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En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?1574–1705
Drapeau de la régence en 1685. | Armoirie de la régence durant la périodemouradite. |
| Statut | Eyalet de l'Empire ottoman |
|---|---|
| Capitale | Tunis |
| Langue(s) | Arabe,turc ottoman,langues berbères |
| Religion | Islam |
| 1574 | L'Ifriqiyahafside est conquise par lesOttomans à la suite de labataille de Tunis. |
|---|---|
| 1705 | HusseinIer Bey devientbey de Tunis |
| (1er) 1613-1631 | Mourad Ier Bey |
|---|---|
| (Der) 1702-1705 | Ibrahim Cherif |
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Larégence de Tunis est une ancienne entité étatique d'Afrique du Nord, qui a existé de 1574 à 1705, date de l'avènement de la dynastie desHusseinites. Elle est placée sous souveraineté nominale de l'Empire ottoman au terme de la rivalité opposant ce dernier et l'Espagne. Située entre les régences d'Alger et deTripoli, ses frontières correspondent à peu près à celles de l'actuelleTunisie.
Pour gouverner la régence, lessultans ottomans la confient à unvassal. Cependant, sous le règne de ladynastie beylicale desHusseinites, lesbeys de Tunis acquièrent une indépendance de fait, faisant d'eux les véritables monarques du pays jusqu'à l'instauration du protectorat. Car, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s'implantent guère en Tunisie et la conquête de l'intérieur des terres ne s'achève que sous les règnes d'Ali II Bey (1759-1782) et d'Hammouda Pacha (1782-1814)[1].


Les Hafsides de Tunis s'essoufflent et perdent peu à peu, après labataille de Kairouan en 1348, le contrôle de leurs territoires au profit desMérinides d'Abu Inan Faris[2], alors que, frappée de plein fouet par lapeste[3] de 1384, l'Ifriqiya continue de subir une désertification démographique amorcée par les invasionshilaliennes[1].
C'est alors que commencent à arriver lesMaures musulmans etjuifsandalous[4] fuyant la déchéance duroyaume de Grenade en 1492 et occasionnant des problèmes d'assimilation[1]. À leur suite, les souverains espagnolsFerdinand d'Aragon etIsabelle de Castille décident de poursuivre leurreconquête jusque sur les côtes maghrébines pour protéger leurs propres côtes[5]. En une dizaine d'années, ils prennent les cités deMers el-Kébir,Oran,Bougie,Tripoli et l'îlot situé en face d'Alger. Pour s'en libérer, les autorités de la cité sollicitent l'aide de deux corsaires renommés, originaires de l'île deLesbos enmer Égée : les frèresArudj etKhayr ad-Din[6] Barbaros ou Barberousse. Cette intervention est un événement majeur qui inaugure une période de confrontation entre l'Espagne et l'Empire ottoman pour la domination des territoires du Maghreb, hormis leMaroc, et celle du bassin occidental de la Méditerranée[5].
La Tunisie offre un environnement favorable et les frères Barberousse s'y illustrent particulièrement. Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l'autorisation d'utiliser le port deLa Goulette puis l'île deDjerba comme base[1]. Entourés de marins turcs, commeDragut,calabrais, siciliens, corses oudanois, ces pirates se font connaître en Europe sous le nom de « barbaresques » en jouant sur les noms « barbares », « berbères » et « Barbaros »[1].
Après la mort d'Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans lavassalité du sultan de Constantinople. Nommé grandamiral de l'Empire ottoman, il s'empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après laprise de la ville par l'armada — 400 vaisseaux — queCharles Quint mène en 1535[4],[1]. Le sultan hafside est alors rétabli dans ses droits sous la protection de Charles Quint[7] et le pays passe sous la tutelle du royaume d'Espagne[8]. Pendant ce temps, le gouvernement ottoman se dote de la flotte qui lui manquait. En 1560,Dragutparvient à Djerba et, en 1574, Tunis estdéfinitivement reprise par les Ottomans[9].
Au cours duXVIIe siècle, le rôle des Ottomans ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui s'émancipent progressivement de la tutelle du sultan de Constantinople[10]. Au bout de quelques années d'administration turque, plus précisément en 1590[7], ces janissaires s'insurgent, plaçant à la tête de l'État un dey et, sous ses ordres, un bey[5] chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence[9] aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant dusultan ottoman, au point qu'une dynastie beylicale finit par être fondée.
La milice turque de Tunis reste, jusqu'à sa mise à la retraite forcée vers 1828, le véritable pouvoir permanent. Elle regroupe près de 4 000 hommes[1], que ce soit desjanissaires, desartilleurs, desspahis ou même des hommes dugénie militaire, bien que leur nombre a pu varier d'une époque à l'autre.Le contingent est en effet fréquemment renouvelé par des recrues envoyées par l'Empire ottoman. Par la suite, ce sont les beys mouradites puis husseinites qui recrutent eux-mêmes des troupes en cas de besoin, grâce à leurs chargés d'affaires (oukil) à Constantinople[réf. nécessaire].

La milice est représentée par le diwan ou conseil des officiers composé d'unagha (commandant en chef de la milice), d'unkahia (son lieutenant-général), de deux scribes (katib), six huissiers (chaouch), présidés par unchaouch-bachi, et plusieurs officiers supérieurs (boulouk-bachi) et sous-officiers (oda-bachi), soit quarante membres en tout se réunissant généralement dans la maison de l'agha, dans l'actuelle rue du Divan à Tunis. Le conseil élit le dey et l'investit de sa charge mais peut le destituer voir le faire exécuter. Il joue également le rôle de tribunal militaire. Lorsque le mécontentement de la milice se fait ressentir, notamment contre le désir d'indépendance des beys husseinites au début duXIXe siècle, il n'a pas hésité à entrer en conflit armé avec ceux-ci. L'origine des soldats de la milice est différente selon l'époque[réf. nécessaire].
Au départ, une différenciation est faite entre lesAnatoliens (Sekbans ou jeunes recrues musulmanes) et lesAzabs — convertis issus duDevchirmé — beaucoup plus nombreux. Plus tardivement, avec la baisse de la pratique du Devshirme, on note une différenciation entre les impériaux ottomans et les locaux ouKouloughlis, c'est-à-dire les fils de Turcs et de Tunisiennes. Mais cette différence ne change rien au statut et à l'avancement du soldat, contrairement à ce qui se passe dans la régence d'Alger où les Kouloughlis sont déconsidérés. Le meilleur exemple de réussite des Kouloughlis est le fondateur de la dynastie desHusseinites,HusseinIer Bey, fils d'un janissaire ottoman et d'une Tunisienne duKef. Les Kouloughlis de Tunis ont ainsi le droit de se loger dans les multiplescasernes de Tunis s'ils ne trouvent pas d'habitation et d'être intégrés dans la milice s'il le désirent. De plus, dès leur naissance, ils ont droit à une pension payée par l'État beylical jusqu'à ce qu'ils aient l'âge de travailler comme soldats ou dans le civil[réf. nécessaire].
Cette pratique perdure jusqu'au milieu duXIXe siècle. Ce sont les revenus fiscaux des terres de la région deMateur qui servent à entretenir la milice turque de Tunis[11]. Après deux importantes révoltes contre les beys, l'une en 1811 contre Hammouda Pacha et la seconde en 1816 contre Mahmoud Bey, la milice s'affaiblit peu à peu ; elle ne compte plus que des Turco-tunisiens nés au pays, les Kouloughlis, qui ne constituent plus une menace pour les beys[réf. nécessaire].
Après avoir sondé le gouvernement ottoman sur les réformes militaires entreprises au début duXIXe siècle,Hussein II Bey décide en 1828 la dissolution officielle de ce corps qui aura marqué la scène politique tunisienne depuis la prise de pouvoir du diwan en 1593[réf. nécessaire].
Les principales villes portuaires et du nord du pays sont soumises, dès le début de la période, à l'autorité d'un détachement de la milice turque placé sous les ordres d'uncaïd ; les villes deBizerte,Nabeul,Sousse,Monastir etSfax sont principalement concernées. Mais la pacification de l'arrière-pays par les beys husseinites à la fin duXVIIIe siècle étend le contrôle ottoman à tout le territoire. Il n'est dès lors plus nécessaire d'envoyer lamhalla, la colonne armée bisannuelle menée par le bey lui-même pour lever l'impôt et rendre la justice. Désormais, sauf circonstance exceptionnelle, le bey ne s'éloigne plus de Tunis[réf. nécessaire].


L'administration régionale se compose comme suit : chaque grande localité de province est placée sous la direction d'un caïd-gouverneur qui possède un pouvoir militaire, de nomination des fonctionnaires et de justice. Il a aussi la charge de lever l'impôt pour le compte de l'État beylical ; son grade est général de brigade (amir-liwa). Il est assisté dans sa fonction par unkahia ou lieutenant-gouverneur. Localement, c'est le khalifa (préfet) qui exerce les fonctions dont celles de chef de la police. Les villes secondaires et villages, ainsi que lestribusnomades ou sédentaires, sont dirigées par uncheikh, sorte de chef de village ou de tribu[réf. nécessaire].
La capitale Tunis, qui possède un statut particulier, est dirigée par leCheikh El Médina assisté de deux cheikhs pour les faubourgs deBab El Jazira etBab Souika. La police de Tunis (zaptié), détachement spécial de la milice ottomane, est placée sous l'autorité du dey qui prend par la suite le titre dedaoulatli[réf. nécessaire].
À l'exception des cheikhs, qui sont choisis parmi les autochtones, les autres responsables régionaux sont tous membres des familles du makhzen beylical. Celles-ci sont généralement Turques ou Mameloukes, surtout dans les provinces les plus importantes. Toutefois, vers leXVIIIe siècle, quelques familles autochtones ayant un ascendant sur une région parviennent à accaparer les fonctions de caïd pour former de véritables dynasties féodales[réf. nécessaire].

Mourad Bey est nommé commandant de la colonne armée qui parcourt le pays en 1613 et se voit gratifié du titre de pacha de Tunis en 1631 par le sultan ottoman. Il instaure le beylicat héréditaire mais ses successeurs partagent le pouvoir avec le dey. À sa mort, c'est son filsHammouda Pacha Bey qui lui succède. Époux d'Aziza Othmana, il est nommé pacha et fait figure de souverain bâtisseur[réf. nécessaire].
En 1666,Mourad II Bey parvient à mettre au pas lesjanissaires de la milice, ainsi que le dey placé à leur tête, mais fait face à une violente attaque navale française contre les ports deBizerte,La Goulette etPorto Farina, en représailles aux activités des corsaires tunisiens.Mohamed Bey El Mouradi, malgré un règne tumultueux durant l'épisode desrévolutions de Tunis, parvient à assurer une certaine prospérité au pays et finalise les ouvrages architecturaux de ses aïeux. En 1675,Romdhane Bey expulse les Français du Cap Nègre mais fait face à une guerre contre ledey d'Alger[réf. nécessaire].
En 1699,Mourad III Bey, souverain violent et brutal, est déposé en 1702 sur ordre du sultan ottoman et assassiné parIbrahim Cherif, l'agha des spahis[12].Ce dernier met fin au régime mouradite : il est nommé dey par la milice et fait pacha par le sultan ottoman. Il n'arrive toutefois pas à faire cesser les incursions algériennes et tripolitaines. Finalement vaincu par le dey d'Alger en 1705, il est capturé et emmené à Alger. Son lieutenant, Hussein Ben Ali Turki, ancienkhaznadar (ministre des Finances) de Mohamed Bey El Mouradi et agha des spahis (commandant de la cavalerie), revient avec les débris de l'armée vaincue à Tunis et se fait reconnaître comme bey par la milice turque. Il est le fondateur de la dynastie husseinite[réf. nécessaire].
Il est difficile de mesurer l'importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane :minarets polygonaux et cylindriques ou mosquées sous une grande coupole centrale comme celle deSidi Mahrez à Tunis[1]. Dans un autre domaine, l'art destapis, qui existait pour certains avant l'arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter auXVIIIe siècle des motifs purementanatoliens[1]. Malgré ces influences perceptibles dans l'aspect des objets manufacturés, l'empreinte de l'Italie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours duXVIIIe siècle, tant dans l'architecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à l'Europe[1].