uneprovincehistorique dont la plupart n'ont aujourd'hui pas ou plus d'existence administrative et sont soit regroupées au sein d'un même État moderne, soit partagées entre plusieurspays actuels. Généralement, leconcept de « région historique » s'applique à des zones définies par des traits communs, mais ne disposant aujourd'hui ni d'un État indépendant ni d'une structure territoriale propre[3].
Lesrégions historiques, oupays historiques permettent d'étudier et d'analyser l'évolution démographique, économique, sociale et culturelle de leurs populations durant des périodes spécifiques, avant la mise en place des organisations économiques, sociales ou politiques contemporaines[9] :
« Le principe fondamental de ce point de vue est que d'anciennes structures politiques et mentales existent et exercent sur l'identité spatiale et sociale des individus une influence plus grande que celle du monde contemporain, déterminé et souvent aveuglé par sa propre vision du monde (centré, par exemple, sur l'État-nation)[10]. »
Les dimensions desrégions historiques varient beaucoup[14] avec des macro-régions d'échelle continentale comme l'Europe, les territoires traditionnels de peuples, de nations ou dePays, ou encore de plus petitesmicrorégions de niveau local tels que des villes. Une proximité géographique est la condition souvent nécessaire à l'émergence d'uneidentité régionale[14]. Une région historique est une zone délimitée dans laquelle les populations partagent généralement un patrimoine et des événements historiques communs, et ont souvent des caractéristiquesethniques oulinguistiques propres. Les limites de ces régions peuvent coïncider ou pas avec des régions géographiques ou bien avec des entités politiques encore existantes ou déjà éteintes, tels que des États modernes ou des empires.
Souvent, quelles que soient les structures en vigueur et les changements politiques et économiques dans les limites de la zone en question, il existe une conscience commune des habitants ou de leurdiaspora d'appartenir à la même région historique ou d'en être issus, par exemple dans les cas de l'Israël antique, duhaut-plateau arménien, de laMoldavie médiévale, de laBretagne historique, duPays basque ou de lavallée sacrée des Incas. Ce sentiment peut être une source d'identité ou non, selon les cas. En Europe, lesidentités régionales peuvent être issues de lapériode de migrations, mais pour la perspective contemporaine, elles sont liées à la période de transformation territoriale de 1918-1920, puis à une autre dans la période de l'après-guerre froide[15].
Certains noms de région historiques sont récemment inventés, comme le « Moyen-Orient », en 1902 par lestratège militaireAlfred Thayer Mahan, qui se référait à la région dugolfe Persique[16]. D'autres remontent à telle ou telle période du passé, comme la « Bourgogne » qui remonte auxBurgondes. D'autres encore ont pu être pris dans l'Antiquité pour être réactualisés, comme « Israël » ou la « Macédoine du Nord ». C'est aussi le cas de certains États duMoyen Âge, comme le « Ghana » (lepays moderne ne se trouve d'ailleurs pas là où s'étendait l'Empire du passé). Ces « greffes de noms historiques » ne prennent pas toujours : ainsi, la tentative du gouvernement français de remettre en usage le nom de l'ancienne région « Septimanie » pour nommer la région française moderne duLanguedoc-Roussillon a échoué[17].
Dans certains cas, les régions historiques sont calquées sur d'anciens États ou sur d'autres structures politiques anciennes (duchés,comtés, marches…).
Certaines régions ont une importance particulière lors de l'étude de régions géographiques lors de certaines périodes historiques : la « Mésopotamie », par exemple, est très importante dans les domaines de l'histoire ancienne et de l'archéologie, alors que d'autres régions historiques sont presque oubliées (sauf de quelques spécialistes), comme « Moché » enAmérique du Sud ou « Lounda » enAfrique australe, tandis que l'existence même de certaines est mise en doute, comme dans le cas du « Kitara » également en Afrique.
Ces doutes font partie du débat scientifique : en effet le concept de région historique peut être plus ou moins pertinent selon les circonstances et les pays. Certains historiens incluent les empires ou royaumes disparus dans le groupe des « régions historiques », en donnant un sens plus large à la définition. Mais dans de nombreux cas, les empires ne répondent pas à un degré suffisant d'isolement et d'identité spécifique, caractéristique de la définition stricte d'une région historique.
Le Moyen-Orient, une macrorégion historique.
Pays historique deMacédoine et frontières contemporaines desBalkans.
Plusieurs éléments peuvent servir à la définition d'une région historique :
L'environnement géographique et naturel : bien que l'on fixe les limites de la région à travers la transformation progressive du territoire, les régions historiques partagent souvent des caractéristiques géographiques et naturelles communes qui servent de référence à des conceptions spatiales degéographie physique etpolitique.
L'architecture traditionnelle : propre à chaque région avec un développement socio-culturelle similaire. Ce qui permet à son tour l'étude à différentes échelles ; par exemple, l'architecture romane au niveau européen, et l'architecture roman-mudéjare à une échelle beaucoup plus petite.
La région politico-administrative : à la suite d'un processus historico-politique, une organisation a été mise en place telle qu'un gouvernement et une administration commune de la région. Par exemple, leroyaume de Bretagne qui a rassemblé des populations de langue brittonique (breton) et d'autres de langue romane (gallo).
↑DanielSchweitz,Aux origines de la France des pays: Histoire des identités de pays en Touraine (XVIe – XXe siècle), Paris, L’Harmattan,(ISBN978-2747512503).
↑Voir le chapitre « Ancienneté des frontières en Europe » dansMichelFoucher,Fragments d'Europe, Paris, Fayard,(ISBN978-2213031286). Une idéologie étroitementnationaliste peut toutefois considérer qu'une province historique ne peut pas appartenir à plusieurs pays modernes mais doit s'encadrer dans les frontières actuelles d'un seul, soumettant ainsi l'histoire à lagéographie actuelle : exemples ici :[1] et ici :[2].
↑André et Jean Sellier, série des « Atlas des Peuples », La Découverte :Europe occidentale, 1995,(ISBN2-7071-2505-9),Europe centrale, 1992,(ISBN2-7071-2032-4) etOrient, 1993.
↑« The fundamental principle underlying this view is that older political and mental structures exist which exercise greater influence on the spatial-social identity of individuals than is understood by the contemporary world, bound to and often blinded by its own worldview - e.g. the focus on the nation-state. » inTägil 1999,p. 151.