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LeRégiment des Étrangers de Dunkerque est une force militaire française créée en 1762 par leSecrétaire d'ÉtatChoiseul, et dissoute l'année suivante. Ce régiment succédait officiellement auxCompagnies Franches de la Marine à la suite de leur radiation en pleineGuerre de Sept Ans. Destiné à remplir les mêmes missions que ces dernières en mer et auxcolonies, il fut supprimé avant même d'avoir connu le feu.
Le déploiement des compagnies franches à travers tout l'espace colonial répond aux attentes de leur mission. Mais cette dispersion s'avère peu à peu problématique. Au cours de la Guerre de Sept Ans, laMarine britannique prenant significativement l'avantage partout où ses escadres se déploient, les colonies françaises sont pratiquement coupées de la métropole. Certaines possessions, notamment laLouisiane ou laGuyane, ne recevront qu'une poignée devaisseaux durant toute la guerre, et seront presque livrées à elles-mêmes. L'extrême difficulté pour lamarine française pour s'imposer et convoyer ravitaillement et renforts permet ainsi auxBritanniques maîtres des mers de s'emparer graduellement de l'empire français. Citons pour les principaux établissements :Île Royale, comptoirs duSénégal etGuadeloupe en 1758,Canada en 1760,Martinique etIndes en 1761.
Les compagnies franches de la Marine, éclatées, privées de renforts, minées par les désertions et les maladies, voient leurs effectifs chuter. Les soldats pouvant être rapatriés en France après la perte du Canada et de l'Inde sont versés dans les troupes gardant les côtes des "descentes" anglaises, ou affectés sur les navires restants. Cet état de fait motiveChoiseul à supprimer les Compagnies franches le.
Dans l'esprit de Choiseul, la guerre en outre-mer n'est pourtant pas encore perdue. LesMascareignes, la Louisiane etSaint-Domingue sont toujours françaises et constituent des points d'appuis importants et relativement solides. Toute la question est de savoir s'ils peuvent être atteints par des renforts de métropole. Cet esprit combatif sera visible à travers l'exemple éclairant de l'expédition deTerre-Neuve à l'été 1762, qui précède une hypothétique reconquête du Canada.
Mais laFrance ne dispose plus d'unité constituée spécialisée dans l'action mer-terre, comme l'étaient les compagnies franches. Par l'ordonnance royale du, Choiseul décide donc de la création d'une nouvelle troupe de marine. Ordre est donné de réunir et de former à Dunkerque un régiment de seize compagnies de 100 "soldats-matelots". On fait appel à des volontaires ayant déjà une expérience maritime. Mais la garde des côtes mobilise bien trop d'effectifs. De plus, il n'y a plus assez de marins français disponibles pour un tel projet : lavicieuse stratégie britannique de saper le "réservoir" de marins par la capture systématique des équipages français a porté ses fruits.
ÀDunkerque, le colonel Marani est volontaire pour constituer cette unité. Ce premier essai est infructueux. Seule une poignée d'hommes est engagée et une partie desofficiers enrôlés vient de l'armée de terre. On note tout de même la présence d'anciens des compagnies franches. Le colonel Marani se résout donc à embaucher des marins étrangers présents dans les ports français, et que leblocus britannique empêche de reprendre le large. Pour tenter de compléter les effectifs, desdéserteurs français graciés sont invités à rejoindre les rangs.
Les engagés signent pour trois ans. Ils sont organisés en deux bataillons de huit compagnies de 100 hommes, ce qui porterait l'effectif souhaité à 1 600 soldats-matelots. Manœuvre de la dernière chance, la troupe de soldats de marine ainsi voulue prend alors le nom deRégiment des étrangers de Dunkerque. Comme pour accentuer cet aspect hétérogène et hétéroclite, l'appellation qui nous est parvenue n'est pas fixe. L'unité est également appeléeRégiment de soldats-matelots,Matelots étrangers de Dunkerque ou plus simplement encoreÉtrangers de Dunkerque...
La mission pensée pour ces hommes se rapproche de celle des anciennes unités de troupes de marine. Il s'agirait essentiellement du service embarqué à bord des navires de la Royale et dudébarquement sur un rivage ennemi. Au vu des circonstances, la défense des côtes et des ports reviendrait aux troupes et auxmilices déjà présentes. Malgré cette orientation maritime, le régiment dépend duSecrétariat d'État de la Guerre. Il est rattaché à l'armée de terre, alors que les Compagnies franches dépendaient de laMarine.
Si l'unité en elle-même est peu connue, la composition précise de la tenue règlementaire nous est parvenue.
Habit de drap bleu doublé de rouge, collet, parements et revers rouges, bordés d'un galon d'argent étroit.Septbrandebourgs en argent aux revers, deux sur les bords de l'habit, entre le revers et la taille, deux brandebourgs avec boutons d'argent derrière. Veste rouge doublée de blanc, bordé d'un galon d'argent étroit, avec deux rangées de boutonnières.Culotte rouge, bas bleus.Chapeau noir bordé d'un galon d'argent. Écharpe blanche, hausse-col doré.Pour les capitaines : deux galons d'argent. Pour les lieutenants un seul.
Même chose, à la différence que les brandebourgs sont remplacés par des boutons d'argent.Pour les maîtres d'équipage en service : ceux-ci doivent porter autour du cou une chaine d'argent avec une plaque du même métal gravé aux armes du roi, en plus d'un sifflet de commandement
Petit surtout de gros drap bleu fermé par derrière, collet et parement rouge, manches allant jusqu'aux poignets.Camisole de drap bleu doublée de blanc, à petit revers rouges.Boutons du surtout et de la camisole en os blanc.Deux culottes, l'une en drap bleu pour le service en mer, l'autre en toile grise pour le travail. Bas de laine bleue.Ceinture rouge, chapeau rond à la hollandaise, recouvert de toile cirée noire et munie d'un cordon pour l'attacher.Pour les tambours et fifres : casaques à la livrée du roi.
L'intérêt du pouvoir pour les matelots étrangers de Dunkerque faiblit : le colonel Marani a en effet toutes les peines du monde à recruter et former ses soldats et doit encore se battre avec une bureaucratie dont l'inertie fait traîner les démarches pour recevoir matériel, équipement et uniformes. Le recrutement est très laborieux, l'argent manque et la formation en elle-même s'éternise. Tant et si bien que l'expédition de Terre-Neuve (juin à), opération à laquelle aurait dû participer naturellement les soldats-matelots, s'effectuera avec le seul concours des troupes métropolitaines. Elle échouera par ailleurs.
Cette expédition est une démonstration de force isolée : la guerre, que l'on sait perdue, lasse le peuple tout comme le gouvernement et démoralise le pays un peu plus chaque jour. Choiseul cherche à sortir du conflit à la suite de deux importantes défaites de l'armée française en Allemagne (Rossbach etKrefeld). Alors que lesPrussiens acculés repoussent les assauts coalisés, les Anglais grignotent toujours plus les possessions françaises d'outre-mer.
Le régiment de soldats-matelots n'embarquera jamais. Les négociations pour la paix sont en cours depuis et toute idée de reconquête coloniale ou d'opération en outre-mer s'évanouit peu à peu en ce début 1763. Le colonel Marani doit jeter l'éponge, découragé. L'ordonnance royale du proclame la radiation officielle du régiment, un mois à peine après la signature duTraité de Paris, le.
Unité rassemblant des éléments aussi divers que disparates, les Étrangers de Dunkerque témoignent de la volonté désespérée, vaine et illusoire d'une poursuite par la France de la guerre aux colonies. Le régiment sera liquidé sans même avoir eu ses effectifs au complet et sans avoir perçu la totalité de son matériel. Acteur méconnu resté dans les coulisses de l'Histoire de France, cette étrange formation a le mérite d'inaugurer la période de réforme militaire française initiée par Choiseul et qui se poursuivra pendant un quart de siècle.
Reprenant l'idée d'un recrutement étranger pour un régiment de soldats de marine, leCorps des Volontaires étrangers de la Marine sera en quelque sorte l'héritier des matelots étrangers de Dunkerque.
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