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Héritier de l'anciennecontredanse française duXVIIIe siècle, lequadrille est unedanse debalet de salon en vogue du début duXIXe siècle à laPremière Guerre mondiale.Le quadrille est traditionnellement dansé par quatre couples formant un carré et se faisant face. Les couples effectuent des chorégraphies comprenant différents pas de danse, figures, et échanges de partenaires.
Aujourd’hui, le quadrille est dansé principalement au cours de manifestations folkloriques ou bals populaires, ou bien encore dans certaines soirées de prestige,bals viennois, soirées d’associations ou galas d’écoles militaires (École polytechnique,École royale militaire deBruxelles).
Pour leGrand Larousse duXIXe siècle (1866-1877), le mot « n’a fait que remplacer le terme decontredanse, dont on ne se sert plus depuis environ 40 ans, mais l’un et l’autre signifient exactement la même chose ». Jusque vers 1840, on parlait de « quadrille de contredanses » ; en 1847,Cellarius, dans saDanse des salons[1], utilise le terme de « quadrille français » qui semble s’être, à cette date, définitivement imposé.
Le quadrille est directement issu de lacontredanse française[2] telle qu’elle était dansée auXVIIIe siècle. Dans sonRépertoire des bals (1762)[3], La Cuisse notait qu’une contredanse était dansée neuf fois, formant une sorte derefrain alternant avec neufentrées différentes (grand rond, moulinet des dames, moulinet des cavaliers, allemande, etc.). Vers la fin du siècle, on se lassa de répéter neuf fois la même contredanse, et apparurent lespots-pourris qui, tout en gardant les neufentrées, proposaient à la place durefrain, neuf contredanses différentes du répertoire connu. Lequadrille de contredanse qui se mit en forme sous leConsulat et lePremier Empire, reprit la même structure, mais bientôt lesentrées furent abandonnées, laissant place à huit mesures d’introduction, durant lesquelles on ne dansait pas, précédant chacune des figures.
Le mot quadrille a des acceptions très diverses. Dans le domaine de la danse de bal, il correspond à deux notions différentes :
À l’origine ni le nombre de contredanses ni leur choix n’étaient définis ; bientôt, leur nombre se fixa à cinq tandis que les trois premières figures devenaient quasi canoniques avec, dans l’ordre,le pantalon,l'été etla poule ; la quatrième figure fut plus longue à s’imposer et longtempsla pastourelle etla trénis se firent concurrence. Entre 1840 et 1850, lapastourelle triompha définitivement. La cinquième figure, oufinale n’était, au début, qu’une reprise de la figure de l’été, encadrée de chassés-croisés. Après l’introduction du galop en France, vers 1825, on la remplaça très souvent par la figure dugalop, ousaint-simonienne, qui utilise le pas de galop.
Lequadrille français pouvait être dansé par quatre couples formant un carré, ou par deux couples se faisant face, formant quadrette ; les couples se répartissaient alors, suivant les dimensions de la salle, en une ou plusieurs doubles lignes.
Dansé pendant plus d’un siècle, lequadrille français évolua très sensiblement au cours de son histoire. Né au moment où les « beaux danseurs » faisaient la loi, il avait d’abord prescrit des pas savants permettant de briller lors descavaliers seuls, desbalancés ou destraversés ponctuant les différentes figures. Vers 1840, le quadrille n’était plus dansé, mais marché, comme le constate avec désabusement Cellarius : « Les cavaliers [...] se bornent, pour la plupart, à marcher le plus souvent avec nonchalance et sans presque se préoccuper de la mesure » (La Danse des salons, 1847).
Voici la description sommaire duquadrille français selon Brunet (1839)[5] :
Ces figures composent le quadrille dela Vie parisienne.
Les musiques initialement composées pour les figures du quadrille avaient vite été remplacées par de nouvelles compositions adaptées aux figures préexistantes. Bientôt, à côté de compositions originales, on prit l’habitude de puiser dans lesopéras ou lesballets à la mode des motifs qu’on adaptait au découpage préétabli.Guillaume Tell,Les Huguenots ouDon Carlos,Le Postillon de Lonjumeau,La Belle Hélène ouLa Fille de madame Angot,Coppélia,Faust ouCarmen fournirent ainsi des motifs au quadrille dont les musiques devaient constamment être renouvelées.
Les compositeurs de quadrilles les plus notables sont[réf. nécessaire] :
Dans les bals publics, lequadrille français allait connaître une transformation radicale. Les figures, simplifiées, n’en vinrent bientôt plus qu’à aligner des suites d’avant-deux et detraversés durant lesquels danseurs et danseuses improvisaient des pas débridés. On désigna bientôt cet avatar du quadrille sous les noms dechahut oucancan. Né dans les bals étudiants du quartier latin, à la fin de la Restauration, lecancan se répandit bientôt dans tous les bals publics parisiens ; sous le Second Empire, il était devenu une attraction pour les visiteurs étrangers.

À partir duSecond Empire on vit apparaître de nouveaux quadrilles qui alternaient, au cours des bals, avec lequadrille français. Le seul qui s’imposa longuement est lequadrille des lanciers, apparu en France en 1856 (mais créé quarante ans plus tôt, à Dublin, par un maître à danser français). Il est formé de cinq figures (tiroirs, lignes, saluts, moulinets, lanciers) et fut dansé régulièrement jusqu’à la dernière guerre mondiale. Il l’est encore sporadiquement et notamment, en démonstration, chaque année auBal de l’X.
Lequadrille du prince impérial, lequadrille des variétés parisiennes, lequadrille des dames, lequadrille russe sont d’autres quadrilles apparues sous le Second Empire. Ils requièrent tous des musiques spéciales.
Durant les années 1870 furent créés plusieurs quadrilles qui pouvaient se danser sur la musique de n’importe quel quadrille français, comme lepolo, lequadrille américain (1879) et même letriangle, quadrille pour trois couples. Dans les bals, les danseurs pouvaient donc danser, sur la même musique, l’un ou l’autre de ces quadrilles, et même mélanger les figures des uns et des autres. Lequadrille américain semble avoir souvent remplacé le vieuxquadrille français dans les bals privés à la fin du siècle.
Le tableau suivant fournit, dans l'ordre de danse, les fichiers audio des cinq figures du quadrille des lanciers:
| # | Figure | Téléchargement fichier audio .ogg | Écouter le fichier audio |
|---|---|---|---|
| 1 | Quadrille des lanciers - 1 les tiroirs | 1 Les tiroirs | |
| 2 | Quadrille des lanciers - 2 les lignes | 2 - Les lignes | |
| 3 | Quadrille des lanciers - 3 les moulinets | 3 - Les moulinets | |
| 4 | Quadrille des lanciers - 4 les visites | 4 - Les visites | |
| 5 | Quadrille des lanciers - 5 les lanciers | 5 - Les lanciers |

Cettenumérisation indique les origines de ces deux quadrilles dansés en France, puis décrit leurs figures précisément.
Il est ainsi possible pour un quadrille de novices (un quadrille est composé de quatre couples) d'apprendre ces deux quadrilles. Pour le quadrille des lanciers en particulier, le tableau précédent fournit les fichiers de musique correspondant aux cinq figures. :
Le processus defolklorisation du quadrille dans les milieux populaires pendant la deuxième moitié duXIXe siècle a profondément transformé le paysage de la danse traditionnelle en Europe et au-delà[2]. Les versions populaires du quadrille ou de certaines de ses figures ont essaimé un peu partout, par exemple en donnant naissance au large répertoire de contredanses (comme l’avant-deux) de l’Ouest de la France, au répertoire deset dancing irlandais et deset carré québécois, ou encore en transformant le répertoire existant (avec des danses comme lescrouzades dans le centre de la France).
Le quadrille corse (U quadrigliu corsu) est la seule danse folklorique pratiquée de façon populaire de nos jours enCorse[6],[7].

Les contredanses ont été apportées par les colons européens auXVIIIe siècle. D'abord dansées par la bourgeoisie, le mode de diffusion localement, et leur évolution, sont encore discutés, mais ces contredanses ont été adoptées par d’autres milieux (esclaves, classes populaires, milieu rural) qui ont alors influencé la rythmique, les instruments (ajout de percussions comme le tambour de basse) et le déroulé[8],[9].
On retrouve encore actuellement des figures principales du quadrille avec le pantalon, l'été, la poule, la pastourelle, mais aussi d'autres figures comme la biguine. Ces figures sont annoncées et rythmées par un chanteur "commandeur" qui débute traditionnellement par « Cavaliers aux Dames ! » pour que les danseurs invitent leur danseuse. Cequadrille créole a toujours pour nom "Haute Taille", évoquant la forme des robes de bal de la bourgeoisie finXVIIIe , début XIXe siècle[10].
En France, le quadrille était encore fréquemment dansé durant la première partie duXXe siècle, notamment dans les bals des cercles militaires ainsi que dans les pensionnats de jeunes filles. En 1988, Alain Riou et Yvonne Vart ont relancé ces quadrilles en les reconstituant avec les danseuses et danseurs de leur groupe de recherche Révérences[11], puis en les diffusant par la suite à d'autres associations de danses anciennes lors de stages et par des vidéos.
Depuis 1991, le quadrille des lanciers est repris auBal de l'X (soirée de prestige organisée par les anciens et actuels élèves de l'École polytechnique)[12].
LeBal des Parisiennes, bal viennois de Paris, permet de danser le quadrille lors de chaque édition, à minuit, respectant ainsi la tradition des bals de Vienne[13],[14].
Le quadrille est toujours dansé dans des bals en Corse[6],[7], et on le retrouve aussi enGuyane, Martinique, Guadeloupe et à la Réunion[8],[9].
Le quadrille est dansé dans plusieurs bals enAutriche[15] et enBavière (Münchner Française). La tradition viennoise a maintenu un quadrille à six figures (pantalon, été, poule, trénis, pastourelle etfinale) ; il est le plus souvent dansé sur la musique deLa Chauve-souris deJohann Strauss fils[16].
Le quadrille est dansé chaque année par les élèves de l’École royale militaire deBruxelles, lors du bal annuel de l’école[17].
Un quadrille à 5 figures nommé « Lancier » est toujours dansé auDanemark aux bals de fin d'année des lycées du pays[réf. souhaitée].
Il est également dansé lors duQuadrille Ball (en) organisé àNew York par la Germanistic Society of America, une association favorisant l'échange entre étudiants américains et allemands[18].
On retrouve également certaines figures avec un nom français dans les danses des plus grands carnavals brésiliens de l'état de Pernambuco.
Danses traditionnelles françaises | |
|---|---|
| Danses répandues dans toute la France | |
| Danses basques | |
| Danses béarnaises et gasconnes | |
| Danses bretonnes | |
| Danses du Massif central | |
| Danses du Poitou | |
| Danses provençales | |