Quentovic | |||
Localisation | |||
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Pays | ![]() | ||
Région | Pas-de-Calais | ||
Coordonnées | 50° 28′ 57″ nord, 1° 43′ 17″ est | ||
Empire carolingien | |||
Géolocalisation sur la carte :France Géolocalisation sur la carte :Pas-de-Calais | |||
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Quentovic est unemporium, un ancienport de commerce duhaut Moyen Âge, actif duVIIe au Xe siècle, situé dans l'actuelPas-de-Calais, enFrance. C'était un des ports de mer principaux desCarolingiens. CommeDorestad, auxPays-Bas, Quentovic fut une possession personnelle deCharlemagne. Les archéologues admettent aujourd'hui que Quentovic était situé à l'embouchure de laCanche, entre laMorinie et lePonthieu, probablement à l'emplacement du village actuel deLa Calotterie.
Le nom de la localité est attesté sous les formesWic en 718 ;Wicus en 799 ;Quentawic auVIIIe siècle siècle ;Quoentavic auVIIIe siècle ;Quentavich auIXe siècle ;Quentowicus en 831 ;Quentavicus en 835 ;Quantovicus en 842 ;Contwig en 842 ;Quentwicus en 857 ;Quintovicus en 858 ;Quintuicus en 866 ;Quentovicus en 877-879 ;Qwentowic en 879-884 ;Quentovic auIXe siècle[1].
Les formes les plus anciennes et régulières enWic- /-wic sont identiques à celles deVicques (Normandie,Wikes 1198,Wiques en 1233) que François de Beaurepaire fait remonter au germaniquewīc « village »[2]. Cette hypothèse est soutenue parMaurits Gysseling à propos deQuentovic, mais sous la formewīka- au sens de « village le long d'une rue, établissement commercial »[3]. Il correspond au vieux saxonwīk, au vieil anglaiswīċ (cf. toponymes en-wich) qui, au pluriel, pouvait avoir le sens de « camp »[4].
Le premier élémentQuento- représenteQuantia, nom antique de laCanche[3], dont procède l’hydronyme actuel.
L’odonyme et labelQuentovic utilisé de nos jours, résulte d’une forme latinisée de cet ancien port et s'applique à une voie publique, l'avenue de Quentovic, à un quartier de la ville duTouquet-Paris-Plage et comme marque de bière produite par la brasserie deBeaurainville[5].
Remarque : il semble qu'il faille faire la distinction entre le germanique occidental*wīk « résidence, demeure, village » (cf. ci-dessus), issu ultimement du latinvicus, et le germanique occidental*wīku « canal, crique, anse, port », d'où vieux saxon*wīka,*wīk ; ancien néerlandais*wīk > néerlandaiswijk cf. vieux norroisvík « anse, baie, crique ».
DuXVIIe siècle au début duXXe siècle, la question de l'emplacement de Quentovic a été âprement discutée par les historiens régionaux, notamment au sein de la société savante des antiquaires de la Morinie[6],[7],[8]. M. Fengler imaginait qu'il pourrait s'agir duPortus Itius[9].
Étaples a aussi été envisagée, notamment en raison de l'abondance de témoignages archéologiques et parce que selon Pierre Héliot (1937)« lemonastère de Stenetland possédait à Quentovic des biens mentionnés dans une charte de 857 ; or ces biens, transmis ensuite à l'abbaye de Saint-Bertin, semblent ne pas différer de ceux qu'ont repris des chartes de1026 et1040 et qu'on nous dit situés à Étaples (Les chartes de St-Bertin, éd. Haigneré et Bled, t. I, pp. 13, 22 et 23) »[9].
C'était selon Jean Dhondt lehameau de Vis-et-Maretz, sur la rive gauche du fleuve Canche, entre Etaples et Montreuil, qui était l'emplacement de Quentovic[10]. Plus tard, Pierre Léman plaida également pour des fouilles approfondies dans ce secteur, car des découvertes archéologiques nouvelles y étaient faites[11].
En 2004, des vestiges ont été localisés àLa Calotterie, entreMontreuil etÉtaples, au mont de Beck, dans le hameau de Vis-et-Maretz.
On émet l'hypothèse d'un port de la tribu gauloise desMorins à l'origine du site, attesté par la proximité d'un four gallo-romain.Il aurait reçu une partie de la flotte romaine, laClassis Sambrica, entre la fin duIIIe et le début du IVe siècle[réf. nécessaire]. Des objets de parure desVe et VIe siècles d'origine anglo-saxonne et certains types de céramiques en provenance duJutland, des embouchures de l'Elbe, de laWeser, ont été découverts sur le site.
La ville est citée pour la première fois auVIIIe siècle parÉtienne de Ripon dans saVita sancti Wilfrithi, puis parBède le Vénérable dans sonHistoire ecclésiastique. Celui-ci note queThéodore de Tarse, évêque désigné deCanterbury, passe en669 par Quentovic.
À partir duVIIIe siècle,Alcuin, abbé deFerrières-en-Gâtinais et familier deCharlemagne, gère la fondation. C'est à cette époque que le port aurait atteint son apogée, mais sa prospérité en faisait une cible de choix pour lesraids vikings répétés qui ravagèrent le pays à partir de842, date à laquelle les Hommes du nord y débarquèrent pour la première fois.On a aussi la preuve de la présence à Quentovic dans les toutes dernières années duIXe siècle et les premières duXe siècle, des rois vikings, d'origine danoise de l'est de l'Angleterre (Northumbrie),Knut (ou Cnut)[11] etSigfrid qui occupèrent le grand port vers 898, époque où se situe précisément le siège deMontreuil (Pas-de-Calais) par les mêmes rois précités.[réf. nécessaire].
Quentovic est également un atelier monétaire : il figure dans l'édit de Pîtres, datant de 864, en tant que lieu autorisé à battre monnaie[12],[9]. Longtemps, les historiens régionaux ont pensé que l'atelier monétaire avait disparu définitivement à la fin duIXe siècle[9], sans doute à la suite d'une destruction du port par les Vikings.
La découverte àFécamp en 1963 d'un important trésor constitué de 8 584 pièces de monnaie carolingiennes infirme cette hypothèse et montre que Quentovic, avec des fortunes diverses, continua d'exister dans les deux premiers tiers duXe siècle et que son atelier monétaire fonctionna jusqu'à une date voisine de980, date du rattachement deMontreuil au domaine d'Hugues Capet, alors simple duc de France et qui devait, en987, être élu roi. Les villes de Montreuil et Quentovic ont cependant cohabité, comme l'atteste l'existence à Montreuil de fours à poterie et d'un atelier monétaire.
Quentovic a peut-être été affaiblie par les nombreuses incursions ennemies de la période carolingienne tardive, notamment en 842, (844 ?), 864, 881, 890, et 894.Boulogne-sur-Mer etMontreuil lui ont succédé dans la fonction de port de commerce local. La disparition de Quentovic vers l'an 1000[13] a pu être causée conjointement par ces raids scandinaves et par la fragilité des infrastructures en bois soumises aux aléas maritimes.
L'aire occupée par Quentovic est supérieure à35 ha et proche de celles deDorestad etSouthampton qui comptent40 ha et45 ha. C'est une ville portuaire au commerce prospère, célèbre sousDagobert II (652-679), et qui dispose d'un hôtel de monnaie et de bureaux de péage[14]. Comme àDorestad, les droits de péage sont considérables et letonlieu, impôt sur les marchandises, s'élève à 10 %ad valorem. Aussi un haut fonctionnaire qualifié deprocurator, commesaint Gervold, puis deprefectus réside-t-il dans le port[15] ; de là, il est chargé d'ambassades chez les rois anglo-saxons. La frappe des monnaies représente, elle aussi, une source d'importants bénéfices pour le pouvoir.
Quentovic devient le centre principal des échanges commerciaux entre les îles britanniques et le mondecarolingien[16] et sert de point de passage pour les insulaires se rendant en pèlerinage. Il fait partie des nouveaux établissements commerciaux qui apparaissent à cette époque dans la zone de la mer du Nord et de la Baltique, avecRibe,Hedeby (actuelleSchleswig),Dorestad,Birka etHamwic (actuelleSouthampton).Le commerce de la laine anglaise, de l'ambre de laBaltique et de l'étain de l'île de Wight semble confirmé[Par qui ?]. À l'époque, cette partie de la vallée de laCanche était totalement immergée à marée haute.
La puissance du port vient aussi de la volonté politique des rois francs qui contrôlent laNeustrie : ils donnent lesaltus, domaine public, aux établissements ecclésiastiques, comme l'abbaye de Ferrières-en-Gâtinais. Des contacts se nouent dès 550 entre leKent, l'East Anglia et la Neustrie. Quentovic devient l'une des grandes douanes de ces rivages et l'un des principaux ateliers monétaires des premiers Carolingiens.
Quentovic est en relation foncière avec les abbayes deSaint-Wandrille,Saint-Germain des Prés,Abbaye de Saint-Riquier,Saint-Vaast àArras,Saint Bertin deSaint-Omer,Villemeult[Où ?],Combs-la-Ville,Ferrières-en-Gâtinais.
Le paysage maritime ressemble à celui de la Frise ou de la Saxe. Ces peuples germaniques ont diffusé un type de navire à faible tirant d'eau, doté d'une quille rudimentaire mais à fond plat et arrondi de type houque, qui figurent sur les deniers frappés par Charlemagne etLouis le Pieux à Quentovic comme àDorestad.
Le rôle spirituel de Quentovic s'appuie sur une fondation monastique, placée en aval sur la même rive à une lieue du port en mémoire desaint Josse, le moine breton fondateur.