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Italie (région géographique)

42° 45′ N, 12° 23′ E
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(Redirigé depuisRégion géographique italienne)

Page d’aide sur l’homonymie

Ne doit pas être confondue avec le paysItalie

Carte mettant en évidence les frontières de laRépublique italienne en noir, et les frontières de la région géographique italienne en rouge.

L'Italie est une région géographique d'Europe du Sud d'une superficie de 324 000 km2[1],[2], délimitée au nord-ouest et au nord par lesAlpes et par lamer Méditerranée pour le reste. Correspondant aux territoires de l'Italie, deSaint-Marin, duVatican, deMonaco et deMalte auxquels il faut rajouter des portions de laFrance, de laSuisse, de laSlovénie et de laCroatie, cette région se compose de trois parties : unepartie continentale dans le nord, unepartie péninsulaire au centre et unezone insulaire dans le sud et l'ouest. Située entre lapéninsule Ibérique et lapéninsule Balkanique, elle est baignée par plusieurs subdivisions de la mer Méditerranée : lamer Ligurienne, lamer Tyrrhénienne, lamer Ionienne et lamer Adriatique.

« L'Italie se trouve être aussi sûrement gardée que pourrait l'être une île, puisque la mer l'entoure presque de tous les côtés et que dans le court intervalle où la mer ne la baigne point un rempart de montagnes infranchissables la protège[3]. »

— Strabon, Géographie – Livre VI – Chapitre IV : Causes de la puissance romaine

Carte topographique de l'Italie.
Carte géologique de la péninsule italienne et des îles proches.

Région géographique, politique et nationale

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Quand on parle de région géographique italienne, il ne faut pas la confondre avec laRépublique italienne ou la nation italienne[2].

Région géographique

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La région géographique est délimitée par desfrontières physiques qui sont représentées par les côtes des mers, les fleuves et les montagnes (ou plutôt par la ligne du partage des eaux, et donc à nouveau par l’eau). Les grandes îles sont facilement identifiables comme des régions géographiques. Il suffit de penser en Europe à laGrande-Bretagne, l’Irlande et l’Islande. Cette dernière est l'un des rares exemples de région géographique, politique et nationale ayant les mêmes frontières[2]. Toutefois, les frontières physiques peuvent ne pas être claires et être discutables.

Région politique

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En revanche, lesfrontières des États sont bien définies et reconnues par des accords internationaux. Toutefois, desrevendications territoriales quand deux (ou plusieurs) États se disputent le même territoire peuvent exister[2], comme avec ledifférend franco-italien sur leMont Blanc.

Région nationale

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Au contraire des frontières des États, les limites de lanation sont nébuleuses et controversées. En fait, c’est le concept même de nation qui n'est pas très clair. À cela, il faut ajouter les flux migratoires transnationaux et transcontinentaux qui se déroulent en Europe ; flux migratoires qui changent la compositionethnique de la population italienne.

La Nation est conventionnellement définie comme un ensemble de personnes qui partagent totalement ou en partie différents éléments comme l’origine, la langue, la culture, l’ethnie, la religion, la race, l’identité, l’histoire et qui habitent un territoire précis[2].

La région géographique italienne

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Définition

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Vue de l'Italie en 1853

Historiquement quatre notions géographiques se sont succédé pour définir une zone géographique italienne.

La plus ancienne date du premier document géographique qui nous soit parvenu, laΓεωγραφικά /Geôgraphiká deStrabon. Sa définition est celle d'unepéninsule, nous devrions d'ailleurs dire zone géographique péninsulaire car ce que Strabon délimite comme une péninsule comprend aussi une large partie continentale.

La plus récente date duRisorgimento (XIXe siècle) avec la notion defrontières naturelles. Il était logique, dans ce contexte d'unification de l'Italie, de rechercher jusqu'où, géographiquement, pouvait s'étendre l'Italie. Si les délimitations maritimes sont sans discussion, il n'en va pas de même des autres limites. La ligne de crête des bassins versants du et de ses affluents ne devrait pas poser de problème mais le raccord desAlpes avec la ligne de côte à l'est et à l'ouest de celle-ci pose géographiquement un problème (faut-il inclure tel ou tel fleuve côtier est une question géographiquement non consensuelle).

La définition qui nous intéresse ici, celle de « région géographique italienne », date de 1819 et plus complètement de 1833, quand un géographe italien,Adriano Balbi, aussi féru de linguistique que de géographie, invente cette notion :

« Nous regardons comme Italie tous les pays qui, sous le rapport géographique, peuvent être considérés comme appartenant à la péninsule qui se développe au sud et à l'est de la chaîne principale des Alpes. Cette région géographique est en même temps une région ethnographique, puisqu'à quelques petites exceptions près, on y parle partout la langue italienne[4]. »

Cette définition même, qu'en donne son créateur, est celle d'une zoneethno-linguistique delangue italienne.

Adriano Balbi en donne la délimitation suivante :

« L'Italie, dans les limites que nous lui avons assignées, considérée comme région géographique, est actuellement partagée en treize parties d'une étendue très différente ; elles forment autant d'états divers, ou bien elles appartiennent à d'autres situés hors de ses limites. Ces treize divisions politiques sont :l'Italie-Autrichienne ; l'Italie-Suisse;leroyaume Sarde ;laprincipauté de Monaco ;les duchés deLucques,deParmeet deModène ;le grand-duché deToscane ;la république deSaint-Marin ;lesÉtats du Pape ;le royaume desDeux-Siciles ; l'Italie-Françaiseetl'Italie-Anglaise[5]. »

Selon les sources ultérieures, la délimitation de cette zone varie dans le temps. La plus récente délimitation est donnée en 2004, par l'encyclopédie géographique De Agostini qui en donne une composition moderne[6].

Une derrière définition est donnée par la géographie moderne qui a défini un nouveau concept de zone géographique avec la théorie de ladérive des continents élaborée parAlfred Wegener en 1915. Suivant cette théorie, maintenant universellement admise parmi les géographes, le territoire de l'Italie se trouve morcelé entre plusieurs plaques ou micro-plaques continentales, expliquant, de façon uniquement géographique ou géomorphologique, les différents territoires géographiques constitutifs de l'Italie.

Le nom

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Évolution du territoire dénomméItalia duVe siècle av. J.-C. àDioclétien[7]

Le nomItalia remonte auVe siècle av. J.-C. et désignait la péninsule de laCalabre et la côteionienne duMetaponto, mais devait au début n'indiquer qu'une partie de la Calabre, située au sud de la ligne imaginaire reliant leGolfe de Sainte-Euphémie et leGolfe de Squillace, ou bien, selon une autre interprétation, la région de l'actuelleCampanie du sud (Cilento), entre les fleuves Sele et Lao.Antioche de Syracuse fait dériver le nom de celui du roi légendaireItalos. En revanche, le nom viendrait du motViteliu en langueosque qui indiquerait une terre riche en bovins ou bien que le veau en était un animal sacré. La formeItalia s'expliquerait par la perte duV initial dans la prononciation par les populations de laGrande-Grèce.

Au milieu duIVe siècle av. J.-C., le nom indique toute la région duMezzogiorno au sud dePaestum. Au début duIIIe siècle av. J.-C., il inclut la Campanie et après lapremière guerre punique il désigne toute la péninsule jusqu'aux fleuvesArno etEsino. Pendant leIIe siècle av. J.-C., même si le nomItalia continue à avoir dans ses deux fleuves ses limites politiques, il les dépasse dans un sens géographique. En effet,Polybe etCaton l'Ancien établissent ses limites aux Alpes[7].

À partir duIer siècle, l'Italie désigne en grande partie le territoire de l'actuelleRépublique italienne, du point de vue politique avec la division administrative d'Auguste, mais aussi géographique avec traité de géographie deStrabon[8]. À la suite de la chute de l'Empire romain d'Occident, et en particulier à l'arrivée desLombards en Italie, l'Italie a perdu son unité politique mais a continué à garder son unité géographique de telle sorte que le chancelierMetternich de l'empire d'Autriche pouvait encore affirmer vers le milieu duXIXe siècle que l'Italie n'était qu'une simple expression géographique.

Position géographique

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Les limites extrêmes de la région géographique italienne se situent[1] :

Divisions internes

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Dans le langage courant, quand on parle de la région italienne, on parle de manière générale de la péninsule. De la même manière, le terme continent est utilisé dans les îles pour désigner toute la partie de la terre ferme, des Alpes jusqu’àReggio Calabria. En réalité, la région italienne comprend une partie continentale, une partiepéninsulaire et une partieinsulaire.

Partie continentale

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La partie continentale, dans laquelle est incluse aussi l’Istrie, correspond à environ 40 % de la région italienne et se situe au nord de la ligne imaginaire qui va de l’embouchure du Magra à celle duRubicon jusqu’aux Alpes. La majeure partie est constituée par la plaine du fleuve.

Partie péninsulaire

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Lapéninsule italienne, ou péninsule italique, est une péninsule du continenteuropéen en grande partie traversée par la chaîne desApennins, délimitée par quatre mers (mer Ligure,mer Tyrrhénienne,mer Ionienne etmer Adriatique). C'est l'une des trois péninsules qui constituent l'Europe du Sud avec lapéninsule Ibérique et lapéninsule Balkanique.

En réalité, la péninsule dans le sens géographique commence depuis les Apennins tosco-émilien, au sud du44e parallèle, à partir d'une ligne imaginaire qui va de l’embouchure du Magra à celle duRubicon, jusqu'à la pointe méridionale de laCalabre.Elle a une extension d'environ 1 000 km en direction nord-ouest –sud-est. Les grandes îles plus proches, la Sicile, la Sardaigne et la Corse, n'en font pas partie. Elle couvre environ 42 % de la région géographique italienne.

Politiquement, la péninsule fait presque totalement partie de la République italienne, avec l'exception desenclaves deSaint-Marin et duVatican.

Partie insulaire

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La partie insulaire s'étend sur une superficie d'environ 60 000 km2 (environ 18 % de toute la région italienne), dont 58 000 km2 environ pour laSicile, laSardaigne et laCorse. En dehors de ces trois grandes îles, de nombreuses îles mineures, souvent groupées enarchipels, se trouvent le long des côtes italiennes, pour la plupart dans lamer Tyrrhénienne. La liste ci-dessous montre les plus grandes îles appartenant à la région géographique italienne :

NomSuperficie (km²)Mer
Sicile25 460Méditerranée
Sardaigne23 813Méditerranée
Corse8 681Méditerranée
Krk /Veglia[10]418Adriatique
Cres /Cherso[10]406Adriatique
Malte246Méditerranée
NomSuperficie (km²)Mer
Elbe223Tyrrhénienne
Sant'Antioco109Méditerranée
Pantelleria83Méditerranée
Lošinj /Lussino[10]74Adriatique
Gozo67Méditerranée
San Pietro51Méditerranée

Divisions politiques de la région

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La région géographique italienne est occupée à 93 % par laRépublique italienne. La partie restante (20 800 km2) est divisée entre différents États, dont certains (Saint-Marin et leVatican) entièrement inclus dans les frontières politiques. À la région italienne sont attribués aussi leComté de Nice (incluant laPrincipauté de Monaco), quelques parties des Alpes à la frontière avec laFrance italiennes jusqu'auTraité de paix de Paris (1947), laCorse, laSuisse italienne, lesîles maltaises, laVénétie julienne slovène et l'Istrie[1].

Sont donc entièrement inclus dans la région géographique italienne les États suivants :

Ne sont que partiellement inclus les États suivants:

Historiographie

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La notion d'une zone géographique italienne n'est pas à confondre avec de quelconques limites territoriales historiques. L'histoire de cette région méditerranéenne est une des plus riches historiquement parlant et il serait difficile de chercher dans sa longue histoire un moment plutôt qu'un autre où des limites territoriales historiques pourraient correspondre à des limites territoriales géographiques. Déjà que ces limites géographiques ont fortement évolué dans le temps en fonction du niveau de développement des sciences géographiques.

Antiquité

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L'Europe telle que la voyait Strabon
L'Italie romaine du Nord selon l'Atlas de L. Carrez
L'Italie romaine du Sud selon l'Atlas de L. Carrez

Avant Balbi, l'idée de l'Italie comme région géographique était très ancienne en géographie et remonte auIer siècle, elle était décrite avec la notion géographique depéninsule. En effet, le plus vieux traité de géographie qui nous soit parvenu est deStrabon (c. 65/64 - c. 25/21 av. J.-C.), legéographegrec entreprit d'écrire uneGéographie (Γεωγραφικά /Geôgraphiká)[12] en 17 volumes, conçue comme complémentaire de son autre œuvre l'Histoire qui malheureusement fut perdue. Cette œuvre nous est parvenue complète, sauf quelques parties manquantes du livre VII. Son but était d'offrir à un lectorat aussi large que possible un livre agréable et instructif, qui pût être lu d'affilée. AuXVe siècle, l'érudit italienGuarino Veronese traduisit la totalité de l'œuvre de Strabon, contribuant ainsi à sa redécouverte.

Strabon attachait une grande importance aux limites, et dans son traité, il fait état de sa divergence sur le sujet avecÉratosthène (c. 276 - c. 194 av. J.-C.) auteur de la plus ancienneécoumène qui nous soit parvenue. Ce dernier ne pensait pas à l'utilité pratique de la recherche de limites « Quand il n'y a point de limites exactement marquées, comme c'est le cas pour Colyttus et pour Mélité, que ne séparent ni stèles, ni mur d'enceinte, on peut bien dire vaguement, ceci est Colyttus et ceci Milité, mais l'on ne peut point préciser le lieu où passe en réalité la ligne de démarcation commune[13]. » Strabon est partisan de limites précises « Halte-là ! Dirons-nous à notre tour[13] [...] il n'y a rien apparemment qui soit d'une utilité plus pratique que de délimiter exactement les territoires qui se touchent[14]. »

En introduction de son livre V, Strabon donne sa définition de l'Italie :

« L'Italie actuelle commence au pied des Alpes : [je dis l'Italie actuelle], car ce nom ne désigna d'abord que l'ancienne Œnotrie, c'est-à-dire la contrée limitée entre le détroit de Sicile et les golfes de Tarente et de Posidonie; mais, ayant pris avec le temps une sorte de prédominance, ce nom finit par s'étendre jusqu'au pied de la chaîne des Alpes, embrassant même, d'un côté, toute la Ligystique jusqu'au Var et naturellement aussi les parages de la Ligystique depuis la frontière de Tyrrhénie, et, de l'autre côté, toute l'Istrie jusqu'à Pola[8]. »

— Strabon, Géographie – Livre V – Chapitre I : La Transapadane et la Cispadane

Dans les livres V et VI de saGeôgraphiká Strabon décrit les peuples et les territoires qui font partie de la péninsule italienne :

  • Livre V :
    • Chapitre 1 : La Transapadane et la Cispadane
    • Chapitre 2 : L'Étrurie, la Corse et la Sardaigne
    • Chapitre 3 : La Sabine et le Latium
    • Chapitre 4 : Le Picenum et la Campanie
  • Livre VI :
    • Chapitre 1 : La Lucanie et le Bruttium
    • Chapitre 2 : La Sicile et les îles Lipari
    • Chapitre 3 : La Messapie et l'Apulie
    • Chapitre 4 : Causes de la puissance romaine

Moyen Âge

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L'Italie politique à la fin duMoyen Âge, avant lesguerres d'Italie

Imposant ainsi un plan canonique pendant de nombreux siècles, cette description géographique mathématique, physique et humaine de Strabon ne va pas varier jusqu'à la première géographie universelle deConrad Malte-Brun (1775 - 1826),Géographie ou description de toutes les parties du monde. L'Italie est toujours géographiquement péninsulaire. Ce qui va naturellement changer c'est la géographie politique.

En effet, après la chute de l'Empire romain d'Occident, et en particulier avec l'arrivée desLombards, l'Italie a perdu son unité politique. Si à partir de855, un nouveauroyaume d'Italie (en latin,regnum Italicum) est créé, il ne comprend que l'Italie du Nord. De plus, à partir duXIIe siècle, l'Italie se retrouve partagée en une myriade de petits États souvent en lutte entre eux ou victimes des vues expansionnistes des puissances étrangères.

Toutefois,Dante Alighieri écrivait auXIVe siècle dans laDivine Comédie (L'Enfer,Chant IX, 114) : « comme àPola, tout près du Quarnaro, qui clôt Italie et baigne ses confins. »

De même,Francesco Petrarca écrivait à la même époque dans son œuvre leCanzoniere ouRerum vulgarium fragmenta (s. CXLVI, 13-14) : « il bel paese ch'Appennin parte e 'l mar circonda e l'Alpe »

XIXe siècle

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Napoléon Bonaparte

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Dans ses mémoires écrites pendant son emprisonnement sur l'île de Sainte-Hélène mais publiées seulement en 2010,Napoléon Bonaparte rédige une description de l'Italie dans son premier chapitre[15]:

« L’Italie est environnée par les Alpes et par la mer. Ses limites naturelles sont déterminées avec autant de précision que si c’était une île. Elle est comprise entre le36e et le46e degré de latitude, le4e et le16e de longitude de Paris ; elle est composée de trois parties : la continentale, la presqu’île et les îles. La première est séparée de la seconde par l’isthme de Parme. Si de Parme, comme centre, vous tracez une demi-conférence du côté du nord avec un rayon égal à la distance de Parme aux bouches du Var ou aux bouches de l’Isonzo (60 lieues), vous aurez tracé le développement de la chaîne supérieure des Alpes qui sépare l’Italie du continent. Ce demi-cercle forme le territoire de la partie dite ‘’continentale’’, dont la surface est de 5 000 lieues carrées. La presqu’île est un trapèze compris entre la partie continentale au nord, la Méditerranée à l’ouest, l’Adriatique à l’est, la mer d’Ionie au sud, dont les deux côtés principaux ont 200 à 210 lieues de longueur, et les deux autres côtés de 60 à 30 lieues ; sa surface est de 6 000 lieues carrées. La troisième partie, ou les îles, savoir, la Sicile, la Sardaigne, la Corse, qui géographiquement appartient plus à l’Italie qu’à la France, forme une surface de 4 000 lieues carrées ; ce qui porte à 15 000 lieues carrées la surface de toute l’Italie.

On a considéré ici les limites naturelles sans entrer dans aucune division politique. Ainsi on n’a compris ni la Savoie, qui est au-delà des Alpes, ni la Dalmatie, ni l’Istrie, et l’on a compris la partie des bailliages suisses-italiens qui sont en deçà des Alpes, et toute la partie du Tyrol qui verse ses eaux dans l’Adige et est en deçà du Brenner ; tout cela d’ailleurs forme peu de changements. Du côté de l’est, on a placé la borne à l’Isonzo, quoique la division naturelle des montagnes passerait entre Laybach et l’Isonzo, comprendrait une portion de la Carniole et de l’Istrie et joindrait l’Adriatique à Fiume ; mais à l’Isonzo les montagnes des Alpes s’abaissent et deviennent d’une moindre considération. »

Ainsi, Napoléon montre que bien avant la théorisation par les géographes modernes, tels Malte-Brun et Balbi, la notion de l'Italie comme étant une région géographique, au-delà des divisions politiques, était déjà largement acceptée et connue.

Géographie de Malte-Brun

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Malte-Brun rédige sa géographie universelle entre 1810 et 1829 alors que les partitions politiques italiennes ont bougé après lacampagne d'Italie (1796-1797) deBonaparte qui a porté une grande partie de l'Italie sous domination française de 1796 à 1815 et leCongrès de Vienne en 1815 qui a restauré la domination autrichienne.

Malte-Brun rejette dans sa géographie universelle le seul système d’interprétation logique proposé avant qu’on ne dispose des données de la géologie : le système dePhilippe Buache (1700-1773) énoncé en 1754 dans sonAtlas physique qui faisait des systèmes de montagnes terrestres et sous-marines la charpente d’un globe organisé en bassins séparés par des lignes de partage des eaux. Malte-Brun illustre les difficiles conditions dans lesquelles s’élabore le savoir géographique en ce début deXIXe siècle. En attendant que le progrès de la géologie fournissent des clés de lecture et de classement, l’identification et la dénomination des ensembles orographiques et des formes de relief posent d’insolubles problèmes ; seul un vocabulaire descriptif d’ordre littéraire, limité, est disponible[16]. Cela ne l'empêche pas de rattacher les îles qui entourent la péninsule italienne sur la notion géographiques de limites naturelles :

« considérée dans ses limites naturelles, la partie septentrionale de cette contrée comprend tout le versant des Alpes, depuis la branche cottiennes jusqu'à celle que l'on appelle Alpes juliennes ; mais les lignes de démarcations politiques ont modifié ces limites[17]. [...] De nombreuses îles forment une partie intéressante du territoire de l'Italie ; les plus importantes sont : la Sicile, la Sardaigne, et nous pourrions même dire la Corse, puisque, considérée physiquement, celle-ci n'est qu'un démembrement de l'autre. Celles qui viennent ensuite, classées d'après leur importance, sont, au sud de la Sicile, Malte, Gozo et Pantelleria ; puis entre la Sicile et le continent, les îles d'Eole ou de Lipari ; à l'entrée du golfe de Naples, Ischia et Capri ; enfin l'île d'Elbe, entre la Toscane et la Corse[18]. [...] Plus près de l'Afrique que de la Sicile, l'île volcanique de Pentellaria[19]. »

Théorisation de la notion de région géographique italienne

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Parmi les collaborateurs et les continuateurs de Conrad Malte-Brun figurent un géographe italien installé en France,Adriano Balbi. Il sera le codificateur de la notion de « région géographique italienne ». Il en avait déjà donné dès 1819 une première approche : « La regione, in cui si parla la bella lingua italiana[20]. » Mais c'est dans sonAbrégé de géographie de 1833 que Balbi donne la première définition de ce qu'est la région géographique italienne (Voirla définition ci-dessus).

Dans son œuvre publiée entre 1833 et 1845, Attilio Zuccagni-Orlandini reprend la notion de région ethnographique de Balbi,il Consiglier Balbi, dei moderni il più celebre (le conseiller Balbi, le plus célèbre des modernes) mais il va y rajouter une notion politique. La région ethnographique de Balbi a été, selon lui, démembrée par la force des armes pour en séparer les « Italia Svizzera, Italia Austriaca, Italia Francese, Italia Inglese »[21]. Zuccagni-Orlandini confronte les points géographiques extrêmes de l'Italie déterminés par ses prédécesseurs et va en proposer des nouveaux : de 24° 15' à 36° 15' en longitude et de 35° 20' à 47° 08' en latitude[22] et la superficie de cette région : 96 179miglia quadrate geografiche[23]. En comparant son résultat avec ceux de géographes étrangers (p. 7) tels que Guthrie, Malte-Brun, Eyries et Vosgien mais aussi de géographes italiens (p.8) comme Galanti, Balbi et Rampoldi, on remarque que Zuccagni-Orlandini indique une superficie majeure. Deux travaux de Balbi sont cités (1819 et 1842) avec deux mesures différentes : en effet, en 1842 Balbi ramène la frontière du Var au Roya (p.3). En revanche, Zuccagni-Orlandini définit le Var come la frontière naturelle entre la France et l'Italie (p.43).Après la naissance duroyaume d'Italie il va orienter ses travaux vers une recherche des frontières naturelles de l'Italie et publier en 1864Dizionario topografico dei comuni compresi entro i confini naturali dell'Italia (Dictionnaire topographique des communes comprises dans les frontières naturelles de l'Italie)[24].

Dussieux[25], un géographe français, publie en 1866 laGéographie Générale dans laquelle il décrit la géographie physique de l'Italie de la manière suivante : « La région ou péninsule italienne est bornée : au N., par les Alpes, qui la séparent de la France, de la Suisse et de l'Allemagne ; à l'E., par la mer Adriatique ; au S., par la mer Ionienne ; à l'O., par la partie de la mer Méditerranée appelée la mer Tyrrhénienne. » (p. 586). Plus loin, il en décrit les divisions politiques de la manière suivante : « Avant la guerre de 1859, la région italienne se divisait en 8 parties : le Piémont ou royaume de Sardaigne, le royaume Lombard-Vénitien,à l'Autriche, le duché de Parme, le duché de Modène, le grand-duché de Toscane, les États de l'Église, la république de Saint-Marin, le royaume de Naples ou des Deux-Siciles ; sans compter : le canton du Tésin,à la Suisse, le Tyrol italien,à l'Autriche, la Corse,à la France, l'ile de Malte,à l'Angleterre. » (p. 609). Selon Dussieux, « la superficie de la région italienne est de 321 000 km2 » (p. 629).

À la fin duXIXe siècle, d'une façon générale, la géographie italienne est encore une géographie de voyageurs c'est-à-dire plutôt une géographique physique, statistique ou cartographique même, si à l'image de la géographie allemande, il existe aussi une géographie humaine[26].

LeRisorgimento et les effets du nationalisme

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Pendant lesguerres napoléoniennes, la carte de l'Italie se trouve simplifiée, bouleversant la façon de vivre et apportant des idées nouvelles. Après la Restauration, l'Italie reste bien selon le mot de Metternich « une simple expression géographique » sans unité politique. Toutefois, un processus qui aboutira à l'unification italienne a été enclenché.

Après la proclamation deVictor-Emmanuel IIroi d’Italie le, lanouvelle Italie subit unnationalisme important d'une part pour renforcer à l'intérieur le nouvel état et d'autre part pour asseoir sa place parmi les grandes puissances européennes. Le mouvementirrédentiste qui se crée en 1877 continue à soutenir que la frontière nationale doit passer sur la crête desalpes en se basant sur des théories géographiques. Par exemple,Cesare Battisti, une personnalité connue de ce mouvement, commence sa carrière comme géographe. En plus, « le milieu qui gravite autour de laSocietà Geografica italiana de Rome, et de laSocietà di Studi Geografici de Florence, est fortement imprégné d’un esprit nationaliste qui, pendant les décennies suivantes, devient de plus en plus colonialiste et militariste. Ceci explique, comme l’a démontré Lucio Gambi[27], l’adhésion enthousiaste et presque unanime des géographes italiens au fascisme quelques décennies plus tard[28]. »

Un bon exemple de cet état d'esprit nationaliste est donné par la traduction en italien entre 1884 et 1904 de laNouvelle Géographie universelle d'Élisée Reclus, en 21 volumes au lieu des 19 d'origine, par Attilio Brunialti[29] qui fait partie de laSocietà Geografica italiana. C'est un défenseur résolu de l'idée « africaniste » au sein de la Société et aussi l'éditeur de la publication colonialisteGiornale delle Colonie[30]. Au moment de la traduction de la NGU, Brunialti mène une campagne en faveur de l'expansion coloniale italienne[31].

Brunialti fera passer ses idées dans la traduction de la Géographie de Reclus. Cette traduction, comme les autres éditions, aura un grand succès en Italie, accréditant ainsi jusqu'à aujourd'hui la notion d'une « région géographique italienne » qui devrait s'étendre à de vastes territoires en dehors des frontières de l'Italie : l'« Italie française », l'« Italie suisse », l'« ex-Italie anglaise » (devenue l'« Italie maltaise ») et l'« Italie autrichienne » (maintenant en partie l'« ex-Italie yougoslave » devenue l'« Italie slovène » et l'« Italie croate »).

XXe siècle

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Après laPremière Guerre mondiale, le concept de région géographique italienne passe en second plan car les frontières naturelles ont été plus ou moins atteintes et c'est sur d'autres échelles que le nationalisme et l'impérialisme italien se manifestent, bien au-delà des limites de la région italienne.

Après laSeconde Guerre mondiale, la géographie italienne a éliminé tous les aspects politiques et nationalistes pour se concentrer uniquement sur les aspects géographiques[32],[33]. C'est pour cela que le concept de région géographique italienne, vue maintenant sous l'angle ethno-linguo-géographique, incluant donc des territoires qui ne font pas partie du territoire de l'Italie continue à être présent dans certaines encyclopédies géographiques italiennes[1], comme celle publiée par lamaison d'éditionDe Agostini (fondée par le géographeGiovanni De Agostini).

Notes et références

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  1. abc etdDe Agostini Ed.,L'Enciclopedia Geografica - Vol.I - Italia, 2004,p. 78
  2. abcde etfMauri, A.,La presentazione di una storia delle frontiere orientali italiane: una occasione per riflettere sulle determinanti storiche, economiche e geopolitiche dei confini, Working Paper n. 2007-41, Università degli Studi di Milano, 2007
  3. Strabon,Géographie – Livre VI – Chapitre IV : Causes de la puissance romaine, écrit au début duIer siècle
  4. Adriano Balbi,Abrégé de géographie, Jules Renouard libraire, Paris, 1833, p.450
  5. Adriano Balbi,Compendio di geografia universale, 1819, p. 331
  6. L'Enciclopedia Geografica - Italia, vol. I, De Agostini Editore, 2004, page 78.
  7. a etbTouring Club Italiano, Conosci l’Italia. Vol. I: L’Italia fisica, 1957,p. 11-13
  8. a etbStrabon,Géographie – Livre V – Chapitre I : La Transapadane et la Cispadane
  9. Rivoluzione geografica: non è la Vetta d'Italia il "punto" più a nord
  10. abc etdL'appartenance des îles de Cres, Krk et Lošinj à la région italienne peut varier selon les sources.
  11. la limite ouest de la région de Nice est donnée soit par lefleuve Var soit par le fleuvePaillon
  12. Geôgraphiká dans la traduction de A. Tardieu
  13. a etbStrabon livre I, chap.4 §7, dans la traduction de 1867 de A. Tardieu, Hachette, Paris
  14. Strabon livre I, chap.4 §8
  15. Bonaparte, N.,Mémoires de Napoléon - La campagne d'Italie, Ed. Tallandier, 2010,p. 53-54
  16. réf à venir
  17. C. Malte-Brun (1829) p. 89
  18. C. Malte-Brun (1829) p. 97
  19. C. Malte-Brun (1829) p. 100
  20. A. Balbi (1819) p. 194
  21. A. Zuccagni-Orlandini (1833-1845) vol 1, p. 3-4
  22. A. Zuccagni-Orlandini (1833-1845) vol 1, p. 5
  23. A. Zuccagni-Orlandini (1833-1845) vol 1, p. 14
  24. Attilio Zuccagni-Orlandini,Dizionario topografico dei comuni compresi entro i confini naturali dell'Italia, Patrii documenti storico-statistici, Firenze, 1864
  25. Dussieux, L.,Géographie Générale, J. Lecoffre et cie, 1866
  26. Histoire de la Géographie Federico Ferretti, « Traduire Reclus. L’Italie écrite par Attilio Brunialti », Cybergeo : European Journal of Geography, éditeur CNRS-UMR Géographie-cités 8504, § 13, mis en ligne le 10 juillet 2009
  27. Lucio Gambi (1991)Geografia ed imperialismo in Italia, Bologna, Patron
  28. F. Ferretti (2009) § 15
  29. F. Ferretti (2009) § 16
  30. F. Ferretti (2009) § 17
  31. M. Carazzi (1972)La società Geografica Italiana e l’esplorazione coloniale in Africa (1867-1920), Firenze, La Nuova Italia, p. 117
  32. L. Gambi, Una Geografia per la Storia, Torino, Einaudi, 1973
  33. L. Gambi, Geografia e Imperialismo, Bologna, Patron, 1991

Sources

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Articles connexes

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