Cet article concerne le site inscrit au patrimoine mondial. Pour la chaîne montagneuse, voirPyrénées. Pour le massif du Mont-Perdu, voirMassif du Mont-Perdu. Pour les autres significations, voirMont Perdu (homonymie).
Pyrénées - Mont Perdu * | ||||
Les « trois sœurs » depuis le haut de lavallée d'Ordesa, de gauche à droite : lecylindre du Marboré (3 325 m), lemont Perdu (3 348 m) et lesoum de Ramond (3 257 m). | ||||
| Coordonnées | 42° 40′ nord, 0° 01′ est | |||
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| Pays | ||||
| Subdivision | Aragon Occitanie | |||
| Numéro d’identification | 773 | |||
| Année d’inscription | (21e session) | |||
| Année d’extension | (23e session) | |||
| Type | Mixte | |||
| Critères | (iii) (iv) (v) (vii) (viii) | |||
| Superficie | 30 639 ha[1] | |||
| Région | Europe et Amérique du Nord ** | |||
Géolocalisation sur la carte :Pyrénées Géolocalisation sur la carte :Hautes-Pyrénées Géolocalisation sur la carte :province de Huesca | ||||
| * Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO | ||||
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L'appellationPyrénées-Mont Perdu[1] (Pirineos-Monte Perdido enespagnol) désigne un vaste ensemble montagneux transfrontalier entre laFrance et l'Espagne, inscrit depuis1997 sur la liste du « patrimoine mondial » de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) au titre des paysages naturels et des paysages culturels.
L'ensemble « Pyrénées-Mont Perdu » est la réunion de deux parcs nationaux préexistants :
En France, dans lesHautes-Pyrénées, les cirques deGavarnie, d'Estaubé et deTroumouse ainsi que la muraille deBarroude offrent des aspects particuliers de ce site de haute montagne. Ce sont descirques d'origine glaciaire, aux hautes parois escarpées. L'aménagement des pâturages de moyenne montagne, des granges d'altitude est un témoin d'une activité agro-pastorale traditionnelle encore présente.
En Espagne, dans la province d'Aragon, les canyons d'Ordesa, deNiscle et d'Escuain sont parmi les plus profonds d'Europe. Les paysages de moyenne altitude de ce versant, façonnés au cours des siècles par l'agriculture en terrasse et la vie pastorale, sont les marques encore vivantes d'une remarquable adaptation des bergers aux exigences de ce milieu.
Le site de Pyrénées-Mont Perdu est binational et se situe de part et d'autre de lafrontière entre l'Espagne et la France, à l'extrémité sud du département desHautes-Pyrénées, en régionOccitanie côté français, et à l'extrémité nord de laprovince de Huesca,communauté autonome d'Aragon côté espagnol. Il est centré sur lemassif du Mont-Perdu, plus hautmassif calcaire d'Europe dont lemont Perdu culmine à 3 355 m. Sa superficie totale est de30 639 ha[1] et comprend, outre le massif central, d'autres espaces[2],[3] :
Lemassif du Mont-Perdu inclut la zone nord dupic du Piméné jusqu'à la commune deGèdre[2]. Toutefois, ce massif s'arrêtant aucirque d'Estaubé, Pyrénées-Mont Perdu inclut aussi à l'est une partie dumassif de la Munia qui représente les crêtes sommitales ducirque de Troumouse et ducirque de Barroude[4]. À l'est, seul est inclus le haut de la vallée de Pineta, au niveau ducirque de Pineta là ou le fleuveCinca prend sa source[5]. Au sud, le parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu, et donc Pyrénées-Mont Perdu, n'occupe pas les contreforts sud du massif du Mont-Perdu, ce qui entraîne un découpage en dentelles : les canyons d'Ordesa, du Vellos et d'Escuain sont bien inclus dans le site, mais pas forcément les sommets des versants ni les zones entre ces vallées[5],[6]. Enfin, lecanyon du Vellos descend très profondément au sud, au milieu de zones non classées, formant un long corridor de protection finissant à seulement 4 km de la commune deLaspuña[5],[6].
Le domaine de Pyrénées-Mont Perdu est cerné au nord-ouest par lemassif du Vignemale et au nord-est par lemassif du Néouvielle, tandis qu'à l'est il s'arrête le long de lacrête frontière dans la partie est dumassif de la Munia. Côté espagnol, lavallée de Bujaruelo et lavallée de l'Ara le terminent à l'ouest et la bassevallée de Pineta à l'est. Lavallée de Bió au sud-ouest, la petite vallée du Rio Airés au sud et la zone deTella-Sin au sud des gorges d'Escuain, ne font plus partie de Pyrénées-Mont Perdu[5].
| Massif du Vignemale Vallée de Bujaruelo | Pays Toy | Vallée de Héas Massif du Néouvielle |
| Vallée de l'Ara | Massif de la Munia Vallée de Pineta | |
| Vallée de Bió | Canyon du Vellos | Vallée duCinca |



Lesmassifs de montagne duMont-Perdu et de laMunia sont composés deroches sédimentaires issues denappes de charriage. Géomorphologiquement, on distingue trois nappes[7] :
À l'extrémité orientale de Pyrénées-Mont Perdu, lecirque de Barroude offre une transition géologique : venant de l'ouest, la nappe de Gavarnie laisse apparaître un socle de schistes datant duCambrien-Ordovicien suivant une ligne dechevauchement allant vers le centre de la vallée[8], tandis que la partie orientale du cirque est faite deroches plutoniques de typediorite[7].
Les caractéristiques du relief sont dues à l'érosion au cours des derniers 5 millions d'années, l'alternance de périodes de refroidissement et réchauffement ayant creusé les roches sédimentaires assez profondément. Au cours duPliocène etPléistocène, de −5 Ma à −10 000 ans, de nombreux glaciers sont à l'origine descirques glaciaires etvallées glaciaires : cirque et vallée de Gavarnie, cirques d'Estaubé et Troumouse pour lavallée de Héas, cirque de Barroude pour lavallée de la Géla, cirque et vallée de Pineta, ainsi que lecirque de Cotatuero associé à la vallée d'Ordesa. Labrèche de Roland est une curiosité géologique, entaille glaciaire dans la crête sommitale rocheuse. Puis à l'Holocène, à partir de −10 000 ans, les cours d'eau ont scié lesverrous glaciaires rocheux et aussi creusé les canyons de Niscle, Vellos, et Escuain dans le secteur sud du massif du Mont-Perdu.


La formation des roches ainsi que le relief dumassif du Mont-Perdu et des cirques glaciaires sont le résultat d'une succession de processus géologiques, détaillés ci-après[9] :

La flore comprend plus de 1 500 espèces végétales, dont 50 espècesendémiques des Pyrénées[12].
Dans les profonds canyons côté espagnol, comme le celui deNiscle et duVellos, se trouve une végétation quasi méditerranéenne tel que leChêne vert à glands doux (Quercus ilex subsp.ballota) entre les rochers et leChêne faginé (Quercus faginea) dans les sols plus profonds.
Dans la montagne, jusqu'à une altitude de 1 500-1 700 mètres, on rencontre d'abord leChêne rouvre (Quercus petraea), puis de nombreux bois où sont présents leHêtre commun (Fagus sylvatica), leSapin commun (Abies alba), lePin sylvestre (Pinus sylvestris), leChêne tauzin (Quercus pyrenaica), avec une présence limitée duBouleau verruqueux (Betula pendula), duFrêne commun (Fraxinus excelsior), duSaule drapé (Salix elaeagnos) et duNoisetier (Corylus avellana). Parmi les plantes vivaces se trouvent laGrassette à longues feuilles (Pinguicula longifolia) et les espèces endémiques telles que laRamondie des Pyrénées (Ramonda myconi), laSaxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), leMuflier toujours vert (Antirrhinum sempervirens) et l'Ancolie des Pyrénées (Aquilegia pyrenaica).
À l'étage subalpin, jusqu'à 2 000 m environ, domine lePin à crochets (Pinus uncinata) ainsi que leBuis commun (Buxus sempervirens) dans les sous-bois jusqu'à 1 800 m. Sur les prairies d'altitude àétage subalpin etalpin, entre 1 700 et 3 000 mètres, vit l'Edelweiss (Leontopodium alpinum) mais aussi de nombreuses espèces endémiques comme laVesce argentée (Vicia argentea), laDioscorea des Pyrénées (Borderea pyrenaica), laSaxifrage d'Irat (Saxifraga iratiana) et l'Androsace des Pyrénées (Androsace pyrenaica).


Le site abrite de nombreuses espèces animales symboliques ouendémiques desPyrénées[12].
Les mammifères comprennent notamment lamarmotte (Marmota marmota), l'hermine (Mustela erminea), lechevreuil (Capreolus capreolus) et l'isard (Rupicapra pyrenaica) avec une population estimée à 800 individus. LeDesman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus),insectivore et endémique, est présent dans les cours d'eau. L'espèce emblématique du massif était leBouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica pyrenaica) mais elle a disparu en 2000 malgré les efforts de préservation. La France essaye d'y introduire l'espèce cousine duBouquetin ibérique avec des lâchers à partir de 2016 au niveau de la commune deGèdre[13].
Les oiseaux comprennent leGypaète barbu (Gypaetus barbatus), en déclin dans toute l'Europe, l'Aigle de Bonelli (Aquila fasciata), leLagopède alpin (Lagopus muta), laGélinotte des bois (Tetrastes bonasia), leGrand Tétras (Tetrao urogallus), leChocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), laMésange nonnette (Poecile palustris), leGrimpereau des bois (Certhia familiaris), leTichodrome échelette (Tichodroma muraria), leTraquet motteux (Oenanthe oenanthe), leRougequeue noir (Phoenicurus ochruros), l'Accenteur alpin (Prunella collaris), lePipit spioncelle (Anthus spinoletta) et laNiverolle alpine (Montifringilla nivalis).
Les reptiles incluent leLézard des Pyrénées (Iberolacerta bonnali), endémique et vivant aux hautes altitudes. Parmi les amphibiens, on note l'euprocte des Pyrénées (Calotriton asper), endémique, laGrenouille rousse (Rana temporaria) et laGrenouille des Pyrénées (Rana pyrenaica), endémique.
Les insectes troglodytes sont présents dans cemassif karstique, tels que lescollembola commeTricanthella frigida, espèce endémique existant dans lecirque de Gavarnie à 2 500 m d'altitude, et lescoléoptères commeTipnus unicolor etTrapezodirus bolivari.
En1802, le françaisLouis Ramond de Carbonnières explore le site et ses guides réalisent la première ascension connue duMont Perdu. Il reconnait alors unmassif calcaire de haute altitude, fait de sédiments marins notamment des coquilles d’huîtres fossilisées[9]. Ceci entraîne un changement de paradigme en géologie car il apporte alors la preuve que d'anciens sols sous-marins ont été remontés à plus de 3 300 m de hauteur au centre même d'une chaîne de montagne (auparavant on pensait que seules les marges de chaînes pouvaient éventuellement avoir des nappes de typecalcaire).
En1903, le géologue Arthur Bresson identifie lanappe de charriage de Gavarnie au niveau du plateau des Espuguettes[9], où des roches plus récentes se retrouvent en dessous de roches plus anciennes (concept théorisé parMarcel Alexandre Bertrand en 1884).
En1918, côté espagnol, leparc national d'Ordesa et du Mont-Perdu est créé par un décret royal qui déclare « Parc National » lavallée d'Ordesa sur une superficie de2 175 ha. En1982, un nouveau décret royal décide d'englober lavallée de Niscle, lagorge d'Escuain et lemassif du Mont-Perdu depuis les pics de Gabiétous jusqu'au Port Neuf de Pinède. Le territoire du parc est alors étendu à15 608 ha avec une zone périphérique de19 697 ha et son appellation devient « parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu »[14].
En1967, côté français, leparc national des Pyrénées est créé par le décretno 67-265[15] avec une zone centrale de45 707 ha et une zone périphérique de206 352 ha, qui s'étire sur 100 kilomètres de long, soit six vallées dans les départements desPyrénées-Atlantiques et desHautes-Pyrénées. Seule sa partie est, qui regroupe la haute vallée de Luz-Gavarnie et la hautevallée d'Aure, fait partie de la zone protégée binationale.
En1995, la réunion du parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu avec la partie centrale et adjacente du parc national des Pyrénées est proposée comme site à inscrire aupatrimoine mondial de l'Unesco. La France propose alors l'appellation « Massif Mont Perdu-Tres Serols », suivie de l'Espagne en 1997 avec « Monte Perdido: Circos y Cañones ». Une première tentative de compromis suggérée est « Mont Perdu/Gavarnie », avant que ne soit finalement retenue la proposition actuelle de « Pyrénées-Mont Perdu »[12]. Le, le site est inscrit aupatrimoine mondial de l'Unesco, au double titre de « paysage naturel » et de « paysage culturel »[1], puis étendu en1999 afin d'y inclure la commune deGèdre. Conséquence directe de ce classement, la route départementale 923 reliant Gavarnie au port de Boucharo est remplacée par un sentier entre le port de Boucharo et le col de Tentes.

L'inscription aupatrimoine mondial de l'Unesco se réfère aux 5 critères suivants, qui traduisent la « valeur universelle exceptionnelle » du bien[1] :