Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

République romaine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirRépublique romaine (homonymie).

République romaine
Res publica Romana

 – av. J.-C.

Blason
SPQR
DeviseSenatus populusque Romanus
(« Le Sénat et le Peuple romain »)
Description de cette image, également commentée ci-après
Évolution de la République
Informations générales
StatutRépublique,oligarchie
CapitaleRome
Langue(s)Latin
ReligionReligion romaine traditionnelle
MonnaieAs,sesterce,denier,aureus
   (voirMonnaie romaine)

Démographie
Population 
130 000 citoyens[N 1]
103 000 citoyens[N 2]
297 797 citoyens[N 3]
214 000 citoyens[N 4]
910 000 citoyens[N 5]
GentiléRomain,Romaine

Superficie
Superficie 
10 000 km2
360 000 km2
800 000 km2
1 200 000 km2
1 950 000 km2
Histoire et événements
versInstauration de la République.
versDeuxdécemvirats
versPrise deVéies.
versSac de Rome.
finIVe siècle av. J.-C.Guerreslatines etsamnites.
IIIe siècle av. J.-C.Guerres contrePyrrhus etpuniques.
débutIIe siècle av. J.-C.Guerres macédoniennes.
Ier siècle av. J.-C.Guerres civiles.
versDictature deSylla.
César proclamédictateur à vie.
Bataille d'Actium.
Couronnement d'Auguste.
Consul
Brutus,Collatin etValerius
Auguste etAgrippa

Autres magistrats

Sénat etComices

Entités précédentes :

Entités suivantes :

  1. Denys d'Halicarnasse,Ant. romaines,V, 20 /(en).
  2. Denys d'Halicarnasse,Ant. romaines,IX, 36 /(en).
  3. Tite-Live,Histoire romaine,XVIII (Periochae).
  4. Tite-Live,Histoire romaine,XXIX, 37.
  5. Tite-Live,Histoire romaine,LXXXXIX (Periochae).

modifier -modifier le code -voir Wikidata(aide)

LaRépublique romaine (enlatin :Res publica Romana) est le nom donné à la fois au régime de gouvernement et à la période de l'histoire de laRome antique qui succède à lapériode royale et qui précède l'époque impériale. Cette période commence traditionnellement en, à la chute de laroyauté. Le dernier détenteur du titre royal,Tarquin le Superbe, unÉtrusque, est alors chassé du pouvoir par une révolte menée par l'aristocratie patricienne. Même si cette date revêt un aspect quasi-légendaire pour les historiens contemporains, elle est toujours communément admise comme point de départ d'une organisation politique fondée sur la domination collective de l'aristocratie romaine sur le peuple romain, l'exercice du pouvoir par desmagistrats, ainsi que la collégialité, l'annalité (ce qui est annuel), et l'électivité des magistratures. La République romaine prend fin, après presque un siècle de guerres civiles, en, date à laquelleCaius Octavius Thurinus, fils adoptif deJules César, reçoit le titre d'Auguste. Cette accession au pouvoir lui est permise par sa victoire militaire à labataille d'Actium (le 2 septembre) lors de ladernière guerre civile de la République romaine, consacrant la fin de la carrière politique deMarc Antoine, et la déchéance deCléopâtre VII. La victoire d'Octave, alors revêtu de nombreux pouvoirs constitutionnels et militaires du fait de sa position detriumvir, lui permet de briser les dernières résistances au sein du parti conservateur romain et d'instaurer un nouveau régime politique, leprincipat, ou Empire, dans lequel l'essentiel de la vie politique romaine, l'armée, les orientations monétaires et religieuses, sont contrôlées par un seul homme, désigné par le titre d'Auguste : l'empereur romain.

En français moderne, le mot de « république » dérive directement du concept latin deres publica, signifiant « chose publique », par opposition àres privata, « chose privée ». En effet, à l'époque républicaine, la gestion de la cité romaine est d'abord marquée par la consécration du principe de publicité des réunions politiques (dans le cadre duSénat mais aussi dans le cadre desréunions comitiales), decollégialité des pouvoirs (les magistrats sont toujours plusieurs à détenir une même charge, à l'instar des deuxconsuls), de spécialisation desmagistratures (chacune d'elles dispose d'un pouvoir spécifique et d'un champ d'application bien défini) et d'électivité des charges (les magistrats sont pour l'immense majorité élus par le peuple romain réuni en assemblées). La devise traditionnelle de la république estSenatus populusque Romanus (SPQR), « le Sénat et le peuple romain ». Elle symbolise l'union consensuelle duSénat, où siègent à l'origine les familles de l'élite économique et politique de la cité, et de l'ensemble descitoyens romains, qui par son vote adopte les lois, confère leurs pouvoirs aux magistrats, et consent au versement des impôts et à la levée des armées.

À l'origine, la République romaine est largement dominée par l'aristocratiepatricienne, héritière de lafondation de Rome, lorsque celle-ci a constitué le Sénat primitif autour des rois légendaires. Cette division entrepatriciens etplébéiens s'estompe cependant au cours des siècles, au gré des différentessécessions plébéiennes permettant à l'élite économique de la plèbe de se faire une place en politique — en obtenant notamment, à partir de, le droit d'élire unconsul chaque année. L'essentiel des citoyens romains reste composé d'une importante masse d'artisans et de petits paysans propriétaires dans les zones fertiles de l'Italie centrale, tandis que les patriciens sont souvent propriétaires devastes domaines cultivés qui leur permettent de dégager d'importants revenus pour subventionner leur carrière politique. L'élite de la société romaine qui contrôle les rouages de la République se caractérise notamment par une célébration des origines familiales et des ancêtres prestigieux, dans le cadre de lagens. Chaquegens a ainsi ses propres cultes, dontcelui des ancêtres vénérés dans la maison par le biais de portraits. Chaque grande famille de Rome exerce alors un pouvoir informel dans la cité, grâce ausystème clientélaire : chaque chef de famille accorde sa protection à un nombre plus ou moins grand de clients qui doivent obéissance à ce « patron » et reçoivent en échange aide et assistance en cas de besoin. La République romaine est loin d'être unedémocratie : il s'agit avant tout d'unrégime oligarchique dans lequel les citoyens jouissent certes des mêmes droits civils, mais ne jouissent pas des mêmes privilèges politiques et religieux, l'essentiel des droits ducitoyen romain dépendant, de fait, de sa position au sein desclasses censitaires romaines, établies en fonction du patrimoine foncier des familles recensées. La République romaine est donc avant tout un système de compétition, de course aux honneurs, entre les mains d'un nombre restreint de grandes familles patricio-plébéiennes formant lanobilitas, la noblesse.

Articles détaillés :Chronologie de la République romaine etInstitutions de la République romaine.

Avènement de la République (Ve et début du IVe siècle av. J.-C.)

[modifier |modifier le code]

Fin des rois étrusques et instauration de la République

[modifier |modifier le code]

Tradition et vérité historique

[modifier |modifier le code]
Vue romantique de Rome, avec leTibre, lamuraille Servienne et lepont Sublicius, dominée par leCapitole et letemple dédié à latriade deJupiter,Junon etMinerve.

L'histoire des débuts de la République est très obscure : en dehors des découvertes archéologiques, qui ne permettent qu'exceptionnellement une narration des événements, on ne possède pas de sources contemporaines de cette période. On ne peut donc en écrire l'histoire qu'à partir des récits historiques qu'en donnent les Romains eux-mêmes, récits souvent imprécis, parfois contradictoires, où la légende et la réécriture à des fins politiques se mêlent au souvenir des événements les plus anciens[1].

La tradition des débuts de la République est notamment narrée parTite-Live etDenys d'Halicarnasse, historiographes respectivementlatin de l’Histoire romaine etgrec desAntiquités romaines, tous deux vivant à la fin duIer siècle av. J.-C. Ce sont les principales sources sur les premières décennies de la République sur lesquelles se sont fondés la plupart des auteurs romains des siècles suivants, et par lesquelles les évènements semi-légendaires de laRoyauté et de la République primitive sont parvenus jusqu'à nous. Les deux auteurs romains se sont fondés sur des écrits d'annalistes et d'historiens antérieurs tels queFabius Pictor[2],[3], mais aussi sur des archives religieuses et des écrits aujourd'hui perdus.

Les historiens s’accordent généralement à considérer les péripéties des débuts de la République comme aussi légendaires que les détails de lafondation de Rome. Néanmoins, bien qu'il soit évident que la tradition enjolive les faits pour ne pas donner à Rome le mauvais rôle, il est admis que la tradition romaine se base sur des faits historiques, même s'il est très difficile, et souvent impossible, de démêler le vrai du faux[4]...

Date de l'expulsion des Tarquins

[modifier |modifier le code]

Traditionnellement datée de grâce auxfastes consulaires et aux récits des historiens, l'expulsion desTarquins est actuellement située entre et, à l'appui de l'archéologie et des récits grecs indépendants, dont la chronologie des évènements s'accorde avec les grandes lignes des récits romains[5]. Par exemple, l'existence attestée par l'archéologie et lapaléographie deValerius Publicola, à la fin duVIe siècle av. J.-C.[6], ou encore labataille d'Aricie, datée de la même époque parHypérochos de Cumes, le biographe d'Aristodème[4].

Début de la République

[modifier |modifier le code]
Buste deLucius Junius Brutus auxmusées du Capitole.

D'après la tradition,Junius Brutus, le neveu du dernier roi,Tarquin le Superbe, aurait été le fondateur de la République romaine, en, aux côtés deTarquin Collatin, membre de la famille desTarquins et mari deLucrèce, dont le viol parSextus Tarquin, fils du roi, est l'élément déclencheur de la révolution. La tradition mentionne deux noms supplémentaires :Lucretius Tricipitinus, père de la victime, etValerius Publicola[7],[8], dont l'existence est attestée par la découverte d'une inscription sur un bloc de tuf (lelapis Satricanus)[6].

Selon les annalistes, Tarquin le Superbe est renversé parce qu'il use de ses pouvoirs pour instituer unetyrannie (il multiplie lesexécutionsarbitraires) et qu'il gouverne seul sans tenir compte duSénat. C’est cette atteinte à la souveraineté du Sénat, plutôt qu’une tyrannie intolérable, qui pousse lespatriciens — davantage que le peuple entier — à chasser le dernier roi[9].

Comme le suggère la légende, cettemonarchie historique est probablement très vite remplacée et les changements les plus importants qui ont lieu immédiatement après concernent le responsable de l’exécutif. Le Sénat décide d'élire deux chefs, appelés « préteurs » (lesmagistrats romains qui deviennent leconsulat républicain). Les consuls possèdent les mêmes pouvoirs que le roi, avec deux limitations : chacun a un droit deveto sur les actes de son collègue et le mandat de leur magistrature est limité à une seule année. Ces deux restrictions limitent leur pouvoir et réduisent les risques d'établissement d'une autre tyrannie[9].

La tradition rapporte qu'ensuite, lesTarquins poussent les villesétrusques deVéies etTarquinii à se soulever contre la république naissante qui les vainc.Junius Brutus etArruns Tarquin s'entretuent par ailleurs durant cette bataille, où les Romains, menés parValerius, perdent un homme de moins que leurs adversaires, ce qui leur vaut la victoire. Selon les diverses traditions, Tarquin aurait aussi bénéficié d'appuis importants au sein même de Rome, puisque Brutus fait exécuter ses propres fils lors de la répression consécutive à un complot, ce qui constitue une des grandes fiertés romaines[10],[11].

L'Étrurie (VIIIe au VIe siècleav. J.-C.).

Pour rétablirTarquin le Superbe,Porsenna, roiétrusque deClusium, assiège Rome, mais finit par renoncer devant l’obstination des Romains[12],[13]. Les historiens modernes proposent d'autres successions d'évènements. Pour Tim Cornell, Tarquin le Superbe a bien été renversé par une révolution de palais menée par l'aristocratie sénatoriale, ce qui eut pour effet d'installer une certaine instabilité politique à Rome. La transition entre monarchie et république ne s'est donc pas faite du jour au lendemain.Porsenna en aurait profité pour prendreRome et peut-être en devenir brièvement le roi, avant d'être contraint d'abandonner la ville à la suite de sa défaite contre lesLatins àAricie[14]. PourJacques Heurgon, Porsenna organise une invasion duLatium comme l’ont précédemment faitTarquinia etVulci, chasse les Tarquins et occupe Rome, d’où il attaque ensuiteAricie, s’opposant à une coalition desLatins et des habitants deCumes, qui le met en échec[15]. D'autres auteurs modernes remettent en cause tous les évènements obscurs narrés par les historiographes romains, notamment l'épisode de Porsenna. Cependant, nombre de villes latines se défont du jougétrusque à la fin duVIe siècle av. J.-C., notamment grâce à l'aide deAristodème de Cumes, qui, une première fois, bat une offensive étrusque en, et selonTite-Live etDenys d'Halicarnasse, renouvelle la victoire contre une armée commandée parArruns, fils de Porsenna, enassiégeant Aricie[16],[17] et en coupant définitivement la route de laCampanie à l'Étrurie. D'autres historiens avancent le fait que Porsenna aurait été en guerre contre la Rome de Tarquin, aurait vaincu ce dernier, l'aurait forcé à l'exil, et se serait emparé de la ville. Or, peu de temps après, Porsenna est à son tour vaincu par une coalition latine et se retire sur ses terres, laissant Rome libre. C'est alors que, plutôt que de rétablir Tarquin au pouvoir, les Romains remplacent la royauté par deux magistrats élus[18].

Selon la tradition, le tyran se réfugie ensuite àTusculum où il pousse son gendreOctavius Mamilius à la guerre. Allié desLatins, Tarquin mène l'ultime combat contre Rome aulac Régille où il est vaincu et perd son dernier fils. Il meurt quelques années plus tard àCumes où il fait de son hôte, le tyranAristodème, son héritier[19],[20].

Quelques légendes suggèrent que la Monarchie diffère radicalement de la République naissante. Il est plus probable qu'il y ait eu une transition plus graduelle. Il se peut qu'il y ait eu un renversement rapide de la monarchie, mais le seul changement immédiat à ce moment-là est le remplacement du roi par une magistrature à deux têtes, limitée dans le temps. Les autres changements se sont probablement produits plus progressivement que la tradition ne le suggère.

Heurgon relève que lesfastes consulaires des premières années de la République recensent plusieurs noms d’origine étrusque comme magistrats, indices d’une présence étrusque perdurant à Rome au-delà de 509. Le départ des Tarquins ne signifie donc pas la fin de l'influence étrusque[15].

Guerres extérieures

[modifier |modifier le code]

Latins et Italiques

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :bataille du lac Régille,Fœdus Cassianum,Ligue latine etGuerres romano-sabelliennes (Ve s.).

Labataille du lac Régille, ainsi que l'échec dePorsenna, marque définitivement la fin du règne desTarquins à Rome. Cependant, la victoire romaine sur lesLatins est mitigée et non décisive, car en, une alliance est signée : lefœdus Cassianum. Elle met fin à la guerre entre Romains et Latins et place Rome à égalité de pouvoir avec tous les membres de laLigue latine réunis. Lorsque le traité est ratifié, parCassius Vecellinus pour Rome, dont le traité tire son nom, la République romaine conclut avec la ligue un traité entre égaux, unfœdus æquum. Cela crée autour de Rome un rempart contre lesVolsques et lesÈques[21],[22] puisque Rome s'allie aussi auxHerniques en[23].

L'histoire romaine duVe siècle av. J.-C. est marquée par des guerres contre lesVolsques et lesÈques ainsi que parfois lesSabins, mais Rome résiste et repousse les montagnards, leur infligeant de lourdes défaites et des trêves plus ou moins longues, malgré quelques revers[24].

Guerre contre Véies

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerres entre Rome et Véies.

Selon la tradition, Rome etVéies entrent plusieurs fois en conflit dès laMonarchie romaine, notamment sous les règnes deRomulus[25],Tullus Hostilius[26] etServius Tullius[27]. Cependant, sous le règne deTarquin le Superbe, les deux villes entretiennent des échanges commerciaux et culturels comme le montre la construction sur le Capitole d'untemple de Jupiter décoré de terres cuites et d'un quadrige fabriqués par des artisans véiens. À la suite de prodiges, promettant grandeur et puissance à celui qui détiendrait le quadrige, les Véiens tardent et renâclent à le livrer comme promis[28].

Sous la République, les deux villes s'opposent pour des motifs économiques. Grâce àFidènes, située en amont de Rome sur ungué duTibre, Véies contrôle laVia Salaria et le trafic du sel dans la région[29],[30]. Une première guerre, privée, est menée par lesFabiens, massacrés à labataille du Crémère[31]. Ensuite, vers, Rome s'empare de Fidènes une première fois[32], qui devient unecolonie romaine, puis définitivement en, année où une trêve de 20 ans est conclue[33].

En, selonTite-Live, c'est Rome, par le vote d'uneassemblée, qui engage de nouveau les hostilités en assiégeantVéies[34], bien qu'il se peut que cette dernière ait tenté de reprendre le contrôle deFidènes et du commerce du sel. La guerre et le siège durent dix ans, jusqu'en, éloignant les soldats de leurs champs des années, et maintenant le siège certains hivers. À la suite de l'élection d'un roi à Véies pour diriger la ville, les autres villes étrusques restent neutres, n'étant pas favorables au nouveau dirigeant véien, et voyant leurs frontières menacées par les hordes gauloises[35]. Selon la tradition, à la suite de plusieurs prodiges, ainsi que des stratagèmes du dictateurFurius Camillus, dit « Camille », la ville étrusque tombe aux mains des Romains en l'an[36].

Cette guerre et cette prise sont un évènement majeur dans l'histoire romaine : pour la première fois, les soldats-paysans restent dans l'armée plus d'une année entière, sans rentrer chez eux pour l'hiver, et pour la première fois, en compensation, ils reçoivent une paie[37], provenant d'un impôt payé par les autres citoyens (c'est la création du futurtributum). Le territoire romain double presque de taille à la suite des prises de Fidènes puis des terres de Véies, s'allongeant désormais d'Anxur (reprise en[38]) jusqu'au nord du territoire de Véies, dominant ainsi plus de terres que n'importe quelle autre cité duLatium. De plus, Rome prend l'ascendant dans l'alliance éternelle entre égaux conclue avec laLigue latine, dominant les autres cités. Ainsi, Rome n'a jamais été si forte et aucune cité latine ou étrusque ne semble pouvoir lui faire de l'ombre[39].

Sac de Rome

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Sac de Rome (av. J.-C.).

À la suite de la prise deVéies, personne ne peut, parmi les villes du Latium, menacer Rome, qui domine les villes latines. Mais le, date traditionnelle, une horde gauloise, menée parBrennus,écrase l'armée romaine.Tite-Live ne parle même pas d'une bataille, mais d'une fuite éhontée laissant le chemin de Rome libre. Les instances religieuses et les objets sacrés sont mis en sécurité àCaere, une alliée, avant que les Gaulois ne s'emparent de Rome et assiègent leCapitole, où les derniers défenseurs résistent[40].

Si l'on en croit les traditions, Rome est totalement mise à sac, détruite et brûlée[41], seul leCapitole est épargné, défendu héroïquement (épisode desoies du Capitole notamment[42]). Il se peut qu'il s'agisse d'unpillage général, les Gaulois dépouillant tout, surtout lestemples, plutôt que d'une mise à sac radicale. Les Romains, après sept mois de siège, obtiennent le retrait des Gaulois contre une forte rançon : 1 000livres d'or (soit 327,45 kg), formule duVae Victis (« Malheur aux vaincus ! » enlatin) attribuée àBrennus[43]. Les causes du départ des Gaulois et ce qui leur arrive ensuite sont diverses et variées selon les sources : la tradition parle d'unepeste qui sévit dans leurs rangs[43], hypothèse probable, ou encore d'une offensive d'un autre peuple gaulois sur leurs terres, les forçant à défendre leurs biens. Ensuite, la légende parle de l'arrivée providentielle deCamille, exilé quelques années plus tôt, à la tête desArdéates et d'une partie de l'armée romaine réfugiée àVéies, qui lave l'honneur de Rome en arrivant avant que l'or ne soit donné aux Gaulois[44]. Dans la réalité, Camille joue sûrement un rôle important, car il cumule lesdictatures dans les années qui suivent alors qu'il était exilé avant le sac de Rome.Caere, alliée de Rome, se signale en récupérant en partie le butin de Rome lors d'une embuscade[45],[46].

Le sac de Rome, quels que soient les dommages causés ou les pertes subies, reste à jamais un traumatisme pour la République romaine, et il se peut donc que les traditions soient très exagérées. Le sac de Rome n'est qu'un évènement mineur dans une guerre opposant les tyrans deSyracuse,Denys l'Ancien au début duIVe siècle av. J.-C., alliés desGaulois, auxÉtrusques, qui sont visés par l'attaque gauloise, et qui subissent de graves pertes à l'instar de Rome[47].

Institutions primitives et lutte patriciat/plèbe

[modifier |modifier le code]

Patriciat et plèbe

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Patricien etPlèbe.

Les premières familles romaines sont appeléesgentes. Quand les premièresgens romaines se sont regroupées pour former une unique communauté, lespatres desgentes dirigeantes sont choisis pour former l’assemblée des doyens (ce qui devient leSénat romain). Pendant cette période, chaque famille non patricienne existe comme étant dépendante d'une des familles patriciennes. Finalement, cette dépendance est rompue et le résultat est la création de laclasse plébéienne. Ainsi, chaquepater a autorité absolue sur sa famille patricienne ainsi que sur toutes les familles qui en dépendent[48]. Ledroit romain reconnaît seulement auxfamilles patriciennes une entité juridique[49].

Le plus souvent, les habitants dont les villes sont conquises y demeurent. Leur vie quotidienne et leur système de gouvernement restent les mêmes, mais leurs villes perdent leur indépendance vis-à-vis de Rome. Néanmoins, un certain nombre vient à Rome. Pour acquérir un statut économique viable et légal, les nouveaux arrivants doivent accepter une dépendance envers une famille patricienne ; ils deviennent alorsclients d’une famille patricienne. En fin de compte, ceux qui se sont attachés au roi sont libérés de leur dépendance. Ces derniers constituent alors les premiersplébéiens. Comme Rome s’agrandit, de plus en plus de soldats sont nécessaires aux conquêtes. Les non-patriciens appartiennent à la mêmecurie que leurspatrons. En ce temps, l’armée est organisée sur la base des curies, de sorte que les individus dépendants de familles doivent se battre[50].

Néanmoins, quand ils sont délivrés de leur dépendance, ils quittent la curie à laquelle appartient leur patron. Ils ne sont alors plus obligés de se battre mais perdent tout statut politique ou économique. Pour faire revenir cesplébéiens dans l’armée, les patriciens ont dû faire des concessions, dont on ne connaît pas exactement la nature. Une des conséquences est que les plébéiens ont désormais le droit de posséder leurs propres terres. Devenus propriétaires, ils ont maintenant tout intérêt à défendre la ville car si elle venait à être conquise, ils perdraient toutes leurs terres. Cependant, il ne leur est donné aucun pouvoir politique. Tous ces éléments qui se mettent en place conduisent à laguerre des ordres[51].

Institutions au lendemain de la chute de Tarquin

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Institutions de la République romaine.

Au lendemain de la chute de laroyauté, leSénat et surtout les deux seulsmagistrats récupèrent le pouvoir suprême, et Rome passe d'unsystème monarchique à unsystème oligarchique. Ce changement de gouvernement ne profite qu'à une minorité, la nouvelle élite : lepatriciat. Pendant les dix premières années, les guerres se succèdent, et la première confrontation entre les deux ordres a lieu en, autour du problème des dettes : les créanciers, appartenant surtout à l'aristocratie sénatoriale et donc aupatriciat, ont droit d'enchaîner, de vendre commeesclave ou encore de mettre à mort les débiteurs. Or de nombreuxplébéiens sont très endettés, et subissent donc la loi dupatriciat.

Première sécession de la plèbe

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Première sécession de la plèbe.

Alors que lesconsuls sont sur le point de convoquer les citoyens romains pour faire face à une guerre étrangère, une partie du corps civique quitte la cité et refuse de revenir, malgré les prières despatriciens : écrasée de dettes, laplèbe lutte ainsi contre l'arbitraire desinstitutions de la République. Sur des promesses duSénat, la plèbe accepte de retourner sous les bannières, tandis que Rome fait face à trois ennemis. Mais sitôt la guerre terminée, la lutte reprend et le Sénat refuse de céder, à l'image deClaudius Sabinus[52].

Après quelques soubresauts, la plèbe s'étant retirée sur l'Aventin (épisode de l'insurrection du mont Sacré), celle-ci obtient la proclamation desLois sacrées de la plèbe qui créent la magistrature destribuns de la plèbe, interdite auxpatriciens. Chargés de représenter la plèbe et de défendre ses intérêts, les tribuns sont inviolables. Par ailleurs, le droit de l’intercessio permet à ces derniers de s'opposer à n'importe quelle loi proposée par les autresmagistrats[53].

Projets de laLex Terentilia et de la loi des Douze Tables

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Lex Terentilia,Décemvir à pouvoir consulaire etLoi des Douze Tables.

Plusieurs mutineries secouent l'armée romaine plébéienne, l'agitation est forte dans les rues de Rome, et la République doit faire face à une multitude d'ennemis au cours des années480 etav. J.-C. Petit à petit, lestribuns de la plèbe gagnent du pouvoir. Par laLex Publilia Voleronis, votée en, les plébéiens s’organisent partribu plutôt que parcurie[54],[55], rendant lesplébéiens politiquement indépendants despatriciens[56].

Selon les historiens romains, ils réclament la mise par écrit des lois, par l'intermédiaire du projet de laLex Terentilia en, afin de connaître les pouvoirsconsulaires, pour que l'organisation juridique (notamment leius matrimonium) profite à tous, et pour mettre fin à ce qui est considéré comme unarbitraire dont pâtit laplèbe. En effet, au début duVe siècle av. J.-C., leslois de Rome sont orales, et leur application dépend de la seule appréciation desconsuls. Pendant dix années, Rome se déchire autour de ce projet de loi, jusqu'à ce qu'une délégation de trois sénateurs soit envoyée àAthènes en transcrire les lois deSolon et queTerentilius Harsa retire son projet[57].

À leur retour d'Athènes et desvilles grecques d'Italie du sud, une commission extraordinaire, lesdecemvirs, est établie pour rédiger des lois écrites. Lesdecemvirs sont nommés pour un an et disposent de l’imperiumconsulaire. Les tables sont rédigées en deux fois, dix en et deux enav. J.-C. La seconde commission dedécemvirs tente de maintenir son pouvoir absolu, mais devant ladeuxième sécession de la plèbe, retirée sur lemont Sacré, lesdécemvirs doivent démissionner : la loi est approuvée par lesassemblées législatives de la République romaine et publiée sur leForum Romanum sur douze tables en bronze[58],[59],[60].

Les études modernes tendent à remettre en cause les récits des historiens romains. Le seconddécemvirat ne serait jamais survenu, et c'est celui de qui aurait inclus tous les points controversés de la loi, ainsi que les principales fonctions à Rome[18]. En outre, la question de l'influence grecque sur la première loi romaine est toujours débattue. Nombre de savants considèrent qu'il est improbable que les patriciens aient envoyé une délégation en Grèce, mais plutôt enGrande-Grèce, portail commun au mondegrec etromain[61].

Néanmoins, laloi des Douze Tables constitue le premier corpus delois romaines écrites. Leur rédaction est l'acte fondateur dudroit romain, desinstitutions de la République romaine et dumos maiorum.

Fin duVe siècle av. J.-C.

[modifier |modifier le code]

À la suite de l'abdication desdécemvirs et de la publication de laloi des Douze Tables, les consulsValerius Potitus etHoratius Barbatus de rédigent une série de lois votées par le peuple : lesleges Valeriae Horatiae[62]. Selon ces nouveaux textes, lesplébiscites promulgués par lescomices tributes ont force de loi — sous réserve que lesénat les ratifie —, le droit d'appel au peuple est rétabli et la sacrosainteté ainsi que l'inviolabilité destribuns de la plèbe sont proclamées.

En, deux nouvelles mesures sont proposées : la suppression de l'interdiction demariage entreplébéien etpatricien, après avoir été inscrite dans les dernières tables de la loi des Douze Tables, ainsi que le droit accordé aux plébéiens d'accéder auconsulat. Comme de nouvelles guerres menacent Rome, lespatriciens cèdent pour ce qui est des mariages : lalex Canuleia est doncvotée. Les consuls espèrent ainsi que le peuple, satisfait, se mobilisera. Mais ce succès encourage lestribuns à demander le droit d'élire desconsuls plébéiens. LeSénat refuse de céder une seconde fois, et pour éviter une nouvellesédition, propose la création dutribunat militaire à pouvoir consulaire, ouvert à tous, et ayant presque tous les pouvoirs du consulat, excepté ceux donnés à une nouvellemagistraturepatricienne, lacensure. Les trois premiers tribuns militaires à pouvoir consulaire sont patriciens, et abdiquent peu de temps après, laissant place à des consuls élus parmi la plèbe[63].

Au début, lespatriciens accaparent la nouvellemagistrature. Cependant, petit à petit, en même temps qu'ils accèdent à laquesture (le premier questeur plébéien apparaît en)[64], vers la fin duVe siècle av. J.-C. et au début duIVe siècle av. J.-C., les plébéiens sont de plus en plus nombreux à accéder au tribunat militaire à pouvoir consulaire, lequel, presque systématiquement, remplace le consulat.

Lois licinio-sextiennes

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Lois licinio-sextiennes.

En, les deux législateursLicinius Stolon etSextius Lateranus — élustribuns de la plèbe pour la première fois — proposent immédiatement une série de lois pour améliorer la situation de laplèbe à Rome, où domine la classe dirigeante despatriciens. Ces lois, à caractère politique, économique et social, visent à partager le pouvoir suprême entreplébéiens etpatriciens, autrement dit, d'une part lutter contre l'accaparement par les patriciens des terres récemment annexées autour de Rome (ager publicus), d'autre part soulager la plèbe, écrasée de dettes. Les mesures proposées sont le rétablissement duconsulat, avec obligatoirement un élu plébéien parmi les deux consuls, l'interdiction d’occuper plus de 500jugères sur l’ager publicus, la déduction du capital des intérêts déjà payés, l'étalement du remboursement des dettes sur trois ans, ainsi que la suppression dunexum. Malgré l'opposition deCamille, une nouvelle fois dictateur, lescomices tributes approuvent les trois lois, unies en une seule pour le vote[65].

Leconsulat plébéien ouvre implicitement l'accès à ladictature et à lacensure : le premier dictateur plébéien apparaît en[66] et le premiercenseur plébéien, en[67]. Cependant, pendant des décennies, la plupart des magistrats sont toujours despatriciens.

Durant toute cette période, la République romaine fait face à une multitude d'ennemis : elle est sans cesse en guerre contre d'autres peuplesitaliques et elle a souvent recours à l'élection d'undictateur pour faire face aux menaces extérieures. À plusieurs reprises, elle frôle la catastrophe, comme lors dusac de Rome en 390 av. J.-C.

Conquête de l'Italie (IVe et début du IIIe siècle av. J.-C.)

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerres samnites.

LeIVe siècle av. J.-C. représente un tournant majeur dans l'histoire de Rome, car il pose les bases de l'expansion de la république romaine, suivie de l'extension du territoire jusqu’à laCampanie, et ce, malgré la forte résistance des montagnardssamnites. Les historiens contemporains identifient plusieurs facteurs qui expliquent ces changements, mais le traumatisme desinvasions gauloises et les difficultés avec les peuples voisins semblent avoir persuadé les Romains d'entamer, afin de parer à toute menace, une expansion que l'on peut parfois qualifier d'« impérialisme défensif ».

Conflit des ordres

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Conflit des ordres.

La période qui suit le vote deslois licinio-sextiennes voit l’émergence de tendances alarmantes pour le peuple romain, tel que le rapprochement continu destribuns et dessénateurs. Le Sénat commence à donner aux tribuns un réel pouvoir, tel que la reconnaissance officielle de leur droit deveto. Les tribuns se sentent alors redevables au Sénat. Comme les tribuns et les sénateurs se rapprochent de plus en plus, les sénateurs plébéiens sont souvent en mesure de réserver le tribunat aux membres de leurs propres familles. De plus, en, deux lois importantes sont ratifiées : la première rend illégal le fait de cumuler lesmagistratures, la deuxième impose un délai de dix ans avant la réélection à une même magistrature

Vers le milieu duIVe siècle av. J.-C., leconcile plébéien ratifie laLex Ovinia qui transfère desconsuls auxcenseurs le pouvoir de nommer les nouveaux sénateurs. Cette loi permet aussi aux censeurs de décider de l'entrée au Sénat de n’importe quel magistrat nouvellement élu. Lesplébéiens détenant déjà de nombreuses magistratures, leur nombre au Sénat augmente probablement rapidement. Le rapprochement entre les tribuns et le Sénat facilite la création d’une nouvelle « aristocratie plébéienne » : la plupart des plébéiens élus aux magistratures proviennent de l’une ou l'autre de ces familles plébéiennes. Cette nouvelle aristocratie plébéienne se fond bientôt dans l’ancienne aristocratie patricienne, créant une aristocratie combinée « patricio-plébéienne ». L’ancienne aristocratie existait par la force des lois, car seuls les patriciens pouvaient accéder aux magistratures supérieures. La nouvelle aristocratie s’est installée grâce à une réorganisation de la société, un ordre nouveau qui ne pourrait être remis en cause qu’au travers d’une révolution[68].

En, lesplébéiens font sécession sur la colline duJanicule. Pour mettre un terme à cette nouvelle sécession, des lois sont adoptées — leslois hortensiennes — qui donnent force de loi aux résolutions de l’assemblée de la plèbe (plébiscites), sans ratification du Sénat. Ce n’est pas la première loi qui donne force de loi à un acte duconcile plébéien (celui-ci bénéficie de ce pouvoir depuis la promulgation desleges Valeriae Horatiae en). Dans les faits, la signification fondamentale de cette nouvelle loi est que celle-ci retire aux patriciens toute possibilité de s’opposer aux plébéiens, autrement dit, les sénateurs plébéiens ont dorénavant les mêmes droits que les sénateurs patriciens. Par conséquent, le contrôle de l'État ne repose pas sur les épaules de ladémocratie, mais sur celles de cette nouvelle aristocratie « patricio-plébéienne »[69].

Diplomatie romaine

[modifier |modifier le code]

À cette période, Rome a su mettre fin à ses divisions sociales et à la longue opposition de laplèbe et dupatriciat : la couche supérieure de la plèbe peut désormais partager les prérogatives qui étaient réservées aux patriciens : une nouvelle aristocratie romaine s'est élaborée, lanobilitas, offrant une stabilité politique et sociale bien plus grande dans le cadre de l'idéal d'uneoligarchie de pairs qui pouvait toutefois offrir certaines ouvertures.

Rome peut donc proposer un modèle politique séduisant aux aristocraties des autres citésméditerranéennes, atout diplomatique non négligeable. La diplomatie joue en effet dans la conquête romaine un rôle souvent négligé au profit des aspects purement militaires. Ladeditio deCapoue en en constitue le meilleur exemple : pour bénéficier de la protection romaine, la cité campanienne de Capoue se livre complètement à Rome qui voit sa zone d'action traditionnelle brutalement étendue à la riche région qu'est la Campanie. Une alliance solide se constitue, ce qui consolide la confiance que Rome a en elle-même, l'annexion duLatium qui suit avec la dissolution de laLigue latine, pose aussi les bases de nouveaux rapports entre Rome et certains des peuples conquis. La concession du droit de citésine suffragio – tous les droits du citoyen à l'exception du droit de vote – permet une unification juridique et la consolidation de liens forts sans remettre en cause, dans un premier temps, l'équilibre politique de Rome[70],[71].

Le cas deCapoue est là encore le meilleur des exemples : si les Capouans reçoivent le droit de citésine suffragio, l'aristocratie de la cité reçoit le droit de cité complet et devient romaine : les 1 600 chevaliers capouans doivent par ailleurs recevoir de laplèbe de leur cité la somme que leschevaliers romains reçoivent à Rome[72]. L'interpénétration des élites est si importante que l'on parle parfois d'« État romano-campanien »[73], toujours est-il qu'un mécanisme essentiel des conquêtes à venir s'est mis en place : Rome s'appuie sur les aristocraties locales, ou sur une partie de ces aristocrates, pour étendre son territoire, en échange elle offre à ces aristocraties la stabilité politique et l'insertion valorisante dans un ensemble plus vaste, l'accès à une échelle supérieure. La diffusion croissante et le prestige fort de laculture grecque offrent à ces diverses aristocraties un ensemble de références culturelles partagées et des modèles artistiques pour médiatiser tant leurs relations réciproques que leur domination sociale.

Dès lors, Rome ne rencontre plus de réelles difficultés dans ses conquêtes que dans deux types de guerres : d'une part les guerres avec des peuples qui ne possèdent pas une aristocratie civique aussi organisée, comme lesSamnites, d'autre part les guerres avec d'autres empires reposant sur les mêmes principes, commeCarthage. Dans ces deux cas, la valeur militaire romaine et la stabilité politique qui permet de résister à de lourdes défaites jouent un rôle fondamental.

Une armée de citoyens

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Armée romaine.
Centurion dans une reconstitution historique.

De 17 à 46 ans, lescitoyens romains sontmobilisables. Seuls les citoyens propriétaires ont le devoir de se battre pour la République. En effet les Romains pensent que celui qui a un bien à protéger se bat avec plus d'ardeur. Les plus riches combattent dans la cavalerie (equites), les autres sont fantassins (pedites)[74].

Après les réformes deCamille[75], les Romains mobilisés forment deslégions d'environ 4 500 hommes, composées notamment deshastati, les jeunes citoyens (iuniores) bien entraînés en première ligne, desprincipes, eux aussijuniores mais plus expérimentés, en deuxième ligne, et destriarii, lesseniores, qui forment la dernière ligne et la réserve. Les plus pauvres combattent en tant quevélites. Il existe aussi destroupes auxiliaires composées de soldats ne jouissant pas de lacitoyenneté romaine et de soldats non italiens qui assistent les légions.

Chaque année, leSénat fixe le nombre de soldats à mobiliser. Au mois de mars, sur leChamp de Mars, lesconsuls, aidés destribuns militaires, procèdent à la levée deslégions, le contingent nécessaire est choisi par tirage au sort parmi les mobilisables, des recruteurs sont envoyés en campagne, et les volontaires sont pris en supplément. Lorsque la patrie est en danger (tumultus), c'est la levée en masse de tous les citoyens mobilisables, sans distinction. En automne, lorsque la campagne est achevée, l'armée est licenciée.

Il règne dans la légion une discipline rigoureuse. Les châtiments corporels sont fréquents en cas de désobéissance (ou même ladécimation). Les légions romaines sont connues pour leur construction decamps fortifiés provisoires lorsqu’elles se déplacent en campagne militaire, ainsi que pour leur vitesse de déplacement et pour leur organisation. Lors d'un affrontement, c'est quasiment toujours la même stratégie qui est employée, que les soldats-citoyens connaissent, et qui fait que, même si chaque bataille se déroule sous l'autorité d'un général différent, l'armée combat toujours selon la même organisation. La victoire se décide donc plutôt dans les déplacements, avant la rencontre sur le champ de bataille, où la rigueur et la discipline romaines sont souvent décisives.

Histoire de la conquête

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Conquête romaine de l'Italie.

Rome s'impose définitivement dans le Latium

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Première guerre samnite etGuerres latines.
Gaulois en vue de Rome parÉvariste-Vital Luminais. Des hordes gauloises mettront Rome à sac en -390.

En, Rome est prise par lesGaulois et subit sonpremier sac. Pour les Romains, cet épisode est vécu comme une catastrophe nationale. Ils ont la conviction que lesdieux ont quitté momentanément la ville. D'ailleurs, un temps le peuple souhaite abandonner le site de Rome pour celui deVéies, vide de population depuis sa prise[76]. La cité met longtemps à se relever de ce désastre[77]. Après quelques accrochages avec ses voisins, notamment lesétrusques deTarquinii vaincus et quelques villes latines rebelles, et après avoir fait face à de nouveaux raids gaulois, Rome commence la conquête de l'Italie[78].

D'abord face auxSamnites, lors de lapremière guerre samnite, les Romains interviennent, en, pour protégerCapoue des Samnites. La ville campanienne se soumet totalement à Rome qui intervient donc pour protéger ses nouvelles terres. Les Samnites sont vaincus en par le tribun militaireDecius Mus. Mais Rome ne peut exploiter son succès et doit se replier à cause du soulèvement desLatins, qui menacent directement Rome[79].

S'ensuivent lesguerres latines, qui opposent Rome à laLigue latine, entourant en partie le territoire romain. Une tentative de la part des peuples latins d'acquérir leur indépendance de Rome est la principale cause de la guerre. En, une ambassade est envoyée auSénat romain pour demander la formation d'une seule république, comprenant à la fois Rome et leLatium, au même niveau. Comme Rome est, depuis quelques années, le meneur de la Ligue latine, elle refuse de mettre les peuples latins à son niveau et d'accueillir des Latins au Sénat. Son refus provoque la guerre. Les Romains ont combattu auprès des peuples latins et campaniens contre les Samnites. LesLatins et lesCampaniens continuent à combattre côte à côte, tandis que Rome s'allie aux Samnites pour attaquer les Latins. À labataille de Veseris, les Romains, sous les ordres des consulsDecius Mus etManlius Torquatus, battent les Latins. Selon les sources romaines, Manlius réinstaure la discipline de l'armée en exécutant son fils pour désobéissance, alors que Decius sacrifie sa propre vie aux dieux pour que Rome ait la victoire. Un an plus tard, Manlius bat à nouveau les Latins àTrifanum, et la guerre prend fin peu après[80].

La dissolution de laLigue latine est prononcée, ainsi que l'incorporation de ses territoires dans la sphère d'influence romaine. À cette occasion, les Latins obtiennent des droits partiels et différents niveaux decitoyenneté et leurs villes sont transformées, soit enmunicipes, soit encolonies romaines[81].

Entre et, Rome s'impose plus au sud de l'Italie et enCampanie, et stabilise les territoires nouvellement conquis[82].

Guerres contre les Samnites et les Étrusques

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerres samnites.
L'Italie en -400 : territoires étrusques (en rose) et samnites (en vert foncé)

La fondation romaine deFrégelles à la frontière samnite et de graves tensions àNaples, cité divisée où l'aristocratie penche pour l'alliance romaine et la plèbe pour l'alliance samnite, provoquent une réaction hostile immédiate desSamnites. Le conflit dure près de 40 ans.

En, les Romains remportent leurs premiers succès, la cité grecque de Naples chasse la garnison samnite et fait appel à eux. Enav. J.-C., les Samnites s'installent àPompéi. Après plusieurs années de guerres de frontières, les consuls romains décident, en, de porter la guerre en territoire samnite, initiative qui se termine par la capture humiliante de deux légions par le samniteCaius Pontius à labataille des Fourches Caudines. Les hostilités prennent fin en et la trêve est en faveur des Samnites, qui obtiennent des Romains la cession de lacolonie romaine deFrégelles. Les Romains annexentCapoue, et commencent en la construction de lavoie Appienne qui relie Rome à Capoue[83].

Rome met à profit cette accalmie pour renforcer sa position enCampanie et conclure une série d'alliances avec des cités d'Apulie du Nord. Les hostilités reprennent en, les Romains remportent la victoire d'Ardée etFrégelles est reprise en Mais les Romains doivent faire face à une vaste coalition rassemblant lesSamnites, lesÉtrusques, lesOmbriens, lesMarses, lesHerniques, lesPéligniens et lesSalentins. Les Étrusquessont vaincus à Sutrium puis dans laforêt Ciminienne parFabius Maximus, puis parPapirius Cursor aulac Vadimon[84].

En, Rome écrase la révolte hernique et annexe leur territoire. L'année suivante, les populations desAbruzzes subissent le même sort. Les hostilités avec lesSamnites s'achèvent en ou par labataille de Bovianum. La paix est conclue avec eux l'année suivante, mettant fin à ladeuxième guerre samnite[85].

En, lesMarses, lesPéligniens, lesMarrucins et lesVolsques sont à leur tour écrasés et soumis. LesÈques, vaincus par une campagne éclair, sont annexés. Cette guerre permet aux Romains d'assurer leur domination sur toute l'Italie centrale. Comme à leur habitude, ils assurent leurs nouvelles conquêtes par la construction d'une route stratégique qui relie Rome à l'Adriatique par l'Apennin central et en fondant de nouvellescolonies sur les nouveaux territoires acquis, àMinturnes, àSinuessa et àVenusia[86].

En, les hostilités reprennent : c'est latroisième guerre samnite. En, lesSamnites réussissent à faire pénétrer une armée en Italie du Nord, secondés par leurs alliésétrusques etombriens, qui sont en guerre contre Rome depuis De plus, ils profitent de la présence desGaulois qui depuis font des incursions régulières en Italie du Nord. Les Romains écrasent cette coalition à labataille de Sentinum en Le territoire samnite est envahi et les Romains remportent labataille d'Aquilonia en Malgré la défaite deFabius Maximus en, les Samnites capitulent enav. J.-C., Rome asservit leurs villes et annexe leur territoire[87].

L’Italie devient romaine

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre de Pyrrhus en Italie.
Campagnes dePyrrhus Ier d'Épire.

Rome sort desguerres samnites maîtresse de l’Italie centrale et est en contact direct avec les cités grecques qui bordent les côtes sud de la péninsule et qui contrôlent une partie du commerce méditerranéen.Tarente a même, par un traité commercial en, limité la circulation des navires romains, leur interdisant d’aller plus loin que l’est ducap Lacinium près deCrotone. De son côté, Rome développe des alliances dans le sud de l’Italie, s’entend avecThourioi, rivale de Tarente, s’allie avec laLucanie, soutient l’installation d’une garnison de capouans àRhegium. Le parti démocratique tarentin fait appel au jeune roi d'Épire,Pyrrhus Ier, pour ralentir la progression romaine[88].

En Pyrrhus débarque en Italie avec une armée de 25 000 hommes et 20éléphants de guerre. À labataille d'Héraclée, les Romains sont vaincus. Les populations encore indépendantes duBruttium et deLucanie font alliance avec Pyrrhus, suivies desSamnites, trop récemment soumis par les Romains. Pyrrhus marche sur laCampanie mais ne peut prendreCapoue, et décide alors de marcher sur Rome, escomptant le ralliement des populations sur son trajet. Il parvient àPréneste à 30 km de Rome, sans avoir obtenu les ralliements attendus, et il doit faire demi-tour. Il veut imposer de dures conditions de paix, que les Romains repoussent, suivant l’avis du vieuxClaudius Caecus qui proclame qu'une paix ne peut être signée tant qu'un roi étranger se trouve en Italie. En, Pyrrhus remporte une seconde victoire à labataille d'Ausculum, proverbiale sous l'expression de « victoire à la Pyrrhus »[88].

Au milieu des campagnes d'Italie, Pyrrhus reçoit des envoyés des cités siciliennes qui demandent de l'aide pour évincer la puissance carthaginoise de l'île. Pyrrhus accepte et Rome s’allie àCarthage, pour protéger laSicile des visées de Pyrrhus. Son avancée est foudroyante. Cependant, Pyrrhus se voit contraint d'abandonner la Sicile pour s'occuper d'autres affaires en Italie méridionale[88].

En,Curius Dentatus bat enfin Pyrrhus àbataille de Maleventum. À la suite de cette défaite, Pyrrhus quitte l'Italie et retourne enÉpire, laissant une garnison àTarente. Après son départ, les Romains assiègent la ville, qui se rend en De cette guerre, Rome tire des leçons en perfectionnant sa tactique militaire. L’habitude est prise de fortifier le camp de l’armée en marche ; les légions manœuvrent désormais en ligne de bataille avec plus de souplesse et les éléphants de guerre ont perdu tout effet de surprise[88].

LesSallentins et lesPicéniens sont à leur tour soumis. En et, Rome prend et détruit la cité étrusque deVolsinii et les dernièresvilles étrusques indépendantes au sud de l'Arno sont rattachées à la République romaine[89].

Économie et société

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Économie romaine,Agriculture en Grèce antique etSociété romaine.

La République romaine domine dorénavant une grande partie de l'Italie, permettant ainsi à la péninsule de se stabiliser et de prospérer : pour la première fois de leur histoire, les économiesromaine et italienne sont florissantes. À Rome même, lesinstitutions se consolident et se diversifient, laguerre des ordres prend fin, et l'État se trouve un seul et unique maître du pouvoir : leSénat[90].

L'accroissement progressif de la ville de Rome entraîne une augmentation de ses besoins en eau, ce qui nécessite la construction des premiersaqueducs — celui de l'Appia en et celui de l'Anio en Laproduction et lesimportations deviennent quasiment industrielles[91].

À partir de la fin duIVe siècle av. J.-C., Rome domine la péninsule italienne, et les structures agricoles et sociales se transforment. La conquête de laGrande-Grèce permet l'introduction detechniques agricoles intensivescarthaginoises etgrecques qui consistent en l'exploitation devignes et d'arbres fruitiers, comme l'olivier. Cette agriculture permet à la cité de dépasser le stade de l'auto-subsistance pour devenirexportatrice[92].

Le centre de lastructure sociale romaine est la famille. Celle-ci est non seulement marquée par les liens du sang, mais aussi par la relation juridiquement construite depatria potestas. Lepater familias est le chef absolu de la famille. Il est le maître sur safemme, ses enfants, les épouses de ceux-ci, ses neveux, sesesclaves et sesaffranchis, et peut se débarrasser d'eux ou les vendre à volonté, voire lesexécuter[93].

Organisation de l'Italie

[modifier |modifier le code]
LaGrande-Grèce versav. J.-C.

À la suite de la chute deTarente en, toutes les terres de la péninsule italienne situées au sud du fleuveArno sont sous domination plus ou moins directe de Rome. En effet, les dernières villes indépendantes sont tombées sous la coupe de Rome, notamment les villesétrusques au nord de Rome et laGrande-Grèce dans lesannéesav. J.-C. De tous ces peuples et ces villes, aucun n'a réussi à s'opposer longtemps à l'avancée romaine, aucune coalition assez forte n'a réussi à se former pour résister aux forces romaines, car tous étaient désunis en temps de paix. Rome apporte à l'Italie une stabilité au début duIIIe siècle av. J.-C., à la même époque où lesinstitutions de la République se stabilisent aussi[94].

Toutes les populations et toutes les cités italiennes étaient divisées avant que Rome ne s'impose, et cette dernière réussit à entretenir des différences entre chaque, traitant avec chaque ville et chaque peuple, sous des conditions différentes et pour des statuts différents. De toute l'Italie centrale et méridionale, il ne reste plus que« les Romains, les Latins et les alliés italiens », les seuls à être des hommes libres au sein de la communauté romaine. Il s'agit donc de Rome et des peuples ou cités qui ont été totalement intégrés, des territoires semi-intégrés et des alliés de Rome, au début par des alliances entre égaux qui deviennent très vite des pactes dominés par Rome[95].

Citoyenneté romaine

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Citoyenneté romaine.

Les citoyens de plein droit (cives cum suffragio ouoptimio iure) sont les citoyens romains auxquels se sont ajoutés les hommes libres des premiers peuples latins intégrés dans la République. Ils jouissent de tous les droits et tous les devoirs, c'est-à-dire notamment le droit de voter et d'être élu, le droit de propriété, le droit de recevoir une solde dans l'armée, ainsi que le devoir de servir sous les armes et de payer des impôts[96].

Le second type de citoyens (cives sine suffragio) regroupe ceux qui ont les mêmes droits et devoirs que lescives cum suffragio, hormis le droit de voter et celui de pouvoir être élus magistrats. Au début, recevoir la citoyenneté sans suffrage est un grand honneur. C'est par exemple le cas deCaere, envers qui Rome est redevable à la suite dusac qu'elle a subi, et bien qu'une guerre oppose les deux cités dans lesannéesav. J.-C., Rome l'incorpore en tant quemunicipesine suffragio.Capoue, elle aussi, est intégrée sous ces mêmes conditions. À terme cependant, ce type de citoyenneté est ressenti comme inférieur et produit une image négative[96].

Seule une partie des cités duLatium possède les pleins droits et devoirs, et peu de territoires reçoivent cette citoyenneté jusqu'auIIe siècle av. J.-C. En revanche, l'incorporation avec la citoyenneté romaine sans suffrage inclut tout le Latium, laCampanie et lacôte adriatique, formant un anneau protecteur autour des terres romaines. La situation n'évolue plus après le début duIIIe siècle av. J.-C.[96].

Lescolons romains possèdent la citoyenneté complète, et bien qu'éloignés de Rome, ils conservent tous leurs droits et devoirs, comme celui de faire appel auxtribuns de la plèbe[96],[97].

Colonies latines

[modifier |modifier le code]

Une partie des anciensLatins qui formaient laLigue latine est incorporée à Rome avec la citoyenneté. Rome, de concert avec les Latins, va fonder de nombreuses colonies latines à des endroits stratégiques du territoire romain. Ces colonies sont plus libres que les colonies romaines, ayant plus d'autonomie, et se développent plus facilement, car les citoyens romains renâclent à partir loin de Rome, dans des lieux dangereux, même s'ils conservent théoriquement leurs droits et devoirs. Ce système de colonies latines, où les colons ne sont pas citoyens romains, mais possèdent un certain nombre de droits au sein de la colonie quasi indépendante de Rome, va perdurer longtemps, étant à l'avantage de Rome et des colons[98].

Peuples alliés

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Fœdus.

Enfin, les alliés (socii) sont en bas de la structure administrative romaine. Ils peuvent être liés à Rome par un traité entre égaux (foedus aequum), mais sont plus souvent liés à Rome par une alliance inégale (foedus inaequum), et dans tous les cas, ces alliés doivent fournir à Rome un certain nombre de troupes et de fournitures militaires, sans que Rome doive les payer, ce qui soulage les citoyens romains[98].

HormisCaere, l'Étrurie ainsi que leSamnium et toutes les terres du sud sont unis à Rome par des traités inégaux. Ce sont les dernières terres qui sont tombées sous la coupe de Rome. Bien que ces traités puissent créer des rancœurs, peu de ces alliés, malgré quelques défections, abandonneront Rome pendant ladeuxième guerre punique alors que la République est au plus mal[99].

Ainsi, Rome a su créer autour d'elles, parmi une mosaïque de statuts, un certain équilibre et surtout une prospérité que l'Italie n'a pas connue avant, effaçant en partie les inégalités au sein de l'organisation romaine[100].

Institutions politiques

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Institutions de la République romaine.
Fonctionnement théorique de la République romaine vers lesIIIe et IIe sièclesav. J.-C.

Alors qu'aux débuts de la République ce sont lesmagistrats, notamment lesconsuls, qui détiennent le pouvoir, petit à petit le Sénat émerge et s'impose au sein des institutions romaines. L'assemblée devient permanente et assoit son autorité sur les magistrats romains à la fin duIVe siècle av. J.-C., passant d'un conseil des anciens à l'organe principal du pouvoir dont les magistrats sont les subordonnés. Lesassemblées législatives populaires votent quant à elles leslois[101].

Sénat

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Sénat de la République romaine.

La source du pouvoir du Sénat républicain est sonauctoritas, laquelle découle de son prestige, fondé sur les coutumes et la dignité de ses membres (mos maiorum ou « coutume des ancêtres »). Comme le Sénat est la seule institution politique à être éternelle et continue (comparé auconsulat par exemple, qui expire au terme d’un mandat annuel), il acquiert la dignité des traditions antiques[102],[103].

Le Sénat romain est tourné essentiellement vers la politique étrangère. Alors que son rôle dans les conflits armés se limite théoriquement à celui de conseiller, le Sénat finit par superviser ces conflits : lesconsuls commandent directement les armées et le Sénat s’occupe de la stratégie globale[101].

LeSénat gère également l’administration civile au sein de la cité. Par exemple, seul le Sénat peut autoriser que de l’argent public soit puisé au trésor. De plus, il s’occupe des cas individuels de crimes politiques, tels que la trahison. Alors que le Sénat peut influencer la promulgation de lois, il n'élabore pas directement celles-ci : ce sont lesassemblées législatives, considérées comme l'incarnation du peuple de Rome, qui votent les lois domestiques qui gouvernent le peuple. Le Sénat ne promulgue que des décrets, appeléssenatus consultum — officiellement, il s’agit de simples « conseils » donnés auxmagistrats, mais en pratique, ces décrets sont souvent suivis à la lettre par ceux-ci[101],[104].

Assemblées

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Assemblées de la République romaine.

Pendant toute la République, lescitoyens sont répartis encenturies à des fins militaires, et entribus à des fins civiles. Chacun des deux groupes se rassemble pour des buts législatifs, électoraux et judiciaires.

À l’origine (temps qui remonterait au règne du roiServius Tullius), lescomices centuriates, assemblée des centuries, sont organisés d’une manière trèsaristocratique (organisation servienne). Selon cette organisation, les classes les plus élevées (la cavalerie et la première des cinq classes d’infanterie) contrôlent suffisamment de centuries pour obtenir la majorité à chaque vote. SelonCicéron, l’assemblée est délibérément arrangée de telle sorte que lepetit peuple (le plus grand nombre) n’ait que peu de pouvoir. Le président descomices centuriates est généralement unconsul. Ces assemblées peuvent promulguer une loi donnant les pouvoirs de l’imperium aux consuls et auxpréteurs, ainsi que les pouvoirs de la censure auxcenseurs. De plus, seuls lescomices centuriates peuvent élire les consuls, les préteurs et les censeurs, déclarer une guerre offensive, ou encore valider lecens (recensement des citoyens par classes). Ils jouent aussi le rôle de juridiction d’appel dans certains cas — en particulier, ceux punis de lapeine capitale. Bien que détenant le pouvoir de ratifier les lois ordinaires, lescomices centuriates ne se servent que rarement de cette prérogative[102],[101],[105],[106].

Durant la République, les tribus se réunissent en deux assemblées : leconcile plébéien et lescomices tributes. La seule différence entre les deux assemblées réside dans le fait que lespatriciens ne peuvent voter dans le concile plébéien. Généralement présidés par unconsul, lescomices tributes élisent lesquesteurs, lesédiles curules et lestribuns militaires. Ils ont également le pouvoir d’instruire des cas judiciaires. Bien qu'ayant le pouvoir de promulguer de nouvelles lois, lescomices tributes ne se servent que rarement de cette possibilité. Le concile plébéien ne représente pas tout le peuple, car les patriciens en sont exclus, de sorte qu'il ne peut pas élire demagistrats à proprement parler. Mais il élit ses propres représentants (tribuns de la plèbe etédiles plébéiens, considérés comme des magistrats). En effet, le concile plébéien est l’assemblée des tribus plébéiennes, alors que lescomices tributes sont l’assemblée des tribus « patricio-plébéiennes »[101],[107],[108].

Magistratures

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Magistrats de la République romaine.

Les magistratures sont électives et annuelles, hormis lacensure, ladictature et la fonction d'interroi. Chaque magistrat romain est investi d’une partie plus ou moins importante du pouvoir. C'est ainsi qu'en fonction des pouvoirs qu'elle possède, chaque catégorie de magistrats occupe un certain rang. Lesdictateurs possèdent plus de pouvoirs que n’importe quel autre magistrat, suivis desconsuls et despréteurs, magistrats ordinaires. Chaque magistrat peut seulement bloquer par sonveto une action prise par un magistrat de rang égal ou inférieur au sien. Par conséquent, aucun magistrat ne peut bloquer par sonveto les décisions duSénat ou desassemblées[109]. Les magistratures sont effectuées dans un ordre spécifique, qu'on appelle le cursus honorum : la carrière des honneurs.

Les citoyens qui suivent lecursus honorum commencent par être questeurs — magistrats s'occupant des finances. Puis ils peuvent êtreédiles et avoir pour domaine de compétence les marchés, les voies et l'approvisionnement. S'ensuit le poste de prêteur, qui s'occupe de l'armée et propose les lois. Être consul est la dernière étape ducursus honorum : il s'agit de commander les armées, de gouverner les provinces et de convoquer le Sénat. Les titulaires de chacune de ces fonctions sont nommés pour un an. Comme lestribuns de la plèbe et lesédiles plébéiens ne sont pas à proprement parler des magistrats, ils ne sont pas concernés par la répartition des « pouvoirs majeurs ». En général, cette particularité fait d’eux des magistrats indépendants des autres. C’est la raison pour laquelle, par exemple, leurs actes ne peuvent être bloqués par leveto desconsuls. Les tribuns n'ont pas le pouvoir de faire obstruction par unveto aux magistrats, aux assemblées ou au Sénat, mais bénéficient de la sacro-sainteté de leur personne (intercessio). Si un magistrat, une assemblée ou le Sénat ne se conforme pas aux ordres d’un tribun, celui-ci, en usant de l’intercessio, peut bloquer cette action particulière. La moindre agression envers un tribun est considérée comme une offense capitale[101],[110].

Chaque magistrat républicain détient certains pouvoirs constitutionnels (potestas), qui comprennent l’imperium, lacoercitio et l’auspicia (pouvoirs religieux). Ces pouvoirs sont équilibrés par plusieurs contraintes constitutionnelles, incluant la collégialité (collega), le droit des citoyens d’en appeler au peuple (provocatio) et une division constitutionnelle des pouvoirs (provincia). Seul le peuple de Rome (plébéiens etpatriciens) a le droit de conférer ces pouvoirs à un magistrat[102],[111],[112].

Conquête de la Méditerranée (IIIe et IIe sièclesav. J.-C.)

[modifier |modifier le code]

Conquête de l'Occident méditerranéen

[modifier |modifier le code]

Première guerre punique

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Première guerre punique.
Les possessions deCarthage avant lapremière guerre punique.

À partir de commence le grand affrontement contreCarthage, qui marque un tournant dans l'histoire de Rome. Grâce à son esprit d'entreprise, Carthage, anciennecolonie phénicienne, a développé, d'abord descomptoirs commerciaux, puis des points d'appui et descolonies dans toute laMéditerranée occidentale, et notamment à l'ouest de laSicile. Rome se méfie des ambitions carthaginoises en Sicile. C'est la cause de lapremière guerre punique qui dure près de 25 ans[113].

Les Carthaginois prennent d'abord la ville deMessine, ce qui provoque l'inquiétude des Romains en raison de la position de la ville à proximité desvilles grecques d'Italie qui viennent de tomber sous leur domination. LeSénat romain ne souhaite pas ouvrir les hostilités avec Carthage, mais la population demande d'intervenir, poussée par lelobby des propriétaires terriens deCampanie qui ne veulent pas perdre le contrôle du passage maritime entre la Sicile et l'Italie — Messine étant l'une des villes stratégiques permettant le franchissement de cedétroit. Ainsi,Claudius Caudex traverse le détroit et prend par surprise la garnison punique de Messine, déclenchant le début de la guerre. À la suite de ce revers, le gouvernement de Carthage commence à regrouper ses troupes àAgrigente, mais les Romains, menés par Claudius Caudex etValerius Maximus, prennent les villes deSégeste et d'Agrigente, après un siège de sept mois[113].

Il s'ensuit 20 ans de guerre avec des fortunes diverses : les premières victoires sont remportées par l'armée romaine, face à des troupes puniques hétérogènes (mercenaires de toute la Méditerranée y compris deGaule, troupes africaines et alliés siciliens). D'ailleurs, le roi deSyracuse change de camp à la suite des premiers revers puniques et contribue par sa flotte à ravitailler les troupes romaines de Sicile. Ainsi, les Carthaginois perdent une grande partie des terres siciliennes reconquises sur lesGrecs. À la suite de ces défaites, les Puniques redressent la situation en menant une stratégie de raids et deguérillas, sur terre comme sur mer, en Sicile comme en Italie, tenant les positions siciliennes par desforteresses inexpugnables. En effet, la technique des sièges et des fortifications de l'armée punique est supérieure à celle de l'armée romaine, apprise auprès des Grecs. Rome est coup sur coup battue près de Carthage et en mer, perdant une grande partie de sa flotte — celle-ci sera reconstruite grâce à l'argent des grands propriétaires terrienscampaniens, principaux intéressés par cette guerre, que malgré cela l'État devra rembourser après la guerre[113].

En, la victoire navale du proconsulLutatius Catulus devant lesîles Égades, à l'ouest de laSicile, contraint Carthage à signer une paix humiliante. Elle abandonne la Sicile, puis laSardaigne et la Corse, et paie un forttribut[113].

Deuxième guerre punique

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Guerres d'Illyrie,Deuxième guerre punique etHannibal Barca.
Lebassin méditerranéen en, à la veille de ladeuxième guerre punique.

Après laPremière guerre punique, Rome s'étend enIllyrie, après avoir vaincu lesLigures et lesInsubres : en, le consulClaudius Marcellus bat lesGaulois à labataille de Clastidium, tue leur roiViridomaros et est ainsi le dernier à recevoir lesdépouilles opimes, s'empare deMediolanum et réduit laGaule cisalpine enprovince romaine[114]. De son côté,Carthage se lance à la conquête de l'Hispanie. Cette expansion inquiète Rome qui fait renaître les hostilités en[115].

Mais la République trouve en la personne d'Hannibal un adversaire redoutable, un homme politique et militaire de génie. Celui-ci décide d'attaquer par voie terrestre avec un contingent de 70 000 hommes et deséléphants de guerre. Une longue marche leur fait traverser l'Hispanie, le sud de laGaule, puis lesAlpes. Hannibal remporte alors dans le nord de l'Italie une série de victoires et avance vers le sud en traversant lesApennins. Là, sur les rives dulac Trasimène, il écrase une nouvelle fois une armée romaine le 23 juin Le Sénat lève une grande armée, mais Hannibal l'anéantit àCannes, en août Les villes alliées à Rome dans le sud de l'Italie (mais dans le sud uniquement) se rallient à Hannibal. Celui-ci s'installe àCapoue[116].

Campagnes de ladeuxième guerre punique.

Rome refuse de s'incliner. 23 légions nouvelles sont enrôlées avec même des esclaves affranchis pour l'occasion. Rome reprend l'offensive, notamment avecClaudius Marcellus à la tête des armées romaines qui remporte sur le général carthaginois lesbatailles de Nole en et et s'empare deSyracuse aprèstrois ans de siège, puis c'est au tour deCapoue de tomber en Ayant la maîtrise des mers, Rome envoie un corps expéditionnaire enHispanie puis enAfrique sous la direction deScipion l'Africain. Après la conquête de l'Hispanie, Scipion a finalement raison d'Hannibal en dans laplaine de Zama, ce qui met fin à ladeuxième guerre punique. Les vaincus, qui perdent leurs possessions extérieures, doivent payer un énormetribut à Rome qui devient la première puissance de la Méditerranée occidentale en[117].

En dépit d'un séjour de 15 ans sur le sol italique, Hannibal — que l'histoire met au rang des grands stratèges et des fins tacticiens — ne parvient donc pas à faire capituler Rome. Parmi les raisons du succès romain, on peut citer :

  • le refus de la classe politique romaine de s'admettre vaincue, même si celle-ci se divise sur la stratégie à adopter, offensive ou défensive ;
  • la capacité de recrutement romaine, comblant constamment ses pertes, mobilisant jusqu'à 25légions, au prix d'une pression épuisante sur ses alliés ;
  • la maîtrise maritime, qui permet à Rome, d'une part de garder le contact avec l'armée envoyée enHispanie (tandis que la flotte punique n'ose jamais un affrontement naval), d'autre part d'assurer son ravitaillement en blé depuis laSicile, laSardaigne et l’Hispanie, ainsi que ses relations diplomatiques avec les adversaires dePhilippe V de Macédoine, allié d'Hannibal ;
  • et la fidélité des peuples alliés entourant Rome d'unglacis protecteur, et de la plupart des ports d'Italie du Sud.

Mainmise sur l'Occident

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Troisième guerre punique,Première guerre celtibère etGuerre de Numance.

La République romaine s'étend sur l'Italie, l'Hispanie et l'Afrique à la fin de ladeuxième guerre punique.Carthage est finalement détruite en pendant latroisième guerre punique délibérément décidée par leSénat. Après un siège de trois ans,Scipion Émilien prend la ville, la rase et maudit son sol[118]. Malgré de nombreuses révoltes, l'Hispanie reste romaine. L'ouest méditerranéen est donc sous domination romaine auIIe siècle av. J.-C., seule la futureGaule transalpine n'est pas encore romaine, mais elle devient uneprovince de la République romaine en, parachevant la conquête de toutes les terres côtières de ce côté de la Méditerranée.

Domination sur l'Orient méditerranéen

[modifier |modifier le code]

Guerres macédoniennes

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerres de Macédoine.
En orange, le royaume dePhilippe V de Macédoine, en 200av. J.-C.

Pendant ladeuxième guerre punique,Philippe V de Macédoine s’allie àHannibal Barca. Craignant que lesMacédoniens renforcent Hannibal, Rome expédie des forces de l’autre côté de l’Adriatique. Aidée par des alliés de laLigue étolienne et dePergame après, Rome ne souhaite pas étendre ses conquêtes, mais simplement garder la Macédoine, lescités-États grecques, et les ligues politiques soigneusement divisées et non menaçantes. En, la guerre s'achève sans vainqueur décisif avec letraité de Phoenicé. Celui-ci prévoit le partage entre Rome et la Macédoine d'un territoire de second plan, situé le long du littoral est de l’Adriatique, destiné à « combattre la piraterie » : l’Illyrie[119]. Ce conflit mineur ouvre la voie à l’intervention romaine enGrèce. Il s'agit des premiers affrontements entre leslégions romaines et unearmée de type macédonien depuis lacampagne de Pyrrhus en Italie. Ce système militaire domine les champs de bataille européens depuis deux siècles et demeure invaincu depuis sa création parPhilippe II de Macédoine. Moins meurtrières, mais bien plus mobiles et flexibles que les phalanges macédoniennes, les légions de Rome se lancent dans une conquête de l'orient qui durera environ 170 ans (du début de ladeuxième guerre macédonienne à l'annexion de l'Égypte ptolémaïque).

En, Rome déclenche ladeuxième guerre macédonienne avec l’aide de quasiment tout le monde grec. Le conflit est indécis, jusqu’à la victoire romaine de, lors de labataille de Cynocéphales. Rome impose alors àPhilippe V de Macédoine letraité de Tempé, par lequel celui-ci abandonne laGrèce et laThessalie, et renonce à interférer dans la politique hors de ses frontières — une condition qu'il respecte le reste de sa vie. En, Rome déclare la Grèce « libre » et se retire complètement desBalkans[120]. Il semble qu'elle n’ait aucun autre intérêt dans cette région.

Après ladeuxième guerre macédonienne, laLigue étolienne est peu satisfaite des territoires que Rome lui a cédés en tant que « récompense » pour son aide. Les membres confédérés « invitent » alorsAntiochos III de l’Empire séleucide à les aider pour libérer la Grèce de l’« oppression romaine ». En tant que conseiller militaire,Hannibal Barca recommande à Antiochos d'envoyer en Grèce des soldats en nombre suffisant. Toutefois, le roi n'envoie qu'une petite force en, ce à quoi Rome répond en envoyant de nouveau seslégions en Grèce, lesquelles parviennent à chasser lesSéleucides. EnAsie Mineure, les victoires romaines auxThermopyles (en) et àMagnésie (en) obligent Antiochos à signer letraité d'Apamée (en), aux termes duquel il cède des territoires àPergame et à Rome, et verse une imposante indemnité de guerre de 15 000talents d'argent[121].

Après la mort dePhilippe V de Macédoine en, son fils,Persée, essaie de restaurer l’influence de laMacédoine et menace ses voisins, ce qui déclenche latroisième guerre macédonienne. Initialement, les forces romaines ont des difficultés contre les forces macédoniennes, mais en, les légions battent unearmée macédonienne durantla bataille de Pydna. Persée est capturé quelque temps après, et la Macédoine est divisée en quatre républiques — en réalité, quatreétats-satellites de Rome[122].

Grèce et Asie romaines

[modifier |modifier le code]

Rome écrase complètement une rébellion macédonienne et ne se retire pas de la région, formant laprovince romaine deMacédoine, établissant un pouvoir romain permanent sur la péninsule grecque. Entre et, laLigue achéenne se révolte aussi. Après la victoire romaine, il s'ensuit le pillage et la destruction deCorinthe. En, leroyaume de Pergame échoit en héritage à Rome. Il donne naissance à laprovince d'Asie.

Rome et l'Italie auIIe siècle av. J.-C.

[modifier |modifier le code]

Institutions politiques

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Institutions de la République romaine.

En, laguerre des ordres prend fin grâce auxlois hortensiennes qui retirent aupatriciat sa dernière arme contre laplèbe, résolvant ainsi un des grands conflits des débuts de la République. Néanmoins, la période située entre et ne connaît pas de changements politiques importants dans ce domaine : les lois critiques sont toujours ratifiées par leSénat. En effet, l’élément démocratique est satisfait de la répartition des pouvoirs, mais ne cherche pas vraiment à user du sien. Le Sénat joue un rôle majeur pendant cette période, dominée par des questions de politique étrangère et d’ordre militaire. Ces années sont les plus riches en évènements militaires de toute la République[123].

La dernière décennie de cette période voit une aggravation des difficultés financières pour de nombreux plébéiens. En effet, durant les longues campagnes militaires, de nombreux citoyens se trouvent loin de chez eux pour se battre, et ne peuvent donc s’occuper de leurs terres, laissées à l’abandon. L’aristocratie terrienne commence alors à racheter celles-ci à vil prix et les exploitent avec de la main d’œuvre bon marché, réduisant les coûts de production. Les autres fermiers ne bénéficiant pas de ces avantages ne peuvent plus exploiter leurs terres à profit et font faillite. Les nombreux plébéiens alors sans emploi convergent vers Rome, grossissant les rangs desassemblées populaires, où leur statut économique leur permet, pour la plupart, de voter pour le candidat qui leur promet le meilleur avenir. Une nouvelle culture de dépendance apparaît qui favorisera la montée en puissance des meneurs les plus populaires[124].

Organisation administrative de l'Italie

[modifier |modifier le code]
L'Italie auIIe siècle av. J.-C., une mosaïque de statuts.

Durant toute ladeuxième guerre punique, hormis quelques défections dans le Sud, les territoires latins et alliés de Rome restent fidèles à la République et contribuent très largement à l'effort de guerre — tant humainement que matériellement. Cependant, lacitoyenneté romaine n'est que très peu étendue et les rancœurs et motifs de révoltes s'accumulent contre la rigidité aveugle du pouvoir central. La population romaine elle-même s'oppose à tout geste d'ouverture envers les Italiques et les alliés — ce qui perdraCaius Gracchus ou encoreLivius Drusus, car tous deux, malgré leur très grande popularité, se sont aliéné laplèbe romaine, jalouse de ses privilèges. Les peuples d'Étrurie, duSamnium et des anciennes terres de laGrande-Grèce, ne sont que des alliés de Rome, alors qu'ils sont intégrés dans la République depuis plus d'un siècle. De la même façon, les Latins des très nombreusescolonies ne jouissent pas de lacitoyenneté pleine et entière[125].

L'organisation générale de l'Italie n'a pas évolué depuis près de deux siècles, alors que le territoire romain s'étend maintenant sur une grande partie du bassin méditerranéen. Au début duIer siècle av. J.-C., ce blocage entraînera une terrible guerre civile entre les Romains et leurs alliés, connue sous le nom de « guerre sociale »[125].

Les cités italiennes s'organisent sur le modèle des gouvernements des villes deCampanie et duLatium, sans pour autant renoncer à leurs traditions locales. Les cultures se mélangent, mais malgré la progressiveromanisation de toute la péninsule, un certain nombre de particularités culturelles sont préservées[125].

Économie et société

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Économie romaine,Société romaine,Citoyenneté romaine,Province romaine,Esclavage en Rome antique etAgriculture de la Rome antique.

Rome gagne ladeuxième guerre punique au prix de lourdes pertes, humaines et économiques. Cependant, grâce à sa mainmise sur toute une partie du bassin méditerranéen, elle a désormais accès à des territoires florissants. La prise de laGrèce et d'une partie de l'Asie augmente l'afflux de richesses dans toute la République. Après lesguerres puniques, lesguerres macédoniennes et tous les autres conflits — notamment enIllyrie, enGaule cisalpine et enHispanie —, le nombre d'esclaves est démultiplié, et Rome acquiert les biens de ces derniers. De nombreuxtributs sont imposés aux peuples vaincus mais non intégrés au territoire romain, les revenus des mines d'Hispanie et deMacédoine sont aussi récupérés par la République. La plupart des citoyens romains s'enrichissent considérablement, soit en étant dans l'armée et en profitant des pillages et des butins (pour les citoyens modestes), soit en rachetant d'immenses parcelles de terre (pour les citoyens les plus aisés)[126].

L'apport financier consécutif à toutes ces guerres et ces territoires absorbés est tel que lorsquePaul Émile revient entriomphe avec un butin immense provenant deMacédoine[127], les citoyens romains sont exemptés de l'impôt dutributum en, dorénavant payé par lesprovinces romaines[126].

Deuxcenseurs organisent les grands flux monétaires de l'État et toutes les recettes alimentent letrésor public. Tous les cinq ans, les censeurs supervisent la rentrée des impôts en concédant les perceptions d'impôts aux sociétés depublicains, et en engageant les dépenses d'investissement pour les grands travaux. Lesmagistrats ne sont pas payés. Lescolonies et lesmunicipes sont autonomes. En revanche, lesgouverneurs des provinces reçoivent des indemnités, et lesesclaves publics, un petit salaire.

Le développement du goût pour le luxe est si important, que les conservateurs — attachés aumos maiorum, et dont le plus célèbre représentant au début duIIe siècle av. J.-C. estCaton l'Ancien — s'attaquent vivement à tout cet étalage de richesse, jamais vu à Rome. Pendant la guerre, des lois sont votées pour limiter les habitudes de luxe. L'une de ces lois, concernant le luxeféminin, est abrogée contre l'avis de Caton[128], mais de nouvelles sont promulguées pour limiter l'explosion des signes extérieurs de richesse : ce sont leslois somptuaires[126].

Après ladeuxième guerre punique, lorsque les riches commencent à créer des grandes propriétés (Latifundium) dans les provinces conquises, l'esclavage devient le moteur économique de lasociété romaine.Les évaluations faites laissent à penser que les esclaves représentent la moitié, voire le double, des citoyens[réf. nécessaire]. Cette proportion est encore plus importante dans les campagnes. Les esclaves occupent tous les types de fonctions, des plus spécialisées, comme les enseignants grecs, aux plus répétitives et méprisées, comme les fabricants de briques. Leurs conditions de vie et les traitements très durs auxquels ils sont soumis se sont légèrement améliorés après lesguerres serviles. Les petits paysans, souvent ruinés, et donc, obligés d'aller grossir laplèbe urbaine, désertent les campagnes. Les terres prises à l'ennemi parviennent prioritairement aux richespatriciens, alors que de nombreux paysans sont sans terre et qu'il reste des terres sans paysans[129],[130].

Dans les débuts de Rome, les échanges sont basés sur letroc et la circulation d'espèces monétaires grecques. Avant leIIIe siècle av. J.-C., au centre de l'Italie, les pièces sont utilisées au poids, sans effigie. La premièremonnaie romaine, l'as, a en principe une valeur d'unelivre decuivre, quelquefois moins. Les pièces romaines valent donc plus que leur valeur en métal. À partir de ladeuxième guerre punique, Rome développe unsystème monétaire stable, afin de pouvoir aisément financer les dépenses militaires. Après les victoires romaines, l'afflux de métaux précieux pérennise ce système monétaire, fondé sur l'argent et le bronze (denier etsesterce).

Arts et culture gréco-romaine

[modifier |modifier le code]
Groupe du Laocoon (fin de la période hellénistique) : l'art grec a beaucoup influencé la culture romaine sous la République
Jules César, d'après le buste exposé auBritish Museum, inCassell's History of England (1902).

Il est possible que les Romains soient entrés en contact avec la civilisation grecque à travers lescités grecques du sud de l'Italie et deSicile (laGrande-Grèce). Cependant l'empreinte laissée par lesÉtrusques — eux-mêmes influencés par la culture grecque —, ne permet pas de dire précisément d'où vient l'hellénisme des Romains. Quoi qu'il en soit, ces derniers ont emprunté à la Grèce bon nombre de croyances religieuses, de traditions, d'idées politiques, d'éléments architecturaux et de savoirs techniques. L'archéologie a permis de découvrir de la poterie grecque datant duVIIIe siècle av. J.-C.[131].

En devenant maître de l'Italie — surtout des cités de laGrande-Grèce, définitivement après ladeuxième guerre punique — et enasservissant un grand nombre de prisonniers grecs, Rome ne fait que renforcer cet hellénisme. En effet, les riches familles romaines utilisent des esclaves précepteurs pour leurs enfants, leursmédecins sont grecs, et même lesprostituées prennent des noms grecs[132].

Legrec est devenu une langue seconde, largement utilisée dans le commerce, une langue de culture aussi, si bien que des œuvres comme l'Iliade sont devenues romaines aux yeux des Romains.Virgile a écrit certaines de ses œuvres directement en grec. Les Romains les plus riches envoient leurs enfants dans les écoles grecques, qu'elles soient àCos, àAlexandrie ou àAthènes. La prise de laGrèce en ne fait que renforcer le phénomène. Le grec aussi bien que le latin sont devenuslinguæ francæ pour la moitié est de la Méditerranée[133].

L'art grec connaît une véritable renaissance au milieu duIIe siècle av. J.-C., et son influence sur l'art italique est considérable. Les artistes hellénistiques du courant néo-attique remplissent l'Italie de leurs œuvres. La profonde hellénisation de l'art romain est voulue par le pays dominateur[132].

Vie sous la République

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Société romaine.
Latoge, signe distinctif des hommes membres des couches supérieures de la société romaine. Les pauvres, les esclaves et les enfants portaient seulement destuniques.

Les Romains conservent longtemps deshabitudes paysannes menant une vie dure et laborieuse. Au début de la République, les petits propriétaires sont nombreux. Ce sont eux qui fournissent des troupes auxarmées romaines. Par la suite, même après des transformations considérables, l'idéal social, politique et culturel d'une cité composée d'agriculteurs autonomes à la vie frugale a toujours gardé une force importante. La simplicité — largement idéalisée — et les mœurs des ancêtres (mos majorum) sont une constante de la vie politique et culturelle romaine : le rappel de ces éléments constitue un cliché, présent dans de nombreuses sources, et utilisé par de nombreux grands personnages de Rome. Cela ne doit pas masquer cependant les profondes transformations qui touchent lasociété romaine durant les cinq siècles de la République. Malgré une continuité culturelle importante — en particulier, dans les domaines religieux et juridiques, ainsi que dans la mobilisation d'un certain idéal social —, c'est non seulement la vie et l'organisation de la société romaine qui changent, mais aussi la définition même du « Romain ».

Si, au début de la République, les Romains sont lescitoyens en nombre restreint d'une cité aristocratique ordinaire, les conquêtes, l'ouverture culturelle qu'elles entraînent et les changements sociaux qu'elles induisent — surtout après ladeuxième guerre punique —, transforment énormément lasociété romaine. Non seulement, à la fin de la République, la ville de Rome est devenue une métropole immense rassemblant des centaines de milliers d'habitants, mais les Romains reçoivent lesdividendes d'une conquête qui s'est étendue à toute laMéditerranée. Leur société en est transformée : l'esclavage a pris une importance considérable, lavie économique s'est fortement complexifiée, enrichie et intensifiée, les écarts sociaux se sont radicalement accrus et l'équilibre politique de l'aristocratie sénatoriale a volé en éclats, malmené par les ambitions des plus grands généraux.

La fin de la République voit une place toujours plus grande accordée à laculture grecque — bien différente de l'hellénisme archaïque et classique, présent à Rome dès l'époque royale[Quoi ?] (de 753 à 509 av J.C.) —, en même temps qu'une extension considérable de la romanité : lorsque la République cède la place à l'Empire, tous les habitants libres de l'Italie deviennentcitoyens romains, et cette unification juridique s'accompagne d'une unification culturelle. La vie des Romains sous la République est donc marquée, par delà les continuités bien réelles, par une très forte diversité selon les périodes, les régions et les groupes sociaux.

Le Romain vit dans une maison simple, avec peu de meubles, ladomus. Cette simplicité se retrouve dans sa nourriture et dans sa tenue vestimentaire. Même latoge des patriciens n'est, au début de la République, qu'une pièce d'étoffe sans ornement. La famille obéit aupater familias, qui a toute autorité sur safemme et ses enfants. Mais peu à peu, le droit de vie et de mort que lepater familias possédait sur sa famille disparaît. Lamatrone, vêtue d'unestola, s'occupe des affaires domestiques, mais elle reste une mineure perpétuelle sous l'autorité de son époux ou de son fils aîné, tant qu'elle reste au foyer, c'est-à-dire soumise auxlares.

C'est d'abord au sein de la famille que se pratique lareligion. Tous les jours et à tous les repas, les Romains pratiquent des rites religieux devant le foyer, dont les flammes (ignis) sont symboles de leurs révérences envers lespénates qui veillent sur la régularité des approvisionnements, les lares qui protègent la maisonnée et legenius qui assure aupater familias et à la famille, sa vitalité. Les Romains pensent que, dans leur maison, de nombreuses divinités les assistent, de la naissance à la mort. Lesmorts sont incinérés et leurs cendres sont conservées dans une urne — enterrée à même la terre ou placée dans unmonument funéraire pour les plus riches. À leur anniversaire, les défunts reçoivent des fleurs, de la nourriture, des boissons. L'obligation de rendre un culte aux défunts rend nécessaire le fait d'avoir des enfants ou d'enadopter. En effet, les Romains croient que les morts négligés reviennent sur terre tracasser les vivants.

Religion sous la République

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Religion de la Rome antique etMythologie romaine.
Jupiter, roi des dieux dans la mythologie romaine.

La religion romaine antique est avant tout unpolythéisme ritualiste. Elle ne possède, ni uncorpus dedoctrine ni unerévélation spécifique, mais s'organise principalement autour de lapratique. Ce sont les diversrituels, comme lesacrifice, qui instituent l'ordre du monde et les catégories pour le penser : dans la religion romaine, comme le souligneJohn Scheid,« faire c'est dire »[134]. Lesrites sont donc transmis de la manière la plus scrupuleuse possible et la religion romaine est profondémenttraditionaliste. L'absence d'une doctrine unifiée, ainsi que la séparation entre les convictions personnelles et l'exécution littérale du rituel, autorisent cependant des ouvertures et des transformations — en particulier l'accueil de nouvelles divinités, lesyncrétisme avec d'autresmythologies, et le développement de spéculationsmétaphysiques etphilosophiques.

Les Romains sont trèspieux etsuperstitieux.[réf. nécessaire] Ils honorent un très grand nombre dedivinités. En dehors des divinités domestiques, ils vénèrent plusieurs grands dieux assimilés au panthéon de lamythologie grecque.Jupiter, équivalent latin deZeus, est le roi des dieux. Il est le maître de lafoudre, de la lumière et desserments. Il est associé àMinerve et àJunon, et avec ces dernières, forme latriade capitoline qui protège la cité. Desabstractions sont divinisées, tellesFortuna,Virtus ouFides. AinsiAbéona etAdéona apprennent aux petits enfants à aller et à venir,Iterducca etDoniducca, à s'éloigner de la maison et à en revenir.

Pour des raisons politiques ou pratiques, les Romains n'hésitent pas à adopter les dieux des autres cités ou des autres peuples.Asclépios est « adopté » pour lutter contre lesfièvres des marais. L'exemple le plus célèbre est probablement celui deJunon, la déesse tutélaire de la cité voisine deVeies. Lors de la conquête de cette ville, les Romains prétendent utiliser l’evocatio, pour inviter Junon à quitter son domicile et à venir à Rome, où elle est accueillie avec honneur. Après leur victoire, les Romains lui dressent un temple sur lePalatin. Certains dieux semblent proprementlatins, commeJanus, le dieu à deux visages, divinité des portes et des carrefours, ouFlora, qui préside à tout ce qui fleurit. Dans l'organisation de leur calendrier, les Romains sont attentifs à intégrer tout leur panthéon, de peur qu'un dieu oublié ne leur nuise.

La religion romaine comprend plusieurs collèges deprêtres spécialisés :

  • le collège despontifes — présidé par le grand pontife (pontifex maximus) — dont les membres jouent un rôle très important dans l'organisation des rituels ;
  • le collège desflamines, composé de trois prêtres majeurs et douze prêtres mineurs, chacun d'eux étant chargé du culte d'un seul dieu ;
  • le collège desvestales, composé de six prêtresses vouées à lachasteté, qui doivent veiller à ce que le feu de la cité ne s'éteigne jamais ;
  • le collège desaugures, composé de prêtres spécialisés dans l'interprétation des signes envoyés parJupiter, dieu maître des « signes » ;
  • le collège desfétiaux ou féciaux, composé de prêtres principalement chargés, dans les relations entre Rome et les autres peuples, de la préservation de lapax deorum ;
  • le collège desfrères Arvales, composé de douze prêtres spécialisés dans la célébration du culte deDea Dia, équivalente de la déesseCérès ;
  • le collège desluperques, constitué des fils des cinq plus anciennesfamilles aristocratiques, descendantes desfondateurs de Rome ;
  • la confrérie desSaliens, voués au culte deMars.

Crises de la République (finIIe et Ier sièclesav. J.-C.)

[modifier |modifier le code]

La société romaine de l'époque tardorépublicaine doit faire face à plusieurs crises.

Guerres civiles

[modifier |modifier le code]

Question agraire et Gracques

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Question agraire à Rome etGracques.

La question agraire a deux origines : d'une part la fin du soldat paysan romain qui va à la guerre pour défendre sa terre, d'autre part l'appropriation, par lanobilitas, de l'ager publicus — territoire qui appartient au peuple romain, et non à des particuliers.

Concernant la première origine, la guerre profite essentiellement aux riches. Les rangs des petits propriétaires se sont éclaircis, surtout pendant ladeuxième guerre punique. Il y a donc moins d'agriculteurs. Les campagnes se couvrent de vastespâturages. Le blé importé deSicile concurrence celui des petits producteurs latins qui, ruinés, vendent leurs terres à bas prix aux grands propriétaires et s'en vont à Rome rejoindre laplèbe urbaine. Les grandes familles se constituent ainsi d'immenses domaines, leslatifundia, où sont installés des paysans non propriétaires — lescolons — et de nombreuxesclaves.

Pour ce qui est de l'ager publicus, son appropriation par lanobilitas se fait après lesguerres puniques. L'État romain s'est endetté auprès des riches familles et, faute de moyens, rembourse donc son prêt en accordant la jouissance de l'ager publicus à ces grandes familles, pour un certain temps. Cependant, à l'expiration du délai, ces terres ne seront jamais rendues.

Ces familles forment lanobilitas — la noblesse, qui accapare lesmagistratures et siège auSénat. À côté de cette noblesse foncière, apparaît une nouvelle classe d'hommes d'affaires qui s'enrichissent dans le commerce, la banque et le crédit. Leur richesse leur permet de tenir une place importante dans l'ordre deschevaliers. La noblesse et les chevaliers s'entendent pour exploiter l'empire naissant : hommes d'affaires etmagistrats issus de la noblesse s'enrichissent en pillant lesprovinces, souvent de manière systématique[135].

En ville par contre, lechômage s'accroit, la main-d’œuvre salariée est concurrencée par la masse desesclaves produite par les conquêtes. Rome devient uneville bigarrée rassemblant, à côté descitoyens romains, desItaliques, desGrecs et desaffranchis de tous horizons. Cette foule entretient une agitation constante dans la cité. À partir de, les tensions se multiplient entre les riches et les pauvres, d'autant plus que le luxe le plus tapageur a fait son apparition à Rome. Pourtant, une tentative de réforme se dessine avec lesGracques.Tiberius Gracchus est issu d'une grande famille noble. Il pense qu'uneréforme agraire est nécessaire pour résoudre le problème de laplèbe. Il devienttribun de la plèbe et dépose une loi nomméeLex Sempronia, limitant l'occupation du domaine public à 500jugères (environ 125hectares) par personne avec un bonus de 250 jugères (environ 63 hectares) par enfant. Cependant, la superficie totale des possessions foncières ne devait pas dépasser les 1 000 jugères (environ 250 hectares). Les occupations illégales des terres par la noblesse sont déclarées nulles. Une commission composée exclusivement de membres de la famille des Gracques est chargée de répartir les terres entre les citoyens les plus pauvres. Mécontente, la noblesse provoque des émeutes. Le sénat est partagé au sujet de cette loi. Si une partie des sénateurs approuve cette réforme, cette dernière est cependant bien mal accueillie par la faction conservatrice du sénat, qui considère cette loi comme un frein à sa puissance. Tiberius prévoit aussi la création d'untriumvirat agraire à présidence tournante, qui surveillerait les opérations de récupération. Tiberius est tué sur le Capitole, et 300 de ses partisans meurent avec lui. C'est une des premières fois, dans l’histoire de Rome, qu'ont lieu de tels mouvements de violence, au sein même de la ville.

Dix ans plus tard, son frèreCaius Gracchus reprend le flambeau. Élu tribun en et, il retire auSénat le pourvoir de désigner lesgouverneurs desprovinces et accorde auxchevaliers l'exploitation des impôts enAsie. Il décide de fonder descolonies avec des lots de terre pour les citoyens pauvres et fait distribuer du blé à bas prix pour eux. Lui aussi périt assassiné en : toutes ses réformes sont abandonnées et seuls les chevaliers conservent leurs avantages[136].

Armées de citoyens et de prolétaires au service d'un général

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Réforme marianique,Guerre de Jugurtha,Guerre des Cimbres,Guerre de Mithridate etGuerre des Gaules.

DesGermains envahissent laGaule et écrasent à plusieurs reprises lesarmées romaines. En, le consulMarius admet dans les rangs de l'armée lesprolétaires, c'est-à-dire les citoyens non propriétaires, qui, jusque-là, n'avaient pas accès auxlégions. Une armée de pauvres et de non-citoyens succède ainsi aux armées de citoyens propriétaires terriens, mais c'est unearmée de métier, dévouée à son chef et prête à lui ouvrir la route du pouvoir, pour peu que celui-ci lui promette de se montrer généreux. Cette nouvelle armée permet à Rome et àMarius de triompher face à deux menaces[137].

La première se situe en Afrique, oùJugurtha tient en échec les chefs militaires envoyés sur place par Rome. La seconde concerne le sud de laGaule — devenu uneprovince romaine en, sous le nom detransalpine —, ravagé, au nord des Alpes, par lesCimbres venus duJutland et par lesTeutons originaires du nord de laGermanie. Marius, nomméproconsul, réussit à vaincre Jugurtha, puis, réélu extra-légalementconsul, défait lesTeutons, puis lesCimbres, enCisalpine, devenant ainsi le « sauveur de Rome ». Des lois agraires récompensent ses vétérans en leur donnant des lots de terre à cultiver. Pour rester au pouvoir, Marius s'associe à des chefs du parti populaire[137].

Entre etav. J.-C., les Romains mènentplusieurs guerres contreMithridate VI Eupator, roi duPont, sous les commandements deSylla, puis deLicinius Murena etLicinius Lucullus. Les campagnes contre Mithridate VI entraînent l'intervention romaine auProche-Orient, et aboutisent, en et, à la conquête de laSyrie et du royaume desMacchabées, par le consulPompée[138].

Enfin laconquête de la Gaule parJules César entre et montre que la victoire est devenue un instrument de pouvoir pour les généraux vainqueurs[139].

Guerre sociale

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Guerre sociale (Rome).
Buste deMarius ( -).

Après lesGracques, vient le temps des ambitieux qui luttent pour le pouvoir. Grâce à ses victoires enAfrique et enGaule,Marius domine la vie politique, associant les chefs du parti populaire à son pouvoir. Mais des troubles éclatent en et Marius utilise ses troupes contre ses anciens alliésSaturninus etGlaucia. Il doit cependant quitter le pouvoir[140].

En commence laguerre sociale, qui durera jusqu'en 88 av. J.-C. et qui oppose leSénat aux « alliés » italiens (en latin, lessocii)[141], c'est-à-dire les tribus autonomes et lescités-États de lapéninsule italienne — lesquelles, jusque là, étaient partenaires de l'alliance militaire permanente réalisée avec la République romaine. La guerre sociale éclate en octobre, à la suite de l'assassinat dutribun de la plèbeLivius Drusus, alors que celui-ci tentait de faire obtenir lacitoyenneté romaine aux Italiens alliés de Rome. En effet, ceux-ci, bien que faisant partie de la République depuis longtemps et bien que fournissant des contingents militaires importants à l'armée romaine, n'ont pour la plupart jamais acquis le statut de citoyens et sont toujours considérés comme des sujets[142].

Laconfédération italique proclame son indépendance et fait subir à Rome des revers militaires importants. Alarmé, le Sénat décide, pour endiguer la révolte, de concéder ledroit de cité à tous les Italiens au sud du. La confédération italique est ainsi brisée etSylla parvient finalement à écraser l'insurrection. Les dernières villes rebelles tombent et sont détruites, les chefs sont tués. Romains et Italiques ont subi de très nombreuses pertes dans ce conflit, cependant les alliés de Rome obtiennent satisfaction, et l'Italie est unifiée par le sénat sous un seul régime juridique. Rome a vaincu l'ensemble de ses alliés en deux temps, tout d'abord en s'appuyant sur ceux qui n'étaient pas encore révoltés, puis en s'appuyant sur les premiers révoltés revenus sous son autorité, pour vaincre les seconds. Par ailleurs, au recensement de, la population civique de Rome passe à 900 000 citoyens, c'est-à-dire plus du double que 50 ans auparavant[142].

Guerres civiles entre Marius et Sylla

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Première guerre civile entre Marius et Sylla etSeconde guerre civile entre Marius et Sylla.
Sylla ( -)

Sur la scène politique romaine,Sylla acquiert un prestige considérable, par ses victoires et par son habileté dans le commandement de ses soldats. À l'inverse, la popularité deMarius diminue : originaire duLatium et certainement plus compréhensif vis-à-vis de laConfédération italique, il a plus cherché la réconciliation entre ses troupes et celles des révoltés, que l'affrontement brutal. C'est donc désormais Sylla qui est l'« homme providentiel » à Rome[143].

Cependant, à Rome, les émeutes se succèdent à chaque élection. Lesinstitutions républicaines ont du mal à fonctionner normalement. Leschevaliers et lanobilitas s'affrontent pour l'exploitation desprovinces[143].

En, Sylla est éluconsul. Il prépare une campagne militaire contreMithridate VI, roi duPont, quand unplébiscite lui retire son commandement au profit deMarius. Sylla marche alors sur Rome avec ses troupes, prend le pouvoir par la force et fait proscrire ses principaux adversaires. Il part ensuite faire la guerre. Marius en profite pour revenir au pouvoir par la force. Il annule toutes les mesures prises par Sylla, mais meurt assez vite. Ses partisans gardent le pouvoir et affrontent Sylla revenu victorieux d'Orient en Grâce à sa victoire àSacriport, celui-ci s'ouvre les portes de Rome. Il se montre alors impitoyable : il ordonne le massacre des prisonniers, pourchasse ses opposants et fait publier dans les rues de la ville la liste de tous les proscrits[144].

Sylla opère ensuite des réformes politiques. Il double le nombre desénateurs en y ajoutant 300 chevaliers. Il ouvre le Sénat aux anciensquesteurs. Il interdit auxconsuls d'avoir des armées en Italie, au sud duRubicon. Il impose que lesprovinces soient administrées par desproconsuls ou despropréteurs, c’est-à-dire des anciens consuls et des ancienspréteurs. Il réorganise la justice en publiant les lois cornéliennes qui précisent les délits et les crimes. Les Romains voient en Sylla le héros providentiel doté par les dieux d'une chance quasi surnaturelle. Cependant, alors que son pouvoir semble fait pour durer, il se retire sans explication de la vie politique en, et meurt l'année suivante[145].

Premier triumvirat et ascension de César

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Premier triumvirat,Guerre des Gaules,Guerre civile de César etJules César.
Pompée (). Tête en marbre aujourd'hui exposée à laglyptothèque Ny Carlsberg.

Rapidement, de nouvelles révoltes entrainent de nouvelles expéditions militaires, favorisant ainsi l'émergence de nouveaux généraux vainqueurs qui se disputent le pouvoir.

En, enHispanie, un ancien partisan deMarius,Sertorius, organise un gouvernement indépendant. À partir de, Rome doit faire face à unerévolte d'esclaves dirigée par legladiateur thraceSpartacus. Des armées consulaires sont écrasées plusieurs fois par les rebelles.Mithridate VI reprend la guerre contre Rome. Enfin, lespirates gênent les relations commerciales entre lesprovinces et la capitale[146].

Pour faire face à toutes ces difficultés, leSénat nommePompée à la tête d'une armée qui bat Sertorius. Pendant ce temps,Crassus réussit à mettre fin à la révolte de Spartacus, en bloquant lesesclaves rebelles sur la presqu'île deRhegium. Ces derniers sont durement châtiés : ils sontcrucifiés le long de lavoie Appienne reliant Rome àCapoue. Forts de leurs succès, Pompée et Crassus briguent leconsulat, qu'ils obtiennent conjointement en Muni des pleins pouvoirs, Pompée réduit le nombre de pirates et rétablit la sécurité de la navigation enMéditerranée. Il part ensuite en Orient lutter contreMithridate VI. Il y multiplie les victoires jusqu’à la mort de ce dernier. Puis, il fait la conquête duProche-Orient en et Rome est alors secouée par laconjuration de Catilina, dénoncée, combattue et condamnée parCicéron : c'est le moment où Pompée rentre à Rome, tout auréolé de gloire et pourvu d'un riche butin. Il s'allie à Crassus et àJules César, alors en pleine ascension politique. Les trois hommes se partagent le pouvoir et forment lepremier triumvirat[147].

César (vers).

Lorsqu'enav. J.-C., Jules César obtient le consulat, il est prévu que Pompée et Crassus lui succèdent comme consuls enav. J.-C. À la fin de samagistrature, César est nommégouverneur de laGaule cisalpine, de laGaule transalpine et de l'Illyrie. Il obtient aussi le commandement de troislégions, puis de quatre, lorsqu'il reçoit le gouvernement de la Gaule transalpine[148].

Carte de la guerre des Gaules.

De à, César fait laconquête de la Gaule indépendante, accumulant ainsi prestige et richesse. Après la défaite deVercingétorix àAlésia, il pacifie laGaule en usant tour à tour de répression et de clémence. Il octroie lacitoyenneté romaine aux chefs de tribus prêts à le servir et emploie les Gaulois ralliés commetroupes auxiliaires. Il peut alors se consacrer à son ambition majeure : la conquête du pouvoir suprême. Pour cela, il sait qu'il peut compter sur la loyauté de ses légions et sur divers soutiens politiques à Rome[149].

Pendant ce temps, Crassus trouve la mort au cours de labataille de Carrhes contre lesParthes, en Pompée profite alors de l'absence de Jules César pour se faire nommerconsul unique par leSénat en et mettre fin à l'incessante agitation politique qui secoue la cité. Fin, débutav. J.-C., la noblesse romaine confie à Pompée la mission de protéger l'Italie. Il dispose pour cela de légions et de l'appui du Sénat. César, qui a le soutien de laplèbe, déclenche alors uneguerre civile en franchissant leRubicon avec son armée, en Tandis qu'il marche sur Rome, Pompée s'enfuit. Fort de ses troupes aguerries par neuf ans de combat en Gaule, César fait la conquête de l'Italie, puis bat une armée de son adversaire enHispanie. Il rejoint Pompée àPharsale, au nord de laGrèce, oùil le bat en, avec deux fois moins de soldats. Pompée s'enfuit alors enÉgypte, mais il est assassiné par le jeune souverainlagide, soucieux de s'attirer les bonnes grâces du nouvel homme fort de Rome. Les derniers partisans de Pompée sont battus enAfrique en

Seul maitre de Rome après quatre ans de guerre[150], César organise unemonarchie qui ne dit pas son nom : il est nommé par leSénatdictateur pour dix ans, puis dictateur à vie en ; il est « élu »consul tous les ans ; il est aussicenseur et porte le titre d'imperator (chef suprême des armées) ; il jouit également de l'inviolabilité tribunicienne. Il réorganise le Sénat en l'ouvrant à des familles de notables provinciaux, notamment gaulois. Il pratique une politique favorable aux pauvres : remises de dette, lots de terre attribués aux vétérans et grands travaux pour embellir Rome. Il meurt assassiné auxides de Mars, en, à la suite d'un complot dirigé parBrutus etCassius[151].

Second triumvirat et prise du pouvoir par Auguste

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Second triumvirat,Guerre civile des Libérateurs etAuguste.
Marc Antoine ()

À la mort deJules César, son petit-neveu et fils adoptifOctave, son lieutenantMarc Antoine et le proconsul de laGaule transalpineLépide s'entendent pour se partager le pouvoir et forment lesecond triumvirat. Leur premier objectif est devenger la mort de leur mentor.Cassius etBrutus sont tués en, lors de labataille de Philippes enMacédoine. Puis les trois hommes se partagent le monde romain : aupontifex maximus Lépide l'Afrique, à Octave l'Occident et à Marc Antoine l'Orient. Ce dernier se rend enÉgypte où il épouse la reineCléopâtre, ancienne maîtresse de César. Pendant ce temps à Rome, Octave s'assure de l'appui duSénat romain[152].

Après la destitution de Lépide en tant que triumvir parOctave, les deux hommes se retrouvent face à face. Le conflit est inévitable. En, Octave prend soin de faire prêter un serment de fidélité à tous lescitoyens romains d'Italie, ainsi qu'aux États vassaux. Il se fait élireconsul et déclare la guerre à l'Égypte de Cléopâtre. Marc Antoine, allié à Cléopâtre, estbattu à Actium en Octave poursuit alors méthodiquement la conquête de l'Orient, jusqu'en aoûtav. J.-C., lorsque Marc Antoine et Cléopâtre se suicident. Octave reste désormais le seul maître de Rome où l'opinion publique, lasse des désordres et desguerres civiles, réclame un régime stable, fût-il autoritaire[152]. De retour dans la cité, Octave inaugure une ère nouvelle qui ne se termine qu'avec lachute de Rome auVe siècle.

Fin de la République

[modifier |modifier le code]

Économie et société

[modifier |modifier le code]
Articles détaillés :Économie romaine,Société romaine,Esclavage en Rome antique etAgriculture de la Rome antique.
Octave, futur Auguste, (apr. J.-C.)

La fin de la République est marquée par les nombreusesguerres civiles etextérieures qui ont des incidences considérables sur l'économie et lasociété romaine. Lesinstitutions politiques républicaines sont petit à petit vidées de leur contenu au profit des généraux à la tête d'armées de vétérans qui leur sont dévouées[153].

L'exploitation de la terre reste primordiale, et c'est le triomphe deslatifundia, composés d'un nombre incalculable d'esclaves, dont le nombre augmente énormément à la suite des guerres[154], notamment après laguerre des Gaules, oùJules César a réduit au plus 1 000 000 de personnes en esclavage[155].

Le commerce prend réellement de l'ampleur auIer siècle av. J.-C., alors que Rome domine quasiment tout lebassin méditerranéen et après quePompée a terminé sa grande campagne contre les pirates, qu'il éradique. De l'Hispanie à laSyrie, les navires sont romains et peuvent naviguer en toute tranquillité : le commerce s'accroît rapidement[156].

La vie dans la République romaine tourne essentiellement autour de la ville de Rome et de sessept collines, déjà célèbres à l'époque. Partout sur le territoire romain, l'architecture résidentielle présente un grande variété de formes, depuis les maisons très modestes jusqu'auxvillas de campagne et, dans la capitale, depuis les résidences somptueuses dumont Palatin jusqu'auxinsulae des quartiers pauvres, dans lesquels vit la majorité de la population. Sur le modèle de la ville de Rome elle-même, la plupart des villes romaines ont unforum et destemples ; desaqueducs sont construits pour apporter l'eau aux centres urbains ; le vin et l'huile sont importés. Les propriétaires résident généralement dans les villes et leurs domaines fermiers sont laissés au soin d'intendants. Pour stimuler une plus haute productivité de la main-d'œuvre, beaucoup de propriétaireslibèrent un grand nombre d'esclaves[157].

Rome aussi se retrouve transformée.Sylla fait restaurer les principaux temples de la ville et ordonne la reconstruction dutemple de Jupiter Capitolin, ainsi que l'édification duTabularium.Pompée fait construire auChamp de Mars un complexe gigantesque, lecomplexe pompéien, inauguré en Celui-ci comprend le célèbrethéâtre de Pompée, dominé par le temple deVénus Victrix, et laCurie. De son côté, Jules César n'est pas en reste : il fait restaurer labasilique Aemilia et encadre leForum Romanum d'une deuxième basilique, labasilique Julia. Puis, il projette la construction du premier desforums dits « impériaux », remplaçant le vieuxForum Romanum, et fait reconstruire laCurie, qui prend son nom : laCurie Julia. Par ailleurs, la population de la cité explose, avec au moins 700 000 à 1 000 000 d'habitants au milieu duIer siècle av. J.-C. : cette brutale augmentation rend les quartiers populaires insalubres, et la ville, désordonnée et malsaine — ce qui entraîne quelques mesures, comme une loi de César interdisant la circulation des véhicules de jour[158].

Vers le milieu duIIe siècle av. J.-C., laculture grecque est de plus en plus dominante. À la fin de la République, nombre d'enseignants des jeunes aristocrates romains sont des esclaves grecs. Les sculptures grecques ornent les jardins du Palatin ou des maisons de campagne et lacuisine romaine est essentiellement inspirée de la cuisine grecque. Les auteurs romains dédaignent lelatin pour un stylegrec cultivé[159].

Littérature romaine

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Littérature latine.

La classe dirigeante romaine est de plus en plus imprégnée par l'hellénisme, tout aristocrate ayant parfait ses études enGrèce, auprès des philosophes et des artistes[160].

Le dernier siècle de la République voit la production littéraire exploser, avec de nombreuses œuvres, souvent de la part de personnalités impliquées dans la vie politique. On peut parler du grand écrivain et philosophe latinCicéron, ou encore deJules César, les deux plus grands auteurs de leur siècle. On note aussi des auteurs commeVarron,Lucrèce,Salluste,Cornélius Népos,Catulle,Atticus,Virgile,Horace et bien d'autres, qui font que tous les genres littéraires sont représentés en ce dernier siècle de la République[161].

Institutions politiques vacillantes

[modifier |modifier le code]
Cesare Maccari,Cicéron dénonceCatilina (),XIXe siècle, Villa Madama,Rome
Article détaillé :Institutions de la République romaine.

LesIIIe et IIe sièclesav. J.-C. ont connu d’importants succès militaires, de grandes crises économiques tandis que dans un grand élan de patriotisme, les plébéiens ne réclament plus de nouvelles réformes. La situation militaire étant désormais stabilisée, de moins en moins de soldats sont requis. Ceci, en conjonction avec l’arrivée de nouveaux esclaves importés des nouvelles provinces, augmente encore le chômage. L’afflux de citoyens sans emploi à Rome grossit encore les rangs des assemblées, rendant l’élément démocratique constamment plus agressif.

Lestribunats desGracques constituent les premiers coups donnés aux institutions romaines, brisant l'équilibre politique qui existe depuis des décennies. Chaque année, leSénat achète des tribuns pour contrôler leur collège : c'est ainsi qu'en, Octavius, le tribun à la solde du Sénat, met sonveto aux réformes deTiberius. Ce dernier utilise alors leconcile plébéien pour mettre Octavius en accusation et le destituer. Or le fait qu’un représentant du peuple puisse être renvoyé de ses fonctions quand il agit à l’encontre de la volonté du peuple est en contradiction avec l’esprit des institutions romaines. En effet, en continuant d'appliquer cette logique, les hommes au pouvoir pourraient supprimer toutes les contraintes institutionnelles qui limitent la volonté du peuple, et se retrouver alors avec un État dirigé temporairement par une majorité populaire détenant le pouvoir absolu. Une fois Tiberius éliminé, le Sénat est aux prises avec son frère,Caius, qui souhaite affaiblir la haute assemblée et renforcer ladémocratie. Caius propose aussi une loi qui donnerait aux cités italiennes alliées les mêmes droits que les citoyens romains, mais il n'est pas soutenu — les citoyens romains préférant conserver leurs droits — et est assassiné à son tour. Malgré l'élimination des Gracques, la réaction violente du Sénat face au « danger démocratique » a contribué à son propre affaiblissement et à la rupture de l’équilibre institutionnel (entre le peuple et le pouvoir) qui a assuré la stabilité du système pendant quatre siècles[162].

Lors du conflit entreSylla etMarius, lespopulares font souvent des entorses à la loi en transgressant les principes de la démocratie, présentant des individus inéligibles à diverses magistratures et substituant des édits des magistrats à la législation. Sylla reprend la ville par la violence et fait massacrer les derniers soutiens politiques de Marius. En, Sylla se nomme lui-mêmedictateur et utilise son nouveau statut pour passer toute une série de réformes constitutionnelles. Pour réduire la menace que représente la démocratie pour la stabilité constitutionnelle, Sylla cherche à renforcer l’aristocratie et donc leSénat. Ces réformes ont pour conséquences d’affaiblir la démocratie et retirent aux tribuns le pouvoir de légiférer. Il affaiblit aussi les magistratures en augmentant le nombre de magistrats élus pour une année donnée. Par la suite, Sylla augmente le pouvoir des sénateurs en transférant le contrôle des tribunaux deschevaliers (qui détiennent ce contrôle depuis les réformes desGracques) vers les sénateurs. En, Sylla abdique de la dictature et se retire, avant de mourir enav. J.-C. Bien qu’il pensait avoir fermement établi la domination de l’aristocratie, sa carrière illustre un point faible primordial dans le gouvernement de Rome : c’est l’armée, et non le Sénat, qui dicte son destin à l'État[163],[164].

Peu de temps après, lespopulares s'attaquent aux réformes constitutionnelles de Sylla.Pompée etCrassus démantèlent les parties les plus polémiques de ces réformes. En, Pompée revient victorieux d’Asie, mais se heurte au Sénat qui refuse de ratifier les changements effectués aux réformes de Sylla.César et Pompée, accompagnés de Crassus, forment une alliance connue comme lepremier triumvirat. À la suite de cette alliance, les changements de Pompée sont appliqués, Crassus est promis à un futur consulat et César brigue leconsulat de avec le poste de gouverneur des Gaules immédiatement après. César devient consul enav. J.-C. avecCalpurnius Bibulus comme collègue. Il soumet la loi agraire que Pompée avait promise aux assemblées, mais son collègue Bibulus, un aristocrate conservateur, tente d’empêcher la procédure. Pour assurer la ratification de la loi, au moment du vote, César fait jeter Bibulus à bas de la tribune lorsqu'il tente de prendre la parole. Bibulus passe le reste de l’année enfermé dans sa maison, arguant de son droit à consulter les auspices pour rendre toute procédure invalide. César, qui n'en tient pas compte, ne se heurte plus à aucune opposition et domine l'État jusqu’à la fin de son consulat[165].

Transition de la République à l'Empire

[modifier |modifier le code]
À l'aube de la mort deJules César

La période qui commence avecJules César franchissant leRubicon en, et qui se termine quandOctavien revient à Rome après labataille d'Actium en, voit l’évolution constitutionnelle accélérer et atteindre son apogée.

Amorcée durant l’été de, une vague de corruption politique et de violence balaie Rome. Le1er janvier deav. J.-C., le Sénat adopte une résolution stipulant que si César ne rend pas les armes avant juillet de cette même année, il sera considéré comme un ennemi de la République. Le 7 janvier, le Sénat use dusenatus consultum ultimum et investitPompée des pouvoirs dictatoriaux. En guise de réponse, César franchit le Rubicon avec son armée de vétérans et marche sur Rome. Son avance rapide force Pompée, les consuls et le Sénat à abandonner Rome pour la Grèce, ce qui laisse la voie libre à César pour prendre possession de la ville[166].

Auguste de Prima Porta, statue de l'empereurAuguste auBraccio Nuovo,Vatican,Rome.

Après avoir vaincu Pompée et ses soutiens, César veut s’assurer que son contrôle sur le gouvernement est incontesté. Les pouvoirs qu’il s’est attribués lui-même seront finalement utilisés par ses successeurs impériaux. Il assure ses pouvoirs en augmentant sa propre autorité et en abaissant celle des autres institutions politiques de Rome. César détient à la fois ladictature et letribunat, mais alterne entre leconsulat et leproconsulat. En, il se voit attribuer lespouvoirs tribuniciens de façon permanente, ce qui rend sa personne sacrosainte, lui permet de s’opposer au Sénat par sonveto et l’autorise à dominer leconcile plébéien. De ce fait, il peut ratifier n’importe quelle loi, sans aucune opposition. En, il obtient les pouvoirs censoriaux, qu’il utilise pour installer ses propres partisans au Sénat. Il porte ensuite le nombre des membres du Sénat à 900, ce qui réduit le prestige de l’aristocratie sénatoriale et assure sa soumission. Bien que les assemblées continuent de se réunir, César choisit tous les candidats aux élections et toutes les actions à appliquer. Par conséquent, les assemblées deviennent impuissantes et sont incapables de s’opposer à lui. Vers la fin de sa vie, alors qu'il prépare une guerre contre lesParthes et que son absence lui rendra la tâche plus difficile pour installer ses propresconsuls, César promulgue une loi l’autorisant à nommer tous les magistrats en, ainsi que tous les consuls et tribuns enav. J.-C. C'est ainsi que les magistrats, qui jusque-là étaient des représentants du peuple, deviennent des représentants du dictateur[167].

Une foisJules César assassiné, en,Marc Antoine forme une alliance avec le fils adoptif et petit-neveu de César,Octavien, ainsi qu'avecLépide, alliance connue sous le nom deSecond triumvirat. Les trois hommes détiennent des pouvoirs à peu près identiques à ceux de César, de sorte que le Sénat et les assemblées restent impuissants, même après la mort de César. En effet, il n’existe aucune différence constitutionnelle entre un individu détenant le titre de dictateur et celui de triumvir. Bien que les conspirateurs ayant assassiné César aient été défaits à labataille de Philippes en, la paix qui en résulte est seulement temporaire. Marc Antoine et Octavien se livrent une dernière bataille. Marc Antoine est défait lors de labataille navale d'Actium en, et se suicide enav. J.-C.[152].

En, Rome a fini sa transformation de cité-État avec son réseau de dépendances en une capitale d’un empire mondial (pour l'époque). Octavien arrive à Rome comme maître incontesté de l’État, où il fait vraisemblablement passer une série de réformes constitutionnelles mettant fin à l’ancienne République. Le règne d’Octavien, connu sous le nom d’Auguste, le premierempereur romain, marque la rupture définitive entre la République romaine et l’Empire romain.

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 40.
  2. Tite-Live,Histoire romaine,I, 44.
  3. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,IV, 64 /(en).
  4. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 41.
  5. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 42-43.
  6. a etbMauro Cristofani,La Grande Roma dei Tarquini(it),Rome,1990,p. 23-24.
  7. Tite-Live,Histoire romaine,I, 56-59.
  8. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,IV, 64-85 /(en).
  9. a etbHolland 2005,p. 1-2.
  10. Tite-Live,Histoire romaine,II, 1-7.
  11. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,V, 1-18 /(en).
  12. Tite-Live,Histoire romaine,II, 8-15.
  13. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,V, 21-36 /(en).
  14. ChristopherSmith,Consuls andres publica: holding high office in the Roman republic, Cambridge, Cambridge University Press,(ISBN 978-1-107-00154-1), « The magistrates of the early Roman republic »,p. 19 :

    « Cornell 1995 remains the most persuasive and careful account, but see also Forsythe 2005... »

  15. a etbJacques Heurgon,Rome et la Méditerranée occidentale jusqu’aux guerres puniques,Paris,1993, p. 263.
  16. Tite-Live,Histoire romaine,II, 14.
  17. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,V, 36 /(en).
  18. a etbEncyclopædia Britannica 2008,Ancient Rome.
  19. Tite-Live,Histoire romaine,II, 18-21.
  20. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,VI, 2-21 /(en).
  21. Tite-Live,Histoire romaine,II, 33.
  22. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,VI, 95 /(en).
  23. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,VIII, 64-68 /(en).
  24. Tite-Live,Histoire romaine,II àVI.
  25. Tite-Live,Histoire romaine,I, 15.
  26. Tite-Live,Histoire romaine,I, 27.
  27. Tite-Live,Histoire romaine,I, 42.
  28. Plutarque,Vies parallèles,Publicola, 13.
  29. J. Carcopino,Virgile et les origines d'Ostie,2e éd.,Paris,1968, pp.416-420.
  30. A. Giovannini,Le sel et la fortune de Rome, dansAthenaeum 1985, pp.373-286.
  31. Tite-Live,Histoire romaine,II, 48.
  32. Tite-Live,Histoire romaine,IV, 22.
  33. Tite-Live,Histoire romaine,IV, 34.
  34. Tite-Live,Histoire romaine,IV, 60-61.
  35. Tite-Live,Histoire romaine,V, 1-19.
  36. Tite-Live,Histoire romaine,V, 20-21.
  37. Tite-Live,Histoire romaine,V, 2.
  38. Tite-Live,Histoire romaine,V, 16.
  39. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 47-49.
  40. Tite-Live,Histoire romaine,V, 38-41.
  41. Tite-Live,Histoire romaine,V, 42.
  42. Tite-Live,Histoire romaine,V, 47.
  43. a etbTite-Live,Histoire romaine,V, 48.
  44. Tite-Live,Histoire romaine,V, 49.
  45. Diodore de Sicile,Bibliothèque historiqueXIX, 117.
  46. Strabon,Géographie,V, 2.
  47. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 64-65.
  48. Frank Frost Abbott 1901,p. 2-12
  49. Frank Frost Abbott 1901,p. 1-6
  50. Frank Frost Abbott 1901,p. 7-8
  51. Frank Frost Abbott 1901,p. 8
  52. Tite-Live,Histoire romaine,II, 23-31.
  53. Tite-Live,Histoire romaine,II, 32-33.
  54. Tite-Live,Histoire romaine,II, 55-58.
  55. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,IX, 37-49 /(en).
  56. Frank Frost Abbott 1901,p. 29
  57. Tite-Live,Histoire romaine,III, 9-31.
  58. Tite-Live,Histoire romaine,III, 32-55.
  59. Denys d'Halicarnasse,Antiquités romaines,X, 56-60 /(en).
  60. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique,XII, 9-10.
  61. Olga Tellegen-Couperus,A Short History of Roman Law, pp.19–20.
  62. Tite-Live,Histoire romaine,III, 55.
  63. Tite-Live,Histoire romaine,IV, 1-7.
  64. Tite-Live,Histoire romaine,IV, 54.
  65. Tite-Live,Histoire romaine,VI, 35-42.
  66. Tite-Live,Histoire romaine,VII, 17.
  67. Tite-Live,Histoire romaine,VII, 22.
  68. Frank Frost Abbott 1901,p. 46-48
  69. Frank Frost Abbott 1901,p. 51-53
  70. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 68.
  71. Briquel et Brizzi 2000,p. 260 sq..
  72. Briquel et Brizzi 2000,p. 262.
  73. Briquel et Brizzi 2000,p. 266-267.
  74. Tite-Live,Histoire romaine,I, 43.
  75. Plutarque,Vies parallèles,Camille.
  76. Tite-Live,Histoire romaine,V, 37-60.
  77. Tite-Live,Histoire romaine,VI, 1-20.
  78. Tite-Live,Histoire romaine,VII, 1-28.
  79. Tite-Live,Histoire romaine,VII, 30-42.
  80. Tite-Live,Histoire romaine,VIII, 1-10.
  81. Tite-Live,Histoire romaine,VIII, 11-14.
  82. Tite-Live,Histoire romaine,VIII, 15-26.
  83. Tite-Live,Histoire romaine,VIII, 27-40.
  84. Tite-Live,Histoire romaine,IX, 1-28.
  85. Tite-Live,Histoire romaine,IX, 29-46.
  86. Tite-Live,Histoire romaine,X, 1-13.
  87. Tite-Live,Histoire romaine,X, 14-47.
  88. abc etdFlorus,Abrégé de l’histoire romaine,I, 18.
  89. Florus,Abrégé de l’histoire romaine,I, 19-21.
  90. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 94-98.
  91. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 91.
  92. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 91-92.
  93. Tite Live (trad. Désiré Nisard),Histoire romaine Livre I, Paris, Firmin Didot frères,, 962 p.(lire en ligne),p. 26
  94. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 99.
  95. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 99-100.
  96. abc etdCébeillac-Gervasoni 2006,p. 101.
  97. Tite-Live,Histoire romaine,XXXVI, 3.
  98. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 102.
  99. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 102-103.
  100. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 99-103.
  101. abcde etfPolybe,Histoire générale,LivreVI.
  102. ab etcCicéron,De la République,LivreII.
  103. Byrd 1995,p. 96.
  104. Byrd 1995,p. 44.
  105. Frank Frost Abbott 1901,p. 257
  106. Taylor 1966,p. 3-4.
  107. Frank Frost Abbott 1901,p. 196, 259
  108. Taylor 1966,p. 7 et 63.
  109. Frank Frost Abbott 1901,p. 151
  110. Frank Frost Abbott 1901,p. 151, 196
  111. Lintott 1999,p. 95-113.
  112. Byrd 1995,p. 20.
  113. abc etdFlorus,Abrégé de l’histoire romaine,II, 2.
  114. Florus,Abrégé de l’histoire romaine,II, 3-5.
  115. Tite-Live,Histoire romaine,XXI, 1-18.
  116. Tite-Live,Histoire romaine,XXI àLivreXXIII.
  117. Tite-Live,Histoire romaine,XXII àLivreXXX.
  118. Florus,Abrégé de l’histoire romaine,II, 15.
  119. Tite-Live,Histoire romaine,XXIII àLivreXXIX.
  120. Tite-Live,Histoire romaine,XXXI àLivreXXXIII.
  121. Tite-Live,Histoire romaine,XXXV àLivreXXXVIII.
  122. Tite-Live,Histoire romaine,XLII àLivreXLV.
  123. Frank Frost Abbott 1901,p. 65
  124. Frank Frost Abbott 1901,p. 77-80
  125. ab etcCébeillac-Gervasoni 2006,p. 137.
  126. ab etcCébeillac-Gervasoni 2006,p. 141.
  127. Tite-Live,Histoire romaine,XLV, 40.
  128. Tite-Live,Histoire romaine,XXXIV, 1-8.
  129. Agriculture dansLexique d'histoire et de civilisation romaines.
  130. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 142-145.
  131. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 146-147.
  132. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 147.
  133. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 147-148.
  134. John Scheid,Religion, institutions et société de la Rome antique, Fayard,2003.
  135. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 152-153.
  136. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 153-158.
  137. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 159-160.
  138. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 172-173.
  139. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 175-176.
  140. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 162.
  141. Dictionnaire Gaffiot latin-français,(lire en ligne),p. 1451
  142. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 163-164.
  143. a etbCébeillac-Gervasoni 2006,p. 164-165.
  144. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 165-168.
  145. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 167-168.
  146. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 170.
  147. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 170-174.
  148. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 174-177.
  149. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 175-178.
  150. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 177-180.
  151. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 180-181.
  152. ab etcCébeillac-Gervasoni 2006,p. 182.
  153. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 183-184.
  154. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 185-186.
  155. Plutarque,Vies parallèles,César, 16.
  156. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 186.
  157. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 185-189.
  158. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 187-189.
  159. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 189.
  160. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 189-190.
  161. Cébeillac-Gervasoni 2006,p. 190.
  162. Frank Frost Abbott 1901,p. 96-98
  163. Frank Frost Abbott 1901,p. 104-107
  164. Holland 2005,p. 60-106.
  165. Frank Frost Abbott 1901,p. 108-112
  166. Frank Frost Abbott 1901,p. 113-115
  167. Frank Frost Abbott 1901,p. 134-138

Annexes

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Sources antiques

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Historiographie latine.

Un nombre assez important de textes historiques de l'Antiquité, rédigés enlatin ou engrec, nous sont parvenus par l'intermédiaire de copies. Bien que leur contenu soit souvent sujet à caution, ils sont une source majeure d'information sur l'histoire politique de la Rome antique. On peut citer, parmi ceux dont le sujet est le plus général :

Ouvrages généraux

[modifier |modifier le code]

République romaine

[modifier |modifier le code]

Société romaine

[modifier |modifier le code]

Institutions politiques

[modifier |modifier le code]
Article de l'Encyclopædia Britannica

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

v ·m
Bon article Histoire de laRome antique
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=République_romaine&oldid=228598174 ».
Catégorie :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp