Pour les articles homonymes, voirRépublique romaine (homonymie).
| Statut | République sœur de laRépublique française |
|---|---|
| Capitale | Rome |
| Langue(s) | Italien etfrançais |
| Monnaie | Scudo des États pontificaux etbaiocco |
| Proclamation de la république | |
| Prise de Rome et fin de la république |
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LaRépublique romaine (enitalien :Repubblica Romana), l'une desrépubliques sœurs associées à laPremière République française, est un État qui connut une existence brève (du à septembre 1799).
Le généralDuphot, de l'ambassade de France, ayant été tué dans une rixe fin décembre 1797, les troupes françaises menées par le généralLouis-Alexandre Berthier envahirent lesÉtats pontificaux et s'emparèrent de la ville deRome le23pluviôseanVI (). Le papePie VI fut déposé et déporté enToscane, puis enFrance, où il mourut en exil.

À la place desÉtats pontificaux, le généralBerthier proclama la République romaine le27pluviôseanVI (). Le nouveau pays fut organisé sur le modèle de laRépublique française, parDaunou etMonge, avec l'aide de révolutionnaires locaux comme le graveurFrancesco Piranesi et de quelques Français commeFlorens.
« La première de ces causes est l’honneur qu’a cherché à nous ravir une poignée de brigands qui, sans doute, ont surpris la confiance nationale, et qui se sont répandus dans les maisons les plus riches de Rome, se disant percepteurs de la contribution frappée et qui, sous ce titre honorable ont volé impunément or, argent, bijoux, effets précieux, et chevaux sans en donner aucun reçu ; une pareille conduite déshonorerait aux yeux de l’univers entier la Nation française, et couvrirait à jamais d’un voile infamant l’éclat de ses armes, si elle restait impunie »
— Partie du message adressé au Directoire par les officiers en révolte, 27 février 1798.

Le nouveau régime fut fraîchement accueilli par la population romaine, qui vécut mal les pillages qui accompagnèrent la prise deRome.
6ventôseanVI (), à l'occasion d'une cérémonie pour le général Duphot, des centaines de militaires se réunissent en face duPanthéon — parmi eux, une majorité d'officiers dont deux tiers de capitaines — qui rédigent des doléances adressée àAndré Masséna etLouis-Alexandre Berthier[1]. Les militaires demandent le paiement des salaires et la mise en place de sanction à l'encontre des responsables de pillages lors de la prise des États pontificaux[1]. Masséna refuse de prendre en compte les demandes des militaires, entraînant l'invasion dupalais Ruspoli puis son engagement à payer une partie du solde des militaires dans les 48h et le reste sous quinzaine[1]. Dans le même temps, Berthier négocie avec les officiers en révolte[1].
Les doléances des militaires prennent à partie plus largement Masséna même si ce dernier ne peut être rendu coupable ni du retard de paiement ni des vols dans la cité éternelle. Toutefois, son passé de« dilapideur » fait porter sur lui les accusations de pillages[1].
Le lendemain, Masséna ordonne le repli de l'armée française sur l'autre rive duTibre afin de désolidariser l'insurrection militaire. C'est toutefois une insurrection civile, rapidement vaincue, qui éclate depuis plusieurs quartiers duTrastevere[1]. À la suite de cet épisode, les officiers tentent de destituer Masséna[1].
À la fin de ces deux journées de troubles, Masséna déménage à l’extérieur de la ville et Berthier quitte la nouvelle République.Claude Dallemagne, alors commandant provisoire de Rome, se retrouve responsable de la ville face à des directives contradictoire de Berthier et Masséna[1]. Deux nouvelles insurrections éclatent le et le quand les officiers refusent d'obéir à un ordre de Masséna pour un transfert de troupe et enfin quand ce dernier rentre à Rome et où les officiers en révolte demandent sa destitution, son départ sous les 24 heures et l'attribution des pouvoirs à Dallemagne en attendant les ordres duDirectoire[1].
Ces ordres arrivent le et indiquent un renforcement de l'autorité des commissaires civils, le transfert de Berthier vers l'armée d'Angleterre et de Masséna vers Gênes avec l'attribution des pouvoirs dans l'Urbs àLaurent de Gouvion-Saint-Cyr qui doit, sous les ordres du Directoire, arrêter les officiers impliqués dans les insurrections[1].
En avril, Gouvion-Saint-Cyr tente de faire arrêter les officiers mais se trouve face à une nouvelle menace d'insurrection où un nouveau rassemblement a lieu devant le Panthéon: les officiers ne seront pas poursuivis[2]. Les soldats et officiers accusés de vols et de pillage sont acquittés dans les mois qui suivent[2]. Par la suite, Masséna demanda sa réhabilitation à son poste précédent en devinant, par le comportement de Berthier notamment, un complot contre sa personne de la part deNapoléon[2],[a]. Les deux généraux voient en revanche dans l'insurrection populaire la main de Naples et de l'Autriche, ce que le Directoire ne prend pas en compte. PourJacques Godechot, cet épisode relève d'une dynamique contre-révolutionnaire[2],[3].
À l'inverse des nombreuses insurrections militaires qui touchent les villes deCrémone,Mantoue ou encoreMilan, celle de Rome se distingue par sa durée et par le respect de la structure hiérarchique. Les principales raisons de ces soulèvements sont la mauvaise gestion de la paie dans l'armée tandis que les membres de l'État-major s'enrichissent considérablement[2]. C'est aussi l'honneur de l'armée qui est en cause, selon les officiers inculpés et jugés àGrenoble[2],[4].
En, les troupes deFerdinandIV de Naples lancèrent une offensive contre la République romaine et reprirentRome le7frimaireanVII (). Elles furent bien accueillies par la population, mais cette occupation napolitaine fut courte. L'armée française, menée parChampionnet, reprit l'offensive, battant les troupes napolitaines àCivita Castellana le15frimaireanVII (), avant de reprendre la capitale le24frimaireanVII ().
Toutefois, laFrance se désengagea peu à peu de lapéninsule italienne durant l'année1799, permettant une reprise deRome par les troupes napolitaines, aidées de laGrande-Bretagne, en, marquant la fin de la République romaine.
Cet épisode de la Révolution dans la cité éternelle fut longtemps traité à travers le prisme de l'expression de« révolution passive » formulée parVincenzo Cuoco avant de faire l'objet de nouvelles recherches à la fin duXXe siècle pour démontrer que la République romaine fut l'objet d'innovations politiques[5].