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Quaero (ouQuæro en tenant compte de laligature « æ ») — « je cherche » enlatin — est un programme de recherche et d'innovation lancé le26octobre2004, destiné à développer des « outils intégrés degestion des contenusmultimédias », dont des extensions multimédias pour desmoteurs de recherche de nouvelle génération qui permettront de rechercher par le contenu non seulement dutexte, mais aussi desimages, duson et de lavidéo. Initié par laFrance et soutenu parOséo, le programme inclut une participationallemande. Quaero avait pour objectif de devenir le« Google européen »[1],[2].
Son lancement a bénéficié de la volonté politique de relancer de grands programmes d'innovation industrielle et de réagir face à la montée en puissance des moteurs de rechercheaméricains commeGoogle ouYahoo!. Il a été rapporté dans la presse que son but était de créer un nouveau moteur de toutes pièces[3]. D'après l'INRIA, le projet s'appuie en réalité sur des technologies existantes, dont celles d'Exalead et deFrance Telecom qui participent au programme, et vise à les étendre. Il s'agit plus généralement de développer la recherche française en matière derecherche d'information multimédia, en coordonnant les efforts, en organisant le transfert technologique et en mutualisant les infrastructures de recherche. Le nomQuaero n'a pas pour but de devenir unemarque commerciale pour des produits : il ne s'agit que du nom du programme, et les outils développés ne porteront pas nécessairement ce nom.
Le programme Quaero vise à développer des technologies de traitement automatique des contenus multimédia et multilingues permettant d'offrir de nouveaux produits et services au grand public comme aux professionnels. Les principaux secteurs visés sont :
Pour atteindre ces objectifs, le programme s’appuie sur un consortium d'une vingtaine de partenaires et sur une aide d'environ 100 M€. Cette aide, apportée par l'agence de financementOséo, est répartie sur 5 ans et entre les membres du consortium. Ces membres apportent au programme leur expérience dans le développement et la valorisation de technologies. Ils contribuent également par leurs moyens propres pour un montant équivalent à l'aide, ce qui conduit à un budget total d'environ 200 M€.
Le programme met en œuvre une stratégie de développement de hautes technologies fondées sur l'apprentissage automatique. Ces technologies permettent de généraliser à partir d'exemples pour traiter une très grande variété de contenus.
Le programme regroupe de grandesentreprises comme Technicolor (anciennementThomson), avec ses filiales allemandes Thomson-Brandt GmbH et Grass Valley Germany GmbH, etFrance Telecom, des sociétés de taille moyenne comme Jouve et Bertin Technologies, ainsi que desPME commeExalead, Vecsys,Vocapia Research,Synapse Développement etLTU Technologies.
Ces entreprises privées travaillent en partenariat avec des acteurs de larecherche publique tel leLIMSI-CNRS, qui coordonne les laboratoires publics, l'Inria, l’Université technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle, l'Université de Karlsruhe, l’Ircam, l’université Joseph-Fourier deGrenoble (CLIPS-IMAG), l’Irit, l’ENST, le LIPN de l'Université Paris 13 ou encore le groupe MIG de l'Inra.
LaDGA et leLaboratoire national de métrologie et d'essais (LNE) participent quant à eux à l’évaluation des développements technologiques.
Le contenu sera notamment fourni par l'INA, laBnF et l'Inist.
Il est prévu que d'autres organismes européens rejoignent le consortium pendant la durée du programme.
Le programme a été conçu pour répondre aux besoins croissant de technologies de traitement des contenus multilingues et multimédia, en s'appuyant sur les progrès rapides dans ce domaine. Il a été initié dans le cadre des travaux du groupe de travail franco-allemand « coopération économique », installé par les ministres de l’économie allemand et français le, et plus particulièrement du sous-groupe « recherche et innovation ». Il a été annoncé[4] par lePrésident de la République françaiseJacques Chirac à l'occasion duVe Conseil des ministres franco-allemand qui s'est tenu à l'Élysée le.
La proposition détaillée a été soumise début 2006 à l'AII, qui l'a retenue pour financement après analyse de sa pertinence scientifique et industrielle par des experts indépendants. Le, Jacques Chirac a renouvelé son soutien au projet en le présentant[5] comme un des cinq premiers PMII (programmes mobilisateurs pour l'innovation industrielle) officiellement soutenus par l'AII, qui inventeront « les produits de demain ».
Toujours en 2006, l'Allemagne a souhaité faire évoluer ses priorités.Deutsche Telekom, qui faisait initialement partie des partenaires du côté allemand, a annoncé en son retrait partiel du projet, ne souhaitant plus assurer qu'un rôle d'« observateur »[6]. D'autres organismes allemands ont souhaité participer au programme en le réorientant vers la thématique duweb sémantique et de lagestion des connaissances d'une manière incompatible avec les choix antérieurs. Ceci a conduit à une réorganisation en deux parties autonomes : la partie soutenue par l'AII, incluant les partenaires français et allemands à l'origine du programme et conservant le nom Quaero, et la partie soutenue par leBMWi, incluant les autres partenaires allemands et rebaptisée Theseus. Cette organisation a été annoncée fin par le gouvernement allemand et l'AII[7],[8].
En 2007, le dossier a été notifié à laCommission européenne pour analyse sous l'angle économique par sa Direction générale de la concurrence. Celle-ci a donné son accord au financement du programme le[9],[10], marquant ainsi le lancement définitif du programme pour une durée de 5 ans.
Les premiers résultats accessibles au grand public ont été annoncés par la société Exalead en[11]. Trois démonstrations ont été mises en ligne sur les Labs d'Exalead : Miiget et Wikifier, et Voxalead, un moteur de recherche audio intégrant les technologies du LIMSI-CNRS et Vocapia[12] et capable de comprendre 6 langues[13].
En 2011, le projet est à l'origine de 300 publications scientifiques et une vingtaine de dépôts de brevets[14].
En 2013, alors que le programme s'achève, 35 prototypes ont été lancés, et certains déploiements industriels ou commerciaux ont débuté. Parmi les débouchés, on note un outil de traduction de sites web, une plate-forme de numérisation de livres, ou un système de télévision interactive[15].
Le, le site Quæro annonce via un billet deblog la fin du programme de recherche[16]. L'annonce précise que le site restera en ligne « encore pendant toute l'année 2014 », afin d'assurer la publication des résultats des recherches en cours (« Publications, modules technologiques, corpus, applications & prototypes, thèses... »).
Le journal satirique françaisLe Canard enchaîné a estimé que le budget du projet est ridicule par rapport à celui deMicrosoft ou deGoogle. En pratique, le projet vient fédérer et renforcer des structures de recherche existantes au sein des organismes collaborant au programme[17], et devrait être comparé à des projets spécifiques de Microsoft ou de Google plutôt qu'à leur budget total de recherche.
Au moment du lancement, le projet est critiqué par Christophe Alix deLibération, pour qui le projet est exclusivement français, et son côté franco-allemand ne sert qu'à présenter un projet transnational à laCommission européenne, afin de justifier des dépenses publiques en faveur d'acteurs privés. Les Allemands, qui n'ont eu qu'une présence éphémère dans Quæro, lancent en parallèle le projetTheseus[18].
Les critiques ont été particulièrement virulentes outre-manche : dans leGuardian, qui reprend les critiques duCanard enchaîné dans une optique traditionnellement anti-française, un dirigeant d'entreprise britannique du monde des moteurs de recherche est cité pour avoir écrit au journal en qualifiant le plan de « a blatant case of misguided and unnecessary nationalism » (« un cas flagrant denationalisme malencontreux et inutile »)[19]. L'article est plus généralement critique envers le président Chirac, lui attribuant d'être plus intéressé par la défense d'une certaine vanité française, francophone et européenne, que par l'avancement global de l'Internet.
Pour Jean-Pierre Gérault, président ducomité Richelieu, le manque de collaboration des entreprises et la gestion du projet à un grand groupe conduit à du gâchis d'argent.Stéphane Distinguin, le fondateur deFabernovel, Quæero est géré de façon très étatique, avec au bout du compte des petits projets qui vont coûter très cher[14].
D'après l'INRIA, toutefois, ces critiques résultent en partie d'une incompréhension du projet, celui-ci n'ayant aucune vocation à devenir un moteur de recherche européen, mais bien un projet de recherche destiné à fédérer universitaires, industriels et PME pour le développement d'outils en recherche d'information multimédia[20].