Lerégiment d'Aquitaine est unrégiment français d'Ancien Régime créé en 1604 sous le nom derégiment de Némondevenu sous la Révolution le35e régiment d'infanterie de ligne.

Suivant une tradition rapportée parGabriel Daniel, ce régiment d'infanterie aurait été levé en1604, par ungentilhommelorrain appelé « de Némond », en mêmetemps que le frère de ce gentilhomme, nommé « de Lémont », en levait un autre qui serait devenu par la suite lerégiment de Turenne.
Le « régiment de Némond » participe à laguerre de Succession de Juliers à laquelle participe Jacques Nompar de Caumont, seigneur de Masdurand[Note 12], qui est tué ausiège de Juliers en 1610.
Après la mort deHenri IV survenue en mai1610, les seigneurs protestants, redoutant les conséquences d'un changement de règne et les rancunes longtemps contenues des vieuxligueurs, se seraient attachés ces mercenaires lorrains, et qu'ils les auraient emmenés avec eux enGuyenne, pour résister aux attaques pendant une longue route à travers toute laFrance, et pour assurer la position de leur père, alors gouverneur duBéarn et chef desréformés dans les provinces au-delà de laGaronne.
Leduc de La Force prend les armes en1618, et pendant quatre ans il tient tête aux armées deLouis XIII. On ignore la composition des troupes qu'il opposa à celles du roi, mais ce qui est certain, c'est qu'elles étaient braves et aguerries. On sait aussi qu'en1621 son gendre, le comte d'Orval, et deux de ses fils, François Nompar de Caumont, marquis de Castelmoron et Pierre Nompar de Caumont-La Force, marquis de Cugnac, qui tous les trois lui succédèrent en qualité de mestres de camp du régiment, étaientrenfermés dans Montauban, qu'il vint les joindre avec ses meilleurs soldats, et que tous ensemble ils contraignirent l'armée royale à lever le siège.
Le duc fait sa paix avec le roi en1622, après avoir encoredéfendu contre lui la ville de Sainte-Foy, qu'il ne remet que moyennant une indemnité de 20 000 écus et le bâton demaréchal de France. Il obtient aussi des conditions avantageuses pour son parti, et notamment le maintien deMontauban comme ville de sûreté, ce qui entraîne le droit d'y entretenir unegarnison Le duc de La Force s'engage, en retour, à contribuer de toute son influence à maintenir la paix publique dans laGuyenne, et à s'opposer à toute tentative deshuguenots pour la troubler. On suppose que leduc de La Force est mis en demeure de remplir une des conditions essentielles de son traité, et de contribuer à la répression des protestants deLa Rochelle, qui, à la fin de1624, rompent la trêve et envoient uneexpédition contre le fort Blavet.
Le « régiment de La Force », est mis sur pied le 17 janvier1625 avec le reste de ses soldats deMontauban etde Sainte-Foy, en choisissantde préférence ceux qui étaientcatholiques , c'est-à-dire les Lorrains signalés par la tradition, auxquels il joignit sans doute desprotestants chez lesquels la foi religieuse était moins forte que le désir de faire fortune.
Le « régiment de La Force » est réformé le 26 mai1626, comme tous ceux qui avaient été mis sur pied dans la même circonstance.
Pendant l'intervalle qui sépare 1626 de 1630, le corps a dû continuer d'exister, au moins par la compagnie du mestre de camp, et il a dû être remis sur pied par ordre du 27 mars1630 car cette année là, leduc de La Force est l'un des troismaréchaux de France chargés de commander les troupes françaises enPiémont, et son régiment l'accompagne au-delà desAlpes. C'est à partir de cette campagne de1630 enPiémont que commence réellement l'histoire du corps.
L'année suivante, le maréchal, appelé au commandement de l'armée de Lorraine, se démet de son régiment en faveur de son fils, François Nompar de Caumont-La Force, marquis de Castelmoron.
Sous le nom de « régiment de Castelmoron », le corps sert enLorraine pendant cette campagne et le commencement de la suivante.
En1632, quandduc de Montmorency pris les armes pour la cause deGaston d'Orléans, le régiment suit le maréchal de La Force enLanguedoc et se signale à l'occupation d'Alais, deLunel et deBéziers. Il revient la même année en Lorraine.
Fin de mai1633, le régiment se trouve à l'escalade de la ville de Freidembourg entreMetz etTrèves, puis il fait ensuite le siège du château qui capitule le 4 juin. Au mois de septembre, il est à l'investissement deNancy et a son cantonnement àChampigneulles avec lerégiment de Navarre.
En mars1634, le régiment de Castelmoron participe ausiège de La Mothe ou sonmestre de camp est blessé d'une mousquetade à la cuisse. Fin avril, le régiment quitte le camp deLa Mothe et se rend avecTurenne devantBitche. Il y arrive le 8 mai, et le siège du château est aussitôt commencé, et, après sa reddition, le 18, le régiment retourne devant La Mothe et prend part aux opérations de celong siège. À la fin de cette année 1634, le régiment est dispersé dans les petites places de l'Alsace.
En 1635, il prend part aux nombreuses expéditions durégiment de Normandie.
Le 18 mars1636, le « régiment de Castelmoron » contribue, sous le commandement du marquis de La Force, à la défaite de 2 000Impériaux près deBaccarat, et au mois de juillet, il se fait remarquer ausiège d'Oberhengheim. Fin de novembre, le régiment fournit un détachement qui participe à laprise de Rouffach, et pendant l'hiver il est mis en garnison àLouhans et autres places de laFranche-Comté.
Il fait la campagne de 1637 dans cetteprovince, sous les ordres duduc de Longueville et contribue à laprise de Bletterans
En octobre1638, il traverse laSuisse pour rejoindre le duc de Saxe-Weymar occupé ausiège de Brisach. Le 20 octobre, lesImpériaux attaquent les quartiers de l'armée française. Le régiment et qui comptait à peine 400 hommes sous ses drapeaux, fait des prodiges de valeur dans ce combat qui n'est interrompu que par la nuit et par la retraite des Impériaux.
En1639, le « régiment de Castelmoron » est à l'armée de Flandre.
Au début de1640 il se rend enItalie, sauf quelques compagnies laissées engarnison àMontbéliard, ville dont son mestre de camp avait obtenu le gouvernement l'année précédente. Ces deux fractions du régiment trouvèrent cette année, chacune de leur côté, des occasions de s'acquérir de la gloire.
Les compagnies d'Italie font lesiège de Turin tandis que les compagnies restées à Montbéliard font plusieurs expéditions enFranche-Comté et prennent le 28 septembre lechâteau de Baudoncourt. Ce partage du « régiment de Castelmoron » est maintenu pendant plusieurs années. Ledépôt demeure avec lemestre de camp enFranche-Comté, et les compagnies de guerre servent enPiémont.
En1643 la première partie du corps est détachée momentanément à l'armée duduc d'Enghien pour lessièges de Thionville etde Sierck.
En1644, la deuxième partie du corps occupe, la ville d'Asti, dont la citadelle était au pouvoir des Espagnols. Ce contact amène de fréquentes collisions entre les deux garnisons. Les Français font alors le siège de la citadelle au mois de novembre et s'en emparent le 30.
En août1645, le régiment sert ausiège de Vigevano, et le 19 octobre il se trouve à labataille de La Mora.
En1646, François Nompar de Caumont-La Force, marquis de Castelmoron cède la propriété du corps à son beau-frère,François de Béthune-Sully, comte d'Orval, fils deSully. Les compagnies qui étaient àMontbéliard se mettent, au mois de juin, en route pour l'Italie, escortant les recrues de l'armée, et le « régiment d'Orval » se trouve réuni.
Au début de l'année suivante, il est donné à un second fils dumaréchalde La Force, Pierre Nompar de Caumont-La Force, marquis de Cugnac[Note 13].
Il continue de servir, sous le nom de « régiment de Cugnac », enItalie jusqu'aux troubles de laFronde qui le font rappeler enFrance.
En1649, le marquis de Cugnac prend parti contre lecardinal Mazarin et se voit privé le 2 mars de son régiment qui est relégué dans lesgarnisons. Il lui est rendu, le 29 avril suivant.
Le 20 janvier1650, alors que Mazarin, retiré àCologne, dirige du fond de son exil les affaires de la France, le régiment lui est ôté définitivement, et celui-ci reste pendant plus d'un an sans mestre de camp.
En1651, il est donné àJacques Henry de Durfort,comte de Duras,neveu deTurenne. C'était une manière de reconnaître et de récompenser la récente conversion au parti du cardinal de ce grand général, mais son neveu y est peu sensible et continue, pendant six ans encore, de combattre sous les drapeaux duprince de Condé. Toutefois, le comte de Duras reste toujours titulaire du régiment qui, sous les ordres de M. deBellecense, son lieutenant-colonel, sert en 1651 enLorraine et se distingue ausiège de Chasté.
L'année suivante, le « régiment de Duras-Montgommery » se trouve à labataille du faubourg Saint-Antoine.
En1653, il participe ausiège de Bellegarde enBourgogne.
En1654, il est ausiège de Belfort.
En1655, le « régiment de Duras-Montgommery » se trouve ausiège de Landrecies. Il est ensuite mis engarnison àCorbie et y demeure jusqu'au mois d'août1657. Il quitte alors Corbie pour rejoindre l'armée duvicomte de Turenne ausiège de Saint-Venant.
En avril1656,Jacques Henry de Durfort,comte de Duras et son frèreGuy Alfonse de Durfort, comte de Lorges, qui lui succédera dans le commandement du régiment, font leur soumission auRoi. Celui-ci permet l'année suivante àJacques Henry de Durfort,comte de Duras de servir à la tête de son régiment ausiège de La Motte-au-Bois. La prise deLa Motte-au-Bois est un fait d'armesspécial auxrégiments de Picardie et de Duras-Montgommery .
En1658, il fait lesiège de Dunkerque et est l'un des régiments d'infanterie qui prend part à lavictoire des Dunes. Après la prise deDunkerque, il est mis engarnison àMenin où il resta jusqu'à lapaix des Pyrénées.
Le « régiment de Duras-Montgommery » échappe à la réforme, qui atteint un très grand nombre de corps, grâce à l'immense crédit dont jouissaitTurenne, et on y incorpore, en1661, lerégiment de La Couronne, levé en 1638, qui appartenait aussi au comte de Duras.
Devenu « régiment de Lorges » en1661, il est désigné, en1664, pour faire partie de l'armée que leroi envoyait enItalie contre lepape, mais cette armée ne franchit point leRubicon car letraité de Pise intervint pendant qu'elle était en marche .
L'année suivante, le régiment devient la propriété deGodefroy de Durfort,comte de Rauzan, frère des deux colonels précédents.
En1667, le « régiment de Rauzan »fait la campagne enFlandre, et est mis engarnison àTournai et àDouai.
En1669, il fait partie dusecours envoyé parLouis XIV auxVénitiensassiégés dans Candie par lesTurcs. Il y est presque complètement détruit au combat du 25 juin, etGodefroy de Durfort,comte de Rauzan y périt.Les débris du corps rentrent en France au mois de septembre.
Le 20 janvier1670, les débris du « régiment de Rauzan » sont incorporés avec un régiment que leroi venait de créer, par ordonnance du 19 décembre précédent, pour son second fils,Philippeduc d'Anjou.
Le corps ainsi réorganisé, avec ce qui restait du « régiment de Rauzan » et dix compagnies des vieilles bandes destinées à former le régiment du prince, prend le titre de « régiment du duc d'Anjou », et n'a d'abord pour le commander qu'un lieutenant-colonel, François de Raveillon.
En septembre1670, le « régiment d'Anjou » fait la campagne de Lorraine sous le commandement dumaréchalde Créquy, et contribue à laprise d'Épinal,de Chasté etde Longwy.
Philippeduc d'Anjou étant mort en1671, le roi donne au régiment le titre de laprovince d'Anjou, et en nomme colonel Bernard de La Guiche, comte de Saint-Géran.
En1672, à l'ouverture de laguerre de Hollande, il fait partie du corps commandé parTurenne et se trouve auxsièges d'Orsoy,de Rheinberg etde Doësbourg et passe l'hiver enHollande.
En1673, il participe ausiège de Maastricht. Le 24 juin, pendant que lesrégiments du Roi etdu Dauphin emportent l'ouvrage à cornes, il fait une fausse attaque du côté deWyck et faillit enlever cet ouvrage. Après la capitulation deMaastricht, le « régiment d'Anjou » est envoyé à l'armée d'Allemagne et rejointTurenne, le 15 octobre. À la fin de cette campagne, il prend ses quartiers d'hiver enBourgogne
En1674 il participe, à laconquête de la Franche-Comté. Ausiège de Besançon, le régiment repousse une sortie, ou le colonel Bernard de La Guiche, comte de Saint-Géran est très grièvement blessé. Le « régiment d'Anjou » est mis engarnison àBesançon y reste jusqu'au mois d'août, et retourne ensuite sur leRhin. Il se distingue le 4 octobre à labataille d'Ensheim et y prend trois canons à l'ennemi. Le régimentcombat encore cette année à Mulhausen.
Le 5 janvier1675 il se couvre de gloire, avec lerégiment de Navarre, à labataille de Turckheim. Le succès de cette journée fut décidé par l'arrivée desrégiments de Navarre, « d'Anjou »,de La Reine etRoyal-Vaisseaux, qui , passant intrépidement laFecht sous un feu terrible, vinrent donner sur le flanc droit de l'ennemi déjà ébranlé par les attaquesdes Gardes françaises, et le mirent dans une déroute complète.
Au printemps, le « régiment d'Anjou » est envoyé à l'armée de Flandre. Il reste àArras jusqu'à l'ouverture de la campagne, et il contribue ensuite à laprise de Liége,de Dinant,de Huy etde Limbourg.
En1676, il participe auxsoumissions de Landrecies,de Condé,de Bouchain etd'Aire.
En1677, il débute par lesiège de Valenciennes. Détaché pendant cette opération, pour aller renforcer leduc d'Orléans menacé par leprince d'Orange dans seslignes de Saint-Omer, il se trouve le 11 avril à labataille de Cassel. Il y fait des prodiges de valeur à l'attaque de l'abbaye de Peene où l'ennemi s'était retranché. Le « régiment d'Anjou » acheve lesiège de Saint-Omer puis part pour se rendre sur leRhin. Il fait sur cette frontière lesiège de Fribourg.
Au début de 1678, il revient enFlandre et se trouve auxsièges de Gand etd'Ypres, aublocus de Mons et à la sanglantebataille de Saint-Denis, et achever la campagne à l'armée d'Allemagne par laprise de Kehl et duchâteau de Lichtenberg et hiverne dans lecomté de La Marck.
Le 26 juin1679, ilcombat à Minden, bataille qui amena l'adhésion de l'électeur de Brandebourg à lapaix de Nimègue.
En1684, dans le cadre de laguerre des Réunions, le « régiment d'Anjou » sert ausiège de Luxembourg.
En1688, le régiment est engagé dans laguerre de la Ligue d'Augsbourg. Sesgrenadiers contribuent à laprise de Philippsburg, en emportant l'épée à la main, le 29 octobre, l'ouvrage à couronne, en compagnie des grenadiers durégiment du Roi. Le régiment coopére encore cette année auxconquêtes de Manheim etde Frankenthal.
En1689, il achève la soumission duPalatinat, et est mis engarnison àMayence ou il setrouve à sa défense sous les ordres dumarquis d'Huxelles.
Le « régiment d'Anjou » sert encore enAllemagne pendant les deux campagnes suivantes.
Il commence celle de1692 sur laMoselle, avec lemarquis de Boufflers. Il passa au mois de mai dans lesPays-Bas, sert ausiège de Namur, où il contribue à la prise duchemin couvert et de lademi-lune Saint- Nicolas. Ilcombat ensuite à Steinkerque et termine la campagne par laprise de Charleroi.
En1693, il est ausiège de Huy, et le 29 juillet, ses deux bataillons occupent l'extrême droite de la seconde ligne à labataille de Neerwinden. Au mois de septembre, le régiment fait lesiège de Charleroi.
En1694, le corps est à l'armée d'Allemagne sous le commandement desmaréchauxde Lorges etde Joyeuse.
En1695, il repasse enFlandre et se trouve aubombardement de Bruxelles.
En1696, il sert sur laMeuse avec lemaréchalde Boufflers.
En1697 il achève cette guerre par lesiège d'Ath, sous les ordres dumaréchal de Catinat.
En1698, il fait partie du camp assemblé àCoudun, près deCompiègne, pour l'instruction duduc de Bourgogne.
En1701, au début de laguerre de Succession d'Espagne, le régiment d'Anjou est sur la frontière duRhin. Il passe au mois de septembre à l'armée d'Italie, et arriveprécisément pour labataille de Chiari, qui ne fut pas favorable à l'armée françaises.
En1702, après labataille de Crémone, il est mis sous les ordres duduc de Vendôme, et se trouve à labataille de Santa-Vittoria, et plus tard à labataille de Luzzara et auxprises de Luzzara etde Borgoforte.
En1703, il fait, l'expédition du Tyrol et contribue aux soumissions deBersello, de Nago et d'Arco, et à la prise du château deCastelbarco. Le 26 octobre, le régiment participe à la défaite du général autrichien Visconti à San-Sébastiano, et prend ses quartiers d'hiver dans leMontferrat[1].
En1704, il est employé auxsièges de Verceil,d'Ivrée etde Verrue, sous le commandement dugrand-prieur de Vendôme.
Après la prise de Verrue, qui ne se rendit que le 7 avril1705, le « régiment d'Anjou », rappelé à l'armée principale, se trouve à l'attaque des retranchements duprince Eugène àCastelleone, et le 16 août à labataille de Cassano. Attaqué vivement par lesImpériaux dès le commencement de l'action, il se replie en bon ordre sur lerégiment de La Marine, dont il partage la gloire dans cette journée. Le 16 octobre, il est aucombat de Gumbetto, et il contribue encore cette année à laprise de Soncino etde Montmélian. Après cette dernière opération qui se termine le 11 décembre, le1er bataillon prend son quartier d'hiver à Valose et le2e bataillon à Borghetto.
Le 19 avril1706, le « régiment d'Anjou »combat à Calcinato, puisà Castiglione et enfin, le 8 septembre, à lamalheureuse journée de Turin, où il a la garde d'une partie des lignes entre laDoire et laStura. Réduit à 713 hommes, il se retire enProvence et défend pendant l'hiver la frontière duVar.
En1707, il contribue à faire lever lesiège de Toulon. Il passe enSavoie après la retraite de l'armée austro-sarde, et il demeure employé à la garde des débouchés des Alpes, jusqu'à lapaix d'Utrecht. La seule action importante, à la laquelle il participe pendant ce temps, est laprise de Césane en1708.
Au début de1714 il est dirigé sur leRoussillon, d'où il passe au mois de juin enCatalogne pour faire lesiège de Barcelone.
En1715, il rentre enFrance et reçoit l'incorporation, le 15 août, d'une partie des hommes durégiment réformé de Noë
En1733, laguerre de Succession de Pologne, rappelle le « régiment d'Anjou » enItalie. Il fait cette année lessièges de Gera-d'Adda etde Pizzighettone. Après ces opérations, sa brigade est envoyée avec les Fusiliers de Savoie, sous les ordres dumarquis de Contades, ausiège du château de Crémone, qui se rend le jour même de l'ouverture de la tranchée.
En1734, le régiment participe auxsoumissions de Novarre,de Serravalle,du fort d'Arrona, etde Tortone, puis à labataille de Colorno, et le 29 juin à labataille de Parme. Le 15 septembre il est l'un des quatre régiments envoyés au secours durégiment du Dauphin, cerné par lesImpériaux dans ses postes de laSecchia. Le 19 septembre, ilcombat encore à Guastalla où son colonel,Louis de Conflans marquis d'Armentières, est blessé, et après laprise de la Mirandole, il est mis en quartier d'hiver àSan Secondo Parmense.
En1735, il concourt à la conquête du château de Gonzague,de Reggiolo etde Revere.
Le régiment rentre en France en septembre1736.
En août1741, dans le cadre de laguerre de Succession d'Autriche, le « régiment d'Anjou » fait partie du corps auxiliaire envoyé à l'électeur de Bavière, sous les ordres dumarquis de Ximenès. À son arrivée àDonauworth, le corps s'embarque sur leDanube, du 7 au 13 septembre, pour descendre versVienne. Il n'y eut que la « brigade d'Anjou » qui, faute de bateaux ou deradeaux , alla par terre àStraubing, d'où elle fut àEschlkam dans le haut Palatinat deBavière, pour surveiller les mouvements duprince de Lobkowitz. Au mois d'octobre, le régiment pénètre enBohême et il se rend d'abord àPilsen, et le 26 novembre il assiste à l'escalade dePrague[2]. Il quitte cette ville le 4 décembre avec le comte d'Aubigné, contribue auxprises de Pisek, du château de Frawemberg et de Protiwein, et reste ensuite cantonné dans les villages deChvalatice etMašovice.
Début janvier1742, 400 fusiliers du régiment occupent le château de Winterberg. Le régiment change alors de quartiers ; le1er bataillon s'établit à Stiekna, et le2e bataillon à Kerstran. Quand, au mois de juin, lemaréchalde Broglie est forcé par l'inaction calculée duroi de Prusse, d'abandonner précipitamment son camp dePísek, l'ordre est donné au régiment de se retirer àÉgra, mais cet ordre n'arrive pas à temps aux cinq cantonnements les plus éloignés du corps. Les capitaines, se voyant sur le point d'être enveloppés par l'avant-garde autrichienne, résolurent de tenter les derniers efforts pour rejoindre l'armée. Arrivé sous les murs dePrague, le détachement d'Anjou campa en2e ligne derrière lerégiment de Navarre au village d'Owenez, et il se retire peu après dans la ville, les ennemis ayant démasqué de nouvelles batteries qui enfilaient son camp d'un bout à l'autre.Il se fait remarquer par sa bravoure, à côté desrégiments de La Marine,d'Auvergne etdu Roi, dans les sorties des 18 et 22 août, 9 et 22 septembre. Lecolonel d'Armentières qui était sorti d'Egra avec une faible portion du corps, parvient au mois d'octobre à gagnerPrague à travers mille dangers. Il est peu après envoyé àLeitmeritz, mauvais poste sur la frontière deSaxe, pour favoriser lajonction de l'armée deMaillebois, qui venait de laWestphalie au secours des troupes deBohême. Le colonel avait avec lui quelques centaines d'hommesde son régiment et despiquets d'autres corps. Le 22 novembre, il est attaqué àLeitmeritz par lefeld-maréchal comte de Wallis, qui marchait à la tête de sept bataillons réguliers, de 1 500Croates et de 2 000 chevaux. Après une résistance honorable, se voyant sur le point d'être livré avec sa poignée d'hommes par les habitants deLeitmeritz, lecolonel d'Armentières capitule et se rendprisonnier de guerre avec 226 hommes de son régiment qui sont échangés au mois de mai 1743.
L'armée française évacua laBohême en décembre1742. Les 300 hommes du « régiment d'Anjou » restés àPrague, se signalent par leur bravoure dans les combats de la retraite. Ils sont rejoints en route par le détachement d'Egra, et rentrent en France en février1743. En arrivant sur leRhin, le « régiment d'Anjou » ne compte plus sous ses drapeaux que 50 officiers et 250 soldats. Un nombre à peu près égal est prisonnier et le reste avait été tué.
Dans la seconde moitié de1743, après son rétablissement à un seul bataillon, le « régiment d'Anjou » est envoyé sur la frontière duDauphiné. Dès son arrivée, il soutient un combat contre un gros corpspiémontais qui cherche à le couper de l'armée. Le 6 octobre, il se trouve à l'attaque du village et des retranchements de Pont. Détaché pour tourner la droite de l'ennemi , il lui est impossible de gagner les hauteurs, dont les chemins étaient rendus impraticables par le roulement des rochers et le feu croisé des batteries piémontaises. Il bat lentement en retraite sous une grêle de balles, et rejoint sans trop de pertes lerégiment de Travers-grison, qui venait d'emporter de front les retranchements. Anjou se trouve encore cette année à l'attaque des retranchements de la Chenal et passe l'hiver dans les Alpes.
Au printemps1744, il franchit leVar, chasse les avant-postes piémontais, et se trouve à laprise de Villefranche etde Montalban. Traversant alors la chaîne desAlpes par la vallée de laStura, il contribue à laprise de Château-Dauphin etde Démont, fait lesiège de Coni, et combat le 30 septembre à labataille de la Madonne de l'Olmo.
En1745, remis sur le pied de deux bataillons, le « régiment d'Anjou » favorise le passage de l'armée par la vallée de Spino, et participe auxsoumissions de Tortone,de Novarre,de Serravalle,d'Acqui,d'Alexandrie,de Casal,de Pavie,de Plaisance etde Valencia, et le 16 juin il se trouve à labataille du Refudo.
En1746 le régiment se trouve ausiège de Tortone, à labataille de Plaisance et àcelle du Tidone livrée le 10 août. Le « régiment d'Anjou » fait preuve d'une valeur extraordinaire dans cette bataille : il y met deux fois en désordre les troupes autrichiennes qui voulaient lui barrer le passage dela rivière. Le colonel y est blessé. L'armée se retire enProvence suivie de près par les Alliés. Le « régiment d'Anjou » sert tout l'hiver sur cette frontière, disputant le terrain pied à pied à l'ennemi.
En1747, il vole ausecours d'Antibes, et après l'expulsion des troupes impériales duterritoire français, il participe une seconde fois à l'attaque desretranchements de Montalban et deVillefranche, puis à laprise de Montalban,de Nice,de Villefranche etde Vintimille. Il demeure dans ces quartiers jusqu'à la fin de la guerre, observant les mouvements des Autrichiens qui bloquentGênes.
Au début de1749, il est mis engarnison àToulouse.
Uneordonnance royale du 10 septembre1753, met le régiment sous le titre de « régiment d'Aquitaine » en même temps que toutes les autres troupes, gendarmes, chevau-légers et cavalerie, qui portaient le nom « d'Anjou », en l'honneur d'unfils du dauphin mort en bas âge.
En1756, le « régiment d'Aquitaine » fait partie, du camp d'observation assemblé àCalais.
En1757, il part pour l'Allemagne et se trouve à labataille de Hastenbeck, auxprises de Minden etdu Hanovre, et à l'expédition de Zell qui eut pour résultat laconvention de Closterseven. Campé sousHalberstadt du 28 septembre au 5 novembre, il reprend la campagne après le désastre de l'armée deSoubise àRossbach, il participe le 25 décembre au passage de vive force de l'Aller, et hiverne sur leRhin.
Au début de1758, il repasse lefleuve, et après la chute deKaiserswerth, il est chargé avec d'autres régiments, de surveiller la frontière hollandaise. Il assiste le 23 juin sans combattre, à labataille de Krefeld .
En1759, le « régiment d'Aquitaine » se trouve au rassemblement de l'armée àKalkar, et fait partie du corps d'avant-garde commandé par lecomte de Saint-Germain, quiprend Münster le 25 juin. Le1er août il se distingue, près durégiment d'Auvergne à labataille de Minden ou il eut affaire aux troupes hanovriennes. Après cette journée, il fait partie de l'arrière-garde de l'armée qui est attaquée le 8 août par leprince de Brünswick, au passage des gorges de Munden. Lecomte de Saint-Germain, plein de confiance dans la valeur de ses troupes, leur fait promptement occuper les hauteurs, d'où elles chassent l'ennemi en lui tuant 600 hommes.
En juillet1760, dans le cadre de lacampagne de Hesse, le « régiment d'Aquitaine » se trouve auxbatailles de Corbach etde Warburg, et à l'attaque du camp duprince de Brünswick àSachsenhausen[3]. Le régiment est mis en garnison àCassel à la fin de cette année.
En1761, il se trouve à ladéfense de cette ville et il se fait surtout remarquer à la sortie du 7 mars, où il comble la parallèle, brûle le camp des ennemis, encloue six canons, s'empare de quatreobusiers, brise tous lesaffûts, détruit lesmunitions et rentre dans la place avec 203 prisonniers, dont deux officiers. Les 15 et 16 juillet ilcombat avec valeur à Villinghausen. À la fin de la première journée, il remplace avec lerégiment de Rouergue labrigade de Deux-Ponts épuisée par la lutte acharnée qu'elle avait soutenue, et continue cette lutte pendant la seconde journée.
En1762, le régiment d'Aquitaine prend une part très active, le 24 juin, aucombat de Grebenstein durant lequel le colonel Elzéar Marie Joseph Charles, vicomte de Broglie est fait prisonnier.
Lors de laréorganisation des corps d'infanterie français de 1762, le régiment d'Aquitaine est mis à quatre bataillons par l'incorporation durégiment de Berry.
L'ordonnance arrête également l'habillement et l'équipement du régiment comme suit[4]
Habit, veste et culotte blancs, parements, revers et collet bleus, poche ordinaire avec cinq boutons, quatre sur les parements et un en dedans, cinq au revers et quatre en dessous : boutons jaunes, avec leno 19. Chapeau bordé d'or.
À sa rentrée enFrance, il est mis engarnison àBriançon, puis il passe àStrasbourg en mai1763, àMetz en août1766, aucamp de Compiègne en juillet1767, àCambrai en avril1768 et àToulon en mars1769. Il fait cette année lacampagne en Corse[5], et est de retour àToulon le 15 août. Il se rend ensuite àMontpellier en novembre1771 et àPerpignan en octobre1772.
C'est àPerpignan, le26 avril 1775, que le régiment est dédoublé :
En novembre1775 le « régiment d'Aquitaine » quittePerpignan et se rend àMetz
Il fut envoyé de là à ValenciennesEn novembre 1777, il quitteMetz, puis rejointValenciennes,Bergues etGravelines en avril1778. Appelé pendant l'été decette année sur les côtes deNormandie, il fait partie du camp deVaussieux, et au mois d'octobre il retourne àValenciennes qu'il quitte en juin1780 pour aller àSaint-Brieuc.
Le 26 janvier1781, le2e bataillon s'embarque àBrest pour passer, dans le cadre de laguerre d'indépendance des États-Unis, dans l'Inde, et dans le même temps, le1er bataillon se met en route pourBéthune, avant de rejoindre lacitadelle de Lille en septembre1782, puisMézières en octobre1783.
Le2e bataillon arrive à la fin de juin1781 aucap de Bonne-Espérance, puis à l'île de France qu'il quitte le 7 décembre 1781 pour se rendre àPondichéry[6]. Cette place comme tous les ports de l'Inde étaient alors au pouvoir des Anglais. Après uncombat naval livré le 20 février1782 au nord deCeylan, lebailli de Suffren réussit à débarquer les troupes àPortonuevo (en) sur lacôte de Coromandel, et celles-ci s'emparent deGondelour avec le secours de 2 000cipayes deTipû Sâhib. Le 30 août 1782, le2e bataillon du « régiment d'Aquitaine » est à labataille de Trincomalée, et quelques jours après il est mis engarnison àGondelour, dont les Anglaisentreprennent le siège au mois de juin1783. Les « régiments d'Aquitaine » etd'Austrasie étaient les seules troupes bien organisées que lecomte de Bussy avait à sa disposition et elles rivalisèrent constamment de discipline et de bravoure. Le 13 juin 1783, le « régiment d'Aquitaine » repousse vigoureusement une attaque dugénéral Stuart , et lui tue 300 soldats européens et 200cipayes. Le 25 juin, la garnison prend à son tour l'offensive, et une sortie conduite par le colonel Louis Alexandre Pierre Nolasque des Balbi de Bertons, marquis de Crillon, pénètre jusque dans les ouvrages de l'ennemi. Celui-ci cède d'abord, et les Français emportés par trop d'ardeur, s'éloignent trop de la place et se voient coupés. Une lutte terrible s'engage alors. La garnison, après des prodiges de valeur, parvient à se frayer un chemin et rentre dans la place, mais elle avait perdu plus de 200 hommes et le marquis de Crillon reste entre les mains des Anglais. Après ce combat, les deux camps également épuisés restent dans l'inaction, et le 27 août, unefrégate anglaise apporte la nouvelle durétablissement de la paix. Le2e bataillon du « régiment d'Aquitaine » demeure un an àPondichéry qui venait d'êtrerendu à la France.
Embarqué les 3 août et 6 septembre1784, il arrive àLorient le 6 juillet1785, et rejoint au mois de septembre le1er bataillon àMézières .
En octobre1786 le régiment d'Aquitaine se trouve àLongwy.
En1787, il occupe quelque tempsTréguier etLannion enBretagne, et il est de retour àLongwy en décembre. Il reste dans cette ville jusqu'au mois de juin1790.
L'ordonnance du1er janvier 1791 fait disparaître les régiments du nom de provinces, et les corps d'infanterie ne sont désormais plus désignés que par le numéro du rang qu'ils occupaient entre eux. Ainsi, 101 régiments sont renommés. Les régiments sont toutefois largement désignés avec le termeci-devant, comme35e régiment d'infanterie ci-devant Aquitaine.
En1791, il se trouve àBitche, d'où il part en avril1792 pour se rendre àPrivas, pendant lesémeutes d'Avignon. Peu après le2e bataillon est jeté dansBriançon, tandis que le1er bataillon fait partie de l'armée dugénéralMontesquiou qui s'empare de laSavoie au mois d'août. Le régiment reste ensuite dans lesAlpes.
Le18germinalanIII (), àCastillon de Ampurias, le1er bataillon du35e régiment d'infanterie ci-devant Aquitaine estamalgamé avec le1er bataillon de volontaires des Hautes-Alpes et le3e bataillon de volontaires de la Drôme pour former la69e demi-brigade de première formation.
Le1ergerminalanII () le2e bataillon du35e régiment d'infanterieci-devant Aquitaine estamalgamé avec le1er bataillon de volontaires des Landes et le1er bataillon de volontaires de l'Ardèche pour former la70e demi-brigade de première formation.
Ainsi disparaît pour toujours le35e régiment d'infanterieci-devant Aquitaine, partageant le sort de tous ces vieux régiments qui depuis deux siècles avaient défendu si intrépidement la patrie contre toutes les coalitions.
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