Son règne correspond à une période de prospérité et d'expansion duroyaume lagide. Il concourt à réaliser un certainsyncrétisme entre les civilisationsgrecque et égyptienne et œuvre à faire de son royaume le foyer principal de laculture hellénistique en faisant construire lemusée et labibliothèque d'Alexandrie. En plus de l'Égypte, l'empire lagide englobe alors une grande partie de lamer Égée et duLevant. Il poursuit une politique étrangère agressive et expansionniste avec un succès mitigé. De 275 à 271, il conduit la premièreguerre de Syrie contre lesSéleucides et étend la domination lagide enCilicie et enCarie, mais perd le contrôle de laCyrénaïque après la défection de son demi-frèreMagas. Durant laguerre chrémonidéenne (268-261), Ptolémée II affronte lesAntigonides pour le contrôle de la mer Égée et subit de sérieux revers. Il s'ensuit une deuxième guerre de Syrie (260-253) au cours de laquelle une grande partie des gains de la première guerre sont perdus.
Fils dePtolémée Ier et deBérénice Ire (sa quatrième épouse), il est associé au trône vers 285 av. J.-C.[1], entraînant l'exil dePtolémée Kéraunos, l'héritier présomptif[2]. À la mort de son père en 282, il lui succède à 25 ans, comme roi d'Égypte. Ptolémée et sa veuve constituent déjà les « Dieux Sauveurs » (Theoi Sôtères), première étape vers la divinisation des souverainsptolémaïques. Ce culte, rattaché àcelui d'Alexandre le Grand, est purement grec à l'origine ; il vise d'abord à consolider la dynastie et à recueillir la piété des sujets grecs de l'empire[3]. En 260, il instaure le culte royal dans les temples égyptiens, ce qui laisse à supposer qu'il ait reçu le titre depharaon[4].
Ptolémée II est apparemment le premier souverainlagide à se faire couronner commepharaon par les prêtres égyptiens. Une inscription dutemple d’Edfou indique qu’Horus lui a livré la terre d’Égypte avec ses titres de propriété rédigés par le greffier divinThot. Successeur des pharaons, dieu vivant, c’est de lui que tous les prêtres tiennent leur ministère. Il administre directement et perçoit les revenus de la terre sacrée qui comporte toujours d’immenses domaines fonciers et des ateliers (de tissage par exemple).
La défaite lagide marque le rétablissement, provisoire, des Séleucides sur les côtés d'Anatolie et le début de la domination deRhodes dans lamer Égée, sachant que la Confédération des Cyclades disparait au milieu duIIIe siècle[15].
Ptolémée II entreprend de grand travaux notamment àAlexandrie qui devient l'une des plus grandes métropoles de la Méditerranée et compte plus de 400 000 habitants,Naucratis,Philæ etTanis. Il développe également la région duFayoum et enrichit labibliothèque d'Alexandrie, en y faisant venirDémétrios de Phalère. Ainsi, la bibliothèque atteindra le chiffre impressionnant d'ouvrages avec plus de 490 000 rouleaux sous Ptolémée III. C'est sous son règne que s'achèvent les travaux duphare d'Alexandrie. Il apparaît finalement être le plus cultivé des roishellénistiques de son temps. En 280 av. J.-C., il fonde en l'honneur de son père lesPtolemaieia sur le modèle desJeux olympiques avec concours hippique, athlétique et musical précédés de sacrifices, d'une immense procession et de banquets.[16]. Il y invite tous les sujets de son empire et ainsi que les Étatsgrec dans le cadre du culte voué à ses parents, les « Dieux Sauveurs » (Theoi Sôtères)[17]. LesPtolemaieia sont destinés à faire d'Alexandrie le nouveau centre culturel du monde grec et servent de propagande politique[18].
Selon lalettre d'Aristée (IIe siècle), laSeptante aurait été composée à l'initiative du fondateur de labibliothèque d'Alexandrie,Démétrios de Phalère. Celui-ci aurait suggéré à Ptolémée II (aupharaon selon Aristée) d'ordonner la traduction en grec de tous les livres israélites, textes sacrés et narrations profanes. Très vite après la fondation d'Alexandrie parAlexandre le Grand en 331, une populationjuive s'est en effet développée fortement, en particulier autour du Palais royal ; à tel point que deux des cinq quartiers sont réservés aux « descendants d'Abraham ». Ils continuent à y parler la languehébraïque et à étudier les textes de l'Ancien Testament. Déjà intéressé par le sort de ses sujetsisraélites, le souverain apparaît également soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui sont assujettis dans le cadre d'une réorganisation de son royaume.
Julien Tondriau, « Esquisse de l'histoire des cultes royaux ptolémaïques »,Revue de l'histoire des religions,t. 2,no 137,,p. 210(lire en ligne, consulté le).
Philippe Clancier, Omar Coloru et Gilles Gorre,Les mondes hellénistiques : du Nil à l'Indus, Vanves, Hachette Supérieur,coll. « Carré Histoire »,,p. 75-76.