Psammétique II est unpharaon de laXXVIe dynastie, régnant de 595 à 589 avant l'ère commune[1]. C'est le fils deNékao II et le père d'Apriès. Il s'engage dans une expédition en Nubie puis en Asie.
Psammétique est le fils de son prédécesseurNékao II. Le nom de sa mère n'est pas connu avec certitude mais il est possible qu'il s'agisse deKhédebneithirbinet Ire[2].
Psammétique épouse une noble dame d'Athribis, nomméeTakhout, avec laquelle il conçoit au moins deux enfants dont une filleÂnkhnesnéferibrê qu'il fait adopter par ladivine adoratrice d'Amon pour lui succéder, et un fils héritierApriès qui montera sur le trône à sa suite[3].
Hérodote le nommePsammis et lui donne six années de règne. L'auteur grec rapporte que sous son règne une ambassade deséléens s'est rendue en Égypte. Il précise également que le roi organisa une expédition militaire contre lesÉthiopiens[4].
Les descendants des pharaons de laXXVe dynastie conservaient une certaine influence enThébaïde, notamment en raison du culte d'Amon dont une partie du clergé deKarnak s'était réfugié dans le temple du dieu au pied duGebel Barkal, la montagne sainte deNapata, à la suite de l'invasionassyrienne quelques générations plus tôt.Anlamani, puis après luiAspelta, les souverains de Napata indépendants de l'Égypte, avaient restauré la puissance du royaume nubien et cherchaient probablement à regagner leur emprise sur la Basse-Nubie, notamment sur les mines d'or du désert oriental menaçant ainsi continuellement la frontière sud du royaume égyptien[5].
Psammétique déjà en lutte auProche-Orient devait doncassurer ses arrières. Sa réaction est immédiate et il fait convoyer ses troupes vers le sud du pays par leNil. Elles dépassent la frontière des deux pays située traditionnellement àÉléphantine et s'enfoncent en territoire ennemi et se dirigent alors vers la capitale nubienne, détruisent en chemin les principales villes saintes du pays commeKaoua, et rencontrent les troupes nubiennes qui subissent une cuisante défaite àPnoubs[6]. Puis elles mettent le siège devant Napata et la capitale duroyaume de Koush tombe, est mise à sac et tous ses trésors pillés, rapportés en Égypte[5].
La destruction des statues royales despharaons noirs de laXXVe dynastie date de cette période et une campagne dedamnatio memoriae est orchestrée à travers tout le pays ainsi qu'en territoirekoushite. Ces derniers se replient alors surMéroé qui deviendra le nouveau centre de leur royaume[5].
Plusieurs stèles relatant cette campagne sont connues et peuvent encore se voir sur certains sites. Une première a été trouvée à Shellâl près d'Assouan, une seconde dans letemple d'Amon-Rê de Karnak, une troisième fragmentaire àTanis[6]. Leurs rapports diffèrent les unes des autres et si les deux premières sont datées de l'an 3 de Psammétique, la dernière semble relater les débuts de l'expédition[5].
Ces indices suggèrent que la campagne s'est étalée dans le temps et que Pharaon a en effet participé à la guerre personnellement au moins à deux reprises. Il semble que cependant le roi se soit arrêté dans un premier temps à Éléphantine et ait laissé le commandement des troupes à son généralPotasimto, secondé par les généraux Ahmès, dirigeant les troupes terrestres, et Psammétique fils de Théoclès (ce Psammétique a très probablement été nommé par son père d'origine grecque en l'honneur dePsammétique Ier), dirigeant la flotte. Lors d'une razzia les troupes égyptiennes font plus de 4 200 prisonniers nubiens en une seule bataille. Ce chiffre est considérable pour l'époque. Enfin le fait qu'une coalition nubienne soit indiquée sur l'une des stèles semble démontrer que la résistance duroyaume de Koush fut plus dure que la phraséologie victorieuse des égyptiens ne le laisse entendre[7],[5].
Quoi qu'il en soit Psammétique ne pousse pas son avantage au-delà, probablement en raison des risques que faisaient peser un enlisement du conflit alors même que ses positions en Orient étaient fragilisées. C'est au cours de cette campagne qu'un de ses jeunes officiers nomméAmasis se couvre de gloire, celui-là même qui détrônera son fils quelques décennies plus tard. En l'an 3 les troupes faisant halte au passage àAbou Simbel, un des généraux grecs de l'armée,Potasimto, laisse une inscription sur l'un descolosses deRamsès II. Selon cette inscription le roi lui-même commandait l'expédition[5].
Vers -591, Psammétique se retire alors duroyaume de Koush, mais les conséquences de son action réduisent à néant les ambitions des rois de Napata sur l'Égypte[8],[5].
Il semble que le roi ait organisé une expédition au Proche-Orient, mais elle devait plus s'apparenter à une démonstration de force qu'à une activité militaire. Les prêtres des grands sanctuaires égyptiens ont d'ailleurs participé à l'expédition munis de colliers de fleurs et d'offrandes, fait plutôt rare. C'est peut-être cette à cette occasion que le roi deJudaSédécias et la cité phénicienne deTyr se révoltèrent face au monarquenéo-babylonienNabuchodonosor II, qui n'agira qu'en 588 AEC, soit après la mort de Psammétique II[9].
Le programme architectural du roi démontre que son intention était bien d'égaler ses ancêtres. ÀPhilæ, il fait bâtir un kiosque[10],[11] et laisse des inscriptions relatant sa victoire sur les nubiens dans la région notamment dans les carrières d'Assouan. Il fait également restaurer le temple deKhnoum àÉléphantine. À Naga el-Mashayikh, près d'Abydos, il usurpe un naos que son père avait fait construire. Il agit également dans les oasis, notamment dans celle d'Ad-Dakhla, dans le temple deThot à Amheida et le temple deSeth à Mut el-Kharab. Son intervention àKarnak est majoritairement une entreprise d'usurpation des constructions de laXXVe dynastie, notamment la chapelle d'Osiris construite parTaharqa près du lac sacré d'Amon. Il dresse des stèles commémoratives et continue l'édification du sanctuaire d'Amon-Kamoutef, temple qui jouxte l'enceinte de Mout au sud deKarnak. Cependant, la majorité de l'activité connue du règne à Karnak est l'œuvre de sa tante ladivine adoratrice d'AmonNitocris Ire[12].
ÀHéliopolis, il orne le grand temple deRê de sphinx et y fait dresser unobélisque qui, faisant probablement partie d'une paire, porte la titulature développée du roi qualifiéd'aimé des âmes d'Héliopolis. L'un de ces monolithes sera prélevé plus tard et emporté àRome pour orner le temple d'Isis de la capitale impériale. Il est toujours àRome où il a été retrouvé, restauré et désormais dressé sur la place duMonte Citorio. Quant aux sphinx, l'une de ces statues dudromos du temple du dieuRê a été retrouvée récemment au large du fortQait Bay d'Alexandrie par l'équipe deplongeurségyptologues duCentre d'études alexandrines dirigée parJean-Yves Empereur. Ce sphinx colossal y avait été déplacé en compagnie d'autres pièces provenant également d'Héliopolis au cours de la période ptolémaïque pour orner lanouvelle capitale du royaumelagide[11].
ÀSaïs, l'activité de Psammétique nous est connue grâce à une statue deNéferibrê-Néfer, un des dignitaires de la cour qui fut le précepteur des enfants royaux deNékao II et vécut jusque sous le règne d'Apriès. Cette statue fragmentaire conservée auMusée du Caire fait état des commandes du roi pour la capitale du pays. Selon ce document le roi fait dresser des obélisques en granite au cœur du grand temple deNeith, fait refaire sa barque sacrée en bois recouverte d'or, restaure les chapelles du culte d'Osiris, démontrant que Psammétique n'avait pas négligé la grande déesse dynastique[13],[11].
ÀAthribis, il consacre un lieu de culte à son épouse qui s'y fera enterrer plus tard et usurpe des reliefs deTaharqa et un naos de son pèreNékao II. ÀBouto, des éléments d'une porte monumentale à son nom y ont été retrouvés et dont le linteau est orné de sa titulature complète. ÀTanis, la stèle de la victoire suggère que le roi a également commandé des travaux au cœur du grand temple d'Amon de la cité. Il est également actif àHermopolis Parva etLétopolis. ÀMemphis, il se contente d'usurper les éléments construits pendant laXXVe dynastie. Enfin, le roi est à l'origine d'une série de stèles de donations retrouvées àMemphis,Héliopolis, Mostaï,Saïs,Bouto,Pharbaethos etBubastis[11].
Le roi n'a pas le temps de poursuivre plus loin ses ambitions mourant au bout d'un règne de six années vers 589 AEC probablement de maladie[8],[9]. Il meurt le vingt-troisième jour du premier mois de l'inondation, date connue grâce à une inscription thébaine de sa fille ladivine adoratrice d'AmonÂnkhnesnéferibrê[14]. Son fils Ouahibrê (plus connu sous le nom héléniséApriès) monte alors sur le trône.
Un fragment du tombeau du pharaon, ou de son sarcophage externe, a été retrouvé sur le site et fait partie de la collection égyptienne duMusée du Louvre où il est exposé[15].