemental (directives européennes,stratégies nationales de développement durable, et en Franceloi relative aux nouvelles régulations économiques etGrenelle de l'environnement).

Utopies sociales

Les grandes utopies duXIXe siècle naissent donc dans ce contexte. Ces dernières sont le plus souvent influencées par lesocialisme utopique, c'est-à-dire le socialisme précédant le socialisme scientifique. En Grande-Bretagne,Robert Owen imagine la création de colonies, fondées sur la mise en commun des biens, dont la tentative de mise en place échouera. En France,Claude-Henri de Saint-Simon prône un mode de gouvernement contrôlé par un conseil formé de savants, d'artistes, d'artisans et de chefs d'entreprise et dominé par l'économie qu'il convient de planifier pour créer des richesses et faire progresser le niveau de vie. De son côté,Charles Fourier pense une nouvelle forme d'organisation sociale au travers dephalanstères[110] que son disciple,Victor Considerant tentera, en vain, de concrétiser. D'autres courants tenteront d'apporter plus de réalisme à ces utopies. C'est le cas deLouis Blanc qui propose la mise en place d'ateliers nationaux[111] ou bien dePhilippe Buchez qui défend la création de vastes coopératives[112]. En fin de compte, ces utopies soulignent une critique du profit capitaliste, de la concurrence, ou du moins ses excès[113] et parfois de la propriété privée[114].

Combat social

Dès la première moitié duXIXe siècle, les « crises mixtes », c'est-à-dire dont l'origine est encore agricole mais dont les effets sont de plus en plus importants sur le plan industriel, suscitent les premiers combats sociaux. En effet, la crise de 1836, provoquée par la spéculation sur l'émission de titres publics espagnols et portugais, conduit à une crise sociale avec la naissance duchartisme. Auparavant, d'autres mouvements avaient déjà vu le jour comme leluddisme en Grande-Bretagne ou bien larévolte des Canuts à Lyon en 1831. Toutefois, la crise ayant eu le plus de répercussions est celle de 1847, issue des mauvaises récoltes. Tous les pays européens engagés dans le processus de révolution industrielle connaissent des troubles qui culminent en 1848 avec lesmouvements révolutionnaires.

Néanmoins, les combats sociaux deviendront plus amples et plus organisés dans la seconde moitié duXIXe siècle. C'est le résultat d'une plus grande concentration de la main-d'œuvre dans des usines de plus en plus grandes. De surcroît, elle s'organise autour du syndicalisme. En effet, le droit de grève est autorisé en 1864[115] en France et en 1875 en Angleterre, les syndicats sont autorisés en France en 1884[116] par laloi Waldeck-Rousseau. De ce fait, des grands syndicats sont créés à la fin du siècle :

Ces syndicats mobilisent massivement les ouvriers lors des crises, par exemple lors de laGrande Dépression (1873-1896). D'autre part, ils sont influencés par lesocialisme scientifique – lemarxisme – théorisé parKarl Marx etFriedrich Engels[117].

Question sociale

Laquestion sociale est désormais clairement ouverte et posée sur le plan politique.

Troisième révolution industrielle

Un ordinateurApple Macintosh II.
Article détaillé :Troisième révolution industrielle.

Aussi désignée sous le terme de « révolution informatique », elle démarre avec les années 1970 avec l'invention dumicroprocesseur (Intel, 1971), de l'ordinateur de bureau (IBM 1975,Apple, 1977), des logiciels grand public (VisiCalc, 1979), desimprimantes, des réseaux puis d'internet. Ces inventions vont progressivement se diffuser à l'ensemble de l'économie provoquant une rupture paradigmatique du processus de production. Avec l'automatisation de la production industrielle, le nombre d'ouvriers diminue au profit des professions tertiaires. La sous-traitance se développe et les entreprises se spécialisent alors que les employés deviennent polyvalents. C'est aussi unerévolution de l'information et de l'intermédiation, avec un essor considérable des télécommunications et de la finance. Dans le domaine social, elle s'accompagne souvent d'une hausse des inégalités.

Quatrième révolution industrielle

Article détaillé :Industrie 4.0.

La quatrième révolution industrielle désigne le recours de plus en plus courant auximprimantes 3D, découpe laser, machine-outil à commande numérique. Comme avec la révolution industrielle duXIXe siècle, il y a une crainte de la perte d'emplois, remplacés par ces nouvellesmachines-outils[118]. Cependant, il n'est pas un fait reconnu pour la communauté des spécialistes que la quatrième révolution industrielle ait commencé à l'heure actuelle[118]. Nous nous situons plutôt dans une période où l'application de la troisième révolution industrielle est rendue possible avec des outils permettant de réaliser des applications, par exemple une fusion homme-machine, augmentation de la durée de vie ou encore l'amélioration du corps humain, cela étant théorisé depuis une vingtaine d'années et financé par des multinationales commeCalico (filiale d'Alphabet, anciennementGoogle), dans ce qu'il faudrait appeler peut-être une révolutiontranshumaniste[119], comme le livre éponyme.

Cependant, il semble que même si certains journaux titrent la quatrième révolution industrielle[118], il n'y ait pas vraiment de nouvelles sources d'énergie comme dans les deux premières (charbon, hydroélectricité, pétrole). De plus, comme le présenteJérémy Rifkin, la troisième révolution industrielle est aujourd'hui une période de questionnement et de recherche de solutions pour sortir d'une économie intensive en produits issus des énergies fossiles. C'est la question de l'après-pétrole, ou comment en finir durablement avec l'ère d'exploitation intensive du carbone[120] que soulignent les journaux en parlant notamment de peur de la quatrième révolution industrielle[118] à tort ou à raison. Ainsi, une question essentielle se pose dans cette période de transition énergétique (baisse concomitance de la production et de la consommation d'énergie) : est-ce que les outils technologiques, qui sont supposés en meilleure convergence, pourront permettre de proposer de nouvelles énergies, par exemple avec le développement del'énergie verte, de la fusion nucléaire comme àITER et de l'économie circulaire ?

Notes et références

  1. AuXIXe siècle, l' « Allemagne » renvoie en réalité auroyaume de Prusse (1701-1918), à laConfédération germanique (1815-1848, 1850-1866), à laConfédération de l'Allemagne du Nord (1867-1871) ou à l'Empire allemand (1871-1918).
  2. Il convient cependant de distinguer l'impact de la révolution industrielle sur l'agriculture et larévolution agricole elle-même.
  3. Adolphe Blanqui,Histoire de l'économie politique en Europe depuis les anciens jusqu'à nos jours, Paris, Guillaumin,(lire en ligne).
  4. Claude Fohlen,Qu'est-ce que la révolution industrielle ?, Paris, Robert Laffont,coll. « Science nouvelle »,, 317 p.,p. 17-19.
  5. François Jarrige,Technocritiques, Du refus des machines à la contestation des technosciences, La Découverte, 2014. pp. 99-100.
  6. Arnold Toynbee,Lectures On The Industrial Revolution In England: Public Addresses, Notes and Other Fragments, together with a Short Memoir by B. Jowett. Londres, Rivington's, 1884
  7. La Révolution industrielle, coll. Folio Histoire, Gallimard, 2010.
  8. Jean-Marc JAncovici, Éléments de base sur l’énergie au XXIe siècle, Cours à l'Ecole des Mines, 2020,lire en ligne (pdf).
  9. Max Pietsch,La Révolution industrielle, 1961.
  10. David S. Landes,L'Europe technicienne ou le Prométhée libéré, 1980.
  11. Karl Polanyi,La grande Transformation, 1944.
  12. Walt Whitman Rostow,Les Étapes de la croissance économique : un manifeste non communiste, 1960.
  13. Franklin Mendels, « Protoindustrialization, the first phase of the industrialization process », dansJournal of Economic History, 1972. La théorie ayant été soutenue lors de la thèse de Franklin Mendels en 1969 à l'université du Wisconsin, États-Unis, sous le titre :Industrialization and Population Pressure in 18th Century Flanders.
  14. Des industries rurales à la protoindustrialisation : historique d'un changement de perspective - Franklin Mendels, 1984
  15. Bernard Rosier, Pierre Dockès,L'Histoire ambiguë. Croissance et développement en question, 1988.
  16. Jean Gimpel,La Révolution industrielle du Moyen Âge, éditions du Seuil,,p. 9.
  17. Paul Mantoux,La Révolution industrielle auXVIIIe siècle, 1906 et 1928.
  18. Fernand Braudel,La Dynamique du capitalisme, 1985.
  19. (en) Angus Maddison,When and Why did the West get Richer than the Rest.
  20. François Bellec,Marchands au long cours, Édition du Chêne, Hachette, Paris, 2003.
  21. Max Weber,L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, 1905.
  22. P. Léon.
  23. Selon François Caron, 77 % des entreprises sont des sociétés en nom commun entre 1840 et 1859.Histoire économique de la FranceXIXe – XXe siècle.
  24. François Caron,Histoire économique de la FranceXIXe – XXe siècle.
  25. Politique économique conçue par Colbert, ministre du roi de France.
  26. dansRecherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.
  27. Le Chapelier,Le Moniteur universel,t. 8,p. 661, cité par Pierre Rosanvallon,L'État en France de 1789 à nos jours,source.
  28. Arnold Toynbee,Lectures on the Industrial Revolution in England, 1884.« The essence of the industrial Revolution is the substitution of competition for the medieval regulations which had previously controlled the production and distribution of wealth. ».
  29. Mythes et paradoxes de l'histoire économique, 1994, p. ?.
  30. pour reprendre l'expression deJoseph Schumpeter
  31. Henri Hauser,Les Débuts du capitalisme, 1927.
  32. Lewis Mumford,Technique et civilisation, 1950.
  33. [https://www.persee.fr/doc/gradh_0764-8928_1990_num_8_1_1346 Correspondance entreLeibniz etDenis Papin
  34. Olivier Pétré-Grenouilleau,Saint-Simon, l'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 296
  35. (en) Robert Leroux et David M. Hart,French Liberalism in the 19th Century : An Anthology, Paris,Routledge,, 318 p.(ISBN 978-0-415-68742-3,lire en ligne),p. 34.
  36. Portraits historiques : Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis,t. 2, Bruxelles, Méline, Cans & Co,, 598 p.(lire en ligne),p. 239.
  37. (en) William Howard Adams,The Paris Years of Thomas Jefferson,Yale University Press,, 354 p.(ISBN 978-0-300-08261-6,lire en ligne),p. 155.
  38. (en) M. Andrew Holowchak (note 19),Jefferson’s Political Philosophy and the Metaphysics of Utopia, Leyde ; Boston, Brill,, 212 p.(ISBN 978-90-04-33942-2,lire en ligne),p. 138.
  39. (en) R. B. Bernstein,Thomas Jefferson : the revolution of ideas, Oxford ; New York,Oxford University Press,, 251 p.(ISBN 978-0-19-514368-3,OCLC 566274968,lire en ligne),p. 19.
  40. (en) Gonçalo L. Fonseca, « Antoine Louis Claude Destutt, Comte de Tracy, 1754-1836 », surThe History of Economic Thought(consulté le).
  41. Rose Goetz et Alain Trognon,L’Invention du peuple, Presses universitaires de Nancy,, 148 p.(ISBN 978-2-86480-686-8,lire en ligne),p. 141.
  42. (en) Ralph Raico,Classical Liberalism and the Austrian School, Auburn, Ludwig von Mises Institute,, 347 p.(ISBN 978-1-61016-554-9,OCLC 901589969,lire en ligne),p. 189.
  43. a etb(en) Steven N. Durlauf et Lawrence E. Blume,The New Palgrave Dictionary of Economics, Paris, Springer,,2e éd., 7300 p.(ISBN 978-1-349-58802-2,lire en ligne),p. 479.
  44. Olivier Pétré-Grenouilleau,Saint-Simon, l'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 297
  45. (en) Leonard P. Liggio, « The concept of liberty in 18th et 19th century France »,Journal des économistes et des études humaine,vol. 1,no 1,‎.
  46. Olivier Pétré-Grenouilleau,Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 459
  47. « Industrialiste » dans le CNRTL
  48. Olivier Pétré-Grenouilleau,Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 393-394.
  49. Georges Duby,L'Économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval, 1975.
  50. Marc Bloch,Les Caractères originaux de l'histoire rurale française, 1931.
  51. Pierre Rosanvallon,Le Libéralisme économique : histoire de l'idée de marché, 1989.
  52. Alfred Sauvy,Malthus et les deux Marx, le problème de la faim et de la guerre dans le monde, 1963.
  53. Voir Philippe Ariès,L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, 1960, pour la France et Edward Shorter,Naissance de la famille moderne,XVIIIe-XIXe siècle, 1975, pour l'Angleterre.
  54. Phénomène mis en lumière par Anne Robert Jacques Turgot, baron de Laune dansRéflexions sur la formation et la distribution des richesses, 1766.
  55. Lorsque la quantité cultivée de terres est fixe, embaucher un ouvrier agricole supplémentaire augmente toujours la quantité totale produite. Mais, une fois que la courbe de la productivité marginale du travail atteint son maximum, chaque ouvrier agricole additionnel réalise une production supplémentaire de moins en moins élevée. Pour des informations plus détaillées cf. Jean Pierre Delas,Économie contemporaine, Faits, concepts, théories, Éditions ellipses, Paris, 751 p., p. 63-66. Le lecteur peut également se référer, avec profit, à Raymond Barre,Économie politique, tome 1, Éditions P. U. F., Paris, 723 p., p. 484-494.
  56. Ester Boserup,The Conditions of agricultural growth, 1965.
  57. Paul Bairoch,Révolution industrielle et Sous-développement, 1963.
  58. Walt Whitman Rostow,Les étapes de la croissance économique. Un manifeste non communiste,
  59. Phyllis Deane,The First Industrial Revolution, 1965.
  60. Jean-Pierre Rioux,La Révolution industrielle 1780-1880, 1971.
  61. p. 254.
  62. Les États-Unis est, très probablement, le pays vers lequel l'exode de l'Europe vers le continent américain était le plus important. Pour de plus amples détails, voir à ce sujet Jean-Marie Albertini,Capitalismes et socialismes à l'épreuve. Initiation à l'étude des régimes économiques, Éditions ouvrières, Paris, 304 p.
  63. « La révolution industrielle anglaise n'aurait vraisemblablement pas eu lieu sans les progrès agricoles préalables », Jean-Charles Asselain,Histoire économique. De la révolution industrielle à la Première Guerre mondiale, 1985.
  64. Joseph Aloïs Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942.
  65. Le cycle des affaires, 1939, Joseph A. Schumpeter. Titre original :Business Cycle.
  66. Joseph Alois Schumpeter,Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942 (dans l'édition française de 1951, Paris, Payot,p. 106-107).« This process of Creative Destruction is the essential fact about capitalism. It is what capitalism consists in and what every capitalist concern has got to live in. »,chap. VII,The Process of Creative Destruction,Capitalism, Socialism and Democracy, Joseph A. Schumpeter, Harper & Brothers, New York, 1942.
  67. Vers de nouveaux rapports entre l'éthique et le droit, par Willy Apollonp. 120.
  68. Histoire du chauffage urbain Par Michel Raoult,p. 59.
  69. La vie et les travaux du chevalier Jean-Charles de Borda, 1733-1799, par Jean Mascart.
  70. Williams, Ralph M. Poet, Painter and Parson the Life of John Dyer. New York : Bookman Associates, 1956.
  71. Les mutations de l'économie mondiale, par Laurent Carroué, Didier Collet et Claude Ruiz,p. 57.
  72. (en) Walter Minchinton,« The energy basis of the British industrial revolution », dans Günter Bayerl,Wind- und Wasserkraft. Die Nutzung regenerierbarer Energiequellen in der Geschichte, Düsseldorf,, 342–362,p. 356
  73. « exhaure — Wiktionnaire », surfr.wiktionary.org(consulté le).
  74. conditions de vie mises en lumière dans l'œuvre d'Emile Zola.
  75. Auguste Bouchayer,Les Chartreux, maîtres de forges, Dideret Richard, 1927 Grenoble.
  76. « « L’effet combiné de la traite et de l’exploitation des personnes esclavagisées a contribué à l’essor industriel du Royaume-Uni » »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne)
  77. Jean Marczewski, « Y a-t-il eu un « take-off » en France ? », 1961, dans lesCahiers de l'ISEA.
  78. Remarque : cela explique la filiation historique duclub de Paris et duclub de Londres.
  79. « ARF, dates ».
  80. Ulysse Lamalle,Histoire des chemins de fer belges, éd. Office de Publicité, S.A., Bruxelles, 1953
  81. Robert William Fogel,Railroads and American Economic Growth: Essays in Econometric History, 1964.
  82. Robert William Fogel,Time on the Cross: The Economics of American Negro Slavery, 1974.
  83. a etbFriedrich List,Système national d'économie politique, 1841
  84. NicolasStoskopf et RaymondWoessner,« Les territoires industriels de l’Alsace et leurs mutations de 1746 à nos jours », dans Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard et Laurent Tissot (dir.),Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Entreprises, régulations et trajectoires, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN 978-2-84867-178-9,DOI 10.4000/books.pufc.27494,lire en ligne),p. 295-321
  85. Christoph Conrad, « La naissance de la retraite moderne : l'Allemagne dans une comparaison internationale (1850-1960) »,Population,no 3,‎,p. 531-563(lire en ligne).
  86. MichelAlbert,Capitalisme contre capitalisme,Éditions du Seuil,, 315 p.(ISBN 978-2-02-013207-7).
  87. Alexander Gerschenkron,Economic backwardness in historical perspective, a book of essays, 1962.
  88. Lester R. Brown,Éco-économie, une autre croissance est possible, écologique e durable, Seuil,p. 144.
  89. Olivier Marchand, Claude Thélot,Le Travail en France (1800-2000), 1997[lire en ligne] (voir archive).
  90. Pierre Bourdieu,La Noblesse d'État. Grandes écoles et esprit de corps, 1989.
  91. Karl Marx,Le Capital, 1867.
  92. Karl Marx,Le Dix-huit brumaire de Louis-Bonaparte, 1852.
  93. Et il ajoute qu'« il ne s'agit pas ici de quelque notion anachronique superposée à la réalité » dansEdward Palmer Thompson,La formation de la classe ouvrière anglaise, Gallimard-Le Seuil, Paris, 1988 (1re éd. originale : Londres, 1963),p. 178.
  94. Voir l'œuvre d'Émile Zola,Les Rougon-Macquart : Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. Il nous semble que le roman dans lequel E. Zola apporte plus de détails sur le mode de vie de la classe ouvrière française du dix-neuvième siècle est "l'assommoir" 409 p.
  95. Murray Rothbard, Austrian Perspective on the History of Economic Thought.
  96. Georges Friedmann,Le Travail en miette, 1956
  97. Edward Palmer Thompson,op. cit.,p. 284.
  98. (en) Robert C.Allen, « Engels’ pause: Technical change, capital accumulation, and inequality in the british industrial revolution »,Explorations in Economic History,vol. 46,no 4,‎1er octobre 2009,p. 418–435(ISSN 0014-4983,DOI 10.1016/j.eeh.2009.04.004,lire en ligne, consulté le).
  99. a etbMarie-FrançoiseLévy, « La naissance d'une protection »,.
  100. Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, 2015, p. 420.
  101. Rapport du Sénat français sur l'ampleur des changements climatiques.
  102. Jean-Marc Jancovici,L'avenir climatique, Troisième partie,p. 165.
  103. Notamment dansLe Principe responsabilité etPour une éthique du futur.
  104. Lester R. Brown, Éco-économie,une autre croissance est possible, écologique et durable, Seuil,p. 143.
  105. England's Treasure by Foreign Trade, 1664 (Lire le texte transcrit sur Wikisource).
  106. inLe Capitalisme, 1948.
  107. Léon Walras,Études d'économie sociale. Théorie de la répartition de la richesse sociale, 1896.
  108. d'après le nom de James Monroe, cinquième président des États-Unis, qui en 1823 définit l'isolationnisme des États-Unis par rapport aux affaires du reste du monde.
  109. Léon Duguit,Traité le droit constitutionnel, 1928.
  110. Charles Fourier,Le nouveau monde industriel ou l'invention du procédé d'industrie attrayante et naturelle distribuée en séries passionnées, 1829.
  111. Louis Blanc,L'Organisation du travail, 1839.
  112. Philippe Buchez a fondé la revueL'Atelier en 1840 dans laquelle il défend cette idée.
  113. « La concurrence tue la concurrence »,Pierre Joseph Proudhon,Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère, 1846.
  114. « Qu'est-ce que la propriété ? C'est le vol »,Pierre Joseph Proudhon,Qu'est ce que la propriété ? Ou recherches sur le principe du droit et du gouvernement, 1840.
  115. loi Ollivier du.
  116. loi Waldeck-Rousseau du.
  117. Karl Marx,Friedrich Engels,Manifeste du Parti communiste, 1848.
  118. abc etdLes peurs de la4e révolution industrielle surEuronews.
  119. Luc Ferry,La Révolution transhumaniste,Plon,, 189 p.(ISBN 978-2-259-25100-6,lire en ligne), Ne croyez surtout pas qu'il s'agisse de science-fiction : 18 avril 2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait d'améliorer le génome de quatre-vingt-trois embryons humains. Jusqu'où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour (bientôt ? déjà ?) d’augmenter à volonté tel ou tel trait de caractère de ses enfants, d'éradiquer dans l'embryon les maladies génétiques, voire d'enrayer la vieillesse et la mort en façonnant une nouvelle espèce d'humainsaugmentés ? Nous n'en sommes pas (tout à fait) là, mais de nombreux centres de recherchetranshumanistes y travaillent partout dans le monde, avec des financements colossaux en provenance de géants du Web tel Google. Les progrès des technosciences sont d'une rapidité inimaginable, ils échappent encore à toute régulation. En parallèle, cetteinfrastructure du monde qu'est le Web a permis l'apparition d'une économie ditecollaborative, celle que symbolisent des applications comme Uber, Airbnb ou BlaBlaCar. Selon l'idéologue Jeremy Rifkin, elles annoncent la fin du capitalisme au profit d'un monde de gratuité et de souci de l'autre. N'est-ce pas, tout à l'inverse, vers un hyperlibéralisme, vénal et dérégulateur, que nous nous dirigeons ? Certaines perspectives ouvertes par les innovations technoscientifiques sont enthousiasmantes, d'autres effrayantes. Ce livre cherche d'abord à les faire comprendre, et à réhabiliter l'idéal philosophique de la régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la médecine que de l'économie..
  120. « 3 minutes pour comprendre | Troisième révolution industrielle », surtroisiemerevolutionindustrielle.lu(consulté le).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Unecatégorie est consacrée à ce sujet :Révolution industrielle.

Bibliographie

Ouvrages

Article

Articles connexes

A

C

D

E

F

G

H

I

L

M

O

P

R

S

T

U

Liens externes

v ·m
Antiquité
Moyen Âge
Époque moderne
etcontemporaine
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Révolution_industrielle&oldid=229060548 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp