Larépublique du Viêt Nam (ou plus communémentViêt Nam du Sud ouSud Viêt Nam) est unÉtat ayant existé de1955 à1975 dans le sud duViêt Nam actuel. Son prédécesseur était l’État du Viêt Nam établi en1949[1]. Le, le Premier ministreNgô Đình Diệm proclame la république du Viêt Nam après un référendum demandant l'opinion du peuple sud-vietnamien sur la déposition du chef de l'État du Viêt NamBảo Đại et l'adoption officielle d'un régimerépublicain, afin de faire face à l'hégémonie communiste. Diêm devient alors chef de l'État. L’année suivante, le pays disposait d’unparlement et d’uneconstitution.
Très vite, cependant, le Sud Viêt Nam sombre dans l'instabilité en raison de l'insurrection duViệt Cộng soutenu par larépublique démocratique du Viêt Nam (Nord Viêt Nam) et de l'autoritarisme grandissant de Diêm. L'opposition entre les deux régimes vietnamiens provoque laguerre du Viêt Nam, dans laquelle lesÉtats-Unis s'impliquent de plus en plus. En1963, Diêm estassassiné lors d'uncoup d'État, ce qui aggrave le chaos ambiant, conduisant à une intervention à grande échelle des Américains.
La république du Viêt Nam disparaît à la suite de sa conquête, en violation dutraité de Paris, le par les communistes du Nord-Viêt Nam. Après une période transitoire pendant laquelle les territoires sudistes sont administrés par leGouvernement révolutionnaire provisoire du Việt Cộng, l'ancienne république du Viêt Nam est absorbée en1976 par le Nord communiste pour former l'actuellerépublique socialiste du Viêt Nam.
Le, l’ancien empereurBao Dai est ramené d’exil deHong Kong pour former le gouvernement d’un Viêt Nam officiellement indépendant, mais toujours très lié à laFrance. Ce dernier a signé les accords franco-vietnamiens de son nom civil « Vinh Thuy » n’engageant que lui-même en tant que citoyen, et non de son nom dynastique « Bao Dai » qui aurait alors engagé tout le pays dont il était le souverain. Il marquait ainsi ses distances avec la transformation d'une guerre coloniale en guerre civile, dans le contexte des débuts de laguerre froide, où le Viêt Nam servait de champ d'affrontement entre lesforces armées communistes et les forces françaises.
Cette année marque un tournant de la guerre d’Indochine. L’arrivée deMao Zedong à Pékin offre un arrière-pays auxforces armées communistes jusqu’alors isolées sur les plans diplomatique et militaire, et déplace de Moscou à Pékin la menace communiste crainte par les États-Unis. La France concède à l’État du Viêt Nam les Affaires étrangères et la création d’une « Armée nationale » sous commandement français et agissant comme force supplétive. Le généralNguyen Van Hinh (Vietnamien, officier de l’armée de l’air française) ne s’y trompe pas lorsqu’il est pressenti pour l'obtention du poste de chef d’État-major. La France reconnait aussi l’indépendance duCambodge et duLaos.
Les États-Unis reconnaissent l’État du Viêt Nam, tandis que les États dubloc de l'Est et laChine le voient comme unÉtat fantoche des Français. Grâce à l’expérience acquise au combat et à l’équipement lourd (artillerie et camions), lesforces armées communistes infligent une série de défaites aux troupes françaises dans la « haute région » deCao Bang etLang Son. C’est la « bataille des Routes coloniales » qui sème la panique dans l’état-major français en Indochine et au sein du gouvernement français à Paris. Celui-ci envoie en Indochine le généralde Lattre de Tassigny pour redresser la situation. Ce dernier choisit de protéger en priorité les régions les plus peuplées et les plus importantes économiquement : ledelta du fleuve Rouge et les grandes villes, afin d'isoler les communistes dans les montagnes, dont les populationsthaï ethmong leur sont réputées hostiles. Mais l’Armée populaire vietnamienne dispose désormais de l'appui logistique, de plus en plus efficace, des pays d'Europe de l'Est et de laChine, qui lui donne toute latitude pour manœuvrer, prendre des initiatives et mettre en place une administration parallèle dans les zones qu'elle contrôle, alors que lecorps expéditionnaire français en Extrême-Orient ne bénéficie pas d'un soutien similaire des États de l'OTAN, plus engagés dans laguerre de Corée.
293 000 réfugiés quittent leNord-Vietnam pour s'installer dans la république du Viêt Nam à bord de navires de l'US Navy en 1954.
La supériorité tactique du Vietminh mène à ladéfaite de Diên Biên Phu, qui conduit la France, en, auxaccords de Genève mettant fin à la premièreguerre d'Indochine commencée en 1946. Ces accords reconnaissent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam, sur le modèle coréen et allemand, en deux zones de regroupement politique et militaire (au Nord pour les communistes de l’Armée populaire vietnamienne – APVN – et au Sud du17e parallèle pour les Vietnamiens non-communistes). Cependant, plus d'un mois avant de signer les Accords de Genève, la France a accordé la pleine indépendance à l'État du Vietnam[1]. Lecorps expéditionnaire français en Extrême-Orient – CEFEO – se retire totalement en 1955 de l’ancienneIndochine française (Cambodge, Laos et Viêt Nam).
Parallèlement à la conférence de Genève en, l’empereurBao Dai, chef de l’État vietnamien (dont la capitale est désormais Saïgon, puisqueHanoï est celle de l'entité communiste) rappelle des États-UnisNgô Dinh Diêm pour en faire le Premier Ministre du Viêt Nam. Diêm déclare que le Viêt Nam n'est pas concerné par les Accords de Genève entre la France et les communistes, arguant du fait que l'État vietnamien n'en était pas partie prenante. Diêm pensait également que le Nord ne pouvait pas organiser d’élections libres. Il se dispense donc d'organiser des élections en vue de la réunification du Viêt Nam (prévues pour 1956). Après un référendum, le, Diêm prend le pouvoir etBao Dai abdique.
Dès lors,Hô Chi Minh à Hanoï et Diêm à Saïgon ont les mains libres pour installer chacun son pouvoir : le premier impose une dictature communiste, anti-occidentale etantichrétienne qui fait fuir des millions d'habitants vers le sud afin d'échapper à la mort ; le second impose un régime autoritaire anticommuniste et méfiant à l'égard du bouddhisme. Chaque État entame sa politique de « consolidation » : au Nord communiste, c'est la mise en place d'une police politique omniprésente, d'un système à parti unique et d'ungoulag qui fait des dizaines de milliers de morts ; au Sud, c'est l'économie de marché, la dénonciation et la persécution des communistes et la lutte contre la corruption, avec certains privilèges pour la minoritécatholique au détriment de la majorité bouddhiste, selon la version officielle du département d'État américain, qui est favorable aux bouddhistes. Les Américains justifieront ainsi un coup d'État contre Diêm en 1963 fomenté par certains généraux sous influence américaine, afin d'éliminer l'objection du président Diêm à la venue de l'armée américaine sur le sol vietnamien.
Le régime de Diem va durer huit ans, de 1955 à 1963, constituant la « première phase » de la république du Viêt Nam. Bien que de nombreux Vietnamiens lui soient reconnaissants de les avoir protégés contre la terreur et les réquisitions communistes, Ngô Dinh Diem est détesté par d'autres en raison de son régime autoritaire et népotique. Toutefois, des études universitaires plus récentes et reposant davantage sur des sources et des points de vue vietnamo-centrées présentent Ngô Đình Diệm comme un leader compétent, avec une vision de long terme sur la construction nationale et la modernisation du Sud Viêt Nam[2],[3].
Il gouverne le pays avec ses frères, placés aux postes clés :
Ngô Dinh Nhu : chef duCần lao, parti politique pro-Diem, modelant les méthodes de torture de la police secrète duCần lao à l'image des méthodes du Nord (« au feu il faut répondre par un contre-feu », se justifie-t-il : la politique anti-communiste du gouvernement est aussi répressive que la police politique communiste du Nord : on parle de nombreux actes de torture et d'exécution contre des « suspects communistes »).
Ngô Dinh Can : gouverneur de la cité impériale de Huê.
Ngô Dinh Luyen : ambassadeur au Royaume-Uni tout en étant responsable de la minoritémalaise et musulmane Cham.
Ngô Dinh Thuc : archevêque catholique de Huê, mais vivant aupalais présidentiel de Saïgon. Autorisé à solliciter des « contributions volontaires à l'Église » auprès d'hommes d'affaires de Saïgon, il utilise sa position pour acquérir des fermes, des terres et des terrains urbains au profit de l'Église.
Son frère Nhu et son épouse (la « Première dame » du Sud-Viêt Nam, Diêm étant resté célibataire), plus connue en tant que « Madame Nhu », mènent entre 1955 et 1963 une réforme de la société de Saïgon à leur manière et suivant les valeurs de la morale chrétienne. Ainsi la lutte contre l'avortement (toujours illégal) est renforcée et le divorce est rendu plus difficile, les maisons closes deviennent en principe interdites, tout comme les fumeries d'opium. Les lois concernant l'adultère sont renforcées. Le régime Diêm affirme vouloir en finir avec la corruption : suscitant la colère des parrains locaux, le jeu est interdit, tout comme la luxure et la contrebande.
Unetentative de coup d'État a lieu le 11 novembre 1960, lorsqu'une partie de l'armée menée par le lieutenant-colonelVương Văn Đông attaque le palais présidentiel. Cet essai échoue mais est la première tentative de destituer le régime et constituera le déclenchement d'initiatives contre le régime autoritaire de Diêm, notamment le coup d'État des généraux.
Le FNL profite de ces divisions et prend le pouvoir, plus ou moins temporairement, dans de nombreux villages. Le régime de Diêm réagit par le plan des « hameaux stratégiques » (à partir de 1961), par l'envoi de conseillers militaires américains de plus en plus nombreux à la tête des troupes sud-vietnamiennes. À terme, cela débouche sur une implication plus forte des États-Unis dans ce qui sera appelé laguerre du Viêtnam (ainsi le « Military Aid Adviser Group » – MAAG – denon-combattants se transforme en « Military Adviser Command Viêt Nam » – MACV – de combattants). Toutefois Ngô Dinh Diêm accepte, sous la pression des États-Unis, un accord avec Washington, en 1962, prévoyant un plan de pacification, de démocratisation et de libéralisation. Il les respecte le moins possible. En, à Huê, les bouddhistes que le pouvoir accuse d'être sensibles aux sirènes communistes ontinterdiction d'utiliser des drapeaux bouddhistes pour lesfêtes de Vesak, les autorités prétextant la décision de réguler l'utilisation de drapeaux non-gouvernementaux. Plusieurs jours après, les catholiques - qui ne sont que 3 % de la population à Hué - peuvent hisser des bannières de saints dans une petite procession autour de leur cathédrale. Les bouddhistes se soulèvent, et les forces gouvernementales réagissent en faisant neuf morts civils. Diêm accuse le FNL et déclare que les protestataires sont responsables de ces violences. La crise s'intensifie, Diêm ordonnant d'arrêter tous ceux qui s'adonneraient à des actes de désobéissance civile. Le, une marche de protestation se termine par une charge de l'ARVN. Le, lebonzeThích Quảng Đứcs'immole par le feu en pleinSaïgon, en signe de protestation. L'événement, très médiatisé, fait le tour du monde, et la famille Ngô doit faire face à un véritable scandale. Mais surtout, le régime a désormais contre lui l'étrange alliance des bouddhistes, des communistes et de la pègre, c'est-à-dire d'une large part des réseaux d'influence de la société vietnamienne.
Pourtant, le fait que le gouvernement sud-vietnamien fûtanti-bouddhiste reste à démontrer : une enquête des Nations unies en1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste. De plus, selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[4]. Par ailleurs, sa politique en matière économique et sociale s'avère positive, avec la construction de nouvelles écoles publiques ainsi qu'une rapide croissance économique du Sud Viêt Nam[5]. Si le gouvernement de Diệm a toujours nié toute allégation de persécution à l'encontre des bouddhistes et présenté cesimmolations et révoltes comme le fruit d'une infiltration des guérilleroscommunistes déguisés en bonzes ; certains auteurs franco-vietnamiens soutiennent cette thèse de l'infiltration, qui a ensuite permis une large instrumentalisation de ces troubles par les propagandes américaines et nord-vietnamiennes dans le but de déstabiliser et diaboliser le gouvernement sud-vietnamien[6]. Ainsi, des perquisitions policières ont permis aux autorités sud-vietnamiennes de mettre au jour la présence d'armes de guerre dans un certain nombre de pagodes, aboutissant à la fermeture de 12 d'entre elles[6].
Dans le même temps, le FNL consolide son avantage sur le terrain militaire, multipliant les actions. La situation est tendue, et Washington prend conscience de l'extrême impopularité de Ngô Dinh Diêm. Les Américains laissent entendre qu'ils soutiendraient le gouvernement issu d'un putsch le cas échéant. Sur les ordres du présidentKennedy, l’ambassadeur à SaïgonHenry Cabot Lodge, Jr. refuse une rencontre avec Diêm et ne l'avertit pas qu’un coup d’État est préparé par ses généraux, conduits par le généralDuong Van Minh[7]. Le, Ngô Dinh Diêm et Ngô Dinh Nhu sont assassinés en sortant de la messe à l'église Saint-François-Xavier. Ce changement de régime correspond à un changement de situation : le pays se retrouve dirigé par une junte militaire plus pro-américaine et favorable à l'intervention directe de troupes américaines au sol, la guerre du Viêt Nam s'intensifie et tend à s'« américaniser », et le pays va connaître une instabilité politique croissante.
Bien que de nombreux historiens aient présenté Ngô Đình Diệm comme un allié inconditionnel des États-Unis, voire une marionnette de la puissance américaine, certains chercheurs et universitaires américains démentent formellement cette vision simpliste et caricaturale. Au contraire, pour Keith Taylor, Diệm manifestait une méfiance grandissante vis-à-vis des États-Unis en raison de la politique américaine menée auLaos, qui n'a pas réfréné les incursions nord-vietnamiennes sur le territoire du Sud Viêt Nam qui étaient rendues possibles en passant par le territoire laotien. Selon lui, les désaccords entre Sud-Vietnamiens et Américains quant à la réponse à apporter à la menace communiste allaient grandissant. Diệm, qui craignait qu'une présence militaire américaine accrue au Viêt Nam du Sud ne menace ses références nationalistes et l'indépendance de son gouvernement, refusera l'envoi de troupes américaines au sol[8]. En1963, les frères Ngô ont même remis en cause et cherché à rompre l'alliance politico-militaire liant leur pays aux États-Unis[9]. Les Américains, qui voulaient s'engager plus fortement au Sud Viêt Nam (envoi de troupes, installation de bases américaines), ce que refusait Ngô Đình Diệm, craignant qu'une telle initiative ne serve la propagande nord-vietnamienne ; au profit d'une coopération entre forces sud-vietnamiennes et conseillers militaires américains, estimeront que ce dernier n'était pas en mesure de vaincre la guérilla desViêt Cong[10] et chercheront dès lors à le renverser du pouvoir[11],[12] voire à l'assassiner, s'appuyant de ce fait sur une junte militaire réputée encore plus favorable à une augmentation de l'engagement américain contre les communistes, débouchant sur une escalade des tensions et laguerre du Viêt Nam qui devait s'ensuivre. Des archives déclassifiées de la National Security Archive tendent même à attribuer directement la responsabilité de ce coup d'État et la mort de l'ex-président sud-vietnamien à laCIA[13],[11],[14] et à Kennedy[11]
C'est à cette époque que l'usage de la langue française commence à être supplanté par l'usage de l'anglais.
Carte administrative de la république du Viêt Nam.Nguyễn Văn Thiệu, président de la république du Viêt Nam ; photo prise en 1968 lors d'une réunion avec le président américainLyndon B. Johnson à Hawaï.
Après l’assassinat de Diêm, le, le nouveau gouvernement deDuong Van Minh hésite quant à la politique à adopter, et est renversé le par le généralNguyên Khanh. Ce dernier, manifestant les mêmes tendances autoritaires que Diêm, est écarté à son tour au profit d'ungouvernement non-militaire, renversé peu après par deux généraux,Nguyen Cao Ky et Nguyen Chanh Thi. Au cours de l'année 1964, la situation du pays est donc précaire : Saïgon perd de plus en plus d'autorité dans les campagnes et les structures de l'État s'effondrent petit à petit, tandis que le FNL intensifie son emprise, remplaçant dans certains domaines l'administration gouvernementale. On estime qu'en 1964, le gouvernement de Saïgon ne contrôle plus que 34 % de la population. C'est à partir de ce moment que les effectifs américains vont commencer à grossir de façon considérable et que leNord-Viêt Nam va connaître les premiers bombardements (à partir d'août, et encore limités).
En 1967, une certaine stabilité revient à Saïgon : le tandem Nguyen Cao Ky etNguyen Van Thieu est en possession du pouvoir depuis 1965. La CIA propose une action profonde pour rallier les campagnes au pouvoir, mais elle est très peu écoutée (elle préconise la transformation du système gouvernemental, fondé sur des élites citadines coupées de la réalité des campagnes et corrompues, ainsi qu'une nouvelle Réforme agraire).
En 1968, l’intervention américaine atteint le chiffre de 536 000 G.I. sur place (contre 184 300 fin 1965 et 385 000 fin 1966) ; 7 millions de tonnes de bombes ont été larguées, soit trois fois plus que sur toute l’Europe durant laSeconde Guerre mondiale. L’offensive du Têt a conduit à plusieurs évolutions : d'une part, elle renforce la détermination du gouvernement de Saïgon à lutter contre la guérilla ; d'autre part, elle permet l’ouverture de la conférence de Paris et l'aboutissement auxaccords de paix de Paris en 1973. Le retrait des troupes américaines débute à ce moment. De 536 000 soldats américains fin 1968, le corps expéditionnaire passe à 475 000 en 1969, 235 000 en 1970, 157 000 en 1971 et 24 000 en 1972. Le retrait américain est pallié par d'importantes fournitures d'armes au régime de Saïgon de la part de Washington, qui se révèleront insuffisantes pour Saïgon.
Lesforces armées du Nord-Viêt Nam gagnent sur le plan idéologique, en résistant à l'intervention directe de l'armée américaine. Les valeurs de la démocratie ne sont respectées par personne, les règles même de la guerre (conventions de Genève) sont transgressées par tous les belligérants, et l'impopularité des G.I. participe grandement à la victoire finale du Vietminh communiste. Les négociations pour le traité de Paris sont dirigées côté Sud-Viêt Nam par le principal négociateur américain,Henry Kissinger, pour assurer la réélection deNixon. Aussi ces accords, mettant officiellement fin à la guerre, ne visent qu'à un retrait des États-Unis et à unevietnamisation du conflit.
Après la signature dutraité de Paris, l'appui américain au Sud-Viêt Nam va rapidement décroître. Il se limite à la présence de quelques conseillers militaires et plusieurs agents de la CIA ; plusieurs navires américains croisent le long des côtes du Sud-Viêt Nam. En riposte à la pénétration de 35 000 Nord-Vietnamiens au sud du17e parallèle, à la mi-, Nixon va ordonner quelques bombardements sur leLaos. Mais la présidence américaine est minée par le scandale duWatergate, et les réponses aux violations du cessez-le-feu par Hanoï sont trop faibles malgré plusieurs promesses faites par écrit dans les lettres de Nixon au président Thieu.
En 1975, l’offensive du printemps des communistes va leur permettre l'occupation du territoire de la république du Viêt Nam en violation des termes du traité de Paris. Si le FNL a été considérablement affaibli à partir de 1968 par le programmePhoenix et par la réforme agraire sauvagement appliquée (retirant au mouvement communiste une part de légitimité), cet affaiblissement est pallié par l'augmentation de l'infiltration au sud des forces nord-vietnamiennes, l'Union soviétique intensifiant ses fournitures d'armes à Hanoï à partir de 1973. Le, le Sud-Viêt Nam est submergé par les divisions communistes du Nord. Hué tombe le,Da Nang le.
Le, le président Thieu démissionne pour permettre à son vice-président,Trần Văn Hương de trouver une solution pacifique. Il quitte le pays, plein de déceptions quant à la promesse d'aide américaine. Tran Van Huong devient à son tour président, selon la constitution de la république du Viêt Nam, et demande au cabinet du premier ministre Nguyen Ba Can de rester en poste. Les ambassadeurs de France et des États-Unis font pression sur Tran Van Huong pour un transfert de pouvoir àDuong Van Minh avec comme argument que Minh est le choix non négociable des communistes pour entamer des négociations afin d'éviter à Saïgon un bain de sang. Le transfert de la présidence à Minh étant a priori inconstitutionnel, Tran van Huong refuse, mais finalement doit céder sous la pression des « soi-disant » gouvernements alliés à convoquer les deux chambres de l'Assemblée nationale du Viêt Nam pour décider de la question.
Le, les assemblées votent pour un transfert et ce, sans même atteindre le quorum fixé.
Le Nord-Viêt Nam communiste impose ainsi l'unification sous un même régime en conséquence de la conquête du territoire de la république du Viêt Nam, en 1976. Ne tenant pas les promesses faites à leurs alliés FNL du Sud-Viêt Nam, et en contradiction avec l'article 15 du traité de Paris, il lui donne comme nom « république socialiste du Viêt Nam ». Les vainqueurs ont aussi décidé de rebaptiser Saïgon « Hô Chi Minh-Ville » – ou, envietnamien :Thành phố Hồ Chí Minh. Ce nom ne s'impose pas dans la pratique quotidienne, mais seulement dans l'administration.
Depuis le, en conséquence de l'invasion de son territoire par les forces communistes du Nord-Viêt Nam (RDVN), le gouvernement de la république du Viêt Nam doit s'exiler, pour devenir un gouvernementde jure de la république du Viêt Nam (RVN) représentant le Viêt Nam libre. Ce gouvernement, ayant à sa tête le même cabinet légalement formé avant le, est basé aux États-Unis d'Amérique.
Ce gouvernementde jure s'est occupé de plusieurs dossiers comme celui desîles Paracels etSpratleys, conquises par la Chine à la fin de la guerre. Il suit aussi le dossier du traité de Paris, qui impose notamment au gouvernement actuel du Viêt Nam l'obligation d'organiser des élections libres, afin de tenir compte du droit à l'autodétermination du peuple sud-vietnamien.
La république du Viêt Nam disposait d'uneéconomie de marché et était grandement assistée par l'aide américaine et la présence d'un grand nombre d'Américains dans le pays entre 1961 et 1973. La production d'électricité se vit ainsi multipliée par quatorze entre 1954 et 1973, tandis que la production industrielle augmentait en moyenne de 6,9 % par an[15]. Sur la même période, la production de riz connut une croissance de 203 % et le nombre d'étudiants à l'université passa de 2 000 à 90 000. Cependant, l'aide des États-Unis, après avoir culminé à 2,3 milliards de dollars en 1973, chuta l'année suivante à 1,1 milliard de dollars. Cette baisse, combinée aux effets du choc pétrolier d', fit subir au pays un choc économique, où l'inflation passa à 200 %[16].
Après l'unification du Viêt Nam en 1975, le gouvernement communiste entendait profondément réformer les structures sociales du Sud, perçues comme étant encore de « caractère féodal ou colonial ». Hanoï décida ainsi de « liquider immédiatement la propriété féodale », de « nationaliser immédiatement les établissements industriels et commerciaux de la bourgeoisiecompradore », de développer l’économie d’État, de « coopératiser » l’agriculture et l’artisanat et d'orienter les capitalistes privés vers des entreprises mixtes. L'économie de marché fut maintenue dans le domaine agricole[17].
La république du Viêt Nam faisait fonctionner une station de radio AM et 4 stations de radio FM, toutes détenues par le gouvernement, nommée Radio Vietnam. L'une d'entre elles était une émission nationale, l'autre concernait le service militaire et le reste étaient diffusées dans des langues étrangères comme lefrançais,chinois,anglais,khmer etthaï. Radio Vietnam commence à être diffusée à partir de 1955.
La télévision fut introduite lors de laguerre du Viêt Nam, le. Couvrant les principales villes du Sud Vietnam, il s'agissait à l'origine d'une unique chaîne qui était diffusée une heure par jour, avant d'augmenter jusqu'à six heures de diffusion le soir au cours des années 1970.
Environ 90 % de la population étaientKinh, et 10 % étaientHoa,Degar,Français,Khmers,Cham, Eurasiens et autres selon une estimation de 1970.
Le filmApocalypse Now, deFrancis Ford Coppola, en1979, comporte, dans l'une de ses séquences, la rencontre de Français, installées dans une plantation, confrontés au conflit vietnamien. Le chef de la plantation française est incarné parChristian Marquand.
Les dernières plantations françaises seront dissoutes entre 1975 et 1976, avec l'arrivée des communistes du Vietminh. Les Français, tout comme les métis eurasiens, sont expulsés entre 1975 et 1977, et les biens fonciers sont nationalisés.
↑EdwardMiller,Misalliance : Ngo Dinh Diem, the United States, and the Fate of South Vietnam,Harvard University Press,, 13–18 p.
↑The Lost Mandate of Heaven: the American Betrayal of Ngo Dinh Diem, President of Vietnam. Shaw, Geoffrey. Ignatius Press, 2015.(ISBN978-1-58617-935-9)