Annexe I, Rév. du 22/10/1987 hors Amérique du Nord et Amérique centrale
Répartition géographique
LeJaguarondi[2] (Herpailurus yagouaroundi) encore appelé jaguarundi,eyra ouchat-loutre est uneespèce defélins d'Amérique de petite taille et à la robe uniformément noire, gris-brun ou rousse.
Habitant tant lesforêts primaires que lesprairies, il se répartit du sud desÉtats-Unis à l'Argentine. Facile à apprivoiser, il fut utilisé commechat domestique par les populations pré-colombiennes et pourrait être le seul félin à vivre en couple.
LeJaguarondi ressemble à unchat au corps tout en longueur avec de petitespattes fines et une longuequeue mince. La tête, petite et aplatie, porte de petites oreilles arrondies. Les yeux de couleur bleu à ambre foncée sont rapprochés et cerclés de poils clairs.
Larobe est unie, on en distingue trois couleurs distinctes : une coloration brun-gris, une dans les tons roux à rougeâtres et la dernière est noire du fait dumélanisme. Bien que l'on rencontre plus fréquemment les formes grises et noires en milieux humides, et les formes rousses en milieux arides, il arrive que dans une même portée naissent indifféremment desjaguarondis roux et des brun-gris[4]. Le termeeyra s'applique essentiellement à la forme rousse, dont on pensait autrefois qu'il s'agissait d'uneespèce différente duJaguarondi. Le poil n'a pas la même teinte sur toute sa longueur, d'où une impression de changement de couleur lorsqu'il se hérisse[5] : chez leschats domestiques, on dit que ce type de robe présente unticking ou estagouti.
Une étude génétique sur plusieursallèles responsables dumélanisme révèlent que la forme rousse est ancestrale et que la robe foncée est le résultat d'une évolution[6].
LeJaguarondi naît tacheté et prend sa coloration unie rapidement[7].
Les rares animaux avec lesquels il pourrait être confondu sont lepuma, qui partage sa robe unie mais qui est beaucoup plus grand, et latayra dont la queue est plus fournie[8].
Lanomenclature duJaguarondi a notablement évolué. Dans les années 1970, ce félin est placé dans legenreHerpailurus, dans lasous-famille desFelinae. Puis, durant la fin duXXe siècle, leJaguarondi (ouyagouaroundi) et lePuma (concolor) furent considérés commemonophylétique et placés conjointement dans le même genrePuma[9].
Laphylogenèse est l'étude desfossiles d'un animal afin de préciser l'apparition et l'évolution d'une espèce. Cependant, il existe assez peu de fossiles de félins, et la phylogénie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses génétiques. Des travaux menés en 2007 ont montré que les félins ont divergé en huit lignées. L’ancêtre commun des lignéesLeopardus,Lynx,Puma,Prionailurus etFelis aurait traversé laBéringie et colonisé l’Amérique du Nord il y a environ 8 à 8,5 millions d’années. La lignéePuma qui contient également le genreAcinonyx constitue la sixième lignée et a commencé à diverger il y a 6,7 millions d'années de l'ancêtre commun aux sixième et septième lignées. Le Jaguarondi et lePuma ont divergé il y a un peu plus de 4 millions d'années. Les félins nord-américains ont ensuite envahi l’Amérique du Sud par l’isthme de Panama il y a 3 millions d’années durant leGrand échange faunique interaméricain. À la fin de l'ère glaciaire, lesPuma réfugiés en Amérique du Sud remontèrent vers l'Amérique du Nord il y a 8 000 à 10 000 ans[11]. Cependant, une étude faite en 2017 a replacé l'espèce dans le genre mono-spécifiqueHerpailurus[1].
Même s'il n'est pasarboricole, le Jaguarondi est bon grimpeur.
LeJaguarondi est essentiellementdiurne bien qu'il lui arrive de chasser après le coucher du soleil. Son corps longiligne lui permet de se faufiler dans les sous-bois, mais aussi d'être un bon nageur. À l'inverse des autres félins d'Amérique du Sud et centrale, leJaguarondi n'est pasarboricole[7].
Parmi les félidés, seuls leslions ont une vie réellement de clan. Cependant, plusieurs observations ont fait état dejaguarondis se déplaçant et chassant encouple mais on ignore encore s'il s'agissait d'un couple reproducteur ou non[7].
LeJaguarondi vit en moyenne huit ans et jusqu'à quinze ans encaptivité.
Il chasse principalement lesoiseaux au sol comme lesdindons sauvages et lescailles, lesrongeurs et lesreptiles, mais se nourrit aussi d'invertébrés, depoissons échoués et degrenouilles. AuBelize, une analyse des fèces a révélé que lesarthropodes et lesrats forment à plus de 70 % l'essentiel de son régime alimentaire, le reste étant composé d'oiseaux[4]. Il peut parfois s'attaquer auxpoulaillers et ainsi se faire tuer par les éleveurs[7].
Il n'y a pas de saison de reproduction, bien que lesaccouplements forment un pic enautomne dans la partie nord de son aire de répartition[7]. L'œstrus dure de deux à quatre jours. La tanière est unarbre creux, ou un fourré dense de broussailles ou d'herbes où prendront généralement naissance deux ou trois chatons, parfois quatre, au bout de deux mois et demi (soit 70 à 75 jours) degestation. Ils commencent à manger de la viande à six semaines, mais deviennent véritablement indépendants à l'âge de deux ans. La maturité sexuelle est acquise à deux ou trois ans[7].
Son aire de répartition s'étend du sud desÉtats-Unis au nord de l'Argentine ; il est présent uniquement sur la partie est de l'Équateur, duPérou et de laBolivie. Il aurait disparu de l'Uruguay et se fait rare dans le sud-ouest des États-Unis, dans le bassin de l'Amazone et auMexique.
Une petite population dejaguarondis est présente enFloride : il s'agit de la descendance d'animauxdomestiqués, mais férals, revenus à la nature dans les années 1940 (on peut parler ici de « jaguarondisharets »)[14].
La robe terne duJaguarondi l'a protégé desbraconniers, sa fourrure n'ayant que très peu de valeur. Les conflits avec les agriculteurs sont fréquents puisque ce félin peut s'attaquer à la volaille. La menace majeure reste la perte de son habitat, mais l'excellente adaptabilité de ce félin (il peut vivre autant en milieu humide qu'en milieu sec, boisé ou herbeux) lui permet de survivre malgré la baisse des effectifs. LeJaguarondi est classé en préoccupation mineure (LC) par l'UICN, excepté pour la sous-espècecacomitli classée en danger (EN).
Les spécimens d'Amérique du Sud sont classés enannexe II de la CITES (autorisation du commerce international sous licence) tandis que les populations plus sensibles d'Amérique centrale etdu Nord sont classées enannexe I (tout commerce interdit). LeParaguay bénéficie d'un quota d'exportation de trente individus vivants par an depuis 2002. Toutefois, même dans les zones à réglementation moins restrictives, leJaguarondi n'est pas exploité commercialement.
LeJaguarondi est facile à apprivoiser et a étédomestiqué dès l'ère pré-colombienne pour chasser les rats et les souris, à la manière d'unchat domestique.
Le termejaguarondi vient duguaraníyagua-rhundi[5]. En raison de son apparence demustélidé, on le surnomme parfois « chat-loutre ». Lescruciverbistes le connaissent sous le nom d’eyra.
Les nombreuses langues d'Amérique du Sud lui attribuent plusieurs autres noms : il est aussi appelémbaracayácira enguaraní, ou encoregato mourisco (« chat mauresque ») etmaracaja-preto (« maracaja sombre ») enportugais duBrésil[5].
↑ab etcKitchener, A. C., Breitenmoser-Würsten, C., Eizirik, E., Gentry, A., Werdelin, L., Wilting A., Yamaguchi, N., Abramov, A. V., Christiansen, P., Driscoll, C., Duckworth, J. W., Johnson, W., Luo, S.-J., Meijaard, E., O'Donoghue, P., Sanderson, J., Seymour, K., Bruford, M., Groves, C., Hoffmann, M., Nowell, K., Timmons, Z. et Tobe, S., « A revised taxonomy of the Felidae: The final report of the Cat Classification Task Force of the IUCN Cat Specialist Group »,Cat News,no Special Issue 11,(lire en ligne)
↑Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000.Lire en ligne.
« An interesting example is the jaguarundi, whose “wild-type” dark coloration is here shown to be a derived condition, having replaced the ancestral reddish form throughout its continental range. »