Lepuritanisme est un courant religieux chrétien qui s'apparente aucalvinisme. Ses partisans désiraient « purifier » et « réformer » l'Église d'Angleterre ducatholicisme à partir de 1559 et ont répandu leur doctrine enNouvelle-Angleterre à partir de 1630.
Les partisans du puritanisme ont participé à laRéforme anglaise tout en s'opposant à l'Église anglicane officielle et à lamonarchie anglaise, leur reprochant de ne pas aller suffisamment loin dans le sens de laRéforme protestante. Ils ont fini par être exilés duroyaume d'Angleterre et certains sont partis s'installer sur le continent américain, fondant les premières communautés anglo-américaines à l'origine des États-Unis.
Leur héritage est divers.Alexis de Tocqueville voyait dans les puritains les fondateurs de la démocratie américaine en raison de leur attachement à l'éducation, à laliberté individuelle et à leur volonté de créer une organisation politique démocratique.
Le terme « puritain » a pris aujourd'hui le sens figuré, souvent péjoratif, de conduite de ceux qui professent une certainepudibonderie et unrigorisme[1].« Dans le langage courant, un « puritain » est une personne austère, rigide, hostile à tous les plaisirs : « pureté » à laquelle on associe volontiers une teinte d'ostentation, voire d'hypocrisie, sans appartenance religieuse particulière[2]. »
Les puritains étaient mécontents de la portée limitée de laRéforme anglaise et de la tolérance de l'Église d'Angleterre à l'égard de certaines pratiques associées à l'Église catholique romaine. Ils ont formé et se sont identifiés à divers groupes religieux prônant une plus grande pureté du culte et de ladoctrine, ainsi qu'une piété personnelle et collective. Les puritains ont adopté unethéologie réformée et, en ce sens, étaientcalvinistes. En ce qui concerne le gouvernement de l'Église, certains prônaient la séparation entre les groupes puritains et toutes les autres dénominations chrétiennes établies afin de créer une Église autonome. Ces courants séparatistes du puritanisme devinrent prédominants dans les années 1640, lorsque les partisans dupresbytérianisme furent incapables de forger une nouvelle Église nationale anglaise.
À la fin des années 1630, les puritains s'allient au monde des entrepreneurs et des commerçants alors en pleine expansion, mais aussi à l'opposition parlementaire à l'Église anglicane officielle et auxpresbytériens écossais, avec lesquels ils ont beaucoup en commun. Ils sont devenus par la suite une force politique majeure en Angleterre et ont pris le pouvoir à la suite de laPremière guerre civile anglaise (1642-1646). Presque tout le clergé puritain a quitté l'Église d'Angleterre après laRestauration de la monarchie Stuart de 1660 etl'Acte d'Uniformité de 1662. Beaucoup ont continué à pratiquer leur foi dans des dénominationsnon-conformistes, en particulier dans les églisescongrégationalistes etpresbytériennes[3].
Le puritanisme est un mouvementprotestant de la fin duXVIe siècle au début duXVIIe siècle[4]. S'inspirant ducalvinisme, des théologiens anglais ont commencé une réforme théologique,liturgique, vestimentaire et architecturale des pratiques religieuses. Ils n'utilisaient cependant pas ce terme pour s'identifier eux-mêmes. La plupart des puritains vivaient en Angleterre. Le mouvement théologiquepuritain se trouve en lien avec l'Église presbytérienne qui est, elle, d'origine écossaise.
Après sa rupture avec lepape en1531 sur la question de son divorce avecCatherine d'Aragon, le roiHenri VIII affranchit l'Église d'Angleterre de la tutelle de Rome en1534. Cette rupture eut un effet qu'Henri VIII n'avait pas prévu : elle ouvrit une brèche pour les chrétiens anglais protestants qui voulaient réformer l'Église dans le sens des idées deMartin Luther[8].
Cependant, durant le règne de sa demi-sœurMarie Tudor (1553-1558), l'Angleterre revint aucatholicisme romain. De nombreux protestants furent exécutés (Cranmer et d'autres grandes figures de la Réforme furent condamnés au bûcher), persécutés et contraints à l'exil en Europe. Là, ils furent influencés par lesréformateurs calvinistes àGenève ouluthériens enAllemagne. Deux des livres les plus populaires du temps — laBible de Genève (traduction annotée de la Bible élaborée à Genève) et leLivre des Martyrs deJohn Foxe — furent publiés à cette période.
La mort de celle qu'ils appelaientBloody Mary (Marie la sanglante) et l'accession au trône d'ÉlisabethIre en1558 fut donc saluée avec enthousiasme par ces protestants. Mais ses premières actions, quoique rétablissant leprotestantisme, déçurent ceux qui aspiraient à une vaste réforme sur le modèle presbytérien.
Le puritanisme semble avoir alors surgi du mécontentement causé par leRèglement élisabéthain de1559 par lequel lareine réaffirmait l'indépendance de l'Église d'Angleterre à l'égard de Rome et détaillait la structure de cette Église : les protestants les plus radicaux y virent des concessions au « papisme ». Contrairement aux mouvements protestants continentaux, la Réforme anglicane maintenait en effet l'Église sous le contrôle de la monarchie par l'intermédiaire d'une hiérarchie épiscopale, tout en laissant intactes beaucoup de pratiques catholiques, deux points inacceptables aux yeux des puritains. Ils refusèrent d'appliquer entièrement les directives et formules rituelles duBook of Common Prayer. La mise en œuvre forcée et tatillonne du nouvel ordre liturgique les repoussa dans une attitude d'opposition affirmée.
Nombre de ces puritains — ainsi qu'ils furent appelés dans une controverse sur le vêtement de cérémonie aux alentours de1560 où l'on moqua leur volonté de « purifier » les vêtements liturgiques — recherchèrent en vain l'appui duParlement pour tenter d'instituer une forme de gouvernement de l'Église d'Angleterre proche dupresbytérianisme. Le puritanisme anglais se tourna vers la prédication, publiapamphlets etlibelles virulents, et commença à se distinguer de la pratique anglicane officielle. Son succès croissant fut également l'œuvre de ses protecteurs dans la noblesse et au parlement et de son influence dans les universités d'Oxford etCambridge.
La question de la hiérarchie de l'Église était délicate : Élisabeth apporta son soutien au théologienRichard Hooker, auteur « des Lois de la politique ecclésiale » (Of the Laws of Ecclesiastical Policy) contrant les arguments presbytériens. Hooker énonça une réfutation directe des « frères de l'Église de Genève » et dessina les grandes lignes d'unevia media pour l'Église d'Angleterre. Cettevia media, dont on critiqua la faible substance doctrinale, constituait un ensemble de règles spécifiquement ordonnées qui devint « l'épine dorsale » de l'anglicanisme.
Guerre civile anglaise et arrivée au pouvoir d'Olivier Cromwell
Parallèlement à la Réforme anglicane, l'Église d'Écosse avait été créée sur un modèlecalviniste presbytérien, que les puritains espéraient étendre en Angleterre, ce qui aurait abouti à la disparition de la hiérarchie de l'Église anglicane et en particulier des évêques.
Le couronnement deJacques VI d'Écosse comme roi d'Angleterre sous le nom deJacquesIer réveilla leurs espoirs. Mais à la conférence duchâteau de Hampton Court en1604, le roi, qui n'était pas puritain lui-même et qui se méfiait d'eux, rejeta leurs doléances d'une phrase : « pas d'évêque, pas de roi » (« no bishop, no king »). Il craignait en effet que l'abolition de la hiérarchie anglicane ait des conséquences politiques et entraîne la disparition de la monarchie.
Le roi autorisa la publication de laKing James Bible, en langue vernaculaire, notamment pour renforcer l'orthodoxie anglicane contre la Bible de Genève. Celle-ci était devenue populaire chez les puritains alors même qu'elle possédait des traductions anti-royalistes et contenait des notes révolutionnaires.
La pression de l'Église d'Angleterre pour soumettre tous les sujets anglais à ses rites augmenta encore sousCharlesIer sous l'influence de son archevêqueWilliam Laud, lavia media anglicane étant appliquée partout avec force. Les puritains étaient vus comme des fauteurs de trouble mettant en péril l'unité de la monarchie et de l'Église et, à ce titre, ils furent sujets à une répression parfois féroce. Les peines d'emprisonnement étaient lourdes, accompagnées de la confiscation des biens et de châtiments corporels : notamment, on marquait au fer rouge le front des condamnés de la mention « S. S. » (« sower of sedition » - « semeur de sédition »). L'exil des puritains vers l'Europe continentale se poursuivait tandis que les premiers mouvements d'émigration vers l'Amérique commençaient en 1620, où ils fondèrent lacolonie de la baie du Massachusetts, mais les idées puritaines continuaient à gagner du terrain en Angleterre.
Un foyer puritain idéal.
Lorsque le conflit entre le Parlement et CharlesIer dégénéra en véritable guerre civile en1640, les puritains se hâtèrent de saisir l'occasion d'exhorter la nation à renouveler sa foi en Dieu. Le Parlement convoqua une assemblée d'ecclésiastiques et de laïcs, tous d'obédience calviniste, connue sous le nom de « Westminster Assembly », qui ne parvint pas à réformer totalement le gouvernement de l'Église.
Cependant, l'armée d'Oliver Cromwell, qui avait défait les forces royales, porta au pouvoir son général. Cromwell, lui-même puritain, favorisa largement le puritanisme et ne concéda qu'une très faible tolérance aux autres formes de christianisme. Le grand défenseur du puritanisme de l'époque fut le poèteJohn Milton.
En1644, les puritains prirent le contrôle du parlement anglais et bannirent la célébration du jour deNoël dans le pays, en raison des origines « papistes » de la fête, jusqu'en 1660, où elle fut rétablie parCharles II[9].
Différentes tendances dissidentes apparurent, parmi lesquelles seul le groupe desquakers connut une prospérité durable.
La restauration de la monarchie en1660 aboutit au retour de l'anglicanisme dans le strict modèle de William Laud et le clergé puritain fut expulsé de l'Église d'Angleterre. Ceux qui refusèrent de se soumettre aux prescriptions de l'Église anglicane furent catalogués commenonconformists. Le puritanisme anglais entra alors dans la période appelée laGreat Persecution et fut contraint de partir vers la Hollande et vers les colonies puritaines qui se trouvaient en Amérique dans l'espoir de réaliser ses objectifs.
Fondation de la colonie de Plymouth et de la baie du Massachusetts
LeMayflower Compact qui avait été signé par les pèlerins, à bord duMayflower, le, avant qu'ils ne débarquent àProvincetown, fut longtemps le seul document régissant la vie de la colonie. Les premières lois ne furent codifiées qu'en1636. Elles étaient fondées sur le mélange de lacommon law anglaise avec le droit religieux inspiré par la Bible.
La colonie offrait à tous les hommes adultes la potentialité d'être citoyen. Pour cela, il fallait être parrainé par un autre citoyen et accepté par le Tribunal. Au citoyen, appelé aussi « homme libre », étaient accordés des droits et des privilèges, comme le droit de vote et celui d'élection. On ne tarda pas cependant à mettre des restrictions à l'octroi du statut de citoyen, en instaurant une période d'attente d'un an (en particulier pour lesQuakers), durée pendant laquelle les mœurs étaient observées.
Les anglicans et les quakers furent reconnus malgré les persécutions que les derniers subissaient à cause des puritains.
De 1725 à 1750, leGrand réveil affecta la Nouvelle-Angleterre. De nombreux descendants des puritains quittèrent l'Église congrégationaliste et rejoignirent les Églises méthodiste ou baptiste.
Les paroisses fondées par les puritains sont aujourd'hui membres de l'Église unie du Christ (congrégationaliste, issue de la fusion de quatre Églises protestantes en 1957) ou de l'Association universaliste unitarienne (issue de la fusion de l'Association unitarienne américaine et de l'Église universaliste d'Amérique en 1961) — vingt-cinq paroisses sont membres des deux ensembles[12]. La première paroisse séparatiste et la première paroisse puritaine d'Amérique, fondées respectivement en 1620 à Plymouth et en 1630 à Boston, sont aujourd'hui des paroissesunitariennes universalistes. De nos jours, l'Église puritaine évangélique d'Amérique[13] à San Diego, Californie, et la Puritan Fellowship[14] à Manchester, Angleterre, se réclament du puritanisme.
Le termepuritanisme désigne en général un mouvement de réforme religieuse en Angleterre, engagé dans la tradition réformée continentale. Bien que les puritains ne soient pas d'accord sur tous les points de doctrine, la plupart d'entre eux partagent des vues similaires sur la nature deDieu, lepéché humain et la relation entre Dieu et l'humanité. Ils estimaient que toutes leurs croyances devaient être fondées sur laBible, qu'ils considéraient commedivinement inspirée[15].
Le concept d'alliance était extrêmement important pour les puritains, et lathéologie de l'alliance était au cœur de leurs croyances. Puisant ses racines dans les écrits des théologiens réformésJean Calvin etHeinrich Bullinger, la théologie de l'alliance a été développée par les théologiens puritainsDudley Fenner,William Perkins,John Preston,Richard Sibbes,William Ames et, surtout, par l'étudiant néerlandais d'Ames,Johannes Cocceius[16]. La théologie de l'alliance affirme que lorsque Dieu a crééAdam etÈve, il leur a promis la vie éternelle en échange d'une obéissance parfaite ; cette promesse a été appelée l'alliance desouvrages. Après lachute de l'homme, la nature humaine était corrompue par lepéché originel et incapable d'accomplir l'alliance des œuvres, puisque chaque personne violait inévitablement la loi de Dieu exprimée dans lesDix commandements. En tant que pécheur, chaque personne mérite ladamnation[17].
Une partie des puritains partageaient avec les autres calvinistes orthodoxes la croyance en la double prédestination, selon laquelle certaines personnes élues étaient destinées par Dieu à recevoir lagrâce et le salut, tandis que d'autres étaient condamnés à aller en Enfer[18]. Personne, cependant, ne pouvait mériter le salut. Selon la théologie de l'alliance,la crucifixion a rendu possible l'alliance de la grâce, par laquelle ceux qui sont choisis par Dieu peuvent être sauvés. Les puritains croyaient à l'élection inconditionnelle et à lagrâce irrésistible - la grâce de Dieu était donnée gratuitement et sans condition aux élus et ne pouvait pas être refusée[19].
D'autres puritains adhéraient en revanche à l'arminianisme et rejetaient toute idée d'une prédestination.
Si les puritains étaient unis dans leur objectif de faire avancer la Réforme anglaise, ils étaient toujours divisés sur les questions d'ecclésiologie et de politique ecclésiastique, en particulier sur les questions relatives à la manière d'organiser les congrégations, aux relations entre les congrégations individuelles et à la question de savoir si la fondation d'Églises nationales appuyées par l'État était conforme aux Écritures. Sur ces questions, les puritains se divisaient entre les partisans de la hiérarchie épiscopale et les défenseurs d'un gouvernementpresbytérien de l'Église.
Les épiscopaliens (connus sous le nom de partiprélatiste) étaient des conservateurs qui étaient favorables au maintien des évêques si ces derniers soutenaient la réforme et acceptaient de partager le pouvoir avec les Églises locales[20]. Ils défendaient également l'idée d'avoir unBook of Common Prayer, mais ils étaient contre le fait d'exiger une stricte conformité ou d'avoir trop de cérémonies. En outre, ces puritains appelaient à un renouveau de la prédication, de lapastorale et de ladiscipline de l'Église chrétienne au sein de l'Église d'Angleterre[21].
Comme les épiscopaliens, les presbytériens étaient d'accord pour qu'il y ait une Église nationale, mais structurée sur le modèle de l'Église d'Écosse[20]. Ils voulaient remplacer les évêques par un système d'organes directeurs électifs et représentatifs du clergé et deslaïcs (sessions,presbytères,synodes, et finalement uneassemblée générale nationale)[21]. Pendant l'Interrègne, les presbytériens ont eu un succès limité dans la réorganisation de l'Église d'Angleterre. LaWestminster Assembly a proposé la création d'un système presbytérien, mais leLong Parlement a laissé la mise en œuvre aux autorités locales. En conséquence, l'Église d'Angleterre n'a jamais développé une hiérarchie presbytérienne complète[22].
L'Église congrégationaliste ou indépendante (religion) croyait en l'autonomie de l'Église locale, qui devait idéalement être une congrégation de « saints visibles » (c'est-à-dire de personnes qui se sont converties). Les membres devaient se conformer à un pacte ecclésiastique, par lequel ils « s'engageaient à s'unir pour rendre un culte approprié à Dieu et à se nourrir mutuellement dans la recherche d'une plus grande vérité religieuse ». Ces églises étaient considérées comme complètes en elles-mêmes, avec la pleine autorité de déterminer leurs propres membres, d'administrer leur propre discipline et d'ordonner leurs propres ministres. En outre, les sacrements n'étaient administrés qu'à ceux qui faisaient partie de l'alliance de l'église[23].
La plupart des puritains congréganistes restèrent au sein de l'Église d'Angleterre, espérant la réformer selon leurs propres vues. Les Congrégationalistes de la Nouvelle-Angleterre étaient également inflexibles sur le fait qu'ils ne se séparaient pas de l'Église d'Angleterre. Cependant, certains puritains assimilaient l'Église d'Angleterre à l'Église catholique romaine, et considéraient donc qu'elle n'était pas du tout une Église chrétienne. Ces groupes, tels que lesBrownistes, se séparèrent de l'Église établie et étaient connus sous le nom de séparatistes. D'autres séparatistes adoptèrent des positions plus radicales sur laséparation de l'Église et de l'État et au sujet du baptême des enfants, devenant ainsi les premiersbaptistes[23].
Bien que la plupart des puritains fussent membres de l'Église d'Angleterre, ils étaient critiques à l'égard de ses pratiques cultuelles. Auxviie siècle, le culte du dimanche dans l'église anglicane prenait la forme du service de laMorning Prayer dans leBook of Common Prayer. Il pouvait inclure un sermon, mais la Sainte Communion ou la Cène n'était qu'occasionnellement observée. Officiellement, les laïcs ne devaient communier que trois fois par an, mais la plupart des gens ne communiaient qu'une fois par an, à Pâques. Les puritains étaient préoccupés par les erreurs bibliques et les vestiges catholiques contenus dans le livre de prières. Ils s'opposaient à l'inclinaison au nom de Jésus, à l'obligation pour les prêtres de porter le surplis et à l'utilisation de prières écrites et fixes au lieu de prières improvisées.
Le sermon était un élément central de la piété puritaine[24]. Il n'était pas seulement un moyen d'éducation religieuse ; les puritains croyaient que c'était la façon la plus courante dont Dieu préparait le cœur d'un pécheur à la conversion[25]. Le dimanche, les ministres puritains raccourcissaient souvent la liturgie pour laisser plus de temps à la prédication[26]. Les fidèles puritains assistaient à deux sermons le dimanche et à autant de sermons et de conférences qu'ils pouvaient trouver en semaine, parcourant souvent des kilomètres[27]. Les puritains se distinguaient par leur adhésion auSabbatarianisme[28].
Les puritains enseignaient qu'il y avait deuxsacrements : le baptême et la Cène. Les puritains étaient d'accord avec la pratique de l'église dubaptême des enfants. Cependant, l'effet du baptême était contesté. Les puritains s'opposaient à l'affirmation de la régénération baptismale contenue dans le livre de prières[29]. Dans la théologie puritaine, le baptême des enfants était compris en termes de théologie de l'alliance : le baptême remplaçait la circoncision masculine religieuse comme signe de l'alliance et marquait l'admission de l'enfant dans l'Église visible. On ne pouvait pas supposer que le baptême produise la régénération. La Confession de Westminster affirme que la grâce du baptême n'est efficace que pour ceux qui font partie des élus, et que ses effets restent en sommeil jusqu'à ce que l'on fasse l'expérience de la conversion plus tard dans la vie[30]. Les puritains voulaient supprimer lesparrains, qui prononçaient les vœux de baptême au nom des enfants en bas âge, et confier cette responsabilité au père de l'enfant. Les puritains s'opposaient également à ce que les prêtres fassent lesigne de la croix lors du baptême. Ils s'opposaient aux baptêmes privés car les puritains pensaient que la prédication devait toujours accompagner les sacrements. Certains membres du clergé puritain refusaient même de baptiser des enfants mourants, car cela impliquait que le sacrement contribuait au salut[31].
Les puritains rejetaient les enseignements catholique romain (transsubstantiation) et luthérien (union sacramentelle) selon lesquels le Christ est physiquement présent dans lepain sacramentel et levin sacramentel de la Cène. Au lieu de cela, les puritains ont adopté la doctrine réformée de la présence strictement symbolique du Christ dans la Sainte Cène, estimant que dans la Cène, les fidèles reçoivent le Christ uniquement spirituellement et non pas réellement. En accord avecThomas Cranmer, les puritains soulignent « que le Christ descend vers nous dans le sacrement par sa Parole et son Esprit, s'offrant lui-même comme notre nourriture et notre boisson spirituelles »[32]. Ils ont reproché au service du livre de prières d'être trop semblable à la messe catholique. Par exemple, l'obligation de s'agenouiller pour recevoir la communion impliquait l'adoration de l'Eucharistie, une pratique liée à la transsubstantiation. Les puritains reprochaient également à l'Église d'Angleterre de permettre aux pécheurs non repentis de recevoir la communion. Les puritains souhaitaient une meilleure préparation spirituelle (visites du clergé à domicile, tests sur les connaissances du catéchisme) pour la communion et une meilleurediscipline ecclésiastique pour s'assurer que les indignes ne reçoivent pas le sacrement.
Les puritains ne croyaient pas que laconfirmation soit nécessaire et pensaient que les candidats étaient mal préparés puisque les évêques n'avaient pas le temps de les examiner correctement[33],[34]. Le service de mariage a été critiqué pour l'utilisation d'une alliance (qui impliquait que le mariage était un sacrement) et pour le fait que le marié faisait le vœu à sa femme de « l'adorer avec [s]on corps », ce que les puritains considéraient commeblasphématoire. Lors du service funèbre, le prêtre mettait le corps en terre « dans l'espoir sûr et certain de la résurrection à la vie éternelle, par notre Seigneur Jésus-Christ ». Les puritains s'opposaient à cette phrase car ils ne pensaient pas qu'elle était vraie pour tout le monde. Ils suggéraient de la réécrire comme suit : « Nous confions son corps […] en croyant à la résurrection des justes et des injustes, les uns dans la joie, les autres dans le châtiment »[34].
Les puritains éliminèrent la musique chorale et les instruments dans leur service religieux parce qu'ils étaient associés au catholicisme romain ; cependant, le chant desPsaumes était considéré comme approprié[35]. Les orgues d'église étaient couramment endommagés ou détruits pendant la période de la guerre civile, comme lorsqu'une hache a été portée à l'orgue de lacathédrale de Worcester en 1642[36].
Comme la plupart des chrétiens auxxvie et xviie siècles, les puritains croyaient en l'existence active du diable et desdémons en tant que forces maléfiques capables de posséder et de faire du mal aux hommes et aux femmes. La croyance dans la sorcellerie européenne et dans les sorcières, c'est-à-dire les personnes liées au diable, était également très répandue : « Des phénomènes inexpliqués, tels que la mort du bétail, les maladies humaines et les crises hideuses dont souffrent les jeunes et les vieux, peuvent être attribués au diable ou à une sorcière[réf. nécessaire]. »
Les pasteurs puritains ont entrepris des exorcismes pourpossession démoniaque dans certains cas très médiatisés. L'exorcisteJohn Darrell était soutenu parArthur Hildersham dans le cas de Thomas Darling[37].Samuel Harsnett, un sceptique sur la sorcellerie et la possession, attaqua Darrell. Cependant, Harsnett était en minorité et de nombreux membres du clergé, pas seulement les puritains, croyaient en la sorcellerie et la possession[38].
Le procès dessorcières de Salem de 1692 a eu un impact durable sur la réputation historique des puritains de Nouvelle-Angleterre. Bien que cette chasse aux sorcières ait eu lieu après que les puritains eurent perdu le contrôle politique de lacolonie du Massachusetts, les puritains furent à l'origine des procédures judiciaires engagées contre les accusés et composèrent les membres du tribunal qui les reconnut coupables et les condamna. Lorsque le gouverneurWilliam Phips mit fin aux procès, quatorze femmes et cinq hommes avaient été pendus pour sorcellerie[40].
Les puritains aimaient les couleurs vives. Leurs vêtements et leurs maisons étaient colorées. C'est le cinéma qui a propagé l'idée qu'ils s'habillaient en noir.
Les puritains n'étaient pas prudes. L'activité sexuelle, au sein dumariage, n'était pas condamnée et même encouragée. Des puritains pouvaient être punis pour chasteté.
Les puritains n'étaient pas sobres. L'alcool était consommé. Les puritains buvaient du vin, de la bière, du cidre, du rhum… car l'eau douce était souvent impropre à la consommation.
Anne Hutchinson(1591-1643) ; femme puritaine connue pour avoir exprimé librement ses opinions religieuses, ce qui lui valut d'être bannie de la colonie de la baie du Massachusetts.
Robert Woodford(en)(1606-1654) ; avocat anglais, principalement basé àNorthampton et àLondres. Son journal,The Diary of Robert Woodford, 1637–1641, décrit en détail les perspectives d'un puritain éduqué.
SelonMax Weber, les puritains auraient créé une éthique de travail fondée sur l'épargne, l'honnêteté et l'investissement dans les activités de ce monde et qui aurait contribué à l'essor du capitalisme.
Pour Max Weber, lecapitalisme moderne fondé sur l'utilisation rationnelle du travail, est apparu en Occident grâce à un ensemble de pré-conditions structurelles : en particulier, la présence d'une classe rationnelle constituée par labourgeoisie. Il estime ainsi que ce qui a été décisif dans la diffusion du capitalisme fut l'apparition d'une nouvelle morale économique d'origine protestante et en particulier puritaine, que Weber nomme« esprit du capitalisme ». Dans ce nouvelethos économique, la conduite de vie des acteurs est dirigée par le principe selon lequel la finalité de l'existence est le travail dans le cadre d'une profession : letravail devient une fin en soi :« Le problème majeur de l'expansion du capitalisme moderne n'est pas celui de l'origine ducapital, c'est celui du développement de l'esprit du capitalisme »[45].
Weber pense que l'origine de cet esprit se trouve dans l'ascèse du travail dans le monde qui a été au centre du protestantismecalviniste, et plus spécifiquement puritain. En effet, dans le puritanisme, le travail est la plus haute tâche que peut accomplir l'homme pour la gloire de Dieu et, surtout, le fidèle peut trouver dans sa réussite professionnelle la confirmation de son statut d'élu de Dieu. Weber estime que c'est dans la sécularisation de cette ascèse, en affinité élective avec l'« esprit du capitalisme », que le capitalisme a trouvé la force de vaincre le« monde de forces hostiles » qui s'opposait à lui.
SelonAlexis de Tocqueville, le puritanisme représente tout autant unethéorie politique que d'unedoctrine religieuse[46]. Selon lui, les puritains ont permis l'enchevêtrement de « l'esprit de religion » et de « l'esprit de liberté » qui étaient deux idées antinomiques. Cependant il ne faut pas confondre la « liberté politique » et la « liberté religieuse »[47].
Ce mouvement a inspiré l'ouvrage deJohn BunyanThe Pilgrim's Progress, écrit alors qu'il était emprisonné pour ne pas avoir respecté leConventicle Act, qui punissait les personnes coupables d'avoir organisé des services religieux non autorisés et sans supervision de l'Église anglicane[48].
Le diacre Samuel Chapin, statue connue sous le nom « The Puritan » (Le Puritain). Statue d'Augustus Saint-Gaudens située àSpringfield,Massachusetts, 1887.
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